mardi 17 juin 2008 - par Jimd

Croire en l’homme... !

Une des choses qui distingue encore la droite de la gauche est cette croyance en l’homme.

Cette croyance que l’homme peut être altruiste, aimer l’autre (j’allais écrire "son prochain", mais je tombais déjà dans un paradoxe religieux que je ne souhaite pas développer !), souhaiter une égalité entre les hommes, une fraternité.

"L’extrême gauche", les alter-mondialistes, les communistes... bref toute cette gauche de la gauche est optimiste dans la capacité l’homme à être meilleur, à penser à l’autre.

La droite, au contraire, est plutôt individualiste, pensant que les inégalités se gommeront d’elles-mêmes à condition que l’on augmente la part du gâteau.

Je suis plutôt optimiste, cette partie de la gauche qui rejette le modèle capitaliste a ma sympathie, car le fond est foncièrement bon, et ce malgré toute la démagogie, la simplification du discours.

Mais il y a quand même un paradoxe énorme. N’étant pas philosophe et étant assez peu cultivé dans ce domaine je ne sais pas s’il a été abordé en détail.

La droite qui est individualiste, est pour le laisser-faire. La gauche, qui elle croit en l’homme, est pour l’intervention... l’homme est bon, oui mais il faut intervenir, il faut réguler, il faut contrôler car le laisser-faire amène à l’exploitation, à l’inégalité... (!)

Pourquoi donc ? Pourquoi ceux qui veulent un monde meilleur, un monde de partage, un mode d’entraide doivent-ils envisager plus d’intervention, et parfois même pour les plus extrêmes, une révolution pour remettre les choses à plat...

Peut-être parce que l’homme n’est tout simplement pas bon. Parce que l’homme est égoïste... aïe... et m...e, moi qui avait un peu d’espoir dans l’humanité...

Il y a donc un paradoxe énorme. Pour avoir plus d’égalité, pour avoir plus de partage, il faut intervenir, contrôler, brider les libertés individuelles.

Je crois en l’homme, je pense que nous pouvons être bons, désintéressés, proche des autres, attentifs et prêts à aider. Nous en voyons des exemples tous les jours. Chez plus pauvres et les plus riches, on peut trouver des actes de compassions et d’altruisme, d’entraide.

Néanmoins nos comportements individuels sont aussi régis par notre égoïsme, par notre intérêt propre. Pourquoi ? Parce que c’est notre nature, notre instinct qui nous font penser à nous, à nos proches. Souvent aussi parce que nous ne pensons pas que nos actes individuels puissent avoir des conséquences globales. A quoi bon faire un effort si les autres ne le font pas ?

Chez cette gauche qui croit en l’homme, on retrouve aussi le constat que l’homme livré à lui-même n’est pas bon pour l’homme et qu’il faut une puissance interventionniste pour le contraindre, pour mieux répartir les richesses.

C’est pourquoi je ne crois pas en cette gauche extrême, que je rejoins pourtant dans son discours humaniste. Elle fait fausse route. Je veux croire en l’homme, mais aussi accepter son égoïsme inné, intrinsèque.

Je ne crois pas que quelques groupes de super riches égoïstes soient la raison de tous les maux et inégalités. Je ne crois pas aux simplifications démagogiques qui consistent à stigmatiser des groupes de profiteurs et d’exploitants. Je trouve trop réducteur ce discours manichéen, car il nie ce que nous sommes, collectivement. Notre société est (malheureusement ?) à notre image. Cette simplification cache cette vérité plus complexe et crue et ne sert strictement à rien, ne permet pas de construire.

Paradoxe donc... mais c’est toute la beauté de l’humain. Il n’y aura pas de révolution amenant un monde meilleur, pas de collectivisation des ressources et de la production pour le bien de tous. Nous avançons sur un chemin tordu, à l’aveugle, mais nous avançons. Nous devons rêver une société plus juste et plus libre et essayer de la mettre en place. Nous devons aussi accepter notre comportement égoïste, individuellement essayer de faire des efforts, collectivement s’engager pour influencer les autres.

Encore une fois, nous construisons un monde à notre image. Aussi repoussante ou belle que cette image puisse être, il est à notre image. Pour moi, croire en l’homme ce n’est pas vouloir renverser le modèle actuel, c’est reconnaître que ce modèle laisse l’homme libre, reconnaître que nous pouvons nous organiser autour d’Etats, d’institutions qui essayent de gommer les inégalités et de fournir des biens publics. C’est croire que, dans ce cadre, nous construisons, avec des hauts et des bas, un mode à notre image, et croire que ce monde sera meilleur.

Simpliste ? Oui, je ne suis pas philosophe et manque de profondeur dans mon analyse.

Naïf... peut-être, certainement même, mais n’est-ce pas être cela que croire en l’homme ?



45 réactions


  • pallas 17 juin 2008 12:33

    L’homme, croire en une espece incapable de s’adapté et de reflechir ? franchement, faut etre aveugle. Notre espece est une abomination en matiere biologique et social, la pire espece qui a pu naitre dans l’histoire de l’evolution.


  • morice morice 17 juin 2008 12:49

     Croire en l’homme et non aux religions : mais c’est du communisme !!! 


