Les universités françaises sont en panne : les chiffres de la réussite à l’université n’évoluent guère. Ils sont même en baisse constante depuis 2004. Trois étudiants sur dix quittent l’université à la fin de la première année, et moins d’un tiers des jeunes (27%) parviennent à boucler leur licence en trois ans, d’après les chiffres publiés par le ministère de l’Enseignement supérieur mercredi 10 avril 2013.
D'où viennent ces échecs ? En fait, depuis de nombreuses années des consignes de correction sont données aux professeurs lors du baccalauréat : il faut souvent faire preuve d'une certaine indulgence à l'égard des candidats, il faut presque brader cet examen.
Les résultats sont là : un certain nombre d'élèves obtiennent le baccalauréat mais se révèlent inaptes à mener des études, manquent d'autonomie, n'ont pas vraiment le niveau requis, ni la volonté de poursuivre des études assez longues.
Or, de nos jours, l'obtention du baccalauréat n'est plus suffisante pour s'insérer dans le monde du travail : il faut nécessairement acquérir d'autres diplômes pour pouvoir s'intégrer dans la vie active.
Il peut paraître généreux d'accorder le baccalauréat à un grand nombre d'élèves mais, en fait, au bout du compte, si les élèves se révèlent incapables de poursuivre un cursus universitaire, ils se retrouvent dans une véritable impasse...
Il faudrait faire en sorte que le baccalauréat retrouve son prestige d'autrefois : en rehausser le niveau, exiger des élèves plus de compétences.
En fait, certaines connaissances élémentaires ne sont pas bien maîtrisées dès l'école primaire et le collège : grammaire, orthographe, apprentissage de mots de vocabulaire... Il faut absolument les renforcer, il faut favoriser la lecture...
Et quand les élèves arrivent au lycée, il est souvent trop tard parce que de nouveaux apprentissages doivent intervenir et ceux-ci s'appuient sur des acquis antérieurs...
Comment analyser un texte, si on ne connaît pas les différents temps et modes des verbes ainsi que leurs valeurs ? Comment comprendre des extraits de grands auteurs sans la maîtrise de la grammaire, de la syntaxe ?
Les étudiants qui échouent à l'université se retrouvent piégés et n'ont guère de solutions pour entrer dans la vie active : il faut montrer à ces jeunes que les études demandent une certaine rigueur, une volonté, des efforts...
Il faut aussi les préparer et consolider leurs acquis dès le collège : en fait, l'école n'est qu'une continuité d'apprentissages qui se complètent : sans les connaissances de base, sans les rudiments de la langue, il est difficile de s'adapter à un enseignement de haut niveau...
Tout à fait, on peut étudier toute sa vie (y compris lorsqu’on a BAC+5 - car plus on part bas, plus c’est difficile). C’est d’autant plus facile d’étudier tout seul (de chercher, devrais-je dire), que l’on a accès à toute la documentation possible et imaginable sur internet (www.archive.org par exemple, sans compter certains sites illégaux où l’on a un choix de plusieurs dizaines de millions (! !) de livres et d’articles universitaires sans débourser un centime, grâce au travail de quelques hackers).
Et effectivement, on a vite fait de tout oublier, surtout que les savoirs acquis pour les diplômes résultent le plus souvent de bachotage.
L’enseignement supérieur de masse est une des astuces de la gestion française du chômage des jeunes. Les jeunes adultes ont un statut social, il ne sont pas chômeurs, ils peuvent être ’étudiants’ jusqu’à 30 ans. Les recteurs font pression sur les présidents d’universités pour : Augmenter artificiellement les taux de réussite Autoriser systématiquement les doublements et triplements Si vous vous posez la question de savoir pourquoi il y a tant d’échecs, moi je me pose plutôt la question de savoir pourquoi il y a tant de réussite étant donné le niveau des bacheliers aujourd’hui. Les moyens de pression exercés sur les enseignants et les examinateurs sont relativement simples. C’est la politique du nombre en deça de certains effectifs on ferme des sections et on supprime des postes. C’est un message que les profs du supérieur reçoivent 5/5. Signalons que de nombreuses formations (psycho, socio, etc.) sont complètement déconnectées du monde du travail. Là l’université délivre des chiffons de papier.
