samedi 26 juin 2010 - par Arosmik

Des profs payés à la performance

Les derniers de la classe se font souvent punir. Alors pourquoi pas les professeurs ? Le gouvernement de Corée du Sud souhaite agir plus sévèrement dans le milieu de l’éducation en établissant de nouvelles règles d’évaluation des performances des enseignants dans les universités publiques.

L’objectif est de réduire les salaires-bonus des enseignants entrant dans la tranche des 10% de ceux qui auront la plus mauvaise évaluation. Système simple et motivant pour le gouvernement. Les 20% de la tranche supérieure (meilleur résultat lors de l’évaluation) pourront obtenir jusqu’au double de leur salaire lié à la performance en guise de bonus. Et les enseignants effectuant des recherches innovantes au cours de leur cursus pourront obtenir des bonus allant jusqu’à quatre fois leur salaire.
 
Le ministère de l’éducation, de la science et de la technologie était fier de présenter hier ce nouveau plan qui devrait être lancé à partir de juillet de cette année et qui sera destiné à termes aux membres des facultés et aux 41 universités publiques à travers la péninsule. Le gouvernement veut cependant procéder étape par étape. Dans un premier temps, les mesures seront prises pour les 150 nouveaux enseignants qui seront embauchés lors du second semestre et qui recevront leur salaire en fonction de leur performance. Le système devrait être complètement opérationnel et adressé aux 16 000 enseignants des universités publiques d’ici 2015.
 
Quatre catégories de salaires sur performance seront créées : les « S » représenteront la tranche supérieur des 20%, les « A » représenteront une seconde tranche de 30%, les « B » représenteront 40% et les « C », la dernière tranche de 10%. Les enseignants auront donc deux types de paiements : le salaire de base et le salaire relatif à la performance. Le salaire moyen de performance sera calculé en divisant le paiement total par le nombre d’employés.
 
Les « S » recevront de 1.5 à 2 fois le paiement moyen lié à la performance en guise de bonus. Pour les chercheurs, une catégorie « SS » sera créée pouvant laisser place à un bonus représentant 4 fois le niveau moyen de salaire sur performance. Les « A » obtiendront un bonus légèrement au dessus et les « B » légèrement en dessous. Les « C » n’auront rien.
 
Il n’y a plus qu’à attendre de voir quel sera le système d’évaluation imaginé par le ministère de l’éducation.


9 réactions


  • spartacus1 spartacus1 26 juin 2010 08:48

    Pouvez-vous exactement me dire ce qu’est la performance d’un prof ?

    Le nombre d’étudiant réussissant les examens ? Facile, on note de façon laxiste et le tour est joué.

    Le nombre d’étudiants ratant les examens ? Tout aussi facile, on note de façon stricte, comme un couperet.

    etc, etc.


    • avocatdudiable avocatdudiable 27 juin 2010 10:04

      Faire évaluer le prof par ses élèves directement sur plusieurs critères ;)


    • Mycroft 29 juin 2010 11:26

      Facile, on fait de la démagogie, et les élèves, même adultes, plongent dedans.

      Il y a un rapport hiérarchique entre prof et élèves. C’est même sans doute le seul rapport hiérarchique qui ai vraiment un sens.

       Je prends pour exemple mon école, dans lequel un de mes enseignant s’est fait publiquement insulté pour avoir sanctionner collectivement une fraude massive. Si les élèves avaient eu le droit de le noter, il aurait été sanctionné pour intégrité...

      Non, clairement, les élèves ne sont pas en mesure de juger les professeur. Tout comme les inspecteurs, d’ailleurs.

      Seul l’histoire peut juger les enseignants. C’est encore plus vrai pour ceux qui font de la recherche.

      Commençons par les motiver en leur donnant le respect qu’ils méritent, plutôt que de contester leur jugement en permanence.


  • srobyl srobyl 26 juin 2010 10:13

    Autrefois, alors qu’en effet le « public » des lycées était relativement homogène,il était fréquent que les Inspecteurs, tout comme l’affineur de fromage « teste » le degré de maturation et la qualité de ses produits, fasse des « prélèvements » lui aussi en interrogeant les élèves censés avoir assililé une notion déjà abordée...ca paraît normal, en effet qu’un chef de chantier apprécie la qualité d’un ouvrage à sa solidité plutôt qu’à l’élégance du coup de truelle du compagnon...
    Mais aujourd’hui, avec une telle différence dans les niveaux et les capacités des élèves, les disparités entre les établissements, comment serait-ce possible ? Ca aboutirait à ce que les profs des beaux quartiers soient favorisés et ceux qui galèrent dans les ZEP sanctionnés financièrement, non ? 
    Rien n’est plus difficile à évaluer que l’efficacité d’un enseignement, à part peut-être, les « performances » d’un pof.