  • Forest Ent Forest Ent 17 juin 2008 12:49

    Effectivement, ce sujet a déjà été traité d’innombrables fois depuis Rousseau, mais je laisserai à de meilleurs spécialistes de philo que moi le soin de vous établir un programme de lecture.

    Il me semble que vous vous trompez en pensant que la différence gauche/droite se situe sur la charité. Le modèle individualiste anglo-saxon prône au contraire fortement la charité ... privée, alors que le nôtre prône la charité institutionnelle, et un devoir de solidarité inscrit sur nos frontons. D’une certaine manière, les deux croient en l’homme, et le modèle anglo-saxon présuppose plus sa bonté intrinsèque, puiqu’il la rend entièrement contingente. Le modèle français y croit moins, puisqu’il en fait un devoir.

    Je vois plus la différence sur la croyance aux institutions. Pour les français, l’Etat peut avoir un rôle positif dans la société. Pour les anglo-saxons, c’est impossible, et il doit en faire le strict minimum. On est déjà dans la politique. Les deux approches ont leurs paradoxes.


    • Jimd Jimd 17 juin 2008 14:27

      Merci.

       je suis tout fait d’accord avec vous sur la croyance dans les institutions, nous avons historiquement une reference forte a l’etat que les americains n’ont pas de part leur origine, leur constuction et leur decentralisation.

      Dans ce cadre, je ne pense pas que le modele anglo-saxon pre-suppose une bonte de l’homme mais plus comme vous l’ecrivez une mefiance dans une institution etatique, preferant alors s’en remettre aux individus tout en sachant qu’ils seront certainement egoistes.


    • Forest Ent Forest Ent 17 juin 2008 14:34

      Difficile à analyser sans remonter à la Réforme : c’est une opposition claire luthériens-catholiques. Le modèle luthérien présuppose quand même la foi. Si on l’oublie, ça devient un matérialisme anarchiste.

      Je reformule : les citoyens US sont souvent très charitables, alors que leurs institutions ne le sont pas. Cela provient beaucoup de leurs valeurs religieuses. Supposez maintenant qu’ils perdent tous la foi, que reste-t-il ? Le système social français s’est justement beaucoup reconstruit dans une optique laïque, pour suppléer au religieux.

      Donc je maintiens : les US ont tellement confiance en l’Homme, qu’ils ne peuvent vivre sans Dieu.


    • Tintin Tintin 17 juin 2008 16:27

      Pour le francais l’humain serait donc une idéologie, et pour l’américain une religion. Il me semble que l’on peut faire confiance à l’individu pour montrer qu’il existe une troisième voie, plus réaliste.

      (Les professionnels de la philo ont comme tout le monde un parti pris, inutile donc de leur laisser le monopole de la pensée et d’attendre d’eux une quelconque parole biblique.)


  • ZEN ZEN 17 juin 2008 13:24

    Heureusement qu’il y a une conclusion...

    "Simpliste ? Oui, je ne suis pas philosophe et manque de profondeur dans mon analyse...."


    • ZEN ZEN 17 juin 2008 13:28

      Heureusement qu’il y a la charité , pour pallier à l’injustice...Heureusement qu’il y a des riches pour aider les pauvres... Un exemple ici :

       

      Oui, nous sommes bien en 2008 , dans le pays le plus riche du monde , qui engloutit des milliards dans une guerre absurde , où les grandes fortunes prospèrent comme jamais..
      D’une Amérique à l’autre...
      La pénurie à l’âge de l’abondance...

      Les New -Yorkais ont faim

      "Quelque 3,1 millions de New-Yorkais, soit quatre habitants sur dix, ont affirmé avoir eu des difficultés à acheter de la nourriture en 2007 en raison de la hausse des prix, selon une étude de la Banque alimentaire de New York.
      Le nombre de personnes touchées par la hausse des prix a explosé, avec un augmentation de 52% depuis 2003, la première année où l’étude a été réalisée...."


      La faim jusque dans les rues de New York :


    • Jimd Jimd 17 juin 2008 14:37

      simpliste oui, je n’ai aucune pretention de revolutionner la pensee smiley mais uniquement de partgaer une reflexion et d’apprendre de ceux qui commentent.

      notre vison de l’amerique peut etre assez biaisee, c’est un pays que je connais tres bien et les cloches sont abondant. la misere y est terrible, bien plus dure qu’en France. c’est aussi un pays de reussites, avec un dynamisme, avec une solidarite locale (si si !) que nous ne connaissons pas.

      c’est aussi un pays ou les tres riches donnent. et ils donnent enormement. par contre il n’y a pas de coordination nationale, peu de filets de surete, ou de redistribution.

      ils ne seront pas leur histoire toujour mefiants d’un ’welfare state’ . je ne porte pas de jugement de valeur par rapport a notre organisation plus etatique et centralisee, je crois en l’etat, mais je pense que nos trajectoire de constructions sont tellement differentes que toute comparaison simpliste est difficile.

       

       


  • ZEN ZEN 17 juin 2008 14:11

    Et l’auteur est économiste ?

    Bush aussi croit en l’Homme...ça ne mange pas de pain...


