jeudi 9 juin 2011 - par Surya

Les enfants de la paix et du courage

Ils n’ont parfois que dix ou douze ans, parfois un peu plus, parfois un peu moins, et pourtant ils se jettent déjà à corps perdu, du haut de leurs trois ou quatre pommes, dans la tourmente, s’il n’ont la chance de connaître un jour la pleine reconnaissance, que leur apportera leur engagement militant, voire leur activisme politique naissant.

Car ce sont bel et bien des enfants qui, en raison de circonstances politiques, économiques ou autres, au lieu de pouvoir mener une vie d’enfant normalement faite de rires insouciants, de jeux, d’imaginaire merveilleux et d‘apprentissage, décident avec une incroyable force de caractère, une conviction inébranlable et une extraordinaire volonté, de prendre en main non seulement leur destin, mais également celui des autres, et de se mettre totalement au service d’une cause dans laquelle ils placent tous leurs espoirs et pour laquelle ils sont prêts à s’oublier, parfois même se sacrifier, avec la naïveté et la foi propres à ceux, trop peu nombreux, qui cultivent la certitude que l’on peut encore changer le monde car un monde meilleur reste à notre portée. 

Placés depuis leur plus jeune âge sous les feux des projecteurs médiatiques, peut être pour certains poussés par des adultes demeurant confortablement dans l’ombre, sans nul doute portés par cette candeur naturelle qui leur fait ignorer en partie le danger, même s’ils ont conscience des risques, et oublier la crainte, portés également par leur sensibilité intacte qui leur fait ressentir de manière plus intense et refuser de façon plus catégorique toute forme d’injustice, ces gamins hors du commun suscitent de part le monde l’admiration et une certaine forme de respect, mais peu d’entre eux, semble-t-il, pourront véritablement atteindre leur but ultime tant il est commun qu’un enfant, aussi mûr soit-il, aussi convaincant soit-il, ne sera jamais entièrement pris au sérieux par les adultes. Dans certains pays ou à certaines époques, il ne sera parfois même pas épaulé ni même secouru. Son discours n’est jamais réellement entendu, du moins sur le long terme, et même si l’on admet que son combat est plein de bon sens et de vérité, comment la petite voix d’un enfant de huit, dix ou douze ans pourrait-elle marquer de façon significative les esprits au point d’ébranler de façon durable un ordre bien établi, de modifier en profondeur des comportements, là où des adultes, parfois illustres, n’ont réussi -et c’est déjà beau- qu’à corriger sur le court terme, et de façon localisée, certaines injustices de leurs temps ? Et pourtant… Les enfants sont naturellement porteurs d’une sagesse naturelle qu’il serait peut être temps d’écouter.

Certains sont parvenus à faire bouger quelques montagnes, à défaut de pouvoir les déplacer vraiment, et cela suffit à donner un sens à leur engagement remarquable et désintéressé. Mais s’ils ont cherché à aller plus loin, s’ils se sont attaqués à des intérêts férocement protégés et qui les dépassaient, ils ont alors provoqué, en raison du charisme dont ils étaient dotés en tant qu’enfant et de leur extraordinaire force de conviction, de telles craintes chez les mafias qu’ils combattaient parfois, les profiteurs de tous poils, voire chez les pouvoirs en place, qu’ils y ont laissé la vie. Perdant tout à coup leur statut d’enfant à protéger, ne représentant plus qu’une menace dont il fallait coûte que coûte se débarrasser, ils sont soudain considérés au même titre que les adultes comme des gêneurs, des empêcheurs de tourner en rond, des symboles forts qu’il faut faire taire avant qu’ils ne soient devenus de futurs, si ce n’est actuels, meneurs influents derrière lesquels les foules vont se rassembler pour ensuite se mettre en marche vers plus de justice et de liberté.

C’est ce qui est arrivé très récemment au petit Hamza Ali Al Khateeb, treize ans, arrêté parce qu’il avait participé à une manifestation contre le régime de son pays, la Syrie, puis torturé à mort en raison du symbole qu’il représentait. Ils se sont acharnés comme des sauvages sur un enfant de treize ans.

Victime de la cruauté et de la folie des adultes alors qu’il ne souhaitait que faire entendre sa voix, c’est ce qui est également arrivé au petit Iqbal Masih que personne, espérons le, n’a jamais oublié. Iqbal est né au Pakistan en 1983. Vendu comme esclave dès l’âge de quatre ans par sa famille lourdement endettée, il doit trimer douze heures par jour dans une fabrique de briques, puis comme tisserand. Il est enchaîné jour et nuit, battu, corrigé par le fouet dès qu‘il commet la moindre erreur. Inimaginable au vingtième siècle, croit-on, et pourtant… Iqbal, avec son corps frêle affaibli par les mauvais traitements et la malnutrition, parvient à s’enfuir à l’âge de neuf ans et se lance l’année suivante, aidé par un avocat rencontré lors de sa fuite, dans un engagement militant contre l’esclavage moderne et le travail des enfants.

Engagement exceptionnel d’un gamin malgré tout ordinaire, où comment un enfant de dix ans peut, par son immense courage et sa détermination, en remontrer aux adultes eux mêmes.

Les média du monde entier vont relayer le combat d’Iqbal, qui est vite propulsé sous les feux des projecteurs. Le monde va faire de lui un mini-symbole, presque une curiosité. Le gamin raconte son expérience personnelle lors de nombreux discours en Europe et aux Etats Unis, et va lancer un poignant cri d’alerte afin de sauver les autres enfants esclaves. Mais le 16 avril 1995, Iqbal, alors âgé de douze ans, est froidement assassiné alors qu’il regagnait son domicile à vélo.

Son combat courageux aura permis de faire fermer de nombreux ateliers de fabrique de tapis au Pakistan et libérer des milliers d’enfants de l’esclavage. Il aura également laissé des traces sur le plus long terme, notamment sous la forme associative, ou avec le « Prix Iqbal Masih pour l'éradication du travail des enfants », mais fallait-il en arriver là, fallait-il vraiment qu’un enfant soit assassiné pour qu’on se décide enfin à changer les choses ? Et qu’en est-t-il réellement du combat d’Iqbal sur le long terme ? Qu’en est-il aujourd’hui, alors que le vingt et unième siècle est déjà bien entamé ? L’esclavage moderne existe toujours, le travail des enfants dans les pays du tiers monde aussi. Il revenait pourtant aux adultes de prolonger le combat d’Iqbal en montrant que sa mort avait provoqué une véritable prise de conscience, un électrochoc. Il revenait aux pouvoirs en place d’abolir immédiatement, et irrévocablement, toute forme d’esclavage moderne, toute forme de travail des enfants, et aux pays ayant les moyens de le faire de décider de donner aux pays pauvres les ressources nécessaires pour envoyer à l’école les enfants prisonniers du travail forcé. Au lieu de cela, le monde a été ému durant un temps par la mort d’Iqbal, profondément et sincèrement ému, et puis l’émotion est retombée et la Terre a continué de tourner.

