Gilets jaunes : qu’importe un débat national, ça risque de durer encore longtemps ?
Malgré le grand débat public national, les gilets jaunes poursuivent leur"grogne" qui pourrait durer encore longtemps. Si leurs critiques s'adressent à l'état providence, dont ils en voudraient plus sans réelles contreparties, ils ne se préoccupent pas d'une situation plus grave, mais en sont-ils conscients ?
Une " jacquerie, version web 2.0." qui couvait depuis longtemps
Un cumul exagéré des mandats jusqu'à une période récente où ils ont été sérieusement remis en cause, le non respect des promesses électorales plus des affaires qui ont marqué et marquent encore la vie politique de façon chronique et des erreurs commises en début de mandat par le Président de la république ont servi de justificatif à un mouvement social populiste qui couvait depuis longtemps et permit ainsi l'apparition d'une « jacquerie, version web 2.0." dont il va être difficile de se débarrasser seulement par le dialogue et la concertation, y compris par le débat public national cependant accepté par une majorité de Français, bien que ceux-ci restent sceptiques quant au résultat. Une fois le grand débat terminé, quelle sera la décision du Président de la République ? Pourrait-il lui-même reprendre à son compte des demandes formulées, y compris celles qui n'iraient dans le sens de son programme ? Toute la question est là.
Rancoeur et revanche sociale ?
A l'évidence, le gros des « bataillons » gilets jaunes constitue une foule, animée davantage par la rancoeur, laquelle se traduit trop souvent par des insultes synonyme de haine, dont certains éléments n'hésitent pas à être très violents, voire à lyncher... Socialement, les gilets jaunes c'est la classe moyenne plutôt basse qui se définit non par rapport aux moyens financiers qui sont les leurs, bien qu'une partie d'entre eux, des retraités ou des salariés qui travaillent avec souvent des revenus faibles et qu'un grand nombre ait un salaire correct. Ces "derniers de cordée" que les pouvoirs politiques successifs depuis des décennies ont ignoré et pour lesquels aujourd'hui, grâce à une utilisation subtile du Web, néanmoins dangereuse, et des rassemblements avec pour chacun un gilet à la couleur bien repérable de loin, c'est une forme de revanche sociale. Ils sont en général le produit d'une certaine inculture, surtout politique, particulièrement vulnérables aux manipulations par intox et fausses nouvelles, dont ils se nourrissent généralement de bonne foi. Ils se prennent pour le peuple et reprennent souvent (volontairement ou involontairement) la phraséologie de l'ex FN, alors qu'au fond ils ne sont qu'une fraction minoritaire de ce peuple auquel ils se réfèrent. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il ne faudrait pas entendre leurs doléances, fussent-elles aussi diverses, variées que contradictoires, voire excuser leurs violences verbales et physiques, c'est ainsi que dans le cadre du débat public national avec sa lettre au Français le Président de la République a du le percevoir en écrivant : "c'est ainsi que j'entends transformer avec vous les colères en solutions". Phrase tout de même surprenante pour quelqu'un qui maîtrise parfaitement la langue Française et le sens des mots, car, vouloir transformer les colères en solutions, cela n'a guère de sens. Suivant l'interprétation que peuvent en faire les gilets jaunes, cela ne peut que les encourager à poursuivre leurs actions pour en exiger toujours plus au nom de "la justice sociale" sans pour autant réfléchir à des problématiques impactant cependant dangereusement le devenir de l'humanité .
Un mouvement qui peut durer indéfiniment et coûter très cher à l'économie Française ?
Il faut aussi avoir à l'esprit que la façon dont s'expriment aujourd'hui les gilets jaunes, bien qu'ils affectent la vie normale et économique du pays, leurs actions peuvent se poursuivre indéfiniment, car contrairement à une grève déclenchée par les syndicats ou les salariés sont privés de rémunération, eux poursuivent leurs activités professionnelles pendant la semaine et comme les retraités continuent donc de percevoir leurs émoluments mensuels. Mais attention, les entreprises ne sont pas des associations "caricatives", elles ont besoin de marchés pour vivre c'est à dire investir, payer les fournisseurs, les impôts et les salaires... Si des clients ne sont plus en mesure d'acheter, il ne reste plus à l'entreprise que "mettre la clé sous la porte"... Et ce ne sont plus des salariés qui revêtiront un gilet jaune, mais des chômeurs... le 6 janvier le ministre de l’économie et des Finances Bruno LE MAIRE, invité de l’émission Le Grand Rendez-Vous diffusée sur Europe 1 a pour sa part estimé le que le mouvement des Gilets jaunes coûterait 0,1 point de croissance à l’économie française, soit environ 2,2 milliards d’euros pour l’ensemble des activités économiques. Il s’appuyait sur les estimations de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) réalisées avant la publication de sa note de conjoncture trimestrielle du 19 décembre 2018.
