dimanche 19 juin 2016 - par Pascale Mottura

Les « conférences » TED ou la célébration de la société du spectacle. Il faut appeler un show un show !

Comme l’indique leur slogan Ideas worth spreading, les conférences TED (Technology, Entertainment and Design), nées en Californie en 1984, ont été créées pour partager des « idées qui méritent d’être diffusées ». Leur but est de « décloisonner, cultiver l’ouverture d’esprit, faire naître la société de demain ... ».
Les speakers TED sont tenus de présenter en moins de 18 minutes une histoire inspirante, incluant autant que possible une idée censée être innovante.
Connaissant un succès viral, les conférences TED ont été franchisées dans le monde entier sous la marque TEDx. Elles existent en France depuis 2009.
Positionnées entre stand-up et talk-show à chroniqueurs successifs, leur forte audience repose sur les mêmes ressorts que ceux des stand-up comédies et des talk-shows télévisés à l’audimat élevé : ambiance bon enfant, esprit de bande, optimisme de bon aloi, grande diversité et effleurement des sujets traités.
Mais les stand-up comédies et les talk-shows télévisés n’ont pas la prétention de « changer le monde » (objectif affiché des TEDx) !
Purs produits des années 80 yuppies, les TED Talks semblent bien décalés face aux enjeux planétaires actuels. Au mieux, ils constituent des cours de vulgarisation miniatures sur tous les sujets imaginables ; au pire ce sont des confessions ou des prêches à grand spectacle du genre « I did it. Yes you can. ». Enfin, celles et ceux qui veulent se faire connaître et faire connaître leur activité, leur entreprise, leur association… obtiennent par ce biais une bonne vidéo de promotion.

Pour la première fois cette semaine j’ai été amenée à assister à une soirée TEDx, organisée à Paris sur la scène de Bobino.
Les quelques TED Talks dont j’avais pu visionner auparavant les vidéos m’avaient semblé aussi efficaces qu’artificiels et superficiels. Mon opinion sur ce format de conférence express, utilisant les arts scéniques et toutes les ficelles de la communication visuelle, était donc mitigée.
Ce que j’ai pu constater de visu, in situ, m’a confortée dans mon approche critique car le live met en lumière le côté théâtral et contrefait des TED Talks.
Plus que du partage d’informations, il apparaît que les TED Talks sont organisés surtout pour faire ressentir des émotions et susciter de l’enthousiasme. Il ne s’agit, au fond, le plus souvent, que de parcours de vie mis en scène, visant à la fois l’affect et l’intellect, pour procurer de gentils frissons de passion, ou de compassion. Les TED Talks n’hésitent pas à verser dans la sensiblerie pour toucher le cœur du grand public. Au final, saisi d’émotion, le spectateur oublie de réfléchir à ce que le speaker a voulu dire d’essentiel.

Certes, une énergie sympathique circule de la scène aux gradins. Des ondes positives traversent les corps et les cœurs. Des égrégores de bons sentiments formés par la bonne conscience ambiante transportent le public qui applaudit à tout rompre. Mais les spectateurs ne sont-ils pas trompés sur le produit ? Conférences nous dit-on, quand il s’agit visiblement de soliloques, de communication unilatérale, de mini one-man-shows, de stand-up comédies, sans débats, sans confrontation d'opinions.

Les thèmes abordés lors des shows TED sont désormais plus larges qu’ils ne l’étaient à l’origine puisqu’on y parle, entre autres, de sciences, de finances, de management, de sextoys, d’arts, de santé, de terrorisme, de foot, de changement climatique, de l’infidélité, de « séduction durable », de sauces spaghetti, de divertissements, de Fashion week en prison, de bière, de religion, du steak idéal, et de tous autres problèmes mondiaux graves auxquels l’humanité est confrontée. Même la bonne utilisation des serviettes en papier a constitué le sujet d’une conférence TED. « After all, what’s the fun without a little variety ? » interroge le site ted.com à la rubrique Diversity of topics.

Le niveau intellectuel et spirituel des intervenants est extrêmement inégal. Il faut dire que tout le monde peut postuler pour devenir speaker ou proposer un orateur « change maker » de son choix. La sélection des rhéteurs est opérée par les organisateurs TED.
On passe du grand scientifique et de l’intellectuel renommé à l’homme politique et au coach de vie ou au simple quidam qui a surmonté une épreuve plus ou moins dure.

