L’Odyssée d’une espèce
Article de paléontologie écrit aux environs de l’an 8106.
L’Odyssée d’une espèce
Cette histoire nous fascine depuis toujours. Elle trouve un écho en chacun de nous, faisant vibrer nos racines les plus profondes. Tout commence en Seine-Saint-Denis, où l’on a trouvé les premières traces. Elles datent de l’ère mertanique (fin du XXe / début XXIe siècle) et restent les plus anciennes identifiées à ce jour. Nous sommes donc à l’apogée de la modernité. La préhistoire est finie depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. Des fouilles ont mis à jour des empreintes également du côté de Lyon, Strasbourg, Creil, Mantes-la-Jolie et dans plusieurs parties du monde, notamment aux Etats-Unis. Elles sont à peu près de la même époque. Cet authentique hominidé est apparu au terme d’un processus de maturation très rapide, presque une génération spontanée. Il est une étape essentielle du processus évolutif.
Son nom : Homo Zyva.
Homo Zyva s’est déplacé à travers les continents, transportant avec lui un même art de vivre sous toutes les latitudes. Par contre il est certain que ses origines le situent plutôt dans l’hémisphère Nord, contrairement à Homo Sapiens dont les ancêtres viennent d’Afrique tropicale. Au demeurant les deux types d’hominidés ont cohabité à la même période, Zyva faisant irruption au milieu de territoires peuplés de grandes concentrations de Sapiens. Ce qui frappe immédiatement, ce sont les ressemblances qui unissent tous les représentants d’Homo Zyva à travers le monde, par-delà leurs différences d’origine ou de couleur de peau. Prospérant en petits groupes isolés, tous ont suivi la même évolution culturelle. Nous avons vraiment affaire à une population homogène dans ses comportements qui, de plus, a imprimé sa marque sur tous les territoires qu’elle a traversés. Eloignement géographique des groupes, proximité avec Sapiens, faiblesse numérique, diversité raciale : rien n’a pu freiner le développement d’Homo Zyva.
C’est une aventure extraordinaire, que nous vous proposons de découvrir maintenant.
La jungle urbaine est sans conteste le milieu qui a forgé Homo Zyva. Il est tout d’abord parvenu à s’affranchir du monde des tours en béton. Apprenant peu à peu à quitter les cages d’escaliers tropicaux pour s’aventurer en milieu ouvert, il est devenu omniprésent, partout. Animé par un formidable esprit de conquête, il restera cependant fidèle à ses origines : Homo Zyva revient vers les caves et les halls d’immeuble chaque fois qu’il éprouve le besoin de se protéger. Mais à partir des années 1980/1990, une force incroyable le pousse à se répandre partout, et notamment dans la rue.
C’est là qu’il apprend à se déplacer uniquement sur ses deux pieds. La rue va donc être le terrain d’une irrésistible progression. S’il y acquiert la station verticale, il conserve tout de même une démarche chaloupée, à l’instar de l’Australopithèque. Debout sur ses pattes arrière : ce progrès majeur, Homo Zyva l’a fait, aussi incroyable que cela puisse paraître. Il balance ses grands bras en posant un pied devant l’autre. Imaginez un peu ! Le voilà qui avance, debout, tellement fier ! La rue est son domaine désormais, il fait tout pour y imposer sa loi. Et ses mains sont libres. Mais comment s’en servir ? Que faire avec les mains ?
Apprendre, apprendre, et échanger des expériences avec ses proches. Pour commencer, tout en maintenant ses doigts tendus et écartés, Homo Zyva aime rapprocher ses deux mains l’une de l’autre devant ses yeux, leur imprimer plusieurs mouvements assez vifs d’aller-retour, mais sans qu’elles se touchent. Ce geste simple réitéré plusieurs fois par jour l’aide à essayer de comprendre cette chose extraordinaire qu’est une main, et qui plus est en deux exemplaires, chacun pourvu de cinq doigts. Comprendre et apprendre à maîtriser ses mouvements. On ne se rend pas compte aujourd’hui, en 8106, ce que cette découverte a pu représenter. Les deux mains exécutent une sorte de ballet, doigts fixement déployés dans toutes les directions, sous le regard de leur propriétaire émerveillé. Zyva est fier d’exécuter ces gestes et il les reproduit devant les autres mâles pour montrer et même enseigner son savoir. La bipédie est vraiment une étape essentielle de l’évolution.
