jeudi 26 mars 2020 - par Jacques-Robert SIMON

À quoi servent les intellectuels ?

Personne ne s’étonne que deux intellectuels, dûment attestés comme tels par les plus hautes instances qualifiées, prononcent doctement des sentences profondément incompatibles l’une avec l’autre ! Le réel est-il si ambigu que l’on doive s’y faire ?

 Il faut tout d’abord différencier les taiseux des diseux. Les savants sont rares et encombrés par leurs pensées, ils sont peu loquaces. Les diseux par contre encombrent les salons. Les premiers se torturent pour analyser les faits, les événements, les pensées, pour comprendre le comment des choses. Les seconds ingurgitent les savoirs anciens, modernes ou contemporains pour en faire des arguments balayant toute contestation des béotiens. Même si les uns et les autres peuvent être qualifiés d’intellectuels, ils n’ont rien à voir les uns avec les autres, ils ne se rencontrent pas, ils ne se fréquentent pas, ils n’habitent pas le même monde.

 Admettons que la recherche de la vérité soit la raison d’être d’un intellectuel, encore faut-il définir ce qu’est la vérité. Est-elle accessible ? Est-elle unique ? Énoncer des vérités est-il simplement possible ?

 L’aspect physique de la vérité permet de mieux appréhender sa nature. Si vous regardez un paysage, les arbres, les ruisseaux, le ciel, vous apparaîtront avec leurs formes propres et toutes les nuances d’une large palette de couleurs. Chaque observateur, à cause de la distribution qui lui est personnelle de ses photorécepteurs, voit son propre paysage. Il n’est jamais tout à fait identique à celui observé par une autre personne. Par exemple, la sensibilité aux couleurs de deux observateurs est toujours différente ; cette sensibilité peut être acquise lors d’une éducation artistique, elle peut découler de l’âge qui altère la vision, elle peut être due à des sentiments particuliers à un instant donné… la vérité d’un paysage n’existe que pour un observateur donné.

 La ‘vérité’ d’un paysage peut être approchée non pas en privilégiant un observateur sur un autre, mais en tenant en compte de toutes les observations possibles. La vérité se trouve en déterminant ce que les diverses visions ont de commun. Les paysages diffèrent mais des traits antagonistes, incompatibles, ne peuvent pas coexister : un arbre ne peut pas devenir un buisson, des poteaux électriques ne peuvent pas pousser spontanément, le ruisseau ne peut pas devenir une route… En recherchant les traits communs, l’extrait sec contient une image proche de la vérité.

 Plus encore, il est possible de se passer des cônes ou des bâtonnets de la rétine biologique pour fixer l’image observée en utilisant des photodiodes, on peut se passer du cerveau pour traiter l’information en utilisant des algorithmes, on peut se passer de la lumière visible en utilisant des rayons infrarouges, des rayons X, des neutrons, des particules. Quel que soit le mode analytique adopté, aucune aberration ne doit surgir des diverses observations si l’on s’en tient à la recherche du réel, du vrai. Les clichés retenus doivent contenir l’essentiel partagé par tous et visible par tous les moyens d’examen. Cet ‘essentiel’ représente la vérité ou du moins la meilleure des vérités. Si des nuances peuvent rendre différents des paysages, il n’en reste pas moins que la vérité existe. 

 Mais la démarche proposée est celle d’un scientifique qui se coltine avec l’expérience, pas celle d’un intellectuel tel qu’on nous les présente journellement à longueur de médias. L’intellectuel ne s’occupe en général pas des paysages ou des chose matérielles, il s’attelle uniquement à l’immatériel : la sociologie, la philosophie, l’économie ou même la politique, tous domaines qui se prêtent bien à l’énoncé de certitudes et à la construction de branlantes théories. Pour théoriser, il faut tout d’abord déterminer les éléments les plus pertinents, les plus importants, parmi les montagnes d’autres faits qui tendent à les ensevelir. Le choix n’est pas simple car, comme dans tout système complexe (au sens scientifique), tout dépend de tout et le principe de causalité qui pose que l’on peut déterminer la cause à partir d’un effet et que la cause précède l’effet, ne peut être considéré que comme une approximation. La collecte des faits pertinents dépend là encore de l’individu qui l’effectue même s’il se contraint à une certaine neutralité, de fait impossible à obtenir. Les intellectuels vont ensuite se doter de concepts, originaux ou puisés dans la littérature savante, afin de mettre en ordre les événements collectés.