Ainsi, en mars 2014, Monica Lewinsky s’est produite dans un TED au cours duquel elle s’est plainte de l’humiliation publique qu'elle a subie en 1998, au même titre que Bill Clinton qui a lui, en acceptant le TED Prize 2007, choisi de parler de la reconstruction du Rwanda, plutôt que de la reconstruction de son couple. On le remercie.

Claire Nouvian, fondatrice-présidente de l’association Bloom, intervenante TED, dit que « les personnes sélectionnées pour participer à une conférence TED sont celles dont les idées font bouger les lignes”. 1
Mais Claire Nouvian précise ensuite que “Ce qui influence le nombre de vues c’est principalement le sujet abordé. Les internautes cliqueront davantage si vous parlez d’argent, de sexe, d’amour ou de la longévité humaine”.

Des dizaines et des dizaines de milliers de personnes sont déjà intervenues depuis 1984 pour des TED partout dans le monde (je ne connais pas le nombre exact). Si tous ces speakers étaient réellement les « esprits les plus brillants de leur génération » porteurs d’idées effectivement novatrices et transformatrices, aptes à « faire bouger les lignes, et changer le monde », on se demande pourquoi la Terre et l’Humanité en sont encore où elles en sont aujourd’hui, 32 ans après le lancement des TED.

Heureusement, se dressant contre le monde en apparence idyllique des TED, des critiques ont déjà émergé.
Des voix s’élèvent, comme celle du professeur Benjamin Bratton de l'Université de Californie à San Diego, estimant que la tentative des conférences TED de promouvoir le progrès dans les domaines de la socio-économie, la science, la philosophie et la technologie, est restée sans effet.
En 2010, le statisticien Nassim Nicholas Taleb a qualifié TED de « monstruosité qui transforme les scientifiques et les penseurs en amuseurs de bas-étage, comme des comédiens de cirque ».

Il est vrai que le tapis rond, rouge vif, sur lequel les speakers sont circonscrits pendant leur quart d’heure de gloire évoque immanquablement un gros Nez Rouge et l'univers circassien…

La clôture de TEDxParis 2015 par Chris Esquerre est une parfaite illustration de ce point de vue (elle illustre aussi la diversité des thèmes traités qui passent du coq à l’âne). Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas d’une parodie mais du plus brillant TED Show affichant sans complexe ce qu’il est en vérité : un diffuseur de bonne humeur et d’espoir cotonneux, tel un nounours Ted, en aucun cas un espace pour penser le monde de demain avec courage, intelligence et acuité.
http://www.tedxparis.com/cloture-de-tedxparis-2015-par-chris-esquerre/

Des critiques récurrentes portent en outre sur le caractère élitiste des TED car, si les vidéos sont d’accès gratuit, il faut payer cher pour assister en live aux conférences, notamment aux Etats-Unis où le ticket d'entrée de la grande conférence annuelle, qui réunit durant 4 ou 5 jours 1 200 à 1500 personnes, coûte de 6000 à 8000 dollars. En France, c’est autour de 90 euros la journée, 45 euros une soirée. Parfois plus : « En France, la conférence TEDx Paris affiche toujours complet quelques heures à peine après la mise en vente sur le Web de ses 1 800 places. Et ce malgré un ticket d’entrée de 200 euros et un programme d’interventions tenu secret jusqu’au dernier moment. »2

Les TED Talks sont des antidépresseurs et les gens sont prêts à débourser pour obtenir leur dose de « positive attitude ».

Rien n’est laissé au hasard par les organisateurs TED. A bas le naturel !
S’il n’est pas obligatoire, le coaching des intervenants est fortement recommandé par TED. La préparation en amont est conséquente afin de réussir la meilleure performance scénique. Chaque mot est pesé, chaque geste signifiant est programmé et répété, chaque blague arrive à point nommé.
Forme originale d’entertainment, les TED sont une sorte de théâtre de marionnettes vivantes.


Les speakers (non rémunérés, il faut le préciser) se préparent pendant plusieurs jours, certains même sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de monter sur scène.
"Nous organisons de 5 à 10 répétitions par conférencier, explique Michel Lévy-Provençal, à la tête des conférences TEDxParis et pilote du réseau TEDx en France. Nous faisons avec eux un travail de storytelling, nous leur expliquons comment prendre la parole en public et des coachs en comédie ou en mise en scène les conseillent.
Le plus souvent organisés dans des théâtres et des salles de concert (c’est logique), les speechs sont filmés par plusieurs caméras (jusqu’à sept ou huit) et le montage vidéo est particulièrement soigné afin de poster sur internet des clips très professionnels gommant toutes les imperfections du direct.