A relativiser ?
Quand on sait que nous sommes entrés dans l'ère post-croissance ( les trente glorieuses c'est bien terminé ) dont on peut toujours estimer que c'est une bonne chose pour la planète et qu'au fond avec la façon controversée dont est défini le PIB, à partir duquel est calculé le taux de croissance, il convient de relativiser l'impact négatif des gilets jaunes sur l'économie. Mais avec plusieurs millions de personnes sans activités et celles à venir par les "bienfaits" de la nouvelle révolution des "intelligences artificielles", cela interpelle tout de même. On peut toutefois se rassurer, avec les futures guerres pour l'énergie, à cause du climat ou celles des terres rares, les "pompes funèbres" seront le premier entrepreneur de France, mais pas seulement...
Pendant ce temps, la situation de la planète sous tous ses aspects ne cesse de s'aggraver
A observer de plus près cette "cyber jacquerie", qui vient de jouer l'acte X, va très certainement poursuivre par l'acte XI et les suivants de son théatre de rue les prochains week end. Les gilets jaunes, au fond critiquent plus "l'Etat providence", dont ils en veulent plus sans contreparties, que l'économie libérale et ses dérives. Il veulent surtout pouvoir beaucoup consommer de tout et pas cher, en particulier du carburant pour nourrir la voiture érigée en déesse de la société de consommation, alors que La situation de la planète ne cesse de se dégrader de façon catastrophique de tous coté à cause d'une croissance démographique qui explose. Même s'il y a, comme on peut l'observer par la consommation de carburant, de gros écart entre pays pauvres et pays riches, entre 2008 et 2018 la population mondiale a augmenté d'un milliard d'habitants, passant de 6,7 milliards à 7,7 milliards et pendant la même période selon les statistique d'un institut du Minoséta, les terres arables disparaissent à raison de 100 000 km², soit entre 2008 et 2018 un million de km² (presque deux fois la superficie de la France où chaque seconde c'est 26 m2 de terres agricoles qui disparaissent sous le béton et l'asphalte). Si cette croissance démographique se poursuivait à ce rythme pour chaque décennie, en 2050 nous serions près de 11 milliards et 3 millions de km² de terres arables en moins, avec un bouleversement climatique amplifié de façon catastrophique et irréversible. Il suffit de prendre connaissance de l'appel des 15 000 scientifiques qui fut précédé par d'autres il y a plusieurs années.
La moitié des vertébrés ont disparu, mais pour la majorité des gilets jaunes ce n'est pas un problème, ce qui compte c'est le pouvoir d'achat pour aller plus souvent au Mac'do, pouvoir partir en vacance l'hiver à la neige et l'été à la mer, s'acheter un nouveau plus grand téléviseur pour voir le foot, le top 14 ou se "gaver " d'émissions débiles... Les gilets jaunes et leurs soutiens ne cessent d'affirmer qu'ils n'en peuvent plus des impôts et taxes qu'ils ne veulent plus payer, alors que la plupart ne sont pas ou peu imposables sur le revenu, mais en même temps, en vrac, ils veulent plus de services publics, plus de transports collectifs (qui sont effectivement nécessaires en zone rurale), une vraie revalorisation du SMIC, une augmentation des prestations sociales, notamment familiales pour faire plus d'enfants, ce qui est un comble, alors qu'il faudrait plutôt développer une politique anti nataliste.
Le pétrole, comme les autres énergies fossiles, n'est pas intarissable
Quelques rappels concernant la consommation de pétrole par habitant en barils/jour et ses rejets en gaz à effet de serre (GES), les gilets jaunes devraient aussi s'attarder sur ces quelques chiffres :
il faut savoir que d’un baril de pétrole (= 159 litres de pétroles) on extrait 72 litres d’essence et 34 litres de carburant diesel. La masse volumique de l'essence est de 0.74 kg/l et un gramme d'essence brûlé rejette 3.09 grammes de CO2, il vient donc : 0.74 x 3.09 = 2.28 kg de CO2 par litre d'essence brûlé. La masse volumique du gaz-oïl est de 0.85 kg/l et un gramme de diesel brûlé rejette 3.16 grammes de CO2, il vient donc : 0.85 x 3,16 =2.67 kg de CO2 par litre de diesel brûlé.
