mardi 26 novembre 2013 - par maQiavel

Histoire des relations publiques au cours du XXème siècle 1

Le célèbre documentaire de la BBC4 sur Edward Bernays, et l'histoire des relations publiques au cours du XXème siècle. 


 


 

Edward Bernays était le neveu de Sigmund Freud. Né en 1891, mort en 1995, on le considère généralement comme l’inventeur de l’industrie des relations publiques. 

Freud et les foules

La pensée freudienne a une importance dans l'analyse des liens affectifs dans les groupes. Freud y consacre un lire intitulé « Psychologie de masses et l'analyse du moi » (1921), dans lequel il commence par rendre hommage aux thèses de Lebon sur la foule.

Freud fait référence à sa notion de libido : elle a ici pour noyau un amour sexuel recouvrant une grande variété de formes. Le lien groupal est par nature libidinal. Selon Freud, les créatures qui constituent une foule s’aiment les unes les autres, et délèguent leurs idées et leurs sentiments à celui qui les dirigent. La haine est reléguée aux autres, à ceux qui sont en dehors.

Les foules sont incapables d’avoir des opinions quelconques, en dehors de celles qui leur sont suggérées. Elles n’ont pas de système de pensée, pas de cohérence philosophique, et donc pas de colonne vertébrale qui puisse structurer une capacité créatrice. Elles ne fonctionnent qu’à l’instinct, en fonction de l’émotion.

Quels sont ces instincts ? Dans « Malaise dans la civilisation », Freud explique que la civilisation n’est pas l’expression du progrès humain mais au contraire avait été construite pour contrôler les forces animales et dangereuses cachées dans l’être humain.

La civilisation a toujours été animée par un « combat entre la pulsion de vie et celle de mort, et que nul « ne peut présumer du succès et de l'issue » de ce combat. Ainsi, rien ne garantit selon Freud que les civilisations, même celles qui sont considérées comme les plus modernes, ne finissent par s’autodétruire.

La culture est la somme totale des réalisations et dispositifs […] qui servent à deux fins : la protection de l'homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux. » La culture n'est pas seulement soucieuse d'utilité car la beauté fait partie des intérêts de la culture. La culture est édifiée sur du renoncement pulsionnel, le développement de la culture entraîne par conséquent une restriction de la liberté individuelle. La démocratie qui a comme socle la liberté individuelle est donc de ce fait impossible.

Cette série explique comment ceux qui furent au pouvoir ont utilisés les théories de Freud pour contrôler les foules à l’ère moderne de la démocratie de masse.

Bernays et la démocratie de marché

 

Lefoules n’ont de pouvoir que pour détruireIl existe cependant une mesure de prévention possible : que le pouvoir connaisse la psychologie des foules, afin de pouvoir les manipuler au lieu de se laisser mener par elles comme le préconisait Gustave Le Bon dans « Psychologie des foules ».

Bernays part de l’étude de cette psychologie des foules. Le groupe n’a pas les mêmes caractéristiques psychiques que l’individu : celui qui comprend ces caractéristiques peut influencer les groupes, qui à leur tour conditionnent les individus. Ainsi, les barrières de la psychologie individuelle sont contournées.

Les foules sont moutonnières. Elles suivent des leaders s’il y en a, à défaut des clichés imprimés dans les esprits, et réverbérés par l’écho infini de la masse. Il faut jouer sur ces clichés, ou sur l’image des leaders, et pour maximiser l’effet, il faut chercher à les mettre en cohérence avec les pulsions individuelles. Il faut jouer sur les frustrations des individus, deviner ce qui les fait souffrir en tant que personne, et proposer un schéma collectif qui, en enserrant l’individu dans un conformisme rassurant, lui permettra de surmonter sa frustration. 

La thèse de Bernays repose sur l’« Organisation du chaos ».Il existe un gouvernement invisible, qui règne secrètement sur la démocratie. Ce gouvernement est formé par les hommes qui savent influencer le public. Ce gouvernement est indispensable : sans lui, l’opinion, livrée à elle-même, ne pourrait pas faire fonctionner la « machine » démocratique. Si tout le monde devait étudier sérieusement les questions sérieuses, on n’en sortirait plus.Le gouvernement invisible, en rendant la démocratie possible, se substitue aux anciennes oligarchies au pouvoir visible. Des techniques existent, qui permettent « d’enrégimenter l’opinion ». Ce sont ces techniques que les hommes de pouvoir doivent désormais maîtriser pour maintenir l’ordre.

