lundi 13 février 2017 - par Clojea

La consultation des sites djihadistes autorisée par le Conseil constitutionnel

 

" Le Conseil constitutionnel vient de déclarer contraire à la Loi fondamentale un article de la loi de juin 2016 sanctionnant le délit de consultation "habituelle" de sites djihadistes..."

Oui, vous avez bien lu...

"C'est l'avocat d'un habitant d'Angers, condamné en septembre dernier à deux ans de prison ferme, notamment pour ce délit, qui avait déposé une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) à ce sujet. Il estimait que le texte de loi incriminé ne disait pas précisément à partir de quelle fréquence de consultation le délit était constitué et qu'il introduisait une "présomption de mauvaise foi" déduite de la seule consultation."

On croit rêver. Les "sages" (?), après une intense réflexion, viennent de nous pondre un texte afin de nous démontrer que consulter un site djihadiste n'est pas un délit. Le prétexte retenu est que l'on ne peut pas savoir si celui qui va consulter un site djihadiste obéi à une intention terroriste ou à une intention d'enquête purement formelle. Dans le doute, le Conseil constitutionnel botte en touche. Autant de stupidité laisse pantois...

Le Conseil constitutionnel est un des garants de notre constitution. À ce titre, il devrait enquêter de manière exhaustive, surtout sur des sujets comme celui-ci. (1)

En premier lieu, une clarification du mot djihad devrait s'imposer :

"Le mot « Jihâd » ne signifie pas « guerre sainte ». Il désigne la lutte et l’effort. Les mots utilisés pour la guerre dans le Coran sont « Harb » et « Qitâl ». Le Jihâd quant à lui désigne la lutte sérieuse et sincère aussi bien au niveau individuel qu’au niveau social. C’est la lutte pour accomplir le bien et éradiquer l’injustice, l’oppression et le mal dans son ensemble de la société. Cette lutte doit être aussi bien spirituelle que sociale, économique et politique. Le Jihâd consiste à œuvrer de son mieux pour accomplir le bien. Dans le Coran, ce mot est employé sous ses différentes formes à 33 reprises. Il est souvent associé à d’autres concepts coraniques tels que la foi, le repentir, les actions droites et l’émigration. (2)

Ensuite, il serait nécessaire de séparer le bon grain de l'ivraie. Les médias parlent de djihadisme à tort et à travers. Comme d'habitude, elles mettent l'accent sur les communautés minoritaires musulmanes. C'est la mode. Révolue l'époque où les étudiants et les ouvriers faisaient là une des journaux. Quant aux communautés asiatiques, espagnoles, portugaises, italiennes ou russes, silence radio. A force de se focaliser sur des mouvements radicaux, le sujet de l'Islam devient extrêmement confus. Est-ce le but recherché ? Ma foi, je vous laisse juge. Le terme correct à employer par les médias serait plutôt : djihadisme terroriste.



Burkas, Niqab, Tchador, foulard, Qamis, Burkini, Bikini (non pas celui-là...)... Impossible d'ignorer tous ces termes. Ça part dans tous les sens. Les récents débats incendiaires sur le Burkini devenaient franchement agaçants et répulsifs.

Pourtant, un sujet compréhensible pour tous serait mieux perçu et permettrait de dégonfler une tension palpable. Encore faudrait-il que ce soit une volonté politique et médiatique, ce qui est loin d'être le cas.

Le Conseil constitutionnel n'aurait pas dû toucher à la loi de juin 2016. Les autorisations aux chercheurs et journalistes pourraient être données sur simple demande à la préfecture par exemple. Ça éviterait que tout un chacun puisse continuer à regarder des sites dangereux.
De plus, le Conseil constitutionnel devrait se rendre compte que l'expression "site djihadiste" est plus fourre tout que nominatif.

En effet, la menace terroriste a trop souvent pour origine l'islamisme radical, le Salafisme et le Wahhabisme. Le sujet n'est pas à prendre à la légère. Le flou entretenu par nos élites politiques et médiatiques n'est pas fait pour arranger les choses.

Le Salafisme par exemple est un mouvement protéiforme qui est caractérisé par des polémiques internes et des disputes théologiques. On distingue trois principales mouvances dans le Salafisme contemporain : une qualifiée de quiétiste, refusant de s'impliquer dans la vie civique ou politique et se consacrant à l'éducation des musulmans à la doctrine salafiste, une politique, et une djihadiste, qui utilise le Salafisme comme une base idéologique pour justifier le terrorisme.

