samedi 20 février 2010 - par Brath-z

Qu’est-ce que le populisme ?

 Je me définis comme populiste.

Mais que veut dire ce vocable abscons ?

Si vous écoutez Serge July, Robert Ménard, Bernard-Henri Lévy et d’autres représentants du « microcosme parisien », vous apprendrez que le populiste est l’infâme bateleur qui, dans un but électoraliste, dispense des idées propres à saisir les bas instincts du peuple. Pardon, de la populace. Cette vision s’accompagne, d’une manière assez évidente, d’une bonne dose de mépris à l’encontre de qui travaille dur pour gagner tout juste de quoi vivre. Mais ce n’est pas là du mépris envers le travail ou le travailleur. Simplement du mépris envers qui n’a pas lieu Nietzsche ou Heidegger, parce que pas le temps ni l’envie (en général, après 8h sur une machine, on est pas en condition de se fader un chapitre d’Être et Temps). On comprend dès lors pourquoi, pour un tel mode de pensée, le populiste soit considéré comme un danger publique : il menace la civilisation de décadence en rendant la vulgarité du populo menaçante pour le raffinement de l’élite.

Dans une perspective un poil plus large, on peut prendre la définition que donne Christophe Alévêque pour « démagogue » : « Hypocrite individu qui n’hésite pas à confondre le bien du peuple avec les revendications du peuple. » Si Christophe Alévêque donne à cette définition un sens positif, il n’en relève pas moins malgré lui la vision du peuple d’une certaine partie de ce que l’on nomme « élite » en France : le peuple est un tout, avec des tripes imposantes et une tête minuscule et difficile à trouver. Le peuple à des besoins et des désirs, mais comme c’est un grand enfant un peu niais et qu’il n’a pas conscience de la réalité des choses, il ne sait pas ce qui est bon pour lui. Le démagogue (ou le populiste, contre toute réalité historique et sémantique, les deux mots sont interchangeable, de nos jours) est celui qui donne raison au peuple en confondant désirs du peuple et besoins du peuple. Cette position est souvent qualifiée de « solution de facilité » car elle empêche les déconvenues électorales et la grogne populaire (en théorie). A noter qu’un homme d’état qui refuse de réviser certains principes d’airain sous la pression des groupes de pression et des partenaires internationaux (ce qui est, convenons-en, une solution de facilité) n’est, lui, pas un populiste, vu que céder aux avances de l’élite n’est pas céder aux avances du peuple, et ne saurait être une mauvaise chose.

L’épithète « populiste » est attribuée au représentant de la gauche « charbon et acier » aussi bien qu’à celui de la droite « camembert et vin rouge », toujours par le libéral moderne et éclairé. C’est donc une étiquette infamante qui ne correspond ni à un positionnement politique ni à une orientation idéologique précise. Un gadget, un gimmick destiné à l’anathème.

Mais dans le monde réel, le populiste, c’est l’adepte d’une doctrine politique : le populisme.

Le populisme n’est pas un discours (ce n’est parce que Georges Frêche a de la gouaille et du bagout qu’il est un populiste) mais une orientation politique héritière d’une longue tradition.

Historiquement parlant, le populisme nous vient de l’empire romain. Plus précisément, il est le reste de l’affrontement au sein de l’empire entre ce que l’on a appelé rétrospectivement le « parti sénatorial » et le « parti populiste ». Le premier est constitué par l’ensemble des sénateurs et des électeurs de l’Empire, par delà les oppositions et les divergences d’idées et de principes. Le second par l’immense majorité des citoyens de l’empire. Le représentant de cet ensemble d’individus est, théoriquement, l’empereur (Imperator, Princeps, Augustus). Le sénat et l’empereur ne sont pourtant pas opposés. Le premier dirige l’état, mène les campagnes militaires et possède de nombreuses prérogatives en matière de religion, le second vote les budgets, administre les provinces, etc. Les deux éléments sont essentiels à la pérennité de l’empire. Ils se trouvent parfois en concurrence, mais rarement en opposition ouverte.

Le rôle de l’empereur n’est donc pas de donner raison au peuple contre le sénat et les électeurs, mais d’empêcher les abus de ces derniers et de préserver les intérêts du peuple. Pour prendre une métaphore organique, je dirais que la tête est chargée d’empêcher les organes principaux (coeur, foie, cerveau, poumons), tous essentiels, de s’accaparer tout le sang, ceci dans le but que le corps tout entier fonctionne bien. Cette alliance objective entre la tête de l’état et le corps de la société est reprise telle quelle dès la fondation du Royaume de France par Hugues Capet. Ce que l’on a nommé « pacte capétien » (un acte fondateur de notre nation, au passage) pose le principe du bon gouvernement du roi de France, lequel consiste en la préservation des intérêts de ses sujets face aux velléités de ses vassaux (Grands du Royaume puis noblesse).