 Seule la somme de tous les travaux, matériels ou immatériels, permet d’approcher la vérité. Il faut encore prendre soin lors de cette collecte d’éliminer les résultats qui laissent place à la tromperie et aux falsifications. Il faut donc distinguer les savants qui concentrent leur attention pour comprendre, qui aiment la connaissance pour la connaissance, de ceux qui utilisent leur érudition simplement pour dominer ceux qui ne l’ont pas ou qui en possèdent d’autres formes.

  La volonté de puissance, décrite comme plus forte que la volonté de vie, est indissociable de la plupart des espèces animales et constitue un moteur incontournable de l’espèce humaine. De la parade des paons pour s’accoupler aux plus belles femelles jusqu’au normalien trop déplumé pour séduire et qui supplée son manque d’attrait physique par l’art oratoire, chacun veut prendre le plus grand nombre possible de congénères sous sa coupe. Avoir une filiation, créer une famille, un clan, un parti et en être le membre le plus actif est un moyen, conscient ou non, d’échapper à la destinée des espèces temporairement vivantes.

 La raison n’est donc le plus souvent qu’un autre moyen de domination, le bagout remplaçant la violence des plus frustres. Lors des innombrables discussions incessantes chez les intellectuels, les arguments présentés servent alors plus à conforter ce que l’orateur s’acharne à proclamer qu’à essayer d’approcher une vérité qu’il sait insaisissable. L’intellectuel présente une construction pour qu’on y adhère, pour enchaîner des disciples (ou au moins des lecteurs), mais pas pour tenter d’éclairer ceux qui en savent moins que lui sur le clinamen, les syllogismes, le présentisme et sur tant de notions qui emplissent une multitude d’ouvrages. L’intellectuel ne sert pas, ou rarement, à engendrer une quelconque sagesse, une quelconque aide pour mieux vivre, il n’existe que pour générer une cour plus ou moins fidèle, vendre ses livres, élargir sa zone de chalandise. Et dans des sociétés devenues du superflu beaucoup plus que du nécessaire, la pensée des intellectuels devient elle-même superflue. Beaucoup d’entre eux se classent d’ailleurs eux-mêmes parmi les ‘influenceurs’ plutôt que parmi les intellectuels. 

 Alors à quoi servent les intellectuels ? Pour ceux qui sont uniquement en quête de notoriété, la réponse est aisée, à pas grand-chose. En tout cas ils sont moins utiles qu’un boulanger, un tailleur de pierres, un chimiste qui synthétise une molécule d’hydroxychloroquine ou un agent d’entretien. Serait-ce pire sans eux ? Ce n’est pas du tout certain, beaucoup ont servi de gardes-chiourme à des sociétés infectes. Cependant, au delà de la superficie de l’intelligence, il ne faut pas oublier les intellectuels-savants, bien différents ; ceux-là peuvent servir à trouver des repères dans un monde où l’obscurité règne en maître, ils peuvent aussi permettre, rarement mais quelquefois, de s’arracher à une envahissante animalité.

 



75 réactions


  • gaijin gaijin 26 mars 2020 09:09

    a rien ...mais dans un monde ou la principale croyance est que l’existence se résume a la pensée ils sont les prêtres de la nouvelle religion ....

    « je pense donc je n’y suis plus »

    lao tse


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 09:14

      @gaijin
      Effectivement, la plupart des ’intellectuels’ se comportent en prêtres avec des certitudes plutôt que des éclairages.


    • Trelawney 26 mars 2020 09:45

      @gaijin
      Mais qu’est- ce donc que je suis ? une chose qui pense. Qu’est-ce qu’une chose qui pense ? c’est une chose qui doute, qui entend, qui conçoit, qui affirme,qui nie, qui veut, qui ne veut pas , qui imagine aussi, et qui sent. "
      Descartes


    • gaijin gaijin 26 mars 2020 09:53

      @Trelawney
      une chose ?
      que vous le vouliez ou pas descartes raisonne dans le cadre d’une analogie homme machine et il ne ressort du discours de la méthode que le cogito ...faire du cherry peacking dans le texte ne change pas les faits ...


