mercredi 27 août 2014 - par Robin Guilloux

A-t-on le droit d’expliquer un poème ?

En discutant hier avec un élève intelligent, mais qui a des problèmes à l'écrit et qui entre en Première cette année, j'ai mieux pris la mesure de ce qui gêne les élèves quand ils doivent faire une explication de texte.

Cette gêne peut aller jusqu'à constituer, pour parler comme Gaston Bachelard, un véritable "obstacle épistémologique" : l'idée qu'un poème est un objet ineffable, une œuvre d'art inanalysable, que l'on ne peut que "contempler" et vis-à-vis de laquelle toute explication constitue une trahison, voire une défiguration.

Cette idée, je crois, est fausse. Elle se présente comme originale, voire subversive, mais elle relève de la doxa.

Elle a été popularisée au cinéma par un film culte avec le talentueux Robin Williams dans le rôle principal : Le cercle des poètes disparus dans lequel on voit le professeur demander aux élèves de déchirer leur livre de littérature pour "communier directement aux textes".

Ce préjugé anti-intellectuel est fatal à la littérature et à la poésie. Il est fondé, en dernière analyse sur l'idée, malheureusement partagée par de nombreux intellectuels, qui rejoignent, sur ce point, l'opinion commune, que la littérature et la poésie sont de purs jeux de l'esprit ou bien relèvent de l'immédiateté du vécu et n'ont finalement rien d'intéressant à nous apprendre.

Il n'y pas d'un côté le "vécu" et de l'autre la pensée et la raison. Les émotions, les sentiments, l'imagination et le rêve sont pétris de langage et font intégralement partie de la culture et non de la nature.

Entendons-nous bien : je suis bien d'accord sur le fait que la littérature et la poésie s'enracinent dans le "vécu", mais un poème (Parfum exotique de Baudelaire, par exemple) n'est pas une pure réalité existentielle. Un poème est une oeuvre d'art, au même titre qu'un tableau ou un morceau de musique. En tant qu'œuvre d'art, il est nourri d'émotions, de sentiments et d'images, mais aussi "construit" par une intelligence habile et, comme le disait Mallarmé à son ami Edgar Degas, non avec des sentiments, mais avec des mots.

Opposer le vécu, le "Carpe Diem" à la compréhension est une erreur. Loin de nous barrer l'accès à la "vraie vie", la compréhension éclaire son opacité et la rend plus vivable.

L'idée que la compréhension nuit à la jouissance de l'œuvre est une idée d'esthète paresseux, ce n'est pas une idée "révolutionnaire" comme le pense le professeur Keating, mais une idée platement "bourgeoise", une idée de "consommateur".

Si l'on se place, non plus du point de vue du "consommateur", mais du côté du créateur, on se rend compte qu'elle ne tient pas la route.

Ce sont les créateurs qui ont raison et non les consommateurs. C'est Edgar Poe, expliquant comment il a écrit "Le Corbeau", c'est Paul Valéry évoquant la naissance du poème : : "Les dieux, gracieusement, nous donnent pour rien le premier vers, mais c'est à nous de façonner le second."



35 réactions


  • coinfinger 27 août 2014 15:44

    L’artiste a d’abord et avant tout ressenti , ensuite essayé de transcrire . Il y intellectualisation certes mais ce n’est pas l’essentiel . Si çà l’est c’est raté .
    Le pb , aigu pour notre temps est qu’on ne sait tout simplement plus ressentir . C’est à dire accéder directement au réel sans intellectualisation . Le film avec Robbins insiste sur cette question mais à mon avis ne l’explicite pas suffisamment . Il met par contre l’accent sur le conditionnement social qui l’entrave .
    L’enseignement ne peut pas quoiqu’il fasse suppléer à cela , c’est question d’éducation , ce qui suppose un rapport et un engagement personnel à l’éléve .
    Mais l’enseignement peut et doit informer sur la poésie et autre , sans créer un seul instant l’illusion que l’on ’comprend’ une oeuvre . Rude tache . 


  • kalachnikov lermontov 27 août 2014 16:14

    "Charleville, 13 mai 1871.


     Cher Monsieur !


     Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m’avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. − Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je déterre d’anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me paie en bocks et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius.  − Je me dois à la Société, c’est juste, − et j’ai raison. Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd’hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire, − pardon ! le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n’a rien fait, n’ayant voulu rien faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j’espère, − bien d’autres espèrent la même chose, je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! Je serai un travailleur : c’est l’idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris  ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.
     Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. − Pardon du jeu de mots.
      Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait !
     Vous n’êtes pas Enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. − Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni − trop de la pensée :

    LE CŒUR SUPPLICIÉ

    Mon triste cœur bave à la poupe ...

     Ça ne veut pas rien dire. RÉPONDEZ-MOI : chez M. Deverrière, pour A. R.

     Bonjour de cœur,


    Art. Rimbaud.


    • Christian Labrune Christian Labrune 27 août 2014 16:56

      Rimbaud fait partie de ces figures du panthéon littéraire ou artistique dont on ne parlerait déjà plus si les particularités d’une existence un peu tumultueuse n’avaient pas retenu l’attention de leurs biographes et donné matière à toute sortes de développements romanesques.
      Sans l’oreille coupée de Van Gogh, qui s’intéresserait encore à ses chromos ?
      Sans l’aventure du côté d’’Aden, sans l’amputation à Marseille, qui lirait encore Rimbaud ?
      Comme tous les profs de lettres, j’ai bien des fois tenté d’expliquer « Le bateau ivre », mais beaucoup de vers, de l’aveu même des commentateurs les plus autorisés, sont tout à fait inintelligibles.

      Il arrive qu’on ne comprenne pas immédiatement un grand poète ou un grand philosophe. C’est le cas avec Paul Valéry, par exemple, ou avec Husserl. Mais quand on relit, ça va tout de suite mieux. En revanche, avec beaucoup d’autres, plus on relit et moins on comprend. C’est ce qui se passe toujours avec les fumistes. Heidegger, Rimbaud, sont de ceux-là.


    • Cain 28 août 2014 14:36

      en effet Rimbaud doit être moins compris que senti. Puisque vous êtes prof de lettres vous devez connaitre la distinction faite par Sartre entre la poésie et la prose dans Qu’est ce que la littérature. Mais il semble que vous lisiez la poésie comme de la prose : pour vous elle doit dire quelque chose, alors que justement le poème est comme une peinture de Van Gogh, il fait sentir, bruisser le réel, il ne lui donne pas du sens. 


    • Cain 28 août 2014 14:49

      en effet Rimbaud doit être moins compris que senti. Puisque vous êtes prof de lettres vous devez connaitre la distinction opérée par Sartre entre la poésie et la prose dans Qu’est ce que la littérature. Mais il semble que vous lisiez la poésie comme de la prose : pour vous elle doit dire quelque chose, alors que justement le poème est comme une peinture de Van Gogh, il fait sentir, bruisser le réel, il ne lui donne pas du sens. 


      Je vous invite aussi à lire, si ce n’est déjà fait, les articles de Genette sur la poésie (dans Figure 1 et 2). Ce ne sera pas forcément une révélation, mais cela vous rendra peut être plus tolérant vis à vis d’un phénomène que vous semblez ne pas comprendre. Si, je vous assure, on peut trouver très beaux les textes de Rimbaud et les peintures de Van Gogh, sans sacrifier aux folklore de leurs légendes et sans être un imbécile.

    • Cain 28 août 2014 14:50

      en effet Rimbaud doit être moins compris que senti. Puisque vous êtes prof de lettres vous devez connaitre la distinction opérée par Sartre entre la poésie et la prose dans Qu’est ce que la littérature. Mais il semble que vous lisiez la poésie comme de la prose : pour vous elle doit dire quelque chose, alors que justement le poème est comme une peinture de Van Gogh, il fait sentir, bruisser le réel, il ne lui donne pas du sens. 


      Je vous invite aussi à lire, si ce n’est déjà fait, les articles de Genette sur la poésie (dans Figure 1 et 2). Ce ne sera pas forcément une révélation, mais cela vous rendra peut être plus tolérant vis à vis d’un phénomène que vous semblez ne pas comprendre. Si, je vous assure, on peut trouver très beaux les textes de Rimbaud et les peintures de Van Gogh, sans sacrifier aufolklore de leurs légendes et sans être un imbécile.