L’espoir viendra peut être des enfants eux-mêmes, ne peut-on s’empêcher de penser en lisant une autre histoire, celle de Craig Kielburger, un jeune Canadien aujourd’hui âgé de vingt neuf ans qui fut si bouleversé par l’annonce, dans le journal Toronto Star, de la mort d’Iqbal Masih qu’il créa immédiatement avec onze copains de son école, et alors qu’il n’avait que douze ans à l’époque, une première association pour sauver les enfants du travail forcé. « Free The Children », à qui il continue aujourd’hui de consacrer sa vie, est désormais implantée dans de nombreux pays et soixante pour cent des fonds collectés pour l’association le sont par les jeunes eux-mêmes.

On n’a pas oublié non plus la petite Samantha Smith, jeune écolière américaine née en 1972, dont l’action n’a certes pas été héroïque comme a pu l’être celle du petit Iqbal Masih et qui n’a fort heureusement pas subi le même sort, mais qui a réussi, par la spontanéité et la sincérité de son engagement, à attirer de façon inédite l’attention du monde sur les problèmes de son temps. La lettre qu’elle envoya en novembre 1982 à Youri Andropov, le dirigeant de l’URSS, pour lui demander comment il comptait éviter une guerre nucléaire entre les USA et l’URSS, a marqué les esprits de l‘époque.

Cette lettre, à la naïveté touchante, celle d’une enfant de dix ans s‘adressant personnellement au dirigeant de l‘un des pays les plus puissants de la planète, aurait pu faire sourire ou ricaner, mais elle fut prise très au sérieux dans les deux camps, qui avaient pour habitude de se regarder en chien de faïence sans jamais vraiment communiquer. Les deux grandes puissances se mirent alors à communiquer par l’intermédiaire de Samantha. Récupération politique et médiatique ? Il y a sans nul doute une part de propagande dans la médiatisation qui fut faite de cette action, et il est évident que ce n’est pas l’intervention d’une enfant comme Samantha Smith qui aurait pu mettre un terme à la guerre froide, toujours est-il que le dirigeant soviétique répondit personnellement à la fillette, qui fut invitée à effectuer un voyage officiel derrière le rideau de fer. Samantha fut nommée « plus jeune ambassadrice des Etats Unis », et s’engagea ensuite de façon plus intense dans la promotion de la paix dans le monde avant de mourir durant l’été 1985, à l’âge de treize ans, dans un accident d’avion. Son décès, qui n’est pas lié à son activisme selon certains et orchestré selon d‘autres, émut le monde entier et marqua symboliquement les esprits. Mickael Gorbatchev envoya un message de condoléances à l’occasion des funérailles de la fillette.

Acte extraordinaire d’une jeune écolière malgré tout ordinaire, où comment il est possible à chacun de contribuer à changer, ne serait-ce que de façon infime, la face du monde. Aux adultes d’y croire vraiment aussi, et de prendre ensuite la relève avec la même foi, sans craindre le combat perdu d‘avance.

Les ONG sont évidemment nombreuses de part le monde, qu’elles défendent l’environnement, qu’elles œuvrent pour la paix ou qu’elles mettent en place des actions humanitaires ou médicales. Elle semblent cependant n’exister que pour jouer le rôle de béquilles soutenant un monde malmené par l’égoïsme et la soif de pouvoir de quelques uns, et l’inconscience, si ce n’est l’indifférence, de bien d’autres, et l‘empêcher de s‘écrouler totalement. Leur action est bien réelle, les personnes qui y travaillent, que ce soit en bénévolat ou non, sont toutes sincères dans leur engagement et ces ONG sauvent des milliers de vies ou protègent de la destruction tant de beautés sur cette Terre, mais on a presque le sentiment que l’espoir d’éradiquer définitivement la pauvreté, en finir une bonne fois pour toutes avec l’injustice, que la volonté de bâtir un monde meilleur s’éteignent peu à peu. Ne lève-t-on pas ponctuellement des fonds pour venir en aide à telle population en détresse, ne répare-t-on pas les dégâts à tel ou tel endroit de la planète qu’en attendant le cataclysme ou l’acte irresponsable suivants, qui causeront autant de pertes et détruiront autant de vies ? Quand un enfant, lui, s’empare d’une cause, et aussi jeune soit-il, il engage lui aussi toute son énergie, toute sa volonté, mais il s’engage avec l’idée fixe et la conviction inébranlable que non seulement son action sera un pansement sur les plaies à vif, mais qu’elle mettra finalement un terme aux maux de ce monde, et il y croit dur comme fer. On se demande même où et comment des êtres que l’on considère d’ordinaire comme si faibles et si vulnérables peuvent tirer une telle énergie, une telle volonté, une telle force.

Quelle force a ainsi pu pousser le petit Omar Castillo Gallegos, un enfant mexicain tout juste âgé de huit ans, à entreprendre en 1985 une marche de plus de mille deux cents kilomètres afin de rejoindre la forêt primaire de la province de Chiapas et attirer l’attention sur sa destruction ? Fort de cette expérience partagée avec son père, il parvint à obtenir une audience auprès du Président mexicain après avoir marché sept jours et six nuits autour de la place centrale de Mexico. L’année d’après, Omar organisa un rassemblement de plus de cinq mille enfants à Cancun dans le but de sauver un lac menacé puis reprit, cette fois à vélo, sa campagne à travers le Mexique afin de sensibiliser les gens qu’il rencontrait en chemin aux problèmes de pollution des mers, des rivières et des lacs. Omar reçut le prix Global 500 Roll of Honour des Nations Unies pour son action, et fit des émules, notamment en Amérique Latine, parmi lesquelles la petite Janine Licare, qui fonda en 1999, alors qu’elle n’avait alors que neuf ans, sa propre ONG, Kids Saving The Rainforest, pour sauver la forêt du Costa Rica et mettre en place des programmes d‘éducation.

Retour en situation de conflit. On retiendra notamment l’organisation pacifiste PostPessimits, fondée en 1995 par deux adolescents de quinze ans : Ivan Sekulovic, Serbe du Kossovo, et Petrit Selimi, Albanais du Kossovo. Les membres de cette ONG ont entre huit et seize ans. A l’époque de sa création, les enfants serbes et albanais étaient séparés au point qu’ils ne fréquentaient même pas les mêmes écoles… Les appels qu’ils lancèrent furent relayés par les radios serbes et albanaises, alors même que ces médias s’affrontaient traditionnellement. Les PostPessimists ont réussi à prouver que la cohabitation des groupes ethniques différents était tout à fait possible.