Nous y voilà. Il s’agit bien de raconter une histoire et de la jouer (de se la jouer) devant des spectateurs et des caméras.
La recette des TED c’est : storytelling + mise en scène + coaching des speakers + clip pro à la clé.
On pousse ainsi des personnes (à première vue intelligentes, sensibles et aimables), à offrir une présentation très égotique et scénarisée de leur chemin de vie ou de leur savoir, afin de participer à réenchanter le monde en 18 minutes réglementaires. Bigre, quelle ambition !
On l’a compris : il ne s’agit pas de penser ensemble, librement et intensément, le monde d’aujourd’hui et de demain, mais de réaliser un sketch, vecteur émotionnel d’une vérité individuelle à partager.
Le but est de marquer les esprits, pas de les faire évoluer.

Pour réenchanter le monde, il faudrait peut-être d’abord penser à réinventer le dialogue, réenchanter la conversation entre les humains, et entre les humains et les non-humains habitant cette planète.
(Je pense qu’il faudrait surtout réenchanter le silence.
Le silence comme antidote indispensable à ces poisons sonores, toutes ces paroles vaines et fades, pseudo salvatrices, répandues à outrance.
Le silence comme temps d’assimilation des messages de lumière authentiques, et rares...
Mais c’est un autre débat).

Alors que la société a besoin de fleuves impétueux de pensées bouillonnantes se déversant dans un océan régénérateur, un Niagara d’idées éclaboussantes, on propose à notre sagacité assoiffée des cours d’eau bien lisses canalisés dans du béton : les TED Talks et autres forums du même acabit qui prétendent refaire le monde, révolutionner notre pensée, nos vies et celle de l’univers grâce à la vulgarisation foraine de savoirs plus ou moins pertinents.

« Nous voulons que les idées redeviennent dangereuses », clamait en 1967 la revue Internationale situationniste, créée 10 ans plus tôt par Guy Debord 4. Ben oui, nous aussi !

A Bobino, j’aurais aimé qu’un des speakers au moins se mette à chanter, à hurler, à danser, qu’il sorte du cadre du gros Nez Rouge, qu’il désobéisse, quoi ! Qu’il change vraiment les règles du jeu. Qu’il déchire son script. Qu’il parle en vérité.

La plupart des speakers TED se veulent être des résistants ? Or, la résistance commence par le refus de tout formatage, même pour le temps d’une soirée.
Un vrai penseur en action, résistant, n’est pas une marionnette dotée d’un micro oreillette !
Là réside toute l’ambiguïté pernicieuse des Ted Talks : les speakers sont choisis pour être soi-disant aptes à nous conduire vers le Grand Changement, ils sont censés être des veilleurs, des lanceurs d’alerte, des guides, et on les réduit à l’état d’automates bien dociles, on en fait des communicants parfaitement lisses et maniables, chantres d’une pensée pseudo-sensationnelle soumise à l’idéologie du spectacle.

Les techniques oratoires des TED ont été adoptées par le monde de l’entreprise où elles ont effectivement leur place.
Les services de communication ont appris à « tediser » leurs événements internes et externes, du simple séminaire au lancement de produits.
« Il est désormais très rare qu’un événement “corporate” ne tente pas d’adopter les codes TED de la prise de parole en public », fait remarquer le président-fondateur de TEDxParis.
Ainsi, le Show Hello d’Orange s’apparente à une keynote de Steve Jobs mâtinée d’un méga TED (Voir le show de Stéphane Richard en 2016).
De même, ING Direct a copié quelque peu TED pour son « One Million Show » organisé à l’Olympia en novembre 2015 pour mettre ses « clients sur le devant de la scène », aux côtés de l’animateur de la soirée, Denis « Koh Lanta » Brogniart.
« ING Direct a en effet fait le choix, très judicieux au final, de lancer cinq de ses clients sur la scène de l’Olympia pour qu’ils y racontent leur histoire. Des clients, sélectionnés en amont parmi 150 candidats et dûment préparés par une coach spécialisée dans la prise de parole en public, qui ont un point commun : celui d’avoir eu le courage de changer de vie. » 3

Le public est au rendez-vous des TED Shows car il vient puiser dans ces boîtes à idées grandeur nature de l’optimisme béat réconfortant. Mais il n’y apprend pas à penser par lui-même.
Quitte à dépenser 45 euros pour passer une bonne soirée à un spectacle, ne vaut-il pas mieux aller voir une pièce de théâtre, un film de cinéma ou un documentaire engagés suivis d’un débat, et soutenir ainsi la création et la diffusion culturelle ?