  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 27 août 2014 16:17

    Je dirais même plus, l’enseignant a le DEVOIR d’expliquer. L’activité pédagogique par excellence est (était ?) l’explication de texte.


  • Christian Labrune Christian Labrune 27 août 2014 16:39

    Robin Guilloux,
    J’ai fait le même métier que vous. Ce qu’il y a de bien après ces sortes d’expériences, c’est qu’on ne peut vraiment plus s’étonner de rien. J’ai connu plusieurs élèves arrivés presque au niveau du bac, et déjà philosophes en herbe à leur façon, qui m’avaient expliqué avec le plus grand sérieux qu’ils refusaient absolument de lire pour n’être en rien influencés par la pensée d’autrui. Le genre d’élève qui commencera souvent un paragraphe par la formule « Moi, personnellement, je pense que... » suivie de la plus insignifiante platitude.

    Répondant ironiquement à Descartes, les auteurs de la Logique de Port-Royal disent à peu près que le sens commun, n’est pas aussi commun qu’on le pense. Ils n’ont pas tout à fait tort !


  • Radix Radix 27 août 2014 17:11

    Bonjour

    Je me suis souvent accroché avec mon prof de français sur ce sujet. Quand il expliquait un poème je lui répondais : « C’est votre point de vue, pas le miens, car, à part l’auteur personne ne peut dire avec certitude ce qu’il a voulu exprimer et encore cela n’est même pas sûr ! ».

    Il est vrai que la poésie, avec son vocabulaire limité, rimes obligent, est assez pauvre en concepts et on se retrouve dans une espèce d’auberge espagnole où chacun ne trouve que ce qu’il apporte !
    Prévert a essayé de s’abstraire de ces limitations, malheureusement il n’a pas fait école car plus le propos est abscons plus les imbéciles s’extasient !

    Radix


    • Christian Labrune Christian Labrune 27 août 2014 17:48

      @radix
      Chez les auteurs qui ont vraiment du génie, rien n’est jamais gratuit. tout fait sens, et même les détails qui pourraient quelquefois paraître insignifiants. Dans la salle d’attente de l’officier de santé Bovary, par exemple, les vingt tomes d’une histoire de la médecine sont enfermés une armoire de sapin. S’il s’agissait d’un roman du gros Balzac, on n’irait pas chercher plus loin, on se dirait : pourquoi pas du sapin ? Certes, ça pourrait être du chêne, mais c’est un jeune médecin, les meubles en sapin coûtent moins cher. Il est même plus probable qu’on passerait là-dessus sans faire attention. Mais pour Flaubert, le sapin, c’est évidemment le bois dont on fait les cercueils des pauvres (expressions « manteau de sapin », « sentir le sapin », par exemple). On voit donc tout de suite par cette expression l’intention très ironique de l’auteur : les volumes ne sont pas dans le cabinet du médecin, il ne les a peut-être jamais ouverts, ils ne sont dans cette armoire que pour impressionner la clientèle, mais ils sont là comme dans un cercueil et tout cela n’est donc pas de très bon augure !
      Si on n’a pas compris ça, c’est tout simplement qu’on ne sait pas lire.


  • F-H-R F-H-R 27 août 2014 18:11

    @ L’auteur
    Je suis parfaitement d’accord avec vous.
    Je ne suis pas un littéraire mais je me souviens des cours de Français à l’école et en particulier des explications de textes, que j’appréciais beaucoup.
    Nous apprenions à disséquer les textes, les poèmes notamment.
    Il fallait faire une « étude technique » puis interpréter le sens du poème à la lumière de cette étude et du contexte émotionnel de l’auteur au moment de l’écriture.
    J’ai appris que les poèmes ont un rythme, fonction du nombre de pieds et de la ponctuation, que c’est un choix délibéré du poète que de faire des vers à 6 pieds, 12 pieds, etc. et de placer la césure à tel ou tel endroit. Le type de rimes (croisées, embrassées, plates) participe également au rythme. Il y a aussi une musicalité en fonction de dureté ou de la douceur des sons que produisent les syllabes. Le style d’écriture (emphatiques, comique, etc.), qui apporte l’émotion. La construction des vers et les liaisons ou cassures participent aussi à aux sentiments…

    En fin de compte, lorsqu’on prenait conscience de tous ces éléments, on avait plus de faciliter à comprendre le fond et l’état d’esprit de l’auteur. On décelait l’ironie, le stoïcisme, la souffrance la désinvolture… Un peu comme la musique associée aux scènes des films.

