Le 21 février 1987, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani sont arrêtés par la police. Les quatre piliers d’Action Directe ont commis de nombreux attentats et des assassinats.
Leur but : défendre le prolétariat, par les armes, s’il le faut, à l’instar de leurs cousins italiens des Brigades rouges et allemands de la Fraction Armée rouge.
En réalité, selon le journaliste Romain Icard qui a enquêté sur les motivations du quarteron d’activistes, Action directe a été manipulé par un état qui voulait régler ses comptes à la France. L’assassinat par haine du capitalisme est un prétexte romantique qui ne tient pas sous les coups de boutoir de l’investigation.
Mais toute la lumière n’avait pas été faite sur ce groupuscule dont l’histoire peut nous permettre de comprendre d’autres affaires, comme celle de Battisti ou de Julien Coupat.
L’Histoire secrète d’Action directe, enquête filmée de Romain Icard, est diffusée sur Canal+ vendredi 16 octobre à 22h20.
« Je suis complètement convaincu qu’Action directe a été commandité pour accomplir ces assassinats », déclare dans ce documentaire Yves Bonnet.On ne peut que souscrire à cette affirmation de l’ancien patron de la DST après avoir vu l’enquête de Romain Icard. Non seulement celui-ci nous permet de comprendre comment de jeunes jusquauboutistes aux idées bien arrêtées peuvent aller jusqu’à détruire la vie d’autrui (et la leur) mais aussi pourquoi le sommet de l’état a pu les laisser agir en toute impunité.
Ce film commence par retracer l’itinéraire de Rouillan qui avec ses camarades espagnols anti-franquistes exécuteront en 1973 un policier de l’autre côté de la frontière. Ses copains seront capturés. L’un deux, Puig Antich sera garroté. Rouillan s’en sort. A Toulouse, avec les anarchistes il créera les Groupes d’Action Révolutionnaires Internationalistes. En prison Rouillan prône la violence, les anarchistes prennent leur distance. Il y a scission.
Le film évoque le contexte de l’époque, les années 70 qui voient l’essoufflement de l’esprit de mai 68, l’auto-dissolution de la Gauche Prolétarienne dont certains membres, comme Gilles Millet (interviewé ici), fondateur de Libération, se reconvertissent majoritairement, alors que d’autres restent sur la carreau, déboussolés. C’est sur ce terrain que prospèrent généralement les déçus, les largués de tous bords, prêts à tout pour, sous prétexte de venger l’honneur du prolétariat qui n’en demande pas tant, satisfaire leur ego.
Lorsqu’il sort de prison, en 1977, Rouillan rencontre Nathalie Ménigon. Ils fondent Action directe et signent leur premier forfait le 1er mai 1979 en mitraillant le siège du patronat français. Pour l’heure ils sont entourés d’une dizaine de sympathisants. Ils multiplient les actions spectaculaires et leurs rangs grossissent.
Pour le pouvoir il est clair qu’il faut stopper cette progression. Le commissaire Pochon leur monte un traquenard avec l’aide d’un indicateur chargé de leur faire croire que Carlos, « leader incontesté du terrorisme international », à l’époque, veut les rencontrer pour faire sauter le barrage d’Assouan, en Egypte. Pochon remarque que les membres d’AD sont tellement obnubilés par leur cause qu’ils y croient. C’est pourtant gros comme un canulard. Mais le 13 septembre 1980, les fondateurs d’Action Directe (Rouillan et Ménigon auxquels se sont adjoints Cipriani et Aubron), sont arrêtés. Ce qui ressemble à un point final n’est en fait que le terme de l’acte premier.
Avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et les lois d’amnistie qui bénéficieront aux prisonniers politiques, Action directe sort vainqueur. L’action de la justice est bafouée par le sommet de l’état, le groupe fait de la provocation, multiplie les déclarations. Aucun des quatre membres n’a renié quoi que ce soit. On voit dans le film une interview exclusive de Joëlle Aubron, avant son décès, qui justifie son engagement. Rouillan semble ne pas regretter, aujourd’hui encore.
