samedi 11 août 2018 - par
Tesla, veau d’or de marchés complètement fous
Après plusieurs dérapages et avoir annoncé le licenciement de 9% de ses salariés pour tenter de réduire ses pertes, Elon Musk semble vouloir se racheter une conduite, comme l’a montré l’annonce des résultats de Tesla pour le second trimestre. Les marchés ont applaudi, faisant rebondir l’action. Pourtant, le simple survol des chiffres devrait appeler à beaucoup plus de prudence.
Il était une fois une grosse bulle
Bien sûr, Elon Musk peut s’appuyer sur le fait que Tesla a réussi à produire 5031 Model 3 la dernière semaine de juin, tenant son objectif, au contraire du premier trimestre, où son entreprise n’avait réussi qu’à produire 2020 voitures sur la dernière semaine au lieu des 2500 visées. On ne peut que reconnaître la forte progression des cadences, qui permet au fantasque PDG d’annoncer que la rentabilité de son entreprise est proche et pourrait être atteinte au second semestre, rappelant l’objectif de 350 000 voitures produites par an. Les marchés ont bien accueilli les annonces, faisant gagner à l’action plus de 10%, un gain de plus de 6 milliards de dollars de capitalisation boursière en un jour !
Les chiffres restent pourtant préoccupants : une perte de 700 millions pour 4 milliards de chiffre d’affaires, soit un résultat négatif de plus de 15% du CA, certes en amélioration par rapport au -20% des précédents trimestres. Forte hausse de la production et amélioration du taux de résultat pourraient être convaincants, mais cela semble un peu court. D’abord, il y a encore du chemin à parcourir avant de gagner de l’argent. Puis, les chiffres de production sont assez troublants. Si la production de Model 3 a triplé en un trimestre, le chiffre de la dernière semaine, à 5031, est artificiellement gonflé puisque sur les 12 premières semaines, la production moyenne est restée inférieure à 2000 unités.
Etonnament, si plus de 28 000 Model 3 ont été produites sur le second trimestre, seulement plus de 18 000 ont été livrées, un écart bien faible, qui amène à se poser des questions sur le niveau de qualité et de finition de ces cohortes de Model 3 produites. En outre, les constructeurs premium fourbissent leur réponse, qui arrive, et pourrait bien mettre en difficulté le constructeur californien, dont on peut se demander si ses voitures seront au niveau. Plus inquiétant, les géants allemands pourront se permettre une agressivité tarifaire sur leurs véhicules électriques, amortie sur les plus de deux millions de voitures à combustion classique… Bref, la position de Tesla est très fragile.
Bien sûr, Tesla a triplé sa production de Model 3, mais la concurrence arrive et les gouvernements se rendent compte du bilan écologique contestable des véhicules électriques, remettant en cause les aides passées. Il est donc fou que Tesla ait une capitalisation boursière supérieure à celle de Renault et PSA réunis (plus de 100 milliards de CA et 7 milliards de profits à eux deux).