mercredi 27 mars 2019 - par Françoise Beck

Les mots justes

 

J'ai été excellente élève à l'école primaire, les études secondaires, pour des raisons personnelles familiales et à cause d'enseignants hermétiques, me furent plus difficiles et je m'y ennuyai copieusement. Seules les Universités, pendant les diverses études que j'y effectuai, réveillèrent mon enthousiasme.

Aussi ai-je appris aujourd'hui, à la lecture d'un de ses livres, et consciencieusement, les leçons de Robert Bauvais (1) et puis-je dire : Peu m'importe d'atteindre le quorum des lecteurs, je veux engager un pari qu'aucun groupuscule ne ruinera. J'ignore si j'aurai un pouvoir d'impact, bien que j'utilise le fer de lance de la sémantique pour soutenir mon propos. Bon, je stoppe ici. J'ai simplement voulu démontrer le sens du livre de Robert Bauvais, de 1970. Je m'amuse en le lisant. Je me divertis de cette dénonciation d'un parler pédant qui n'en est pas moins creux.

C'était il y a 49 ans. Et je constate que la réalité a bien changé. La rhétorique ne s'est pas améliorée, au contraire. Mais, le snobisme, maintenant, est devenu une apologie de la médiocrité. On parle toujours pour ne rien dire, mais non plus avec des mots aussi spectaculaires que sans signification, non, avec, désormais une pauvreté de vocabulaire déconcertante.

Je serais curieuse de connaitre le nombre de mots représentant le vocabulaire, même de ceux appelés à prendre la parole en public. Il est immanquablement faible, mais aussi composé de paroles d'une indigence déplorable. La preuve en est que, hors du milieu académique, on est gaussé si on manifeste un vocabulaire un peu plus élevé, on est taxé de pédant, on se voit soupçonné de vouloir afficher une culture, elle-meme mise en doute, de chercher à se montrer méprisant et autres vices inavouables et inavoués.

Si je partage la moquerie de l'auteur du livre pré-cité à propos des mots gonflés, dénués de sens, je suis sans doute encore plus navrée par la perte totale de recherche dans le parler. La platitude du langage trahit ce rejet de la culture. Depuis plusieurs années, on remarque que les élèves en difficulté scolaire rencontrent cette situation parce qu'ils ne comprennent pas un discours dépassant le sujet, le verbe et le complément. On ne peut, avec ces carences, affronter l'abstraction.

Les parents et même les enseignants, qui choisissent de parler "ado", commettent à mes yeux une erreur fondamentale. Ils refusent d'enrichir le vocabulaire des enfants dont ils ont la responsabilité, pour des objectifs obscurs. Enrichir le vocabulaire, c'est élargir la culture, ouvrir l'esprit, créer une ouverture aux autres.

(1) Le parler hexagonal tel qu'on le parle, Le livre de poche

Françoise Beck



27 réactions


  • ZenZoe ZenZoe 27 mars 2019 11:18

    L’introduction est une perle. L’auteur a-t-elle pensé à échanger avec Bernard Dugué ?


    • In Bruges In Bruges 27 mars 2019 11:29

      @ZenZoe
      M’enfin, vous le faites exprès ou quoi ?
      1/ Z’etes pas dans le moove : on dit l’auteure, voire même « l’auteuse »
      2/ N’avez-vous pas envisagé l’hypothèse que l’auteuse serait un avatar ou un double pseudo de la douce Rosemar ?

      Enquêtez davantage, SVP.


    • ZenZoe ZenZoe 27 mars 2019 12:08

      @In Bruges
      M’étonnerait pour l’avatar. La Françoise est dans le mépris fielleux et écrasant, la Rosemar dans le mépris mielleux et contrit.
      Mais toutes deux profs, en effet smiley


  • L'Astronome L’Astronome 27 mars 2019 11:32

     

    La maîtrise du vocabulaire et la richesse verbale dépendent de ce qu’avant on appelait « culture ». Or la culture est tenue en forte odeur de suspicion, parce que la racine est le verbe latin colo, cultum, colere : cultiver, soigner, honorer. D’où culte, culture, cultiver ; et aussi colon, colonie, coloniser... La culture a donc un relent colonialiste, et à ce titre doit être condamnée.

     


  • Decouz 27 mars 2019 11:42

    Avec un nombre de mot limité les combinaisons sont immenses.

    Nombreuses sont avec un nombre limité de mots les possibilités combinatoires.

    Les possibilités combinatoires sont, même avec un nombre limité de mots, nombreuses.

    Les anglophones sont ils plus créatifs et intelligents parce qu’ils ont plus de mots ?


  • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 27 mars 2019 11:52

    En parlant de mots justes, le titre du livre (de Robert Bauvais)

    est « L’hexagonal, tel qu’on le parle » ^^


  • Fergus Fergus 27 mars 2019 12:01

    Bonjour, Françoise

    Sachez, Madame, que je vous sais gré d’avoir rédigé cet article qui fustige, à bon escient, l’appauvrissement de notre belle langue dans l’expression orale des personnes publiques. A cet égard, les caciques de la vie politique devraient être ponceaux de honte d’user principalement de formules triviales et de clichés éculés.

