mardi 19 janvier 2021 - par rosemar

Réhabiliter l’OTIUM...

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L'OTIUM, vous connaissez ? Comme l'indique la terminaison du mot, il s'agit d'un terme latin : l'otium désigne le loisir studieux et fécond, temps désintéressé et consacré à la quête de sens et de beauté.

 

Pour l'historien Jean-Miguel Pire, il convient de réhabiliter cette notion venue de l'antiquité, et plus particulièrement en temps de pandémie.

"L'otium, explique l'historien, est une forme de loisir inventée en Grèce antique, la skholè, qui a été popularisée sous l'Empire romain sous le nom d'otium. Si ce terme latin n'a pas d'équivalent direct en français, il décrit selon Jean-Miguel Pire un loisir fécond, studieux, au temps que l'on consacre à s'améliorer soi-même, à progresser pour accéder à une cohérence et à une compréhension du monde plus grandes."

 

Vive l'otium ! Il est propice à la curiosité, l'éveil, l'envie d'apprendre, de connaître, de comprendre, d'embrasser le monde...

"L'otium est fondamentalement désintéressé. Il est fécond, mais pas utile. Il n'est pas réductible à une utilité matérielle extérieure : son propre accomplissement est déjà un but en soi.", explique Jean-Miguel Pire.   

 

Bien sûr, il y a deux types de conditions à remplir pour s'adonner à l'otium :

"Les conditions matérielles : l'accès au loisir fécond n'est possible que dans la mesure où les tâches vitales et les besoins essentiels sont accomplis. 


Les conditions mentales : le désir et la disponibilité personnels, l'effort qu'il faut accomplir pour atteindre la fécondité de l'otium."

 

Mais évidemment au temps des jeux vidéos, de Twitter, des réseaux sociaux, l'otium n'est plus à la mode...

 

Comme le rappelle Jean-Miguel Pire, l'otium s'oppose au négoce : "negotium" en latin, qui est la négation de l'otium.

"Ainsi, le négoce, le marché, est formé dans son étymologie-même par la nécessité d'éliminer cette forme de loisir."

"La montée des valeurs du marché (utilité, performance, rapidité, rentabilité) correspond bien au déclin des valeurs de l'otium (lenteur, désintéressement, quête de sens). Le constat sémantique est que plus on a de négoce, moins on a d'otium." 

   

Ainsi, nos sociétés de marchandisation ne laissent plus de place à l'otium.

 

Réhabilitons l'otium antique : les Grecs et le Romains par delà les siècles nous transmettent une leçon de sagesse.

Utilisons nos loisirs pour nous cultiver, pour progresser en savoir et en sagesse...

Utilisons nos loisirs pour apprendre, nous épanouir, apprendre à jouer d'un instrument, apprendre une langue étrangère, apprendre le latin, le grec, observer la nature et ses splendeurs, comprendre le monde qui nous entoure, contribuer au bien commun, etc.

 

Avec un partage du travail, il serait sans doute possible pour tous de libérer du temps , et de retrouver l'otium antique.

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2021/01/rehabiliter-l-otium.html

 

Sources :

https://www.franceculture.fr/emissions/affaire-en-cours/affaires-en-cours-du-jeudi-07-janvier-2021

https://www.persopolitique.fr/1358/otium-et-negotium/

 



40 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 19 janvier 2021 10:57

    « Avec un partage du travail, il serait sans doute possible pour tous de libérer du temps , et de retrouver l’otium antique.  »

    C’est antinomique avec la notion de « reproduction élargie ».


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 13:10

      @Séraphin Lampion

      Qu’est-ce que c’est, en résumé ?


    • Clark Kent Séraphin Lampion 19 janvier 2021 15:39

      @rosemar

      En « résumé », dans une économie en expansion régulière, les situations patrimoniales, en particulier monétaires, des capitalistes et des travailleurs se retrouvent identiques de période en période, à cela près que si les travailleurs restent tout aussi démunis, les capitalistes accroissent l’étendue de leurs richesses. Les « rapports de production » capitalistes sont maintenus, mais sur une « base élargie ».

      Le fait que l’économie s’engage dans un processus de reproduction élargie ou dans un processus de reproduction simple dépend de la décision des possédants de consommer une fraction seulement de la plus-value ou sa totalité.

      Actuellement, seule la reproduction élargie est observable dans la réalité, et la reproduction simple n’est qu’une pure hypothèse d’école, caar l’économie dite « libérale » est contrainte à l’accumulation pour rémunérer le capital investi.

      Une société fondée sur la reproduction simple permettrait de dégager les potentiels que vous appelez de vos vœux, mais une telle société n’est encore jamais advenue, et le projet de la construire se heurte aux intérêts des possédants, mais aussi à la corruption rapide des systèmes en mutation.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 19 janvier 2021 15:41

      @Séraphin Lampion

      Dit autrement : les gains de productivité n’ont jamais été utilisés pour dégager des temps d’activité non productive, mais pour « optimiser » les profits.


