mercredi 30 avril 2008 - par Michel Monette

La crise alimentaire vue de l’espace

Imaginez que vous êtes un astronaute revenant d’un long voyage dans l’espace après quelques décennies. Deux phénomènes géographiques vous frappent en arrivant aux abords de la Terre : l’espace urbain a grugé passablement de champs et de prairies ; l’espace occupé par les champs et les prairies a fait reculer les forêts de beaucoup. Curieux, vous demandez ce qui s’est passé en votre absence.


- (...) Ce n’est pas croyable ce que ça a changé. Tous ces quartiers, là où il y avait des champs et ces champs où il y avait la forêt. Quelqu’un peut m’expliquer ?


- (Houston) Ah ça ! C’est la mon vieux.


- (...) La mondialisation ??

Une fois rendu sur Terre, vous serez littéralement gavé d’explications parfois contradictoires sur la mondialisation et ses effets géographiques, économiques, sociologiques, culturels, sans compter le réchauffement climatique qu’on vous expliquera en long et en large, et surtout - actualité oblige - la crise des prix des denrées alimentaires.

L’espace d’une crise

Patrick Poncet, chercheur en sciences sociales, membre de l’équipe Mobilités, Itinéraires, Territoires (équipe Mit, Paris 7) et du réseau VillEurope, cherchait à répondre à une question en lien avec le sujet de ce billet il y a un an de cela : Comment cartographier la mondialisation ?

Selon Poncet, une des grandes difficultés auxquelles se heurtent les cartographes - eux qui tentent de représenter l’espace à l’aide d’une technologie sociale - est le fait que la mondialisation est « en grande partie portée par des réseaux de toute nature, véhiculant hommes, marchandises, information, et [que] le planisphère des pays, insistant sur la territorialité, oublie ainsi le moteur réticulaire de la mondialisation ».

La crise alimentaire, justement, est une crise des réseaux de production, de distribution et de commercialisation des aliments. Si ce n’était qu’une crise de production, la solution serait simple : on s’organise pour que les agriculteurs produisent assez d’aliments, idéalement le plus près possible des endroits où ils seront consommés, puis pour les distribuer avec le plus d’efficacité possible (en réduisant les pertes dues aux délais et aux capacités de conservation et en assurant leur innocuité).

Justement, ce n’est pas aussi simple à cause même de la nature de la mondialisation.

Manger ou commercer ?

Le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, s’est permis de faire la leçon aux pays exportateurs de céréales (notamment du riz) qui ont réduit leurs exportations, afin de protéger leur propre population contre la crise, accroissant ainsi la tension sur le système mondial de distribution alimentaire, les spéculateurs s’en donnant à cœur joie sur des marchés excités par la rareté (Le FMI craint les guerres de la faim).

Dans la logique du FMI et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la fin des barrières tarifaires et non tarifaires devrait permettre une meilleure circulation des marchandises dans des réseaux optimisés par des agents économiques libérés de toutes contraintes qui les empêchent de se faire concurrence à l’échelle mondiale au profit d’un monde plus efficace.

Le problème fondamental de cette vision idéalisée des effets positifs de la mondialisation est illustré par l’augmentation des champs et des prairies destinés à l’alimentation animale, combinée au détournement de champs, voire de forêts à l’exemple de l’Indonésie, vers la production d’agrocarburants.

Dans des réseaux d’échanges libres de toutes contraintes, cette double augmentation est tout à fait logique. Elle permet aux agents économiques de répondre à la demande de ceux qui ont les moyens de s’offrir à la fois la viande et l’énergie dite écologique.

Les autres ont faim ? Les autres vivent dans des pays où le moindre écart dans l’offre provoque une hausse importante des prix des denrées alimentaires ? Laissons les organisations humanitaires s’en occuper.

Si l’on pouvait cartographier la crise alimentaire, on verrait sans doute apparaître dans toute sa vérité l’immense détournement des écosystèmes que les réseaux de la mondialisation permettent, au profit d’une minorité du monde.

La minorité qui contrôle et oriente ces réseaux pour s’enrichir davantage, justement.



53 réactions


  • tvargentine.com lerma 30 avril 2008 10:28

    Rappelons que l’idée qui a été "vendue" par les intégristes de l’écologisme durant des années a été la production de bio-carburant

    Sans parler des productions de produits "BIO" au détriment de la production de produits non ’BIO’ à engendré une belle pénurie

    Je constate que les anciens maoistes sont principalement dans les mouvement écologistes qui ont vendu l’idée que le BIO c’est mieux et que le BIO-carburant c’est mieux que le pétrole

    Voila le résultat,ça ressemble à la famine sous MAO en 1968 durant la "révolution culturelle"

    Quand à l’histoire du réchauffement de la planéte par l’homme,cela reste à prouvé car à ce jour les scientitifiques ne sont pas encore capable de le dire.

    C’est là d’intervient les écolos-bizness,qui viennent vendre leurs discours pour en faire un vrai bizness en terme de reportages catastrophiques sur TF1,ou France2 et en création de ’fondation’ qui ne sont que des machines à blanchir l’argent 

     


    • bobbygre bobbygre 30 avril 2008 11:08

      saletés d’"intégristes écologistes", c’est la faute des produits bios et des "anciens maoistes", de l’"écolos-bizness" et de ces fondations écologiques, qui comme tout un chacun le sait sont de véritables machines à blanchir l’argent, contrairement à toutes ces banques nichées dans les paradis fiscaux, qui elles investissent massivement dans le tiers-monde et les énergies renouvelables.

      Grace à la brillante analyse de Lerma, je sais que les écologistes ne sont vraiment tous que des connards ! Vive la société de consommation et les destructions et les pollutions qui vont avec !


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 12:10

      Oui mais là ou je ne peux qu’être d’accord avec lerma c’est qu’il y a quelques années le Bio-carburant était la panacée (pas de Green-peace ou de WWF mais des écolos politiques type Noël Mamère ou Voynet)

      Aujourd’hui c’est le bouc émissaire de tous les maux de la planète...

       

      Soyons réalistes : même si on s’arrange pour nourrir la population mondiale aujourd’hui on ne fait que reculer le problème...

      Il y a 110 ans on était moins d’1 Milliard (record absolu de l’époque) Aujourd’hui on est 7 millards...