En 1982, Rouillan prépare un assassinat. Il se confie à son avocat ; Il s’agit de descendre un certain Gabriel Chahine. Cet anarchiste libanais était en réalité un indic. C’est lui qui a servi d’intermédiaire entre AD et la police dans « l’affaire Carlos » qui a permis le démantèlement provisoire du groupe.
En février 82 Rouillan tue Chahine ce qui constitue, selon le commissaire Pochon, « l’action fondatrice qui va faire tomber le tabou du sang ». Ce dernier rappelle qu’entre temps, le pouvoir donne des ordres très stricts pour travailler « a minima » sur AD. Le groupe bénéficie de protection au plus haut sommet de l’état, ce que révèle le film. Il peut se permettre de négocier. Le cerveau, Rouillan, veut la « tête » de Pochon, le flic qui sera muté en Martinique. AD échappe à tout contrôle et prépare le pire. On le sait, à l’époque, Rouillan, s’exprime ouvertement, parfois même à l’antenne de France-Inter.Pourquoi une telle protection ? Pour qui roule Action directe ? C’est ce que révèle ce film.
Après quelques actions d’éclat, des attentats contre des biens de luxe notamment, Action directe assassine en 1985 le général Audran, ingénieur de l’armement, et en 1986 Georges Besse, patron de Renault... Pourquoi avoir pris pour cible ces hommes qui ne sont pas franchement des figures du capitalisme mondial ?
L’histoire d’Action directe, révélée par Romain Icard, ne fait que commencer...
Crédit photo (Georges Besse assassiné par Action directe) : Stalker
Je ne comprends pas le rapport entre le titre de l’article (manipulé de l’étranger) et le fait qu’AD aurait bénéficié de protection au plus haut sommet de l’état. Pour qui roulait AD ? J’ai regardé les 3 films mais ils ne m’ont pas éclairé là-dessus.
Article de propagande pour le système capitaliste pour discréditer et calomnier un mouvement révolutionnaire anticapitaliste authentique .
Se référer à Yves Bonnet patron de de la DST gardien en chef du système mafieux capitaliste pour garantir la véracité et l’honnêteté du film de propagande et de calomnie de Romain Icard diffusé sur Canal+ pour dénigrer et salir Action Directe et ses dirigeants ,il faut oser le faire .
je ne vous félicite pas mr l’auteur de participer à cette propagande
Tiens.... en faisant de petites salopes criminelles des agents manipulés (par qui ?), j’avais au contraire l’impression que l’auteur leur trouvait plutôt des excuses. Les fanatiques ne sont jamais satisfaits.
Sans le capitalisme la planète ne serait pas salopée à ce point !
« Le capitalisme n’est qu’un banditisme, irrationnel dans son essence et dévastateur dans son devenir. Il a toujours fait payer quelques courtes décennies de prospérité sauvagement inégalitaires par des crises où disparaissaient des quantités astronomiques de valeurs, des expéditions punitives sanglantes dans toutes les zones jugées par lui stratégiques ou menaçantes, et des guerres mondiales où il se refaisait une santé« (Alain Badiou)
Ce que Badiou omet de dire c’est que, même dans les périodes de prospérité, il fait disparaitre des quantités astronomiques de valeurs : eau claire, paysages naturels, atmosphère pure ... remplacés par des égouts à ciel ouvert, des paysages éventrés, des marées vertes, des »îles" d’ordures en plein Pacifique, des déchets radioactifs partout, la déforestation acccélérée, les terres agricoles mortes, etc, etc...
Alors les ordinateurs, la belle affaire. Donnez des ordinateurs à des hommes véritables, capables de survivre dans une nature vierge, ils vous riront au nez. Les téléphones portables ?
J’oubliais le principal : la moitié de la planète meurt de malnutrition, de manque d’eau potable, d’instruction, de soins, de protection, de travail, ... d’avenir.
Je signale que le péripate a trouvé le moyen de s’octroyer lui même tout les votes qu’il veut ce qu’il lui permet maintenant d’être presque toujours en tête des réactions les mieux appréciées, et de promouvoir ainsi ses conneries qui n’avaient pas grand succès auparavant...
