mercredi 10 septembre 2008 - par Illel Kieser ’l Baz

Et si on en parlait ?

La pédocriminalité ferait, dit-on, vendre et serait volontiers le centre des conversations de comptoir. À ce titre, il est de mauvais aloi d’en parler dans les cercles alternatifs et les médias citoyens qui, pour la plupart, s’expriment sur internet. Si la culture alternative se veut une contre-culture ou l’expression des courants d’idées parallèles au consensus culturel du moment, on comprend que l’affichage médiatique des actes pédocriminels, avec ce que cela induit de compassionnel, d’éclatant et de spectaculaire pose problème. Est-ce le sujet ou son mode de communication qui serait en jeu ? Précisément sur ce sujet, c’est le contenu du message qui fait question, pas son mode de transmission.

Ainsi, la culture underground d’internet n’aime pas évoquer - pour certains - la mort des enfants, le rapt des petites filles, le viol d’une adolescente... Cela fait pleurer le bourgeois... Ce n’est pas un sujet digne d’un militant alternatif et la presse « alternative » ne devrait pas répercuter l’écho de ces faits-divers, réservés, donc, à la presse populaire. (?) « Nul besoin de nous rappeler qu’il s’agit d’une chose horrible et les parents responsables savent ce qu’il faut faire pour protéger leur engeance », dit une internaute. Silence donc !
 
Média participatif citoyen, Agoravox a publié divers articles sur ces sujets et, chaque fois, on y a retrouvé des commentaires qui, à peu près, faisaient part de ce tabou.
S’agit-il d’une nécessité destinée à préserver la pureté du combat alternatif ? Doit-on, au prétexte de transmettre des valeurs alternatives, éviter ce qui fait pleurer le pékin ? La question trouve très vite une réponse unique : l’interdit vaut pour les « récits sirupeux qui excitent la compassion du lecteur » et on comprend qu’il concerne principalement la pédophilie que nous nommerons, ici, pédocriminalité. S’agit-il d’une nouvelle idéologie qui prendrait naissance dans les méandres de l’océan internet ? Même les cultures alternatives sécrètent leur morale.
Certains usent d’un terme nouveau pour évoquer ces sujets : ils « glurgent », disent-ils pour exprimer qu’ils sont à vomir ou à chier. Le glurge, vomitif d’internet.
Le propos n’est pas exceptionnel, au comptoir du café du commerce, façon blog-citoyen-alternatif, les remarques du même type sont foison. Un psychanalyste dirait que le propos dérange car il touche profond, derrière la bien-pensance.
Que le lecteur attentif me pardonne donc, je vais le « glurger » au long de quelques dizaines de lignes et transgresser ce nouveau tabou en vous parlant des victimes de la prédation pédocriminelle. Que les âmes insensibles, soucieuses de raison s’abstiennent...
L’indifférence à un fait repose d’abord sur l’ignorance de ce fait et je n’ai pas échappé à cette règle. J’étais bien calé sur mes recherches dans le domaine de l’imaginaire quand j’ai été confronté à plusieurs témoignages d’abus sexuel sur des enfants, dont certains en bas âge. Mon expérience m’amène souvent à accompagner régulièrement des adultes qui ont été abusés durant leur enfance. À mes débuts dans l’action sociale, j’avais déjà dû faire face à des cas d’inceste avéré... Pourtant, j’avoue être demeuré, durant de longues années, dans mon refuge sans que cela ne me conduise à une quelconque action ni prise de position. Plusieurs affaires judiciaires mettant en cause des pédocriminels, dont l’affaire de la Cour d’assises de Saint-Omer, m’ont mis hors de moi. Soudain, je prenais conscience que, comme psychologue clinicien, je ne pouvais cautionner les dires et les conclusions de mes collègues experts ; je ne pouvais accepter plus longtemps ce que les théories psycho-analytiques laissaient entendre sur la transgression du tabou de l’inceste. Depuis très longtemps, il m’était apparu évident que, pour être au plus près de l’humain, dans ses joies et dans ses peines, il fallait écarter nos belles théories que je tiens pour antédiluviennes et terriblement réductrices. La confrontation à ces différentes affaires me montrait que nous n’étions plus dans un amphithéâtre à débattre entre spécialistes. Les dégâts s’étalaient, là, dans la presse et le prétoire. J’avoue mettre fait « prendre par la banalisation du mal ». Et la rationalisation, l’abolition de toute forme de sentiment faisaient le lit du déni, un aveuglement sélectif d’autant plus important qu’il touchait un des piliers de toute société humaine : le tabou de l’inceste d’abord, l’atteinte faite à l’enfant, futur du monde, ensuite.
Quelque terrible que soit cette réalité, il importe de savoir, de s’informer, de parler et d’écrire. Cela ne concerne pas les « sous-classes » de nos sociétés quiètes et confortables, cela nous touche bien près. Ce n’est ni un drame de la misère ni un aspect sombre et incompressible de nos sociétés.

 
Une société prédatrice

Nous ne pouvons éviter de penser que, dans une société prédatrice comme l’est la société de marché, le prédateur, où qu’il soit, de quelque sorte qu’il soit, bénéficie d’emblée d’un préjugé favorable et d’une écoute bienveillante auprès des juges, contre ceux qui l’accusent. Parce que c’est un point aveugle de nos mœurs. Parce que nos sociétés occidentales sont fondées sur une dialectique dominant/dominé. Et cela pouvait fort bien marcher avec, en fond de bataille, une éthique solide et des garants pour la protéger. Or, force est de constater une déliquescence de l’humanité de nos mœurs. La société libérale, où le marché règne en dieu, ignore les règles fondamentales de la solidarité, de la protection des faibles contre le puissant, etc.
Il s’agit-là d’une perte du fondement essentiel dont tout groupe humain a besoin pour durer : le sentiment. Cette chose qui ajoute humanité et bienveillance à chaque acte civil, moral ou politique. Or, une société qui se fonde sur le rationnel, le pragmatisme, la raison pure perd progressivement toute forme de souplesse et d’acceptation de la différence, de l’étrangeté... de ce qui dérange pour défaut de non-conformité à l’ordre établi. Les victimes ou les rescapés de l’inceste posent problème par la portée d’une plainte qui dévoile un malaise plus profond que la simple "névrose personnelle".
Le fiasco général d’Outreau pourrait m’exhorter à la plus grande prudence quant à défendre la victime... du pédocriminel. Certains journalistes n’ont-ils pas crié au loup en raillant la « généralisation du mal » que d’autres voulaient dénoncer au début de ce qui n’était qu’une affaire criminelle banale ? En mettant en exergue le grave problème des condamnations abusives, on oublie trop vite qu’il y eut vraiment des enfants victimes. Qui en a parlé ?
Faut-il que ce crime se banalise ? Et s’il ronge les fondements de nos idéaux les plus précieux ?


 
Inventaire

Légitimement, on pourrait s’attendre au fatal dénombrement statistique pour évoquer une banalisation de ce mal. Hé bien, il n’y a pas d’inventaire ! Pourquoi le sociologue, si prompt à dénombrer le moindre paramètre de nos mœurs ne s’est-il pas précipité pour recenser les victimes de la pédocriminalité, sous toutes ses formes, sous tous ses aspects et modes opératoires ? L’absence même d’inventaire est significative en soi. Les Etats-Unis et le Canada sont, pour l’instant, les premiers à engager des investigations approfondies et les chiffres sont effrayants. Des enquêtes expérimentales ont été diligentées en France, les résultats concordent ! (Références en fin d’article).
Avant même d’envisager toute forme de prévention voire de répression, il conviendrait d’abord de savoir de quoi il retourne, cela permettrait de faire obstacle aux rumeurs et aux préjugés de toutes sortes. Il est cependant une chose que le travailleur social ne peut ignorer, c’est l’impact de la prédation sexuelle sur l’enfant, marque qui demeure comme une blessure non cautérisée durant sa vie entière.
Il n’existe pas, à ce jour, de véritable inventaire clinique qui fasse le point sur les séquelles des traumatismes de l’enfance. La France est très en retard sur ce point et un débat fait rage entre les tenants d’une orthodoxie psychanalytique et les comportementalistes. Débat déplacé, incongru !
Tout juste classe-t-on les symptômes de ces personnes parmi les troubles post-traumatiques. Cette catégorie englobe aussi bien les victimes d’accidents, d’attentats que les victimes de viols ou de prise d’otage. De plus, les conséquences des traumatismes subis dans l’enfance s’étalent durant des décennies dans la vie adulte et la psycho-traumatologie n’a pas encore le recul nécessaire pour approcher ce problème. Autant dire que l’on ne sait pas très bien quoi faire de ces ostrogoths.