      A ce rythme en 2050 on sera 23 Milliards

       

      Y a pas comme un problème de prolifération ?

      La meilleure des solutions est de commencer par diminuer le besoin en nourriture, énergie, etc...

      Donc de contrôler et de freiner l’explosion de population à nourrir/loger/transporter/habiller

       

      De plus c’est pas les exemples qui manquent pour nous le montrer même par la pratique...

      C’est vrai un bambin c’est trop mignon, c’est l’avenir, etc... Mais trop d’avenir tue l’avenir. Si on ne se freine pas, la nature le fera pour nous, de façon franche et violente !!!!!!


    • biztoback 30 avril 2008 12:31

      Les ecolo sont peut être pas tous des connards, mais qu’est qu’ils sont chiants !!!


    • Michel Monette 30 avril 2008 13:25

      « La meilleure des solutions est de commencer par diminuer le besoin en nourriture, énergie, etc... »

      Moi, je commencerais par la France tiens. On pige au hasard un Français sur deux, on cesse de le nourrir et on donne ce qu’il mangeait à des Africains.

      Après, ça serait le tour des autres Européens. On en pige un sur deux au hasard, on cesse de le nourrir et on donne ce qu’il mangeait à des Africains.

      Déjà comme cela, il n’y aurait plus de problème de faim parce que tous les Africains actuellement mal nourris seraient bien nourris avec la moitié de ce que mangent les Européens.

      Puis on pourrait aller du côté des Américains.

      Zut, j’aurais dû commencer par eux. Avec la moitié de ce qu’ils mangent, plus toute la nourriture que gaspille cette moitié d’Américains qu’on cesserait de nourrir, il n’y en aurait plus de problème.

      Mais j’y songe. Si on cessait plutôt de nourrir la moitié des animaux domestiques avec lesquels on se goinfre...


    • Michel Monette 30 avril 2008 13:36

      Le problème n’est pas qu’il manquerait de nourriture. Même avec le double de la population actuelle, il n’en manquerait pas. Le problème, c’est que l’argent ça ne se mange pas. Or, ceux qui veulent d’abord faire de l’argent aiment mieux acheter les céréales pour nourrir des animaux qu’ils vont ensuite nous vendre ou alors encore mieux, faire de l’énergie pour transporter les céréales vers des usines où elles vont être transformées en moulée animale pour nourrir les animaux qu’ils vont par la suite transformer en viande puis la transporter jusqu’aux supermarchés où on va aller l’acheter en consommant de plus en plus de biocarburants dans nos voitures devenues « écologiques ». Et on aura bonne conscience par dessus le marché !


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:44

      Oui, avec le double de population humaine on ne manquerait peut être pas de nourriture...

      Mais avec le triple ? Dix fois plus ? Ainsi de suite...

      "Celui qui croit en la croissance infinie dans un monde fini est soit un fou soit un économiste..."

      On sait qu’on peut nourrir environ 6 à 7 Milliards d’humains... Mais jusqu’où peut-on aller ? Vous croyez sincèrement qu’on peut nourrir 700 Milliards d’humains avec une seule planète ?

      Si on n’a pas atteint les limites maintenant, elles existent pourtant bien ! Si on continue comme çà on va fatalement se heurter à un mur ! Autant commencer à se contrôler maintenant plutôt que d’attendre qu’il soit trop tard ! Tout çà en supposant qu’effectivement il ne soit pas déjà trop tard...

      Effectivement, si on prend la moitié de ce que mangent les américains on fait d’une pierre 2 coups, on augmente l’efficacité de la distribution de nourriture mais on ne fait que reculer le problème !

       


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:46

      Appuyé sur Entrée Trop vite...

       

      Je disais en prenant la moitié aux américains, on nourrit la planète et on les fait maigrir... Incroyable !

      Et comme en France on devient américains de silhouette autant faire pareil !

      Vous croyez sincèrement qu’un Français, râleur comme c’est, va se laisser faire ?

      "Touche à mon bout de pain et je t’en colle une !" j’entendais tous les jours au collège...


    • Grasyop 30 avril 2008 17:45

      Ronfladonf : « Y a pas comme un problème de prolifération ? »

      1) Oui.

      2) Notons l’influence délétère majeure de plusieurs religions, et particulièrement le christianisme, dans ce domaine.


    • Michel Monette 30 avril 2008 19:08

      Ne vous en faites pas trop pour l’avenir. Un des problèmes avec lequel les pays même les plus pauvres vont devoir composer, c’est plutôt le vieillissement de la population. En 2050, plus de 80 % des plus de 60 ans vont être dans les pays en développement. L’augmentatin de la population n’est pas une courbe exponentielle. Nous serons vraisemblablement autour de 9 milliards en 2050 (source : http://esa.un.org/unpp/p2k0data.asp). Certaines hypothèses font état d’un sommet de 10 milliards, puis un déclin possible par la suite. Plus de 80% des humains vont vivre dans les villes en 2050. Il y a là des marchés fabuleux pour les producteurs agricoles des pays en voie de développement, et les coûts de plus en plus élevés de l’énergie vont sans doute faire en sorte de donner à ces producteurs un avantage concurrentiel. Il faut aider ces producteurs à faire la transition vers une agriculture destinée aux marchés urbains, et souhaiter que les revenus des urbains s’améliorent dans ces pays.

      Allez jeter un coup d’oeil sur une ville telle Adis Abeba sur Google earth (version Web ici : http://www.maplandia.com/ethiopia/oromiya/west-shewa/addis-ababa/). Vous allez être étonné des changements en cours. Le Tiers Monde ne sera plus le Tiers Monde dans quelques décennies. Il faut juste ajuster l’économie aux besoins plutôt que de l’ajuster aux profits.

       


    • Grasyop 30 avril 2008 20:02

      Il y a comme une tache de moisissure grise sur la carte. Au moins je sais maintenant comment on appellera la planète bleue dans le futur !


    • Grasyop 30 avril 2008 20:07

      « Certaines hypothèses font état d’un sommet de 10 milliards, puis un déclin possible par la suite. »

      Le tout, c’est justement de savoir sous quelles hypothèses on arrive à ce résultat !

      Pour qu’il y ait décroissance démographique, il faut nécessairement que les couples fassent moins de deux enfants en moyenne !