@abou J’ observe la même dérive en Espagne où je bosse actuellement. L’ université s’ y est peu à peu transformée en un négoce en soi,qui tourne pour lui-même, indépendamment des besoins réels de la société espagnole, et il est assez étonnant de voir de nombreux étudiants se désinteresser des débouchés réels qu’ offrent certaines filières, comme si l’ on étudiait QUE pour le plaisir et indépendamment des futures perspectives d’ emplois. L’ exemple le plus frappant, c’ est le nombre d’ étudiantes inscrites dans des filières de formation pour être enseignant dans le primaire...Le nombre des étudiants inscrits est de loin bien plus supérieur aux besoins réels du pays...En attendant, tout le monde y trouve son compte...l’ usine à gaz tourne, les parents sont satisfaits d’ avoir leurs enfants à l’ université même s’ ils ne savent pas vraiment à quoi ça leur servira ( 42 % de chômage chez les jeunes...pas mal, hein ??)
Un constat malheureusement on ne peut plus réel , depuis bien des années maintenant les ministres de l’éducation nationale se félicitent de l’augmentation du pourcentage de reçu au bac , le problème est que cela se fait au prix d’une baisse constante des exigences , résultat on fait croire à des jeunes que la réussite universitaire leur est ouverte alors que c’est faux car si les exigences du bac ont baissés , ce n’est pas le cas des exigences universitaires .
La faute aussi à une société dans son ensemble qui vante sans cesse les mérites des études supérieurs en dévalorisant les métiers manuels pourtant tout aussi respectable .
Jean Gabin avait le niveau certificat d’étude à 14 ans, selon lui l’école doit apprendre à lire, à écrire et à calculer, pour le reste la vie l’enseignera..... J’ajoute qu’une année en pays anglophone complèterait efficacement cette base. Et franchement si le jeune possède effectivement ce bagage je me demande à quoi sert encore des facultés en Sciences humaines, tout se trouve dans des livres ou sur internet.
Quand j’ étais prof en France dans les années 80, je me souviens d’ un certain ministre qui avait fixé comme objectif d’ amener 80 % d’ une tranche d’ âge au bac... Rien de plus facile, il suffisait de baisser le niveau.On aurait même pu donner le bac à 99% s’ il avait insisté......Une certaine année, mes collègues et moi, avons été très diplomatiquement « pressé » par notre hiérarchie de noter nos copies de manière à ce que celles-ci entrent dans la moyenne nationale : on appelle ça, faire fonctionner l’ ascenseur ! Bien évidemment,la seule chose qu’ on avait réussi c’ était de passer la patate chaude dans le camp de l’ enseignement supérieur où de nombreux profs ont dû être surpris de se retrouver peu à peu avec des élèves incapables de remplir par eux-mêmes un simple formulaire d’ inscription sans l’ aide de papa ou de maman... Ceci dit, je ne sais pas ce qui est le plus dramatique Rosemar : L’ échec scolaire à l’ université ou le fait que le titre universitaire, même lorsqu’ il est acquis, n’ offre pratiquement plus de perspectives professionnelles...
Oui, c’est bien ainsi qu’on a créé l’école du succès. Je ne comprends pas pourquoi le principe n’a pas été appliqué à la santé. Interdiction aux spécialistes de diagnostiquer des maladies graves. Tout le monde mourrait en bonne santé dans la joie et la bonne humeur.
on en est même arrivé là : le diplôme universitaire lui même n’a plus guère de valeur si on ne passe pas des concours....C’est un tremplin pour la suite...
