Les danses hongroises de Brahms
Dans les brasseries et tavernes de Hambourg, sa ville natale, le jeune Johannes Brahms joue du piano pour arrondir les fins de mois de la famille. C'est là qu'il rencontre des émigrés politiques hongrois en transit. Il apprend auprès d'eux la musique hongroise qui lui inspirera des années plus tard ses fameuses Danses hongroises dont la plus célèbre, la numéro 5, accompagne une scène hilarante du film Le Dictateur de Charlie Chaplin.
Le barbier rase la barbe de son client en suivant scrupuleusement le rythme changeant de la Danse hongroise no 5 de Brahms. Au grand dam du client effrayé. Les mimiques de Chaplin rendent inoubliables les sursauts de cette danse.
Cette danse no 5 en version orchestrale n'est pas de Brahms qui n'a orchestré que les danses numéros 1, 3 et 10. Brahms, en effet, a composé, ses 21 danses pour piano à quatre mains et non pour orchestre : "Je les ai conçues pour quatre mains : si je l'avais fait pour orchestre, elles seraient différentes."
Les 21 danses hongroises furent publiées entre 1869 et 1880 et remportèrent un vif succès.
Antonín Dvorák fit l'orchestration des cinq dernières.
Brahms introduit des éléments du Verbunkos hongrois et principalement les csardas – danses hongroises – qui se caractérisent par des changements de temps lents à rapides. Le fait de ralentir ou d'accélérer est typique dans le folklore musical hongrois. Il faut avoir une sacrée santé pour danser sur ces rythmes-là !
Les Danses hongroises ne comportent pas de numéro d'opus, le compositeur ne les considérant pas comme des œuvres originales, mais de simples adaptations d'œuvres de musique traditionnelle. Il semble cependant que les thèmes des onzième, quatorzième et seizième soient totalement originaux.
Brahms fit un arrangement des dix premières pour piano seul. Son ami le violoniste Joseph Joachim en fit également une version pour violon et piano.
Pour en revenir à la danse hongroise numéro 5, le célèbre violoniste Yehudi Menuhin l'a aussi interprétée. Voir vidéo (2' 12).
Brahms. L'essentiel à connaître
Un amour passionnel avec Clara Schumann
C'est surtout grâce à Robert Schumann que Johannes Brahms fut connu du jour au lendemain. En 1853, Schumann demande à l’éditeur Breitkopf & Härtel de publier quelques œuvres de Brahms, et écrit un article élogieux, où il déclare que « Brahms sera une valeur sûre pour donner l’expression la plus évoluée et la plus noble aux tendances de notre époque. ». Mais peut-être Schumann fit-il entrer le loup dans la bergerie car Brahms allait devenir le confident très proche de sa famme Clara.
La jolie Clara Schumann est une virtuose du piano. Elle est aussi compositrice. Brahms inclut dans son répertoire des oeuvres de Clara (Les variations et fugue sur un thème de G.F. Haendel).
En 1854, Robert Schumann est interné. Il meurt en 1856. Sa veuve devient l'amie, la conseillère et l'inspiratrice de Johannes Brahms de quatorze ans son cadet, mais elle affirme désormais que ses seuls moments de bonheur sont ceux où elle joue ou écoute la musique de son cher disparu. Clara et Yohannes vivent pourtant dans la même maison à Düsseldorf. Et les échanges de lettres entre 1854 et 1858 ne laissent subsiter aucune doute sur leur relation mais s'ils s'entendirent pour détruire une bonne part de cette correspondance.
En octobre 1856, Brahms qui nourrit encore l’espoir de pouvoir consoler « sa » Clara pendant cette période de deuil, devra pourtant se résigner. Elle s’éloigne peu à peu de lui. Les lettres échangées perdent de leur passion.
1 - Les "tubes" de Brahms
- La symphonie nº 3 en fa majeur, op. 90. Elle a été composée par Johannes Brahms durant l’été 1883 à Wiesbaden. Le thème du troisième mouvement a été repris dans la chanson de Serge Gainsbourg "Baby Alone in Babylone" mais aussi par d'autres artistes.
Ecouter la symphonie nº 3 - 3ème mouvement.
- Waltz for violon. Ecouter
- Danse hongroise numéro 5
2 - Ses influences
Les maîtres de Brahms furent incontestablement Bach et Beethoven. D'ailleurs, le chef d'orchestre Hans von Bülow créa pour lui le slogan des trois "B" pour encenser Bach, Beethoven et Brahms qui selon lui résumait le génie allemand. Exit Wagner donc ! Johannes Brahms ne méprisait cependant pas ce compositeur qui n'était pas pour lui non plus un rival car Wagner composait essentiellement des opéras, genre dans lequel Brahms n'intervenait pas.
3 - Son style.
Brahms compose une musique romantique par nature, mais reste attaché aux grands maîtres préclassiques et classiques ainsi qu’en témoigne l’architecture solide de ses œuvres.
Un clivage opposa la musique de Brahms et les conservateurs adeptes de la musique pure aux nouveaux allemands progressistes, les adeptes de Franz Liszt.
Brahms est considéré par beaucoup comme le « successeur » de Beethoven. Sa première symphonie a été décrite par Hans von Bülow comme étant « la dixième symphonie de Beethoven ». Brahms prisait peu cette distinction qui servait surtout à renforcer la dispute autour du clivage musical ainsi créé.
3 - Ses principales collaborations
Dès 1848, le jeune Brahms donne des récitals dans sa ville natale de Hambourg qui le font connaître et il rencontre le violoniste virtuose Eduard Reményi avec lequel il collabore. Il l'accompagnera à travers l'Allemagne. Eduard Reményi lui présenta Joseph Joachim. Celui-ci devint par la suite son ami.
Joseph Joachim lui dédicacera le Concerto pour violon en ré majeur. Il sera un ami fidèle toute sa vie et l’introduit auprès de Liszt à Weimar. Grâce à Joachim, il fait aussi la connaissance de Robert Schumann.
Enfin, Brahms collabora beaucoup avec Clara Schumann et Hans von Bülow.
Longtemps Brahms fut considéré ennuyeux, y compris par d'autres compositeurs qui incarnaient davantage la modernité. "Fuyons, il va développer", disait Debussy. Brahms en effet maîtrisait, outre le contrepoint de Bach, le développement thématique, un procédé de composition introduite par Haydn, Mozart et Beethoven. Mais les Danses hongroises ne sont pas ennuyeuses. Loin de là !