vendredi 24 avril 2015 - par Ariane Walter

Racine et Molière : de la difficulté des biopics

La difficulté des "biopics", si souvent décevants, est de présenter des auteurs immenses dans les dédales d'une vie ordinaire, avec un langage ordinaire. Ils perdent ainsi toute leur force et l'histoire qu'on nous raconte pourrait être celle de n'importe qui.
L'erreur, selon moi, est de confondre "documentaire" et "art". Il faut créer dans la vie, obligatoirement banale, simplement quotidienne, des plus grands génies, des moments de réalité sublimée. 
Or le sublime passe obligatoirement, paradoxalement, par l'humain.Mais l'humain universel. Non l'anecdotique.
Bref, ce n'est pas facile de faire revivre quelqu'un de célèbre...
"Amadeus" est réussi. Le deux derniers films sur Saint-Laurent sont à mon avis, ratés.

En ce qui concerne Racine et Molière, ces deux auteurs ne sont pas à égalité face à la mémoire des hommes. Nous connaissons beaucoup mieux Molière. Il laisse une oeuvre riche dans laquelle, sans cesse, il parle de lui. Au moment où il arrive à Paris, il a déjà fait toutes les rencontres, médecins, seigneurs, précieux qui laisseront l'oeuvre critique d'un homme révolté, héritier de la littérature satirique du moyen-âge. Même favori du roi, il n'en a pas moins pour favori le peuple de la raison, fracassé contre les folies du pouvoir. Nous n'avons guère progressé.
Racine est plus sombre mais s'exprimant dans une langue d'une clarté éblouissante. En matière de langue française, lui et La Fontaine seront au sommet. Leur fluidité est incomparable. Pas un mot de trop. 

Mais revenons à ce projet : écrire une pièce qui aurait pour héros Molière et Racine.
Racine, jeune courtisan de 24 ans qui n'a écrit qu'un poème pour le Roi, est présenté à Molière qui est, favori de Louis XIV, au sommet de sa carrière. J'imagine que le jour de leur rencontre, Molière, préoccupé par l'interdiction de "Tartuffe", a bien d'autres soucis en tête et écoute à peine ce que lui dit Racine. Une idée, cependant, lui traverse l'esprit. Ses rivaux de l'hôtel de Bourgogne sont en train de préparer une version de la ThebaÏde, il propose à Racine de composer une tragèdie sur le même sujet. En un mois. Racine s'exécute du mieux qu'il peut mais cette pièce ne plaira pas et causera au jeune Racine une première blessure d'auteur.
Molière aura alors des attentions particulières que nous révèle le livre de Roger Duchêne. Il le paie plus qu'un autre auteur et lui offre même un petit cadeau.
Je découvrais ainsi entre eux un lien de véritable amitié. Il était important qu'il en soit ainsi pour l'évolution de leur relation. Car une trahsion entre des hommes qui ne se respectent pas est de moindre intérêt.

La durée de la pièce représente donc la période d'un an et demi pendant laquelle ils travaillèrent ensemble. ( mai 1664-décembe 1665.)
Molière souffre de l'interdiction de "Tartuffe", est en train de finir "Le Misanthrope" et va écrire dans un grand vent d'inspiration et de nécessité "Dom Juan". Racine écrit "La thébaïde" et "Alexandre" et commence l'écriture d'"Andromaque". C'est en me posant la question : comment passe-t-on de deux pièces de débutant à un chef-d'oeuvre que j'ai découvert, peut-être, le secret de cette année et demie passée ensemble et si tristement conclue.

 

Les comédiennes qui vivent avec eux sont aussi les clefs de l'histoire. Racine est tombé follement amoureux de Marquise. Molière était désespéré de voir sa jeune femme le tromper. C'est du moins la trame que j'ai choisie.
Car Racine-Oreste, fou d'Hermione-Marquise pendant que Pyrrhus-Molière, le Roi des lieux, tentait de reconquérir sa reine, Armande, le grand amour de sa vie, allait être appelé, s'il voulait devenir le grand Racine à un sacrifice immense : celui de son amitié et de son honneur.

Voici donc une seconde video sur ce sujet. Amitié et Amours.



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