    Je pense que les poèmes ne s’écrivent pas d’un trait (sauf peut-être dans le surréalisme) et que les poètes reviennent sur les vers qu’ils ont écrits pour corriger le vocabulaire mais aussi la musicalité ou l’expression.

    Après tout, l’écriture est un art au même titre que la peinture ou la musique, lesquelles sont bien disséquées par les critiques.

    Je crois aussi que l’explication de texte est une forme d’apprentissage de la communication.

    Sous toute réserve.


  • coinfinger 27 août 2014 18:30

    Anecdote personnelle . Un jour j’ai vu des tableaux de Van Gogh . C’étai la premiére fois que j’en voyais en vrai . çà ne ressemblait en rien aux reproduction que j’avais vu . Litérallement j’étais fasciné . J’avais vu des reproductions mais pas ressenti l’effet qui n’existe pas dans les reproductions . Je ne l’ai pas fait exprés d’étre fasciné .
    Un poéme se récite , çà vient de l’oral , des temps obscurs où l’on ne connaissait pas l’écrit .
    Récite t on les poémes à l’école , avec talent ?
    Pourquoi vouloir comprendre ? comprendre quoi ? Les sensations ? Vous voulez comprendre le rouge ? Vous étes dans la physique pas dans la peinture .


    • F-H-R F-H-R 27 août 2014 18:51

      C’est de l’oral… si on veut…

      Les poèmes peuvent se lire sans voix.

      Par ailleurs, si l’on ne sait pas lire correctement, en respectant les règles, on ne comprendra pas forcément le texte. Il y a des enfants qui lisent mais qui ne sont pas capable de restituer le fond, simplement parce qu’ils ne font que prononcer les mots écrits.

      Quant aux couleurs, c’est de la physique certes mais un aveugle peu comprendre le concept de longueur d’onde et même en tirer des résultats en astronomies par exemple mais il ne saura jamais ce que l’on ressent (ou voit) lorsque la longueur d’onde de la couleur rouge frappe les cellules en cône de la rétine.

       

      Lorsque deux personnes communiquent verbalement, il y a le timbre de voix, les expressions du visage, la gestuelle du corps qui participent à l’expression.

      A mon avis, dans les poèmes c’est la même chose.


  • coinfinger 27 août 2014 19:22

    Exact . Je vais mettre un bémol à mon obscurantisme . Il y a à comprendre , bien sur , comment on obtient tel ou tel effet . Mais cela suppose le ressenti . Si un poéme est récité , une personne intervient et se meut . Comme Robbins dans le film . Et avec Van Gogh aussi les gestes ont laissés leur trace , et au couteau . Il y a le timbre aussi , je n’avais jamais vu ni méme révé de telles couleurs . Là c’est chimique . La maniére de faire des couleurs . L’essentiel est quand méme de l’avoir ressenti . Aprés vous ne supportez plus les couleurs qu’on vous fait . Vous savez que vous passez à coté de la vie .


  • Stupeur Stupeur 27 août 2014 22:46

    Bonjour Robin

     
    Quel est le passage du film (Le Cercle des poètes disparus) où Mr Keating défend « l’idée qu’un poème est un objet ineffable, une œuvre d’art inanalysable, que l’on ne peut que « contempler » et vis-à-vis de laquelle toute explication constitue une trahison, voire une défiguration » ?
     
    Comme Mr Keating ne peut pas se défendre, je vais (essayer de) le faire à sa place. smiley
     
    Le premier exercice que Keating demande à ses nouveaux élèves : il fait lire à Mr Pitts une strophe d’un poème. Ensuite il demande aux élèves ce que signifie le vers « Cueille dès aujourd’hui les roses de la vie » (qu’il résume par « Carpe diem ») et pourquoi le poète a écrit cela. 
    Donc Mr Keating demande d’abord à ses élèves de faire un travail de compréhension du poème. Ce qui va à l’encontre de l’idée que tu attribues à Keating (la compréhension nuirait à la jouissance de l’œuvre).
     