Le Wahhabisme quant à lui, a été accusé d'être une source de terrorisme mondial, ou tout au moins d'inspirer l'idéologie djihadiste telle que celle de l'État islamique (Daesh). Dans l'usage contemporain, le « Wahhabisme » et le « Salafisme » sont souvent considérés comme des termes synonymes pour désigner des mouvements d'origines différentes ayant fusionné depuis les années 1960.

En fait, le problème des trois grandes religions monothéistes, Chrétienne, Islamique et Judaïque, provient de nombreux schismes qui ont engendré par la suite des extrêmes. Rien de pire qu'un "dévot bigot", peu importe la confession. La responsabilité de l'être humain y est pleine et entière. On peut avoir foi en quelque chose sans devenir extrémiste.

 Il est grand temps d'admettre qu'au-delà des préceptes religieux prônant d'accomplir le bien dans son ensemble, quelques prédicateurs de groupuscules minoritaires ayant pour but d'asseoir leur ascendant ne partagent pas la vision humanitaire d'un grand courant religieux. L'influence de ces prêcheurs est d'autant plus aisée qu'elle est souvent proportionnelle au degré de compréhension de tout un chacun.



Le niveau d'éducation, l'illettrisme, l'ouverture d'esprit et la tolérance sont en relation directe avec la compréhension et l'application de préceptes religieux. Faire la guerre au nom d'un religion quelconque est une folie. D'ailleurs, l'expression "guerre sainte" est une aberration. Comment une guerre peut-elle être "sainte... ?" On se demande.

Sans spiritualité, nos sociétés sont vouées à disparaitre. Mais il faut empêcher efficacement les groupuscules minoritaires de nuire au plus grand nombre. Tous les extrêmes sont mauvais parce que radical. Pourquoi glorifier ce genre de minorités ? Pour engendrer le chaos ?

J'espère que ce n'est pas le but recherché quoique j'en doute fortement. Notre devoir à tous est l'ouverture d'esprit et la tolérance. Mais il faut avoir conscience que des minorités dangereuses existent et veulent le pouvoir. Tant que les politiques et les médias leur accorderont de la puissance et de l'importance, leur notoriété va s'agrandir.

C'est exactement ce qu'à fait le Conseil constitutionnel en modifiant cette loi. Puissance et pouvoir aux minorités dangereuses. Copie à revoir.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_constitutionnel_(France) (1)

http://www.islamophile.org/spip/le-jihad-sa-vraie-signification-et.html (2)

http://www.huffingtonpost.fr/mohamed-sifaoui/criminaliser-le-salafisme-et-interdire-les-organisations-liees-aux-freres-musulmans_b_7581046.html



15 réactions


  • Osis Osis 13 février 2017 13:36

     
    Ras le bol de la censure en tous genres.
    Aucun gugusse n’a à me dire ce que je dois lire, voir, regarder ou croire.
     
     Messieurs les censeurs je vous salue.

     


  • Le421... Refuznik !! Le421 13 février 2017 17:51

    Heureusement que tous les gens qui consultent les sites pornos ne sont pas des détraqués sexuels ou des violeurs...


    • Clojea Clojea 13 février 2017 18:05

      @Le421 : Entre un site pedophile et un site porno, la,difference est de taille. Idem pour un site sur le Coran et un site sur les islamistes radicaux.


  • moderatus moderatus 13 février 2017 18:50

     Bonjour,

    votre analyse sur les dangers de l’islamisme radical est à mon avis juste.Il ne faut pas tout mélanger exact, mais il y a des porosités, si on laisse agir ces minorités et on ne les traque pas impitoyablement, elles recrutent et polluent les esprits.

    Il faut avoir à l’esprit une vérité historique essentielle

    ce ne sont pas les majorités silencieuses qui écrivent l’Histoire, mais les minorités agissantes

    Cordialement


    • Clojea Clojea 13 février 2017 19:29

      @moderatus : Merci pour votre passage et entièrement d’accord avec vous sur le fait que c’est toujours une minorité agissante qui fait évoluer la société. Mais cette minorité agissante doit lutter contre une ou plusieurs minorités extrémistes menaçant l’ensemble de la population.

      Bien à vous

  • Coriosolite 13 février 2017 20:03

    L’article rejeté par le Conseil Constitutionnel :

     - Art. 412-2-5-2 du code pénal, créé par la loi du 3 juin 2016 « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement », punissant « de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende » le fait de « consulter habituellement un service de communication au public en ligne mettant à disposition des messages, images ou représentations soit provoquant directement à la commission d’actes de terrorisme, soit faisant l’apologie de ces actes ».

    Cet article de loi était extrêmement flou : que signifie « habituellement » ?

