lundi 6 juillet 2009 - par Moristovari

Libéralisme et capitalisme : Dr Jekyll et Mr Hyde ?

À l’heure où le capitalisme est lapidé en place publique, le libéralisme aussi a mauvaise presse. Que ces deux termes entretiennent des relations étroites et peu recommandables est devenue une évidence populaire. Pourtant, qui connaît le sens véritable des mots « libéralisme » et « capitalisme » ? Peu, trop peu, hélas. Ce savoir qui n’est pas enseigné à l’école et guère dans les médias explique pourtant ce vers quoi tend le monde et notre manière de vivre.

Chaque mot possède un sens, mais ce sens se perd souvent avec le temps, par diminution et/ou agrandissement. Diminution, par simplication, raccourcis et démagogie. Agrandissement car utilisé dans un contexte plus large, un mot perd souvent son sens premier au profit de ce sens élargi. Exemple avec capitalisme dans le contexte de néo-capitalisme. Il faut donc retrouver le juste sens des mots.

Si l’arbre de la pensée libérale possède aujourd’hui mille branches, celles-ci partent toutes d’un tronc commun. Ce tronc, ce concept vieux de plus de deux siècles, est appelé "libéralisme" et désigne une doctrine politique dont le père fondateur est, grosso modo, John Locke et reposant sur certains principes : liberté et responsabilité de l’homme, propriété privé et état minimal chargé uniquement de garantir ces droits ainsi que la sécurité et la justice, bref devant intervenir le moins possible dans la société.

En plaçant les principes libéraux dans le contexte économique, Adam Smith théorise le libéralisme économique. Celui-ci soutient la libre entreprise, la liberté du marché et le fait que l’équilibre du système économique est naturel. L’état doit intervenir le moins possible dans l’économie.

Le capitalisme n’a pas de père fondateur. Il décrit un système économique où sont présent l’entreprise privée, la liberté des échanges, l’importance du capital (accumulé, spéculé), la recherche du profit, la rémunération du travail par un salaire.

Critiquer le libéralisme revient à critiquer le communisme : c’est une erreur car jusqu’à présent aucun régime n’a appliqué concrètement les doctrines de John Locke et de Karl Marx. Locke et Marx prônaient deux modèles de société humaniste dont la seule véritable différence repose sur leur vision de la propriété, privée ou commune. Mais tous les régimes issus de ces doctrines ne furent que des applications déviantes, des essais ratés ; aucun ne réussit la transformation car tous succombèrent à la nature humaine, dont l’une des caractéristiques est l’égoïsme, source des hiérarchies.

Le communisme était conçu pour échouer : Marx avait prévu qu’il était impossible de fonder une société communiste à partir d’une société capitaliste sans passer par une époque de transition, de transformation, époque qu’il appela "dictature du prolétariat". Il ne croyait pas si bien dire ; cette dictature du prolétariat ayant amené, chez toutes les nations qui essayèrent de devenir communiste, un régime totalitaire. A chaque fois un homme ou un groupe s’emparèrent indéfiniment du pouvoir alors que la charge qui leur était confié était de le distribuer à tous.

Le libéralisme échoua aussi mais de manière moins évidente. Sa période de transition fut simplifié car la propriété privée, l’un de ses principes, était déjà une vieille valeur occidentale lorsque les révolutions américaine et française amenèrent la démocratie sur le devant de la scène politique, en remplacement des monarchies. La constitution américaine et la déclaration des droits de l’homme offrirent les principes de liberté et de responsabilité qui manquaient. Mais aussi la république, cette démocratie indirecte où des représentants élus exercent le pouvoir. La première république moderne fut celle de Cromwell en Angleterre : ce fut une dictature. La seconde, aux Etats-unis, réussit à trouver un équilibre. La troisième, en France, amena la dictature impériale de Napoléon. Par la suite, le libéralisme réussit à s’imposer mais avec des concessions imposés par l’état républicain et le modèle capitaliste.

Ces échecs dû à des individualités, donc à la nature humaine, ne fut pas que l’apanage de la politique : il y en eut aussi en économie et le capitalisme en est le plus bel exemple. Le libéralisme économique n’a jamais véritablement existé. Depuis que les orfèvres puis les banques purent accumuler du capital et spéculer, l’économie fut capitaliste – et cette économie était déjà présente du temps de Christophe Colomb. Les formidables progrès techniques du XIXème siècle ne provoquèrent pas l’apparition du capitalisme mais son essor. De même, les sociétés de types libérales n’engendrèrent pas le capitalisme mais le démocratisèrent, lui permirent d’atteindre toutes les couches de la société. Mais le capitalisme n’a pas pour but la recherche du bonheur d’une société mais la simple augmentation du capital. Formidable moteur d’inégalités, le capitalisme fut le cancer du libéralisme juste né, maintenant ce dernier en vie autant qu’il pouvait s’en nourrir.

Le libéralisme et le capitalisme, ce n’est donc pas Dr Jekill et Mr Hyde. Ce serait plutôt un poulailler sans barrières et un renard affamé. Le capitalisme, c’est le détournement de l’économie comme facteur de satisfaction de la société au profit de minorités quelconques, c’est l’antithèse du libéralisme économique tel qu’il fut pensé. Pour autant, le libéralisme est-il possible sans capitalisme ? Difficille à croire : aucune société n’échappe à la nature humaine qui forme naturellement hiérarchies et domination. Le libéralisme a pour but d’empêcher une forme de domination, la domination politique, mais n’apporte aucune solution quand à la domination économique. Le communisme fut la solution proposée par Marx face à cette domination économique, mais cette solution ne fut jamais mise en oeuvre sans provoquer l’apparition d’une domination politique.

La recherche et l’accomplissement d’une société, sinon idéale, juste, est donc encore d’actualité. N’oublions pas, simplement, la base fondatrice de tous les modèles de sociétés qui y travaillèrent : l’humanisme. N’oublions pas aussi la cause principale de leur échec : la nature humaine. Pour citer un auteur en vogue :

"Le capitalisme conduit à des files d’attente devant les bureaux d’assistance publique, à la lutte acharnée pour les marchés et à la guerre. Le collectivisme conduit aux camps de concentration, au culte du chef et à la guerre. Il n’y a pas d’issue à ce dilemme à moins que, d’une manière ou d’une autre, on parvienne à combiner une économie planifiée avec la liberté de pensée, ce qui implique que le bien et le mal ne soient plus des notions proscrites en politique." - George Orwell



50 réactions


  • gruni gruni 6 juillet 2009 10:37

    @ l’ auteur.

    J’ aime bien votre définition imagée du capitalisme et du libéralisme < un poulailler sans barrières et un renard affamé >.En attendant les dindons c’ est nous !

    Merci pour pour votre article très réaliste.


    • 6 juillet 2009 13:09

      Je crois qu’il tient cette comparaison de Marx...