     « Le cercle des poètes disparus dans lequel on voit le professeur demander aux élèves de déchirer leur livre de littérature pour « communier directement aux textes ». »

    Mr Keating leur demande seulement de déchirer quelques pages de leur livre de littérature, correspondant à l’essai de M. J. Evans Pritchard « Comprendre la poésie » (où la valeur d’un poème est censée se mesurer en évaluant la surface représentée sur un graphique : « Si la perfection du poème représente l’axe horizontal d’un graphique, et son importance, l’axe vertical, le calcul de la surface du poème donne la mesure de sa grandeur. » ... )

    Mr Keating leur dit aussi que « La belle poésie peut parler de petits riens, comme un chat, une fleur, ou la pluie. La poésie est tout ce qui contient une révélation. » 
     
     
    Dans le film, il incite plutôt ses élèves à analyser les poèmes : comprendre les thèmes évoqués dans le poème, chercher à savoir ce qu’a voulu dire le poète, trouver la nature de la « révélation », etc...
     
     
    Merci !
    O Captain ! my Captain !
     
    Les poètes ne disparaissent pas ! 
    Mr Keating ne disparaîtra jamais !
     

    • Fergus Fergus 27 août 2014 23:36

      Salut, Stupeur.

      Je voulais mettre un commentaire allant dans le même sens. Je découvre que tu l’as fait avec beaucoup de talent et de pertinence. Merci à toi.

      Bonne nuit, et peut-être à un jour prochain sur un sujet musical (j’envisage de me remettre aux « grands concertos »)


    • Stupeur Stupeur 27 août 2014 23:53

      Salut Fergus smiley 
      Merci !
       
      J’envisage de trouver le courage pour me remettre à participer aux discussions sur Agoravox... smiley 
      A bientôt sur d’autres sujets, musical ou autre. 

    • Stupeur Stupeur 28 août 2014 22:25
      Moi aussi je suis stupide...
      In America they call me Stupeur the Stupid Girl smiley
       
       
       précisions wikipédiesques stupéfiantes à propos de la chanson susnommée (comme ça parle de The Clash, c’est pour Fergus) :
       
       « La chanson fut composée par les membres de Garbage, Duke Erikson, Shirley Manson, Steve Marker et Butch Vig. Elle est fondée sur l’arrangement d’un échantillon de batterie du succès des années 1980, Train in Vain de The Clash2, dont les auteurs, Joe Strummer et Mick Jones, sont crédités comme coauteurs de Stupid Girl3  »
       

    • Stupeur Stupeur 28 août 2014 22:42


      Pour revenir au sujet qui nous rassemble ici ce soir, le SDPDF* a rendu son verdict il y a 2h de cela : « Premièrement, Mr Keating est reconnu innocent des faits qui lui sont reprochés. Deuxièmement, Miss Stupeur a été reconduite, à l’unanimité, dans son poste de gardienne de la mémoire du regretté Mr Keating ».
       
       
       
      * SDPDF : Syndicat Des Personnages De Film

  • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 28 août 2014 08:43

    J’ adhère au contenu de votre article et je crois qu’ on pourrait en appliquer le contenu à l’ analyse de toute oeuvre d’ art.Malgré tout l’ explication de texte est un exercice parfois périlleux qui peut même parfois tourner au ridicule ou à l’ absurde.Il y a un gag de Tex Avery que j’ adore : celui de l’ écureuil fou qui tire des flèches au hasard dans un bois et qui ensuite va peindre des cibles autour de ses flèches plantées dans les arbres.Et bien c’ est le même risque qu’ encourt celui qui commente, qui à force de chercher des intentions et des explications finit par proposer des analyses « tirées par les cheveux » et oublie de prendre en compte qu’ il y a toujopurs dans toute forme de création une part de hasard, de spontanéité ou d’ immédiateté.Je me souviens d’ un prof de français qui en commentant un vers où il était question de théâtre( j’ ai oublié lequel malheureusement) nous explicait que la structure de celui-ci resemblait à la forme d’ une scène de théâtre.L’ un de mes camarades lui avait répondu en rigolant que c’ était peut-être pousser le bouchon très très loin, et le prof avait répondu qu’on ne pouvait affirmer ou démontrer le contraire de sa proposition.. !!???

