La testostérone rend-elle con ?
Jusqu’à la puberté, les garçons possèdent une concentration de testostérone inférieure à 0,7 nmol/l, elle augmente d’un facteur 2 à 20 entre 10 et 20 ans, les taux chutent plus tard, la vieillesse venue, pour retrouver les valeurs de la prime enfance. Pour les femmes, les taux sanguins de testostérone sont environ dix fois moindres. La puberté marque l’entrée dans la vie sexuelle celle où il faut combattre pour vivre et conquérir.
Dès trois ou quatre jours, le bébé est capable de reconnaître la voix de sa mère. Vers trois mois, le nourrisson se sert de mimiques et du regard pour communiquer avec ses proches. Vers un an, le nourrisson ajoute des gestes pour se faire comprendre. Puis il emploie des mots lourds de sens pour lui, il égrène plus tard une suite de sons dont certains semblent avoir un sens, ces sons plus ou moins compréhensibles sont peu à peu ciselés et dès 3 ans le poupon peut parler.
Les différentes phases d’acquisition doivent être respectées sinon l’enfant peut être victime de troubles graves du langage, voire ne pas pouvoir s’exprimer du tout dans les cas extrêmes : l’apprentissage du langage se révèle impossible s’il n’a pas été commencé dans la prime enfance.
L’apprentissage d’une langue est un bon moyen de déterminer les différentes méthodes d’acquisition des connaissances.
La langue natale n’est pas apprise en suivant des règles, une logique, une segmentation des problèmes, une logique, des lois, des instructions. La mère, le plus souvent, sert de modèle et le nourrisson tente de former des mots en faisant comme elle. L’enfant fait cela naturellement et joyeusement, sans contraintes, sans compétition. La capacité d’apprentissage des enfants est conservée jusqu’à un âge relativement avancé, 8 ans, mais de plus en plus d’efforts sont nécessaires si l’on tarde. Les jeunes ont des avantages sur les adultes pour apprendre : (i) ils mémorisent les nouvelles informations bien plus facilement, (ii) ils sont davantage motivés par les découvertes, (iii) les adultes dispersent leurs efforts et sont moins concentrés sur leurs tâches.
De la naissance, jusqu’à la puberté, les connexions inter-neuronales sont d’une immense plasticité, c’est à dire qu’elles peuvent être créées, défaites, réorganisées facilement, permettant la constitution des réseaux, des systèmes nécessaires aux apprentissages.
L’enfant avant la puberté apprend par imitation, essai et erreurs selon un processus intelligent que l’on peut comprendre plus précisément grâce à l’intelligence artificielle plus simple à disséquer.
Pour l’intelligence artificielle les informaticiens n'ont pas à écrire dans le détail un programme : l'algorithme se configure lui-même, il s'entraîne et s'améliore au long d'un processus basé sur l’imitation. Des couches de neurones artificiels faits de transistors sont connectées via l’équivalent de synapses. Si la somme des signaux reçus par un neurone dépasse un seuil donné, il déclenche à son tour un signal vers les neurones voisins. Plus un neurone reçoit de signaux d'un autre neurone, plus le poids de ce signal devient important dans le calcul du seuil de déclenchement (pondération synaptique). Les liaisons entre les neurones sont initialement dotées de poids synaptiques quelconques. Pour la reconnaissance faciale par exemple, on va exposer la couche des neurones d'entrée à des milliers d'images "étiquetées" comme étant des visages humains de formes diverses, d’origines diverses, afin d’éduquer le réseau de neurones. Le réseau va de lui-même ajuster les poids synaptiques reliant les neurones entre eux, de façon à ce que les neurones de sortie donnent la réponse souhaitée.
Le réseau de neurones artificiels ne fait pas appel à la Raison, le jeune enfant non plus. L’enfant n’est pas raisonnable ou déraisonnable, il apprend seulement à parler, à communiquer, à réfléchir, à réagir de la façon la plus adéquate, à marcher, à courir. L’enfant agit en tant qu’individu, par amour, c’est le règne de l’intelligence.
L’adulte lui appel à la Raison. Mais il faut se garder de penser qu’il n’y a qu’une Raison, la raison c’est ce qui convient au collectif, au groupe. Des hypothèses sont faites en fonction de l’expérience, du milieu socio-économique et culturel ambiant et un chemin déductif, logique et rationnel est suivi à partir de celles-ci. Une Raison bardée de références est ainsi obtenue mais elle n’a rien d’absolue. À l’époque précolombienne, la Raison des mayas les obligeait à faire des sacrifices humains pour obliger les dieux. La Raison de Descartes permettait de distinguer le vrai du faux et c’est ainsi qu’il en déduisit l’existence de Dieu… La Raison n’a de sens que dans un cadre collectif ou plus exactement collectiviste et n’a rien de commun avec l’intelligence. Par contre c’est une arme de domination redoutable.
L’enfant dénué de testostérone est intelligent, l’adulte qui en possède est empli de Raison.
Il est amusant de constater que la Raison qui se prête bien à la construction de grands laboratoires, de grandes universités, de grandes industries, de grandes assemblées, est historiquement un piètre inventeur. La radioactivité a été découverte par hasard et sans trop de moyens, tout comme les nanotubes de carbone, les infra-rouges, le sommeil paradoxal, l’aspirine, les neuroleptiques et tant d’autres choses. Le progrès existe bien mais il ne faut pas le chercher chez les mâles alpha ou les dominants. Pour s’en convaincre, il est possible de rappeler l’histoire des lumières (et non pas des Lumières).
Comment éclairer les maisons ? La bougie est née au moins trois mille ans avant Jésus-Christ en Egypte, un chandelier a été découvert dans la tombe de Toutankhamon. Les Romains utilisent ensuite des feuilles imbibées de cire d’abeille. L’Empereur Constantin imposa la présence de bougies lors des cérémonies chrétiennes. Au Moyen Âge, la bougie est constituée d’une mèche enveloppée de suif. La noblesse et le clergé s’éclairent eux avec des bougies en cire d’abeille. La chandelle rivalise ensuite avec la lampe à l’huile. Michel Eugène Chevreul découvre comment extraire l’acide stéarique des matières grasses d’origine animale. Il s’ensuivra l’invention de la bougie stéarique qui remplace la chandelle de suif. La paraffine naît au XIXe siècle grâce à l’industrie chimique et le raffinage. Les bougies sont maintenant faites de ce matériau peu onéreux. En 1879 Thomas Edison dépose le brevet de la lampe électrique à base de filament en bambou. Les lampes au néon ont été inventées en 1910 par le chimiste Georges Claude. Les diodes électroluminescentes (LED : Light Emitting Diode) ont été découvertes grâce aux travaux de Henry Joseph Round, Oleg Vladimirovich Lósev et Nick Holonyak dans la première partie du XXe siècle.
Aucun de ces inventeurs n’était animé du sentiment de puissance. Les individus emplis de testostérone sont généralement impulsifs, agressifs, combatifs, dominateurs, caractéristiques qui ne permettent que très marginalement de contribuer au progrès. La testostérone donne de plus le goût des statuts sociaux élevés et de leurs apparats.
La réponse est maintenant claire : oui, la testostérone rend con… et souvent féroce !