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 21:45

      Très bonne question...

      Mais un décroissance peut être amorçée par 2 facteurs : une baisse de la natalité ou une hausse de la mortalité...

      La façon la moins désagréble est bien sûr une baisse de natalité, une sorte de rationnalisation du "planning familial", ce dogme qui nous pousse à "avoir un héritier" et à "perpétuer la lignée de sang". Si on arrive à changer de comportement, il est possible de se donner une chance de survie...

      La hausse de la mortalité peut être engendrée par plusieurs facteurs comme une catastrophe mondiale, (guerre nucléaire, pandémie, impact avec un astéroide, érruption volcanique géante, vagues de chaleurs extrêmes, etc...) ou bien une diminution de l’espérance de vie suite à la pollution, etc...

       

      C’est pour celà que je crois à un pic de démographie de l’humanité. D’une manière ou d’une autre, la population diminuera. Mais cela peut se passer mplus ou moins violement. C’est à nous de choisir comment on veut que çà se passe !

      Personellement, je préfère que çà se passe en douceur...


  • LE CHAT LE CHAT 30 avril 2008 12:35

    Il va se passer en plus grand ce qui est arrivé sur l’ Ile de Pâques , surpopulation , épuisement des ressources , guerres et exterminations pour leur contrôle 


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:25

      Et d’un !

      Un exemple dont je parlais plus haut...

      Mais ce n’est bien évidemment pas le seul...


    • ronchonaire 30 avril 2008 14:04

      Effectivement, l’île de Paques nous a sans doute donné, à petite échelle, un aperçu de ce que peut donner une gestion catastrophique des ressources naturelles. Ce qui est dramatique, c’est que l’extinction de la civilisation de cette île date de plusieurs siècles et que nous n’en avons retenu aucune leçon.

      A lire pour ceux que ça intéresse : "Effondrement" de Jared Diamond (un brillant universitaire américain) qui traite en détails du cas de l’île de Paques et d’autres exemples de sociétés qui se sont effondrées pour les mêmes raisons (comme par exemple la première tentative de colonisation du Groenland par les scandinaves au Moyen-Age). Un bouquin excellent, vraiment.


  • tmd 30 avril 2008 12:43

    On a l’habitude d’entendre que si les (bientôt) 7 milliards d’humains voulaient vivre tous comme nous les européens (UE), il faudrait 3 planètes. On ne pourra pas tenir comme cela bien longtemps. Il va falloir réduire notre empreinte écologique de 2/3 (ou diminuer la population mondiale de 2/3).

    A noter aussi que malgré la très faible empreinte écologique des habitants de certains pays, l’empreinte totale de la population mondiale a dépassé le seuil de 1 planète depuis les années 1970.

    Alors mondialisation ou pas la, crise alimentaire correspond simplement à un début de régulation du nombre d’humains.


    • bobbygre bobbygre 30 avril 2008 12:51

      Et la seule manière connue de réguler le nombre d’humains consiste :

      1. à les empecher de se reproduire

      2. à les éliminer

      J’hésite....

       


    • tmd 30 avril 2008 12:57

      Raisonnez plus loin, ne voyez pas que votre esprit centré sur l’humain. Il n’y a pas que l’homme qui puisse agir. Il n’y a pas que l’homme qui puisse influencer la nature. Elle peut s’en charger toute seule. Et c’est la terre elle-même qui fera le travail. Elle n’aura pas à hésiter longtemps. Ce sera la solution 2.


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:27

      Moi aussi j’hésite...

       

      J’avoue que c’est tentant d’en éliminer... Mais sur quels critères ?

      Bien sûr, si l’espérance de vie était bien moins grande...

       

      Plus sérieusement le simple fait d’avoir plus de 2 enfants (viables et vivants) aujourd’hui accélère la surpopulation...

      Mais on en est resté à la philosophie du Baby boom.

      "Français françaises, il faut faires des enfants sur une grande échelle"


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:31

      @TMD

      Bien sûr c’est pour çà qu’il faut agir un grand coup, franc et violent maintenant si on ne veut pas que mère Nature s’en charge à sa façon...

      Le problème c’est que les dirigeants de tous poils sont tellement occupés à tirer la couverture à eux qu’ils ne voient pas l’urgence à agir de concert pour calmer tout çà...

      C’est pas pour rien que le taux de testostérone de nos dirigeants est plus élevé que la moyenne...

       

      Maintenant faire comprendre aux 5 Milliards de pékins moyens qu’avoir moins d’enfants c’est moins de bouches à nourrir et des économies (utiisons les arguments qui marchent un peu) c’est pas simple...

       


    • Michel Monette 30 avril 2008 13:37

      Ça ne serait pas du racisme par hasard ?


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:51

      Rascisme anti-quoi ? J’aimerais bien le savoir... Ai-je catégorisé les gens mis à part ironiquement pour montrer le ridicule de la phrase "j’hésite..."

      Oui je suis rasciste ! Je n’aime pas les moutons, ni les cons... !

      Mis à part ca mon meilleur ami est asiatique et j’ai énormément d’amis maghrébins, merci... Pourtant je suis Francais de pure souche...

      Sérieusement il n’y a pas besoin d’aller en Afrique comme le sous-entend si bien notre président pour trouver des familles de 5 enfants ou plus faits uniquement "pour toucher les allocs".


    • ronchonaire 30 avril 2008 13:57

      @ Michel Monette :

      Non, c’est une interprétation cynique et désabusée du malthusianisme. Si vous analysez les faits dans une perspective historique, en faisant abstraction de tout jugement de valeur, ce genre "d’ajustement" s’est déjà produit par le passé : lorsqu’une ressource devient rare et que plusieurs groupes de population sont en concurrence pour sa maîtrise, le groupe le plus puissant (militairement) finit par exterminer les autres et s’approprier la ressource. Ce n’est guère réjouissant mais c’est une réalité historique à laquelle il nous sera très difficile d’échapper. Parvenir à s’entendre au niveau mondial pour partager la ressource serait, de ce point de vue, quelque chose de totalement nouveau.


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 14:01

      Bien vu !