    Le rejet par le Conseil Constitutionnel ne signifie pas qu’aucune mesure ne doit être prise, mais que le législateur doit définir très précisément le délit qu’il crée, sinon on en arrive à créer un délit de présomption d’intention criminelle.

    Et à contraindre un présumé coupable à faire la preuve de son innocence. Ce qui est fondamentalement contraire à notre droit.

    Il est regrettable que vous n’ayez pas saisi les implications de cette décision.


    • Clojea Clojea 13 février 2017 20:33

      @Coriosolite : Mais j’ai parfaitement saisi les implications de la décision du Conseil. En faisant çela, il autorise tout un chacun à consulter des sites litigieux. Ensuite, si la personne est coupable, elle sera jugé etc’... Sauf, qu’entre temps, tout un tas de gens plus ou moins bien intentionné pourront consulter à quî mieux mieux des sites litigieux et pourquoi pas commencer à rêver à une action terroriste. 

      Ou est la limite ? Les sites pedophiles sont interdits à la consultation. Pourquoi ne pas faire de même avec des sites hyper litigieux ? Et distribuer des autorisations aux chercheurs et journalistes ? Moi meme quî suit un fouineur, je n’ai pas envie d’aller sur des sites de m...Et çela ne me dérangera pas que l’on me dise que je n’ai pas le droit d’aller sur ces sites. Je peux faire une enquête avec d’autres outils.

    • Coriosolite 13 février 2017 22:48

      @Clojea
      Le Cons. Const. n’autorise pas la consultation des sites en question. Ce n’est pas son rôle d’autoriser ou d’interdire. Il n’est pas producteur de textes de lois. Il donne un avis de constitutionnalité sur les textes votés.

      En ce qui concerne le texte en question, il demande aux élus qui ont votés ce texte de caractériser le délit, parce qu’il juge ce texte trop flou.

      Rien à voir avec une « autorisation » ou une « dépénalisation ».

      Aucun doute à avoir. Un nouveau texte sera proposé au vote (et surement voté) en conformité avec les recommandations du C.C.

      Mettre en balance la juridiction applicable aux sites pédophiles n’a aucun sens, la pédophilie est un crime (pas un délit) parfaitement caractérisé.


    • Clojea Clojea 14 février 2017 09:41

      @Coriosolite : Vous jouez sur les mots comme sait le faire le Conseil C. Il n’autorise pas mais il permet, sous prétexte que le texte est flou. Ca s’appelle botter en touche, de facon à ne pas prendre des responsabilités. La pedophilie est un crime, heureusement, et je ne vois pas pourquoi le fait de consulter des sites litigieux a tendance terroriste ne le serait pas. 



    • Coriosolite 14 février 2017 14:31

      @Clojea
      La pedophilie est un crime, heureusement, et je ne vois pas pourquoi le fait de consulter des sites litigieux a tendance terroriste ne le serait pas. 

      Tout simplement parce que le texte interdisant les sites pédophiles et leur consultation est clair et indiscutable.

      Ce qui n’est pas le cas du texte sur les sites « jihadistes ». Une quarantaine de personnes ont été poursuivies pour consultation de ces sites, la justice n’a donné suite qu’à une vingtaine de dossiers faute, dans plus de la moitié des dossiers, de pouvoir caractériser l’infraction « Consultation habituelle »..

      La faute à des législateurs (les élus) soit incompétents, soit pressés de voter un texte en phase avec l’opinion publique. Et qui se feront retoquer systématiquement par le C.C. pour chaque texte mal bouclé.


  • Hermes Hermes 14 février 2017 18:52

    L’incitation à la haine et au meurtre sont sous le coup de la loi. Appliquer les lois existantes suffit à interdire les sites islamistes, au même titre que tous les extrémismes religieux qui prêchent la haine et l’intolérance. Il n’y a pas besoin de loi particulière les concernant.


  • Rincevent Rincevent 14 février 2017 20:18

    Les autorisations aux chercheurs et journalistes pourraient être données sur simple demande à la préfecture par exemple. Donc, pour faire simplement leur travail, il leur faudrait demander, c’est ça ? Et les curieux comme moi, ils feraient comment ? Votre crainte (justifiée) de l’islamisme radical vous aveugle, au point de vouloir nous enlever une liberté fondamentale.

    Mais rassurez-vous, il existe des méthodes plus « soft » qui commencent à se mettre en place : http://www.les-crises.fr/deconnant-decodex-par-jacques-sapir/ Avec ça, plus besoin de chercher à s’informer en profondeur, plus besoin de douter, Big Brother vous guide…


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