L’absolutisme royal de droit divin ayant marqué une rupture de ce pacte (théoriquement, si le roi n’œuvrait pas pour le bien de ses sujets, il pouvait être destitué), le retour de cette conception pendant et après la Révolution française s’est fait sur de nouvelles bases. Ce sont sur ces bases que s’est fondé le populisme moderne.

Alors que sous la royauté d’Ancien Régime, le lien établi est celui d’une domination pleine et entière du roi sur ses sujets accompagnée d’une protection des faibles et des humbles, après la Révolution, le lien d’inégalité est inversé. La tête de l’état doit oeuvrer dans l’intérêt du peuple non pas par obligation morale envers plus faible qu’elle sous sa responsabilité, mais par obligation contractuelle envers la seule origine possible de la légitimité politique. C’est, quelque part, un retour aux sources du Royaume des Francs, lorsque le roi, choisi par les Grands, se voyait sans cesse rappeler par ses mandataires "qui donc t’a fait roi ?", la différence principale étant que, désormais, les mandataires sont les citoyens. Cette nouvelle situation, ni la Restauration, ni la monarchie de Juillet, ni les deux Empires n’ont pu y passer outre, et elle forme un principe de base du régime républicain, merveilleusement exprimée par l’idée du peuple souverain.

Quels sont les principes du populisme ? L’élu, mandaté par le peuple, doit avoir à cœur à tout instant de préserver les intérêts du peuple, il doit lutter contre les injustices et les privilèges que l’ « élite » – et c’est bien normal – souhaite obtenir et entretenir. Pour ce faire, le sens de l’état et une certaine fibre populaire ne sont pas inutiles.

En fait, ce que souhaite l’immonde, l’infâme populiste, c’est que le gouvernement, quel qu’il soit, œuvre pour le bien publique (et non pas pour le bien du public). Comment dit-on, déjà, « bien publique » dans cette langue ancienne qui fut longtemps parlé sous nos latitudes ? Res publica.

En somme, le populiste, c’est avant tout un fervent républicain.
 


44 réactions


  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 20 février 2010 10:03

    Vox populi, vox dei.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 11:03

      Il est vrai que la sanctification de la « parole du peuple » (je n’ai personnellement jamais fait l’expérience d’un groupe humain parlant d’une même voix, mais bon) peut être une conséquence sur le long terme d’un populisme institutionnalisé. Mais qu’on soit favorable ou non à l’instauration d’un tel principe, il importe de remarquer que c’est là une conséquence possible du populisme et non pas son principe de base.
      Comme je l’ai précisé dans l’article, le populisme ne consiste pas à donner systématiquement raison au peuple mais à œuvrer dans son intérêt. Il se trouve que bien souvent, les deux coïncident. La difficulté consiste en fait pour le dirigeant politique qui, de bonne foi, cherche à préserver l’intérêt du peuple à savoir précisément quel est cet intérêt.

      Je considère pour ma part qu’un moyen à peu près viable pour ce faire consiste à développer un important sens de l’état et une certaine fibre populaire. Évidemment, entre dire et faire il y a beaucoup de différence, mais puisque dans notre régime actuel les dirigeants potentiels sortent quasi tous d’un même sérail éducatif, il apparaît qu’un bon moyen de favoriser cette solution serait, tout simplement, une méritocratie réelle, qui aurait pour conséquence logique une certaine mixité sociale.
      Il paraît que le service militaire permettait dans une certaine mesure une telle mixité sociale, dans l’ordre des mentalités cette fois-ci, peut-être est-ce aussi une voie à creuser.


    • plancherDesVaches 20 février 2010 14:09

      Amusant, tout de même, à ne pas considérer (ou vouloir) qu’un peuple regarde la réalité en face.

      Un certain Churchill a tout de même pu compter sur tout son peuple en les regardant dans les yeux pour leur dire : « Je ne peux vous promettre que des larmes et du sang. »
      (un certain populisme aussi, me direz-vous)

      Bon, sinon, les « petits » hommes de l’Histoire ou les pires dictateurs finissent mal. C’est déjà ça.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 20 février 2010 14:25

      Le populisme, c’est la démocratie quand vous n’êtes pas d’accord



  • Yvance77 20 février 2010 10:24

    Salut,

    Si d’être populiste c’est une appartenance à un peuple faisant écho à une nation et dans le cas présent la France ... alors j’en suis fier et honoré.

    Je préfère encore les discussion de comptoir que d’écouter ces piètres accordéonnistes de la pensée qui se veut raisonnée. Ils nagent dans le courant alors que les iconoclastes se trouveront bien plus souvent dans les exclus de la jet set bobo ou les basses couches du peuples.

    J’attends les jour ou nos poings vengeurs viendront s’écraser sur ces bas du front dont la seule gloire et d’avoir été servir la soupe au roi de la place.

    Dehors tous ces traitres.

    A peluche

    PS : merci à l’auteur pour cette mise en perspective


  • Francis, agnotologue JL 20 février 2010 10:30

    Bonjour, vous dites si j’ai bien compris que, dans la pensée unique, les mots populistes et démagogues sont synonymes. Mais est-ce que vous n’êtes là pas en train de nous dire que le populiste serait éthymologiquement un démocrate ?