    • amiaplacidus amiaplacidus 26 mars 2020 11:32

      @Trelawney
      Comme dit le palefrenier : je panse donc j’essuie.


    • V_Parlier V_Parlier 27 mars 2020 00:04

      @Jacques-Robert SIMON
      Sauf que les prêtres ne sont pas si prétentieux, c’est tout de même une grande différence.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 27 mars 2020 07:36

      @V_Parlier
      Ça dépend de l’époque.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 mars 2020 09:34

    Les intellectuels aiment avant tout la polémique, la joute oratoire. Les clairvoyants comme Tirésias qui avait perdu la vue parce qu’il avait vu trop clair ne sont que rarement écouté. Pour la Chloroquine je suis sceptique. 


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 10:33

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Les intellectuels n’aiment pas tous la polémique, mais il est vrai que c’est une occasion de tester son bricolage intellectuel.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 mars 2020 09:38

    Les intellectuels ne peuvent échapper à leur propre piège, la descente aux enfer (mements) de l’idéologie. Et le peuple qui a besoin d’un guide se laisse aveugler. 


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 10:34

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      C’est exact beaucoup ont besoin d’un guide même aussi aveugle qu’eux.


    • Arogavox Arogavox 26 mars 2020 23:19
      « On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter. »

      E. Kant


    • Arogavox Arogavox 26 mars 2020 23:28

       LA Vérité ? ...

      « L’objet de la philosophie, c’est de partir d’une chose si simple que ça ne vaut pas la peine d’en parler et d’arriver à une chose si compliquée que personne n’y comprend plus rien. »  
      Bertrand Russell


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 mars 2020 09:45

    Les populistes s’engouffreront avec délectation dans cet article qui pose la question de fond : qu’est-ce qu’être utile ? Le pragmatisme et le rationalisme sont tout aussi dangereux s’ils ne sont pas encadrés. Science sans conscience,....


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 10:36

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Les ’bandes’ s’engouffrent dans tout ce qui peut les mettre en valeur. Cependant, l’article est basé sur le fait que c’est la pluralité des regards qui importe.


    • Vivre est un village Vivre est un village 26 mars 2020 11:02

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Le populisme est un courant littéraire.

      À l’origine de l’école littéraire populiste française, on trouve le Manifeste (1929) d’André Thérive et Populisme (1931) de Léon Lemonnier, les deux auteurs prétendant réagir contre l’analyse psychologique en littérature. Le choix du peuple comme sujet principal témoignait avant tout d’une fascination pour le prolétaire envisagé quasi-ethnologiquement, davantage que comme une expression de la littérature engagée. Pour ces raisons, ce courant fut très vite écrasé par ses détracteurs communistes — Paul Nizan dénonçant ce « nouvel exotisme » — et par l’indifférence des littérateurs supposés de droite. Ce courant littéraire ne survécut guère à ces deux auteurs.

      Il existe un prix du roman populiste, décerné depuis 1931 pour récompenser une œuvre romanesque qui « préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu’il s’en dégage une authentique humanité1. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Populisme_(littérature)



  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 mars 2020 10:21

    La pensée utilitariste évolue inévitablement vers le transhumanisme. Pour la suite : Rosemar.


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 26 mars 2020 10:34

    Les intellectuels ont, comme tout le monde, le droit de s’engager concrètement dans la solidarité pour la pacification du monde. Il faut leur demander de le faire, et de le faire honnêtement, c’est tout. 

    Attention, en critiquant les intellectuels, de ne pas détruire les activités de l’esprit, lequel reste ce que les hommes ont, par nature, de meilleur en eux.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 10:40

      @Pierre Régnier
      Je ne critique qu’une classe d’intellectuels, celle pour qui l’apparence de la vérité compte plus que la vérité elle-même.


