Français, c’est de votre faute !
La récente intervention d’Olivier Véran ferme la porte à tout espoir de sortie de la folie sanitaire. Par leurs comportements, les Français sont coupables des mauvais chiffres. Seules des interdictions peuvent « sauver » des vies. C’est court, c’est faux mais ce sont les éléments de langage du pouvoir.
Avec quelques minutes de retard, le laborieux Olivier Véran est intervenu dans les médias pour exposer les nouvelles mesures sanitaires. Avec l’aide de graphiques, de cartes et de rappels de la méthodologie suivie, pour les plus obtus à la compréhension de la fulgurance intellectuelle du Gouvernement, le ministre de la santé a porté des coups supplémentaires à nos libertés.
Les Français doivent surveiller leurs comportements
Au fur et à mesure que M. Véran parlait, l’impression désagréable d’être désignés comme les responsables de tout ce charivari, ne pouvait que mettre mal à l’aise les Français. En clair, si nous continuons à entretenir une vie sociale de plus de dix personnes, si nous persistons à nous rassembler, à nous mélanger, à vouloir organiser des moments festifs, à fréquenter ces abominables bouges à virus que sont les bars (surtout après 22 heures) voire les restaurants, à faire du sport en salle, et peut-être en chambre, nous allons faciliter la circulation du virus, la contamination de ceux qui nous entourent, et au final, nous allons avoir la mort de nos aînés sur la conscience. C’est un peu comme cette publicité horrible et cynique où la photo d’un jeune enfant masqué était affublée de ce message « Je ne tue pas papy ». Ecouter M. Véran revient à se prendre une grande claque face au dévoilement de la vérité gouvernementale : si le virus circule, contamine et augmente l’encombrement des hôpitaux jusqu’à les saturer : c’est la faute de ces indisciplinés de Français !
L’inversion des responsabilités
Le malaise ressenti au cours de cette intervention du représentant de la police sanitaire est à double déclic : on comprend qu’aux yeux du Gouvernement, les responsables des malheurs du pays, c’est nous ; on comprend aussi, que pour le Gouvernement, la faute est irrémédiablement du seul côté des Français mais surtout pas du côté du pouvoir en place. Si les hôpitaux risquent d’être saturés, cela n’a rien à voir avec l’absence de traitement délivré aux Français (sauf paracétamol) dès le début de la maladie ; cela n’a surtout rien à voir avec la diminution du nombre de lits dans les hôpitaux depuis plusieurs années, voire avec la fermeture de services hospitaliers, voire avec la réduction généralisée des moyens accordés à l’hôpital public. Français vous l’avez compris : vous ne devez plus être malades, ne plus attraper la grippe, plus de gastro, plus rien qui nécessiterait votre passage à l’hôpital car vous pourriez saturer des structures médicales réduites, de plus en plus, à peau de chagrin. Le raisonnement est pratique pour inverser les responsabilités de l’état sinistré de nos hôpitaux : ce n’est pas la réduction des moyens mais l’incivisme des Français qui, par leur comportement coupable, fragilise l’hôpital. C’est cynique mais efficace.
M. Véran a tout de même fait preuve d’un peu d’humanité en conseillant, certes à mots cachés, aux mourants de mourir vite car il n’est pas certain que les « enterrements » puissent demain être encore autorisés…
Des nouveaux indicateurs bien utiles
Evidemment, on se dit que les cartes de M. Véran, c’est bien gentil, mais que tout de même, si on avait gardé les indicateurs du printemps, la France serait en vert. Oui mais voilà, une France en vert dessert la dictature sanitaire, rend encore plus visible l’absence de 2ème vague et enlève au Gouvernement son arme à cacher l’incurie de ses choix politiques par l’invocation de l’incivisme des Français. Ces nouveaux indicateurs sont par ailleurs très pratiques : augmenter le nombre de tests PCR et le nombre de tests à trop grand nombre de cycles (CT), et vous obtenez toujours plus de positifs, plus de rouge voire un semblant de rouge écarlate. Le nombre d’hospitalisations Covid est par ailleurs bien pratique dans un système qui, en présence de comorbidités multiples, retient en premier celle du Covid. En clair, ce nombre d’hospitalisations pour Covid ne peut qu’augmenter par la grâce des autres maladies, notamment hivernales, et de quelques légèretés dans la constitution des bases statistiques. C’est cynique mais efficace.
Olivier Véran, sans doute ébloui par le pouvoir prédictif de M. Ferguson (le monsieur qui annonce sans arrêt l’apocalypse et qui a fait de l’erreur de pronostic une attitude chic et tendance), nous a dévoilé un curieux graphique illustrant ce que pourrait être l’évolution de la pandémie en l’absence des mesures éclairées du Gouvernement. Ce graphique nous montre une courbe prodigieusement ascendante sur une courte durée. Le graphique avait un peu l’allure d’un élément de décor d’un film de Louis de Funès : outrancier et comique dans sa naïve volonté d’impressionner le badaud. Hélas, M. Véran ne possède pas le talent de l’acteur et la seule chose qu’il dégage « cathodiquement » c’est du pathétique.
Marseille et la Guadeloupe vont subir un traitement de choc dès lundi prochain : fini de s’amuser ! La description de la gravité de la situation à Marseille contraste avec les derniers propos du professeur Raoult. Indéniablement deux France se font désormais face : celle du soin, de l’optimisme et d’un réalisme basé sur des éléments factuels et celle du pessimisme et du soin remplacé au pied levé par des interdictions de vie sociale. Il y a la lumière et la nuit. Ceux qui présentent des graphiques censés nous dévoiler l’effondrement du pays si on ne reste pas chez soi et ceux qui présentent des graphiques illustrant la diminution du pouvoir nocif du virus.
Demain, le nouvel état d’urgence ?
Certaines voix des réseaux sociaux évoquent le 15 octobre prochain où tout devrait nous conduire vers la mise en place d’un nouvel état d’urgence sanitaire, histoire d’aborder le début du mois de novembre, si propice à la grippe, avec l’espoir d’une vaccination généralisée qui serait demandée, réclamée, par la population. Olivier Véran a évoqué ce nouvel état d’urgence sanitaire qui pourrait arriver si les Français ne retrouvaient pas leur civisme. Il nous exhibé une carte de France encore totalement vierge de couleur anxiogène. Il ne nous a pas dévoilé la teneur de ce nouvel état d’urgence même si on la devine : fermeture de tous les lieux de vie et nécessité de se faire vacciner pour protéger les plus faibles. Saint Bill Gates allons nous faire enfin acte de dévotion envers le vaccin salvateur ?
L’ennuyeux M. Véran nous a bien éclairés sur les éléments de langage appelés à prospérer. Eléments de langage puisés dans la marmite de la culpabilité : Français vous ne voulez pas nuire aux plus fragiles, vous ne voulez pas causer leur décès, vous devez donc obéir même si cela passe par un pied de nez à l’inviolabilité de votre corps : vous devrez vous faire vacciner contre la grippe, contre le coronavirus et contre le libre arbitre sans doute… Ce dernier paragraphe est à l’image de la courbe ascendante exhibée par M. Véran : une œuvre à vocation purement spéculative et prédictive de ce que pourrait être demain si on n’y prend pas garde.
Régis DESMARAIS