  • Le Canard républicain Le Canard Républicain 26 juin 2010 11:03

    Pour la France, quelques informations :
    - le gouvernement soutient la Fondation Saint-Matthieu et l’enseignement catholique :
    http://www.xn—lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?article365 (avec mozilla firefox)
    - En 1976, un élève qui sortait du collège avait reçu 2800 heures d’enseignement du français depuis son entrée au cours préparatoire. En 2004, il en a reçu 800 de moins. Il a donc perdu l’équivalent de deux années et demie. C’est comme si, au milieu de son année de cinquième, on le faisait passer en seconde :
    http://www.xn—lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?breve43

    Cordialement.
    J.G.


  • JJ il muratore JJ il muratore 26 juin 2010 12:25

    Arosmik : cette idée n’est pas nouvelle et est déja appliquée- avec succés- dans de nombreux pays.
    Toutefois comme le disent certains commentaires ici, concernant la situation réelle de la France, elle ne peut être simplement copiée (pompée ?) ; elle demande de fines adaptations compte tenu de l’hétérogénéïté des niveaux sociaux et culturels dans la patrie de l’Egalité.
    Il faut savoir que dans les Universités US chaque prof est évalué en fonction de ses résultats ET d’une grille d’évaluation renseignée par ses élèves. cela me paraît être une excellente idée.


  • JJ il muratore JJ il muratore 26 juin 2010 12:51

    je crois bon de rajouter que si la méthodologie générale de l’évaluation est bien connue et donc applicable, les obstacles, en France, à une telle mise en place, sont d’ordre idéologique et corporatiste. En effet tous ceux qui ont ou ont eu des enfants scolarisés peuvent témoigner de deux choses : 1/ de la compétence et de l’implication de nombreux profs 2/ de l’incompétence et du « je m’en foutisme » de quelques uns dont cependant ni la rémunération ni la carrière n’est en rien affectée. En effet la culture de cette population, fondée sur la mythologie du Passé (Les Hussards de la République) tout comme la théorie syndicale : tous solidaires dans le « Corps Enseignant » s’opposeraient à la moindre distinction dans le Corps enseignant (comme corporatisme)
    Je précise avoir eu la chance dans ma vie professionnelle de participer à la mise en place de nombreuses évaluations dans le monde de l’entreprise : sur quels items un cadre doit-il évaluer ses subordonnés ? ET sur quels items les subordonnés (N-1) évaluent leur N+1 ?
    La phase la plus interréssante était celle de la mesure de l’écart entre ce qu’attendait l’évalué (auto évaluation) et le résultat de son évaluation par un autre. Cela a été le puissant moteur d’une dynamique de progrés pour tous.
    Ca n’est pas demain que ces pratiques pénètreront les Corps des Fonctionnaires à la française !
     


  • schweitzer schweitzer 26 juin 2010 22:58

    Ce gouvernement adore apparemment les chèques en blanc... d’autant que ce n’est pas eux qui payent, c’est nous !!!

    Tous plus incompétents les uns que les autres et menés par « Le Grand Psychopathe de la décennie »... c’est terriblement affligeant !

    Je te les enverrais tous aux galères en 15 jours, si seulement j’étais empereur... Votez pour moi (comme ils disent tous) !

    Bref, je n’ai plus viiament l’âge d’aller sur un banc d’école, mais je suis franchement contre cette réforme et je pense que tous ces dirigeants n’ont que la gu... enfin, veux-je dire, que le portefeuille qui fonctionne. Et encore, même pas correctement, ce sont des usines à pognons qui n comprennent rien à ce qui se passe. Manipulation et Propagande, voilà vos enfants : rien dans la tête et tous plein de faux billets, d’idées vrais ou fausses certes mais qui recourrent au mensonge pour créer une aristocratie dirigée par quelques pachas indétronables... Bref, de vrais me-x-x., si vous me passez l’expression !!!.

    A+. Jake.


  • Luc Paul ROCHE Luc Paul ROCHE 30 juin 2010 00:10

    La performance est une notion purement idéologique.

    Dans un pays violent, le prof performant est celui qui incite à la violence ; dans un pays indolent, le performant incite à la mollesse ; dans un pays pourri, le performant incite au pourrissement ; dans un pays d’illettrés, le performant incite à l’illettrisme ; dans un pays d’imbéciles, le prof performant fait l’éloge de la sottise

    ... et dans un pays républicain, le prof performant transmets des valeurs républicaines fondées sur de vénérables connaissances qui ont fait leur preuve et qui ont supporté l’épreuve dissolvante de la postérité.

    Le dernier cas (le pays républicain) existe de moins en moins. Les autres cas, cités avant lui, prolifèrent.

    A noter qu’en France des projets de performance absolument similaires (ex RGPP), pour ne pas dire identiques, sont dans les cartons de l’Éducation nationale, ce qui n’est pas étonnant puisque cette mentalité de la performance domine tous les secteurs d’activité, publics et privés.

    Inutile de préciser que le culte de la performance, c’est au final l’effondrement d’un pays. Quand j’entends un citoyen ou un politique faire l’apologie de la « performance » (ou de ses corrélatifs creux et grotesques : « dynamisme », « créativité », « innovation »... ), j’ai toujours envie de lui casser la gueule.

     smiley


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