    • popov 19 janvier 2021 16:40

      @Séraphin Lampion

      Dit autrement : les gains de productivité n’ont jamais été utilisés pour dégager des temps d’activité non productive, mais pour « optimiser » les profits.

       

      C’est vrai en général, mais le capitalisme doit parfois lâcher un peu de lest : on ne travaille plus 18 h par jour dans les mines de charbon. Un partie des gains de productivité a donc été transformée en temps de loisir pour le travailleur.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 19 janvier 2021 17:03

      @popov

      L’otium des Romains n’était pas synonyme « loisirs », ni même de ce « temps libre » subordonné à la restauration de nos capacités laborieuses et consacré à la distraction.

      L’otium, c’était le temps de l’étude, de la réflexion et de l’engagement pour la Cité, une sorte de bénévolat civique et militant. D’où sa valeur. 


    • Clark Kent Séraphin Lampion 19 janvier 2021 17:08

      @popov

      Notre problème de compréhension vient peut-être du fait que la racine latine d’« otium » a donné « oisiveté » en français, et que, dans la culture chrétienne, « l’oisiveté est la mèr de tous les vices ». En réduisant l’inactivité à l’inutilité sociale, on es vite passé à la dangerosité. Et il est difficile à nos cerveaux formatés de retrouver la candeur des temps préchrétiens (par ailleurs pas si candides que ça ; il valait mieux être né du bon côté de la « fracture sociale » qui était un abîme).


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 19 janvier 2021 17:11

      @popov

      Qu’est-ce que c’est, en résumé ?

      Une invitation à mettre en pratique vos propres conseils ?



    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 19 janvier 2021 17:12

      @Opposition contrôlée
      Non pas @popov mais @rosemar, le site déconne...


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 17:27

      @Opposition contrôlée

      On n’a pas encore suffisamment d’otium...


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 17:29

      @Séraphin Lampion

      Non, cette étymologie est contestée : le mot « oisiveté » ne vient pas de l’otium latin.


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 17:33

      @Séraphin Lampion

      Désolé de vous contredire, mais l’otium désigne bien le loisir studieux, le repos loin des affaires... voir le sens de negotium...


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 17:35

      @rosemar

      Je corrige : désolée...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 19 janvier 2021 17:40

      @rosemar

      Alors, donnez votre version.

      Wikipedia, qui n’est pas la bible, s’est au moins donné la peine de consacrer un long développement à l’origine du mot « oisiveté » et au glissement sémiotique que le mot a subi.


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 17:43

      @Séraphin Lampion

      Oisif :

      Étymologie
      Faisait aussi wisif en ancien français : de l’ancien français oisdif (« oisif »), adjectivation de oisdive (« oisiveté »), lui-même dérivé de wiseux, oisos, oiseux issu du latin vitiosus (« vicié »), plutôt que de otiosus (« oisif » → voir ocieux).

      https://fr.wiktionary.org/wiki/oisif


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 19:48

      @popov

      En effet, des progrès ont été accomplis dans le temps de loisir... mais on assiste maintenant à des régressions : recul de l’âge de la retraite, par exemple...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 20 janvier 2021 08:04

      @rosemar

      « Désolé de vous contredire, mais l’otium désigne bien le loisir studieux, le repos loin des affaires... voir le sens de negotium...  »

      Pour vous, comme pour beaucoup de gens, « loisirs » semble synonyme de « farniente » (ne rien faire), par opposition à « travail » (mot signifiant torture).
      « Negotium », qui a donné en effet le mot négoce est simplement la négation de l’activité noble désintéressée : pour les Romains, le « business » (neg-otium) ne s’oppose pas à l’inaction, mais à l’action noble.
      Cette conception a perduré dans l’idéologie de l’église qui a lontemps considéré le commerce d’argent impur et l’inaction fautive, et valorisé la méditation et les activités intellectuelles dans les abbayes, les foyers de culture du moyen-age.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 20 janvier 2021 09:19

      @Séraphin Lampion

      Sous l’ancien régime, la noblesse et le clergé ne travaillaient pas et ne se livraient pas au « négoce », deux types d’activité triviales laissées au « vulgum pecus ».
      Par contre, si l’art, la littérature et la théologie-philosophie (termes quasi synonymes pour ces périodes) étaient bien à classer dans l’« otium », , il convenait d’y inclure également la politique et l’art de la guerre, ce que vous auriez du mal à ranger dans la catégorie « loisirs » ou « temps libre ».


    • rosemar rosemar 20 janvier 2021 09:40

      @Séraphin Lampion

      Non, je ne dis pas que « loisir » est synonyme de « farniente » ! Je parle de « loisir studieux »... et je donne même des exemples...