Je ne suis pas étonné de votre provocation mr le péripate ange gardien de l’ordre libéral capitaliste . -------------------------------------(vous voyez je suis gentil avec vous ,j’ai employé l’expression « ange gardien » et non « chien de garde » car je reconnais votre intelligence dans la défense du libéralisme au sens du capitalisme bien qu’en étant tout à fait opposé à votre idéologie)
Bon, je n’ai pas regardé les films, mais comme Annie, je ne vois rien qui illustre la thèse exposée dans l’introduction, à savoir qu’action directe ait été manipulé d’une façon ou d’une autre.
Au passage, la « protection » dont bénéficiait Action directe, à l’époque, n’est elle pas plutôt un rappel au bon-sens, demandant au service de renseignement et à la police de s’occuper de véritable menace pour le peuple et la nation, et non pas d’un groupe monté en épingle et qui au final, n’effrayait qu’une minorité de privilégiés ? Action Directe n’a jamais représenté une menace pour la France ou les français.
En règle général, quand une personne lambda est menacée, la police agi également « à minima », pourquoi devrait il en être autrement pour les riches ?
Pourquoi Treiber court toujours « sous les feux des projecteurs »...et que Coupat et les « terroristes supposés » étaient arrêtés « sous les feux des projecteurs » au quatre coins de la France... ?
Des Action Directe, il en faudrait à tous les coins de rue pour éliminer définitivement la racaille en col blanc. Eux avaient des couilles au moins, Quand à tout ce ramassis de larves, « bavants » les bienfait du capitalisme mondial, mort au cons !
Tu as de la chance de vivre dans un système qui te permette de proférer des énormités pareilles sans te coller dans un cul de basse-fosse... ou une balle dans la tête. Mort aux cons ? Je te rejoins là-dessus.
Oui bonne idée ! Et ensuite vous vous entretueriez et on appellerait ça le maoïsme ! (vous pouvez embaucher des consultants ex khmers rouges, aussi, de vrais spécialistes)
Je ne partage absolument pas les idées de Péripate, mais j’ai un problème avec les gens qui flinguent, de sang froid, des « symboles » dans la rue, qu’il s’agisse de symboles anticapitalistes ou autres.
...prêts à tout pour « sous prétexte de venger l’honneur du prolétariat qui n’en demande pas tant », satisfaire leur ego...
...prêts à tout pour « sous prétexte d’amener »La Paix« en Afghanistan qui n’en demande pas temps, satisfaire les marchands d’armes, les négociants d’énergies fossiles et les cimentiers qui vont reconstruire après les bombardements...
Ce sont les Etats qui sont violents, ce sont les Etats qui terrorisent »légalement".
AVX, relais d’Indy Média ? repaire de ultra gauche, l’extrême gauche, avec ses squats, de Dijon a Nantes en passant par Montreuil, peuplés de gens pour la majorité issue de la bourgeoisie ( EX /Coupat, Levy ) en mal d’existence, de « justice » rongés par la culpabilité de n’être que des petits bourgeois sans Destinées. Ils ne servent a rien ,mais sont persuadés du contraire. Gâchent leurs vies et celles de leurs familles. Et puis a force de jouer a la guerre, de se prendre pour des héros, BOUM ! Chambéry, 1 mort,1 blessé grave, comme quoi ! Allez, continuer vos phantasmes du grand soir, c’est vous qui payer l’addition. Cela s’appelle la justice
Agoravox « relais d’Indymédia »... je n’en sais rien...
« gâchent leur vie et celles de leurs famille »...
Selon vous, il vaut mieux je jeter silencieusement d’un immeuble ou se pendre dans son bureau.. ;c’est vrai que ça n’emmerde personne. Tant que les salariés ne s’en prennent qu’à eux-mêmes, ça te permet de dormir tranquille...ou plutôt de surveiller tranquillement...
C’est le grand phantasme sécuritaire pour que rien ne bouge, genre regardez, on gère le problème, il suffit de surveiller et punir...ça se saurait depuis le temps, parlez-en aux profs et instituteurs...surveiller et punir...