    • Walden Walden 6 juillet 2009 15:50

      En effet cette métaphore du renard est très mordante smiley

      L’article est intéressant en ce qu’il rappelle à juste titre les significations de ces mots que l’on a souvent tendance à confondre, à tort bien entendu, et les rapports conflictuels qu’entretiennent les notions qu’ils désignent.

      Pour aboutir à une société équilibrée, le libéralisme présuppose sans doute le partage de certaines références morales par l’ensemble des citoyens, et principalement la règle de base selon laquelle la liberté de chacun s’arrête où commence celle des autres.

      Or, dans sa logique de recherche du profit, qui ne peut s’accommoder de la prééminence d’aucune règle, le capitalisme n’a cessé de subvertir par tous moyens les principes libéraux.

      Sa corruption du droit libéral la plus efficace fut sans doute, comme l’a justement analysé Chomsky, d’obtenir la reconnaissance de la personnalité juridique pour l’entreprise, en tant que personne morale, tout en la disjoignant de la notion de responsabilité pénale inhérente à toute personne physique (majeure).
       
      Ainsi les trusts ont la possibilité de faire valoir en droit leurs intérêts comme tout citoyen. Sauf que les moyens d’agir s’avèrent en réalité totalement disproportionnés, principalement pour des raisons financières.

      D’où il découle que, sauf à se regrouper en associations, le citoyen peut, en pratique, difficilement faire défendre ses droits face à ces nouveaux seigneurs féodaux que sont les entreprises capitalistes.

      En outre le lobbying est une autre manière de noyauter la démocratie qu’ont trouvé les multinationales pour confisquer la souveraineté populaire.

      Pour autant, comparer libéralisme et doctrine communiste apparaît quelque peut abusif. comme vous le rappelez justement, dès la source (cf. le Manifeste) le communisme revendique la dictature comme moyen de transformation sociale. Paradoxe congénital en ce qu’il prétend pourtant viser à l’émancipation...

      Alors qu’historiquement, la philosophie libérale est née de la remise en question de la tyrannie, à l’époque incarnée par la monarchie absolue, et de ce point de vue on pourrait la faire remonter, avant même Locke, jusqu’à La Boétie. Elle a permis l’avènement, au 18ème siècle, des régimes constitutionnels.

      Le point très contestable de l’exposé est l’explication que donne l’auteur de l’échec de ces idéologies, qui découlerait de « la nature humaine ». Pour conclure de manière aussi catégorique, encore faudrait-il préciser ce qu’on entend par cette terminologie passe-partout.

      S’il s’agit notamment des comportements d’égoïsme, d’avidité, on ne saurait se dispenser de démontrer en quoi ils sont naturels plutôt que culturels, en quoi ils sont nécessairement inclus dans la nature de l’Homme. Cela faisant toute la différence - énorme - entre le possible affranchissement de sa condition actuelle, ou la résignation au fait de son état intrinsèquement corrompu.





    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 19:51

      @ Walden

      Marx ne revendique ni ne souhaite la dictature du prolétariat : sa réflexion l’amène à constater que cette phase de transition est inévitable.

      Le libéralisme et le communisme sont deux pensées humanistes, chacune ancré dans son époque : le libéralisme combattit la tyrannie politique, le communisme la tyrannie économique.

      Effectivement le terme de nature humaine est passe partout et son égoïsme intrinsèque n’est pas démontré ici. Pour cette démonstration, se reporter en particulier aux travaux d’Henri Laborit et au concept de « désir mimétique » de René Girard.


    • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 20:02

      Le communisme, un humanisme dirigé contre la tyrannie économique ?! Au XXe siècle, il existe au moins un bon et vrai marxiste, pieusement présenté comme éclairé et, bien sûr, humaniste, qui l’a exprimée explicitement, en toutes lettres, noir sur blanc. C’est le dénommé Bernard Shaw, écrivain et admirateur forcené de l’URSS. En bon communiste, il revendique non pas le droit au logement, ni aux papiers, ni à l’immigration, ni devant, mais le droit à la liquidation massive des classes (des races ?) nuisibles aux gaz toxiques. En 1930, trois ans avant qu’Hitler n’accède au pouvoir, il écrit, dans The Listener, que le communisme doit réaliser vite, dare-dare, hic et nunc, ce qui deviendra la réalité de l’Allemagne dix ans plus tard. Oui, il incite les chimistes, les hommes de progrès, les scientifiques éclairés, « à découvrir (vite, le plus vite possible) un gaz humanitaire qui cause une mort instantanée et sans douleur, en somme un gaz policé - mortel évidemment mais humain, dénué de cruauté », afin que la Révolution n’ait plus d’opposants, les gaz étant censés plus humains que la balle dans la nuque. Les crimes commis pendant tout le XXe siècle montrent l’identité du socialisme international et du socialisme national. L’un est antérieur à l’autre de plus de 16 ans. Quand Hitler a commencé sa carrière criminelle, il disposait de modèles qui avaient fait leurs preuves et il s’est révélé aussi bon disciple de Marx, Lénine, Trotski que Staline, Mao ou Pol Pot. Telle est la vérité qu’imposent les faits.


    • Walden Walden 7 juillet 2009 09:40

      « Marx ne revendique ni ne souhaite la dictature du prolétariat : sa réflexion l’amène à constater que cette phase de transition est inévitable. »

      Ben voyons ! Amusante réthorique smiley
      Rappelons donc comment mener un raisonnement logique simple, appelé syllogisme :

      Prémisse majeure : « Marx constate que pour établir la société communiste, la dictature du prolétériat est inévitable » (C’est exact, cf. la « critique du programme de Gotha », qu’il a écrit en 1875) ;

      Prémisse mineure : « Marx revendique et souhaite l’avènement de la société communiste » (Il est l’auteur, en 1847, du Manifeste Communiste) ;

      Conclusion implicite nécessaire : « Marx revendique et souhaite la dictature du prolétariat ».

      D’où l’on voit bien que la conclusion inverse que vous formulez est fausse.


    • Walden Walden 7 juillet 2009 09:51

      Le communisme propose de remplacer une tyrannie économique (le capitalisme) par une tyrannie politique (la dictature du prolétariat) ; de plus, il ostracise toute autre origine sociale que le « prolétariat... seule classe vraiment révolutionnaire ».

      Ainsi, il désigne particulièrement à la vindicte, outre bien sûr la bourgeoisie, composée de propriétaires, des « individus à détruire », le « lumpenprolétariat, ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société », terminologie haineuse qui rappelle étrangement celle de la prose antisémite, même si la cible est différente.
       
      Enfin, il en appelle à la violence révolutionnaire comme moyen de la transformation sociale. A mon sens, tout cela suffit pour lui contester absolument le titre de pensée humaniste.


