samedi 28 février 2015 - par Monolecte

La lutte contre les inégalités expliquée à ma fille

 J’en ai marre : à la fin du sport, c’est toujours moi qui passe la raclette dans les douches. 

 Scène de ménage

La quoi ?

Quand on est parent, on n’est pas toujours très vif sur les mots-clés sur lesquels on doit s’attarder. Je visualise vaguement ma fille en train d’étaler du fromage chaud dans les vestiaires et je me dis que ça n’a vraiment aucun sens.

  • La raclette, le balai pour essuyer l’eau…
  • Haaaa… mais pourquoi t’es punie ? Tu continues à ne pas écouter les consignes de la prof de sport ? Elle t’avait pourtant prévenue au conseil de classe du premier trimestre.

Ma fille soupire. Elle soupire beaucoup ces derniers temps et ce n’est pas toujours un effet de sa protoadolescence en construction. Cela vient assez souvent de ma sénilité précoce, quelque chose de l’ordre de la mouche qui monte sur la roue de la vie qui tourne, pendant que l’autre redescend.

  • Mais non ! C’est parce que je suis la dernière !
  • T’es la dernière en sport ?!?
  • Mais non ! Je suis juste la dernière à finir de me doucher.
  • Haaaa. Tu traines sous l’eau ?
  • Non !!! C’est juste que les autres filles se dépêchent à fond pour ne pas avoir à passer la raclette à la fin. Y en a même qui préfèrent ne pas se doucher !
  • Ahhhh ! Je vois. Et toi, tu préfères te laver correctement après le sport ! J’ai bon ?
  • Oui, voilà ! C’est ça !

Il est toujours bon de finir par mettre le doigt là où ça démange…

  • Donc, il y a une corvée et ça tombe pratiquement systématiquement sur toi. Et toi, tu en as marre. Qu’est-ce que tu as fait par rapport à ça ? Tu en as parlé à quelqu’un en dehors de moi ? D’où ça vient cette règle du dernier qui doit nettoyer ?
  • Je ne sais pas.
  • Quelqu’un a dit : le dernier sous la douche passe la raclette ?
  • Je ne sais pas, c’est comme ça, c’est ce qu’on m’a dit, il semblerait que ça ait toujours marché comme ça.
  • C’est la prof qui a fixé cette règle ?
  • Peut-être, je ne sais.
  • D’où tu sais que c’est la règle ?
  • C’est ce qu’on dit.

Toujours intéressantes ces règles d’usage dont personne n’interroge ni l’origine ni les conséquences, mais dont tout le monde s’accorde à penser qu’il s’agit de règles établies qui ont force de loi… surtout quand on fait partie de ceux que ces règles favorisent.