Par exemple en 2014, si l’on considèrait la Consommation de pétrole par habitant en Barils/jour par 1000 habitants nous obtenons par exemple : pour la France 28,36 (soit : 2042 litres d’essence + 964 litres de diesel et 7,1 tonnes de CO2) Allemagne 30,69 (soit : 2209 litres d’essence +1043 litres diesel et 7,7 tonnes de CO2) - Italie 24,97 (soit :1798 litres d’essence+ 849 litres de diesel et 4 tonnes de CO2) - USA 61,02 (soit :4393 litres d’essence +2074litres de diesel et 15,5 tonnes de CO2) - Japon 34,95 (soit : 2516 litres d’essence+1188 litres de diesel et 6,9 tonnes de CO2) – Inde 2,64 (soit :190 litres d’essence+ 90 litres de diesel et 672 kg de CO2 ) - Chine 7,00 (soit : 504 litres d’essence+238 litres de diesel et 1387 kg de CO2) - Mali 0,39 (soit : 28 litres d’essence+13 litres de diesel et 99 kg de CO2) – Niger 0,37 (soit : 26 litres d’essence +12 litres de diesel et 92 kg de CO2) – Burundi 0,28 (soit 20 litres d’essence +9,5 litres de diesel et 71 kg de CO2) -Tchad et République du Congo 0,18 (soit 13 litres d’essence +6 litres de diesel et 46 kg de CO2). Pour en savoir plus de la consommation barils/jour de pétrole des autres pays (http://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=91000&l=fr)
Quand on sait également qu’un Français va, par exemple, consommer en moyenne 101 kg d’aliments par an pour en jeter 20kg (21%), une dizaine d’automobiles au cours de sa vie adulte avec lesquelles il va parcourir en moyenne 12 000 km/an et consommer 840 litres de carburant (7 litres au 100 km) soit 50 400 litres au cours de sa vie, dont la durée moyenne est de 80 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes. Je passe sur les besoins pour l’habitat, les loisirs, l’habillement etc. Imaginons ce qu’il adviendrait en quelques jours si 10 milliards d’individus pouvaient adopter ce mode de vie…
Le pétrole deviendra plus difficile à extraire, car le pic d'exploitation est atteint
Le pétrole, comme toutes les énergies fossiles n'est pas intarissable. le pic de HUBERT du nom du géophysicien Marion King HUBERT qui énonce que toute ressource finie connaît un début, un milieu et une fin d’exploitation et que cette ressource atteindra tôt ou tard un niveau de production maximal qui marquera le début de son déclin. C'est en train de se produire pour le pétrole. Le pic d’exploitation atteint est dépassé, le pétrole devient plus difficile et plus coûteux à extraire. Il devient donc plus rare. Le pétrole étant devenu le sang de l’économie mondiale, il est aisé de se figurer la crise cardiaque qui résulterait de sa raréfaction et de sa disparition. Avec ou sans taxe, dès lors que la demande est supérieure à l'offre, car les stocks d’extraction aisée s'épuisent, cela ne peut que faire « flamber » les prix. L'extraction du pétrole de schiste n'échappe pas et n'échappera pas à cette logique.
La nouvelle révolution des "intelligences artificielles" risque également de ne pas être un long fleuve tranquille…
Avec les nouvelles applications "d’intelligences artificielles", on peut imaginer l’explosion de la consommation et de la production accrue par l’explosion démographique et ses besoins correspondant… Quelques exemples de production depuis 1965 : en 1965 : 5 000 tonnes, 1975 : 20 000t, 1985 : 30 000t, 1995 : 55 000t, 2005 : 110 000t, 2015 : 145 000t.
Il faut rappeler que l’extraction des terres rares et son raffinage ont un coût considérable pour l’environnement, ainsi que pour la santé des habitants riverains et des ouvriers sur place qui se plaignent de problèmes de santé avec des taux de cancer importants et des difficultés respiratoires. En cause les poussières, l’utilisation de produits chimiques en grande quantité et même radioactivité pour ce qui est du thorium.