 
La marque spécifique de l’inceste sur la victime

La personne adulte qui aurait été victime d’inceste ou de violence durant son enfance présentera des caractéristiques spécifiques qui permettent de supposer rapidement l’existence d’une stase psychique. Nous trouverons des caractéristiques identiques chez ceux qui auraient eu à subir des faits de guerre, des exodes forcés ou des violences de sang. Mais l’inceste inflige une marque spécifique : la violence vient d’un parent ou d’un adulte ayant autorité. Le sentiment de trahison qui survient est non seulement très prégnant, mais il est au point de fondation de la personnalité.
Devenu adulte, tout se passe comme si une personnalité de surface s’était constituée. La blessure de l’enfance aurait occasionné une lésion telle que l’énergie psychique aurait été conduite à trouver d’autres circuits en évitant les zones douloureuses de la mémoire et de la psyché. Tout se passe comme si une sorte de cal s’était créé et des circuits dérivés cherchaient à reconstituer l’entité humaine avec le maximum d’énergie disponible.
Il y a donc une faille dans la structure globale de la personnalité. L’ego se forme à partir de représentations qui ne sont plus approvisionnées par une continuité de l’histoire de la personne. Dans sa vie, cet adulte se reconstitue de manière quasi instinctive car l’élan naturel qui conduirait à s’en remettre aux parents est désormais coupé. Le lien de confiance, fondamental dans l’édification de la personnalité a été gravement blessé.
Par-dessus ce cal, l’énergie psychique recrée donc un ego de substitution, sans racine. Il flotte dans un lieu et un temps sans véritable lien avec le passé, ou si peu. On a parfois l’impression de se trouver face à des personnes froides ou distantes, « pas présentes » à la réalité. Comme si le sujet se noyait dans un monde de rêveries. Parfois, certaines de ces personnes surcompense cette blessure en « en faisant trop », en s’accrochant sans relâche à la réalité ! Autre manière de cacher la plaie et d’attirer un peu d’amour. Comme si, être simplement soi-même ne pouvait suffire. Comme si tout accès au bonheur pouvait dissimuler un piège.
Chez un individu qui aurait vécu une histoire banale, le contact au monde - la réalité physique objective -, se constitue à partir des sensations, des émotions et des intuitions et c’est grâce à la relation souple à toute l’histoire du sujet que des représentations naissent de ces « affects » pour conduire à une action judicieuse et contrôlée. De plus, ces représentations résultent de l’apport parental primaire qui permet une rapide réponse aux sollicitations du milieu.
Chez les victimes d’inceste, ce lien à l’histoire n’existe pas ou bien se trouve-t-il fortement altéré. La trahison de l’adulte a fortement lésé cette faculté de l’enfant à s’abandonner et à faire confiance. L’ego se constituera plus tard une sorte de peau par imitation de modèles externes car, ce qui prime, c’est bien la cohésion de la psyché, donc l’exercice d’un contrôle minima de la dynamique psychique. Cette cohésion contrôlée s’opère sans relation avec « la profondeur psychique » : l’histoire du sujet et toutes les représentations qui pourraient en découler.
Cette cohésion n’est pas non plus reliée au patrimoine « génétique », l’histoire des parents et de la famille, ce qui peut s’avérer très grave. En effet, l’individu se retrouve un peu comme un exilé qui parviendrait dans un pays sans rien en connaître et qui serait obligé de s’adapter par le seul effet de sa sensibilité aux comportements des autres sans qu’il en comprenne tout à fait le sens. D’où cette apparente déconnexion émotive, ce semblant de froideur. Il n’y a pas d’adhésion globale, profonde aux faits de la réalité.
On trouve d’ailleurs chez les exilés de force ce même type de distance au monde. Les actes quotidiens, la personnalité globale sont déconnectés du sens des choses.


 
La sexualité, le couple

Partant des constats suivants : « Les conséquences de l’inceste atteignent l’ensemble de la vie des personnes qui en ont été la victime. Ces conséquences apparaissent également dans leurs relations avec les autres, y compris dans ses aspects les plus intimes. Pour une personne qui a été victime d’inceste dans l’enfance, homme ou femme, une relation amoureuse peut-être une expérience particulièrement complexe, voire douloureuse », les éditeurs du site de l’Association internationale des victimes de l’inceste, l’AIVI, lancent un débat sur le thème : « Vivre en couple après l’inceste ». Ils posent les questions suivantes : « Est-il encore possible de faire confiance à l’autre lorsqu’on a été victime d’inceste ? Les victimes d’inceste ont-elles tendance à développer des relations de couple particulières ? La relation est-elle un danger, ou est-elle plutôt un espoir ? Quelle place peut ou doit prendre un conjoint vis-à-vis du passé d’une victime ? Quelle est la place des relations sexuelles dans la vie de couple d’une victime d’inceste ? ... »
Les difficultés rencontrées dans la sexualité découlent du processus de gel des sensations et des émotions. Elles sont la conséquence d’une lésion située plus en amont. Celle-ci, nous l’avons vu est bien plus conséquente, globale et porteuse de blocages diffus et étendus. Ce sont les instances de régulation de la relation à l’autre qui sont altérées. D’une part, l’individu s’est construit sans modèle, d’autre part, sa propre image en miroir est endommagée. Tout le dispositif de reconnaissance et d’intégration des affects et des instincts est altéré car la personne a été trahie par son père et sa mère, donc par les porteurs des représentations primordiales pour la construction de la personnalité. Dans un premier temps, donc, c’est la capacité à faire confiance à l’autre qui est amoindrie, voire considérablement blessée. Faire confiance, c’est aussi se lâcher, s’abandonner en toute sécurité dans la relation. Il règne donc une certaine confusion dans la capacité à distinguer le bien du mal. La personne risque ainsi de se laisser piéger dans des situations les plus variées, des plus positives aux plus négatives.
Dans sa construction, la personne a dû user des sources d’énergie qui sont antérieures à celles qui s’appuient sur les parents comme supports de projections structurantes, vecteurs d’adaptations pertinentes à soi et au monde.
La conscience de l’individu ne pourra pas intégrer correctement les messages qui sont à l’origine des sensations et des émotions, ceux-ci se trouveront livrés à eux-mêmes, soumis à des forces archaïques et primaires. Nous serons donc souvent dans l’excès, de prudence ou, à l’inverse, d’animalité. Entre ces extrêmes, on trouvera les comportements les plus variés.
Ainsi, les personnes les plus portées à trouver leur épanouissement, grâce aux stimulations du milieu, chercheront, plus ou moins instinctivement, à se créer une expérience à travers des aventures variées et multiples, parfois les plus folles, comme si la conscience avait perdu une barrière, celle du discernement. On retrouve là l’impact de cette étrange désaffection du monde qui provient d’un manque de repères transmis par les parents.
Les personnes plus intériorisées se protégeront plus volontiers, car leur tendance naturelle les conduit à intérioriser d’abord, à agir ensuite. Comme la sexualité implique tout l’individu, ces personnes risquent de se retrouver isolées et solitaires.
Admettons que, dans le cours naturel du processus d’évolution d’un enfant, l’éveil à la sexualité se fait, dans nos cultures, entre 13 et 16 ans, précisément en même temps que l’apparition des émois caractéristiques de la période de l’adolescence. Ces émois, hormis quelques ajustements se retrouveront inchangés tout au long de la vie de l’individu.
Les transgressions et abus se produisent, le plus souvent, avant cet âge, quand l’enfant est entièrement sous la dépendance de la force de l’adulte. C’est donc avant même l’apparition des processus constitutifs de la sexualité adulte que se produisent les plus graves lésions psychologiques, sans oublier les lésions physiques qui altéreront également l’image que la personne aura de son propre corps.
C’est donc en amont de la sexualité que les problèmes de couple se poseront. Et nous retrouverons souvent ce même rapport à l’émotion, contenue, malvenue souvent et rarement dévoilée. Comme si la personne reconstituait le processus du viol quand elle est confrontée au dévoilement de son intimité. Consciente de cela, elle peut faire diversion durant de nombreuses années en masquant sa souffrance. J’ai rencontré des couples où la femme s’est confiée alors que tous ses enfants étaient majeurs et autonomes.
Plus grave encore, c’est le problème de la confiance en soi qui est altérée. L’atteinte à la dignité de l’enfant imprégnera la vie entière de l’adulte si aucune réparation n’est entreprise. D’où cette difficulté à se confier, parfois, la vie durant.