    Le mieux serait donc d’éviter d’utiliser ce mot ambigü et controversé, non ?


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 10:53

      Il est vrai que le sens que l’on donne souvent à démocrate est proche de celui de populiste. Sauf qu’étymologiquement parlant, le démocrate est celui qui est en faveur de la démocratie et qui en respecte les valeurs (BHL n’emploie ce terme qu’uniquement dans la seconde acceptation, considérant au fond que la démocratie se passe très bien du peuple). La démocratie est le gouvernement du peuple et se réfère, sinon à un ordre institutionnel, du moins à un socle de principes qui empêche toute souveraineté autre que populaire.

      Si dans notre système institutionnel actuel, le populiste soutient la souveraineté du peuple, il n’y est pas indéfectiblement lié et peut donc exister dans un autre contexte institutionnel (exemple : l’empire romain, comme mentionné dans mon article).
      Le terme « populiste » serait plutôt proche à mon sens du mot républicain dans son acceptation antique mais avec les référents d’aujourd’hui : le républicain est favorable à un gouvernement œuvrant pour le « bien commun » sans présupposé institutionnel (acceptation antique du terme), ce « bien commun » étant l’intérêt du peuple entendu comme corps des citoyens (référence actuelle du mot « peuple », qui n’est pas la peuplade antique).

      Donc vous voyez que l’ambiguïté du terme n’est au fond pas si présente.
      Quant à ne plus l’utiliser, je le veux bien pour l’acceptation qui sert à jeter l’anathème, mais je tiens personnellement à l’utiliser pour qualifier mon positionnement.


    • Francis, agnotologue JL 20 février 2010 11:05

      @ Brath-Z,

      Le populiste de la pensée unique utilise le discours de l’humaniste mais au contraire du second qui est sincère, le populiste ne l’est pas et sait très bien que lui-même ne fera pas ce qu’il promet. Le populisme politique n’est pas le populisme littéraire, pas plus que le libéralisme économique n’est le libéralisme politique.

      Dans ce sens, j’ai tendance à penser que le populisme est un anti-humanisme.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 11:20

      Le populiste dans son acceptation par nos « démocrates malgré le peuple » est effectivement un faux, un hypocrite. Mais il se trouve que sémantiquement parlant, il conviendrait mieux de le qualifier de « démagogue ».

      Je m’explique.

      Le populiste n’est pas envisageable sans le populisme. En fait, le populiste se définit à partir du populisme. Être un populiste, c’est adhérer au populisme, qui a une définition historique et doctrinale propre.

      En revanche, l’ordre est inversé avec le démagogue. Le démagogue était dans l’Athènes antique l’unique magistrat élu par le peuple. Au départ conçu comme le défenseur des intérêts de ses électeurs, il est devenu dans la pratique ce « bateleur qui, dans un but électoraliste, dispense des idées propres à saisir les bas instincts du peuple » dans le but de le mener par le bout du nez et ce dans son propre intérêt (au démagogue, pas au peuple) que nos chers parisianistes germanopratains désignent sous le vocable « populiste », à tort. La démagogie s’est ensuite conçue comme la méthode du démagogue, qui lui a une définition historique propre.

      Quant à l’humanisme, je dirais qu’il n’a strictement rien à voir avec le populisme. Il ne s’attache tout simplement pas au même champ de réflexion. On peut ainsi être humaniste sans être populiste, populiste sans être humaniste, humaniste et populiste, ni humaniste ni populiste.


  • AniKoreh AniKoreh 20 février 2010 10:38

    Bien publiC (à la fin)

    A part cela, merci Brath-z 

  • DESPERADO 20 février 2010 11:01

    Le populisme, c’est une doctrine dévelloppé par Mr Popul ?


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 11:09

      Joli !

      Blague à part, il importe de distinguer dans les doctrines sociales les « intellectuelles » issues de la pensée (souvent fulgurante) d’un penseur et les « pratiques », fruit d’une longue expérience qui a permit de « faire le tri » entre les principes viables sur le long terme et les autres. Les unes ne sont pas plus viables que les autres, c’est à mon avis par une combinaison entre une doctrine née d’une pensée et un cadre doctrinal fondé sur la pratique qui a servi de creuset à cette pensée que l’on peut le plus s’approcher de l’idéal, à savoir un mode d’organisation sociale qui permette sur le long terme la conciliation de la vie en société et du développement individuel.


    • DESPERADO 20 février 2010 14:00

      @l’auteur
      « la conciliation de la vie en société et du développement individuel. »
      La vie en société, quelle partie ?Travail, famille, patrie ?
      Développement individuel, sous quelles conditions ?
      Est il permis de ne pas être d’accord avec le mode de vie que l’on mène et malgres tout être heureux ?
      La vie en société ?
      N’est-ce pas seulement un ensemble de violences potentielles qui détérminent nos comportements ?
      L’homme est un animal de troupeau, mais certains sont des loups.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 14:34

      « La vie en société, quelle partie ?Travail, famille, patrie ? »
      Tout cela et bien d’autres aspects.