Il faut utiliser l’instruction du peuple pour l’enfermer dans un mode de pensée programmé. Il n’y a rien de scandaleux là-dedans : la propagande a été inventée par l’Eglise catholique, avec sa congrégation pour la propagation de la foi. C’est une technique de gouvernement, ni plus ni moins.

Une propagande efficace doit imprégner progressivement les esprits, de manière inconsciente, par la répétition. Il faut modifier les « images mentales que nous avons du monde » pour nous faire changer d’avis. Un exemple de technique de manipulation : trouver des leaders d’opinion, et leur faire promouvoir par leur comportement, par leur image, ce qu’on veut « vendre » à l’opinion. C’est la technique utilisée dans le marketing de la mode. Elle est transposable à n’importe quel autre domaine où la « fabrique du consentement » est nécessaire.

Que cela donne t-il en pratique ? Deux exemples :

1. Pendant les années 20, Bernays se fait remarquer par l’esprit novateur de ses méthodes. Son grand succès ? Amener les femmes américaines à fumer. Le commanditaire de l’opération est tout bonnement l’industrie du tabac, mais Bernays réussit un coup de maître en présentant l’affaire comme une « libération de la femme ». Instrumentalisant le mouvement des suffragettes, il exploite l’image phallique associée à la cigarette allumée pour faire de la « femme qui fume » l’image d’une « femme libérée, dotée de son propre phallus ». Le succès est foudroyant : les Américaines se mettent à fumer.

2. Ce que fit Bernays fascina les grosses banques et industries américaines qui sortirent riches et puissantes de la grande guerre mais également avec un souci grandissant : la surproduction ! Le système de production avait progressé pendant la guerre et les industriels étaient effrayés par le danger d’une surproduction qui atteindrait un point de non retour dans lequel les gens ayant tout ce qu’ils veulent s’arrêteraient d’acheter de nouveaux produits.Il s’agissait de transformer la manière dont les américains achetaient les produits, de déplacer l’ Amérique d’une culture du besoin vers une culture du désir, d’habituer les gens à vouloir de nouvelles choses avant que les anciennes soient inutilisable, de façonner une nouvelle mentalité : le désir humain doit éclipser le besoin. C’est la naissance de la démocratie de marché appelée également société de consommation.

En satisfaisant les désirs égoïstes des masses, on les rend heureuse et par conséquent docile. Un nouvel idéal politique apparait pour contrôler les masses :

Crise de 1929

Dans les années 20, les spéculateurs avaient emprunté des milliards de dollars et les banques avaient propagées l’idée d’une nouvelle ère dans laquelle l’effondrement du marché était une chose du passé mais elles se trompaient : le plus gros effondrement du marché de l’histoire se déroulait.

Les investisseurs paniquaient, vendaient leurs actions dans une fureur aveugle qu’aucune promesse des banquiers et des politiciens ne pouvaient stopper. Le 29 octobre 1929, le marché s’effondra. Face à la récession et au chômage, des millions de travailleurs cessèrent d’acheter des marchandises .L’ explosion du consumérisme que Bernays avait tant encouragé disparut. Lui et la profession des relations publiques tombèrent en disgrâce.

La crise de 1929 a permit l’émergence de deux modèles alternatifs de gestions moderne des masses.

Le national-socialisme 

Arrivé au pouvoir en Allemagne en mars 1933, les cadres du parti national socialiste ont souhaité gérer les masses différemment.

L’Etat prit le contrôle de l’économie par une planification de la production. Les nazis ne le voyaient pas comme un retour à une vieille forme de contrôle autocratique, il s’agissait d’une nouvelle alternative à la démocratie. L’élite Nazie était convaincue que la démocratie était dangereuse car libérait un individualisme égoïste. Les sentiments et les désirs de masses devaient rester centraux mais canalisés afin d’unir la nation en un tout. L’un des concepteurs de cette méthode de contrôle des masses était Joseph Goebbels.