Action exemplaire de deux gamins que tout semblait vouloir séparer, ou comment des jeunes peuvent donner l’exemple aux adultes au point de leur pointer du doigt la voie qu’il convient de suivre.

Marqué par le conflit que connaissait son pays, la Colombie, par le spectacle à la télévision de la mort d’une fillette, victime d’une mine antipersonnel, puis par l’annonce de la mort de deux de ses amis, eux aussi victimes de mines antipersonnel, le jeune Gerson Andrés Flórez Pérez  écrivit en 1997, à l’âge de onze ans, une chanson et décida de reverser tous ses droits d’auteur aux associations venant en aide aux enfants colombiens victimes de ces mines. Il commença ensuite à parler au nom des enfants de Colombie, écrivit en 1998 un appel à la paix intitulé « Enfants de la Paix » qui fut à l’origine du « Mouvement des Enfants pour la Paix », approuvé par référendum par des milliers d‘enfants colombiens. Gerson Andrés Flórez Pérez participa en 1999 au premier Appel Pour La Paix de La Haye, pour lequel il leva des fonds importants en vendant des “pins”. Il est à noter que le combat de Gerson Andrés Flórez Pérez ne fut pas toujours perçu de façon positive par les adultes, ce qui ne l’a pas empêché de poursuivre son action pour l’éradication des mines antipersonnel en Colombie.

Il existe un prix, le Global Youth Award for Peace and Tolerance, pour récompenser les jeunes ayant œuvré pour la paix dans le monde. Gerson Andrés Flórez Pérez en a été l’un des lauréats en 1999.

Iqbal Masih, Samantha Smith, Omar Castillo Gallegos, Janine Licare, Gerson Andrés Flórez Pérez et tant d‘autres… Il y a des moments où l’on aimerait que, de temps en temps, le Prix Nobel de la Paix lui-même revienne de droit à des enfants comme ceux là. On y viendra peut être un jour, Gerson Andrés Flórez Pérez ayant été nominé une fois pour ce prix prestigieux. Il n’est pas interdit de penser que les enfants croient plus en la paix que les adultes eux-mêmes, et l’on souhaiterait même que ce prix soit parfois accordé, pour certains d’entre eux, à titre posthume.

Le mot de la fin, lui, reviendra de droit à Gerson Andrés Flórez Pérez : « Beaucoup d’adultes ne croient pas aux enfants. Ils pensent que nous sommes seulement le futur, mais nous sommes aussi le présent.



29 réactions


  • Surya Surya 9 juin 2011 10:07

    Un petit problème, semble-t-il, avec la photo de Samantha Smith, la voici sur un autre site, et j’en profite pour mettre le lien vers le site qui lui rend hommage.


    • Surya Surya 9 juin 2011 12:48

      Ps : merci à la rédaction d’avoir ajouté la photo de Samantha dans le corps de l’article,  smiley c’est ce que j’aurais dû faire mais je n’y ai pas pensé.


  • Raymond SAMUEL paconform 9 juin 2011 10:29

    L’auteur,

    Bonjour et honneur à toi !

    -« Engagement exceptionnel d’un gamin malgré tout ordinaire, où comment un enfant de dix ans peut, par son immense courage et sa détermination, en remontrer aux adultes eux-mêmes. »

    - « beaucoup d’adultes ne croient pas aux enfants. »

    En remontrer aux adultes eux-mêmes... Il faudrait enfin se rendre compte que l’enfant vaut plus que l’adulte et que, même vers sa dixième année beaucoup ne sont pas encore pervertis par l’éducation infligée par les adultes.

    Ce sont les enfants qui sont en mesure de nous en remontrer, mais il faudrait que les adultes veuillent bien les écouter AVANT DE LES EDUQUER.


    • Surya Surya 9 juin 2011 10:36

      Bonjour Paconform et merci,

      Il faudra du temps avant qu’on considère déjà qu’un enfant vaut autant qu’un adulte, et reconnaître qu’il vaut plus consiste en effet à remettre totalement en question la valeur de l’éducation qu’on leur donne, qui consiste trop souvent à leur faire perdre le plus vite possible leur spontanéité et leur naiveté, car quel mal y a-t-il à conserver en soi une part, une grande part, même, de naiveté ? Je trouve même que c’est salutaire.


  • Fergus Fergus 9 juin 2011 10:38

    Bonjour, Surya, et un grand, très grand merci, pour cet hommage rendu, à travers le cas de quelques gamins et gamines, au courage et à la lucidité des enfants.

    Trop souvent, les adultes que nous sommes sont sourds au discours des enfants, au motif qu’ils ne possèdent pas l’expérience du monde.

    Leur avis est-il sans intérêt pour autant ? Non, évidemment, car les enfants, malgré les rebuffades et en dépit des souffrances qui leur sont trop souvent infligées, n’ont pas encore perdu leur candeur, tiré un trait définitif sur leurs espérances. C’est pourquoi le monde qu’ils voudraient promouvoir n’est pas un monde utopique, mais le monde tel qu’il devrait être si les adultes ne l’avaient dénaturé par soif de pouvoir et de profits.

    Comme vous, je crois qu’un Prix Nobel de la Paix décerné à un enfant emblématique de ces émouvantes luttes serait un formidable progrès, et une claque assénée au visage de tous ceux qui, cyniquement, tirent profit de l’exploitation des gamins, ou se gardent d’intervenir pour éradiquer des pratiques incompatibles avec l’idée même de civilisation.

    Cordiales salutations.


    • Surya Surya 9 juin 2011 11:00

      Bonjour Fergus, et merci,

      « C’est pourquoi le monde qu’ils voudraient promouvoir n’est pas un monde utopique, mais le monde tel qu’il devrait être si les adultes ne l’avaient dénaturé par soif de pouvoir et de profits » c’est exactement ça. L’utopie pure relève du rêve, et ne peut être atteinte qu’en poussant l’expérience aux extrêmes, et les enfants sont finalement plus réalistes que nous sur ce point.
      Il ne faudrait pas qu’un prix Nobel de la paix « junior » soit inventé et réservé aux enfants, ce qui séparerait une fois encore le monde des adultes de celui des enfants alors qu’ils sont si liés, mais il faudrait que chaque année, on ne sache pas si ce prix sera attribué à un adulte ou un enfant. C’est seulement ainsi que la valeur des enfants pourra être pleinement reconnue, en les élevant au même rang que les adultes, mais tout en leur conservant des droits supplémentaires bien sûr, le premier étant celui d’être particulièrement protégé.


    • Taverne Taverne 9 juin 2011 16:41

      D’accord avec Fergus : un prix Nobel de la paix se justifierait pour reconnaître et faire connaître l’action courageuse de ces enfants exemplaires, comme Iqbal mort en martyr, torturé puis assassiné par des saloperies humaines.