    Mais ce que nous pouvons penser, vous et moi, ces tristes sires n’ont en cure, hélas ! Et c’est ainsi que la langue de Molière s’étiole peu à peu.


    • troletbuse troletbuse 27 mars 2019 12:25

      @Fergus
      Comme je suis complotiste, je dis la langue de Corneille. smiley


    • Fergus Fergus 27 mars 2019 13:13

      @ troletbuse

      Va pour celle de Corneille :

      Théâtre : Sarkozy dans « L’illusion comique »



    • Fergus Fergus 27 mars 2019 13:27

      @ troletbuse

      Ou bien Sarkozy encore dans Le Menteur.


    • troletbuse troletbuse 27 mars 2019 14:01

      @Fergus
      Ah ah ! Vous abondez dans ce que je vous ai déjà dit : Toujours la référence à Sarko. Mais il est battu à plate couture par Micron. Avez vous remarqué que ce dernier se touche constamment le pif quand il parle (signe incontrôlable du menteur). C’est peut-être la raison pour laquelle il a le pif bombé  smiley


    • Fergus Fergus 27 mars 2019 16:03

      @ troletbuse

      « il est battu à plate couture par Micron »

      Non, car si Macron est plus redoutable au plan politique dans sa mise en oeuvre de la doxa néolibérale, il n’a pas  loin s’en faut le côté clown caricatural de Sarkozy. 


    • popov 28 mars 2019 02:31

      @Fergus

      il n’a pas  loin s’en faut  le côté clown caricatural de Sarkozy.

      C’est vrai que Sarkozy m’a toujours fait penser à Louis de Funès.


    • baldis30 29 mars 2019 14:02

      @popov
      bonsoir,
       « C’est vrai que Sarkozy m’a toujours fait penser à Louis de Funès »

      Comparaison constituant une lamentable insulte à l’égard de la maréchaussée de Saint-Tropez !  smiley


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 27 mars 2019 18:35

     Effectivement @Fergus ,si on compare les deux lascars,

    il me semble que l’ignoble gnome bismuthé était meilleur illusionniste , étant l’héritier d’une longue tradition de montreurs d’ours et de charmeurs de serpents . smiley


    • Fergus Fergus 27 mars 2019 18:46

      Bonsoir, Armand Griffard de la Sourdière

      Le fait est que Sarkozy avait un côté saltimbanque que Macron n’a pas. Lui, c’est la banque tout court !  smiley


    • troletbuse troletbuse 27 mars 2019 18:55

      @Fergus
      Et pourtant le côté sale, il est évident. Pour banque, vous savez bien qu’il a été « boosté » par Rothschild


    • troletbuse troletbuse 27 mars 2019 18:57

      @Fergus
      Zut, j’ai oublié le teint. Je ne sais pas s’il a de bonnes mines en ce moment


  • dr.jambon-beurre dr.jambon-beurre 27 mars 2019 22:49

    On ne vous a jamais dit que l’on ne commence jamais un texte par « Je ». Du coup le titre est très drôle...


  • popov 28 mars 2019 03:37

    À l’école, il faut baisser la barre pour ne pas stigmatiser les cancres. On va en arriver à diplômer des gosses incapables de lire leur diplôme. 


    • baldis30 29 mars 2019 14:09

      @popov
      « On va en arriver à diplômer des gosses incapables de lire leur diplôme.  »
       et dans certains enseignements de mécanique supprimer toute référence à la théorie de l’élasticité.


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 28 mars 2019 09:44

    J’apprécie cet article, mais j’aimerais que l’auteure le complète par une étude de la démission et de la tricherie langagières - acceptées par une partie importante de la population - qui règnent chez les gouvernants, les journalistes, une grande quantité d’intellectuels de toutes sortes, philosophes compris.

     

    La tricherie langagière, désormais installée, est pour beaucoup dans l’impossibilité d’affronter les problèmes les plus importants de la France actuelle.


  • gaijin gaijin 28 mars 2019 11:45

    « on est taxé de pédant »

    pitié !

    taxé de pédantisme

    ou

    taxé d’être un pédant


    • gaijin gaijin 28 mars 2019 11:47

      @gaijin
      ps
      cette façon de formuler est récente et plus répandue chez les moins de trente ans que chez les autres .......l’auteure serait elle un fake ?


    • syracuse syracuse 28 mars 2019 12:10

      @gaijin
      C’est comme « suite à » ou « à la suite de »........


    • popov 28 mars 2019 13:26

      @syracuse

      Ou comme « Combien même » au lieu de « Quand bien même » dans les articles de Hamed.


  • Pauline J. 30 mars 2019 10:13
    Bonjour,

    Je suis actuellement étudiante en Master en communication. Cette année, je me vois réaliser une note de recherche sur le sujet du journalisme citoyen et du rôle que joue son public. Ainsi, je m’intéresse fortement aux sites d’information tels que AgoraVox.

    Je souhaiterais réaliser une enquête auprès de ses contributeurs, sur leur vision du journalisme et de l’information, leurs motivations, etc. et m’intéresse donc à votre profil. Si y participer vous intéresse, n’hésitez pas à me recontacter à l’adresse mail suivante :

    [email protected]


    Cordialement.

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