      « Développement individuel, sous quelles conditions ? »
      Là, j’avoue ne pas comprendre la question...

      « Est il permis de ne pas être d’accord avec le mode de vie que l’on mène et malgres tout être heureux ? »
      Plutôt que « permis » j’aurais écrit « possible » et auquel cas la réponse est oui. Je rappelle que le but premier de la vie en société est de pouvoir vivre dans des conditions point trop contraignantes. La vie par opposition à la survie.

      « La vie en société ?
      N’est-ce pas seulement un ensemble de violences potentielles qui détérminent nos comportements ? »
      Vaste débat. J’incline à penser que la société aliène autant qu’elle libère l’individu. Mais c’est mon côté rousseautiste qui s’exprime.


  • Brath-z Brath-z 20 février 2010 11:21

    Histoire de me faire un peu de publicité et parce que j’ai oublié de le signaler en bas de mon article, je vous informe que j’ai publié cette note sur mon blog, à l’adresse suivante : http://elucubrations.de.brath-z.over-blog.com/article-qu-est-ce-que-le-populisme-45174449.html


  • Fergus Fergus 20 février 2010 11:34

    Bonjour, Brath-z.

    Vous avez entièrement raison pour ce qui est de l’origine du populisme.

    Cela étant, le sens des mots évolue, et de la même manière qu’un « honnête » homme, autrefois un homme cultivé et pondéré, est aujourd’hui un type qui ne pique pas dans la proche de son voisin, un « populiste » est effectivement devenu un politicien qui flatte les instincts et les idées reçues de ses électeurs au lieu de faire appel à leur raison.
     
    Personnellement, cela ne me gêne pas, mais il faut reconnaître que cela fait un peu doublon avec le mot « démagogue », encore que ce terme soit adapté à tous les publics, y compris les élites (on peut être démagogue avec une asemblée de chercheurs) alors que le « populisme » est, comme l’indique son étymologie, utilisé en directement des classes populaires.

    Bonne journée.


    • Fergus Fergus 20 février 2010 11:49

      Erratum : ...utilisé uniquement en direction des classes populaires.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 11:58

      Le sens des mots change, en effet. Néanmoins, l’utilisation actuelle du mot « populiste » occulte la dimension que j’ai précisée quelques messages plus haut et aussi dans mon article (« dans le monde réel, le populiste, c’est l’adepte d’une doctrine politique : le populisme »), à savoir que, en-dehors de l’anathème, c’est-à-dire de l’utilisation purement oratoire du mot, le « populiste » ne se conçoit pas en dehors du populisme.

      Le mot « populiste » ayant à présent deux sens (le sens original, « favorable au populisme », et le sens nouveau, « démagogue »), il s’ensuit que le mot « populisme » s’est vu lui aussi greffer un nouveau sens, dont certains (je les ai nommé explicitement en début d’article, même si j’en ai oublié un paquet) aimeraient qu’il soit le seul existant. Or cette occultation d’un vaste mouvement de pensée, de réflexion et de pratique politique me semble dommageable. C’est la raison pour laquelle j’ai intitulé cet article « qu’est-ce que le populisme ? » et non pas « qu’est-ce qu’un populiste ? ».


  • TitOeuf 20 février 2010 11:41

    Les populistes ce sont des gens très dangereux qui entretiennent les peurs et les haines des peuples pour aboutir le plus souvent à des dictatures.

    J’ai eu des cours d’histoire là dessus au collège, et il est évident que ces populistes disent toujours que les élites en place, quelles qu’elles soient, sont corrompues et viles, mais en fait mieux vaut être dirigées par des élites qui ont réussies dans les études et sont démocratiquement encadrées que de verser dans le populisme qui ne mène qu’à la guerre aux émeutes et aux pires horreurs.

    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 12:13

      J’ai plusieurs remarques à faire sur votre commentaire :

      D’abord, la rhétorique populiste (je préfère le mot « démagogique », mais bon) n’est pas nécessairement anti-élites. Exemple type : Louis-Napoléon Bonaparte, lorsqu’il était président de la République et qu’il menait campagne pour mettre en place l’Empire entre 1851 et 1852 tenait un discours populiste dans lequel il proclamait que la grandeur de la France et l’intérêt du peuple passaient par les élites.

      Ensuite, le mot « populiste » désigne :
      - soit l’adepte d’une doctrine nommée le populisme
      - soit « des gens très dangereux qui entretiennent les peurs et les haines des peuples pour aboutir le plus souvent à des dictatures » (vous y allez fort dans le genre, mais après tout, c’est l’idée)
      C’est-à-dire que le sens premier du mot se réfère directement à une doctrine sociale fondée sur une pratique politique de nombreuse fois mise en application, le deuxième à une méthode électoraliste. Or il se trouve qu’aujourd’hui « on » (entendre le « microcosme » désigné par M. Barre) n’emploie le mot « populiste » que dans cette seconde acceptation (qui est celle, en fait, du mot « démagogue ») et qu’on en a même tiré une définition du populisme qui se réduit à la méthode du bateleur électoraliste, c’est-à-dire à la démagogie !