 Le ministre nazi de « l’information » avait lu Bernays et s'est fortement inspiré de ses travaux. Goebbels organisait d’énormes manifestations dont le but était de forger l’esprit de la nation en une seule unité de pensée de sentiment et de désir. Les forces profondes du désir que Freud avait qualifié de « libidinales » sont sollicitées et données au chef tandis que l’instinct agressif est tourné vers ceux qui sont en dehors du groupe.

Le meneur entraîne la foule parce qu’il lui ressemble. Comme elle, il est instinctif, fanatique, unitaire dans sa pensée jusqu’à perdre de vue les exigences de sa propre conservation. Son charisme provient de l’isomorphie spontanée entre son idiosyncrasie et celle de la masse. S’il peut subjuguer la foule en lui offrant une croyance religieuse ou pseudo-religieuse, c’est parce qu’il a d’abord été lui-même subjugué par cette croyance. C’est pourquoi le meneur ne démontre pas : il affirme. Il n’approfondit pas, il répète. Il ne persuade pas, il contamine. Sa capacité d’influence ne résulte pas de son discours lui-même, mais du prestige dont il se pare

Le new deal 

Élu en 1932 président des Etats unis, Franklin Delano Roosevelt voulait faire contrôler le marché par l’Etat. Son but n’était pas de détruire la démocratie mais de la renforcer. Pour y arriver il allait développer une nouvelle manière de gérer les masses : le pouvoir exécutif élargit.

Roosevelt réunit un groupe de technocrates et de planificateurs dont le travail serait de mettre en place de nouveaux projets industriels pour le bien de la nation. A l’inverse des Nazis et des démocrates de marchés, Roosevelt pensait que les humains sont fondamentalement rationnels et qu’on pouvait leur faire confiance s’ils prenaient part au gouvernement. Il pensait qu’il était possible d’expliquer sa politique aux américains et de prendre en compte leurs opinions. Il fut aidé en cela par Goerge Gallup statisticien et sociologue américain qui s’opposait à Bernays .

Gallup ne faisait pas des êtres humains des créatures à la merci de forces inconscientes qui devaient être contrôlées. Il organisa des sondages d’opinion pour s’informer semaine après semaine de ce que la nation pensait des réformes. Son système de sondage se basait sur l’idée que l’on pouvait avoir confiance aux gens et que ces derniers savaient ce qu’ils voulaient. Il soutenait qu’on pouvait mesurer et prévoir l’opinion et le comportement du public en lui posant des questions strictement factuelles tout en évitant de manipuler ses émotions. Les sondages scientifiques devaient donner à la démocratie une chance d’être en contact avec le public en lui donnant une voix sur la manière dont le pays était dirigé.

Roosevelt fabriquait une nouvelle relation entre les citoyens et les politiciens : les américains n’étaient plus des consommateurs irrationnels dont on gérait les désirs en les assouvissant, ils devenaient des citoyens intelligents qui participaient à la gestion du pays.

Lutte au sommet

Si le new deal avait suscité l’admiration des Nazis , les grands hommes d’affaires américains étaient consternés par cette prise de pouvoir de l’Etat sur l’économie.

Pour les grandes entreprises, c’était le début d’une dictature. Le monde des affaires décida de contre- attaquer et de reprendre le pouvoir. Bernays reprit du service et se lança au cœur de la bataille avec sa profession, les relations publiques. Une guerre idéologique était menée contre le new deal pour réaffirmer le mariage inséparable entre la démocratie et de l’économie privée. Une campagne est lancée dans le but de créer un lien émotionnel entre le public et les entreprises. Les techniques de Bernays sont utilisées à une grande échelle. Une lutte implacable débuta. En réponse le gouvernement réalisa des films pour avertir de la manipulation de la presse par le monde des affaires. Ces films montraient comment des citoyens responsables surveillaient la presse et décelaient, par une méthode analytique, les parti pris cachés.

Mais une méthode si rationnelle ne pouvait atteindre les méthodes de manipulations de Bernays. Il aidera à la création d’une utopie visionnaire dans laquelle la libre entreprise du capitalisme se construirait sans la politique. Il s’agissait de faire passer l’idée dans le subconscient des masses que l’entreprise répondait aux désirs des gens comme les politiciens ne pourraient jamais le faire. Mais cette forme de démocratie ne traitait pas les gens comme des citoyens mais comme des consommateurs passifs. Fidèle à lui-même, Bernays considérait qu’en contrôlant les instincts et les désirs inconscient des masses, on pouvait obtenir d’elles ce que l’on veut. Son action fut couronnée de succès !