    • Moristovari Moristovari 7 juillet 2009 13:51

      Effectivement ma phrase prête à confusion mais l’idée se tient : Marx n’a pas inventé la dictature du prolétariat, il l’a trouvé (mais pas vraiment théorisé : ce concept est comme celui de la main invisible de Smith : quelques mots parmi des milliers de pages). Il aurait sûrement préféré une transition plus facile mais a fait avec celle-ci. Dès lors, naturellement, comme il a lutté pour l’avènement du communisme, il lutta aussi pour la dictature du prolétariat.

      Humaniste, la doctrine communiste ? Il faudrait définir humaniste, mais faisons sans. Marx a théorisé le communisme en réaction aux dysfonctions du capitalisme pour qui l’homme n’est pas grand chose. Il voulu en finir avec la lutte des classes pour que tous les hommes soient égaux. Il écrivit « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. » et « tous les hommes sont frères », ce qui est proche du libéralisme... Sa pensée est humaniste car l’humanisme fut son fondement : il voulu un monde où les enfants ne travaillent plus et où les profiteurs soient exclus.

      Cependant, cet humaniste fondateur créa-t-il une théorie amenant un monde humaniste ? Évidemment non, mais comme pour le libéralisme : car l’un et l’autre manquèrent d’informations, ils n’eurent pas accès à la psychologie, la sociologie et toutes ces sciences modernes. Dans notre vision du monde plus complète, toutes ces doctrines sont dépassées. C’est pourquoi il existe tant de nouvelles doctrines communistes et libérales : ce sont à chaque fois des adaptations face à de nouvelles informations.

      Je me fais l’avocat de Marx car si l’homme eut des défauts, ce ne fut pas ceux d’idiotie et d’extrémisme aveugle. Effectivement, il accorde trop d’importance à la communauté au dépend de l’individualité. Sur la question de la violence, je me tais : jusqu’à présent l’homme n’a guère trouvé d’autre moyen de se débarrasser d’un despotisme, même aujourd’hui : les grèves, grèves de la faim, pétition, ce sont toutes des formes de violences, des coupures dans l’ordre.


    • Walden Walden 7 juillet 2009 16:27

      Merci pour votre pertinente réponse, néanmoins le désaccord persiste sur 2 points :

      - Les bonnes intentions ne font pas l’humaniste, surtout lorsqu’il considère que la fin veut les moyens, incluant des atteintes graves à ce qu’on appelle aujourd’hui les droits fondamentaux ; vouloir émanciper par la dictature relève de l’escroquerie intellectuelle.
      Pas d’idiotie certainement, mais un systémisme dogmatique et totalisant, qui prétend présomptueusement avoir réponse à tout ;

      - La violence se révèle toujours un pis-aller. Je n’en ai pas la même définition que vous, grève et pétition peuvent certes prendre des formes radicales, mais pas nécessairement violentes. D’ailleurs, je ne pense pas qu’on en légitimerait le droit si tel était le cas.

      Et n’oublions pas que l’indépendance de l’Inde comme l’intégration des Noirs aux USA ont pu aboutir par des actions de masse essentiellement non-violentes. Or, compte-tenu des rapports de force en présence, il n’est vraiment pas certain que des méthodes insurrectionnelles aient pu atteindre ces objectifs - sans même évoquer les nombreuses victimes civiles qui en auraient résulté.



    • Moristovari Moristovari 7 juillet 2009 19:42

      L’humanisme, c’est déjà une vieille affaire, toujours partagée entre ces deux idées : favoriser le bonheur de soi ou le bonheur des autres ? L’utilitarisme de Bentham dit que la meilleure société est celle où se trouve le plus petit nombre de malheureux. En réponse, John Rawl dit que la meilleure société est celle où le plus malheureux l’est le moins. Dilemme. Surtout en ajoutant cette maxime : l’enfer est pavé de bonnes intentions.

      Des systèmes conçus pour avoir réponse à tout, la philosophie n’en manque pas : Kant, Hegel, Comte. Mais elle possède aussi l’inverse : Kierkegaard, Nietzsche, Sartre. Beaucoup ont dit que la science, suprême système dogmatique et totalisant, retirait tout le merveilleux du monde. L’ignorance et le savoir ont chacun ses avantages. Sinon un dogme n’est jamais présomptueux : chacun interprète et personnifie une idée à sa manière et, généralement, se range soit à ses cotés, soit s’oppose à elle. La voie neutre est rare.

      En n’acceptant pas que certains hommes ne puissent avoir certains droit, le libéralisme se pose aussi comme une doctrine universelle, une pensée unique. Le débat sur la burqa en est l’exemple actuel. Au niveau littéraire, il y a un rapport à faire avec la société imaginée par Iain M. Banks, « la culture », moins anarchiste qu’ultra-libérale, se considérant comme la meilleure forme d’organisation sociale, imposant sa tolérance culturelle si besoin par la force.

      Une pétition est symptôme d’un problème. Les pétitions sont rarement efficace car ce symptôme ne fait pas mal à l’organisme, à la société. Il pourrait être efficace si la société n’avait rien d’autre à s’occuper. Mais nos sociétés occidentales souffrent de multiples symptômes et s’occupent d’abord des plus dangereux pour elle. Entre les revendications de millions de manifestants et celles des banques, Sarkozy accorda son attention à celles qui faisaient courir le plus de risque à la république. Et les manifestants n’avaient pas l’air de loups mais de moutons.

      Je ne crois pas que L’Angleterre ait abandonné l’Inde par humanisme ni que le pacifisme de Gandhi y aida beaucoup. La plupart des anglais étaient partis avant 1930, maintenir l’ordre entre hindous et musulmans (peu pacifique entre eux) coûtait cher : mieux valait un pays libre attaché à l’Angleterre par une alliance étroite favorisant les échanges économiques : le Commonwealth. Minoritaires, la violence était pour les Noirs des états-unis un échec assuré. Et, comme Gandhi, les grands leaders Noirs apparurent au temps décisifs.

      Mais quand l’on voit le temps et la sueur qu’il fallu aux Noirs pour obtenir ce droit si simple, si fondamental dans une société par avance démocratique et libérale, qu’est l’égalité, comment penser que le pacifisme aurait eu un effet quelconque en 1789 ? Comment croire qu’à l’heure où le féodalisme économique s’impose, la non-violence pourra ramener l’égalité sur terre ? Triste constat, mais constat avant tout.


    • Walden Walden 8 juillet 2009 11:56

      Je ne pense pas que la question de l’humanisme soit de favoriser le bonheur de soi ou bien des autres, mais, se fondant sur des principes éthiques de justice et de respect mutuel, de prétendre pour chaque être humain aux mêmes droits fondamentaux. Le bonheur est une notion bien floue et trop variable pour l’ériger en idéal rationnel. Saurions nous-ce qu’il peut-être, l’humanisme aspirerait à celui de tous.

      Bien sûr de nombreux systèmes furent conçus pour apporter réponse à tout. Mais tous ne débouchent pas sur un programme politique visant à établir un modèle de société, en tant que tel destiné à s’imposer à tous. En politique, les systèmes totalisants aboutissent aux régimes totalitaires.