    • gaijin gaijin 26 mars 2020 10:45

      @Pierre Régnier
      " , de ne pas détruire les activités de l’esprit, lequel reste ce que les hommes ont, par nature, de meilleur en eux."
      premièrement l’esprit n’est pas la pensée mais que faire quand la pensée conduit a condamner la nature et a nier l’esprit ?


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 mars 2020 10:47

      @Jacques-Robert SIMON Le terme intellectuel prête à confusion. Polémistes serait plus exact. Mais dans l’acception courante, l’intellectuel est perçu comme un « pinailleur ». qui n’a jamais confronté ses idées au réel.


    • Vivre est un village Vivre est un village 26 mars 2020 10:55

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Un intellectuel est une personne dont l’activité repose sur l’exercice de l’esprit, qui s’engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses, de ses points de vue sur les sujets les plus variés ou pour défendre des valeurs, qui n’assume généralement pas de responsabilité directe dans les affaires pratiques1, et qui dispose d’une forme d’autorité. L’intellectuel est une figure contemporaine distincte de celle plus ancienne du philosophe qui mène sa réflexion dans un cadre conceptuel.

      La « naissance sociale » de ce concept en France remonte à l’engagement de grands scientifiques lors de l’affaire Dreyfus, dans le sillage du prestigieux journaliste et écrivain à succès Émile Zola. Selon les historiens Pascal Ory et Jean-François Sirinelli, un intellectuel est « un homme du culturel, créateur ou médiateur, mis en situation d’homme du politique, producteur ou consommateur d’idéologie »2. Cette définition assez large, ancienne et imprécise est malmenée dès l’affaire Dreyfus par l’engagement éruptif d’une cohorte d’universitaires, qui ne se mobilisent pas par idéologie mais par souci du respect de la vérité, en apportant leur légitimité scientifique. Elle sera aussi contestée par une majorité de chercheurs3, menés en France par Michel Foucault, qui lui préfèrent celle de l’autorité scientifique ou universitaire, accordée par les pairs de l’intellectuel plutôt que par le jeu mondain3. Mais comme Ory et Sirinelli inclut le critère de l’engagement public. Cependant, le consensus sur la « mise en situation d’homme du politique », notion assez floue, n’existe pas non plus, car battu en brèche par la définition du « spectateur engagé », qui n’en reste pas moins un spectateur, selon Raymond Aron.

      Si le modèle français de « l’intellectuel » reste prégnant dans l’histoire des idées également hors de l’hexagone, se pose aussi la question plus vaste d’une histoire des intellectuels en Europe et dans le monde.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Intellectuel


    • gaijin gaijin 26 mars 2020 11:08

      @Vivre est un village
      « Un intellectuel est une personne dont l’activité repose sur l’exercice de l’esprit, »
      non ça c’est un spirituel ...l’intellectuel réduit l’activité de l’esprit a celle de la pensée ...et au delà de ça pour répondre a @lavau ce n’est pas un instruit c’est un « ayant droit a penser » estampillé par une position sociale. les autres, instruits ou pas n’ont droit qu’a articuler la pensée des intellectuels ...


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 26 mars 2020 14:10

      @Jacques-Robert SIMON

      Nous sommes bien d’accord. Ainsi conçue votre critique est justifiée. Beaucoup d’intellectuels méritent en effet d’être accusés de faire peu de cas de la vérité.


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 26 mars 2020 14:31

      @gaijin et @Vivre est un village

      La pensée vient d’une activité de l’esprit.

      Pour moi l’esprit engendre la spiritualité, qui revêt des formes multiples, dont la spiritualité religieuse. Mais je définis aussi le spiritualisme comme la reconnaissance de la primauté de l’esprit dans la nature humaine. Il s’oppose au matérialisme, lequel voit l’humain comme ayant avant tout, par nature, à combattre pour améliorer son confort. Cela a conduit, après les horreurs évidentes de la conception stalinienne du matérialisme, à une dérive de nombreux intellectuels « communistes » ou « socialistes » vers le mépris, à la fois de la vérité et des conceptions spirituelles, notamment religieuses.