Cette bataille entre ces deux vues sur l’être humain, à savoir s’ils sont rationnels ou non, changera brutalement avec la guerre.

La suite au prochain épisode.

Sources : Propaganda

 Scriptoblog

 Psychology Lessons

 wikipédia

          ftb



23 réactions


  • Al West 26 novembre 2013 19:18

    Salut Machiavel,

    J’ai beaucoup apprécié l’article dans l’ensemble, mais il me semble que tu utilises le mot « foule » dans deux sens relativement différents sans le préciser, le premier faisant référence à un groupe de personnes partageant des opinions (politiques, la plupart du temps), le second faisant référence à l’ensemble des individus subissant ces mécanismes, la plupart du temps sans en avoir même conscience, qui n’entrent toutefois pas en relation les uns avec les autres mais sont simplement soumis aux mêmes tentations.
     
    Pour moi, les processus à l’oeuvre dans le premier et le second cas sont différents même s’ils partagent des points communs. Je sais par exemple que tu pourrais me répondre que le second sens rejoint le premier puisque la société est elle-même une foule (d’où ce besoin compulsif de consommer pour soigner son image sociale, ou de fumer la cigarette dans le cas des femmes états-uniennes de 1920). Dans le premier sens du mot foule, il y a par exemple une euphorie collective qui n’existe pas dans le second cas. Dans le second sens, l’individu ne fait pas corps avec les autres individus comme c’est le cas dans le premier sens. Je reconnais toutefois qu’il y a des astuces similaires : slogans, logos, etc.
     
    Bref, dans les deux cas, l’individu est aliéné - on fait joujou avec son cerveau - mais de façons différentes.


    • maQiavel machiavel1983 26 novembre 2013 19:39

      Bonjour Al west

      J’ai compris ce que tu veux dire. Une foule d’individus sur un territoire donné n’a pas les mêmes caractéristiques que la foule d’individus atomisée dans la société. C’est vrai !

      Ceci dit, observons les démocraties libérales modernes : il existe du matin au soir des foules sur des territoires donné, je dirai par exemple les centre commerciaux, et ces foules sont soumises à divers stimulis publicitaires !

      C’est une question intéressante, intuitivement toi et moi nous rendons compte que ces types de foules ne sont pas le mêmes mais que la frontière est ténue, je n’ ai pas de réponse satisfaisante à te donner !

      Mais les ingénieurs sociaux dont je parle ici n’ont pas fait la différence entre ces deux approches !!!


    • médy... médy... 26 novembre 2013 19:52

      Gustave Lebon - Psychologie des foules
      Robert Michels - Iron law of oligarchy

      Je ne sais pas si Bernays a lu le deuxième.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 26 novembre 2013 20:49

      Je me permets de mettre mon grain de sel :
      La remarque de Al West est pertinente, et j’aimerais dire en quoi votre article permet lui-même d’y répondre.
      Dans le premier cas on a donc affaire à une foule consciente d’elle-même, dans le second à une foule qui ne l’est pas. C’est là qu’interviennent les sondages : ceux-ci permettent en effet à une foule de prendre conscience d’elle-même ; concrètement, chacun voit où il se situe par rapport à une majorité... quitte à changer d’avis pour s’en rapprocher ! Le sondage est, selon moi, le plus bel outil du conformisme.
      Il indique en effet au nombre le chemin le plus emprunté. Et l’ironie du sort, c’est que les propagandistes n’ont ensuite plus qu’à « se servir » en quelque sorte, en proposant à profusion à la vente ce que le nombre espère trouver au bout du chemin.
      En définitive, un Gallup n’est-il pas l’idiot utile d’un Bernays ? smiley


    • maQiavel machiavel1983 26 novembre 2013 21:05

      Approche intéressante !

      Seulement, la caractéristique de la foule est d’être guidée par ses émotions. Les sondages statistiques de Gallup reposait sur le fait d’éviter de manipuler les émotions des sondés. Une foule peut elle naitre d’ un mécanisme de renseignement qui n’ est pas manipulatoire ? Ou alors Gallup aurait crée une foule à l’ insu de son plein gré ? Et si les sondages ne sont pas rendu public ? 