    • Surya Surya 9 juin 2011 21:35

      Bonsoir Taverne,

      En plus, je ne sais même pas si les tortionnaires d’Iqbal (je ne parle pas de ceux qui l’ont assassiné, il me semble d’ailleurs qu’on ne sait même pas exactement de qui il s’agit, mais je vérifierai cette info, mais je parle de ceux qui l’ont exploité, affamé et battu pendant plusieurs années) ont été jugés et condamnés.


  • Isis-Bastet Isis-Bastet 9 juin 2011 13:26

    Ces enfants donnent une leçon de courage et de générosité aux adultes. Il existe au Rajasthan, en Inde, une sorte de parlement des enfants dont les décisions sont prises en compte.


    • Surya Surya 9 juin 2011 13:52

      Bonjour Isis-Bastet,

      Je ne connaissais pas ce parlement des enfants en Inde, merci de l’avoir signalé. Visiblement, d’après cet article, les enfants élus à ce parlement se voient confiés de vraies responsabilités dans leur village. Il existe en France aussi un parlement des enfants, est-ce purement pédagogique (ce qui est bien sûr très bien), je veux dire entrant dans le cadre d’un projet pédagogique d’une école, dans le sens où ce sont des classes à travers la voix de leurs délégués qui y participent, je ne sais pas, mais en tout cas, c’est une excellente initiative et va dans le sens de la reconnaissance de l’importance de la voix et de l’opinion des enfants dans nos sociétés.


  • Sahtellil Sahtellil 9 juin 2011 16:15

    L’enfant est le père de l’homme.

    BMD


    • Surya Surya 9 juin 2011 22:01

      Bonsoir Sahtellil,

      Très belle phrase, je la trouve aussi belle en français que dans la langue originale du poète et, même si ce n’est pas de ça dont il a voulu parler, elle décrit bien certains de ces enfants qui, par les situations tragiques qu’ils doivent affronter, ne sont déjà plus tout à fait des enfants.


  • Raymond SAMUEL paconform 9 juin 2011 20:05

    « Le droit supplémentaire d’être particulièrement protégé ».

    PROTECTION, AMOUR, RESPECT, ce sont les trois piliers de la santé mentale des enfants.
    Sont-ils vraiment protégés, aimés, respectés en France ?

    Non.


    • Surya Surya 9 juin 2011 21:47

      Bonsoir Paconform,

      Il y a des enfants maltraités partout, dans tous les pays, et si ce n’est maltraités, en tout cas mal aimés. Il est vrai que certains pays du monde sont réputés pour accorder tradtionellemnet une attention plus forte à leurs enfants. Si on devait établir un classement des pays selon le critère du traitement réservé aux enfants, je ne sais pas quelle place y tiendrait la France, en tout cas il est difficile de penser qu’un enfant est pleinement respecté et protégé dans une société, quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, qui place l’argent et la consommation au dessus de tout. Le fait même d’inculquer ces valeurs aux enfants est déjà en soi un manque de respect à leur égard, car c’est aller à l’encontre de leur nature. Je crois fortement que les gamins se fichent totalement de l’argent et des possessions matérielles, et que de plus quand la balance dans une société penche du côté de l’argent, c’est toujours l’esprit de solidarité et la fraternité qui en prenne un coup. Et ces enfants deviennent ensuite des adultes qui perpétuent ensuite ce même esprit d’individualisme.


  • Raymond SAMUEL paconform 10 juin 2011 09:52

    Bonjour SURYA,

    Votre message d’hier soir donne de très bonnes pistes.
    Notamment sur l’impact de la non disponibilité, de l’habitude de considérer l’enfance comme un sujet social mineur, de la dévalorisation de la famille et de la vie privée, par comparaison avec la vie professionnelle. A titre d’exemple, comparons le nombre de messages déclenché par un post sur l’érotisme et celui qui résulte d’un post sur la défense des enfants...
    En somme, il faut « changer notre regard d’adulte sur l’enfant ». C’est là le sous-titre d’un essai paru en juillet 2010 que j’ai intitulé « D’abord ne pas nuire ». Pour ceux qui voudraient le lire il suffit de cliquer sur la barre « recherche » de FNAC, AMAZON etc. en énonçant ce titre (pour vous Je serait heureux de vous en adresser un exemplaire gracieusement).
    Je suis sûr que ceux veulent agir concernant l’éducation n’ont aucun espoir de résultat s’il ne se regroupent pas.
    Je donne une précision : mon avis est qu’il faut voir ces enfants « de la paix et du courage » comme la partie émergée. Le problème éducatif (c’est à dire des rapports entre l’adulte et l’enfant) s’étend à tous les enfants du monde et la maltraitance ordinaire, institutionnelle et culturelle, les touche tous.
    Par exemple, il faut arrêter de mettre les bébés et jeunes enfants en collectivité et pour cela il faut cesser de faire dire à de faux spécialistes que la collectivité est indispensable pour les socialiser. Le discours est pourri de faussetés (pour innocenter les adultes).
    Il y a malgré tout du progrès de ce côté ; la vérité essaie d’émerger, mais que c’est long et difficile et que d’opposition !
    Voila, je serais heureux que vous donniez suite à ma proposition de collaboration.


    • Surya Surya 10 juin 2011 13:55

      Bonjour Paconform,

      Je suis allée voir la fiche descriptive de votre livre qui a l’air en effet très intéressant. C’est vraiment sympa de vouloir me l’offrir, je pense toutefois que le payer pour le lire est plus normal et participera de mon soutien à la cause que vous défendez.

      Je ne sais pas s’il faut retirer totalement les enfants (et à plus forte raison les bébés) des collectivités, en tout cas une chose est sûre, c’est qu’ils y sont mis beaucoup trop tôt et de façon très brutale. Mettre les enfants à la maternelle dès l’âge de deux ans, c’est du délire. Comment un(e) professeur des écoles peut-il/elle s’occuper efficacement, rassurer, trente ou trente cinq (hors ZEP) petits gamins de deux ans ?? Il est vrai que tout est fait pour soulager les parents, et on pense plus à « équilibrer les rapports homme-femme » dans les couples, en permettant aux femmes de travailler à temps plein, qu’au bien être de l’enfant.
       
      L’idée, et c’est de plus en plus comme ça que je le ressens, c’est : faites des enfants, surtout faites des enfants, mais une fois qu’ils sont là, ne vous laissez surtout pas déconcentrer de votre plan de carrière, il y a des solutions pour vous décharger : mettez les en crèche, trouvez une nounou, n’importe quoi, mais surtout, continuez à vivre comme avant. Je suis pas sûre d’exagérer tant que ça.