      Cette manière de voir a conduit le militant de gauche que je suis depuis toujours vers un isolement difficile à porter. Mais il serait plus difficile encore si, par opportunisme, je me cherchais des alliés dans la négation de mes certitudes.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 16:01

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Les intellectuels sont souvent évalués en fonction du nombre de références qu’ils peuvent aligner dans une polémique. On peut aussi considérer que les intellectuels ne fournissent qu’une matière à compost avec laquelle on peut construire sa propre identité.


    • gaijin gaijin 26 mars 2020 16:35

      @Pierre Régnier
      " Cela a conduit, après les horreurs évidentes de la conception stalinienne du matérialisme, à une dérive de nombreux intellectuels « communistes » ou « socialistes » vers le mépris, à la fois de la vérité et des conceptions spirituelles "
      non c’est antérieur le matérialisme se développe de descartes a auguste comte et la suite était inévitable ...


    • velosolex velosolex 26 mars 2020 22:01

      @gaijin
      Le scientifique doit prouver la valeur de ses théories. Pas l’intellectuel, un titre un brin flottant il faut le dire. L’intellectuel a des intuitions, et souvent à partir de celle ci construit un discours qui sera à même de séduire et de manipuler les autres, en construisant des sophismes. De toute façon il n’aura pas à prouver que son mur tiendra debout contrairement au maçon ! 
      J’utilise le mot intellectuel comme nous l’entendons, c’est à dire quelqu’un qui serait un phare, un guide, capable de montrer la voie et de dénoncer les pièges et les démagogues. Un type à la Socrate quoi. 
      C’est sûr que le genre a pris de sérieuses gamelles. Et qu’on se demande à quoi bon voir si loin, si l’on est incapable de ne pas se casser les dents contre un réverbère, situé au coin de la rue ! . Combien de nos pseudo intellos, n’ont pas été capable de critiquer le système concentrationnaire soviétique, puis chinois, puis cambodgien ? Ne parlons pas de l’antisémitisme d’Heidegger la tête dans la philosophie et les miasmes. Psychose, mégalomanie, perte de contrôle ?
      La même énigme qu’on se pose à l’heure actuelle sur les capacités de nos énarques, n’ayant pas été capables de voir les pièges de la mondialisation, que plus d’un pékin non diplômé, mais bien plus critique avait repéré dans son quotidien et qui a mené l’an passé dans la révolte des gilets jaunes.
      C’est ainsi qu’au niveau de l’intendance on privilégie l’achat de grenades et de fusils LBD, à des masques de protection sanitaires. Pour se rattraper, l’intellectuel arrivera le plus souvent à se justifier, ou à dire qu’il a été mal compris, ou que les temps étaient autres. 


  • pemile pemile 26 mars 2020 10:53

    « Alors à quoi servent les intellectuels ? »

    Pour les plus nuls, à se tromper avec des raisons bien étayées ?


  • caillou14 rita 26 mars 2020 11:21

    Les intellectuels ne servent que dans les salons Parisiens ou dans les merdias au service des politiciens ?

    Une « RACE » nettement moins productive sur le long terme, que le système de santé ?

    Payés pour raconter des conneries afin de créer des discutions sans fin ?

    On dirait du Macron ?


  • L'Astronome L’Astronome 26 mars 2020 12:09

     

    « le ruisseau ne peut pas devenir une route »

    Et pourtant... les Russes disent que les rivières sont des routes qui marchent

     


  • L'Astronome L’Astronome 26 mars 2020 12:29

     

    Jean Baptiste Coffinhal, le président du tribunal révolutionnaire, déclarait : « la République n’a pas besoin de savants  » (procès de Lavoisier). Elle n’a pas non plus besoin de (faux) intellectuels.

     

     


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 16:06

      @L’Astronome
      La révolution est en route, et elle a besoin de savants.


    • L'Astronome L’Astronome 26 mars 2020 16:33

       
      @Jacques-Robert SIMON
       
      Il y a eu incompréhension : j’ai pris exemple de la parole de Coffinhal, passée dans l’histoire comme modèle d’absurdité et de barbarie, pour dire en fait que la République n’a pas besoin de faux intellectuels (comme BHL par exemple).
       