Les grand-messes TED offrent une alternative à la « religion opium du peuple ». S'il ne reste que cela comme solution éducative et galvanisante pour éviter le retour total à l'ignorance et à la barbarie, pourquoi pas ?

Cependant, entre la sphère universitaire et le monde de la pensée-clip lié au culte de la personnalité, de nouveaux espaces et modes de rencontre propices à l’évolution des esprits ne peuvent-ils être inventés ?

Par exemple, pourquoi ne pas revisiter l’esprit des « Quaestiones disputatae  », les joutes oratoires du Moyen Age et de la Renaissance (Disputes qui se donnaient en public sur un sujet de théologie, de philosophie, de droit). Giovanni Pic de la Mirandole contre Jérôme Savonarole, cela devait valoir le déplacement !

Voilà, je lance mon appel du 18 juin, sur une grande « question à disputer ».
Ne laissons pas l’éloquence humaniste tomber au rang de sophistique entrepreneuriale et médiatique.
C’est une importante réflexion à mener aujourd’hui pour l’avenir de notre société : quels sont les formats de conférences, de débats, à privilégier pour le meilleur partage d’idées constructives, pour convier les citoyens à valoriser leur propre intelligence, à penser par eux-mêmes et à présenter sans artifices le fruit de leur pensée ?
Un colloque d’un nouveau genre (mauvais genre) mériterait être organisé sur ce thème.
Langues de bois et nounours Ted s’abstenir.

Pascale Mottura

18 juin 2016

Sources

  1. Nadège Joly, « Qui sont les orateurs des événements internationaux TED ? », MyScienceWork, mai 2013.
  2. Laure Cailloce, « A TED les grands esprits se rencontrent », Stratégies Magazine n°1781, Supplément Event septembre 2014.
  3. Vincent MIGNOT, « ING Direct : les clients sur le devant de la scène à l'Olympia »,CBanque, 27 novembre 2015.
  4. Cf. Patrick Marcolini, Le Mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle, éd. L'Echappée, 2013.

5- Matière à réflexion :

« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation ».

« La société qui repose sur l’industrie moderne n’est pas fortuitement ou superficiellement spectaculaire, elle est fondamentalement spectacliste. Dans le spectacle, image de l’économie régnante, le but n’est rien, le développement est tout. Le spectacle ne veut en venir à rien d’autre qu’à lui-même.

« Le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure où l’économie les a totalement soumis ».

« L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé (qui est le résultat de sa propre activité inconsciente) s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. L’extériorité du spectacle par rapport à l’homme agissant apparaît en ce que ses propres gestes ne sont plus à lui, mais à un autre qui les lui représente. C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout. »

« L’ensemble des connaissances qui continue de se développer actuellement comme pensée du spectacle doit justifier une société sans justifications, et se constituer en science générale de la fausse conscience. Elle est entièrement conditionnée par le fait qu’elle ne peut ni ne veut penser sa propre base matérielle dans le système spectaculaire. »

« La désinsertion de la praxis, et la fausse conscience anti-dialectique qui l’accompagne, voilà ce qui est imposé à toute heure de la vie quotidienne soumise au spectacle ; qu’il faut comprendre comme une organisation systématique de la « défaillance de la faculté de rencontre », et comme son remplacement par un fait hallucinatoire social : la fausse conscience de la rencontre, l’« illusion de la rencontre ».

« La conscience spectatrice, prisonnière d’un univers aplati, borné par l’écran du spectacle, derrière lequel sa propre vie a été déportée, ne connaît plus que les interlocuteurs fictifs qui l’entretiennent unilatéralement de leur marchandise et de la politique de leur marchandise. Le spectacle, dans toute son étendue, est son « signe du miroir ». Ici se met en scène la fausse sortie d’un autisme généralisé. »

Guy Debord, La Société du Spectacle, 1967. Éditions Gallimard, 1992, 3ème édition.

 

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21 réactions


  • bernard29 bernard29 19 juin 2016 16:33
    Très content d’avoir lu votre article ainsi que le commentaire de Djam.

    C’est aussi très bonne affaire commerciale. Il ne m’étonnerait guère que ces gogos là se moquent volontiers des fanas de foot.

  • Pascale Mottura Pascale Mottura 19 juin 2016 16:34

    Merci infiniment Djam pour votre excellent commentaire.