    • Le vénérable du sommet Le vénérable du sommet 30 avril 2008 18:06

      @ ronchonaire

      "... le groupe le plus puissant (militairement) finit par exterminer les autres et s’approprier la ressource."

       Oui mais vu les joujous que possèdent ces groupes, c’est l’humanité et son environnement qui seront détruits.

      J’aurais tellement aimé vivre dans les années 30 et être déjà mort ...


  • MagicBuster 30 avril 2008 13:43

    La solution écologique libérale va faire ce que la nature ferait :

    Les faibles vont être tout bonnement éliminés.

     

    Sauf qu’il ne s’agit pas de viabilité, mais de solvabilité.

    Pas d’argent, pas de riz => Tu crèves.

    (N’y voyez rien d’anti-chinois, on fait pareil avec les pattes, la semoule, le mil ... etc... )


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:57

      C’est une façon de rétablir une pseudo sélection Naturelle...

      Et ceux qui ont mis ce système en place se positionnent bien sûr avant à la place du Dragon qui "au pire" mettra très longtemps à disparaître dans ces conditions...


    • bobbygre bobbygre 30 avril 2008 16:56

      Oui, comme quoi, finalement, le plus grand visionnaire de notre époque c’était Hitler... Il devait accorder à peu prés autant d’importance à la vie humaine que ceux qui siègent aux conseils d’administration des grands cartels agro-alimentaire.

      Vous ressentez de la peine quand vous écrasez une fourmi sans le vouloir. Non ? bah, eux non plus....


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 17:39

      N’oublions pas non plus ces grands humanistes : Staline, qui a quand même asséché la Mer d’Aral, Mao, etc ...


  • HELIOS HELIOS 30 avril 2008 13:43

    reponse a Rofladonf :

    si la france ne fait pas d’enfant, que va-t-il se passer ? ben on va faire appel a de l’immigration qui elle fait des enfants. Résultat, dans une génération, les enfants seront tous maghrebins et black. De quoi être fier de ce raisonnement.

    alors si on veut limiter la croissance, c’est pas en cherchant du coté de la France ou de l’Europe, question limitation des naissances. On revient au problème cité plus haut : si l’autolimitation des pays "lapins" ne marche pas il faudra bien se decider à agir.

    D’un point de vue cynique j’entends, comme l’ensemble de mon message qui n’est que comptable.


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 13:55

      Oui, si la France seule fait ca...

      Mais comme je le dis plus haut, nos dirigeants doivent agir ensembles et limiter la croissance mondiale

       

      France 66 Millions d’habitants

      Monde 6,7 Milliards d’habitants

      => France = 1 % de la population mondiale

       

      J’ai jamais dit que la France seule doit régler ce problème. C’est bien un problème de narcissisme. Pourquoi la France ou les USA devraient à eux seuls régler le problème du Monde entier ?

      C’est au monde de se bouger la graisse et tout le monde (et tout le Monde aussi) doit y mettre les mains dans le cambouis !!!!!


    • Grasyop 30 avril 2008 18:46

      Helios : « si la france ne fait pas d’enfant, que va-t-il se passer ? ben on va faire appel a de l’immigration qui elle fait des enfants. Résultat, dans une génération, les enfants seront tous maghrebins et black. »

      Et alors ? Plutôt que de créer de nouvelles bouches qu’on ne sera pas capable de nourrir, mieux vaut nourrir celles qui existent déjà, quelque soit leur couleur, non ?


    • HELIOS HELIOS 30 avril 2008 19:07

      @Grasyop... ben oui, vous avez parfaitement raison ! Je propose qu’on s’y mette tout de suite, supprimons les visas des algeriens, tunisiens, marocains etc....


    • Grasyop 30 avril 2008 19:36

      Et à part la dérision et la caricature, vous avez un vrai argument ?


    • HELIOS HELIOS 30 avril 2008 22:25

      ben non, voyez vous. Jen’ai rien à ajouter, il n’y a pas de dérision la-dedans. je ne reponds pas par-contre aux provocations si grossières.


  • aquad69 30 avril 2008 14:00

     

    Bonjour Michel,
     
    votre article, très simple, est une bonne remarque.
     
    Mais, sans vous en faire le reproche, il y a quelque chose de déplaisant dans cette manière très répandue que l’on a aujourd’hui de "nommer" un sujet par un simple mot, un titre ou une formule-slogan, le plus souvent "à la mode" du jour, pour frapper les esprits et essayer de mieux se faire entendre au milieu de ce gigantesque "bruit de fond" qui nous entoure.
     
    La "mondialisation", qu’est -ce que celà veut dire ? Est-ce une cause en elle-même, ou un ensemble très complexe de processus divers que personne n’est capable de maîtriser vraiment ?
     
    On pourrait en dire autant par exemple de la "globalisation", du "libéralisme", du "capitalisme", de "l’économie", etc...
     
    "Nommer" les choses ainsi, si l’on n’y prend pas garde, celà finit par revenir presque à les identifier comme des "entités", des ensembles cohérents et doués de puissances, des "personnalités", en somme ; et donc de les déifier, d’en faire de véritables idoles !
     
    "C’est la faute à qui ? C’est la faute à..."
     
    Le résultat de tout celà, c’est qu’aujourd’hui tout le monde mélange tout, les causes et les effets, les maux et leurs symptomes, les éléments importants et ceux de détail. Celà ne sert à rien, sinon à augmenter les confusions et les désordres, quand il vaudrait mieux décortiquer et comprendre les vrais processus qui sont à l’origine de ces maux.
     
    Pour en revenir à votre remarque de ce changement cartographique du monde et à ses causes, une parmis les autres me paraît significative, en tous cas : l’exode rural.
     
    C’est à mon avis une des choses que l’on n’analyse pas assez aujourd’hui, et que l’on ne remet pas en question, sur lequel on sent même un déni : l’exode rural serait normal, absolument "fatal", car lié a la modernisation, elle-même la plus fatale des nécessités...
     