      C’est là le résultat d’une cinquantaine d’années de travail idéologique semblable à ce qu’a essayé une partie de la classe politique vis-à-vis du marxisme (création d’un sens nouveau au mot « marxiste » - favorable à l’URSS - puis adjonction d’un sens nouveau au mot « marxisme » directement lié au sens nouveau du mot « marxiste » - doctrine d’état de l’URSS - et enfin occultation des sens premiers de « marxisme » et « marxiste » - marxisme : doctrine fondée sur les théories de Marx, marxiste : favorable au marxisme). Bien que je ne sois pas marxiste (je suis « antimarxiste secondaire », comme disait Desproges : il m’a suffit de lire Marx pour ne pas adhérer à ses théories), je suis de tout cœur opposé à cette diabolisation simpliste (elle ne cherche même pas à diaboliser par la déformation des idées, comme dans les années 1930, mais par l’anathème, en rendant un mot infamant) du marxisme et des marxistes.

      Enfin, je rappelle cette vérité universellement vérifiée : la guerre, c’est à 100% du conflit d’intérêt. Jamais une guerre ne s’est déclenchée pour une autre raison, par idéologie ou par haine de l’autre. Ce genre de prétexte a pu être avancé pour justifier la guerre, mais jamais cela n’en a été la raison réelle.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 12:47

      "Le populisme c’est faire entendre au peuple ce qu’il a envie d’entendre pour obtenir ses voies afin d’être élu .... et mieux le trahir immédiatement après« 

      La rhétorique populiste, peut-être, mais certainement pas le populisme !
      Mais il est vrai que les accusations incessantes de »populisme« ne sont pas souvent utilisées envers des »grands« politiques, ceux qui font partie du sérail, ceux qui vont céder aux exigences de l’ »élite éclairée« plutôt qu’à celles du peuple dans leur politique.

      Je ne partage pas votre analyse sur le deux poids deux mesures droite-gauche quant à la désignation du »populiste« de service : Jean-Luc Mélenchon, et avant lui Georges Marchais, se voit accoler bien souvent cet épithète... je répète ce que j’ai écrit dans l’article : »« populiste » est attribué au représentant de la gauche « charbon et acier » aussi bien qu’à celui de la droite « camembert et vin rouge », toujours par le libéral moderne et éclairé« . En fait, l’anathème »populiste« est attribuée suivant l’idée binaire de Benjamin Constant aux »anciens« par les »modernes" (catégories politiques qui n’avaient déjà pas grande réalité à l’époque de Constant, et ça ne s’est pas arrangé !).


  • ffi ffi 20 février 2010 13:29

    Je trouve paradoxal d’argumenter sur le fait que le populisme soit historiquement l’idée d’une alliance entre l’empereur et le peuple, pour finir par dire qu’il s’agit d’un ferment républicain.

    S’il s’agit de mettre en place un empereur, le populisme engendrera l’impérialisme.

    La dictature de l’Empire Romain n’a pas pu engendrer un développement durable. Il a fini par des crises incessantes, des manipulations monétaires, il était tellement inefficace économiquement, qu’il ne pouvait survivre qu’en pillant ses périphéries asservies.

    Je ne dit pas que l’intention est mauvaise, le bien commun mérite d’être préservé (et agrandit), mais il me semble que cette solution populiste, qui engendre l’impérialisme soit une bonne voie.


    • ffi ffi 20 février 2010 13:32

      Correction :
      Je ne dit pas que l’intention est mauvaise, car le bien commun mérite d’être préservé (et agrandit), mais il me semble que cette solution populiste, qui engendre l’impérialisme, soit une mauvaise voie.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 14:24

      Il ne s’agit pas tant d’une alliance entre l’empereur et le peuple que de l’introduction à la tête de l’état d’un représentant de l’intérêt du peuple !

      Sauf en quelques occasions (Vespassien, je crois), l’empereur ne dut jamais son trône au peuple, et n’en tirait pas sa légitimité. Sauf que dans la pratique, il se faisait défenseur des intérêts du peuple pour une raison fort simple : laisser le parti sénatorial diriger à son envie conduisait à la fin de la paix sociale (voir le règne de Galba).

      Le populisme étant une doctrine fondée sur la pratique, il a évolué et s’est enrichi de principes tandis que d’autres en étaient exclus. Ainsi le populisme fondateur du Royaume de France présente le souverain (le roi) comme défenseur des faibles face aux puissants, qui lui étaient pourtant soumis. Pour autant, là encore, il n’y avait pas d’alliance institutionnalisée.