 
Entre soumission et rébellion

La personne se retrouvera toujours dans la nacelle de l’ambivalence, entre soumission et rébellion. La soumission renvoie aux séquelles du crime subi. La rébellion lui rappelle que de nombreux pans de sa personnalité demeurent étouffés, refoulés. Puisque le pont entre conscient et inconscient est plutôt soumis à suspicion - la personne ne se fait pas confiance - on pourra voir s’épanouir des caractères soumis à des humeurs changeantes sur fond de sensibilité exacerbée.
La soumission mieux acceptée par une femme, voire recherchée par elle, du fait de l’empreinte masculine de nos sociétés, ne résoudra jamais rien car la personne aura toujours, en sourdine, la vague impression que ses propres sentiments ne sont pas entendus et que sa véritable voie se trouve ailleurs.
Chez l’homme, la mise sous boisseau de ses sentiments, la soumission incontournable à l’influence des autres pourra conduire à des comportements, soit d’effacement total, soit de rébellion incompréhensible et violente - l’équivalence psychologique de ces formes d’expression d’une même masse d’énergie est bien connue. La répression de l’instinct alimente ici une sourde violence dont l’individu cherchera à se protéger.

Et si on apprenait à connaître ce petit quart de chaque génération, les ostrogoths ? Vous savez, ceux qui savent d’avance et si bien qu’ils vont vous glurger et qui se taisent...


 
Pour en savoir plus :

Un site complet qui recueille les informations autour des prédations sexuelles de l’enfance (glurge assuré) :
 
Carnet de liens

Des éléments statistiques


CALACS, centre canadien de lutte contre les agressions sexuelles. Beaucoup d’informations. 
Éléments d’histoire de la domination de l’homme sur l’enfant, par Marc André Cotton.
 
 
Alice Miller, une psychologue méconnue
lire l’article que lui consacre Wikipedia
 
Enfance en danger site d’information :
Connaître le pédocriminel, mode opératoire et étiologie d’un crime. Classement des pédocriminels (dans la rubrique « articles », deux articles)
Les violences sexuelles en France, première enquête 
 
 


24 réactions


  • Adolph Morice 10 septembre 2008 14:07

    Quand on voit ce qui se passe en arabie shaoudite, il est evident que le combat contre la pedophilie n’est pas terminé.


    • Jordi Grau J. GRAU 10 septembre 2008 15:51

      Heureusement, nos belles civilisations occidentalo-chrétiennes sont vaccinées contre ce genre de criminalité. Merci, "Adolphe Maurice", pour cette magnifique contribution au débat.


  • clostra 10 septembre 2008 15:53

    Il me semble, mais je peux me tromper, qu’il existe des signes que pourraient repérer des enseignants, non dans un objectif d’emblée répressif mais pour une intervention à imaginer, prendre quelques heures/jours/mois, la place de celui qui protège et faire entendre que l’enfant sera suffisamment fort, ainsi, pour refuser et faire valoir ses droits. (Il existe aussi des psychologues scolaires et entre savoir bien écrire ou lire et préserver tout un avenir, le choix devrait être vite fait)

    Si cet article ne sert pas à trouver des solutions immédiates on ne voit pas trop à quoi il servirait...

    Dans la thérapie pour un adulte enfermé dans sa problèmatique d’enfance, rien de tel que de prendre en compte, sous ses yeux, l’enfant qu’il aurait pu être. Il faut en parler, pourquoi pas en réunions de parents d’élèves et faire savoir que des signes visibles existent chez un enfant qui subit des sévices.

    Par exemple...


    • Illel Kieser ’l Baz 10 septembre 2008 22:56

      @clostra

      Il me semble, mais je peux me tromper, qu’il existe des signes que pourraient repérer des enseignants, non dans un objectif d’emblée répressif mais pour une intervention à imaginer, prendre quelques heures/jours/mois, la place de celui qui protège et faire entendre que l’enfant sera suffisamment fort, ainsi, pour refuser et faire valoir ses droits.

      Je ne suis pas sûr d’avoir compris. Vous parlez de qui, d’une petite victime ou d’un éventuel agresseur en herbe ? S’il s’agit d’une petite victime, pourquoi d’emblée évoquer un aspect répressif ?

      Les enseignants ne sont pas formés pour repérer ces fameux "signes", tout juste, peuvent-ils repérer les indices qui signalent un trouble mais quant à en repérer l’origine, c’est le travail de quelqu’un formé à cela.

      Il existe, en milieu scolaire des cellules spéciales chargés d’accueillir ce genre de signalement. Leur protocole est très rigoureux et je ne pense pas que l’on peuisse exiger des enseignants plus que cela. Il n’est pas dans le rôle social des enseignants de devoir être au point de clivage de tous les maux collectifs.

      Par ailleurs, vous omettez les victimes qui en sont pas scolarisées, il arrive de plus en plus souvent que ce soit des nourrissons...

      Enfin, dans ce genre d’affaire, on ne sait pas qui est le prédateur, réside-t-il au sein de la famille, est-ce un proche, un éducateur culturel, sportif, ... ? Opérer un signalement trop rapidement c’est courir le risque d’enclencher la mécanique efficace du prédateur qui est toujours un individu au-dessus de tout soupçon. C’est alors l’enfant qui sera en danger.

      Nombre de signalements précoces se terminent devant un tribunal pour diffamation.

      (Il existe aussi des psychologues scolaires et entre savoir bien écrire ou lire et préserver tout un avenir, le choix devrait être vite fait)

      Ils savent cela et c’est dans leur éthique de faire rapidement ces choix... Cela ne veut pas dire qu’ils sachent ensuite quoi faire de ce qu’ils constatent...

      Sans doute n’ai-je pas assez dit que c’est toute une infra structure qui s’avère insuffisante.

      D’une, l’inceste n’est pas un crime selon le droit français, deux, quand bien même le législateur aurait-il prévu une disposition idoine, la question est : « Maintenant, que puis-je faire, avec qui, et où ? »

      Pas de réponse !

      Si cet article ne sert pas à trouver des solutions immédiates on ne voit pas trop à quoi il servirait...

      Étonnante cette remarque ! Cet article sert à parler ; cet article sert à informer ; cet article sert à porter témoignage ; cet article sert à débattre. N’est-ce pas là le premier pas d’une participation citoyenne à la vie commune ? C’est au moins ainsi que je le comprends !

      Il n’est pas dans la vocation d’un praticien de terrain de donner des solutions « immédiates » dont on pourrait se demander ce qu’elles voudraient dire. C’est à partir du moment où chacun commence à entrevoir l’existence d’un problème qu’il s’engage ou délègue.

      Sur le terrain, je sais quoi faire, rapidement ! Mais le problème n’est pas là. Je ne suis qu’un anonyme et les victimes sont nombreuses, au point que nous. J’explique assez, au début de cet article, que je m’étais endormi sur mon petit quotidien.

      Quant à l’oukaze très rationnel : « Un problème, une solution ! », il est valable dans les manuels, pas quand nous devons faire face à une complexification des règles. Pas plus valable quand il s’agit d’un problème humain qui concerne, en outre, un enfant, sous la dépendance, donc de ses tuteurs légaux qui peuvent être aussi ses prédateurs.