L’éducation est la clé de tout, mais il y a un problème avec la société monétiste : - l’éducation correcte pour tous coute cher (trop cher), donc elle n’existe pas. - même lorsqu’on forme des gens correctement, ils n’ont pas forcément du travail à la fin des études. - si on éduque réellement correctement (à savoir : mettre en doute, argumenter, ne pas se contenter de ce que disent les profs, etc) on devient inadapté à ce monde car on comprend que le monde va dans le mur et on n’a pas pour autant le pouvoir de changer les forces en place... . Dans quel piège êtes-vous ? . Voter AM, c’est une bonne solution.
Le problème ( enfin disons : l’un des problèmes), c’est le grand écart :
entre un niveau d’exigence universitaire qui a baissé à toute vitesse, et un niveau tout court des étudiants qui a baissé deux fois plus vite, l’abîme s’est creusé.
La fac ne demande plus grand-chose, mais ce petit niveau est très au-delà des capacités de nos étudiants.
La Fac les diplôme, sans grandes illusions, et le tour est joué : il y a des mastères en pagaille
( presque 250.000 par an), et au mieux 70.000 postes à offrir à cette foule de gens mal formés, peu travailleurs, et peu motivés.
Vous dites : « il faudrait les consolider ».
Le Collège consolide l’école primaire, qui dure quand même 5 ans, au moins.
Le Lycée, lui, consolide le Collège, et la Fac devrait consolider le Lycée.
Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à consolider, puisque tout finit par être donné : le bac à 87 % des élèves, et les études dites plaisamment « supérieures » sont offertes à 70% des inscrits.
Pour échouer, il faut une motivation sans faille et une préparation intensive. Sinon nos étudiants mous et désintéressés sont condamnés à réussir leurs études, pour accéder ensuite à Pöle-Emploi.
Vous ne me croyez pas ? regardez autour de vous combien de jeunes sont diplômés sans emploi. Chacun en connaît une dizaine.
Et on voudrait expliquer cela par un manque d’emplois qualifiés. Amusant, non ?
Je n’ai pas compté tous les « il faudrait »mais il y en a beaucoup sur ce site. Nous sommes tous dans le voeu pieux. On est plus efficaces quand on dénonce que quand on propose, et encore, ça sert à quoi ? Bon.
J’ai retourné cette question dans ma tête un bon moment : y a-t-il des preuves d’une mauvaise intention vis à vis de l’Université ? L’un de nos fils a fait un mastère de 3e cycle en droit. C’est qualifiant. Rien à dire. L’Université a répondu à son attente.
Un autre de nos fils a fait la prépa et les concours. C’est lui qui avait choisi. Si ce cursus a pu l’avantager au plan personnel, pour ma part j’ai toujours pensé que l’existence des classes prépa prenait par principe l’infériorité de la fac condamnée à n’accueillir que ce qu’il reste de l’élite, plus le gros du « troupeau »incluant ceux qui n’ont pas les moyens financiers. Elle n’est donc pas vécue comme un parcours d’excellence et je ne peux y voir qu’une mauvaise intention à son égard. J’ai toujours vu ce souci de mettre les élites à part comme « napoléonien » et non véritablement le reflet d’une vraie démocratie.
A l’intérieur de la fac, les parcours d’excellence ou professionnels aménagés comme les IPES pour les profs, les mastères pour les autres métiers ont essayé de pallier le manque de spécialisation. Bref, je crois qu’il a toujours manqué un grand projet à l’Université.
Et voilà : je suis retombé dans les « il faudrait ». Patatras !
Quant aux conclusions de l’auteur, tout en admettant que l’on « brade » le bac (ce qui est incontestable), on peut quand même douter.
A mon époque, le taux de réussite au bac se situait au niveau de 60% . Ce n’est pas pour autant que le taux de réussite était meilleur (peut-être y avait-il plus de « touristes » ! ).
En fait, je pense qu’il est tout-à-fait normal qu’il y ait des échecs. C’est le contraire qui est vrai.
Voyez vos propres réflexions : 80% de réussite au bac signifie un bac « bradé ». A 40 ou 50 %, il a un peu plus de valeur.
Donc s’il y a des échecs en Fac, c’est que le système fonctionne. D’ailleurs, comparez le nombre d’étudiants en première année et celui des docteurs..