    Prenons comme exemple un pays comme la France ( je prend ce que j’ai sous la mains), car il est assez significatif" sur une durée qui ne fait tout de même que huit siècles, cad peu de choses en regard de l’histoire humaine :
     
    Si l’on avait pu observer ce pays par satellite aux alentours du treizième siècle, on lui aurait remarqué une homogénéité dans la densité démographique à faire rêver ; des bourgs presque insignifiants, des campagnes et des montagnes beaucoup plus peuplées, vivantes et soignées qu’aujourd’hui, et enfin des axes de transports et d’échanges qui existaient assurément du point de vue culturel et pour certains produits, mais sans aucun rapports avec ces flux indispensables que sont les transports actuels dont la simple interruption, même sur une durée moyenne, entraineraient les conséquences les plus catastrophiques et menaceraient même la survie humaine !
     
    La caractéristique de la société humaine à cette époque ? L’autonomie, tout simplement, et aussi le fait que la "propriété privée" telle que nous la connaissons aujourd’hui, sur les éléments essentiels à notre vie comme par exemple les terres, l’eau et les aliments, n’existait quasiment pas ; chaque communauté assurait elle-même la production de ce qui lui était indispensable, et n’avait recours à l’échange commercial (le marché) que pour l’accessoire, les denrées que l’on pourrait dire "de luxe" ou exotiques, qui n’étaient pas produites sur place.
     
    On s’est évidemment beaucoup étendu sur les malheurs des ces époques, à un point tel qu’on a fini par les décrire presqu’exclusivement par eux : à écouter certains historiens vulgarisateurs, ainsi que certains programmes scolaires, la vie de ces gens n’était chaque mois ou chaque semaine, et celà en permanence, qu’une succession de viols, pillages, famines, épidémies de peste et de choléra, on en en passe et des meilleures !
     
    C’est à se demander quand ces pauvres gens ont pu avoir le loisir de construire et de produire ce dont nous admirons les restes aujourd’hui...
     
    Nous nous plaisons à prouver notre supériorité occidentale en comparant notre niveau de vie au leur, mais c’est oublier que notre opulence n’est absolument pas représentative de la moyenne mondiale, et qu’elle est même précisément en rapport avec la misère "nécessaire" du reste du Monde.
     
    On peut considérer que les débuts de l’exode rural en France correspondent à la fondation des nouveaux bourgs et villes "libres", et les débuts de la "bourgeoisie", au cours du "moyen-âge" considéré comme la fin de l’époque féodale et les débuts de ce que l’on a appelé la Renaissance ; mais cet exode rural là n’était pas une fuite subie par les couches les plus défavorisées pour des raisons de pauvreté ; au contraire, ce sont les populations les plus dynamiques d’alors qui, pour échapper à l’étouffement d’une tutelle seigneuriale qui ne se justifiait plus par ses services rendus et aussi par sa perte de prestige, ont arraché, souvent par conflit, le privilège bourgeois de pouvoir se gérer eux-même.
     
    Les débuts d’un exode de masse véritablement rural,moderne, causé par la misère, datent en fait de l’apogée de la Renaissance et des débuts du monde commercial et industriel ; on peut le faire coincider avec l’époque du phénomène des "enclosures" en Angleterre, quand des populations entières se sont retrouvées spoliées de leurs ressources par des grand propriétaires éleveurs qui ont "cloturé" leurs domaines et qui leur ont donné le statut de propriété privée. C’est là ce qui a produit l’embryon, la première origine des masses prolétariennes dépendantes, définies par le fait d’être obligées d’acheter pour manger et donc d’être salariées pour pouvoir acheter .
     
    C’est aussi à cette époque que sont apparues les nouvelles théories libérales et de la dictature du marché, et qu’a explosé la "révolution industrielle".
     
    Une des superstitions les plus répandues chez nous voudrait que le système de marché libéral "crée" de la richesse, ce qui ferait de nous le plus "religieux "des peuples par notre foi en le miracle permanent !
    En réalité, le système se contente de concentrer la richesse dans les zones qui jouent le rôle de centres économiques, au dépend des régions économiquement périphériques ; parallèlement à l’enrichissement des villes, il y a un appauvrissement très réel de cette périphérie, et c’est bien là l’origine de l’exode des paysans obligés de "suivre" les déplacements des richesses.
     
    Et c’est bien là qu’apparaît l’iniquité absolument monstrueuse de notre époque :
     
    Quand au siècle dernier, forcé par la misère, le breton ou l’auvergnat quittait son "pays" et sa vallée, il pouvait légalement rejoindre Paris ou Lyon au nom de l’unité nationale du pays ; on ne lui a jamais reproché d’être un immigré qui venait "manger le pain" des parisiens ou des Lyonnais.
     
    Mais aujourd’hui le phénomène est devenu mondial : à l’échelle des continent, les richesses et capitaux des régions économiquement périphériques rejoignent les zones économiquement dominantes, mais il est interdit aux peuples ainsi subtilement spoliés de les suivre.
     
    Quand on voit l’étonnement que provoque auprès du public et des médias la découverte des famines actuelles, on se demande qui l’emporte : la bêtise la plus insondable, ou l’hypocrisie la plus noire ?
     
    A l’évidence, ces famines et cette masse de misère humaine ne sont pas arrivées par hasard ; elles sont inhérent au système même, produit direct des concepts que nous vantons depuis trois siècles, et sur lesquels nous avons fondé notre image et notre prospérité d’hommes "modernes.
     
    Il est parfaîtement clair que cela va, non seulement se poursuivre, mais s’aggraver de plus en plus vite et concerner des populations de plus importantes aussi longtemps que l’on n’en reviendra pas à l’autonomie alimentaire des régions, et au protectionnisme le plus draconiens !
     
    Le résultat le plus évident de ce modernisme dont nous sommes si fiers aura été de transformer le Monde en un radeau de la méduse peuplé de survivants obligés de s’entre-dévorer pour survivre ; nul doute que celà ne transforme l’aspect de la planète de manière sensible...
     
    Cordialement Thierry

    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 14:09

      Si j’ai bien suivi ce que vous dites, il faut que nous revenions en arrière, au moment où on mangeait ce qu’on produisait et qu’on produisait ce qu’on mangeait...

      Mais si on fait çà... les régions qui ne sont pas des centres économiques seront quand même spoilés car ils n’ont plus le moyen de produire eux même... Ils sont vidés...

       

      Il faudrait des dizaines d’années pour qu’ils retrouvent la capacité de produire ce qui leur faut pour vivre et s’en contenter....

       

      Me trompe-je ?