      Dans la thérapie pour un adulte enfermé [...]

      Les associations de parents d’élèves ne sont pas des groupes de parole, vous ignorez aussi la pudeur et la honte liées à ces atteintes. Pensez-vous sérieusement que l’on va en parler en conseil de parents d’élèves ?

      Ces affaires s’abordent avec un tact et un doigté que l’on ne peut pas trouver dans un milieu scolaire, non que les personnels soient mis en cause, tout simplement parce que ce ne sont pas des lieux d’écoute.

       Maintenant, si vous voulez bien préciser vos propos, j’en serai ravi. J’ai répondu à la sauvette sans être certain d’avoir tout saisi. Notamment cela : « rien de tel que de prendre en compte, sous ses yeux, l’enfant qu’il aurait pu être. »

      Il serait intéressant d’en reparle

      Bien à vous

       


  • Thierry Israël JACOB 10 septembre 2008 17:50

    il y a peu un cheick justifiait le mariage d’une fillette d’un an avec un adulte à la condition que la ’consommation" attende ses huit ou neuf ans...à l’instar de  Mahomet

    (courrier international...bréve en derniére page).


    • Thierry Israël JACOB 10 septembre 2008 17:54

      pour dire que si sous nos latitudes la pédophilie est condamnée il n’en est pas de même ailleurs !
      (exemple de soumission par excellence...la ou d’autres ne voient que les us et coutumes et autres traditions religieuses...)


  • maggie maggie 11 septembre 2008 02:10

    Vous aves écrit un article sérieux, qui méritait sans doute plus de réaction. Peut-être comprendrez-vous plus facilement alors les méfaits du glurge. Voyez, "l’article" précédent sur la pédophilie, qui n’était au final qu’un récit inventé, propageant le mythe du pédophile comme un inconnu enlevant un enfant, a monopolisé toute l’énergie et la passion des internautes. Vous avez l’expérience et l’analyse concernant la pédophilie, mais que de très rares lecteurs. Et au final, contrairement à vous, l’article n’avait apporté aucun complément ni explication sur les conséquences de la pédophilie. En tant que spécialiste du sujet, trouvez-vous raisonnable (même pour quelqu’un qui veut bien faire) de traiter un tel sujet sur le mode du pathos, sans donner aucune ligne directrice ? Je ne suis pas vexée que vous avez égratignée mon article sur les glurges, si il a permis à quelqu’un de documenté sur le sujet de réctifier le tir et d’apporter des éclaircissements sur les conséquences de la pédophilie.


    • Illel Kieser ’l Baz 11 septembre 2008 14:09

      Bonjour Maggie,

      Merci pour ce commentaire, il sera l’occasion d’aborder des sujets collatéraux à celui de l’article.

      Tout d’abord, bravo pour l’humour !

      Les « méfaits du glurge », dites-vous ? Je publie sur Internet depuis ses débuts en France, j’ai rapidement pris cette option, notamment pour des sujets de fond. Ce n’est pas tant le glurge qui pose problème que l’absence de son symétrique inverse : l’article documenté ou référencé. Les scientifiques et chercheurs français répugnent à publier sur ce média. Cependant qu’aux USA et au Canada, c’est devenu le vecteur principal pour publier les résultats de recherche. Il faut environ 6 mois pour publier un article dans un magazine scientifique, plus d’un an pour un livre. En Europe ces délais sont multipliés par deux. Or les idées ont besoin de circuler, d’être discutées, analysées avant de trouver une stabilisation et de passer au travers d’un filtre qui fera le tri.

      Le glurge s’installe donc sur ce vide, dans le domaine de l’étude des mœurs, on tombe sur une information qui fait choc, et on décide d’écrire un billet, en aveugle et selon ses humeurs du moment. On ne sait pas que d’autres ont déjà planché sur le sujet, simplement parce que ces autres, trop imbus de leur importance se contentent de publications à la diffusion presque confidentielle.

      Des médias comme Agoravox ont donc leur place dans cette niche. Il y aura une mutation, elle se fera plus lentement qu’ailleurs mais c’est incontournable. Cela passe aussi par une autocritique de la sphère des « scientifiques ».

      Le « glurgeage » – on peut le décliner ainsi, votre concept ? – s’installe encore plus facilement quand il s’agit de problème ethnique et cela empire quand il s’agit de toucher à un tabou. Les problèmes liés à la pédocriminalité en font partie. Dès que l’on aborde des sujets spécifiquement humains qui empiètent tant sur le politique que sur l’individuel, sur le factuel et l’impalpable de l’émotionnel, le lecteur cherche des repères... C’est le règne du Takayaka et du Faucon ou, à l’inverse, du compassionnel. Chacun, également, se réfère à sa propre niche, à sa propre expérience...

      Ainsi, pour l’instant, l’absence de commentaires révèle, selon moi, un besoin de repères chez le lecteur. C’est aussi au chercheur de se poser des questions et de savoir pour qui il travaille.

      A suivre

      Merci et bien à vous


  • Naja Naja 11 septembre 2008 15:48

    	 	 	 	

    Quel silence inhabituel pour Agoravox ! Seulement deux commentaires sur le sujet de l’article ?
    A croire qu’il n’y a rien à dire de la destruction de près d’un enfant sur quatre si ce n’est pas pour railler ou s’élever contre le glurge que cela peut occasionner....

    Je feins la surprise par provocation à vrai dire. J’espère simplement que l’article est lu. Et que sa lecture écaillera au moins une couche de vernis au déni de quelques uns. Et tant mieux s’il ne donne pas l’occasion de s’exciter sur la peine de mort ou de s’étriper sur d’autres sujets.

    Merci donc à l’auteur. C’est toujours réconfortant de lire que je ne suis pas seule à m’indigner de la « morale alternative » sur ce sujet... même si je m’en doutais bien.

     


    • Naja Naja 11 septembre 2008 15:58

      Et désolée pour les :

      "size : 21cm 29.7cm ; margin : 2cm
      P margin-bottom : 0.21cm —>"

      Je comprends pas trop d’où ca sort. Sans doute issus du copié collé depuis ma page de traitement de texte.


  • Naja Naja 11 septembre 2008 15:54

    	 	 	 	

    En tant qu’ostrogothe (lol pour le terme), cet article pourrait être une occasion pour moi de témoigner, dans le but d’informer sur la réalité de l’inceste : le vécu, ses conséquences, les réactions autour de moi, les carences sociales (psys incompétents ou dans le déni, justice désinvolte, etc.). Une biographie en 15 tomes donc... que je suis bien la première à trouver « glugiarque », ie dégoûtante et pathétique.
    Intériorisant l’accusation, une partie de moi se flagelle pour le caractère exhibitionniste du témoignage qui suit. Une autre le pense utile. L’un dans l’autre, je décide : au diable mes réticences, ce n’est que du virtuel.
    D’avance pardon pour la longueur.

    ..........

    Un père pervers, dictateur familial, dominateur, manipulateur, sadique et retors. Un frère devenu pervers à son tour dès l’adolescence, alternant entre des accès de violence haineuse et une prétendue dévotion doucereuse, répugnante et envahissante. Une mère tellement aveugle et égocentrique qu’elle en fut abandonnique.
    Climat malsain permanent, violences physiques et psychologiques, viols, agressions sexuelles, harcèlement sexuel. Du père et du frère. Le tout sur de longues années. Objet sexuel de mon frère à partir de mes 10 ans.. jusqu’à... je n’ose même pas l’écrire anonymement. Pour mon père ? J’ai quasiment tout zappé. Trop violent, trop tôt. A 7 ans je vivais déjà dans la terreur de ses visites nocturnes. A 4 ans, j’étais encore saine d’esprit : je ne voulais rien savoir de cet homme redoutable et j’espérais qu’il disparaisse.
    Et pendant ce temps, il fallait rassurer ma mère et répondre à sa demande affective perpétuelle en tâchant de la combler de mon supposé bonheur.

    J’ai été l’exemple même de la fille sans problème. Equilibrée, douée à l’école, sociable, curieuse et enthousiaste. Voilà l’image que j’ai vendu à grand frais et avec succès pendant des années. Si bien que personne n’a jamais songé à se soucier du sort d’une telle veinarde. Mieux : nombre de mes amies issues de familles décomposées ou recomposées enviaient ma place.