    Je suis heureuse que vous souleviez le cas de Pierre Rabhi car je l’estime beaucoup. Il est effectivement l’un des rares intervenants à avoir refusé de se laisser coacher et formater. De plus, sauf erreur de ma part, il n’a jamais réitéré l’expérience TED, quand d’autres, qui se prétendent des intellectuels, sont déjà intervenus plusieurs fois, cautionnant le concept avec force (En général, ce sont les mêmes qui acceptent de passer dans des émissions de télé ou de radio débilitantes). On peut se faire piéger une fois, mais répéter son erreur c’est plus grave.
    Cordialement




  • chantecler chantecler 19 juin 2016 18:20

    Merci pour votre article ...
    Je ne connaissais pas ces shows new look venus des USA et consternants .
    A force de mouliner du vide , on fabrique des « branchés » sans épaisseurs , auto satisfaits, des c(l)on(e)s soumis et qui paient pour se sentir exister .
    1984 ?
    Orwell ?
    Toujours ?


  • Irodote (---.---.216.132) 19 juin 2016 20:05

    Ha si Daech se contentait de faire des conférences !!


  • Nycolas 19 juin 2016 20:52

    Juste pour dire merci à cet article salutaire.

    J’avais déjà vu ces show en vidéo, et j’avais noté leur caractère forcément superficiel, étant donné l’étroitesse du format. A leur décharge, j’avais apprécié une ou deux interventions, parce qu’elles portaient sur des domaines de « niche » dont on ne parle nulle part ailleurs et qui personnellement m’intéressent, tout en étant bien conscient que ces interventions brèves et partielles n’ont sûrement pas révolutionné grand chose.

    Grâce à votre article, je connais à présent le cadre et l’esprit de ces représentations, ce qui me conforte dans mes impressions que je ne pouvais vraiment étayer. Désormais je vois mieux en quoi cela s’inscrit parfaitement dans le cadre de la société du spectacle, comme je le supputais.


    • Nycolas 19 juin 2016 22:14

      @Ratatouille

      Je connais, merci.

      Vous avez l’air de contester la pertinence de cet article, mais je ne vois toujours pas vos arguments.

      L’idée développée par Debord ne me semble aucunement pervertie ici.


  • Xenozoid 19 juin 2016 22:44

    Now that doesn’t sound important, and it’s not, but if I repeat it three times I’m making you believe that is important.« 

     »Let’s look at a picture of the planet for no reason. It’s nice isn’t it. That’s where we live. What happens if I put some words over it ? How about a number ? What if I pose a question ? By doing this, I’ve now made you think that I know what I’m talking about.« 


    maintenant ce ne semble pas important,et ce ne l’est pas,mais si je le répète 3 fois je vous fairait croire que cela l’est


    imaginons une planète,juste comme ca,c’est beau,n’est ce pas ?, c’est la où on vit,que se passe’til si je met des mots pour décrire ? et un chiffre ? et si je pose une question ? just a cause de ,ca je vous est fait penser que je sais ce que je dis »

    Apollo Robbins : L’art de la diversion

  • Raoul-Henri Raoul-Henri 20 juin 2016 00:15

    Merci pour votre éclairant article qui confirme les doutes que j’avais sur ce type de prestation ; bien qu’ayant connu par ce vecteur deux militants au fait de leurs combats. Pourtant, pas un mot sur les conférences gesticulées à la Française. Pourquoi ce trou noir ?


    • Pascale Mottura Pascale Mottura 20 juin 2016 10:56

      @Raoul-Henri Je découvre grâce à votre commentaire les conférences gesticulées à la Française. Je n’en avais jamais entendu parler. Je lis que ces conférences sont sont généralement suivies d’ateliers permettant de débattre de la question abordée. C’est une bonne chose. 

      Comprenez bien, je n’ai rien contre l’usage de techniques théâtrales pour faire passer des messages, dans les entreprises ou ailleurs. Ce n’est pas l’objet de mon article.

    • Raoul-Henri Raoul-Henri 20 juin 2016 11:24

      @Pascale Mottura
      "quels sont les formats de conférences, de débats, à privilégier pour le meilleur partage d’idées constructives, pour convier les citoyens à valoriser leur propre intelligence, à penser par eux-mêmes et à présenter sans artifices le fruit de leur pensée ?"