    • aquad69 30 avril 2008 15:18

      Bonjour Ronfladonf,

      quand on s’aperçoit que l’on se trompe de direction, la première chose à faire, c’est de ne pas perséverer dans l’obstination ; il faut se réorienter.

      Il est évident qu’à ce point là, il faut encore faire l’effort de revenir au point où l’on s’est trompé avant de recommencer à avancer...

      Quand vous dites qu’il faudrait à ces pays "des dizaines d’années pour s’en remettre et devenir auto-suffisants", ce n’est pas évident ; il faudrait d’abord que les puissances mondiales lèvent les pressions qu’elles exercent sur eux en permanence et qu’elles leur fichent la paix.

      En réalité, ceux pour qui celà serait le plus douloureux, ce serait sans doute les pays comme les nôtres qui ont pris l’habitude de vivre aux dépens des autres et qui, à vivre sur leur seules ressources propres, verraient leur niveau de vie baisser de manière très significative.

      La consommation individualiste comme celle que nous connaissons aujourd’hui deviendrait impossible, à moins d’une collectivisation "populaire" à la manière de l’URSS à son origine, et nous savons que ce serait un cauchemar.

      Mais l’élément le plus inquiétant dans l’affaire, c’est que le retour du protectionnisme à l’échelle de la planète signifierait vraissemblablement la guerre, comme celà s’est passé dans les années trente.

      Il n’est de toute façon pas sûr qu’il soit possible de l’éviter à l’heure actuelle...

      Cordialement Thierry


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 17:40

      Merci pour cet éclairage, je comprends mieux maintenant votre Commentaire...


    • HELIOS HELIOS 30 avril 2008 17:46

      bonjour Aquad29...

      Peut on être d’accord avec l’ensemble de votre analyse ?

      Si, a mon avis, le début est acceptable l’interpretation que vous faites des suites des développements de nos sociétés sont incorrects, même si les faits aujourd’hui me contredisent.

      En fait, le vrai problème ne vient ni de la mondialisation, ni de notre supposée predation (des pays dit riches) mais essentiellement du modele marketing que nous appliquons.

      Tout d’abord il y a la "monétisation" de tout, qui a tué la solidarité que nos sociétés avaient mise en place jusqu’aux années 60/70.

      Il y a aujourd’hui la "financiarisation" de tout et même des dettes comme nous le voyons au niveau des "subprime" ... Le pire est arrivé le jours ou les bourses locales qui drainaient l’argent d’associés non professionnels au developpement d’entreprises locales se sont "metropolisées", puis "continentalisées" et deviennent mondialisées (regardez Euronext). Ceci a provoqué une deconnexion forte entre la réalité economique du tissus industriel et les apporteurs de capitaux qui reclament des dividendes quels que soient l’entreprise, le contexte economique, le marché des produits ainsi que les hommes de ces entreprises.

      Les entreprises ont cessé de vendre leurs produits au prix qu’ils coutent + marge et les vendent au prix maximum que vous pouvez les payer. cela se traduit par un lessivage selectif des finances des menages et comme les revenus ne sont pas extensibles, par la crise actuelle du pouvoir d’achat qui se revèle tous les jours un peu plus dans tous les pays. a titre d’exemple, regardez ce qui se passe a la SNCF qui est passé d’un prix au km du voyage, au prix dit "de marché" en fonction de la date, de la demande etc. Cette methode de vente n’est pas favorable bien sur au voyageur qui globalement va toujours payer plus cher son voyage et cela demontre tres clairement que le train n’est plus un service public mais une entreprise commerciale.

      A partir de là, tous les echanges mondiaux sont soumis a ces regles auxquelles s’ajoutent les travers politico-strategiques --- je te vends a toi, pas a l’autre.. (ex le gaz Bolivien pour le Chili), --- je te vends a ce prix a toi et a celui la a l’autre (ex le gaz Algerien a la France) --- ainsi que toutes les spéculations sur tout et pas que sur les matières premieres. Rajoutez a cela les penuries locales conjoncturelles et le système en devient en plus d’être prédateur .. punitif !

      La propriété privée n’a jamais tué l’economie locale comme vous le dites. ce qui l’a tué c’est sa compétitivité et les entorses aux règles élémentaires. Aujourd’hui le gouvernement veut a tout prix redonner du pouvoir d’achat en liberalisant la negociation des grands distributeurs vis a vis des producteurs. je peux vous dire que le resultat previsible c’est la mort par asphyxie rapide d’au moins 50% des petits producteurs laissant un peu plus le monopole au plus gros, plus industriels et plus susceptibles de dejouer les lois du marché.

      Une seule mesure pour redonner de l’air au porte-monnaie des menages pourrait se faire tout en redonnant des couleurs a tous ceux qui ne sont pas "gros" sans pour autant punir les gros. C’est pourtant tres simple et en plus parfaitement adapté a notre societe dit de concurrence libre et non faussée. Je vous la livre telle quelle :

      Imposer un catalogue de prix de vente non derogatoire au producteur.

      Cela permettrait a tout le monde d’acceder aux mêmes tarifs car il me semble qu’aujourd’hui le petit commerce ne peut pas lutter en achetant ses produits plus cher que ce que les vendent les distributeurs !

      Donc si 1kg de tomate a la production coute 1€, ... 0,80€ a la tonne etc (on ne supprime pas les prix de gros) tout le monde peut l’acheter a ce prix là, il n ’y a pas de prix reservé a Carrefour ou Auchan. En peu de temps le marché sera assaini, les producteurs gagneront leurs vie et les intermediaires et distributeurs seront eux aussi confronté a la cincurrence qu’ils ne connaissent pas aujourd’hui.

      Tout ce que je vous ait ecrit la est egalement valable pour les pays. si, par exemple, le Benin, vendeur de coton avait un tarif opposable a tous, son economie ne s’en trouverait que plus performante...

      Bon, je vous laisse, il y a trop a dire, j’ai déjà suffisamment été hors sujet. Merci de m’avoir lu.


    • aquad69 5 mai 2008 11:35

      Bonjour Hélios,

      désolé, je n’ai lu votre commentaire qu’aujourd’hui. Viendrez-vous encore vous promener par ici ?