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 26 novembre 2013 23:24

      Gallup a créé le plus bel outil du conformisme, voilà ce que je pense.
      Sauf, bien sûr, à tenir ces sondages secrets. Mais vous savez bien qu’ils ont au contraire été créés pour être rendus publics.
      Bernays est un acteur du système, Gallup en est un autre. Tous soumis à l’empire du nombre.


  • Morpheus Morpheus 26 novembre 2013 21:21

    La chose qui stimule le plus ma réflexion, et qui mériterait, il me semble, d’approfondir la question, c’est le constat que, bien que les thèse de Freud (et donc de Bernays, qui se reposent sur celles de Freud) soient avérées complètement fallacieuses et erronées (autrement-dit, que la psychanalyse et les théories freudiennes sont antiscientifiques, nulles et non avenues), les mécanismes de contrôle et de manipulation des masses développés par Bernays, eux, se sont, au cours du XXe s., montrés redoutablement efficaces.

    Il y a là un sujet qui, je crois, aurait beaucoup à nous enseigner.

    Morpheus


    • maQiavel machiavel1983 26 novembre 2013 21:29

      Bonjour morphéus.

      Si certaines thèses de Freud se sont avérée fallacieuse , cela ne signifie pas que c’ est le cas de tout son oeuvre.
      Pour ce qui est de la manipulation des foules , et l’ utilisation qu’ en fait Bernays , les relations publiques et les publicités ,on ne peut que constater de façon empirique , que ces théories sont vraies. Qu’ on le veuille ou pas , c’ est ainsi ...
      Par ailleurs, ils n’ ont rien inventé , les religions ont souvent mobilisé ces mécanismes !

    • Morpheus Morpheus 27 novembre 2013 14:13

      Machiavel, pouvons-nous si aisément dire que les thèse sont juste, parce que les méthodes développées ont porté leurs fruits, ou aurions-nous intérêt à analyser plus en profondeur le sujet afin de voir s’il n’y a pas des explications plus justes qui, elles, rendent compte du phénomène ? Vous savez, c’est comme l’histoire du Soleil qui tourne autour de la Terre : jusqu’à ce que l’on démontre que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil, on ne pouvait que penser que la théorie géocentrique était VISIBLEMENT exacte...

      Sinon, à part ce détail, nous disons la même chose.

      N’empêche, ce détail me titille.

       smiley

      Morpheus


    • Piotrek Piotrek 1er décembre 2013 13:43

      Les études modernes, menées depuis 30 ans sur la cognition valident certaines intuitions de Freud.

      - 98% de l’activité cérébrale est inconsciente, et nous n’avons aucun accès conscient quant au fonctionnement inconscient. Nous n’avons pas de vue objective sur nos pensées.

      - La logique, la cohérence, la démarche scentifique dans la décision demande un réel effort qui n’est pas systématiquement entrepris. Toute information captée par l’être humain passe par deux filtres avant d’acceder à la partie cognitive de l’homme :
      1) La partie reptilienne du cerveau : reflexes, fuite ou ataque...
      2) La partie affective/sociale du cerveau : amour/haine, paternité/maternité
      3) Enfin seulement la partie rationelle : logique, mathématique

      Voila pourquoi la peur est si puissante dans nos décisions : car c’est le premier juge pour toute information.
      Voila aussi pourquoi il existe aussi la différence entre la peur (impliquant le premier filtre) et le stress (qui implique les 3 filtres)
      Voilà aussi pourquoi les expériences ont prouvé que l’homme est plus généreux quand il voit une fillette en pleurs plutot qu’une catastrophe photographiée depuis un avion.
      Nous raisonnons avec nos sentiments et moins avec notre logique

      - Tout au long de notre vie, nos experiences nous conduisent à construire un cadre référant de valeurs, processus nommé framing. C’est ce qui nous différencie en tant que personnes, c’est ce qui explique qu’il existe des libéraux et des communistes.
      Le méchanisme neurologique qui permet la construction de valeurs a été scientifiquement décrit pour la première fois en 1991 sur des écrevisses.
      C’est pour cela que nous sommes dépendants autant de la scène que de l’acteur dans nos décisisions, pour nous l’idée compte tout autant que la façon de présenter l’idée.