      J’ai eu l’occasion de connaître un gamin dont les parents vivaient même en province (chacun dans une ville différente) en raison de leurs métiers (choix tout à fait assumé de leur part), et l’enfant, qui était pris en charge 24/24 par une employée de maison, continuait à vivre à Paris et ne voyait ses parents que le week end, voire un week end sur deux. Certes, c’est un cas extrême, mais plus ça va, et plus les enfants sont sacrifiés sur l’autel de la vie professionnelle, je partage votre avis sur cette question.
      J’ai lu quelques courts témoignages de femmes sur le congé maternité, et l’une d’elle disait qu’elle trouvait l’actuel congé déjà trop long, car elle n’avait pas besoin d’autant de temps pour se reposer. Certes, mais le congé ne sert pas qu’à cela : qu’en est-il du besoin du nourrisson d’avoir sa mère auprès de lui ?

      Sans pour autant revenir à la femme enfermée en permanence au foyer, il y a sûrement des solutions intermédiaires. Il ne faut pas non plus qu’on tombe dans la psychose du retour de la femme au foyer, et que cela nous fasse tomber dans l’extrême inverse.

      Vous me parlez de collaboration, j’aimerais en discuter, notamment pour savoir à quel genre de collaboration vous pensez. Contactez moi donc par l’intermédiaire de mon blog, afin que nous en parlions plus longuement.


  • Raymond SAMUEL paconform 10 juin 2011 16:30

    Merci de votre réponse rapide.

    1°) A propos de l’enfermement des mères :
    J’ai moi-même été « enfermé au foyer ».
    Dans le travail qui doit être fait, il faut parvenir à ce que celle/celui qui s’occupe de ses enfants ne soit pas « enfermé ». C’est un mot révélateur ! Non, il faut que les choses évoluent de telle façon que l’on emploie spontanément ce mot non plus à propos de la vie privée, mais au sujet du monde professionnel...vaste programme !

    2°) Au sujet de l’essai « D’ABORD NE PAS NUIRE » :
    Je dois vous prévenir que j’ai décidé, en l’écrivant, de ne pas utiliser le style diplomatique mais de faire part de mes observations sans égards pour les personnes ou chapelles mises en cause (je me suis cependant quelque peu censuré sur au moins un point pour ne pas décourager TOUS les éditeurs).

    3°) Relativement à mon offre de collaboration :
    - il y a un énorme travail de vulgarisation des connaissances à faire (les besoins des enfants ne sont pas connus dans le public, y compris par les éducateurs, les enseignants et même les psys),
    - il faut trouver le moyen de rassembler ceux qui veulent agir,
    - il faut savoir sur quels points ces personnes peuvent agir ensemble,
    - il faut des moyens,
    - etc ;..

    C’est entendu je consulte votre blog.

    Cordialement.


    • Surya Surya 10 juin 2011 17:59

      Vous dites : « les besoins des enfants ne sont pas connus dans le public, y compris par les éducateurs, les enseignants et même les psys »

      J’avoue être un peu surprise par cette remarque que je trouve personnellement assez radicale. Si aucune de ces professions ne connait les besoins des enfants, si aucun psy, aucun éducateur, aucun enseignant ne les connait, qui les connait vraiment alors ? Il me semble que vous généralisez un peu.
      Je suis un peu surprise aussi par la citation du professeur des écoles. Il ne faut pas, là non plus, généraliser. J’ai quelques amis professeurs des écoles, et tous sont contre la scolarisation à deux ans. Ils me racontent ce qui se passe dans le milieu scolaire, comment cela évolue, et je vous assure que la plupart des profs des écoles connaissent très bien les besoins des enfants, et se battent pour eux, pour leur intérêt.

      J’aimerais savoir ce que vous comptez entreprendre. Voulez vous monter une association ? Pour vulgariser des connaissances, il faut d’abord être spécialiste, ce qui, je le regrette, n’est pas mon cas, mais si je peux vous apporter mon aide, en supposant bien sûr que je sois en total accord avec vos prises de position, alors je n’hésiterai pas. Si malheureusement cela ne devait pas être le cas, continuer cette discussion par email sera de toute façon extrêmement intéressant.

      Cordialement, smiley


  • Raymond SAMUEL paconform 10 juin 2011 16:42

    « Comment un/une profeseur des écoles peut-il/elle s’occuper efficacement... »

    Je vous transmets la déclaration ,d’une instit de maternelle (petite section) :

    Nous (ma femme et moi) :

    -vous ne craignez pas qu’ils soient trop fatigués ?

    Réponse de l’instit. :

    - Non, c’est comme ça. Ils viennent de la crèche ou d’un autre mode de garde, après ils iront à la grande école. C’est comme ça. Oui, c’est fatigant, pour eux et pour moi, mais ils savent très bien quand ils doivent s’arrêter, ils deviennent malades, et comme ça ils se reposent. C’est comme ça et personne ne veut que ça change, les femmes ne retourneront pas à la maison.


  • Raymond SAMUEL paconform 12 juin 2011 08:59

    Bonjour SURYA,

    Je répond rapidcement et partiellement à vos deux surprises :

    1°) La connaissance des besoins des enfants.
    - depuis assez longtemps déjà ce qui est cru n’est plus dû à l’expérience (devenue très faible) mais essentiellement reçue de ce qui a été diffusé par les media. Or quelle presse écrit sur l’enfant ? Les magazines féminins évidemment. Et d’où la presse féminine a-t-elle tiré son inspiration depuis plus de quarante ans ? de la vague du féminisme. Quel a été le message ? Il faut libérer la femme et non « il faut protéger les enfants ».
    Une remarque en passant : je suis tout à fait d’accord pour libérer la femme (et même l’homme) mais je suis contre cette libération au détriment des enfants. Il faut l’organiser.
    Pour faire avancer cette campagne de libération de la femme on a vu et revu des psys spécalistes de l’enfance organiser des colloques et des stages pour démontrer que c’était les mères qui transmettaient leur angoisse aux enfants (soyez déculpabilisée et zen et votre enfani sera très bien à la crèche).
    J’ai suivi l’un de ces stages, j’ai lu la presse, écouté la radio, vu les émissions de télé etc. Tous les messages allaient dans le même sens et à la télé on ne voyait que des psys bien choisis.
    C’est de cette manière qu’on a inventé la nécessité absolue de mettre les bébés en collectivité POUR LES SOCIALISER et celle de FAIRE TRAVAILLER des enfants en maternelle sinon ils seraient en retard sur les autres en CP.

    Heureusement, il y a maintenant un peu plus qu’un frémissement. Les spécialistes qui pensent d’abord aux enfants ne sont plus interdits (mais ils sont peu écoutés). De plus, le mal est fait, les habitudes prises, l’opposition toujours virulente.
    Il faut donc frapper fort si l’on veut avoir un effet.