Moi qui suis un grand naïf, c’est ici sur agoravox que j’ai appris qu’un extincteur pouvait servir à autre chose qu’à éteindre un incendie...surtout que j’en voit souvent des extincteurs...
On se
souvient que les brigades rouges étaient largement manipulées par les barbouzes
de l’opération Gladio (commandée par l’OTAN) dont le but était la
déstabilisation des institutions italienne (dont on voit encore les
conséquences avec Berlusconnard) opération rendue nécessaire selon l’OTAN par
l’excès d’influence du PCI. C’est ainsi qu’à été décidé l’enlèvement et
l’exécution d’Aldo Mauro, 1978, ainsi que l’attentat de Bologne en 1980, 85 morts (responsables, la loge P2, +
quelques racailles d’extrême droite dont
Adriano Tilgher, ami actuel de Berlusalopard…)
Mais avec
Action Directe ou est la manipulation ? Et par qui ? Pas de réponse
ni dans le papier ni dans le film…
L’auteur se
fout un peu de la gueule du monde, ressort cette histoire sans apporter le
moindre élément prouvant la réalité du titre fracassant…Il surfe sur cette
histoire sans comprendre grand-chose à son sujet, c’est proche du bidonnage…
Cher Marcel, soit le niveau de votre réponse indique une mauvaise foi risible, soit vous êtes mal comprenant, soit vous n’avez pas vraiment regardé le doc (peut être etiez vous sur Koh lanta, comme la majorité des français...). Quoi qu’il en soit, les éléments sont là, notamment sur les connexions avec les palestiniens, ne vous en déplaise. Vous évoquez Gladio et tout le toutim, aucun souci, c’est la même logique qui prévaut. Pourquoi l’accepter d’un coté et pas de l’autre. Pensez vous que ces romantiques d’extrême gauche étaient trop purs pour être manipulé. Allons, allons, j’ai le vague sentiment que vous ne connaissez rien au sujet et que votre message se veut proche du bidonnage si vous le pensez vraiment. Mais je n’ose le croire... Vous semblez ignorer bcp de choses sur la RAF, sur les CCC ou encore sur les connections avec certaines personnes en France, qui disaient ne pas faire partie d’AD mais qui en étaient pourtant bien proches d’eux et qui voyageaient allégrement en Syrie et ailleurs a l’époque... Revoyez votre copie, et revenez vers moi avec plaisir pour que nous en discutions bien cordialement
israèl n’attaquera jamais l’IRAN sans l’accord des USA , car derrière l ’ IRAN , il y a la CHINE et la RUSSIE , qui soNt d’ailleurs visées par le plan BREZINSKI pour mettre la « main » sur les ressources énergétiques de l ASIE centrale , et surtout PRIVER CES 2 PUISSANCES - LA CHINE et la RUSSIE de ces ressources AFIN QU’ELLES NE CONTRECARRENT LES PROJETS DU NOUVEL ORDRE MONDIAL QUE LES OCCIDENTAUX VEULENT IMPOSER sur la planète ; c’est à dire un FASCISME ECONOMIQUE ou un ordre mondial qui imposera une économie de marché ULTRA-LIBERALE TOTALITAIRE, sans que les « masses »n’ aient leurs mots à dire ! " . Tout le reste n’est que diversion pour cacher les BUTS véritables du N O M . Le N O M c’est le CFR - le BILDEBERG - l’IFRI , aidés par la CIA - l ’ ONU - le FMI et bien d’autres organisations des élites mondiales.
Manipulé par l’Iran, qui cherchait à récupérer l’argent investit dans Eurodif pour l’enrichissement de l’uranium ? Georges Besses n’était-il pas un ancien responsable du programme nucléaire français ?
L’article nous laisse un peu sur notre faim. Quel est donc cet état manipulateur ? J’en vois 3 qui sont depuis plusieurs dizaines les instigateurs de tant de choses : 1 en Europe occidentale , 1 en Amérique du Nord et surtout 1 au Moyen Orient (celui dont on ne doit jamais prononcer le nom). A vous de choisir mais je crois que l’on se doute tous de qui c’est...