      - Toujours dans l’idée du framing, chaque mot est visualisée intérieurement comme une forme physique, on dit souvent que l’on cerveau a un fonctionnement symbolique.

      - Le fonctionnement de notre cerveau est associatif, chaque nouveau concept doit s’intégrer en fonction de l’existant, existant dont nous n’avons que très peu conscience comme dit précédemment

      C’est avec ces constatations scientifiques qu’il est possible et même facile d’influencer l’individu en dehors de toute cohérence ou vérité. L’effet de foule ce n’est juste qu’ajouter un filtre supplémentaire en travers de la route vers le raisonnement de l’individu.


  • Éric Guéguen Éric Guéguen 27 novembre 2013 06:53

    Mach’, désolé de constater que votre article ne déplace pas les foules. smiley
    Comme quoi, sur Agoravox.tv, on s’intéresse bien plus à la politique, la vraie ! smiley


    • maQiavel machiavel1983 27 novembre 2013 09:07

      Oh ce n’est pas grave. Vive les bleus. smiley


    • Al West 27 novembre 2013 13:22

      Bien sûr. Moi-même avant j’étais rouge mais j’ai migré chez les bleus parce que d’une part on se marre plus et que d’autre part les débats sont plus intéressants.
       
      Allez-y lynchez-moi les rouges smiley
       
      Bon dans tous les cas, on se donnera rendez-vous ici pour les prochains épisodes, c’est une série que je vais suivre.


    • Morpheus Morpheus 27 novembre 2013 14:30

      Un truc qui m’agace dans le bleu, c’est que je ne parviens pas à insérer d’interligne dans mes paragraphes. Lorsqu’on veut développer une idée, c’est très ennuyeux, vu les pavés de texte rébarbatif que cela engendre parfois.

      Et puis, question de principe, j’ai une préférence pour le rouge smiley

       smiley

      Morpheus


    • Al West 27 novembre 2013 14:42

      Il suffit de mettre un espace à chaque saut de ligne pour qu’il soit pris en compte smiley


    • Morpheus Morpheus 27 novembre 2013 15:02

      Chez moi, ça ne marche pas. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi smiley


    • Haze 27 novembre 2013 15:18

      Eric, c’est un défaut inhérent à Agoravox.fr
      Les articles sont si nombreux à être publiés qu’il en devient difficile d’avoir connaissance de la plupart.
      Ceux à la une sont ultra visible, bien trop, tandis que les autres tombent dans l’oubli avant même d’avoir vu le jour.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 27 novembre 2013 23:25

      Je serais curieux de connaître le nombre de participants sur chacun des deux sites.


  • Outsider Outsider 27 novembre 2013 15:16

    Bonjour Machiavel
    Merci de votre article, j’attends la suite.
    Je voulais vous demander si vous connaissez le livre de Serge Tchakhotine « Le viol des foules par la propagande politique », et si va dans le même sens que la propagande de Bernays ?


    • maQiavel machiavel1983 27 novembre 2013 16:05

      Bonjour outsider.

      Non je ne connais pas ce livre , vous pouvez m’ en dire plus ?

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 27 novembre 2013 23:26

      Je ne connais pas non plus, merci pour le renseignement.
      Que de choses à lire !!


    • maQiavel machiavel1983 28 novembre 2013 11:08

      Pour ceux que ça intéresse je conseillerai également :

      L’art de la guerre (Sun Tzu) : très ancien mais avec beaucoup d’applications moderne dans le domaine de la propagande.

      Technique du coup d’Etat (Curzio Malaparte)

      Petite histoire de la désinformation (Vladimir Volkoff)

      La subversion (Roger Mucchielli)

      L’invention de la réalité (dir. Paul Watzlawick)

      La pensée politique de Gramsci (J.M. Piotte)

      ....


    • Piotrek Piotrek 1er décembre 2013 14:14

      Je préfère ceux qui le pratiquent à ceux qui le théorisent :

      Carl Rove (« Axis of Evil » « War on terrorism »)
      Frank Luntz (« Climate change »)

      Quant on cherche :
      « climat change » 28 millions de résultats sous google
      « global warming » plus que 15 millions de résultats

      « Changement climatique » ca donne 973.000 résultats sous google
      « Réchauffement climatique » ne donne que 856.000 réponses

      Frank Luntz est un (mauvais) génie de la reformulation, du reformattage des moeurs


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