      En d’autres termes : comment constituer une démocratie ? La question m’avait échappée. :)

      La réponse est simple, mais son acceptation est renversante :
      Politique


  • Wilemo Wilemo 20 juin 2016 16:36

    Merci, Mon Dieu ! Une critique pertinente des TEDex ! (Ou comment l’on se désespère parfois de ressentir la solitude de l’anticonformisme) smiley
    C’est exactement une mise en scène, au sens premier, une re-présentation de soi. C’est politiquement indigent. Ca participe de l’illusion du changement par le changement de soi. J’adore cette expression du premier com’ :"« je suis le héro de ma vie qui est une véritable aventure ».
    D’ailleurs je trouve le premier commentaire de l’article très bon, et je pense que son auteur pourrait facilement continuer la réflexion, ou l’amender.

    Je porte une critique un peu similaire (mais beaucoup moins vive) sur les conférences gesticulées, que j’adore par ailleurs. Mais au moins, eux, ils ont une vraie critique de leur pratique pro. et leur pratique théâtrale. Ma critique alors se formule au niveau du résultat. Si la conf. est bonne, on ressort avec l’envie de manger du lion... mais sans suite. Chacun repart chez soi, et s’il est ensuite possible de travailler la proposition en atelier, c’est tout un travail qui au final modifie les consciences de chacun, mais pas les pratiques communes autour de la problématique évoquée.

    • Nycolas 20 juin 2016 16:50

      @Wilemo
      Vous posez la question de la dynamique culturelle.

      Sans parler du fait que ceux qui vont voir une conférence gesticulée sont sans doute pour la plupart des convaincus proches de la mouvance de l’éducation populaire, ou du travail social, il me semble que si l’on observe peu ou pas de changement dans les comportements, alors qu’il en existe pourtant une dans les mentalités (qui est certes difficile à mesurer, mais me semble indéniable), c’est que certains facteurs manquent.

      Il manque notamment dans notre société de quoi exprimer ce changement dans des structures, puisque notre système est tout entier tourné vers la consommation.

      Si vous voulez consommer du spectacle, de l’information pré-digérée, ou tout bêtement de la malbouffe, aucun problème, il suffit d’aller au coin de la rue ou d’allumer sa télé.

      Si vous voulez trouver une structure où exprimer concrètement cette prise de conscience, alors là, non seulement les structures manquent, mais celles qui existent consistent en une multiplication de leurres : des partis politiques « alternatifs » qui veulent s’insérer dans le système, prétendant le changer de l’intérieur, comme si une fourmi dans la pyramide de Khéops pouvait en refaire la structure, des mouvements contestataires certes pertinents (contre la publicité, la malbouffe, les accords économiques transcontinentaux, etc.) mais ne pouvant rien faire de plus que combattre chacun un ou quelques aspects du système, sans pouvoir le changer non plus en profondeur.

      On se désespère en effet, et d’autant plus lorsqu’on nous présente des « villages » d’acteurs de la scène alternative, ou quand on constate le dévoiement qu’on trouve même au sein, finalement, de la mouvance altermondialiste, qui en définitive, ne fait qu’accompagner la mondialisation d’une pseudo-éthique, sans pouvoir l’empêcher, tout comme le développement durable propose un greenwashing global, envers le système de prédation planétaire que constitue le néo-libéralisme capitaliste.

      Bref... ce qui manque, ce sont les structures permettant à ceux qui ont compris dans quel monde nous vivions, de pouvoir amener des changements concrets. Je trouve que c’est ce sur quoi on bute, car nous sommes tous pétris de conditionnements idéologiques, et parce que l’émergence d’un mouvement réellement contestataire, dans le sens qu’il constituerait une critique à la fois pertinente et efficace du système actuel, en étant en position d’en proposer un autre en remplacement, serait vu d’un très mauvais oeil par l’élite en place. Enfin, je ne prétends pas posséder de solution à ce problème, mais il est clair que c’est LE sujet à réfléchir, si l’on voulait vraiment du changement (et non pas de la poudre aux yeux).


    • Wilemo Wilemo 20 juin 2016 18:43

      @Nycolas

      J’abonde sur tout. Et c’est là où ça devient rigolo, parce que nous parlons ici, de manière très très générale, de comment une critique d’un pouvoir amène le pouvoir critiqué à se modifier, et ce à tous les niveaux, du pouvoir de Lagardère à celui de la petite asso. gentille et altruiste, d’à côté de chez nous : les ressorts sont les même. Et la principale difficulté d’un « Pouvoir », c’est de s’assumer en tant que tel, et d’accepter l’idée que son seul et unique but c’est de se maintenir et de croître. Les gros pouvoirs l’assument parfaitement, mais les petits, absolument pas.
      Et lorsque les petits se mettent à l’assumer, ils grossissent au détriment de la critique qu’ils portent. On ne devient pas gros par hasard. Le pouvoir va sélectionner le meilleur, celui qui déplace les limites structurelles, et ce meilleur là porte en lui l’accaparement du pouvoir, celui qui voit que la critique est néfaste au développement du pouvoir.