      Une réponse, un peu simple, rapide car je ne crois pas que nous soyons en désaccord sur le fond :

      Quand vous parlez de la nocivité du système marketing, comme vous l’appelez, ou de la financiarisation, par exemple, il ne s’agit là que de quelques éléments d’un ensemble beaucoup plus vaste ; quand on étudie un processus, il faut l’observer dans son ensemble, car chaque élément interagit avec les autres, tout à la fois cause et effet.

      Les aspects du système moderne qui nous apparaissent aujourd’hui comme nuisibles ou même criminels sont beaucoup moins des causes que des effets en bout de chaînes, après un long développement historique ; on ne peut les traiter comme s’ils étaient de simples détails séparés du reste.

       En vérité, prétendre vouloir éliminer les inconvénients du modernisme, tout en en gardant les avantages, revient rigoureusement à croire que l’on pourrait obtenir tout à la fois "le beurre et l’argent du beurre".

      La nature ne fonctionne pas ainsi.

      Voilà maintenant trois cents ans que nous avons commencé à faire "la fête" , et pour celà, nous avons d’abord dilapidé notre propre héritage européen, constitué de l’accumulation durant quasiment un millénaire du patient travail de nos ancêtres, de tout un équilibre social et agricole et d’un savoir faire qui en était les fruits. 

      Puis nous avons conquis le Monde, et avons alors entrepris de dilapider l’héritage des autres.

      Et enfin, refusant de réaliser que cette fête de la surconsommation et du "progrès" pouvait avoir une fin, nous avons continué à le fairer à crédit pendant quelques décennies, le temps de plonger notre monde humain dans une situation inextricable...

      S’imaginer que maintenant, endettés jusqu’au cou, nous puissions dire face à l’ordre naturel des choses : "pouce, on arrête tout et on repart à zéro !" c’est faire preuve d’ignorance et de la plus grande naïveté qui soit .

      Maintenant, il va falloir payer, d’une manière ou d’une autre ! Tous les banquiers vous le dirons, les dettes se remboursent toujours, ou alors il faut aller voler les sommes équivalentes ailleurs. Et le fait qu’il ne s’agisse pas, en l’occurence, de simple argent mais de principes d’équilibres entropiques beaucoup plus subtils et profonds qui manifestent ce que nous appelons les richesses réelles d’une société, ne change rien à l’affaire.

      Evidemment, les "riches" voudront maintenant essayer de s’en sortir à bon compte, et aux dépens des pauvres : à mon sens, dorénavant, l’actualité à moyen terme sera dominée par l’illusion, très présente chez ces minorité de vrais nantis, qu’il soit encore possible de s’en sortir en faisant "payer" les autres, cad une grande majorité humaine dont nous faisons partie, dominée , asservie, et mise au service du système, et des conflits que celà produira.

      Mais on ne saurait tricher indéfiniment avec les équilibres universels.

      Quand un "Titanic" coule, les premières classes situées tout en haut sont évidemment les dernières à être inondées ; on peut pendant un certains temps se contenter de faire illusion, de développer des services d’ordre pour bloquer et enfermer les troisièmes dans leurs quartiers, et même d’insonoriser les cloisons pour ne pas entendre à l’heure de l’apéritif les cris de ceux qui s’y noient , par exemple.

      Il est néanmoins inévitable que tout ce monde-là finisse par sombrer à son tour...

      Cordialement Thierry


  • ronchonaire 30 avril 2008 14:15

    Votre article traite plus des inégalités face à la gestion des ressources que de la rareté de ces ressources en tant que telle. Les forêts ont regagné du terrain en Europe depuis 50 ans et sont très bien protégées ; idem aux Etats-Unis. Au Japon, il est quasiment interdit de couper un arbre. Comment font tous ces pays pour malgré tout s’approvisionner en bois ? Ils détruisent tout simplement les forêts des autres (les japonais en Indonésie, les américains en Amazonie, les européens un peu partout et notamment en Sibérie).

    Comme je le disais plus haut, la gestion des ressources est une question de pouvoir et est donc, pas nature, profondément inégalitaire. Et ce n’est pas prêt de changer.


  • OmegaDG OmegaDG 30 avril 2008 14:53

    Crise alimentaire : la Banque mondiale sonne l’alarme : http://afp.google.com/article/ALeqM5imdC7-ncgT64MN3du3ntRYp489tA

    Crise alimentaire : l’ONU veut un plan de bataille : http://www.lefigaro.fr/economie/2008/04/30/04001-20080430ARTFIG00356-crise-alimentaire-l-onu-veut-un-plan-de-bataille.php

    Je demeure à côté d’une banque alimentaire dans ma ville et depuis 2 mois je vois à tous les jours des gens en VOITURE allez chercher de quoi bouffer. EN VOITURE ! On enlève le pain de la bouche de ceux qui sont vraiment pauvre parce que l’on a fait le plein d’essence et qu’on a plus les moyens de se nourrir. Quelle farce, quelle comédie, c’est dramatique et indécent. Voilà une bonne raison de se soulever. C’est assez.

    Aux Étâts-Unis, suite à la demande du président Bush il y a 4 ans, les agriculteurs ont transformé leur culture pour le Bio-Carburant, au Canada les moutons ont suivi la politique de la cupidité américaine. Voilà le noeud du problème. La nourriture pour le pétrole. La vie pour la voiture.


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 17:43

      C’est peut-être pas si simple QUE Pétrole contre nourriture...

       

      Cela dit, c’est vrai que c’est révoltant de voir que ceux qui se servent des banques alimentaires et autres secours catholiques ne SONT PAS ceux qui en ont vraiment besoin...

      Vraiment aucune dignité...


    • Lisa SION 2 Lisa SION 30 avril 2008 17:35

      Le fait est que l’on ne se pose pas assez la question : Pourquoi mangeons nous de la viande... ? D’où la rrflexion suivante : N’est ce pas cela qui fait de nous des prédateurs agressifs... !


    • Ronfladonf Ronfladonf 30 avril 2008 17:50

      Pourquoi éprouvons nous un besoin impérieux d’avoir plusieurs enfants par couple ???

      "Le premier il est trop mignon et puis un enfant unique AH non alors !"

      Et puis ce sont nos enfants qui vont payer nos retraites... alors faire un enfant c’est un investissement pour nos vieux jours...