    Mon père est un homme tout ce qu’il y a de plus civilisé et respectable en apparence. Intellectuel, bourgeois, socialiste... la fine fleur de l’honnête citoyen. Et même si tout le monde semble le craindre, personne ne soupçonne les monstruosités dont il est capable chez lui.
    Mon frère est presque une caricature du « pédophile - ami des enfants ». Au point que personne ne le soupçonne non plus d’être pédocriminel, supposant que si il l’était vraiment, il s’en cacherait mieux que ça.
    A chacun sa méthode donc ! Tout ou presque peut marcher pour peu que l’on s’appuie sur l’incrédulité et l’aveuglement des autres.


    Voilà pour les trois premiers tomes. Pour le reste, je vais commenter quelques phrases de l’article qui ont retenues mon attention plus que d’autres.
    	 	 	 	

    « Comme si tout accès au bonheur pouvait dissimuler un piège. »
    Exactement. Pour moi, le bonheur est suspect. Soit je suppose qu’il annonce une inévitable trahison. Soit je crains qu’il ne soit factice, c’est à dire qu’il ne soit que l’expression d’une énième forme de déni de ma part, destiné à me cacher encore d’autres horreurs... que je finirais bien par me prendre dans la gueule.
    Résultat des courses : je suis plus sereine en évitant le bonheur.
    Pire peut-être : j’estime qu’il est dangereux. Ma famille n’a-t-elle pas été aux yeux de tous -à commencer par les miens- cette image d’Epinal du bonheur et de la vie facile ? N’est-ce pas à cause de cela que personne ne s’est jamais préocuppé de mon sort ? N’est-ce pas en m’accrochant à cette illusion que j’ai continué à souffrir si longtemps leurs perversités ?
    J’ai un mal fou à simplement « profiter de la vie » comme on dit. Pour ça, il faudrait que je consente à me faire plaisir. Quel risque ! A quoi bon si le plaisir me dégoûte ? Je n’ai pas ou peu le désir du plaisir.

    « En effet, l’individu se retrouve un peu comme un exilé qui parviendrait dans un pays sans rien en connaître et qui serait obligé de s’adapter par le seul effet de sa sensibilité aux comportements des autres sans qu’il en comprenne tout à fait le sens. »
    Tout à fait. Et là encore, je supposais que c’était cela l’existence, que tout le monde avait ce même rapport absurde au monde et à la vie, et qu’il était vain de s’interroger davantage... à moins de se prendre pour S. Beckett.

    « Pour une personne qui a été victime d’inceste dans l’enfance, homme ou femme, une relation amoureuse peut-être une expérience particulièrement complexe, voire douloureuse. »
    Complexe, assurément. Mon unique amoureux à ce jour (je suis une jeune adulte) n’a rien compris des quelques mois passés avec moi. Je le comprends.
    Douloureuse, certainement. Par l’impossibilité à faire confiance, à se penser digne d’amour, ou même d’intérêt...autre que strictement sexuel. Mais plus encore par le bonheur, les bons moments, les marques d’attention elles-même. En ce sens qu’elles ont révélé cette triste évidence : je n’en avais jamais reçues de simplement gratuites et sincères.

    Je vous glurge là ?
    « Vous savez, ceux qui savent d’avance et si bien qu’ils vont vous glurger et qui se taisent... »
    Et oui...
    Je le fais rarement pour épargner les autres, mais pour m’éviter une plus grande exclusion. Ben ouais, personne n’a envie d’entendre ce qui me tracasse quand je tire la tronche. Même si la question m’est parfois posée. Je sais que ma réponse serait trop trash, gore, dégoûtante, gênante, perturbante, effrayante. Je préfère en général m’éviter les réactions défensives qui en découlent.
    Mais dieu que c’est compliqué parfois de taire tout ce qui se rapporte à son histoire et son passé ! Pas facile de trouver quoi répondre à des questions aussi banales que : « Tu fais quoi à Noël ? » ou « T’as des frères et/ou soeurs ? » . Délicat de participer à certaines conversations sur la famille, l’amour, la sexualité. Difficile de réagir comme je le souhaiterais à des propos qui me choquent sur le viol ou la pédophilie.
    Mon passé n’est pas un secret pour tout mon entourage. Il y a des amis qui savent. Et c’est compliqué avec eux aussi... je passe. Reste qu’au quotidien, c’est usant de masquer tant de réalités et tant d’affects. Et j’en conçois une bonne dose d’amertume.
    Je trouve cela injuste de ne pas pouvoir simplement dire ce qu’il en est de ma vie et de mon état. Non que je voudrais pouvoir me confier en détail à tous, être plainte et inspirer la pitié. Je voudrais juste ne pas avoir à me retrouver à mentir en me cachant. Je trouve aussi injuste de voir que je suis ainsi supposée n’avoir aucune raison valable d’aller mal ou d’être fragile, avec ce que cela comporte de jugements accusateurs les jours où je lutte plus que d’autres.
    Et je me dis en même temps que c’est con, dans la mesure où si j’avais le choix, je préférerais sans doute me taire en maintes occasions. Je victimiserais en silence alors ? C’est à dire que si ma discrétion pouvait être choisie et non imposée par le tabou, je m’en plaindrais probablement moins. Et si je n’avais pas à m’appliquer à masquer les séquelles relatives à mon histoire, je me sentirais peut-être moins piégée dans cette identité de victime qui prend forme... dans ce que je sais qu’il vaut mieux taire.

    ..........

    Il manquerait encore au moins les tomes « justice » et « psys ». Je passe pour conclure en rappelant les pertinentes questions que Gül a soulevées dans son article (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43920) :

    Quels sont les moyens de lutte ? Quels sont les actes de prévention ? Quelles sont nos responsabiltiés ? Quelles et comment doit être la répression ?

    Et surtout :

    Dans quel monde vivons-nous ?

    Sachant que mon histoire n’est malheureusement pas du tout exceptionnelle.


    • Illel Kieser ’l Baz 12 septembre 2008 20:19

      Bonjour Naja,

      Merci pour votre témoignage et la dignité de votre intervention.

      Vous regrettez le peu de commentaires mais il me semble que ce type d’information ne se juge pas à l’aune de la notoriété. Même sur d’autres sujets dès que le contenu sort du bruissement des passions, le brouhaha se tait. Mais, c’est sur le long terme que le lectorat se forge. Il y a des lecteur/es silencieux/euses et c’est aussi ce qui importe. Il est déjà important qu’un média publie ce genre d’article. J’ai souvenir que, dans les années 70, de nombreuses femmes avaient utilisé le pouvoir de la prise de parole pour faire admettre leurs droits les plus essentiels face aux agressions qu’elles subissaient, que leur témoignage soit respecté dans les commissariats et devant les juges. Si j’en juge par ce qui se passe ici, au Canada, ce pouvoir de la parole est bien plus puissant qu’il n’y paraît. La prise de conscience publique, politique ensuite se fera après, mais elle se fera. Je le dis assez dans d’autres articles plus « citoyens », les nécessités d’une alliance entre éthique et contraintes publiques imposent que chaque citoyen prenne en charge les exigences de son monde, au plus proche de lui donc. Qu’il parle, témoigne et ose !

      Avez-vous lu ce petit morceau intéressant, dans le commentaire de clostra « adulte enfermé dans sa problématique » ? Vous montrez, par la dignité de votre intervention, qu’il ne s’agit pas du tout d’enfermement. Et prendre les choses sous cet angle serait le pire qui puisse advenir, l’étiquetage par la bonne conscience. C’est pourquoi il faut témoigner, ne jamais s’arrêter.

      Bonne chance.

       Ps : attention a la cohérence sémantique on devrait écrire "glurgiaque" et non "glugiarque"


    • Naja Naja 14 septembre 2008 13:52


      Bonjour et merci pour vos encouragements.

      Sur le peu de commentaires, je suis en fait d’accord avec vous.