    • Enabomber Enabomber 21 juin 2016 08:19

      @Wilemo
      C’est qu’une qualité qu’on ne peut pas nier au néolibéralisme, c’est ça capacité à recycler absolument tout. Voir par exemple comment l’économie de partage est en train de tomber sous sa dépendance.


  • Oliv 21 juin 2016 08:01

    Bonjour,

    Que Dieu bénisse les bobos moralisateurs !!! Chaque jour ils apportent leur lot de soleil dans notre quotidien !!

    J’étais moi aussi à cette dernière session Ted X Paris, c’était une première pour moi et je ne le regrette absolument pas !

    Comme vous toutefois j’ai vu beaucoup d’autres bobos dans la salle, venus se payer leur quota de frisson empathique et pérorer autour d’un boulgour bio à l’entracte.

    Mais ils n’étaient pas seuls, d’autres étaient présents dans la salle, dont votre serviteur, qui étaient là pour la découverte et pour tenter de voir cet invisible qu’on nous promettait.

    Oui au début il y eu ce moment incertain où il a fallu se tourner vers son voisin de derrière pour échanger avec lui sur ce qu’il entendait par « invisible ». Non ce ne fut en rien un échange sectaire ! En quoi échanger avec un inconnu sur un sujet aussi étrange est il sectaire ? Dans ce cas nous sommes ici en plein cœur d’une secte !!! Qui se propose comme gourou en chef ?

    Vous qualifiez « d’inégales » les « qualités intellectuelles et morales » des intervenants, puis je savoir sur quelle échelle de valeurs vous vous basez pour poser ce jugement ? Qui vous a intronisé « juge en valeur humaine et intellectuelle » des autres ? Cet invisible qu’on nous promettait n’était il pas en fin de compte le fil qu’on suivi tout au long de leurs parcours les intervenants ? En quoi les compétences de ce mathématicien sont elles inférieures à celles de cette artiste ? Au nom de quels principes et surtout qui peut aujourd’hui se poser en juge en donnant une note ?

    La condescendance est la mère du mépris, celui ci conduisant infailliblement à la haine.

    Oh bien sur comme je vous l’ai dit plus haut il y avait dans la salle nombre de bobos venus faire oeuvre d’empathie bon marché, verser leur petite larme d’émotion en voyant ces magnifiques photos de « migrants » , il est vrai que les migrants ont du mal à s’acclimater au Marais ou au 17e arrondissement, et gloser à l’entracte sur « l’infinie détresse humaine ».

    Au delà de ces migrants , que je croise régulièrement en banlieue au milieu d’autres laissés pour compte dont on ne parle pas, je me suis surtout attaché a scruter leurs regards, et de nouveau j’ai pu voir cet invisible attendu, le lien de ce regard et de celui de la photographe, elle même ne pouvait peut être pas mettre de mots dessus au moment de la prise de vue, mais ce n’est pas un hasard si la majorité des photos étaient des portraits dans lesquels les yeux nous accrochaient.

    De « simples parcours de vie » dites vous d’un ton plutôt condescendant, mais qui a dit qu’un parcours de vie était simple ? Là aussi allez vous appliquer une échelle de valeur verticale ? Notant la douleur et les expériences des uns et des autres selon un barème allant de bouleversante à insignifiante ? Mais qui êtes vous donc pour juger ainsi de la souffrance ou du parcours de ces intervenants ? La souffrance de cette jeune femme qui a vécu un parcours menant à l’auto destruction avant de trouver sa rédemption dans le théâtre est il plus ou moins intéressante que celui de ce prêtre abandonnant ce qui était les fondations de sa vie par amour ?
    Encore une fois je serais curieux de connaitre l’échelle de valeurs vous permettant de classifier ainsi la valeur des parcours.
    Ancien militaire ayant servi des années en Afrique j’ai connu les souffrances des hommes et des femmes vivant la guerre et la misère au quotidien, mais je serais incapable de donner une note permettant de dire si la douleur de cette fillette de 10 ans violée à la chaine par des miliciens était supérieure à celle de jeune garçon de 5 ans ayant vu ses parents découpés vivants à la machette.
    Ces deux exemples sont deux parmi une trop longue suite qui me tient parfois éveillé la nuit 30 ans plus tard, pourtant je suis touché et je comprends , ou j’essaie, la douleur de cette jeune femme au parcours chaotique ou de ce prêtre qui choisis de bouleverser totalement sa vie par amour.