    • rosemar rosemar 20 janvier 2021 09:43

      @Séraphin Lampion

      L’otium peut consister aussi à contribuer « au bien commun », comme je le dis dans l’article...


  • ZenZoe ZenZoe 19 janvier 2021 11:19

    Avec Rosemar, on en revient toujours à la même chose, quel que soit le chemin emprunté. Aujourd’hui, par le biais de l’otium, elle enchaine sur sa détestation de la société de consommation et des nouvelles technologies, et sa nostalgie d’un passé plus ou moins lointain.


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 13:43

      @ZenZoe

      Pas convaincue par les bienfaits de l’otium ? Dommage !


    • ZenZoe ZenZoe 19 janvier 2021 15:01

      @rosemar
      Comme d’hab vous répondez à côté. Mieux vaut converser avec un robot qui serait sans doute mieux paramétré. Dommage !


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 19:49

      @ZenZoe

      Et vous, comme d’habitude, vous êtes dans la critique acerbe...


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 19:50

      @ZenZoe

      D’ailleurs, je ne déteste pas les nouvelles technologies puisque je les utilise largement...


  • Fergus Fergus 19 janvier 2021 11:26

    Bonjour, rosemar

    Au risque de vous faire bondir, sachez que ce concept d’« otium » est utilisé pour optimiser les performances des collaborateurs dans les milieux d’affaires.

    Il existe même à Paris (rue Saint-Joseph, 2e arrdt) une boîte de conseil aux managers nommée... Otium management !


    • Fergus Fergus 19 janvier 2021 11:28

      J’ajoute qu’« otium » et réseaux sociaux ne sont pas incompatibles dès lors que l’on reste maître de l’usage de ces derniers.


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 13:06

      @Fergus

      Cela ne m’étonne pas : le latin a essaimé un peu partout et notamment dans la publicité !

      http://rosemar.over-blog.com/article-la-publicite-ou-l-art-de-la-pedagogie-112078474.html


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 13:07

      @Fergus

      On aimerait connaître des détails : qu’est-ce qui est proposé pour optimiser les performances ?


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 13:08

      @Fergus

      Oui, dès lors que l’on en reste maître... mais, hélas, c’est loin d’être le cas le plus fréquent...


    • Fergus Fergus 19 janvier 2021 14:09

      @ rosemar

      « qu’est-ce qui est proposé pour optimiser les performances ? »

      Je n’en sais rien : il faut payer pour savoir, et avec ce genre de cabinet, c’est en général très cher.

      Cela dit, il s’agit peut-être d’un « outil » fumeux mais habilement vendu. Lorsque j’étais responsable de formation, j’ai connu des boîtes qui se faisaient pas mal de fric avec des trucs plus ou moins bidons.
      Ou bien avec de vieux concepts recyclés, à l’image de la « pyramide inversée » qui a permis à certains de faire pas mal d’argent en appâtant les gogos des années 80  il y en a dans la plupart des top management d’entreprise — avec un concept ancien remis au goût du jour.
      Le plus drôle étant que les dirigeants qui acceptaient de payer pour cela auraient eu accès au même type de « savoir » dans des bouquins de management qui coûtaient l’équivalent actuel de 20 ou 30 euros. Rien à voir avec une journée de consultant à 1000 ou 1500 euros !


  • eau-mission eau-pression 19 janvier 2021 11:50

    A propos : est-ce que le purin d’ortie élimine l’oïdium ?


  • Laconique Laconique 19 janvier 2021 12:00

    Nous sommes passés de l’otium au neg-otium.


  • phan 19 janvier 2021 16:04
    Les réseaux sociaux c’est l’otium du peuple !

  • popov 19 janvier 2021 16:49

    @rosemar

    Il me semble qu’en français, « otium » est devenu « oisiveté », la mère de tous les vices, paraît-il.


    • rosemar rosemar 19 janvier 2021 17:24

      @popov

      Non, cette étymologie est contestée :

      Étymologie de « oisif »
      Faisait aussi wisif en ancien français : de l’ancien français oisdif (« oisif »), adjectivation de oisdive (« oisiveté »), lui-même dérivé de wiseux, oisos, oiseux issu du latin vitiosus (« vicié »), plutôt que de otiosus (« oisif » → voir ocieux).


    • popov 20 janvier 2021 01:34

      @rosemar

      Faisait aussi wisif en ancien français

      Hmm...peut-être. Mais un mot qui commence par « wi » évoque plutôt une origine germanique.
      Et si « ocieux » et « oisif » étaient tout simplement les formes savante et populaire de « otiosus », comme « potion » et « poison » le sont du mot latin « potio » ?
      Je dis ça et je ne dis rien, je ne suis pas spécialiste.

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