      « Avez-vous lu ce petit morceau intéressant, dans le commentaire de clostra « adulte enfermé dans sa problématique » ?Vous montrez, par la dignité de votre intervention, qu’il ne s’agit pas du tout d’enfermement. Et prendre les choses sous cet angle serait le pire qui puisse advenir, l’étiquetage par la bonne conscience. »
      Ce passage m’avait échappé. Je ne saurais dire quelle étiquette serait la pire par contre...
      Bref panorama de celles que j’ai vu coller :
      L’expression de clostra me rappelle certains "conseils" de proches et moins proches : « il faut tourner la page », « c’est du passé », « carpe diem à présent », etc. J’adore ce genre de remarques sous entendant que c’est par faiblesse que je ne « parviens pas à m’en détacher ». Sans doute une façon pour eux de minimiser l’ampleur du pb en se raccrochant à la bouée du « quand on veut, on peut/un problème, une solution ». Des bonnes paroles que je ne sollicite pas et qui ne servent que ceux qui les formulent.
      A l’autre bout du spectre, j’en ai trouvé qui condamnent les victimes à une mort morale définitive, les pensent perpétuellement accablées et nécessairement dénuées d’humour ou de gaieté. Collant assez peu à cette image, j’ai parfois suscité l’incrédulité de ces derniers, qui en ont conclu que je ne devais pas avoir véritablement été victime.
      Entre les deux, d’autres supposent que nous vivons forcément dans la haine et nourrissons ainsi un désir de vengeance aussi aveugle qu’impérieux. Ils ne manquent en général pas d’ajouter que cela est compréhensible (forcément, puisqu’ils le supposent...) et qu’ils compatissent à notre malheur. Précision dont on comprend mieux la raison en voyant qu’il s’agit en fait pour eux de nous ignorer, expliquant que notre parole est extrémiste et que sa prise en compte mènerait à des lois liberticides. Comme si l’on ne pouvait pas se détacher de la haine ! Et comme si l’on ne pouvait pas en éprouver sans pour autant se muer en partisan de la peine de mort ou de la castration ! J’ai souvent démenti cette idée reçue (principalement sur le net) et j’ai pu observé que cela ne changeait en général pas grand chose au raisonnement de mon interlocuteur... concluant sous mes yeux que j’étais une exception.
      Heureusement, il est aussi des personnes qui se gardent de toute forme d’idées reçues à ce sujet.
      (Précision à clostra : je ne sais trop ce qu’il en serait pour vous ; je rebondis simplement sur votre expression pour faire part de quelques réactions classiques qui m’ont été adressées, en vrai ou sur le net.)

      « C’est pourquoi il faut témoigner, ne jamais s’arrêter. »
      Hum.. je me demande si pour quelqu’un imaginant un adulte « enfermé dans sa problématique d’enfance », tout témoignage ne sera pas perçu comme une fâcheuse tendance à ressasser inutilement son passé. Quand bien même, je suis d’accord que ce ne serait pas une raison suffisante pour décider de toujours me taire. Que je sois amenée dans le quotidien à souvent dissimuler ce qui se rapporte à mon histoire pour me protéger est une autre affaire. Enfin, je crois...

       

      Bonne continuation à vous.

       

      PS : C’est bien « glurgiaque » que j’ai voulu écrire. Sensible au respect d’une certaine cohérence dans la déclinaison de ce néologisme, vous me voyez mortifiée devant le constat de ma soudaine dyslexie.

       


    • Illel Kieser ’l Baz 15 septembre 2008 10:17
      Bonjour Naja
      L’expression de clostra [...] Des bonnes paroles que je ne sollicite pas et qui ne servent que ceux qui les formulent.
       
      Par ailleurs on célèbre le devoir de mémoire. Ce qui veut dire qu’une forme singulière de culture désigne ce qui relève de ce devoir et ce qui n’en relève pas. Il semblerait que ces choix souscrive à l’arbitraire mais si on y regarde bien, seuls certains sujets sont écartés. La rationalisation, la banalisation, la moquerie sont autant de formes du même déni, lequel renvoie à une volonté féroce dans l’aveuglement sélectif. On ne veut pas accepter de voir que nos sociétés dévorent leurs propres enfants. C’est un crime majeur. Le déni s’applique à tous les étages de la vie quotidienne, de la cellule familiale au bulletin de vote. Le crime touche les piliers antiques de notre civilisation, à commencer par la famille cette cellule qui demeure au centre de nos représentations, puis en allant un peu plus loin ce sont le père et la mère qui se présentent comme acteur du crime. Si on y regarde bien, plus loin que l’implication du père ou d’un proche du genre masculin, on se demande comment un tel crime peut passer inaperçu, puis quand il est constaté on se demande comment cela est possible. Ce crime nous confronte à l’impensable, alors on ne pense pas !
       
      Je me demande si pour quelqu’un imaginant un adulte « enfermé dans sa problématique d’enfance », [...] protéger est une autre affaire. Enfin, je crois...
      Ce que vous faites là est suffisant et démonstratif d’une forme de lucidité qui force le respect. On peut aussi faire confiance à la sagacité du public.
      En commentaire de l’article de gül, un internaute recommandait de ne pas faire confiance aux chiffres donnés par les associations de défense des victimes. Voilà une parole à méditer car elle permet de recentrer le témoignage sur une argumentation force : la référence et l’amplification de tout ce qui permet de sortir du déni.
      Ce commentaire est très drôle et il révèle un préjugé car on peut constater en France, la très – trop – grande prudence de ces associations. Témoigner est la première forme du journalisme. On l’oublie trop.
      Il y a beaucoup de moyens pour porter témoignage. C’est en cela que les médias sont utiles. Ce ne sont que des outils, et il est important de les utiliser :
      Faire de la veille informative en répercutant toutes les informations qui peuvent éclairer le public
      Créer des réseaux de veille et d’information
      Casser les préjugés en leur opposant une information vérifiable et fondée
      Organiser, chacun à son niveau, des cellules de dialogue et de parole.
      Participer aux forums, pas seulement ceux qui sont dédiés à ce problème mais, plus globalement à ceux qui sont relatifs aux mœurs. (Par exemple, je suis étonné qu’en France les forums « féministes » consacrent peu d’espace au problème de l’inceste alors qu’ils accordent énormément de place à la maltraitance des femmes. Pourtant les deux problèmes sont liés...)
      À bientôt

  • jjwaDal marcoB12 14 septembre 2008 17:08

    Très bon support de réflexion que cet article. J’avais vu aussi celui de Gül.
    Je constate déjà que pour avoir "désacralisé" à peu près tout ce qui peut l’être (le vivant, le sexe,
    l’étrangeté d’un monde que nous n’avons pas fait, etc...) nous avons une morale (au sens commun
    du terme) qui me paraît franchement déclinante.
    Nous n’avons pas le respect de la nature, pas celui de la vie (celle des animaux que nous tuons par
    gourmandise, comme celle de "nos enfants" d’afrique et d’ailleurs que nous laissons crever comme
    des chiens), pas celui de nos semblables (qui font la manche dans la rue et ne rencontrent que
    trop rarement notre regard), pas celui des générations à venir, pas celui de nos anciens, etc...
    Nous ne sommes même pas capables de tenir des registres corrects du cancer (1ère cause de mort évitable)
    et de regarder ses causes en face...
    Pour une civilisation "libérée" (de l’asile sans doute) nous avons bien plus de tabous privés et collectifs
    que nous ne sommes capables de l’avouer...
    Pour mon édification j’ai été aussi confronté (pas en personne) à la pédocriminalité à
    plusieurs reprises. Le plus troublant est l’extraordinaire difficulté des victimes à révéler ce qui
    s’est passé.
    J’ai le souvenir d’une femme violée par son beau-père 30 à 35 ans plus tôt (dans la petite enfance), n’ayant rien dit à son mari ni à ses enfants, ni ses relations et explosant de larmes au téléphone parce que je n’avais pas les oreilles bouchées...
    Quand des victimes refusent d’accuser leur bourreau pour préserver l’apparence
    d’un monde factice, comment peut-on seulement quantifier le nombre de monstres impunis parmi nous ?...