    2°) La déclaration de l’instit.
    Ce que vous me dites est fort réconfortant mais je vous garantis l’exactitude de la déclaration. J’ajoute celle d’un parent (corroborée notamment par le fait que les parents se battent tous, à quelques exceptions près, pour maintenir à l’école les enfants qui y souffrent, plutôt que se battre pour les retirer) :
    - « il y en a qui pleurent pendant des semaines...Ils finissent par s’y faire »
     Et oui, ils finissent par s’y faire, comme à tout, puisqu’ils sont obligés.


    • Surya Surya 12 juin 2011 11:47

      Bonjour Paconform,

      Merci de votre réponse. Personnellement, je ne suis pas en faveur d’un retour total de la femme « à la maison » (Quelle est votre opinion sur la question ?), mais d’un retour temporaire, lorsqu’un enfant arrive.

      A force de vouloir libérer les femmes, ce qui est très bien évidemment, on en est venu en effet à oublier totalement le gamin et le faire passer en second, ce qui est une grosse erreur. Il faudrait que la société actuelle accepte tout autant les femmes carriéristes que les femmes au foyer. Personnellement, je n’aimerais pas être en permanence au foyer, mais si une femme a envie de le faire, chacune fait ce qu’elle veut. Les femmes au foyer ne sont pas forcément des personnes un peu simplettes sans aucune ambition professionnelle.

      Malheureusement, rien dans la société n’est fait pour aider les femmes à s’occuper de leurs enfants, lorsqu’ils sont très petits et ont donc besoin d’elles, puis retourner au travail ensuite (si elles le souhaitent, donc) dans de bonnes conditions. D’où les collectivités où l’on dépose le gamin comme un paquet à peine le court congé de maternité achevé. Mais n’oublions pas que la théorie, c’est bien, mais que c’est aussi une question de moyens. Tout le monde n’a pas les moyens de rester à la maison pour s’occuper de son enfant, sans parler des mères élevant seules leurs enfants et qui ne peuvent vraiment pas envisager une seule seconde d’arrêter de travailler, alors que certaines d’entre elles le souhaiteraient, et voient comme une contrainte le fait de devoir déposer leur enfant à la crèche.

      Je ne parlerai pas en détails du « problème » qui se pose actuellement du congé paternité, sauf pour dire que je trouve tout à fait normal qu’un père puisse en prendre un aussi s’il le souhaite. Et seulement s’il le souhaite, pas question d’en venir à culpabiliser par la suite, lorsque les mentalités auront évolué, les pères qui préfèreront toujours ne pas en prendre, après tout chacun fait ce qu’il veut dans sa vie privée, et on n’a pas à juger, culpabiliser ou autres. 
      Dans le même temps je trouve incroyable que tout le débat actuel sur ce congé paternité tourne autour de la nécessité de « rééquilibrer » la société, permettre aux femmes de... promouvoir une plus grande égalité entre... et seulement autour de ça.
      Et le bébé dans tout ça ? Car pendant ce temps là, pendant qu’on papote sur l’égalité homme/femme, est-ce que oui ou non l’homme passe bien l’aspirateur à la maison et change lui aussi les couches comme il devrait le faire s’il est moderne et mentalement évolué, pendant ce temps là personne ne parle des besoins du bébé lui même ni ne semble s’intéresser à ce qui est le mieux pour lui.
      Ce qui m’intéresse, et tout ce qui m’intéresse, c’est de savoir si oui ou non le nourrisson, puis le très jeune enfant, a plus besoin de sa mère que de son père dans sa petite enfance. Personnellement j’aurais tendance à penser que oui, mais ce n’est qu’une opinion personnelle. Ca ne veut pas dire qu’il n’a pas besoin de son père aussi.

      Le problème du partage du travail quand il s’agit de changer les couches ou donner le biberon est différent, à mon avis. Si le père a envie de participer, pourquoi l’en empêcher ? Ca n’est pas un « travail de femme » à la base. Je pense que les hommes peuvent très bien le faire sans craindre pour autant de « devenir des femmes » (être une femme a l’air tout à fait dégradant visiblement smiley )
      Par contre s’il était reconnu qu’un bébé a plus besoin du contact maternel que paternel dans ces moments là, alors là c’est différent, et il faut donc que ce soit la femme qui le fasse, car c’est le bébé qui a la priorité, et non l’éternel débat sur l’égalité homme/femme dans le couple. 

      Ce que je veux dire, c’est que j’ai l’impression qu’on se plante dans le sens où on estime (et on s’imagine à tord) que puisque, chez les adultes, la société évolue, les mentalités évoluent, et la façon d’envisager l’idée du couple évolue, alors forcément c’est qu’on s’est trompé sur les besoins naturels d’un tout petit bébé, et qu’il faut donc revoir en profondeur la façon de s’occuper de lui.
      Si la société évolue, pense-t-on, alors les besoins naturels du bébé suivront et évolueront en même temps... Je ne sais pas où ils ont été chercher ça, mais après tout c’est peut être moi qui ne suis pas évoluée sur cette question, et j’ai alors du chemin à faire pour changer.

      C’est très bien que les femmes veuillent faire des carrières, la parité je suis pour (si tant est qu’elle n’est pas non plus imposée de façon arbitraire) mais il ne faut pas non plus oublier qu’un enfant, ce n’est pas un faire valoir social de plus à mettre dans son CV.

      Et si ce n’est pas pour des raisons sociales que l’on a des enfants, mais que c’est un besoin physiologique des femmes, alors je me demande bien pourquoi ce besoin se limiterait à la grossesse et l’accouchement, puis s’estomperait ensuite lorsqu’il s’agit d’être à 100% présente pour s’occuper du bébé.

      Mais, encore une fois, ne perdons surtout pas de vue que c’est une question de moyens.

      Pour ce qui est de la collectivité, je ne suis pas du tout contre le principe même de collectivité, mais je désapprouve la façon dont c’est fait. Après réflexion, je pense en effet que la collectivité aide en effet les enfants à se socialiser, et il est important qu’un enfant soit au contact d’autres enfants je pense, mais il faudrait que la mère puisse rester à ses côtés dans cette collectivité, du moins les premiers temps, où en permanence si son gamin à elle montre qu’il en a particulièrement besoin. Ils finissent par s’y habituer parce qu’ils n’ont pas le choix, en effet, mais on pourrait au moins faire en sorte qu’ils s’y habituent à la manière douce.