  • Bon, tu comptes faire quoi ? Continuer toute l’année ? Te plaindre à la prof ?
  • La prof le sait. L’autre jour, elle m’a croisé dans le vestiaire et quand elle m’a vue avec la raclette, elle m’a dit : tiens, encore toi !
  • Et c’est tout ?
  • Oui.
  • Tu as dit aux autres que ça te faisait chier, cette règle ?
  • Oui, mais pas comme ça. J’ai dit que cette règle était nulle et que ce serait mieux si on faisait tourner la raclette par ordre alphabétique.
  • Ah, oui, pas con du tout comme proposition. Nettement plus juste. Tout le monde participe, personne ne peut y échapper : une bien meilleure règle, je trouve ! Et quelle a été la réaction des autres ?
  • Ben rien !
  • Comment ça, rien ?
  • Rien, elles s’en foutent…
  • Oui, mais pas toi.
  • Non.
  • D’un autre côté, tu expérimentes le fait qu’une inégalité de traitement qui vient d’une règle non fondée et discriminante est rarement remise en cause par ceux qui en profitent directement. La question des corvées est une question centrale dans une organisation : c’est un truc pas intéressant à faire, mais dont tout le monde a besoin pour que ça fonctionne correctement. La logique, ce serait de répartir la corvée également entre tous. Du coup, ça ne fait qu’un tout petit peu de corvée pour chacun, ce qui la rend très supportable tout en instruisant toute la communauté de l’intérêt de ne pas alourdir la corvée. Si tout le monde participe, alors tout le monde fait attention. Dans le cas de votre douche de sport, c’est important de nettoyer après l’usage : sinon c’est glissant pour les suivants et donc dangereux, ça devient sale, vous pouvez tous attraper des mycoses. Donc, ça doit être fait à chaque fois et vous en profitez tous. Le truc, c’est que dans beaucoup d’organisations, il y a une sorte de compétition qui vise à discriminer certains sur des critères à la con pour justifier le fait que c’est à eux de faire toutes les corvées, ce qui fait que tous les autres y échappent. Du coup, ils s’en foutent d’aggraver la corvée par leur négligence, puisque, de toute manière, ils ne sont pas concernés. Pire, ceux qui échappent à la discrimination et à la corvée finissent par se penser meilleurs que ceux qui sont exploités à leur profit dans les corvées. Et ça ne rend service à personne.
    Ce que tu vis, c’est juste de l’exploitation. Et il y a fort à parier que les filles qui te voient chaque fois avec la raclette à la main vont finir par penser que tu as le profil pour faire les sales corvées à leur place. Et je te rappelle que tu as quatre ans à tirer avec elles…
  • Mais alors, qu’est-ce que je peux faire ?
  • C’est de la politique, ma chère.
  • Ah non, pas de la politique, ça ne m’intéresse pas !
  • Certes, mais tu es victime d’un problème politique, c’est-à-dire d’organisation et de vivre ensemble et tu ne pourras le résoudre que de manière politique.
  • Oui, mais si j’en parle à la prof, je vais passer pour une cafteuse et ce sera encore pire.
  • Bien vu, ma fille. Surtout que, d’après ce que tu m’as dit, la prof sait et ça ne la dérange pas plus que cela. Peut-être qu’inconsciemment, elle approuve cette sorte de punition qui compense l’agacement qu’elle a éprouvé face à ton comportement du premier trimestre. Il est possible que si c’était tombé sur une autre, elle ait été plus sensible au concept d’inégalité et d’exploitation. Il est possible aussi qu’elle considère la lenteur comme un défaut et qu’il soit donc normal que les derniers soient en plus sanctionnés. Dans tous les cas de figure, lui mettre le nez dans sa passivité par rapport à la situation ne serait pas politiquement très malin.
  • Oui, mais alors ?
  • Tu pourrais aussi continuer à passer à la raclette en te disant que cette exploitation est un moindre mal et qu’elle favorise ton intégration. Mais je te le dis bien net : l’exploitation n’engendre que le désir de dominer et d’exploiter plus. Si tu acceptes une situation que tu trouves injuste, tu la cautionnes et tu la renforces. Et tu te positionnes comme minorité exploitable, car ayant tendance à se soumettre. Les corvées injustes ne perdurent que tant que les exploités s’y soumettent. Tu as envie de continuer comme ça pendant quatre ans ? Et peut-être même toute ta vie ? Je pense que quand on bien intériorisé sa place de dominé dans la hiérarchie, il est bien difficile de relever la tête.
  • Non.
  • Tu pourrais te laver plus vite… et donc moins bien, puisqu’il semble qu’être propre est un critère d’infériorité, puisque c’est d’être sale qui est valorisé… mais ça ne changerait rien au caractère arbitraire et injuste de la règle de la raclette.
  • Oui, il y a des filles qui préfèrent ne pas se laver pour ne pas passer la raclette.
  • Tu vois comme la règle est bête : on fait d’une tâche collective visant à assurer l’hygiène de tous en un repoussoir à propreté. Alors que ta règle fait que ce n’est pas trop chiant, que tout le monde peut se laver comme il le souhaite et que les douches resteront propres. Ne pas se laver perdra tout intérêt avec ton système. Mais le problème, c’est que les autres n’ont aucune bonne raison de changer de comportement.
  • Alors ?
  • Et bien alors, tu fais grève de la raclette, haut et fort !
  • Mais ce n’est pas possible ! Je vais me faire gronder !
  • Probablement. Ce sera une bonne occasion pour exprimer ton point de vue et tes propositions. De toute manière, si tu refuses de passer la raclette, ça se verra, puisque les douches resteront sales : ce qui démontrera que tout le poids de l’entretien pèse sur toi.
  • Oui, mais je n’ai pas envie d’être punie.
  • J’aimerais bien voir comment tu vas être punie pour avoir osé dénoncer un système injuste et inefficace !
  • Mouaich…
  • Et après, tu ne seras pas toute seule contre le reste du monde. Si ton collège passe aux sanctions, je vais être convoquée et si je suis convoquée, je te soutiendrai totalement selon les arguments d’égalité et de justice que je viens de t’exposer. Donc, tu m’auras à tes côtés. Dans tous les cas de figure, tu as plus intérêt à faire grève que n’importe quoi d’autre, comme te taire et continuer… dans la mesure où tu es déjà punie pratiquement à chaque séance de sport. Tout ce que tu risques, c’est de pousser à changer une règle qui a démontré son injustice et son inefficacité. Maintenant, c’est à toi de choisir ta voie, camarade !