  • Iren-Nao 23 septembre 2008 12:09

    @ L’auteur, @ Naja


    Je vous ai lu avec le plus grand interet.

    Je n’ai surement pas ete le seul, mais que repondre, que dire ??

    Rien du tout je crois, tout au plus peut on...j’hesite a le dire, mais oui, compatir. Enfin je veux dire la vraie compassion. C’est un terme emmerdant compassion, plus tres en vogue on va dire . Et pourtant c’est essentiel. (c’est mon cote Bouddhiste....)

    Et puis on est bien force de se poser la question concernant les predateurs.

    Je me souviens de ce prof qui avait saute sa fille a la Maternite. 
    On reste sans voix.
    Ca ne peut etre qu’un grand tres grand malade..
    Il faut arreter sa souffrance definitivement et au plus vite.

    Et bien sur, que faire ?

    Je vous souhaite le Bonjour

    Iren-Nao


    • Illel Kieser ’l Baz 23 septembre 2008 14:13

      @Iren-nao et Marco

      Bnjour et merci de votre commentaire. Vous exprimez votre désappointement devant l’indicible.
      Déjà vous dire que c’est normal, le contraire le serait moins. Ce n’est pas pour autant que vous demeurez démunis.
      Sortir du tabou du silence, c’est une chose importante. Il y a sûrement dans votre entourage des personnes qui ont subi ces agressions. Peut-être serez-vous plus attentifs à leur témoignage.
      Je crois que beaucoup de victimes d’inceste ont su créer des structures d’accueil et de soutien, la commisération n’est donc pas de mise mais vous pouvez, à votre niveau, sur le web ou dans votre voisinage rester attentifs aux besoins de ces associations, répercuter et amplifiez leur info, transmettre les adresses utiles de votre ville, quand vous les repérez...
      Nul n’est démuni, nous avons, à chacun de nos pas citoyens, la possibilité de soutenir, d’informer, de parler.
      Quand, dans un groupe d’amis, la question est abordée, vous pouvez aussi aborder le problème sous un angle plus informé, pour sortir des stéréotypes...

      Il n’est pas nécessaire de se transformer en militant d’un cause, il en existe et ils font bien leur boulot mais , savoir un jur, qu’un quidm leur apporte leur soutien en parlant d’eux est extraordinaire A c e moment, on sait que parmi des dizianes d’articles, des manifestations culturelles, des prospectus, etc. une personne, au moins, a réagi et ça c’est capital.
      Merci, en tout cas de votre existence par ces commentaires...
      Bien à vous
      Kieser


    • Iren-Nao 24 septembre 2008 09:42

      @ Illel, a Naja

      Cet article et votre temoignage m’ont secoue, ce qui je pense etait le but de la manoeuvre.

      Face a la souffrance de Naja, je n’ai pas de mots et Internet a ses limites, la Presence me parait plus importante, mais alors la, Internet ne vaut plus un clou...quoique.

      Je dirais seulement que les etres qui ont souffert ainsi dans leur ames sont souvent capable d’attirer de la vraie affection (qu’il ne faudrait pas confondre avec de la pitie, mais quand bien meme , la pitie n’est pas forcement humiliante) plus que d’autres a qui il n’est jamais rien arrive, l’epreuve meme horrible est parfois aussi source de richesse.

      Mais ce qui me laisse pour le moins choque, et ce n’est pas d’aujourdhui, c’est un certain type de predateur.

      Que l’on s’affranchisse d’une certaine morale moderne pour porter son interet sur des etres puberes ou quasiment, voire sur ceux qui devraient etre Tabou (inceste) je peux encore comprendre, l’adolescente est souvent troublante....

      Mais des enfants, ses propres enfants, voire des bebes, la je reste stupefait.

      Il y a quand meme des degres dans la transgression.

      Mais ou vont ils chercher de tels desirs, qu’est ce qui est donc si pete dans leur tete ? Ou ont ils si mal ?

      La, ca fait peur. Il faudrait alors croire au Diable, j’essaye de ne pas, mais cependant j’ai cru deja le rencontrer a qq reprises...

      La, j’aimerais un peu comprendre.

      Bonjour

      iren-Nao

       


    • Naja Naja 24 septembre 2008 17:42



      @ Iren Nao

      (Ci-dessous la réponse que j’avais préparé pour votre premier commentaire. Je viens de voir le second, j’y réagirai plus tard.)

      Merci pour la considération dont votre commentaire témoigne.

      J’ai ralé plus haut du peu de commentaires... c’était mon humeur du jour, rien de plus.
      A la question de la réaction adéquate (ici mais surtout dans "vraie vie"), je n’ai pas plus de réponses que vous en fait... il n’y en a pas d’asolues.
      J’allais me lancer dans un blabla sur la compassion, la commisération et la pitié... puis finalement, non. Je dirais que l’essentiel est que la personne soit sincère et qu’elle se garde de toute forme de condescendance. Peu m’importe alors le nom qu’elle donnera à son attitude.

      « Et puis on est bien force de se poser la question concernant les predateurs. »
      En effet. Vaste question... qu’il importe de se poser courageusement.


      Bien à vous,
      Naja
       


    • Illel Kieser ’l Baz 24 septembre 2008 19:23

      @iren-Nao

      Face a la souffrance de Naja, je n’ai pas de mots et Internet a ses limites, la Presence me parait plus importante, mais alors la, Internet ne vaut plus un clou...quoique.
       

      Oui la présence est importante et rien ne vous empêche de passer le gué.

      Internet vaut pour ce qu’on en fait et il permet de mettre en contact rapidement là où il fallait des mois, là où on restait dans l’isolement. Dans le Gers où j’habite, je connais une jeune ado qui fréquentait les forums dédiés à ces questions, ce sont ces fréquentations qui lui ont permis de prendre des décisions qu’elle n’aurait pas pu prendre il y a 10 ans à peine : changer de Lycée, partir loin... Les forums, dès leur naissance, ont pris une importance considérable dès le début des années 90 et ils ont beaucoup apporté. (Ils s’appelaient News avant)

      Il y a eu ensuite les sites "perso" devenus ensuite des blogs, puis de gros sites comme celui de l’AIVI ou Carnets de liens qui sont le fruit d’initiatives privées...

      Internet et action vont ensemble.

      (On me rétorquera de manière ironique, que Internet, c’est aussi les sites pédornographiques... On peut répondre que l’existence de réseaux de production et de distribution d’images et de films pédornographiques... les descentes dans certaines officines du Bd Sébastopol, ça existait, mais...)

      Là où réside le hiatus c’est dans l’incapacité de l’administration de s’emparer de ce média, avec les moyens qui sont les siens. Une décision d’un directeur administratif et un site peut voir le jour en moins de deux jours. Il m’a fallu deux mois pour mettre en route Enfance en Danger...

      Si vous allez visiter les quelques sites institutionnnels qui existent, vous êtes frappé par leur indigence. Pages inexistantes, dossiers non disponibles, etc. Et surtout un académisme atterrant de la prise en compte du problème.

      Car cette indigence se double, en Europe, d’une gigantesque indigence de la capacité des professionnels de la santé à faire face à ce problème... L’Europe a 20 ans de retard, voire plus car cela fait bien dix ans que je dis la même chose. Le Canada et les USA ont parfaitement pris en charge le problème, la maillage de la ville par des structures d’accueil est bien organisé. Les éducateurs, même s’ils râlent, disposent de moyens importants en personnel formé, en locaux et en moyens de soutien au long cours. Pourtant, dans ces pays, la prise en charge sociale pour la santé est réduite au minimum. Je suis sidéré de voir combien ces sociétés ont réagi au problème, chaque fois que j’y vais. Et quand je reviens, je suis en colère !
      Maintenant, sous l’effet d’un puissant courant conservateur, on voit surgir des vélléités de solutions drastiques contre les pédocriminels... (J’y reviendrai)

      Sur Avox, sort un article de vulgarisation scientifique, il n’est pas rare, alors, qu’un intervenant compétent intervienne pour apporter sa contribution. Concernant les problèmes de moeurs, notamment la pédocriminalité, avez-vous lu la prose d’un psychiatre, d’un psychologue ? Rien...