      Qu’’appelez vous faire « travailler » des enfants de maternelle ? Et ces enfants qui n’auraient pas travaillé seraient en retard sur les autres, mais sur quels autres ? Ceux qui auraient travaillé en maternelle ? Il n’y a pas en France deux écoles maternelles différentes, l’une ou l’on travaille, et l’autre où l’on ne travaille pas. Si on se limite aux écoles publiques ou sous contrat, du moins, alors tout le monde est logé à la même enseigne. Certes, il n’y a pas de programme en maternelle, mais il y a des instructions sur les aptitudes à développer et chaque instit fait que ce bon lui semble à partir du moment où c’est cohérent et en accord, donc, avec ces textes. (Ps, je n’avais pas mis en doute la véracité de la déclaration de l’instit que vous avez rencontrée, je pensais en fait que vous généralisiez)


  • Raymond SAMUEL paconform 12 juin 2011 15:57

    Je prends votre message à l’envers, d’abord la fin : « travailler en maternelle », c’est ce que les parents demandent, c’est ce que les enfants ne peuvent faire que dans la peine ou la souffrance, parce que les enfants ne doivent pas « travailler », c’est contraire à leur nature d’enfants. Si vous êtes un peu assidue des forums de parents vous lirez très souvent ces plaintes de parents du fait que leur enfant ne « veut pas travailler » (ce sont les enfants qui ont le plus de peine à s’adapter à l’école, qui pleurent, sont indociles, violents ou muets et prostrés etc..). Ces parents attendent de la maîtresse qu’elle soit habile à faire « travailler » leur enfant, pour qu’il soit « en avance ».
    Voila un exemple d’ignorance des besoins des enfants.

    « La collectivité aide mes enfants à se socialiser ».
    Si c’était vrai ce serait surprenant. En effet, on les met dans une situation qui les agresse, qui les perturbe, qui les inquiète, qui les trouble dans leur développement
    etc. Ne serait-ce que par les réveils forcés, la vie parmi trente enfants du même âge (ce qui ne se voit pas dans la vie normale), le conditionnement précoce si néfaste au développement de l’autonomie.
    La socialisation se fait à l’envers, en créant la méfiance envers l’autre, lequel es ressenti comme potentiellement dangereux dans ce milieu anormal de contraintes et de manques.
    L’enfant a déja, la plupart du temps éprouvé le manque à la maison, la plupart des parents étant adeptes de la chambre séparée et obéissant aux préceptes des « spécialistes » qui ont dit que l’enfant devait apprendre la frustration et qu’il ne fallait pas « se précipiter » !
    C’est ce que j’appelle l’apprentissage de la culture de l’antagonisme. Cet antagonisme qui fleurit largement dans le monde adulte d’aujourd’hui.
    Sur cette soi-disant socialisation je pourrais vous en dire davantage. Mais restons-en là.
    Si j’ajoute qu’une partie de la solution c’est ce que vous dites, que l’un des parents accompagne l’enfant dans le milieu extérieur (je suis pour les maisons vertes).

    « Si ce n’est pour des raisons sociales que l’on a des enfants, mais que c’est un besoin physiologique des femmes... »
    Ben oui, il y a des évidences ! la nature ne fait pas de boulettes au point de faire cesser le rôle de mère dès que le besoin physiologique ne se fait plus sentir, au risque évident de voir des enfants non autonomes être abandonnés. C’est pour cette raison que les femmes (qui ont évidemment été faites pour enfanter puisque pourvues à cet effet d’un utérus comme chambre à coucher/salle à manger, et de seins pour l’allaitement) ont toute leur vie un taux de prolactine plus élevée que les hommes de façon que le besoin de materner perdure autant que nécessaire.
    Oui bien sûr, mais n’oublions pas que la culture a quelque peu mis la nature à mal.
    Dans la réalité du 21ème siècle (après Jean-claude), les hommes, dont les hormones sont plutôt prévues pour d’autres besoins (survie, défense, alimentation de la tribu) ont aussi un besoin physiologique (ou affectif, ou autre) d’avoir des enfants. L’effet de la prolactine est souvent contrecarré puisque les enfants sont parfois abandonnés par les mères avant d’être autonomes ou exposés exagérément.
    C’est là encore un vaste sujet.

    « L’évolution.. »
    Encore un exemple où on en prend à son aise avec l’enfant. On lui fait dire n’inporte quoi, on lui attribue d’office les besoins qui conviennent aux adultes. Facile, l’enfant est totalement dépendant et ne manifestera son mécontentement qu’à l’adolescence (révolté/délinquant) ou à l’âge adulte (violent/malade psychique/soumis).
    Les prises de pôsition n’apparaissent pas comme dictées par les besoins des adultes du fait de l’ignorance générale quant aux besoins des enfants.
    Ces besoins sont constants dans le temps et identiques sur toute la terre.

    La parité.
    Merci de votre observation concernant l’oubli du bébé. Le fait est en effet, remarquable, comme souvent (j’en parle beaucoup dans mon livre).
    J’ai cru longtemps, comme vous, que du fait des neuf mois passés in-utero et en raison du fait que la mère est physiologiquement faite pour nourri (donner le sein) et dispose de plus de délicatesse dans ses mouvements (en bonne règle)
    le bébé devait s’attacher davantage à sa mère qu’à son père.
    Cette veine a d’ailleurs été très largement exploitée, faisant du père UN TIERS (c’est écrit dans le programme d’étude des éducatrices de jeunes enfants).
    L’expérience que j’ai eue, assez longuement, avec mes « maternages » m’a quelque peu détrompé.
    La mère est beaucoup plus impliquée que le père lors d’une naissance, c’est évident, mais j’ai été étonné de voir souvent des enfants de quelques mois à deux ou trois ans être très attachés au père, à le rechercher spontanément, ce qui, à première vue semble anormal.
    Je pense que précisément, la mère étant physiquement et psychiquement plus impliquée que le père, soumise à des marées d’hormones, troublée dans son intimité, profondément fatiguée etc...etc...est moins sécurisante que celui-ci.
    Je ne voudrais surtout pas laisser croire que je minimise la part maternelle. Je soupçonne un fait en quelque sorte matériel, ce qui ne retire rien du rôle majeur de la mère. C’est plutôt une conséquence de ce rôle majeur.
    Le mode d’allaitement est important. Tous mes enfants (cinq) ont été élevés au biberon (autre sujet intéressant). La relation du bébé avec ses deux parents devient plus équilibrée aussi de ce fait.