      C’est pourquoi après la Révolution française et la mise en pratique du concept de souveraineté populaire le populisme changea encore de forme.

      La seule constante que j’ai trouvé au populisme dans l’histoire est la vocation du dirigeant (individu, classe, représentants élus, etc.) à défendre les intérêts du peuple. Et c’est déjà beaucoup !


    • ffi ffi 20 février 2010 15:18

      Je comprends bien, et c’est là où je tique : tout dépendrait trop de la qualité du dirigeant à mon goût.

      Enfin bon, je suis content de voir que le parti populiste se déclare pour la République.

      De mon point de vue de Platonicien républicain et socialisant, je ne peux qu’approuver cet engagement. Lisez-donc la république de Platon, si vous avez du temps -> http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/loisindex.htm


    • Brath-z Brath-z 21 mars 2010 00:30

      J’ai déjà eu l’occasion de lire la République de Platon smiley

      Sinon, le populisme actuel n’est pas le populisme de l’empire romain ni celui de la monarchie capétienne mais repose sur la souveraineté du peuple : le peuple est le souverain. L’élu n’en est que le mandataire.


  • curieux curieux 20 février 2010 13:53

    Le populisme, c’est le NABOT


  • malqp 20 février 2010 13:55

    Des gens de gauche comme de droite se réclament proche du peuple ? quels populistes...
    C’est bien plus à la mode dans les cercles bien pensants, de voter oui au référendum, être pour la « social démocratie », contre la dette des pays pauvres mais pour le système qui la crée,etc...
    Lorsque on met en balance que l’inverse de « populiste » est « élitiste », le mot devient tout à coup moins négatif ! L’élitisme n’est jamais loin de l’eugénisme..

    Conclusion

    Le populisme est l’argument passe-partout. Terme vague, parfaitement imprécis, il laisse à l’interlocuteur un sentiment de malaise ; on voit des masses d’individus bestiaux, armés de couteaux, à l’assaut des beaux quartiers. On pressent l’ouverture de goulags, pour les gens bien élevés. Le populisme mène aux amalgames les plus audacieux. Il est utilisé lorsque le partisan du système néocapitalisme est mis au pied du mur au cours d’une discussion.

    un cas exemplaires de populisme contemporain

    1) La campagne pour la victoire du OUI. Ce fut effectivement une suite de déclarations qui ne s’adressaient pas à l’intelligence, ni au bon sens, mais constituaient bien la « prise par les tripes » dont parle Umberto Eco.
    On y trouvait, en effet, les éléments irrationnels du discours populiste dont il est question plus haut , avec un recours aux mensonges les plus grossiers :

    1. La crainte : si le non l’emporte, ce sera le chaos ! La France sera toute seule ( voir consultation du peuple hollandais, trois semaines plus tard).
    2. La peur du ridicule : Chirac aux adolescents :« vous serez les moutons noirs de l’Europe ». Que vont penser de nous les autres nations européennes. ?
    3. La pitié : Venons en aide aux populations de l’Est de l’Europe, si misérables (après la razzia effectuées sur ces régions par le capitalisme occidental, suite à la chute de l’URSS).


    • plancherDesVaches 20 février 2010 14:25

      Il faut tout de même bien continuer à vivre grassement.

      Il me bouffe 15 litres aux cents, mon 4x4. Et en assurance, je ne vous explique pas.


    • Brath-z Brath-z 20 février 2010 14:27

      Effectivement, la campagne pour le oui au référendum sur le TCE était très démagogique (et très peu politique...) et aurait donc mérité d’être qualifiée de « populiste », mais bon... c’est tout de même celle pour le non qui en a écopé dans les médias ! Comme quoi dans la bouche de nos chers « démocrates » pétris d’idées grandioses et de bons sentiments, le mot « populiste » outre qu’il ne veut rien dire, est aussi à géométrie variable.


  • ddacoudre ddacoudre 20 février 2010 14:29

    bonjour brat-z

    bon article. mais je ne crois pas que le populisme soit une insulte envers les populations, pour leur dire que ce sont des bourricots,mais une qualification peu flatteuse envers les élites qui en font usage pour tromper les populations sur la base de leur ignorance en toute connaissance de cause,
    ce terme qualifie les élites et non les populations..
    c’est le cas de beaucoup qui offrent des chocolats pour éviter d’expliquer leurs buts que les autres ne comprennent pas, où l’échange de petite phrase assassine, pour que les choix se porte sur le paraitre leurre du fond.

     l’ignorance est devenue à tord une insulte facile, et la sorti de son véritable sens ne pas connaitre ce que l’on a pas appris ou connu, quelles qu’en soit la raison en fonction des conditions sociales de son existence.