En ne visant généralement que l’aspect positif de la nouvelle révolution numérique, les responsables politiques délaissent les effets négatifs. Passons sur la voiture sans chauffeur ou le drone taxi, les robots joueurs ou tueurs pour l’armée, la nouvelle révolution des intelligences artificielles avec une « robotisation intelligente » totale des entreprises, c'est-à-dire sans une intervention humaine, selon certains experts du forum économique mondial de Davos, entraînera la perte de plus de 5 millions d'emplois d’ici à 2025 en Europe. Mais pour d’autres, grâce à de nouvelles activités que l’on ne peut imaginer aujourd’hui, comme en 1980 nous ne pouvions imaginer les activités résultant, par exemple des plateformes numériques, ce ne sera pas pour autant la fin du travail, avec des millions de nouveaux emplois créés. Au-delà de ces prospectives d’experts, parfois contradictoires, il y a les besoins liés à une croissance démographique non maîtrisée et aux robots, dont les ressources fossiles indispensables à leur fonctionnement ne sont pas inépuisables. Après les guerres pour le pétrole, les guerres pour les terres rares, le nouvel « or noir » du 21e siècle de tous les dangers…
Le problème, c'est que par ailleurs, ni la problématique démographique, ni les besoins en électricité qui vont croître démesurément ou les Terres Rares (un ensemble de 16 à 17 éléments métalliques) qui sont aussi une énergie tarissable venant du sous-sol ne semble pas être une préoccupation des gilets jaunes, pas plus que des responsables politiques, espérant probablement que les futurs robots apporteront une réponse ?… Sans terres rares, pas d’intelligence artificielle (IA), pas de robots « intelligents », pas d'IPAD, pas d'écrans plasma ni LCD. Impossible de produire une voiture hybride ou à pile à combustible, pas d'ampoules LED basse consommation. Dans une technologie donnée où elles sont utilisées, les Terres Rares sont difficilement substituables, ou alors au détriment de la qualité et des performances. Il peut en revanche y avoir des basculements de technologies, or, aujourd'hui, la situation est alarmante. En effet, la demande de terres rares est explosive, notre dépendance totale et l'offre est sur le point de s'assécher violemment. Il n'existe peu de matières premières, dont la demande, a été multiplié par 30 fois en 50 ans.
Avec les nouvelles applications d’intelligences artificielles, on peut imaginer l’explosion de la consommation et de la production accrue par l’explosion démographique et ses besoins correspondant…
Près de 4 kilos de terres rares sont produits chaque seconde, soit près de 126 000 tonnes de terres rares produits annuellement dans le monde, dont 97% en Chine. Dans les années 1980, c'était les États-Unis qui fournissaient environ la moitié de la production mondiale.
La Chine est désormais devenue leader dans la transformation métallurgique de métaux issus de ces terres rares et elle importera bientôt des terres rares de Suède ou du Groenland pour nous les restituer sous la forme de produits finis. La demande chinoise de terres rares par exemple serait susceptible d´augmenter de plus de 50% dans les cinq prochaines années. En 2015 Chen ZHAGNHEN, vice-secrétaire général de la Chambre d´industrie des Terres rares Chinoises, prévoyait une augmentation de la consommation qui pourrait atteindre près de 150 000 tonnes à la fin de la décennie, contre 90 000 tonnes consommées en 2014. http://www.reuters.com/article/china-rareearths-idUSL4N11N0PB20150917
Avec les terres rares, la Chine tient les rênes, ce qui peut se révéler problématique, voire conflictuel à terme
La Chine, c'est 90 à 95% de la production mondiale des terres rares : elle alimente à elle seule toute la planète en terres rares. En 10 ans, elle a éradiqué la quasi-totalité de ses concurrents occidentaux par une guerre de prix destructive, à laquelle très peu ont survécu. Elle est devenue totalement « maître du jeu », alors qu'elle n'abrite sur son sol que 23% des réserves mondiales de ces ressources et ne détient que 37 % des réserves mondiales, mais contrôle 90 à 97 % de leur exploitation et réduit chaque année les quotas d’exportation.
Pour conclure
En se basant sur des études officielle, outre les problèmes par rapport à l'épuisement des ressources et énergies fossiles lié aux besoins économiques et à la croissance démographique, si rien n'est fait également par rapport aux conséquences du bouleversement climatique et des migrations qui en découleront, cela pourrait coûter 5% du PIB mondial chaque année, dès maintenant et indéfiniment. Ce qui signifie que le montant du PIB pour la France en 2017 étant de 2163,37 milliards d'euros, 5 % cela représenterait plus de 108 milliards d'euros... Si on y ajoute les dommages collatéraux cela pourrait même porter ce coût à 20% du PIB mondial, voire plus. La planète brûle de tous coté, mais pour les gilets jaunes c'est plus d'Etat providence avec moins d'impôts ...