    • Jimd Jimd 17 juin 2008 14:28

      ... est ce volontairement meprisant ou est ce que je me meprends sur le ton de votre commentaire ?


    • Le péripate Le péripate 17 juin 2008 16:46

      Ne soyez pas surpris : c’est la méhode zen : allusif ; sussurant, méprisant, sous des dehors mielleux. C’est assez désagréable en effet.


    • ZEN ZEN 17 juin 2008 19:15

      La méthode Péripate, elle , est toujours directe, claire et avenante...

      @L’auteur

      Non, il n’ a pas de mépris dans mon intervention, mais seulement un certain énervement , et sans doute beaucoup de maladresse

      . Pourquoi ? C’est que les notions comme "Droits de l’Homme" , les injonctions (j’allais dire les incantations) comme "Croire en l’homme ", excellentes en elle-mêmes , finissent par perdre leur sens à force d’être rabachées sans qu’on s’intéresse vraiment aux conditions qui permettraient que la dignité des hommes puissent vraiment avoir un sens , c’est à dire dans les faits , dans la réalité sociale et économique., dans la vie quotidienne...Mais je dis là des banalités...

      Derrière ces valeurs-alibi se cachent parfois même les pires projets humains , d’où mon allusion à Bush , sans doute maladroitement formulée.Ecoutez -le parler , il n’a en bouche( si je puis dire !) qu’un discours moral et religieux-puritain qui masque mal la politique impériale du pays et les dégâts humains qu’elle produit. Je me référais à l’hypocrisie fondamentale de la société US qui pratique la charité(voir Bill Gate, Soros et autres Buffet...) pour n’avoir pas à assurer la justice (voir mon lien sur les effarantes inégalités)..sans laquelle les notions morales finissent par n’avoir plus de sens...Parlez de "croyance en l’homme" aux désespérés du Bronx ( pour rester aux USA)....vous verrez

      Si j’ai une lecture à vous conseiller c’est Nietzsche , attentif à vilipender l’hypocrisie morale et sociale ...et Marx aussi, celui du Capital, si le coeur vous en dit....

      Cordialement


    • Jimd Jimd 18 juin 2008 00:29

       merci, Zen, de votre reponse. j’apprecie, meme si nous ne sommes pas d’accord.


  • Zenon Zenon 17 juin 2008 15:18

    Bonjour,

    Juste en passant (a propos des Révolutions voulues par l’extrême gauche), pour ceux qui s’interressent à l’utilisation de la "colère" comme outil de construction de mouvements politiques et religieux à travers l’histoire occidentale :

    Colère et Temps

    de Peter Sloterdijk.

    Je viens de le finir, une synthèse plutôt clair et riche et références. La fin est plutôt pessimiste pour notre avenir de terriens très en colère...

    Cordialement,

    Zenon


  • Hermes Hermes 17 juin 2008 16:01

    L’homme étant capable du pire comme du meilleur, croire en l’homme en incluant le pire comme le meilleur n’est que croire au chaos. Alors tant qu’à croire, autant croire à autre chose !

    Mais pourquoi ne pas tout simplement être au lieu de croire ? Alors on verra ce que l’homme est vraiment, et si ça vaut le coup d’y croire, mais cela sera t’il encore nécessaire ?

    Le chemin est rude car le besoin de croire est profondément enraciné. Ne pas croire, n’est-ce pas le seul combat valable (jihad humaniste) ? N’est ce pas le seul que "nos" prophètes nous aient jamais montré ?

     "ne crois en rien sauf à "être présent" (yahvé) partout ou tu es"
             


  • Le péripate Le péripate 17 juin 2008 16:59

    La vie de l’homme est le fondement de toute valeur, et sa propre vie est le but éthique de chaque individu. La nécessité de la préservation de la vie implique donc une vertu de l’égoïsme.

    A contrario, l’altruisme obligatoire est un cannibalisme moral, qui implique le sacrifice, reliquat des âges barbares et des religions archaïques.


    • sisyphe sisyphe 17 juin 2008 19:22

      par Le péripate (IP:xxx.x64.153.230) le 17 juin 2008 à 16H59

       
      La vie de l’homme est le fondement de toute valeur, et sa propre vie est le but éthique de chaque individu. La nécessité de la préservation de la vie implique donc une vertu de l’égoïsme.

      A contrario, l’altruisme obligatoire est un cannibalisme moral, qui implique le sacrifice, reliquat des âges barbares et des religions archaïques.

      Et hop !

      2.000 ans de l’histoire de la pensée résumés en deux phrases ; et quelles phrases !!

      La "nécessité de la préservation de la vie" ; c’est ce qui est dévolu au cerveau reptilien (rhinencéphale) ; donc commun à tous les animaux, et Peripate nous le présente comme un but "éthique" : impayable !!

      Le gourdin comme idéal éthique !

      De l’autre coté, "l’altruisme obligatoire est un cannibalisme moral" : houla !!! Ce qui veut dire que la vie sociale de l’homme (puisque, quand même, depuis belle lurette, nous savons qu’il est un "animal social"), son apprentissage de la vie en société qui a permis de passer de la grotte aux sociétés un tant soi peu évoluées, est un "cannibalisme reliquat des âges barbares !!"