      Tout comme l’humanisme, le libéralisme à certainement une vocation universelle, mais ne cherche pas à l’imposer, c’est toute la différence : l’universalisme propose quand le totalitarisme s’impose. Il ne se pose pas comme pensée unique, puisqu’il autorise à penser différemment. Dans une société authentiquement libérale, rien ne peut être imposé que par voie de droit.

      D’autre part, ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui « la pensée unique » recouvre plutôt l’idéologie « néo libérale » des économistes, cache-sexe du capitalisme, que le libéralisme philosophique. Et le débat sur le port de la burqa semble opposer notamment des penseurs-uniques du tout sécuritaire à des partisans des libertés publiques.

      Votre analyse des motifs de l’accession de l’Inde à l’indépendance n’engage que vous. Remarquons cependant qu’elle a été imposée aux britanniques contre leur gré, après un long conflit.

      Enfin, quand vous dites : « Mais quand l’on voit le temps et la sueur qu’il fallu aux Noirs pour obtenir ce droit si simple, si fondamental dans une société par avance démocratique et libérale, qu’est l’égalité, comment penser que le pacifisme aurait eu un effet quelconque en 1789 ? », je pense qu’il ne faut pas tout mélanger : l’action non-violente a pu aboutir vis-à-vis des pouvoirs anglo-saxons (Royaume-Uni comme USA), justement parce qu’il s’agissait néanmoins d’Etats de Droit.
       
      Il est certain qu’a contrario, le contexte des régimes tyranniques n’y est pas favorable. C’eut donc été peu propice en France lors de la monarchie absolue (si l’on avait alors connu la non-violence), tout comme aujourd’hui au Tibet sous le joug communiste.

      « Comment croire qu’à l’heure où le féodalisme économique s’impose, la non-violence pourra ramener l’égalité sur terre ? » Dès lors que nous sommes encore, justement, dans des sociétés libérales, imprégnées de valeurs éthiques, l’action non-violente pourrait s’avérer très efficace. Lorsque nous aurons abandonné ces valeurs pour faire place au seul règne de la force, alors il sera trop tard.


    • Moristovari Moristovari 8 juillet 2009 15:28

      Le libéralisme est un humanisme ; l’humanisme n’est pas le libéralisme. Votre définition de l’humanisme est celle du libéralisme : donc fausse ; la mienne, en une ligne, laisse trop de portes ouvertes. Fermons-en :

      Il n’y a pas qu’un humanisme. Disons que l’humanisme ancien se préoccupa plus de culture - rupture avec le moyen-âge « obscurantiste », retrouvailles des lumières de l’antiquité - et l’humanisme moderne davantage de politique. L’Homme avant Dieu et retrouver la dignité de l’Homme, voilà ses principes. « Bonheur » ou développement personnel, même combat.

      Évidemment, « Bonheur » a un tout autre sens aujourd’hui, celui épicuriste de la recherche du plaisir et l’évitement de la douleur. Ici je rejoint Nietzsche : « La souffrance cherche toujours sa cause alors que le plaisir incline à s’en tenir à lui-même et à ne pas regarder en arrière. » Le plaisir est indispensable mais la souffrance ne doit pas être bannie ni rabaissée : la souffrance permet à l’Homme d’avancer, de s’améliorer. L’éducation, qui aujourd’hui dure une décennie, est une forme de souffrance, mais une souffrance nécessaire : qui voudrait d’une société d’enfants sauvages ? Le libéralisme, imprégné d’épicurisme, mène trop vers cette société.

      Est-ce que les droits de l’homme font partis du libéralisme ? J’en doute : trop restrictifs, idéalistes, totalisant. Que pensait Deleuze des droits de l’homme ? « Ça fait tellement partie de cette pensée molle de la période pauvre dont on parlait. C’est du pure abstrait. » Pour Deleuze n’existe que la jurisprudence, le cas par cas, non-éternel, évolutif. Les droits de l’homme, ces nouvelles tables de la loi, sont figés et figent donc l’homme dans un présent auquel l’avenir ne correspondra peut-être plus. Pascal Salin oppose le libéralisme au constructivisme, qui souhaite améliorer le sort de l’humanité selon un plan prédéfini. C’est ce que font toutes nos républiques occidentales.

      Vous parlez aussi en abstrait, en idéaliste. L’action non-violente peut aboutir dans des États De Droit ? Mais dans combien de cas (vous ne donnez pas d’exemples), ne serait-ce pas plutôt les exceptions qui confirment la règle ? Même si, par certains aspects, je suis d’accord avec Deleuze lorsqu’il dit « toutes les révolutions ont échoués », il reste néanmoins que les idées libérales se sont toujours imposées par la force, tel un vaccin, il fallu un mal pour créer un mieux.


    • Walden Walden 9 juillet 2009 11:48

      « Votre définition de l’humanisme est celle du libéralisme : donc fausse » ; je ne pense pas, cf. par exemple cet article qui me semble assez pertinent :
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Humanisme

      « Est-ce que les droits de l’homme font partis du libéralisme ? J’en doute »
      Pourtant il y
       a des passerelles philosophiques avec l’humanisme, notamment sur cette question :
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Liberalisme

      NB : Si les Droits de l’Homme ont une vocation universelle, encore une fois ne confondons pas avec totalisant (cf. + haut). En effet ils peuvent apparaître figés et sont potentiellement perfectibles. Cependant, dans le contexte réactionnaire actuel, vouloir les modifier comporterait d’abord le risque d’en amoindrir l’ambition.

      Je ne partage pas votre vision caricaturale de l’éducation libérale, qui aboutirait à produire des « enfants sauvages ». Une des clés de l’éthique libérale est la notion de responsabilité. Une éducation authentiquement libérale devrait permettre au sujet d’accéder à l’autonomie - mais vous me taxerez encore d’idéalisme smiley (sourire).

      « L’action non-violente peut aboutir dans des États De Droit ? Mais dans combien de cas (vous ne donnez pas d’exemples) » : que si, voir plus haut, et non des moindres. Certes cette stratégie révolutionnaire a été sous-investie jusqu’à présent (il faut dire qu’elle reste passablement ignorée, tant on y fait que rarement référence, contrairement aux émeutes...), c’est pourquoi l’on en a peu d’exemples. Pour autant, les quelques uns qui existent sont parlants.