    Vous pourrez me répondre qu’ un créateur n’ opère pas comme quelqu’ un qui tire des flèches au hasard mais il y a dans toute forme de création une part qui échappe à l’ analyse et qui est le fruit des milliards de paramètres qui font partie du vécu de l’ artiste.
    Donc, et pour revenir au sujet de votre article, ce n’ est pas tant l’ idée d’ un commentaire de texte qui m’ a gêné en tant qu’ étudiant mais plutôt l’ excès d’ interprétation et d’ analyse.
    A vouloir tout expliquer on peut finir par éventer une oeuvre, et en limiter sa portée tout comme ces personnes qui avec une petite cuillère font disparaître toutes les bulles pétillantes d’ une bonne coupe de Champagne...ou comme ces enfants qui à trop vouloir démonter leur jouet « magique » finissent par le casser.
    Le bon commentaire est celui qui élargit la vue, qui laisse entrevoir des pistes qui nous avaient échappé et qui n’ enferme jamais dans des analyses douteuses ou excessives.

  • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 28 août 2014 08:53

    En contrepoint de ma première réaction, voici un poème de Leo Ferré que le professeur Keating aurait sans doute apprécié avec entre autres cette fameuse phrase qui vous fera penser à l’ une des premières scènes du film


    " :Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s´ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes

    Avec la voix de Ferré ça prend une sacrée gueule !


    La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe
    Elle a cependant le privilège de la distinction
    Elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore
    On ne prend les mots qu´avec des gants
    À menstruel, on préfère périodique
    Et l´on va répétant qu´il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires et du codex

    Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n´employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu´ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baise-main
    Ce n´est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baise-main qui fait la tendresse
    Ce n´est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot
    Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s´ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes

    Le poète d´aujourd´hui doit être d´une caste, d´un parti ou du Tout-Paris
    Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé

    La poésie est une clameur
    Elle doit être entendue comme la musique
    Toute poésie destinée à n´être que lue et enfermée dans sa typographie n´est pas finie
    Elle ne prend son sexe qu´avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l´archet qui le touche

    L´embrigadement est un signe des temps, de notre temps
    Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes
    Les sociétés littéraires, c´est encore la société
    La pensée mise en commun est une pensée commune

    Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes
    Renoir avait les doigts crochus de rhumatisme
    Ravel avait dans la tête une tumeur qui lui suça d´un coup toute sa musique
    Beethoven était sourd
    Il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok
    Rutebeuf avait faim
    Villon volait pour manger
    Tout le monde s´en fout !
    L´art n´est pas un bureau d´anthropométrie
    La lumière ne se fait que sur les tombes

    Nous vivons une époque épique
    Et nous n´avons plus rien d´épique
    La musique se vend comme le savon à barbe
    Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu´à en trouver la formule
    Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle
    Qui donc inventera le désespoir ?

    Avec nos avions qui dament le pion au soleil
    Avec nos magnétophones qui se souviennent de ces voix qui se sont tues
    Avec nos âmes en rades au milieu des rues
    Nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions

    N´oubliez jamais que ce qu´il y a d´encombrant dans la morale, c´est que c´est toujours la morale des autres

    Les plus beaux chants sont des chants de revendication

    Le vers doit faire l´amour dans la tête des populations
    À l´école de la poésie, on n´apprend pas !
    On se bat !

  • caillou40 caillou40 28 août 2014 11:05

    Un « poème » c’est un ensemble de mots dans un ordre précis qui chante à nos oreilles...Doit on aussi expliquer la musique ou un tableau.. ?


    • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 28 août 2014 11:16

       « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ». Ou bien : « D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux ». Ou bien : « Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir ». Ou bien : « Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font ». Ou bien : « Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour. »


    • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 28 août 2014 11:16

       « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ». Ou bien : « D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux ». Ou bien : « Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir ». Ou bien : « Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font ». Ou bien : « Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour. »



      L’ ordre précis...c’ est relatif...

    • caillou40 caillou40 28 août 2014 12:22

      Par ALEA JACTA EST ...comme la connerie chez certain.. !


    • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 28 août 2014 12:36

      « certain »  avec un s au bout ça ira mieux peut-être ?..et ça prendra du sens... !



    • caillou40 caillou40 28 août 2014 13:31

      Par ALEA JACTA EST ...hélas mon bon..je ne suis cerf- thym de rien..et vous ?