30 réactions


  • kalachnikov lermontov 28 février 2015 12:53

    Ah, j’ai une objection, madame. Je suis libérale, moi, madame, je suis pour la liberté. J’ai envie d’être cradingue, ça me regarde, et qu’est-ce que ça peut te faire de toute façon. Je m’en fous que tu veuilles être propre, c’est tes salades. Donc, je ne vois pas pourquoi tu vas m’imposer ta volonté. On n’est pas en dictature, quand même. Tu te laves, tu sèmes tes mycoses, tu nettoies, c’est normal. Moi, je salis pas, donc je nettoie pas. Et si tu te laves longtemps, tu sèmes longtemps tes mycoses ; c’est donc d’autant plus justifié que tu nettoies car tu salis plus que tout le monde. Non mais. Et je te préviens tout de suite : si tu mets tes menaces à exécution et que tu fais grève, et que je suis forcée à nettoyer alors que j’ai pas sali, et que c’est pas juste, eh bien, je me mets en grève, moi aussi.


  • alinea alinea 28 février 2015 14:37

    Il faut qu’elle trouve une comparse, votre fille ; qu’elles passent la raclette à deux, qu’elle transforment la corvée en fête, et alors quoi ? Tout le monde voudra en être.
    Mon idée est qu’il n’y a de corvée qu’imposée, et solitaire ! Sinon, aucune tâche n’est ingrate : il vaut mieux faire envie que pitié ; donc, alchimie !!


  • rajex rajex 28 février 2015 15:03

    Toi prendre homme de ménage !


  • Le Gaïagénaire 28 février 2015 18:22

    Monolecte samedi 28 février 2015


    Question d’hygiène justement, grève de douche. Moins d’eau chlorée, meilleure santé des cheveux et de la peau, pas d’exposition aux mycoses ou autres malpropretés.

    Soustraction des regards et comparaisons mesquines.

    Saleté ? Votre fille a probablement pris une douche le matin avant l’école. Alors ! Ce n’est pas une foreuse au fond d’une mine de houille pendant 12 heures ou une pelleteuse de crottin de cheval smiley

    Bonne journée les filles.

  • Jean Keim Jean Keim 28 février 2015 18:36

    Je pense que votre texte Monolecte est un prétexte pour ouvrir les idées sur d’autres horizons, d’autres façons d’envisager la vie en communauté, la vie sociale tout simplement, merci comme d’abord c’est bien écrit.