    Alors oui je suis curieux de connaitre cette échelle de valeur qui vous permet de juger, de classifier , de noter la valeur de ces témoignages.

    Une dernière chose sur le fait de « changer le monde », prétention qui semble vous faire rire de façon un peu dédaigneuse, dites vous que chacun de nous, à chaque instant par nos choix et nos non choix nous « changeons le monde », à petite échelle certes, mais personne ne prétend à lui seul transformer la planète, à part des prétentieux dangereux !

    Merci beaucoup pour votre article qui m’a en tout cas permis de mettre des mots sur ce que je ressentais.

    Olivier


    • Pascale Mottura Pascale Mottura 21 juin 2016 09:21

      @Oliv Vous extrapolez et délirez complètement à partir de mon article dont vous n’avez pas compris le sens.

      Plus grave, vous utilisez des procédés douteux, faisant porter vos critiques à la fois sur votre vision de mon texte et sur les commentaires qui en ont été faits (non, je n’ai pas parlé de l’invitation à se tourner vers ses voisins de derrière et encore moins de « secte »).
      Je vous saurais gré de ne pas préjuger de mes valeurs et de ma connaissance de la souffrance humaine. 
      C’est vous qui êtes condescendant, méprisant et haineux, envers le public des TED ! Immergé au milieu de tous ces « Bobos » comme vous les qualifiez, cette soirée a dû être très éprouvante pour vous. Je vous souhaite de retrouver une saine sérénité après cette épreuve difficile.



  • Oliv 21 juin 2016 13:34

     smiley Il semblerait que j’ai touché un point sensible pour provoquer une telle réaction......

    Ce n’est pas moi qui suis condescendant envers le public du Tedx, je n’ai fait que constater qu’il y avait nombre de bobos parisiens dans la salle, ce n’est nullement un jugement de valeur, tout en disant ( auriez vous mal lu mon message ?) qu’ils n’étaient pas seuls...

    Par contre je vous trouve quelque peu ironique et piquante avec ce même public,

     "Le public est au rendez-vous des TED Shows car il vient puiser dans ces boîtes à idées grandeur nature de l’optimisme béat réconfortant. Mais il n’y apprend pas à penser par lui-même.« 

     »Au final, saisi d’émotion, le spectateur oublie de réfléchir à ce que le speaker a voulu dire d’essentiel."

    Je ne cherchais nullement à vous blesser ni à présumer de vos valeurs que je ne pux juger ne les connaissant pas, je me demandais seulement, et vous ne m’avez pas répondu sur ce point, sur quelle échelle de valeurs justement vous vous basiez pour juger le niveau intellectuel des intervenants plutôt inégal....

    Mea Culpa pour ce qui est de la secte, c’était dans un commentaire et pas dans le corps de votre article, même si vous avez jugé ce commentaire excellent.

    Allez Pascale, acceptez donc qu’on puisse penser différemment, ce n’est pas si grave. Et croyez moi sincere si je vous dis qu’il n’y a nulle haine ni mépris dans mes propos, je n’ai vraiment pas assez de temps pour cela.

    Sans rancune !


  • Pascale Mottura Pascale Mottura 21 juin 2016 17:58

    Nullement blessée, aucun bobo ne résulte de notre échange.

    C’est juste que vous vous êtes trompé d’article. Le mien porte sur le format des TED Talks. Il ne détaille ni n’attaque le programme et les intervenants de la soirée du 13 juin dernier, contrairement à ce que vos commentaires pourraient laisser croire.
     « Ironique et piquante », j’adore, merci pour ce que je prends comme un compliment :->
    Sans rancune !

    • Oliv 21 juin 2016 20:11

      @Pascale Mottura Encore une fois nous ne sommes pas d’accord, du moins sur votre avis sur les intervenants ( en général et pas ceux du 13 je vous l’accorde). Mais je ne voudrais pas avoir l’air de chipoter donc clôturons. 

      Un compliment ? Diable ce n’est pas trop mon habitude mais s’il vous fait plaisir je vous l’offre bien volontiers, mais n’en faites pas une habitude, vous en avez bien assez dans les commentaires vous risqueriez de prendre la grosse tête ! smiley smiley 

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