Le progrès ne s’arrête pas là : après la découverte de la main, la découverte de la préhension. Aux alentours de l’an 2000, Homo Zyva va apprendre à se servir de ses mains pour y tenir son sexe. Ce primate passait probablement une partie importante de son temps à soupeser son entrejambe, ce mouvement étant peut-être destiné à le rassurer sur la présence de ses attributs. D’autres chercheurs penchent pour une autre explication qui ferait de ce geste un simple héritage de notre ancêtre le singe. On sait que ce dernier passe plusieurs heures par jour assis sur son séant à tirer sur son sexe et à le manipuler de différentes manières. Homo Zyva aurait hérité de cette allègre habitude tout en profitant de sa nouvelle stature pour la pratiquer debout.
Voilà en tout cas Homo Zyva capable de se dresser pour mieux scruter les environs et détecter les prédateurs. D’ailleurs sa visière sus-orbitaire est très développée dans le sens casquétal. Parmi les prédateurs, il faut mentionner Homo Polis. On sait aujourd’hui qu’Homo Zyva et Homo Polis se sont souvent rencontrés au cours de féroces affrontements, et Homo Polis n’a pas toujours eu le dessus, Zyva parvenant à compenser la faiblesse du nombre par un niveau de sauvagerie peu commun.
Le cerveau d’Homo Zyva est connu grâce à des moulages de boîtes crâniennes. Il est assez développé, son volume varie de 0,20 à 0,25 mm3, ce qui place Homo Zyva, au point de vue cognitif, nettement au-dessus de l’éponge de la période silurienne (s’agissant des capacités intellectuelles de notre ami, il faut se méfier des comparaisons hâtives, qui viennent immédiatement à l’esprit).
Grâce à cela Homo Zyva a développé diverses pratiques que l’on peut qualifier de culturelles, qui le rapprochent de l’homme de Néandertal, mais en nettement moins évoluées évidemment.
Tout d’abord Homo Zyva a laissé un grand nombre de peintures rupestres. Une véritable fougue artistique s’est très vite emparée de lui. Au vrai, il est assez rare que les murs datant de cette époque ne soient pas recouverts de couleurs et de figures. Les peintures sont d’une remarquable unité dans toute l’Europe et même le monde, comme s’ils s’étaient donné le mot. Cet art est un phénomène mondial. La taille des formes peut atteindre des proportions spectaculaires, certainement destinées à impressionner. Et Homo Zyva sait jouer de la morphologie de la roche pour rehausser encore ses représentations. L’écriture est naturellement absente, même si on note de-ci de-là des tentatives maladroites pour aligner quelques lettres. La femme est également absente, ce qui situe Homo Zyva loin derrière ses ancêtres du Magdalénien, qui ont laissé de superbes représentations féminines. L’art pariétal d’Homo Zyva se déploie dans de grandes taches de couleurs aux contours parfaitement dessinés, mais dont la signification est perdue. Pour le reste, et comme l’homme préhistorique, Homo Zyva a surtout peint des signes. C’est ce qu’il a laissé en plus grand nombre. Les signatures rageuses qui sont comme jetées sur toutes sortes d’édifices laissent transparaître une inspiration venue des marques commerciales (Nike, Coca...). Les marques étaient probablement révérées et l’existence de ce culte permettrait d’affirmer que Zyva n’était pas étranger à toute forme de spiritualité. Le message que nous envoient les figures peintes est-il donc d’ordre mythologique ? Les dessins d’Homo Zyva tentent, semble-t-il, de reproduire la simplicité entêtante des déesses marques, afin, peut-être, de s’attirer leur protection. Environnées de mystère mais nimbées de puissance tutélaire, les marques étaient présentes dans chaque aspect de sa vie quotidienne, dans la rue comme à la maison. On pense alors à une origine chamanique des œuvres d’art zyvaléniennes, qui auraient alors eu pour rôle d’établir un lien avec les puissances divines, en les imitant. Mais en réalité on ignore encore le sens de ces signes et ces fresques à l’air libre. Peut-être étaient-ils simplement destinés à marquer un territoire.