[Lettre ouverte de Raymond Delgado et Bernard Réglat]
Le 16 octobre 2009, Canal+ a diffusé, dans le cadre de son magazine Spécial investigation, un documentaire intitulé Histoires secrètes d’Action directe
qui prend place, malgré la dure concurrence à ce niveau, au sommet des
pires saloperies jamais diffusées concernant l’histoire de ce groupe.
Et
il se trouve que nous, Raymond Delgado et Bernard Réglat, apparaissons
comme la « caution anarchiste » de cette infâme saloperie, ce qui nous
oblige à nous expliquer sinon à nous excuser auprès des principaux
intéressés pour des propos que nous n’avons pas tenus (nous y
reviendrons).
Comment
sommes-nous arrivés là ? Le réalisateur de cette merde, Romain Icard, a
pris contact avec nous se recommandant de Gilles Millet, un des rares
sinon le seul journaliste avec qui nous avons toujours eu des rapports
de mutuelle confiance. Icard nous a ainsi présenté son projet dans un
mail du 16 juin 2009, que nous reproduisons ici in extenso afin que
chacun puisse se faire une opinion sur cet individu :
«
(…) je m’emploie à raconter l’histoire de la lutte armée politique dans
les 1970 & 1980. Dans ce cadre, je reviens grâce aux archives de
l’époque et aux témoignages des intervenants qui ont vécu cette période
sur l’histoire des groupes.
«
C’est dans ce contexte que j’aimerais pouvoir raconter votre (ton ?)
histoire, celle des GARI. D’où ils venaient politiquement, et comment
vous avez décidé de mettre un terme à vos actions, une fois que vous
considériez avoir obtenu ce que vous vouliez. Ce serait d’ailleurs
l’occasion pour vous de tordre le coup à une idée tenace dans certains
milieux politiques et policiers selon laquelle J.-M. Rouillan était le
leader des GARI, et que son groupe a une filiation directe avec vous, et
d’avoir votre vision entre votre position autonome et celle
marxiste-léniniste de l’autre côté.
«
Dans le même ordre d’idées, sache que je fais le même genre
d’entretiens avec les fondateurs des autres groupes de l’époque, plus
proches des tendances mao que vous ne l’étiez.
«
De plus, j’aimerais revenir sur les relations que les différents
militants entretenaient avec le pouvoir de l’époque. Quelles étaient vos
relations s’il y en avait. Je
pense notamment au moment de l’amnistie de 1981 et de la façon dont
elle a été obtenue. Mais pas seulement, je pense aussi aux relations
avec le pouvoir de droite de VGE en 1978, notamment sur l’affaire du
banquier espagnol et votre relaxe.
«
Enfin, si tu en es d’accord, j’aimerais revenir sur le fait qu’en 1982,
si tout le monde avait été un peu plus « honnête », J.-M. Rouillan se
serait rendu. Mais des fuites font que sa reddition devient impossible à
ses yeux.
«
Voilà, tu sais tout. Je suis, du moins je crois, bien loin de la vision
sensationnaliste habituelle sur le sujet.. Ce que je cherche à montrer,
c’est l’amalgame douteux qui est fait entre les différents mouvements
pour mieux absoudre de leurs responsabilités certaines personnes.
«
J’espère sincèrement que tu accepteras l’idée de cet entretien filmé,
sachant que je ne me base que sur l’aspect historique des choses. »
Pour
rappel, les GARI (Groupes d’action révolutionnaire internationalistes)
était une coordination de groupes et individus autonomes, de sensibilité
anarchiste et libertaire, qui mena des actions contre la dictature
franquiste, essentiellement en 1974. Nous avons fait partie de cette
coordination, ainsi que Jean-Marc Rouillan, qui se prévaudra, lors de la
création d’AD, de cette appartenance aux GARI, pour essayer d’en capter
l’« héritage ».