      Difficile de dire plus de contre-vérités en si peu de mots : pourtant Péripate y arrive, sans difficulté, grâce aux éblouissements dûs à sa lecture de Milton Friedman : le philosophe du siècle !! ..

      Sacré Péripate......


    • Traroth Traroth 18 juin 2008 11:14

      Le péripate : vous faites l’éloge de la bestialité, là, tout simplement. Ce qui fait la grandeur de l’homme, c’est justement sa volonté de s’en affranchir.


    • Tintin Tintin 18 juin 2008 12:58

      Je ne saisis pas le lien entre la préservation de la vie et l’égoisme, à moins peut-être de considérer que la préservation de soi passe par l’autre, que nous allons vers l’autre parce que nous sommes égoistes.


  • Traroth Traroth 17 juin 2008 17:14

    Croire que l’Homme est capable de s’améliorer et croire que l’Homme est bon sont deux choses totalement différentes. Vous confondez vouloir améliorer les choses (en ne laissant pas le libéralisme le plus débridé broyer les hommes) et considérer que les choses sont bien.


    • Jimd Jimd 17 juin 2008 19:07

      @traroth

      merci pour le commentaire

      vous ecrivez <Vous confondez vouloir améliorer les choses (en ne laissant pas le libéralisme le plus débridé broyer les hommes) et considérer que les choses sont bien>

      en fait je pense que ’nous sommes’ le capitalisme dans le sens ou il est le produit de nos comportements, notre societe est a notre image, belle ou affreuse...en cela je ne considere pas que les choses sont biens, c’est un autre niveau de reflexion.

       


    • Traroth Traroth 18 juin 2008 11:12

      Dans ce cas, je ne comprends pas ce que vous dites. C’est de la résignation ? "Nous sommes des bêtes, donc allons-y franchement et vautrons-nous dans notre bestialité" ?

      Si un monde plus juste, plus apaisé et plus égalitaire n’est pas un objectif en politique, je ne vois pas quelle pourrait être l’utilité de cet "art". A partir de là, militer pour plus de justice sociale est simplement un moyen de progresser vers cet objectif. Et il faut bien croire que cet objectif est atteignable (croire en l’homme, donc) pour vouloir y consacrer des efforts.

      Votre raisonnement sur l’interventionnisme est un pure sophisme : ce n’est pas parce qu’on croit en la capacité de l’homme de s’améliorer (manière dont j’interprète votre expression "croire en l’homme", qui ne veut rien dire du tout en soi. Et certainement pas comme une espèce de retour du mythe du bon sauvage, absurde et auquel plus *personne* ne croit, ne vous en déplaise) qu’on n’est pas conscient de ses carences acutelles.


    • Tintin Tintin 18 juin 2008 17:03

      Si on concoit l’humain comme une abstraction globalisante, un tout, la seule réponse aux carences de l’Homme ne peut-être que politique. Le tout étant imparfait, il faut lui imposer contre sa volonté ce qui est bon pour lui. Dans ce cas, croire en l’humain n’a en effet pas de sens car l’Homme ne peut être à la fois le malade et le docteur.

      Si on concoit l’humain comme une multitude, complexe, dynamique, mouvante, croire en l’homme prend une dimension très différente. L’Homme comme concept théorique laisse place à l’individu réel dans sa diversité, individu percu comme le mieux placé pour trouver, seul ou collectivement mais par sa volonté propre, qui peut être aussi politique mais pas nécessairement, les réponses aux difficultés qu’il rencontre.


    • Traroth Traroth 24 juillet 2008 23:09

      "Le tout étant imparfait, il faut lui imposer contre sa volonté ce qui est bon pour lui" : on appelle ça "la loi"...


  • jaja jaja 17 juin 2008 19:55

    @ Jimd "Chez cette gauche qui croit en l’homme, on retrouve aussi le constat que l’homme livré à lui-même n’est pas bon pour l’homme et qu’il faut une puissance interventionniste pour le contraindre, pour mieux répartir les richesses."

    Je ne crois ni en la bonté foncière de l’homme ni en sa méchanceté innée. Néanmoins je préfère que la politique s’appuie sur ses bons côtés plûtôt que sur ses aspects plus obscurs.

    Vous dites qu’une contrainte est nécessaire pour obliger l’homme à partager les richesses. Certes. Notez cependant que la vaste majorité des habitants de cette planète, qui eux n’ont rien, ne seront en rien hostiles à ce partage et que donc la contrainte ne devra s’exercer que contre une minorité. Notez qu’à l’heure actuelle la contrainte frappe une majorité de la population mondiale qui n’a, même dans ce qu’on appelle les démocraties, aucun vrai droit de regard sur les politiques suivies...

    Lors des Révolutions, lorsque la contrainte touche une majorité soyez sûrs que la contre-révolution est en marche et dans ce cas c’est le peuple soulevé qui est le plus durement réprimé. Ce fut le cas en URSS, lorsque les soviets furent démantelés et que les canons bolchéviks tiraient sur les ouvriers en grève de l’usine Poutilov. Quelques mois plus tard en 1921, soit à peine quatre ans après la victoire de la Révolution ce sera au tour de la Commune de Kronstadt d’être militairement écrasée par les mêmes.