      Merci pour cet échange smiley


  • morice morice 6 juillet 2009 10:38

    Le communisme était conçu pour échouer : Marx avait prévu qu’il était impossible de fonder une société communiste à partir d’une société capitaliste sans passer par une époque de transition, de transformation, époque qu’il appela « dictature du prolétariat ». Il ne croyait pas si bien dire ; cette dictature du prolétariat ayant amené, chez toutes les nations qui essayèrent de devenir communiste, un régime totalitaire. A chaque fois un homme ou un groupe s’emparèrent indéfiniment du pouvoir alors que la charge qui leur était confié était de le distribuer à tous.


    ah ah ah ... revoilà le grand penseur agoravoxien, venu déverser sa prose habituelle, celle d’un anticommunisme viscéral, digne de la droite la plus dure. Le marxisme, au contraire de ce que vous affirmez n’a pas « été conçu pour échouer » : c’est tout le contraire avec une phase intermédiaire obligatoire, qui, si on veut l’accélérer inclus la dictature du prolétariat qui n’a jamais été mise en place nulle part : les dérives dont vous parlez sont l’œuvre d’hommes d’appareils. Bref, votre connaissance du marxisme se résume à un CLICHE, rien d’autre. Même un élève de première en sait davantage. A partir de là, votre prose n’a donc aucun intérêt. Le marxisme n’a jamais eu autant de lecteurs que ces derniers mois : oui, Marx avait prévu l’inexorable mondialisation, dûe à la quête sans fin de profits supplémentaires. Oui, Marx avait PREVU l’effondrement obligatoire et inéluctable du capitalisme, ce à quoi on assiste à ce moment même.Oui, Marx est d’ACTUALITE, comme jamais il ne l’avait été. Et oui, votre « pensée » est celle d’un bon vieux réac, celle d’un rentier (suisse !) et non celle d’un travailleur. Marx avait raison, et vous, vous avez tort.

    • Julius Julius 6 juillet 2009 11:30
      > La dictature du prolétariat qui n’a jamais été mise en place nulle part : les dérives dont vous parlez sont l’œuvre d’hommes d’appareils

      Vous pouvez dire la même chose à propos de toute idéologie, de tout système politique. En fait, le nazisme n’a jamais vraiment existé. Le nazisme a été détourné par les mauvais dirigeants. Semble-t-il absurde ? Certainement oui. Tant que votre apologie du communisme.

      > Le marxisme n’a jamais eu autant de lecteurs que ces derniers mois

      Comme Mein Kamf smiley


  • morice morice 6 juillet 2009 10:49

    avant de citer Orwell, lisez donc ça :


    Orwell a longtemps cru, au moins jusqu’à la rédaction de 1984, que toute guerre pouvait avoir des vertus salutaires, au niveau humain et politique. A l’inverse de ceux qui estimaient que la guerre était la continuation d’un état de chose par d’autres moyens, il voyait en elle une brisure, un moment paroxystique où les individus et les communautés vivent dans un état supérieur, sont révélés par l’épreuve et où, en d’autres termes, Dieu peut reconnaître les siens. Et c’est en Espagne qu’il commença à réfléchir au rapport entre la guerre et la révolution. Il pensait alors, contrairement, par exemple, à de nombreux trotskistes anglais, qu’il fallait d’abord se débarrasser du fascisme avant de faire la révolution dans les démocraties bourgeoises. Il semble moins dogmatique sur ce point en 1940. Une révolution et la guerre peuvent être concomitantes. Et il estime alors qu’une révolution (anti-bourgeoise évidemment) pourrait surgir de la guerre grâce aux qualités intrinsèques du peuple anglais. La guerre et la révolution pourront remettre les choses en place. Les inutiles, les inefficaces, les privilégiés disparaîtront. Les compétences populaires pourront s’exprimer. Le peuple en sortira humainement enrichi :

    We have moved with glacier-like slowness, and we have learned only from disasters (II 109).

    Dans la lutte, il n’y a pas la droite et la gauche, la bourgeoisie et la classe ouvrière, mais les combattants et les partisans de la démission. Le peuple victorieux saura être magnanime. Pas de procès pour les criminels de guerre demande, dès 1943, Orwell lucide et visionnaire :

    Tyrants [should be put to death] by their own subjects ; those who are punished by a foreign authority, like Napoleon, are simply made into martyrs and legends (II 368).


  • logan 6 juillet 2009 10:58

    Dès le départ de l’article vous avez tord. Vous nous expliquez que la définition des mots est importante, puis vous nous présentez la vôtre, hors vous oubliez que la définition des mots est importante, certes pour se comprendre, mais aussi parce que c’est à ce niveau déjà que commence la bataille idéologique, au niveau sémantique. Hors c’est ce que vous faites ici, vous ne nous donnez pas une définition universelle de ces mots, cela n’existe pas, vous nous donnez VOTRE définition de ces mots et vous trouverez déjà de nombreuses personnes pour ne pas être vraiment d’accord avec vous.

    En essayant d’imposer l’idée que votre définition de ses mots est la vérité et en taisant l’existance de toute bataille idéologique au niveau de la sémantique, vous tentez d’imposer de force votre opinion et vos idées et forcément cela rend très désagréable la lecture de votre texte.

    Bon ça c’était sur la forme, sur le fond vos théories me sembles être particulièrement caricaturales et grossières, il y a des raisons pour que le communisme ait échoué et je ne pense pas que ce soit celles que vous mettiez en avant qui fleurent bon effectivement l’anti communisme primaire et cet amalgame grossier entre dictature du prolétariat ( le prolétariat à l’époque représentant 99% de la population ) et les réelles dictatures qu’il y a eu dans les différents régimes communistes.

    Moi ma théorie c’est que ces différents régimes, soumis à des guerres, souvent des guerres civiles, ne disposaient pas des protections nécessaires au niveau des institutions mises en place de manière transitoires pour empécher que le pouvoir soit accaparé par une minorité à un moment ou à un autre.

    Le libéralisme en réduisant l’état, alors que c’est le seul moyen de protéger nos libertés, me semble être encore pire au niveau des dangers de dérives.


    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 15:23

      D’accord sur de nombreux points. Quand une argumentation portant sur des concepts compliqués et au sens indéfini comme libéralisme et capitalisme ne fait que quelques dizaines de lignes, ce ne peut être une vulgarisation, juste une caricature. Mon article n’y échappe pas, chaque phrase résumant un livre. Ma pédagogie est donc indirecte : je ne veux pas qu’on me croit mais qu’on s’instruise.

      Le libéralisme est un peu un anarchisme pensé comme viable. Mais l’est-il vraiment ? L’Histoire risque de nous prouver le contraire. Quand au communisme, je n’attribue pas ses échecs à sa doctrine, inappliquée, mais à la « nature humaine » tel que théorisé par Henri Laborit et autres : naturellement hiérarchisante. Recréez le jardin d’Eden et attendez un siècle ou deux : il sera devenu l’enfer.


    • Lucien Denfer Lucien Denfer 19 juillet 2009 15:11

      Pédagogue en plus il professore, rien que ça. un salmigondis blablatesque...


  • morice morice 6 juillet 2009 11:18
    comment peut-on citer Orwell et en même temps admirer Soral ??

    Par Moristovari (xxx.xxx.xxx.122) 20 mai 15:35
    Assez peu convaincu par l’article, coup de gueule peu réfléchi, mieux par certains textes de Soral, entre autres exemples. La seule raison d’être du féminisme fut de doubler le nombre de travailleurs et de consommateurs dans les pays capitalistes, donc d’augmenter productivité et croissance. Le reste est littérature.