    • velosolex velosolex 26 mars 2020 22:37

      @L’Astronome
      Le terme de faux intellectuel me semble plus facile à porter que celui de vrai intellectuel, qui fait faux cul.
      D’un autre coté, le cul ne trompe pas. Il n’y a rien de plus vrai. 
      BHL m’a toujours fait penser au BHV.
      Quant à Frinkelkraut qu’on voit sur l’image, en quoi ce dogmatique colérique, myope et bavard, et pontifiant, peut il prétendre au titre d’intellectuel, sans faire injure à Camus, qu’était gardien de but à Oran, et qu’a tâté le terrain de la pauvreté et de l’exclusion, qui sont de vrais humanités. Voilà sa différence et sa pertinence en rapport à d’autres abreuvés de théorie, pressés de voir le monde se comporter en rapport avec leur volonté et leurs oeillères
      Frinkelkraut est un aboyeur qui en d’autres temps aurait été inquisiteur, ou commissaire du peuple.
      Passé de la gauche Mao à la droite réac, et du petit livre rouge à la main aveugle d’adams smith qui fout des baffes aux pauvres.
      Il y a une vraie logique dans son parcours. Il continue indéboulonnable à pontifier sur France culture le dimanche matin, avec une autre intellectuelle : Cristine Okrent, passée de la direction de radio France internationale, où elle était cordialement détestée, pour ce placard doré qu’on lui a mittonné. Domage, car le reste de la semaine, de vrais pointures assurent de très bonnes émissions sur France culture. Pas grand choses à jeter alors. 


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 26 mars 2020 22:45

      @velosolex

      Sur France culture c’est Jacques le Goff qui me manque...les lundis de l’histoire .


    • velosolex velosolex 27 mars 2020 00:59

      @Aita Pea Pea
      Une pointure, c’est sûr. Il avait la verve. J’aime bien Pastoureau aussi pour cela. Des conteurs, pas des hommes desséchés, mais qui font des liens ; comme Edgar Morin, qui met en relation avec jubilation plein de domaines différents. Peut être qu’ils viennent de Rousseau, qu’est en relation avec les Grecs anciens. Des gens qu’ont vécu, usé les chemins, pas seulement leurs coudes sur les bureaux. Des gens qu’on voudrait bien comme maitres d’études, mais aussi pour partir en vacances, ou boire un verre à une terrasse. 


  • SamAgora95 SamAgora95 26 mars 2020 12:48

    Ceux de la photo illustrant l’article ne sont pas des intellectuels mais des importateurs, rien n’émane de leur intellect ce sont des parasites comme le covid-19, ils copient et assemblent du contenu glané çà et là en parasitant des intellectuels moins médiatisés qu’eux.


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 26 mars 2020 13:30

    Personne ne s’étonne que deux intellectuels, dûment attestés comme tels par les plus hautes instances qualifiées, prononcent doctement des sentences profondément incompatibles l’une avec l’autre ! Le réel est-il si ambigu que l’on doive s’y faire ?

    Pourriez-vous nous dire qui sont ces deux intellectuels et quelles sentences ont-ils prononcées avec si possible un lien ?

    Je n’ai rien compris à votre article


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 16:10

      @Bernard Dugué
      Pour ne prendre que deux intellectuels prestigieux, je propose R. Aron et J.-P. Sartre.
      Je suis désolé de votre incompréhension, je ne peux malheureusement pas faire mieux.


  • JC_Lavau JC_Lavau 26 mars 2020 14:21

    Voir le sketch de Jean Yanne : les routiers mélomanes.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 26 mars 2020 16:10

      @JC_Lavau
      Sketch admirable.


    • velosolex velosolex 27 mars 2020 01:06

      @Jacques-Robert SIMON
      Il aurait pu écrire aussi « les intellos routiers », ou « au bar du commerce »en renversant les perspectives
      Pour ça pas difficile, il suffirait de reprendre une émission de Frinkelkraut et de mettre une boite à rire derrière
      On n’y verrait que du feu !


  • zygzornifle zygzornifle 26 mars 2020 16:13

    Une manière parmi tant d’autre de vivre dans le propre sans avoir a bosser et a s’éreinter ....