    C’est pourquoi ce qui constitue la perle authentique de tous les soulèvements populaires doit être défendu contre les tentatives désespérées des contre-révolutionnaires (rouges ou blancs) qui toujours ont réussi à confisquer à leur profit les luttes du peuple.

    Cette perle c’est la démocratie directe où les gens décident souverainement, sans intermédiaires (ces embryons de l’oligarchie exploiteuse future) désirant s’imposer contre la volonté de la majorité.

    Que vivent les Référendums, les Assemblées de quartier de ville d’entreprises etc. ainsi que le libre droit de faire valoir ses idées par tous les moyens disponibles et surtout que le peuple décide enfin...

    La démocratie dont ses vrais ennemis nous rabâchent les oreilles jusqu’à plus soif en tentant de nous culpabiliser est encore à inventer. Ainsi tous ceux qui nous accusent de vouloir tuer la liberté sont ceux qui vous diront qu’il est naturel qu’un Conseil d’administration de gérontes décide de tout dans une entreprise au mépris de la liberté de tous ceux qui y travaillent chaque jour et qui devraient pourtant être les seuls décideurs...

    Et dans tous les secteurs de la vie ces "démocrates" vous diront que le peuple est incapable de se gouverner seul et souverainement...

    "Il n’y aura pas de révolution amenant un monde meilleur, pas de collectivisation des ressources et de la production pour le bien de tous."

    En conclusion je ne partage pas votre vision pessimiste de l’avenir de la société humaine. Les peuples cherchent et chercheront toujours à se débarrasser de l’oppression subie par le biais de l’exercice du pouvoir politique comme économique d’une infime minorité, dont ils subissent continuellement la loi. Ils finiront bien par trouver la solution !


    • Jimd Jimd 18 juin 2008 00:35

      <Ainsi tous ceux qui nous accusent de vouloir tuer la liberté sont ceux qui vous diront qu’il est naturel qu’un Conseil d’administration de gérontes décide de tout dans une entreprise au mépris de la liberté de tous ceux qui y travaillent chaque jour et qui devraient pourtant être les seuls décideurs...>

      je ne suis pas du tout d’accord. pourtant je n’accuse personne de vouloir tuer la liberte.

      je pense que cela n’a rien a voir... si demain je cree une entreprise et embauche 5 salaries, je souhaite toujour avoir le controle de ce que je fais et non pas mes employes... ! c’est exactement pareil pour toute entreprise. sinon, il faut expliquer ou on situe la limite et sur quels criteres.


  • Christophe Christophe 17 juin 2008 20:47

    @Jimd,

    Je serais un peu comme Jaja ; me référant principalement à Nietzsch qui statut sur le fait que l’homme est neutre ; qu’il doit faire un effort pour être bon et être tenté pour être mauvais.

    Nous apprenons tout autant, grâce à l’anthropologie, que l’homme s’adapte à l’environnement dans lequel il vit. Vous faites, à mon sens, référence à des qualités et défauts intrinsèques au système politico-économique dans lequel nous vivons ; est-ce le système qui s’adapte aux caractéristiques humaines ou est-ce l’homme qui s’adapte aux conditions de sa vie moderne ?


    • Jimd Jimd 18 juin 2008 00:27

      @Christophe

       <est-ce le système qui s’adapte aux caractéristiques humaines ou est-ce l’homme qui s’adapte aux conditions de sa vie moderne ?>

      tres interessant. je dirais que nous sommes le systeme. nous le formons, ce n’est pas quelque chose d’exogene. en fait nous le voyons comme externe car nous avons une vison d’un individu parmis des milliards sur quelque chose qu’il ne controle pas. en exagerant la somme de nos comportements et decisions forme le systeme.

      la reponse a la question serait donc : un peu les deux (non je ne suis pas normand)... nous subissons quelque chose que nous contribuons a faconner.


    • bobbygre bobbygre 18 juin 2008 09:52

      Sauf que ma contribution personnelle sera de peu de poids face à celle de l’être humain Bush, qui simplement en faisant mouvoir sa langue, est capable de mobiliser la plus grande armée du monde pour un pillage en règle d’un pays...

       


    • Jimd Jimd 18 juin 2008 10:20

      bien sur... il n’y a pas une distribution uniforme de l’influence, elle n’est pas atomisee, il y a des leaders, des dictatuers, des oppresseurs.

       


  • moebius 18 juin 2008 00:33

     zoologiquement il n’y a que le chien pour croire en l’Homme..ou alors dans le style ; l’homme qui croit en l’Homme est un chien..ou mieux l’homme qui se croit homme dans la mesure ou il croit en L’Homme est un chien qui s’est trompé de maître.. ce qui veut strictement ne rien dire... ou alors le bon chien chien à son maimaitre...ou autre loup qui est un homme pour le chien et qui fait sa petite crotte trop humaine sur le trottoir...non mieux le caniveau


  • IMAM ATHEE 18 juin 2008 11:19

    Vaste sujet... Le paradoxe de la gauche, c’est bien vu.