  • Montdragon Montdragon 28 août 2014 11:27

    Merci à l’auteur, !
    Entrant en 1ère L, j’étais bien incapable de disséquer un texte en prose ou vers.
    Au bout d’un an j’adorais cet exercice et y excellait.
    Du travail et et encore du travail, il finira par aimer.


  • Werner Laferier Werner Laferier 28 août 2014 12:30

    Je pense qu’a l’heure de trouble au Moyen-Orient et au Caucase, les poèmes et autres fables deviennent insignifiantes et passent au dernier rang, vous avez perdu du temps à écrire cet article au lieu de dénoncer les pratiques barbares dans certaines contrées du tiers monde.


    • Fergus Fergus 28 août 2014 12:51

      Bonjour, Werner.

      Je résume votre pensée : en période de guerre, quelque part sur la planète, il faut désormais s’interdire toute incursion dans les domaines suivants : les arts, le sport, l’observation de la nature ou celle du cosmos, la chasse et la pêche, la gastronomie, la cigarette électronique, la botanique et la zoologie, la pétanque et les concours de crachat de noyaux.

      Dénoncer les barbaries constatées ici ou là sur le globe est en effet souhaitable de la part d’un maximum d’entre nous. Doit-on pour autant s’empêcher de vivre ?


    • Werner Laferier Werner Laferier 28 août 2014 12:59

      Il faut faire la part des choses, chaque chose en son temps, les personnes perdent du temps à lire cet article alors qu’un autre article sur la Syrie ou l’Iran auraient pu les sensibiliser et probablement sauver des vies humaines en dénonçant les injustices des pays non civilisés.


  • bakerstreet bakerstreet 28 août 2014 12:47

    Un poème, c’est comme une statue du parc ; 

    inutile de chercher à convaincre quelqu’un de sa beauté,
     même en lui faisant un cours sur la renaissance. 

    Diane vous fait un signe, ou pas !
    Comment expliquer la beauté des beaux nuages blancs aux mateurs de porno ?
    Y a quelque chose de pourri au royaume de france
    Et la p’tite Jehanne ne se battrait même plus pour bouter les english !

    Qu’est ce qu’un grand poète ? 
    Même Rimbaud aux yeux de certains passent pour un mirliton. 
    Il devrait sa réputation à ses fugues, à une jambe en moins.
    Au moins, on sait ce que c’est qu’un grand parano !
    Y a des coups de pied au cul qui se perdent !
    La poésie c’est comme les épices, ça sert à donner du gout à éveiller les sens à vous mettre la tête à l’envers, et c’est bien difficile à admettre, pour ceux qui veulent la garder vissée sur leurs épaules
    Comment pourraient ils transmettre le gout de la poésie et des fractales silencieuses, eux dont le seul rapport au hasard est de s’être retrouvé un jour professeur de néant


  • Robert GIL ROBERT GIL 28 août 2014 14:02

    ce n’est pas vraiment un poeme, mais celui qui a fait cette vidéo, c’est gavé ...

    voir : NOTRE HISTOIRE EN DEUX MINUTES …


  • Ramana Ramana 29 août 2014 09:55

    Le monde est un mystère total, il n’est pas explicable par le raisonnement. L’analyse rationnelle que nous avons érigée en dogme ne rend compte que de notre manière collective d’appréhender le monde en un lieu et une époque donnée. Cette traduction de la réalité n’est pas pour autant fondamentalement « vraie’. Même l’approche scientifique avec ses moyens et ses »preuves" n’est qu’un édifice bâti sur des conventions implicites, communément admises, qui ne nous paraissent solides parce que nous en avons collectivement décidé ainsi.
    Le monde, l’univers, est infiniment plus vaste que ce qui nous apparait dans le champ de notre conscience ainsi délimité. La poésie, et l’art en général, est ce qui nous permet d’aller au delà de ces limites. Vouloir analyser la poésie, c’est vouloir ratiociner ce qui par nature est censé nous faire transiter au dehors du raisonnement, lequel justement nous enferme dans une bulle de conformité.
    Alors l’analyse littéraire, oui, un peu, quelquefois, pour susciter l’entrée dans le texte de celui qui n’y voyait au préalable aucun intérêt, disons pour éventuellement l’accrocher. Mais ensuite, décrochons rapidement de l’analyse et poussons la porte de l’indicible...


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