      La vérité c’est que depuis plus d’un siècle on pense comme ca, et les besoins ont explosés et nous en sommes tous responsables !

      Pour ce qui est de manger de la viande, il est vrai que c’est un autre problème mais ne plus manger de viande ne fera que reculer le problème : si la population augmente, on arrivera fatalement à une situation semblable à aujourd’hui...

       

      En résumé, ne plus manger de viande pour parer au plus urgent, mais aussi préparer l’avenir en limitant le niombre d’humains à nourrir sur le long terme...


    • Michel Monette 1er mai 2008 00:34

      Il y a quelque chose d’ironique de constater que la meilleure façon de réguler une population est de faire en sorte qu’elle s’enrichisse. J’aime bien d’ailleurs l’analyse d’aquad6.  Il faut vraiment aller voir sur Google Earth ce qui se produit actuellement. Dans une centaine d’années, il va y avoir de nouveaux « centres de richesse » dominants et ils ne seront pas forcément en Europe ou en Amérique du Nord. L’urbanisation a passé le cap des 50% et le mouvement est irréversible. Dans la première et la seconde révolution industrielle, les campagnes se sont vidées parce que les ouvriers agricoles trouvaient plus intéressant d’aller « vendre » leur force de travail en ville. Ici au Québec dans les années 1850 et suivantes, ce sont les villes de la Nouvelle-Angleterre qui en ont profité, par la suite les centres urbains du Québec. On parle beaucoup de la migration Sud-Nord, mais il y a aussi une autre migration, Sud-Sud, qui est pratiquement équivalente à la première (chiffres de 2007, Banque mondiale). Ce sont surtout les grandes villes du Sud qui accueillent ces migrants. La richesse du Nord est évidemment encore très supérieure à celle du Sud, mais sur le long terme cela est appelé à changer. Le problème toutefois va demeurer entier si la minorité qui profite du détournement des écosystèmes ne fait que se déplacer.


  • jrr 1er mai 2008 11:20

    Il est évident que les Occidentaux mangent beaucoup trop de protéines - et de graisses - d’origine animale, ce qui est totalement aberrant du point de vue de la diététique - et de la santé. C’est de plus un gaspillage immense des ressources vivrières de la planète, que les pauvres payent au prix fort - en mourant de faim et des conséquences de la malnutrition. Pendant que l’on fabrique des biocarburants pour faire tourner les moteurs.

    Mais la perversion ultime de l’Homme, c’est d’avoir créé maintenant des plantes qui produisent directement des insecticides - toxiques et cancérigènes -, et de faire manger ces plantes empoisonnées par ses propres congénères.

    Gagner plus d’argent en obligeant les petits paysans à acheter les semences transgéniques des OGM à pesticides, gagner plus d’argent en rendant les gens malades en les obligeant à manger ces plantes – ou les animaux d’élevage nourris avec ces plantes -, après s’être "arrangé" pour éviter de devoir faire des études sur la toxicité de ces produits. Car les compagnies qui produisent les OGM à insecticides sont souvent aussi celles qui produisent, par exemples, les nouveaux médicaments contre le cancer qui ruinent les systèmes de santé pour offrir à ces malades, au prix fort, quelques mois de vie supplémentaires. 

    Telle est la perversion ultime du libéralisme économique. Ce n’est pas pire que les agissements du monstre autrichien qui a séquestré et violé sa fille pendant une vingtaine d’années. En plus, il paraît que c’est légal... 

    Pendant ce temps, les abeilles commencent aussi à mourir – qui s’occupera de la pollinisation ? -, de même que les papillons, ce qui est peut-être encore pire… Et ces gens commencent à dire que l’Homme n’a pas besoin de la biodiversité…

    Cette humanité devenue démente ne mérite plus de vivre sur la Terre.  

     


  • xray 2 mai 2008 11:10

    De quoi se plaint-on ? 
    Chaque jour qui passe, il y a 200 000 habitants de plus sur la planète. 
    Cela veut dire que les choses ne vont pas si mal que ça. 
    Pour les problèmes de l’écologie, du logement, de l’énergie, on aura bien le temps d’envisager cela plus tard. 

    D’ailleurs, ne constatons nous pas que les pleurnicheurs sont ceux qui exploitent la misère pour se remplir les poches.  


    Les curés affirment que 20 milliards d’habitants, c’est possible. 
    Et, si cela est possible, c’est l’objectif à atteindre (Au plus vite). 

    Le détail, c’est qu’il existe peut être un piège. Moralistes par devant, sans scrupules par derrière, les curés vivent de la misère qu’ils produisent. 

    Depuis 5 000 ans ! Quoi de neuf ? 
    http://blog.ifrance.com/echo-agnostiques 

    Pour lutter contre la faim dans le monde
    http://pourluttercontrelafaim.midiblogs.com/files/Mangez_les_humanitaires.d oc 



  • Michel Monette 3 mai 2008 13:47

    Les commentaires émis jusqu’à présent indiquent bien à quel point il y a méconnaissance des phénomènes à l’origine de la crise alimentaire et difficulté à formuler des alternatives viables. Le fait est que l’idée d’améliorer le sort de tous grâce à la libre entreprise et à la concurrence n’est pas la panacée universelle que l’on nous vante tant. Mais changer le paradigme actuel du développement est comme vouloir détourner le Titanic : il y a tant de décideurs à convaincre - à commencer par les électeurs des pays riches afin qu’ils fassent pression sur leurs gouvernements respectifs - que le bateau poursuit sa course en déviant à peine de la trajectoire.

    Au lieu de se concentrer sur de faux problèmes [par exemple, les habitants des pays pauvres seraient des imbéciles courant à leur propre perte en ayant trop d’enfants], ne devrions-nous pas plutôt regarder en face les vrais problèmes pour piocher sur des solutions efficaces à moyen et à long terme. Pour ma part, je continue de croire que le régime alimentaire basé sur la consommation de protéines animales est dommageable autant pour la santé des humains que pour la nature. Je crois aussi que la tendance actuelle à la concentration de la richesse est à l’origine d’une destruction sans précédent des milieux naturels.

    Non seulement, comme je l’ai écrit dans un commentaire, l’argent ne se mange pas, mais en plus il devient un redoutable mangeur de chair humaine à mesure qu’il se concentre.


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