    Nous naissons tous ignorants, l’instruction et l’éducation émancipent les hommes, mais leur rôle dans la répartition du travail en éloignent certains de la permanence de acquisition du savoir, comme moyen de comprendre le monde, ils en sont de ce fait ignorant, ceci ne signifie pas qu’ils ne sont pas intelligents comme souvent nous semblons le dire ou laisser entendre.
    il appartient donc aux élites qui y ont accéder de redescendre l’information, peut importe si elle se fait sous forme de parabole et autre comme nous le voyons dans des écrits religieux. il s’agit en l’espèce de ne pas tromper celui à qui l’on s’adresse parce qu’il est ignorant de ce que soit même l’on appris.
    il semble bien évident également que ceux qui utilisent nos « instincts »dans cette même fin en font parties.
    plus globalement dans une société comme la notre qui est devenu complexe, la nécessite de s’instruire est essentielle, tout ce qui pousse à limiter ou a réduire cette faculté, en vendant intentionnellement de l’émotion où du spectacle pour leur soustraire la raison, poussent à la sous culture.
    la critique est essentielle pour permettre de combler les différent seuils de l’ignorance inné, quand les plus instruits s’en servent pour les apeurer ou les tromper ce sont des populistes.

    la voix du peuple si elle ne sort pas de sa sphère individuelle peut être un danger pour sa propre existence, c’est le principe d’impossibilité, que du choix individuel ne peut en ressortir un intérêt collectif. ce ci rend obligatoire la marche en avant du savoir
    ce n’est pas dans cette orientation que nous sommes et nous voyons bien où cela nous conduit.
    cordialement.

    ceci présente le danger’


  • Tony Pirard 20 février 2010 14:34

    Populiste serait le « Guy » que pense... !« La loi c´est moi ».Et tous ces gens terminent mal.


  • sheeldon 20 février 2010 14:36

  • izarn izarn 20 février 2010 20:15

    Le populiste est facilement réperable, foin de la démonstration ci-dessus :
    Berlusconi en est le modéle quasi parfait.
    Le populiste est un capitaliste, riche qui mensongerement déclare soutenir les interets du peuple.
    Le populiste de gauche est donc un non sens total. Besançennot ne peut etre populiste pour la simple raison qu’il vit comme le peuple. Il peut mentir au peuple, mais ce n’est pas un populiste.
    Les populistes sont des manipulateurs et des menteurs qui n’ont rien à cirer du peuple, mais essayent de l’amadouer pour conforter le pouvoir capitaliste en démocratie.
    Y a de quoi hurler de rire quand les partis des droites européennes se parent du mot « parti populaire ». Le foutage de gueule fera encore rire dans 500 ans...Ca rappelle la démocratie populaire chinoise ou soviétique...


  • izarn izarn 20 février 2010 20:28

    En plus une remarque : Le peuple ne méprise pas les philosophes à priori, sous pretexte que ceux-ci sont badés par les bourgeois. Ca, ca s’appelle justement du populisme : Conforter le peuple dans l’ignorance, c’est justement la strategie « populaire » de la droite et d’une certaine pseudo-gauche. T’as raison coco, d’etre analphabete, d’etre nul et de rever de 4x4 en chassant l’Isard à coup de magnum avec une Rolex et des Ray Ban....
    Le ducon moyen etats-unien doublé du lepénien franchouillard.
    Le texte ci-dessus oublie la réelle existence du lumpen prolétariat que révéla par Marx. Ceux -ci votent patron, Hitler et Mussolini. Plus t’es con, plus tu votes pour ton Maitre.
    Il y a malgres tout un populisme d’extreme gauche qui espere récuperer les abrutis votant Le Pen ou Sarkosy. Mais pour quels résultats ?
    Laissons ce débat et ces gens dans les poubelles de l’histoire.


  • aivox 20 février 2010 21:42

    Attention !
    http://www.investigateur.info/zines/textes/170_chef.html
    July et un autre maoïste, Joseph Tournel, lancent une campagne de lynchage médiatique contre Pierre Leroy, un notaire soupçonné à tort d’être l’assassin ou l’instigateur du crime. « Le crime de Bruay : il n’y a qu’un bourgeois pour avoir fait ça ! » écrirent-ils dans « La Cause du peuple » (n°23 du 1er mai 1972). Le journal publie les appels au lynchage prétendument recueillis dans les corons : « Il faut le faire souffrir petit à petit ! » ; « Qu’ils nous le donnent, nous le découperons morceau par morceau au rasoir ! » ;« Il faut lui couper les couilles ! ». Et « La Cause du peuple » d’ajouter : « Oui, nous sommes des barbares ».


  • aivox 20 février 2010 21:44

    Et si un populiste au sens actuel c’était un arriviste faisant semblant d’être populiste au sens noble du terme, sous une forme vulgaire, pour son intérêt et celui de ses mandataires et courtisans, contre l’intérêt général ?


    • Rétif 9 mars 2010 12:14

      C’est tout le drame attaché à ce mot. Comme,pour un homme, une faute qu’on ne cesse plus de lui reprocher. Mais aussi une tendance qui peut touours renaitre. On y met d’ailleurs pas mal de mauvaise foi.
      Reste un sens originel qui n’ a pas, jusqu’ici, de remplaçant valable.