    L’auteur n’est pas à une contradiction près ici, à se gargariser de ce qu’il écrit : là le communisme c’était... plutôt BIEN :

    Par Moristovari (xxx.xxx.xxx.125) 31 mai 20:34
    Le problème est qu’après un demi-siècle de propagande capitaliste, le mot « communisme » me paraît définitivement entré dans la conscience humaine comme un synonyme de fascisme - et non le moindre. Je suis donc très sceptique quand à la réussite électorale ou révolutionnaire du communisme, quel que soit ses moyens et bonnes intentions. Il faudrait auparavant que le communisme retrouve son sens originel et cela présuppose beaucoup d’effort et le passage de quelques générations.

    sur Dieudonné, ça vaut le détour aussi : notre gloseur de salon y révèle le fond de sa pensée : 

    Dieudonné est un humoriste formidable, de la trempe d’un Desproge - le style en moins mais la chair en plus. Son sketch chez Fogiel ne fut pas l’erreur de sa carrière ou un mauvais tour du destin. Avant ou après l’événement, c’est toujours le même humour, la même patte. Qu’il mêle désormais à ses sketchs des messages loin d’être insensés peut déplaire aux abrutis du rire, ceux qui le portèrent aux nues avant d’en faire le Dreyfus noir, les autres prendront le beurre et la crémière si elle leur plaît. Pour l’argent du beurre, Dieudonné l’a depuis longtemps sacrifié sur l’autel de ses convictions.

    Bref, Faurisson c’est le pote à Desproges....

    sur mai 68 ce n’est guère mieux :

    Je crois que beaucoup, tant sur Agovarox que dans la vraie vie, attendent ce déchaînement de violence comme le messie. Mentalité d’étudiant, mentalité mai-68, un oeil ouvert sur le monde, un autre dévoué à leur pulsions. Esclave de soi, tyran des autres.

    bon allez, l’auteur de génie à aussi des idées sur d’autres que Soral ou Dieudonné :

    Par Moristovari (xxx.xxx.xxx.13) 2 juillet 16:47
    Autant juger l’homosexualité n’a pas de sens, autant juger la culture qui dit s’y rapporter est aisé : celle-ci s’inscrit parfaitement dans la longue lignée des cultures décadentes. Fruit pourri parmi les derniers issus du vieux chêne de la civilisation occidentale depuis que celui se meurt sous les coups de la hache capitaliste, la culture gay ne possède d’autre unité que la bêtise et la provocation, à la manière de nombreuses communautés originales apparut au cours du dernier demi-siècle. La culture gay n’existe que par le capitalisme pour le libéralisme et s’éteindra avec.

    mais le pompon de notre grand penseur de salon c’est ça :

    Par Moristovari (xxx.xxx.xxx.217) 28 juin 17:35
    Et oui, 1984 est devenu le petit livre rouge du contestataire lambda. On le lit comme la bible, sans se soucier d’aller plus loin dans la réflexion : on aime la peur, on aime l’adrénaline qu’elle engendre, les pulsions morbides qu’elle réveille. Quand on a pas les moyens de faire des sauts en parachutes, on rumine cette peur bon marché que sont les théories du complots, on attend l’apocalypse nucléaire comme une petite vieille. Et, peu à peu, à force d’excès, on sombre dans la paranoïa.
    Le marketing de la peur est moins une réalité voulue par les gouvernements et les médias qu’une réponse à un besoin désiré par les citoyens. Le nihilisme à encore un bel avenir devant lui.

    Moristovari, gloseur d’argoravox. Un jour les lecteurs d’Orwell sont des crétins, un autre jour on en fait sa citation... Ça va le gargarisme ?

    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 15:27

      Cher diminutif pseudonymique,

      Parce que mes idées combattent souvent les vôtres, vous utilisez à votre profit la démagogie et la désinformation que par ailleurs vous ne manquez jamais de dénoncer dans vos articles. Darwin critiquerait cette sélection naturelle des idées si facile et courante.

      « Les convictions sont des prisons ». C’est pourquoi il faut réfléchir par delà les préjugés, par delà bien et mal : il n’y a pas le gentil Marx et le méchant libéral, il n’y a pas le méchant Soral et le gentil Orwell. Deleuze avouait aimer Benny Hill, je fais de même avec l’humour de Dieudonné. La culture n’est pas une protection contre la paranoïa et la démagogie, n’est ce pas ? Orwell le pensa aussi :

      « Les intellectuels sont plus enclins à avoir une mentalité totalitaire que les gens du commun. »


  • keith 6 juillet 2009 12:11

    Critiquer le libéralisme revient à critiquer le communisme : c’est une erreur car jusqu’à présent aucun régime n’a appliqué concrètement les doctrines de John Locke et de Karl Marx. Locke et Marx prônaient deux modèles de société humaniste dont la seule véritable différence repose sur leur vision de la propriété, privée ou commune.
     

    cher Monsieur,

    Mettre libéralisme et communisme sur le même plan... Vivons nous dans le même monde ?
    Vous conviendrez j’espère qu’il existe tout de même une différence fondamentale entre les deux : le premier tente de convaincre là où le second ne s’est jamais imposé que par la force.

    En conséquence, si aucun régime n’a vraiment réussi à obtenir une vraie société libérale, c’est tout bonnement parce que les gens n’en voulaient pas. Alors que si aucun régime n’a réussi à obtenir une société communiste, c’est parce que c’est impossible.


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 13:03

      Keith :
      « Mettre libéralisme... » « le premier tente de convaincre »

      Si vous aviez suivi un peu la presse, vous seriez peut-être tombé sur une analyse de sociologue qui analysait les violences des « altermondialistes » en notant qu’elles mobilisaient de plus en plus de monde.
      Le sociologue en arrivait logiquement à la conclusion que seule la voie de la violence restait possible face à l’exploitation des systèmes démocratiques.

      Peut-être y a-t’il pire que la violence physique... ?


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 13:11

      Il est d’ailleurs bien connu que les « forces de l’ordre » passent leur temps à convaincre les altermondialistes d’aller en prison...


  • keith 6 juillet 2009 13:14

    cher plancher,

    Voila une réaction qui me paraît très démocratique...
    quant aux analyses des sociologues ma foi vous avez sans doute raison, je n’y attache peut être pas l’importance qu’elles méritent.
    Par ailleurs, le recours à la violence face à l’« exploitation » ne me paraît pas être une idée qui nécessite de suivre l’actualité pour être découverte. Je crois qu’un certain Karl Marx y avait déjà songé, avant même que la mondialisation ne prenne ses proportions actuelles.
    En conclusion, voila un sociologue qui a très bien compris comment faire du neuf avec du vieux.

    bien a vous,


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 14:01

      Vous me pardonnerez de ne pas connaître Marx plus que par la renommée, la politique m’intéresse fort peu. A tort peut-être.

