lundi 6 février 2012 - par Cedric Citharel

L’ennemi sans visage

"L'ennemi est con, il croit que c'est nous l'ennemi."

Pierre Desproges nous a donné une définition originale et toute personnelle de l'ennemi. Mais en plus de faire des bonnes blagues, il y a plein de choses à apprendre sur nous mêmes en réfléchissant à la façon dont nous considérons / fabriquons nos ennemis.

PS : si je dresse une liste, hélas non exaustive, des "ennemis" tels qu'ils nous sont parfois présentés par les politiques et les médias, je n'adhère justement pas du tout à ces descriptions que je tente de dénoncer. Personnellement, je n'ai pas d'ennemis.

L'ennemi générique

Appelé aussi "ennemi d'exercice et d'instruction" par nos stratèges, il représente l'ennemi que nos forces armées sont censées trouver et combattre sur le terrain.

Dans les années 80, il s'appelait Igor et venait en char, envahir nos belles contrées, violer nos femmes et bruler nos curés. Sur les organigrammes et dans nos salles d'état-major, il était toujours en rouge. Nous, nous étions les bleus.

Nous avons gardé le bleu, mais tout le reste a changé. L'ennemi générique s'appelle maintenant Ali ou Mahmoud. Quand il vient en france, il est déguisé en civil mais on le reconnait heureusement facilement grâce à sa barbe. En ravanche, on peut le trouver en uniforme sur son terrain (Irak, Afghanistan...) Attention cependant, même dans les pays où il peut assumer son statut de combattant, cet ennemi est parfois assez perfide pour continuer à se déguiser.

L'ennemi intérieur

Quand la menace massée de l'autre côté de la frontière n'est pas suffisante pour terroriser les citoyens, il faut recourir à un ennemi encore plus effrayant : l'ennemi intérieur.

Pour les racistes de tous bords, l'ennemi intérieur se reconnait à son teint basané et à ses coutumes étranges, mais l'extrème droite n'est pas la seule à devoir faire peur à ses sympathisants. Les Juifs ont souvent servi d'ennemis intérieurs quand il s'agissait de trouver des bouc-émissaires pendant les crises économiques. Après tout, ils ont la main mise sur la finance internationnale et n'hésitent pas à affamer les plus nécessiteux pour affirmer leur domination sur le monde.

C'est un peu pour les mêmes raisons que la gauche trouvera un ennemi intérieur idéal avec le patron / trader / riche qui, en plus d'être malhonnète, a l'avantage de ne représenter qu'une petite partie de la population. Il résiste et se défend en arguant que sans lui, il n'y aurait pas d'emplois, cela reste à prouver.

Le centre, quant à lui, puisqu'il s'adresse à des intellectuels, préférera dénoncer l'ennemi invisible, celui qu'on ne décèle qu'en réfléchissant sérieusement. Mais ne nous y trompons pas, franc-maçons, membres de sociétés secrètes, think-tanks et réseaux d'influence sont présents et actifs sur notre sol. Bref, même ceux qui disposent d'assez de jugeotte pour ne pas tomber dans le piège de l'ennemi qui ne nous ressemble pas, il reste celui de l'ennemi qui nous ressemble.

L'ennemi sans visage

Et pour les plus retors, ceux qui ne tolèrent pas qu'on les terrorise et qu'on les oblige à haïr leurs prochains, il reste l'ennemi conceptuel.

Guerre contre le terrorisme, contre la délinquence, contre l'insécurtié, contre le sentiment d'insécurité ! Tout est bon. Mais personnellement, je pense que quand l'ennemi n'a plus de visage, cela signifie que nous sommes devenus notre propre ennemi.



8 réactions


    • Cedric Citharel Cedric Citharel 6 février 2012 15:09

      Bonjour,


      Agoravox est un site d’actualité qui permet de publier des articles d’opinion, pour peu que ces derniers soient validés par d’autres chroniqueurs.
      Écrire sur l’actualité, ce n’est pas forcément compiler des informations glanées sur le net ou commenter des faits divers.