  • montag 26 mars 2020 16:45

    les intellectuels servent à nous rappeler que LA vérité n’existe pas, qu’il n’y a pas une technique de la vie, mais que L’humain doit pour être Homme faire des choix réfléchis dont il est et sera responsable .

    Ne voulant faire honte à personne, je ne développe pas cette base de la philosophie, vous avez des loisirs, utilisez-les .


  • velosolex velosolex 26 mars 2020 21:41

    Le terme « intellectuel » n’existe qu’en France ! L’ombre de Camus et de Sartre à fait passer le mot à postérité. Un signifiant d’engagement de clairvoyance et de concepts affutés, situé pendant longtemps à gauche. On l’affuble à des célébrités, à des écrivains, des artistes, des journalistes ! Et pas à d’autres, pour des raisons étranges, pas toujours déterminables, tenant surement au pedigree, à la notoriété plus qu’à la valeur, et à la naissance et la filiation. Comme on le fait pour la catégorie « comiques », pour d’autres.

    Pour appartenir aux « intellectuels » Il semble qu’il ne suffit pas donc de signer une pétition, de dire « je suis charlie » ni d’habiter Paris, et même d’avoir un diplome, bien que cela ait un intérêt certain, mais il faut aussi appartenir à un réseau, entretenir des polémiques dans les médias, et non au café du commerce. Le mieux est de les créer, de faire scandale. De moins en moins facile.

    C’est ainsi qu’on devient « grand intellectuel », une sorte de reconnaissance aristocratique. Vous publiez un essai. Les autres vous trouvent génial, même s’ils pensent que vous n’êtes qu’un sale con qui ne sort que des poncifs éculés.

    . Car prendre le risque de la critique envers une gloire naissante est dangereux pour soi même dans ce groupe de prédateurs, où il faut montrer sa soumission pour appartenir à la meute, et avoir droit soi aussi au titre. 


    • Xenozoid Xenozoid 26 mars 2020 22:12

      @velosolex

      il faux sutout aligner x mot pour ne rien dire ,car la critique du vide qui se répete, ne risque rien a celui qui s’y croit ,mais plus a celui qui lit, car ici on lit,et les mots enchevêtres de pédanterie,attire la meute soumise, monsieur le psychiatre


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 27 mars 2020 07:26

    Le véritable intellectuel pratique la maïeutique et ne se pose jamais en détenteur de LA vérité.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 27 mars 2020 07:34

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Il est possible d’écarter les tromperies.


    • velosolex velosolex 27 mars 2020 09:30

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      penseur ( j’aime vraiment pas ce terme d’intellectuel) et vérité, sont aussi antinomiques que politicien et naïveté, qui est dans ce cas précis, synonyme de vérité. 


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 27 mars 2020 09:36

      @velosolex moi non plus je n’aime pas le terme d’intellectuel. D’un point de vue psy on parle de pensée primaire (pragmatique) et secondaire (conceptuelle, spirituelle, mentale, qui a du recul,...)


    • velosolex velosolex 27 mars 2020 12:55

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Intellectuel ? Une sorte de mot pour signifier un gel hydroalcoolique de la pensée, coupé de la complexité du monde. 


    • velosolex velosolex 27 mars 2020 14:33

      @velosolex
      En fait, en y réfléchissant en faisant mon jardin, j’ai pensé que si le mot « intellectuel » me mettait mal à l’aise, c’est qu’il me semble trop restrictif, pour parler des grandes pointures, comme Edgar Morin, par exemple, et qu’il est trop grand pour les petits esprits qui s’en revendiquent. 
      Comme une chaussure qui n’irait à aucun pied
      . L’intelligence de toute façon déborde du cadre du cerveau, de la capacité d’élaborer des opérations mentales.
      L’émotionnel et l’expérience pratique des choses sont indispensables pour peser les choses, et avancer un jugement. Encore un mot qui ne me plait pas.
      Nous parlerons plutôt de « propositions », ouvertes bien sur le monde et à sa modernité.
      Qu’un simple accord de piano peut faire évoluer. 
      C’est qu’un accord de Satie vient de raisonner dans la pièce


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 27 mars 2020 16:48

      @velosolex
      L’image est intéressante.


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