      Dans ce vide, l’émotionnel, sous sa forme la plus négative, prend le pouvoir et les préjugés s’affrontent.

      C’est pourquoi, il faut parler, dire, amplifier...
      Autre chose, non, je n’écris pas our secouer le quidam que vous êtes. Chaque fois que je peux, je prends la parole, là où elle m’est donnée et je dis ma vérité, celle que je cotoie chaque jour. Et oui, ça secoue ! Oui, on finit par se poser les questions qui vous taraudent. Désolé pour ça mais on se sent moins seul... merci alors à ceux qui ouvrent les yeux.

      Bonjour

      Je répondrai sur la question des prédateurs, dans un autre post.


    • Naja Naja 25 septembre 2008 00:44

      @ Iren Nao, suite :

      Pour ce qui est de ma personne, vous n’avez à pas à vous casser la tête non plus. Je ne témoigne pas ici dans le but d’être réconfortée. Je le fais pour informer. Et ma démarche n’est pas purement altruiste, elle sert aussi des besoins personnels. Elle me permet de surmonter une certaine frustration en faisant sur internet ce que je préfère éviter de faire dans ma vie réelle (où il m’en coûterait trop en raison du tabou qui entoure la question).
      Que cette lecture vous secoue n’est pas non plus pour moi le but de la maneouvre. Le but est d’informer, faire prendre conscience et soulever chez le lecteur les interrogations que vous exprimez. Que cela vous secoue en est la conséquence. Je serais tentée de dire que celle-ci est normale. Pourtant, force est de constater que beaucoup préfèreront garder les yeux fermés, justement pour s’épargner la secousse. C’est donc tout à votre honneur d’avoir le courage de vous intéresser au problème.
      Sur les possibilités offertes par internet, je rejoins totalement l’auteur. J’ai aussi participé à des forums dédiés au sujet et cela m’a beaucoup apporté. J’espère avoir pu aider en retour.


      « Je dirais seulement que les etres qui ont souffert ainsi dans leur ames sont souvent capable d’attirer de la vraie affection [...]
      plus que d’autres »
      Je dirais plutôt l’inverse. Pour ne parler que de mon cas, je n’attire pas plus l’affection qu’un(e) autre. Pour le moment, plutôt moins d’ailleurs.

      « (qu’il ne faudrait pas confondre avec de la pitie, mais quand bien meme , la pitie n’est pas forcement humiliante) »
      Je me sens plus ou moins rabaissée par les démonstrations de pitié. Mais je me perds à tenter d’expliquer clairement pourquoi...
      Je me sens enfermée dans une souffrance que l’autre imagine et qui n’a que peu de rapport avec ce que j’éprouve. Envie de dire en même temps "Pas du tout ça, tu ne sais pas..." et "De toutes façons, je ne suis pas que cela, de grâce !". Peut-être que le pb tient aussi au rôle que la personne qui me témoignerait sa pitié confère à celle-ci. Je perçois dans l’attitude quelque chose de condescendant. Je me sens considérée comme une pauvre petite chose que seule la bonté de quelques âme généreuses comme la sienne pourraient tirer d’affaire (j’en rajoute pour me faire comprendre). Non que je pense pouvoir me passer de l’aide de qui que ce soit, mais le soutien ne passe par la pitié. Au contraire ! Et puis la simple connaissance de mon histoire n’a pas à se transformer en obligation de m’aider, pas plus qu’en devoir de me réconforter.
      Pour en revenir à la pitié, j’ai parfois l’impression qu’elle rassure surtout l’autre sur sa propre bonté. Bref, elle m’embarrasse...


      « Mais ou vont ils chercher de tels desirs, qu’est ce qui est donc si pete dans leur tete ? Ou ont ils si mal ? »
      Je crois qu’il ne s’agit pas tant de désir que de besoin de domination et volonté de destruction. Et je pense que cela vaut pour toute violence sexuelle, quel que soit l’âge de la victime. Soit dit en passant, penser qu’il s’agit là d’une question de désir amène souvent les victimes à croire qu’elles ont provoqué la violence en suscitant désir de l’agresseur.


      Sur le reste, je laisse à l’auteur le soin de vous répondre.


      Naja


    • Illel Kieser ’l Baz 25 septembre 2008 13:20
      @iren-Nao
      Vous dites : Que l’on s’affranchisse d’une certaine morale moderne pour porter son interet sur des etres puberes ou quasiment, voire sur ceux qui devraient etre Tabou (inceste) je peux encore comprendre, l’adolescente est souvent troublante....
      Mais des enfants, ses propres enfants, voire des bebes, la je reste stupefait.
      Il y a quand meme des degres dans la transgression.
      Mais ou vont ils chercher de tels desirs, qu’est ce qui est donc si pete dans leur tete ? Ou ont ils si mal ?

      Il est en effet important de se poser la question avant de la résoudre à coup de déclarations fracassantes comme c’est la tendance actuelle : enfermer et punir. (Surtout que l’on n’a pas les moyens du fracas) Puisqu’il s’agit d’un crime atroce, de la transgression d’un tabou fondamental, on va y aller en force, on va faire dans le sublime... Je parlais des USA et du Canada et nous y sommes déjà, punir devient la préoccupation la plus importante. C’est celle des sociétés qui se crispent sur d’antiques valeurs.
      Pourtant cela n’aliène en rien l’autre aspect : connaître pour informer et informer pour prévenir. Tel est le cas notamment aux USA où se mêlent les deux tendances.
      Connaître commence par l‘étude méticuleuse des modes opératoires du prédateur, des signes historiques qui marquent une lente évolution vers le passage à l’acte. C’est ensuite tenter de comprendre comment s’opère ce passage à l’acte.
      C’est là que le bât blesse car si on connaît le détail des différents modes opératoires, concernant l’origine – l’étiologie – du passage à l’acte, on est bien moins renseigné.
      Pourtant c’est fondamental si l’on engager des actions de prévention. Il y a, parmi les adolescents, des sujets qui sont assaillis de fantasmes pédophiles. Passeront-ils à l’acte ? Nul ne sait. Certains adultes sont pris par ces mêmes fantasmes devant des corps d’enfants nu/es. On le sait, il y a des études qui le confirment, mais seront-ils pour autant des prédateurs ? On ne sait pas.
      Et c’est pourtant là qu’il faut agir. Par la morale ? mais laquelle ? L’abstinence ? On sait ce que cela vaut...
      Désolé de vous laisser sans réponse.
      Bien à vous

  • Triskine 23 septembre 2013 23:26

    Je tiens à vous remercier pour cet article. J’ai souffert de maints attouchements quotidiens, jusqu’à des tentatives de viol de la part du mari de ma mère quand j’avais 12 à 16 ans et j’ai sans doute autant souffert du poids de ce tabou que des faits eux-mêmes : je lui en ai parlé et elle ne m’a pas aidée, pas crue, pas entendue. Cet article me console un peu, des grosses blagues de comptoir sur le sujet (j’ai dû en entendre des milliers depuis, en silence et sans vomir), et autres théories fumeuses sur comment il faut être après (de ces gens à qui JAMAIS il ne faudrait se confier...). Oui, cet article console. Il y a une vraie délicatesse dans cette volonté de, simplement, prendre en compte.
    Un point sur la prescription serait peut-être bon à faire un jour. Dans mon cas, celle-ci avait déjà pris effet lorsque j’ai enfin trouvé le courage de déposer ma plainte. M’entendre répondre, en substance, qu’il n’y aurait aucune suite parce que j’avais couru plus vite que lui m’a semblé un peu raide... J’avais pourtant longtemps souhaité ne jamais la déposer, puisqu’il était une personne que j’avais d’abord aimée, mais une fois la décision prise, à nouveau personne pour lui donner une vraie réponse. Choisir de déposer une plainte ou non, c’est choisir entre peste et choléra. Rester écrasé ou devenir celui qui dénonce... Ne rêvons pas, de toute façon c’est une horreur. Mais s’il consentait parfois à parler avec le même accent que cet article, le monde normal, le monde sans ça, aurait le mérite de se montrer plus accueillant... Merci Illel Kiesel I’Baz smiley


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