  • Mathilda 20 février 2010 23:56

    Très intéressant Brath-z.
    Mais si je suis vos définitions, j’en arrive pour ma part à la conclusion suivante : le populisme et la démocratie sont incompatibles.

    Si le populisme implique que c’est au dirigeant élu qu’incombe la tâche de surveiller « l’élite » contre tout abus envers le peuple, non seulement il encourage peuple et élite à une ignorance de l’un l’autre et éventuellement à une méfiance mutuelle, mais il facilite aisément la corruption par alliance d’intérêts entre dirigeant et élite à l’insu du peuple victime d’une imposture, tout en permettant d’autant mieux au dirigeant de diviser tout le monde pour mieux régner. Si bien que le peuple réagit trop lentement. D’où le risque tôt ou tard d’une violence populaire.

    Démocratie : au peuple incombe la tâche quotidienne de surveiller l’élite. Au peuple ainsi qu’à l’élite surveillée incombent aussi cette surveillance sur le dirigeant.
    L’arbitraire des élites et du dirigeant sont ainsi plus difficiles à s’appliquer sans une réaction suffisamment rapide du peuple. Ca implique aussi un lien constant - vital - entre élites et peuple.

    La démocratie oblige un ajustement fréquent de l’élite dans ses agissements, face à l’activisme du peuple qui ne s’est pas uniquement contenté de voter.
    La doctrine populiste favorise l’attentisme de ce dernier, le recours du dirigeant à la séduction, et le culte de la personnalité. On voit quelles dérives très dangereuses elle facilite.

    P.S sur un de vos commentaires annexes :
    « La guerre, c’est à 100% du conflit d’intérêt. Jamais une guerre ne s’est déclenchée pour une autre raison, par idéologie ou par haine de l’autre. Ce genre de prétexte a pu être avancé pour justifier la guerre, mais jamais cela n’en a été la raison réelle. »

    Bravo !


  • Patrick Lefèvre 22 février 2010 09:57

    Article et commentaires bien intéressants et très instructifs

    On voit bien tout le problème de la dérive du sens d’un mot

    Le populisme est par essence une idéologie politique noble (cf. la Russie et certains pays d’Amérique Latine) mais les démagogues dictatoriaux de la bienpensance (de droite comme de gauche) ont réussi à « affubler » ce terme d’une connotation extrêmement négative

    Ce mot et bien d’autres sont utilisés à tort et à travers et du coup une censure obligée s’installe et seuls des débats aseptisés ont lieu (qui ne donnent rien si ce n’est une frustration de plus en plus importante).

    Vive le populisme dans son sens véritable et historique


  • Rétif 9 mars 2010 11:42

    La démocratie serait un populisme assagi. (bien que ne dormant que d’un oeil).

    Le populisme me semble avoir eté à l’origine un sentiment. Mais un sentiment propre à l’élite
    ou,du mois à une certaine de celle-ci). Sentiment décalé et altruiste, certes honorable mais dont il faut remarquer que dès le départ, en tous cas en Russie, il fut de tendance révolutionnaire, chez les Narodniki, qui voulaient « aller au peuple »,impliquant donc une contestation du régime en place. Ces gens étaient honnêtes et sincères, jeunesse étudiante en majorité (dont le frère de Lénine).
    Il n’y avait pa


    • Rétif 9 mars 2010 12:04

      Il n’ y avait pas, de leur part, de démagogie au sens politicien du terme, ils voulaient seulement éduquer le peuple per des cours du soir.L’ambigüité n’était pas consciente.

      Mais assez vite, sous le nom de Narodnaia Volia, Volonté du Peuple, ils en arrivèrent au terrorisme.

      Il y eut aussi, aux USA un« parti populiste » purement politique et électoral, disant défendre les intérèts de la paysannerie américaine. Rien de suspect dans un régime démocratique.

      Un autre sens, plus pur et désintéressé du mot fut dans les années 1920/30, fut celui d’un
      mouvement simplement littéraire se vouant à la description des moeurs du« petit peuple »
       paysan et ouvrier.Sans politique.

      Mais on ne peut à long terme se réclammer innocemment du peuple,même sans parler de populisme. Finalement, c’est comme les femmes, quoiqu’on dise en politique, on parle toujours du peuple.

      A la fin, les tribuns et politiciens ne parlant que de ça, il est devenu au cours de l’histoire, de plus en plus flagrant que les discours roulaient dans la démagogie et que l’insertion du
      peuple visait, plus encore qu’à flatter le peuple, carrément à s’en servir sous prétexte de le servir, pour lui imposer une dictature.Dont on connait les suites.

      Dommage cette évolution sémantique et politique d’un terme au départ sympathique. 


    • Rétif 9 mars 2010 12:07

      A noter que le sens devenu péjoratif du populisme est venu, en fait, après la seconde guerre mondiale, de partis politiques eux-mêmes éminemment « populistes » dans le plus mauvais sens du terme !


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