    En fait, il faut essayer de comprendre l’homme tel qu’il est, sans le rosir, ni le noircir, puis créer le cadre institutionnel et surtout éducatif qui permette de faire tourner la boutique. Aussi simple à dire que complexe à faire. Faut sortir le miroir, le vrai. Pas toujours facile.

    Et l’auteur a raison d’éviter la question religieuse, car cette escroquerie idéologique vieille comme l’humanité ne simplifie guère le problème.


  • nihalem 18 juin 2008 11:33

    La gauche croit en l’Homme, la droite est plus individualiste. Mais bien sûr.

    Parce que les communistes croient plus en l’Homme qu’en la matière qui dicteraient ses pensées, ses actes, son Histoire ? Parce que de Gaulle lors de Juin 1940 ne croyait pas en l’Homme ? Alors que les communistes ralliés au IIIe Reich si ? Parce que De Gaulle disant à Neuwirth d’autoriser la pillule car « donner la vie n’est pas anodin », c’est supérieur à la si morale gauche mitterrandienne préférant la cohabitation à la démission face au désaveu populaire, oui, Mitterrand, l’auteur du Coup d’État Permanent. Parce que la droite souverainiste, c’est nettement moins moral que l’extrême gauche alignée sur le MEDEF en matière d’immigration, mettant en concurrence les salariés français avec de nouveaux venus du tiers-monde ? Parce que Robert Ménard de l’ONG Reporters Sans Frontières cherchant à créer des embrouilles entre la France et la Chine communiste par Mao, sans bénéfices pour le Tibet mais avec beaucoup d’inconvénients pour la France, c’est tellement plus intelligent que le même Robert Ménard maoïste convaincu à ses premières heures ? Parce que les Droits de l’Homme, aussi vite proclamés que bafoués lors de la Révolution par le premier totalitarisme de l’Histoire, ça donne une supériorité morale ?

    Un homme de gauche, ou ça a l’arrogance de l’ignorance, ou ça a la honte de son histoire, ou ça a la modération de celui qui se sent libre vis-à-vis des clivages et ne porte donc pas le mot gauche en étendard...

    Cher auteur de l’article, vous êtes une caricature de bien-pensant, de cette majorité de gauche qu’on trouve parmi les journalistes, des tous ces culpabilisateurs sur l’Histoire de France, de tous ces types qui promettent des lendemains qui chantent, un Homme Nouveau, régénéré, débarassé de ses scories archaïques, mais qu’en attendant, il faut beucoup détruire...


  • NICOPOL NICOPOL 18 juin 2008 13:45

    Bonjour à l’auteur,

    J’ai trouvé cet article très intéressant. Avec des mots et des interrogations simples vous résumez très bien le balancier que l’on peut voir au travers de l’histoire de la pensée philosophique et politique. Pour autant que j’en sache, en voici un petit résumé.

    Pour les philosophes antiques (Socrate, Platon, Aristote, les Stoiciens) l’homme est un animal social. Le but de la société civile est de permettre à l’homme de réaliser pleinement sa nature, qui est celle d’un être raisonnable et social ; le bien s’indentifie avec la justice et la vertu. Le meilleur régime, permettant d’atteindre cette perfection humaine, est le gouvernement par les philosophes. Néanmoins il s’agit d’un idéal : en effet les conditions de la réalité ne permettent que difficilement d’instaurer cette "république parfaite" ; rien ne permet de supposer qu’elle ait déjà existé dans le passé, ni même qu’elle puisse être mise en oeuvre dans l’avenir. Il n’y a donc que des régimes "légitimes" qui, à défaut d’être "nobles", sont "justes", et qui correspondent, en gros, à ce que l’on peut faire de mieux dans les circonstances de la vie réelle. La politique est donc un art qui consiste à s’adapter au mieux aux circonstances. Par ailleurs la perfection de l’homme étant la justice et la vertu sociale, les devoirs et les interdictions sont plus importantes que les droits ; enfin, les hommes ne sont pas également parfaits, il serait donc injuste de leur donner les mêmes droits : la société antique est inégalitaire et consacre le gouvernement par les meilleurs (aristocratie ; la décmocratie à la grecque étant limité, justement, à une pettie minorité de citoyens mâles). La règle est "chacun selon sa capacité, à chacun selon son mérite"

    La philosophie médiévale chrétienne s’inscrit dans la continuité de la pensée antique (en particulier Saint Thomas), si ce n’est que le meilleur régime devient la Cité de dieu.