Le
projet d’Icard nous a donc semblé intéressant dans la mesure où à
travers la critique idéologique, non seulement d’AD mais des différentes
organisations marxistes-léninistes ayant sévi en Europe dans les années
70/80 (BR, RAF, etc.), nous pourrions essayer d’expliciter l’action
politique des groupes et individus autonomes telle que nous l’avons
toujours défendue et pratiquée. Et d’autant plus intéressés du fait que
ces idées sont revenues sur le devant de la scène médiatique avec la
criminalisation par le pouvoir actuel des groupes « anarcho-autonomes » et
notamment l’emprisonnement, entre autres, de ceux dits « de Tarnac ».
Nous
avons donc décidé de participer tout en ayant conscience des risques et
surtout des limites d’un tel projet, qui devait être, d’après Icard,
diffusé sur Canal+. Nous avons essayé de nous prémunir en posant comme
condition de notre participation le visionnage du montage final de son
documentaire, ce qu’il accepta, et s’engagea à nous envoyer un DVD avant
la diffusion. Bien sûr, ce DVD ne nous est jamais parvenu. Et lorsque
nous avons découvert dans les journaux spécialisés qu’un film allait
être diffusé, portant sur des soi-disant manipulations dont AD aurait
été l’objet, et signé Romain Icard, nous avons naïvement pensé que
finalement il avait changé son projet et donc pas retenu nos
témoignages. Or, non seulement il s’en est servi, sans notre
consentement donc, mais (...) les a tronqués (ce à quoi on s’attendait,
mais pas autant), placés hors contexte et surtout déformés. Ainsi, afin
d’apporter un peu de crédit à sa vision du terroriste sanguinaire, il se
permet de dire dans son commentaire, au sujet de l’enlèvement du
banquier Suarez par les GARI : « Ce que Bernard Réglat veut dire c’est que Rouillan veut brutaliser le banquier
». Bien sûr, nous n’avons jamais dit ni voulu dire cela et que ce
manipulateur ait été obligé « d’interpréter » nos propos en est la
meilleure preuve. La phrase – tronquée – dont il se sert dit bien ce
qu’elle dit : des discussions eurent effectivement lieu au sein des GARI
au sujet du sort à réserver au banquier au cas où nos demandes ne
seraient pas satisfaites. Et si notre mémoire est bonne, Rouillan ne
prit même pas part à la discussion. Nous ferons par ailleurs remarquer à
tous les (...) du genre Icard, qui veulent apporter du encore plus
sanguinolent au moulin du sensationnalisme, que Rouillan n’a jamais été
inculpé individuellement pour aucun crime de sang et que sa condamnation
judiciaire découle du fait qu’AD ait choisi comme système de défense de
tout revendiquer collectivement.
Par
delà la dénaturation de nos témoignages, c’est la globalité de ce
« documentaire » que nous entendons dénoncer. Bourré d’approximations, de
simplifications et d’accusations (notamment sur l’amnistie politique de
81), d’images ordurièrement racoleuses (photos de nu de Joëlle Aubron…),
l’« œuvre » de Romain Icard nous rappelle les pires écrits de Minute et autres torchons d’extrême droite.
Et
pour finir, nous voulons préciser que si nous avons toujours été
critiques en ce qui concerne l’idéologie et certaines actions d’AD, nous
avons toujours manifesté notre solidarité aux militants de ce groupe
victimes de la répression étatique, et qu’en tout cas nous n’avons
jamais hurlé avec les loups, même et surtout lorsque certains d’entre
eux se prétendaient « anciens des GARI » (Cf. Appel aux anarchistes.
Pourquoi les anarchistes doivent se désolidariser, dans la conjoncture
actuelle, des activistes du groupe Action Directe, paru dans Le Monde en octobre 1982 et contre lequel nous avions pris publiquement position).
La
situation actuelle de J.-M. Rouillan, qui ne peut même pas se défendre
et qui reste incarcéré, gravement malade, sans soins, rend encore plus
odieuse l’interprétation de Spécial Investigation.
Interprétation
qui, d’ailleurs, tombe peut-être à pic dans le contexte politique de
bras de fer avec l’Iran au sujet du nucléaire ! Qui manipule qui ?
Raymond Delgado, Bernard Réglat, 28 octobre 2009 (communiqué relayé librement, notamment par l’En-Dehors)