      En parlant de démocratie, là, par contre, il semble que nous soyons justement sur un des sites les plus démocratiques qui soit. D’où peut-être son nom, qui n’est pas sans rappeler la fameuse assemblée dans laquelle les lois étaient votés, en Grèce Antique.
      Ainsi, chaque paysan venant voter recevait-il un dédommagement de sa journée perdue aux travaux des champs....
      Etonnant, non ?
      Nous nous retrouvons par contre maintenant dans une société dans laquelle les politiques sont « élus » venant de partis financés par des groupes fortunés et peuvent donc développer une manipulation de foule apte à les faire élire....
      Convaincre.... peut-être. Mais abuser.... et vous remarquerez que le mouvement est allé vraiment très loin.
      (oui, j’ai oublié de vous signaler que mon métier consiste à déjouer les manoeuvres commerciales, et, sans me vanter, je suis assez bon, voire redoutable)

      Ainsi, à l’apogée d’un système capitalo-financier qui a abuser de son pouvoir, je dois vous avouer qu’un 1789 me ferait un plaisir non dissimulé.
      J’ai horreur des trop grands déséquilibres, et l’abus de pouvoir, on finit toujours par le payer. (dans tous les sens du terme)

      J’ai aussi découvert le système du balancier trés jeune....
      (vous allez me trouver tous les défauts imaginables, mais tant pis, j’assume)

      Bien à vous.


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 15:19

      Je propose d’ailleurs un concours des plus mal convaincus.

      Et vu la montée des violences un peu partout, on risque d’avoir du mal à les départager.


    • keith 6 juillet 2009 15:32

      cher plancher,

      Vous exagérez. Dans une démocratie, il ne faut convaincre que la moitié de l’électorat plus une personne pour avoir le droit de mettre ses idées en place.
      Et si certains professeurs ne se trouvent pas cette fois ci du coté des vainqueurs, qu’ils se rassurent, ils pourront voter en 2012 pour voir leurs idées au pouvoir.
      Malheureusement pour eux, il leur faudra d’ici la prendre leur mal en patience.


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 16:37

      Que la moitié.... vous ne savez pas à quel point vous faites bien d’en parler.

      Car je suis responsable (oui, j’ose avouer ma faute...) d’avoir fait adhérer un groupe d’intellectuels à la majorité des 2/3.
      L’animation et la longueur des débats que cela a entrainé reste marqué dans les annales....
      Bof... démocratique un jour, démocratique ....

      Mais il faudrait néanmoins que vous reconnaissiez que vous avez été le premier à utiliser le mot « convaincre »....
      Et le mettre en apanage du libéralisme..... Vous êtes allé tout aussi loin.


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 17:26

      Et je vais aller jusqu’au bout de ma pensée.
      Un article trouvé dans la presse française sur les paradis fiscaux :

      « Pis encore, le rapport ajoute que les exemples ne manquent pas »de destruction délibérée d’institutions destinées à prévenir les sorties illégales de capitaux, de pressions exercées contre des fonctionnaires afin qu’ils négligent leur mission sans parler de l’assassinat de ces fonctionnaires«  »

      Non non. Le libéralisme capitaleux n’entraine pas de violence....
      Les autres ne sont pas convaincus, c’est tout.


    • keith 7 juillet 2009 10:18

      cher plancher,

      Quand arreterez vous ces facheux amalgames ? Il ne suffit pas de faire la liste de tous les maux du monde et de les chapeauter par le terme de « capitalisme » ou « libéralisme » pour emporter l’ adhésion.

      Le terme « convaincre » que j’emploie à propos du libéralisme signifie qu’un régime libéral n’a jamais imposé ses idées par la force. S’il l’avait fait, il aurait par la même perdu son caractère libéral.

      La démocratie impose parfois d’agir en contradiction avec les idées de certains. C’est une « violence légitime » pour paraphraser qui vous savez., mais pas indolore pour autant.

      A vouloir contenter tout le monde, l’« Etat plancherdesvaches » sombrerait dans l’immobilisme.

      Un discours tel que le vôtre constituera toujours le privilège de ceux qui n’ont en charge que leurs propres intérêts.

      Cordialement,


  • Julius Julius 6 juillet 2009 16:08

    Les idéologies politiques, les bases des régimes totalitaires, suivez toujours un scénario simple :
    1) On commence avec un principe simple. Justice sociale, préférence nationale, spiritualité religieuse,....
    2) Ils déclarent ce principe absolu, non discutable.
    3) Ils construisent le modèle abstrait de la société fondée sur ce principe.
    4) Ils organise la société pour mettre en œuvre leur modèle abstrait. Malgré la volonté du peuple.
    À ce moment, le totalitarisme (le communisme, le nazisme, l’islamisme ,...) est né.

    Le capitalisme et le libéralisme sont différentes :
    1) Le capitalisme n’est pas fondé sur un principe abstrait. Les théories du capitalisme ont été formulées a’posteriori, lorsque le capitalisme a déjà existé. Le capitalisme est le style de l’organisation de la vie économique. Il est apparu à un certain stade de l’évolution humaine et il peut disparaître dans l’avenir, remplacé ou modifié.
    2) Le libéralisme est un principe abstrait. Mais la nature du libéralisme interdit son absolutisation. Lorsque vous déclarez le libéralisme comme une idéologie absolu, non discutable - vous tuez le libéralisme. Libéralisme absolu n’est pas le libéralisme. Par nature, le libéralisme est relative.


    • taktak 6 juillet 2009 17:34

      " Le libéralisme est un principe abstrait. Mais la nature du libéralisme interdit son absolutisation. Lorsque vous déclarez le libéralisme comme une idéologie absolu, non discutable - vous tuez le libéralisme. Libéralisme absolu n’est pas le libéralisme. Par nature, le libéralisme est relative."
      Elle est pas mal celle là ! Je vais réfléchir à faire un bouquin sur les perles des libéraux

      bref...

      Sinon 5 choses :
      1°) votre idéalisme fleurte avec le spiritisme. les principes économiques du capitalisme dès l’origine sont parfaitement connus (mais non théorisés) par les capitalistes. Il n’est point besoin à une pomme de connaitre la loi de la gravité pour tomber !
      2°) le capitalisme repose sur un principe concret : l’interet pour chaque capitaliste d’accroitre son capital par l’extraction de la plus value.
      3°) Le capitalisme n’a pas interet à conscientiser ses principes de fonctionnement (exploitation de l’homme par l’homme etc...) au risque de déclencher une lutte des classes. C’est pourquoi, il se réfugie derrière des explications morales (les droits de l’homme à géométrie très variables) ou idéalistes (la main invible des marchés, le principe d’équilibre décrété entre l’offre et la demande...)
      4°)Le nazisme (le fascisme au sens large) est une forme de capitalisme. Comme quoi, le capitalisme est un totalitarisme plus ou moins flagrant.
      5°) Votre anticommunisme vous aveugle. Soit vous possédez un capital, et le marxisme est votre meilleur allié pour faire des profits, à ce moment là votre preche libéral est bien compris. Soit vous n’en possédez pas, et votre dévotion au libéralisme vous fait espérer un miracle. Dans ce cas, désolé, mais pas plus Maddoff que la spéculation n’ont créé de richesses.