    Une révolution philosophique et politique se produit avec les philosphes anglais du XVIIieme siècle, qui auront une influence déterminante sur les "philosophes des lumières" et les penseurs de la révolution française. Le premier d’entre eux, Hobbes, pose que l’homme n’est pas naturellement social : l’individu prime sur la société (individualisme). Pour lui, comme pour les épicuriens, le bien ne s’identifie donc pas à la justice et à la vertu, mais à l’agréable (ce qui vaut le nom à sa philosophie d’"hédonisme politique"). Le droit et la politique doivent donc, pour être efficace, se baser non pas sur une idéaliste et illusoire "fin" humaine mais sur les aspirations réelles des hommes. Pour Hobbes, la première d’entre elles est l’instinct de conservation, corrolaire de la peur de la mort. Toute la philosophie politique de Hobbes et de ses successeurs (en particulier Locke) repose donc sur le "droit de conservation". Chacun est égaux devant ce droit fondamental, la philosophie politique moderne est donc égalitaire. Par ailleurs chacun est libre de décider de ce qui est nécessaire à sa conservation ; la fin de la société n’est pas autre chose que de lui garantir ce droit de conservation qui n’est pas garanti dans l’état de nature (marqué par la violence et la pénurie). Pour ce faire, la société doit garantir les moyens nécessaires à la conservation : la loi se base donc non plus sur des devoirs ou des obligations, mais toute une série de "droits à" (droits de l’homme) destinés à subvenir aux besoins de chacun. La règle devient "chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins". (slogan repris par le communisme, à comparer à la conception antique : "... à chacun selon son mérite").

    A cette fin, la société civile doit lever toute restriction aus plaisirs sensuels et à la recherche de l’agréable, recherche égoiste et hédoniste qui est en fait le véritable moteur de l’amélioration de la production et, in fine, de la sécurité et du confort de tous. C’est donc une philosophie libérale, hédoniste et productiviste. Locke poursuit la réflexion en posant que la conservation implique la propriété des fruits de son travail, mais aussi des moyens de production de son travail. Cette philosphie pose donc les bases du capitalisme.

    C’est aussi une philosophie révolutionnaire et doctrinaire : en effet, il est possible de définir et de réaliser un régime politique parfait en tout lieu et tout temps. Il n’y a donc plus de régimes légitimes, mais un seul régime acceptable (en l’occurence la démocratie, qui seule permet de garantir que l’individu ne se voit pas privé de ses droits fondamentaux au profit de quelques uns). La politique n’est plus le domaine de l’art, de l’aristocrate, mais le travail de techniciens, de technocrates, qui se contentent d’appliquer sans imagination la loi universelle. Mais pourquoi ce régime idéal n’existe-t-il pas encore ? Parce que les hommes sont fondamentalement "stupides" et incapable de le découvrir et réaliser. La mission des philosphes des lumières est donc, comme leur nom l’indique, d’"éclairer" le monde en leur révélant la solution politique universellement parfaite (il y a donc une contradiction profonde et intolérable, me semble-t-il, dans le fait de prétendre laisser aux gens la liberté de décider de ce qui est bon pour eux, pour finalement affirmer qu’ils sont en général trop cons pour bien le savoir et qu’il est nécessaire de le leur "révéler", voire de décider pour eux...).

    Dans les faits, pourtant, plusieurs "doctrines" concurrentes, plusieurs factions, se sont affrontées impitoyablement (libéralisme / communisme, USA / URSS, gauche / droite...), toutes se revendiquant également des lumières et du droit naturel moderne dans ses postulats philosophiques et ses prétentionssomme toute "totalitaires" (c’est à dire valable partout, tout le temps, dans toutes les situations) mais se disputant quant à "la" solution totalitaire idéale. Finalement, les résultats sont peu probants, l’attachement à une "doctrine" universelle et totalitaire rendant les politiques incapables de trouver des solutions adaptées à la réalité multiple et complexe, qui n’est faite que de situations particulières.

    Donc, pour répondre plus directement à votre interrogation, "libéralisme de droite" et "communisme de gauche" ont plus de points communs que de différences : ils reposent tous les 2 sur les postulats de la philosphie moderne et des lumières : progrès (positivisme), nature non sociale de l’homme (individualisme), primauté de l’agréable sur le juste ou le vertueux (hédonisme, matérialisme, consummérisme, productivisme), ne s’opposant, finalement, que sur la primauté donnée à la liberté absolue (libéralisme), qui se traduit forcémment par des inégalités de fait entre les forts et les faibles, ou à l’égalité absolue (communisme), qui se traduit forcémment par des restrictions imposées aux forts (et à ceux qui réussissent) et des avantages accordés aux faibles (et à ceux qui échouent).

    Je pense que l’on peut très aisémment replacer l’ensemble des débats politiques et sociaux actuels dans ce cadre conceptuel (mépris du peuple par les élites politiques, de gauche comme de droite, haine viscérale des "patrons", des "bourgeois", plus largement de ceux qui réussissent, n’ayant d’égal que l’égoisme et le cynisme de bon nombre des "puissants", etc etc.). La situation semble sans issue, la gauche et la droite s’étripant alors même qu’elles sont d’accord sur la plupart des points. Pour sortir de ce débat de chiffonier avant d’avoir complètement saccagé notre pays et notre planète, il est nécessaire de sortir de cette conception moderne de l’homme que gauche et droite ont en commun, et qui ne peut conduire qu’à l’individualisme, à l’égoisme, au matérialisme et, finalement, comme l’a bien montré Nietzsche, à une certaine forme de nihilisme destructeur ; par exemple, en revenant à la vision classique : celle d’un homme naturellement social, celle de la prééminence des devoirs sur les droits, de la vertu et du contrôle des passions sur l’hédonisme et la liberté totale, de la politique comme un art et non comme une doctrine... Perdre nos illusions universelles et totalitaires, notre croyance en une "vérité" ultime, en une société parfaite, pour mieux s’adapter au monde réel... Mais est-ce encore possible ?