    • Monolecte Monolecte 28 février 2015 19:51

      @Jean Keim Oui, c’est exactement l’idée et les commentaires participent beaucoup à l’illustration d’une époque de la résignation.


    • alinea alinea 28 février 2015 20:34

      @Monolecte
      Alors vous ne savez pas lire Monolecte !!


    • kalachnikov lermontov 28 février 2015 20:51

      Mais tes jugements, tes certitudes ne participent-ils pas eux aussi à l’illustration de kekchose ?


    • kalachnikov lermontov 1er mars 2015 19:24

      Oui, ça illustre bien qq ch : l’époque où chacun répond à qui il veut mais surtout à ceux qui opinent avec le machin gluant appelé ’moi’.

      Plus haut, j’ai répondu en jouant la mouche du coche, ce qu’on va te répliquer.


  • Jean Keim Jean Keim 28 février 2015 19:11

    ... Comme dab c’est bien écrit.

    Le correcteur orthographique ne veut pas d’expression du vulgum pecus.

  • 65beve 65beve 28 février 2015 19:38

    Bonsoir l’auteur.

    Bon, il y a des douches, c’est déjà bien.
    Dans mes années lycée, après le sport on séchait sa transpiration sur soi et on puait la sueur pendant le cours de latin qui suivait.
    Nul n’en est mort (du moins en ce temps là).
    Ô tempora.....
    cdlt.

    PS : Une grève de la raclette, c’est une bonne idée.

  • Passante Passante 28 février 2015 21:45

    mettons le doigt où ça démange comme vous dites, 

    ce que vous racontez, c’est une dynamique de groupe ; 
    la question qui se pose c’est pourquoi votre fille accepte de se mettre dans cette position, 
    quelles questions elle pose à vous, au groupe, à l’institution, à elle-même de cette manière, 
    et pourquoi.

    bien sûr, métaphore pour au-delà, etc.

    et évidemment je n’ai pas la réponse aux questions de votre fille, 
    elle est là dans une histoire, 
    raclette c’est de la même famille que raclée ? raclure ? 
    qu’importe.

    ce que à quoi ça me fait penser ? 
    un vieux concept de jean guillaumin, psychanalyste, dans les années 80 : 
    il dit constater, dans ses cures, que les ados, 
    ou proto-ados comme vous les appelez (ça sonne encore plus terrible, et à nièces ..), 
    bref le guillaumin dit que : l’adolescence commence avec ce geste que 
    le pubère ou prépubère, dit-il, va aller chercher le refoulé de la génération précédente 
    pour le mettre en scène, 
    il parle de puiser dans la crypte, de se construire avec et face 
    à des restes... 

    qu’il s’agisse de vous sous cette douche, d’un conjoint, ou même des générations précédentes,
    vous ne sauriez résoudre la question dont il s’agit 
    par la simple pirouette administrative de la protestation ou de la grève avec soutien maternel,
    puisque justement, raclette en main, elle vous parle aussi, d’abord, joie !.. de votre absence,
    attention de glisser.

    là où il me semble vous entendre, vous, monolecte, 
    c’est dans l’allusion finale de la punition déjouée par le droit énoncé, 
    c’est votre solution oui, c’est votre invocation presque, 
    prenez garde que ce n’est pas celle de votre fille...

    la seule interrogée, c’est vous, et en cela c’est touchant.

    • Passante Passante 1er mars 2015 17:02

      Monolecte, votre fille arrive à l’âge où l’on demande :

      est-ce que je vais y arriver à me défendre sans toi ?
      sur quoi, vous semblez avancer deux choses, la bonne et la mauvaise : 
      1/ la loi est un tiers que l’on peut invoquer pour se défendre, même et surtout contre le nombre,
      il suffit de se savoir dans son droit et de le dire clair, pour y arriver, 
      voilà la vraie raclette à avoir en main ; 
      2/ je serai là s’il le faut -
      voilà ce qu’il faut affiner à cet âge tournant : 
      je pourrais être là, comme je l’ai toujours été, 
      mais tu arrives à l’âge où tu dois pouvoir apprendre à y arriver sans moi, 
      comme j’ai réussi un jour moi aussi à y arriver sans ma vieille. 