      On est d’accord sur un point : le capitalisme est un modèle économique, apparu à un stade de l’évolution des sociétés humaines qui peut être remplacer.

      Qui doit être remplacé.


  • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 17:48

    Je m’amuse assez de toujours lire les mêmes ânérismes concernant le libéralisme et le capitalisme, qui aurait prétendument échoué. Le formidable essort de ces derniers siècles est sans doute arrivé par l’opération du saint esprit, ou par les fumeuses « forces productives » de Marx.
    Si c’est un échec, je me demande ce qui est une réussite. Cependant, rien n’est certain, et quelques crétins fanatisés peuvent toujours détruire une civilisation, comme ils l’ont déjà montré en Allemagne, Russie, liste à compléter vous-même.


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 18:06

      Aux US aussi.


    • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 18:12

      Recalé, élève Planchers des Vaches. Redoublement.


    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 19:14

      Rectification, Le péripate : le libéralisme a échoué car le capitalisme a réussit.


    • plancherDesVaches 6 juillet 2009 19:58

      Messieurs, si vous trouvez que ceci :
      http://www.alencontre.org/debats/CriseCarroue06_09.html
      est une réussite, je veux franchement bien être un recalé du libéral-capitalisme. Si si.

      Manque de chance, la vague va me toucher aussi.
      Vous devez être trop hauts pour qu’elle vous touche. Méfiez-vous néanmoins de ne pas subir d’éclaboussures.


    • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 20:10

      S’il y a plus de bien-être aujourd’hui qu’hier, c’est bien parce que jusqu’à présent les Etats Leviathan ont échoué à tout confisquer. Le capitalisme, en soi, n’existe pas. Il n’y a que des entrepreneurs, des hommes qui mettent en pratique non pas une idéologie, mais un savoir surgi de manière imprévisible de l’évolution humaine. Le libéralisme n’est que la découverte fortuite du bien qui advient quand le pouvoir du souverain est sévèrement borné.


    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 21:49

      Qu’importe que le pouvoir soit dans des mains politiques ou économiques : au final seule une minorité en profite. Qu’on appellent les favorisés nobles ou bourgeois, pour moi c’est la même chose : des maîtres d’esclaves.

      Plus de bien-être aujourd’hui qu’hier ? Relativisons : la terre n’avait guère plus de 1.5 milliard d’habitants en 1900, en 2000 elle en porte 6.5. Aussi : quelle part de la population mondiale profite des bienfaits du libéral-capitalisme ? Peut-être la même part qu’en 1900, peut-être moins.

      Niveau spirituel, on a troqué Dieu pour les anti-dépresseur. Niveau emploi, le secteur des services a explosé au détriment de la production : résultat, pour compenser, il fallu que la production augmente son rendement, découvre le travail à la chaîne. On passa de quarante heures à trente-cinq : si cela satisfait l’employé des services - bureau, à la personne -, la fatigue du producteur n’est pas diminué.

      Il n’y a pas vraiment de libéraux et de capitalistes, juste des favorisés et des délaissés - c’est la noyau dur de la lutte des classes. Aujourd’hui, il est vrai que les favorisés sont plus nombreux qu’hier. Mais seulement dans nos sociétés occidentales. Et comme en tout temps, les favorisés jouissent sans partage de l’effort d’une minorité et se voile les yeux sur ces derniers, abandonnés à leur sort - car il faudra toujours des producteurs.

      Féodalisme, capitalisme : drôle de progrès.


    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 21:57

      Erreur de ma part : vu que les favorisés occidentaux jouissent du travail des producteurs du monde entier grâce à la mondialisation, on ne peut dire qu’ils profitent d’une minorité. Au contraire, chaque favorisé profite toujours du travail de dix, vingts, cents autres êtres humains : nous n’avons vraiment guère évolué depuis la révolution industrielle. Progrès, vraiment ?


    • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 22:53

      Pour des stats qui permettent de dépasser le niveau brèves de comptoir, le site Gapminder.


    • Moristovari Moristovari 6 juillet 2009 23:09

      Niveau brèves de comptoir, il faudrait peut-être argumenter au lieu de lever le coude...


    • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 23:21

      Ne pas argumenter aurait consister à juste affirmer que tout va bien. Au lieu de cela, je fournis un lien vers un site on ne peut plus sérieux. Que vous faut-il de plus ? Vous avez la liberté de faire comme un chercheur, agencer les données entre elles, les animer, et même mettre vos propres données si vous en avez de « meilleures ».
      Quant à « lever le coude », j’imagine que c’est un mauvais procédé rhétorique qui consiste à dire que je suis ivre. Je doute que cela soit convainquant. Enfin, c’est vous qui choisissez.


    • ASINUS 7 juillet 2009 06:46

      « vu que les favorisés occidentaux jouissent du travail des producteurs du monde entier grâce à la mondialisation, »

      @moristavaei

      permettez moi d arguer que nous sommes quelques un à jouir surtout de leur
      concurence


    • Moristovari Moristovari 7 juillet 2009 13:55

      « Lever le coude », c’est surtout une correspondance avec votre avatar... un emmerdeur stoïque, un esprit libre... comme souvent, le produit n’est pas à la hauteur de l’emballage...


  • ASINUS 6 juillet 2009 21:09

    «  Le libéralisme n’est que la découverte fortuite du bien qui advient quand le pouvoir du souverain est sévèrement borné. »


    yep comme dans Dickens voila une société qu elle etait libérale

    ce qui fait « braire » avec vos différentes demonstrations
    capitalisme , liberalisme , communisme c est que ma place est toujours celle du cocu
    et je suis poli, aussi je me permet de vous soumettre ma version « asnerie » dirais le peripate


    « le liberalisme n est que la decouverte voulue du mal qui advient quand le pouvoir du
    souverain n est pas séverement burné »

    asinus ne varietur : hi han


    • Le péripate Le péripate 6 juillet 2009 21:19

      Sincèrement, je vous aime bien Asinus. Enfin, votre humour, pas vos idées. La vie n’est pas facile, et il est si tentant de rejeter nos faiblesses ailleurs.


  • ASINUS 7 juillet 2009 06:53

    bonjour

    yep pas de malentendu Le peripate , quand je dis « nous ici en bas » il ne s agit pas
    d un lamento , ce que nous sommes et vivons nous en occident releve a mes yeux pour une bonne part de nos propres décisions « voir abscence de décisions » .Simplement en précisant socialement « d ou je parles » je pense rendre plus explicite mes propos.


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