Car tout comme les chimpanzés Homo Zyva vit en clans, "gangs" aux Etats-Unis. Le Zyva a l’esprit de groupe. Ces petits clans sont plus ou moins structurés selon les époques et les lieux, mais toujours rattachés à un territoire, devenu en quelque sorte sa propriété. Et ce qui est sûr c’est qu’Homo Zyva est capable de se battre pour défendre sa terre. Il sait alors utiliser son ami le pitbull, une bête sauvage devenue un animal de compagnie. L’incursion d’une horde de Zyvas dans le territoire occupé par une bande rivale se solde fréquemment par des combats et des blessés, parfois des morts.
La peinture n’est pas la seule empreinte culturelle laissée par ces fascinants personnages. Les fouilles ont montré qu’Homo Zyva a excellé dans l’art de la barrette taillée. On a retrouvé des barrettes dissimulées dans les anfractuosités des caves et des halls d’entrée des immeubles où les Homo Zyva aimaient se rassembler en cas de mauvais temps. Ces restes fossilisés montrent une indéniable capacité à tailler puis lisser la résine de cannabis, de manière symétrique. Chaque face de la barrette est parfaitement découpée. Homo Zyva était même capable de produire de véritables stocks constitués de centaines de barrettes de même dimension.
Le feu maintenant. Dans ce domaine, Homo Zyva a atteint des performances inégalées. On a retrouvé des traces de foyers un peu partout, notamment en Alsace et aux abords des grandes villes, qui montrent une parfaite maîtrise du feu. Dépassant le stade de la simple domestication, le Zyva est parvenu à reproduire le feu, à volonté et partout. Les poubelles, les gymnases ou autres équipements collectifs ont souvent servi de terrain d’exercice à Homo Zyva. Pourquoi ? A quoi pouvaient bien servir ces feux ? C’est pourtant simple : avec le feu, on lutte contre le froid. En outre, depuis la préhistoire, le feu n’a pas qu’un rôle matériel. Il réunit et sociabilise les hommes. Homo Zyva s’inscrit ici dans une belle tradition qui réunit tous les hommes à travers les âges. Les historiens s’accordent sur cette explication, tout simplement car il ne peut pas y en avoir d’autre.
Homo Zyva est également chasseur, et les voitures sont sa proie principale. Là aussi les choses ont progressé, dessinant en creux une évolution qui ne laisse pas de nous étonner et qui n’est pas la moins singulièrement singulière aujourd’hui au milieu de nos certitudes bien ancrées dans une chronicité irréductible à un capitalisme de l’information d’autant plus moderne que le sésame de la légitimité sociale est le prix à payer sur le plan à la fois politique et institutionnel pour intégrer un déterminisme sociétal qui pèse sur les tendances dans des domaines comme les télécommunications, le nucléaire, lequel à son tour alimente les oscillations du paradigme social inaugural, en creux, et qui participe d’un centralisme jacobin. Avec, pour horizon, la pression concurrentielle exacerbée à l’aune de la distinction des checks and balances américains et du prurit [...]
technocrate à mèche rebelle
Ferme Ta Gueule
et laisse-moi raconter mon histoire
Pendant des années,
[...]
la suite bientôt, si vous (lecteurs) le voulez...