    • Surya Surya 12 juin 2011 17:07

      Re-bonjour Paconform, je ne peux malheureusement répondre en entier à votre message complet et vraiment intéressant, mais très rapidement, car c’est sur ce point que je diverge peut être le plus de votre opinion, je dirais simplement que si des parents se plaignent sur les forums que leur enfant de maternelle ne veut pas travailler, je ne sais vraiment pas de quoi ils parlent car il est un fait qu’en maternelle, on ne fait pas « travailler » les enfants, au sens où l’on entend généralement le mot « travail ». Il y a des activités d’éveil, d’apprentissage, des lectures d’histoires... Il y a des sorties... Ceux qui se plaignent se trompent de plainte, ou se trompent d’école.
      Par ailleurs, si les choses se passent plus ou moins bien, c’est plus en raison des sur-effectifs dans les classes que des activités proposées. Je ne parle pas de scolariser les deux ans puisque je suis totalement contre, mais pour les autres, s’il y avait dix gamins maximum dans les classes de maternelle, les choses iraient mille fois mieux. Et ça irait même très bien. Je ne pense pas que ce soit l’idée même de collectivité qui est à remettre en question.
      Sinon, quelle type d’école maternelle convient aux enfants, alors ? Pas d’école maternelle ? C’est tout de même dommage de priver un enfant de ces activités formatrices et enrichissantes, si seulement elles pouvaient être faites dans de bonnes conditions évidemment. Là encore, je pense que ce n’est pas le principe qui est à remettre en question, mais les conditions d’application de ce principe.


  • Raymond SAMUEL paconform 12 juin 2011 16:00

    Manoeuvre malencontreuse, un morceau de texte ne figure pas. Tant pis, c’est déjà bien long.

    Cordialement.


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 12 juin 2011 19:05

    Félicitations à l’auteur. C’est un bel article qui attire l’attention sur thème saisissant et malheureusement ignoré du grand public.

    Le statut « réel » de l’enfance, opposé au statut « fictionnel », celui des beaux discours, politiques et autres, est assurément problématique et pas seulement dans les pays où sévit l’esclavage et l’exploitation du travail enfantin.

    Les professionnels de l’éducation le disent à l’envi, une violence éducative, (souvent violence symbolique mais pas seulement), est malheureusement présente dans nos établissements.

    C’est un énorme sujet et il ne se limite pas à la question de l’âge d’entrée en maternelle. De fait, en tant que professionnel de l’éducation et de la difficulté scolaire, je n’en ai pas constaté qui soit venu d’une scolarisation précoce. Je serais portée à la recommander dès lors que, bien sûr, les conditions d’accueil sont tout à fait satisfaisantes. Et pour les écoles que j’ai eu à connaître, cela à toujours été le cas. Pour ma part, je trouve regrettable que les restrictions budgétaires dans l’E.N. réduisent l’offre d’accueil pour les toutes petites sections.

    Mais bon, je ne veux pas relancer le débat. C’était juste un point de vue. Encore bravo pour votre article.


    • Surya Surya 14 juin 2011 10:22

      Bonjour Luc-Laurent Salvador, désolée pour cette réponse tardive, et merci,

      Du fait, notamment, de votre expérience de professionnel de l’éducation et de la difficulté scolaire, le débat sur la scolarisation précoce mérite tout à fait d’être relancé. Si je suis contre, c’est peut être aussi parce que je me focalise sur le nombre d’enfants par classe. Je ne vois pas du tout comment on peut accueillir correctement un grand nombre d’enfants de deux ans. Si vous repassez dans le coin et que vous avez le temps, je serai intéressée que vous racontiez les conditions d’accueil des écoles que vous avez connues. Certaines écoles ont elles des effectifs acceptables dans leurs classes ?
      Concernant les classes surchargées et les coupes budgétaires dans l’éducation nationale, j’ai justement lu ce matin un article dans le magazine Métro sur la question. Visiblement ça n’a pas l’air de s’arranger, au contraire.


  • Raymond SAMUEL paconform 12 juin 2011 22:03

    Oui SURYA et Luc-Laurent,
    Tant qu’il n’existe pas pour les jeunes enfants (notamment) de conditions normales (c’est à dire correspondant à leur nature et aux besoins qui découlent de cette nature) pour leur existence quotidienne, on pourra discuter sur la pertinence des conditions artificielles qu’on leur impose.
    On pourrait aussi discuter sur ce qu’on entend par « collectivité ». Le mot collectivité pourrait désigner la vie sociale (extérieure à la maison familiale), mais en fait l’usage veut que ce mot désigne un rassemblement d’enfants du même âge contrôlé par des tiers.
    Je suis tout à fait partisan de la première notion, et je suis tout à fait contre la seconde,
    Je suis désespéré (presque) de voir que la réflexion des adultes est phagocitée par des idées reçues et je fais plus que soupçonner que ces idées reçues proviennent pour l’essentiel du formatage reçu dans la petite enfance.
    Le débat national sur l’avenir de l’école (2003/2004) avait classé les problèmes relevés. En numéro un on avait placé l’absence de motivation des élèves. et le document produit par l’Education nationale précisait : « comment les motiver ? »
    Je souligne que personne (apparemment) n’avait remarqué que la question était posée à l’envers. Elle aurait dû être formulée de la façon suivante : « comment les adultes ont-ils fait pour démotiver ces enfants ? »
    Parce que les enfants naissent superbement motivés, ils ont des compétences extraordinaires qui ne demandent qu’à se développer.
     Ces promesses formidables disparaissent entièrement chez certains enfants qui deviennent apathiques, déconnectés, et parfois des loques intégrales, ils sont détruits par le système. Mais tous sont touchés, qu’ils fassent des études supérieures ou non. On ne se défait pas des atteintes subies dans la petite enfance
    . Décrire toutes les nuisances de la collectivité par le menu ne peut pas être fait ici. Je dirai simplement que le plein développement des facultés de l’enfant exige la liberté, la possibilité de faire des choix, d’organiser ses activités etc ; dans un climat de totale sécurité.
    L’enfant n’a rien de tout cela à l’école-garderie-contrôle-formatage-discipline.
    Pour de nombreuses raisons l’école est bien sûr une violence comme vous l’indiquez à juste titre Luc-Laurent. Mais il faut en tirer les conclusions svp.


    • Surya Surya 14 juin 2011 10:30

      Bonjour Paconform

      Vous dites : « Parce que les enfants naissent superbement motivés, ils ont des compétences extraordinaires qui ne demandent qu’à se développer. »

      C’est tout à fait vrai, et pourtant, les textes officiels, à quelque niveau de l’instruction que ce soit, mettent tous particulièrement l’accent, il me semble, sur ces compétences à développer. Reste peut être à passer à l’étape logique suivante, à savoir fournir aux enseignants les véritables conditions pour le faire, et vu l’article de Métro mis en lien plus haut, ce n’est visiblement pas encore cette année que ça arrivera.


  • Raymond SAMUEL paconform 14 juin 2011 21:51

    SURYA,

    Je suis sûr que plus de moyens, plus d’argent plus de personnel ne serait que de peu d’effet.
    L’école est maltraitante, pour les enfants et pour les enseignants. Ill faut inventer autre chose.

    Bonne soirée.


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