    • Tintin Tintin 18 juin 2008 16:47

      Merci, votre commentaire est passionnant.

      Il y a un point qui me chagrine plus que les autres, c’est d’affirmer que toute idée qui se veut universelle soit nécessairement totalitaire. Si je concois aisément que notre volonté du mieux puisse engendrer le pire, je ne crois pas qu’on puisse pour autant en faire une loi universelle. Il y a tout de même une différence essentielle entre le droit naturel et le droit positif, même si la question de la nature humaine est discutable.

      Un autre point concerne la définition que je trouve plutôt fantaisiste des Lumières comme ’guide éclairé du peuple crédule’. Et l’obscurantisme ?


    • Christophe Christophe 18 juin 2008 21:29

      @Tintin,

      Mais le mieux ou le meilleur pour un être est-il le même pour une autre ?

      Il me semble, qu’en terme d’universalisme, Nicopol soit plus sur la tendance de l’école philosophique allemande, dont Jurgen Habermas est l"un des piliers : Au lieu d’imposer à tous les autres une maxime dont je veux qu’elle soit une loi universelle, je dois soumettre ma maxime à tous les autres afin d’examiner par la discussion sa prétention à l’universalité. Ainsi s’opère un glissement : le centre de gravité ne réside plus dans ce que chacun souhaite faire valoir, sans être contredit, comme étant une loi universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconnaître comme une norme universelle.

      Il me semble surtout qu’il existe une grande confusion entre universalisme et relativisme ; puisque ses deux notions ne s’appliquent pas au même niveau de raisonnement. Je vais essayer d’expliquer, dans un futur article les différences fondamentales entre ces deux approches, reposant sur la différentiation entre les schémas mentaux (le monde des idées) et la forme que peuvent prendre les concepts universels (le monde de l’action).

      @Nicopol,

      Il est assez troublant que vous ne fassiez pas de différentiation entre la vision platonicienne (continuité de la vision Socratique) et la vision aritotélicienne de la politique et de ses régimes. Certes ils partaient tous de l’hypothèse que l’homme est un animal politique, mais leur approche des gouvernements sont quasiment à l’opposée ; même si Platon et Aristote concluent tous deux que le meilleur des régimes est la République, les deux visions de la République sont très loin d’être les mêmes.


    • Jimd Jimd 18 juin 2008 23:32

       Merci Nicopol pour ce commentaire tres instructif.


    • NICOPOL NICOPOL 19 juin 2008 14:21

       

      "Un autre point concerne la définition que je trouve plutôt fantaisiste des Lumières comme ’guide éclairé du peuple crédule’. Et l’obscurantisme ?"

      C’est pourtant ça. Relisez Locke, Rousseau, Voltaire... Tous pensent qu’il y a une Vérité universelle que le philosophe seul peut découvrir ; tous pensent que, si le peuple est certe "souverrain", il a plus souvent tort que raison ; tous pensent donc que le peuple a besoin, pour son propre bien, de "Législateurs" destinés à les éclairer sur eux-mêmes et les lois auxquelles il faut qu’ils se plient pour être heureux. Le mot même de "Lumières" veut bien dire ce qu’il dit...

      Chez Rousseau, on trouve même l’idée que les Lois instaurées par les Philosophes pour le bien du peuple doivent apparaître comme d’origine divine aux yeux de ce même peuple, incapable de les comprendre par les raisons et donc d’y adhérer sans une forme de "foi". C’est le sens de cette religion civile, celle du Vicaire Savoyard de Rousseau, dont s’inspirera directement Robespierre pour son Culte de l’Etre suprême...

      Double imposture, donc, que celle de ces révolutionnaires qui se prétendent démocrates mais méprisent l’opinion du peuple, qui revendiquent la liberté et l’égalité mais n’auront de cesse de prétendre avoir la mission d’éduquer et éclairer la plèbe...


    • NICOPOL NICOPOL 19 juin 2008 14:26

       

      Il est assez troublant que vous ne fassiez pas de différentiation entre la vision platonicienne (continuité de la vision Socratique) et la vision aritotélicienne de la politique et de ses régimes. Certes ils partaient tous de l’hypothèse que l’homme est un animal politique, mais leur approche des gouvernements sont quasiment à l’opposée ; même si Platon et Aristote concluent tous deux que le meilleur des régimes est la République, les deux visions de la République sont très loin d’être les mêmes.

      Certes, certes, je comprends votre trouble, mais vous comprendrez bien en retour que, dans le cadre d’un bref commentaire, on ne peut pas tout détailler... L’important était à mon sens de bien montrer les divergences essentielles entre droit naturel classique et droit naturel moderne... Après on peut toujours raffiner... On pourrait également bien montrer les différences fondamentales entre Locke et Hobbes, entre le conventionnalisme et l’historicisme.. Je veux bien faire un article là dessus un de ces jours, en m’inspirant de l’Histoire du Droit Naturel de Leo Strauss... 


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