    • alinea alinea 1er mars 2015 19:15

      @Passante
      Il y a aussi, la mère, qui dit : la loi doit être mauvaise puisqu’elle te dessert ! Il faudra voir à remédier à cela, compte sur moi ! smiley


    • Passante Passante 2 mars 2015 13:04
      ça compte, 
      croiser une chercheuse d’or sous le préau d’la banque centrale .. smiley

    • Passante Passante 2 mars 2015 17:41

      @alinea


      non la mère ne dit pas grand chose, et je pense que c’est le contraire :
      « la loi doit être bonne puisqu’elle te dessert... »
      parce que j’entends dans vos derniers mots « conte surmoi »,
      la question de fond, dans cette auto-punition silencieuse manifeste, étant :
      « que vais-je faire de mon surmoi ? »...

      l’étape est normale, incontournable :
      l’autopunitif branché sur la logique du passage polarisé en auto-érotique, 
      pose, dans l’équation, le discours à la mère comme lieu même du non-discours au groupe,
      et la mère fonctionne à ce moment-là, pour un instant, selon la vieille gare « objet transitionnel » ;
      il est probable qu’une vieille poupée ou un ours en peluche réussit encore à l’empêcher 
      de râcler d’un coup de gueule, qui ne saurait tarder, l’ensemble des demoiselles 
      humides à cette chorégraphie cocasse.

    • alinea alinea 2 mars 2015 21:29

      @Passante
      Étant, comme vous savez, beaucoup plus prosaïque, je dirais qu’à l’instant la mère est en totale contradiction entre ses engagements politiques et ses engagements privés. Affrontement bien compréhensibles et très facilement déjouables !
      À condition de comprendre deux choses :
      Ce ne peut être la première douchée qui doit nettoyer
      Et obéir à une liste alphabétique ou toute autre, arbitraire , qui ne tiendra compte ni de l’absence de l’une, ni de l’humeur de l’autre, s’y résoudre serait accepter une forme, toute menue il est vrai, de totalitarisme ! La justice arbitraire qui suit la première lettre du nom, alors que la vie se fout de cela comme d’une guigne !! Mais faire du vivant, en respectant une règle, tout compte fait très normale, c’est plus investissant que d’obéir aveuglément à une loi acceptée....


    • Passante Passante 3 mars 2015 08:41

      alinea, je refuse de me laisser piéger par des éléments de détail.

      ce qu’il y a là ok, c’est une règle établie, mais dont tout le monde se fout plus ou moins, 
      y compris la prof ; donc tout le monde joue, tout le monde est complice, en clair,
      ça s’appelle un scenar, où chacun a son rôle, et surtout l’a choisi ; 

      ce choix a un sens, chacun y va avec son histoire en essayant de se dépêtrer avec, 
      voilà tout aussi prosaïque quoi...
      cette mise en scène avec ses tensions et frustrations a des buts inavoués, 
      exemple :
      si la petite accepte, non sans protester du bout des lèvres, de subir cela, 
      est-elle en position de faiblesse ou de pouvoir ?
      d’un sacré pouvoir, je vous l’assure...

      cf. le tao, ce fragment qui dit que la royauté s’acquiert 
      en se prenant dans la gueule tous les immondices du royaume ; 
      cqfd, ce que je m’inflige, je peux donc l’infliger aux autres, 
      la sévérité jusqu’à l’injustice que je m’inflige, voilà pile la carte que j’aurais en main, 
      le jour où ce sera à moi de juger des autres ; 
      cette petite, apparemment cantonnée dans son rôle subalterne détient en poche 
      un tyran redoutable -

      relisez blanche neige, le début...
      ça commence bien raclette en main.

    • alinea alinea 3 mars 2015 14:26

      @Passante
      Oui, des détails, bien sûr !
      Mais je ne prenais pas l’histoire par le bout de l’intime d’un être, mais de son rapport à une règle et de son rapport aux autres ; apparemment cette situation de dernière n’est pas assumée ; la question est donc : comment l’assumer, ou, comment y remédier !
      La dernière des choses à faire à mon avis, est de demander de l’aide, à quel pouvoir que ce soit !
      Qu’une gamine ait peur de son pouvoir ignoré, je crois que c’est « normal » !
      En tout cas, je vois dans ce détail de vie, une bonne occasion d’initiation et de dépassement de soi !
      À condition de ne pas déporter le centre de gravité.


    • Passante Passante 3 mars 2015 15:47

      @alinea & capitaine.


      ok « c’est ce qu’on dit », mais cette histoire c’est aussi pas mal de non-dits,
      d’abord entre elles, puis vis-à-vis de la prof,
      s’agit de pas être dupe qu’une autre règle ça changerait un truc,
      genre « formellement », par rapport à ce fond quoi...

      ces petites jouent ! 
      et les adultes à côté, tant que y’a une part silencieuse ou silencée,
      pas la peine, on peut pas les déjouer.
      le jour où elles parleront, ou surtout parlera, en mode solo voire solex, là oui, tout bascule,
      sinon l’essentiel qui permet le jeu de fond c’est que en face du « on a dit »,
      elles ont déployé tout un « oui mais on dira pas que etc. n’est-ce pas... », 
      sans plus.

      & by the way, my leurdi is rich smiley


    • Passante Passante 3 mars 2015 15:49

      & capitaine, orthographe...

       « elle en a mare »

    • alinea alinea 3 mars 2015 19:55

      @Passante
      a night mare ?


    • Passante Passante 4 mars 2015 08:37

      @alinea

      a knight mare smiley

  • Enabomber Enabomber 28 février 2015 22:07

    La prof ne trouve-t-elle pas avantage à cette situation, puisque avec le repoussoir de la raclette elle n’a plus à presser ses élèves ? En mettant ainsi des « subordonnés » en concurrence au lieu de faire jouer la solidarité du tour de rôle, elle se serait inspirée de l’ultralibéralisme pour tirer de sa position un petit bénéfice personnel.


  • psynom 1er mars 2015 10:47

    Bonjour Monolecte

    pourquoi ne pas ne pas en faire une expérience positive et valorisante pour elle.
    Elle demande à parler à toute la classe, devant la prof. Elle explique que par esprit de camaraderie elle laisse passer ses camarades avant elle, et qu’à chaque fois elle ne rechigne pas à passer la raclette. Mais qu’elle aimerait que cet esprit de groupe soit partagé.
    Ce serait étonnant si personne ne bouge...


    • psynom 1er mars 2015 16:59

      Je crois que sans le vouloir, j’ai pointé la limite de votre métaphore bien sympathique.

      Les inégalités sont différentes (et différemment vécus) selon l’échelle du groupe. Y luter aussi. Dans les petits groupes on peut apporter sa contribution, dans les plus grands c’est une dure lutte.

      ‘’apparemment, l’ascenseur social ne fonctionne si l’on a une petite échelle (de groupe)’’


  • Radix Radix 1er mars 2015 12:21

    Bonjour Monolecte

    Dans le bureau de mon patron il y avait une maxime affichée au mur qui disait : «  Il vaut mieux taper toujours sur le même, cela limite le nombre de mécontents »

    Je crois que l’école de votre fille la prépare bien a son futur monde de travail !

    Radix


  • Bubble Bubble 1er mars 2015 18:01

    Aux scouts, on n’appelle pas ça « corvée » mais « service ». Et on essaie de faire en sorte que ce soit vécu comme un service plutôt qu’une corvée. 

    Mais ça prend du temps, et au collège quand on sort du sport il y a maths dans 5 minutes.

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