  • jef88 jef88 6 février 2012 14:54

    Le pire du pire ?
    la guerre contre la connerie !
    On est tous le con d’un autre....
    C’est perdu d’avance ......


  • Cedric Citharel Cedric Citharel 6 février 2012 15:10

    Comme dirait l’autre : « vaste programme » smiley


  • Cedric Citharel Cedric Citharel 7 février 2012 13:27

    Un ami un jour m’a dit qu’il attendait l’apparition d’extra-terrestres parce que ce serait, selon lui, serait le seul moyen de faire en sorte que tous les hommes se sentent égaux. La psychologie humaine est ainsi faite qu’elle n’aboutit pas toujours sur le meilleur des mondes possibles, je vous le concède bien volontiers.

    J’espère néanmoins que les racistes seront un jour jugés comme on juge aujourd’hui les cannibales. On trouvera des excuses à ceux qui s’adonnaient à ce passe-temps plusieurs siècles auparavant et on enverra les autres en prison. L’humain évolue, et malgré des commentaires comme le vôtre, j’espère qu’il évolue dans le bon sens. Cela étant dit, je ne crois pas à la linéarité de l’histoire, mais c’est un autre débat.

    Pour ce qui est de l’élément de langage ’bisounours’, je vous rappelle que tout au long de notre histoire, des hommes et des femmes que vous qualifiez ainsi (honte à vous) sont morts en luttant contre le racisme. Et pour ce qui est des gens qui se considèrent comme des citoyens du monde et qui refusent de penser comme vous, je crois que vous êtes mal placé pour tenter de comprendre ce qui les motive. Malgré l’effort de sémantique dont vous faites preuve dans votre dernière phrase, il restera toujours des hommes qui n’auront pas peur des ’autres’, je comprends que ce soit dur pour un ’ethnoiste’ comme vous (tiens, je viens d’inventer un nouvel élément de langage) mais personnellement, je m’en accommode très bien.


  • PiXels PiXels 7 février 2012 17:55

    Ah le joli usage qui est fait ici du mot « Ennemi » !


     Tellement pratiques, ces mots « passe-partout » sur lesquels il est possible de s’appuyer pour faire des amalgames plus que douteux.
    Le mot « populiste » a permis récemment à nombre de nos brillants maîtres à penser médiacratiques (y compris un célèbre dessinateur fervent admirateur de la « démocratie » Qatari) de développer le raisonnement quasi mathématique suivant :
    Mme Le Pen est populiste
    Jean-Luc Mélenchon est populiste
    DONC...JLM = MLP =>donc (sous-entendu) bouhhh ! caca ! pas bien ! etc.) (CQFD ?!)

    y va à son tour d’un lumineux (et non moins mathématique) raisonnement :

     « les politiques et les médias » nous faisaient croire que l ’ennemi cétait le bloc soviétique = c’est faux !
    « les politiques et les médias » nous faisaient croire que l ’ennemi c’était le « musulman » = c’est faux
    « les racistes de tous bords » nous font croire que l ’ennemi c’est (encore) le « musumman » ou « le juif » = c’est faux

    Par voie de conséquence (pour l’auteur) toute affirmation contenant le mot « ennemi » devient une affirmation fausse. 
    (ouf ! ça tombe bien : l’auteur dans un post-scriptum qu’il a choisi de positionner dans son introduction nous annonçait fièrement « Personnellement, je n’ai pas d’ennemis »...il aurait eu l’air malin s’il avait conclu qu’il est normal d’en avoir !)

    Et puisque toute affirmation contenant le mot « ennemi » est fausse on peut déduire que :
    LA GÔÔÔÔCHE affirme que les 1% qui monopolisent le pouvoir et les richesses sont les ennemis concrets des 99% qui subissent les turpitude de ce système oligarchique = c’est faux

    C’est du moins ce qu’aux yeux de M. Citharel, il fallait démontrer
    La gauche (qui s’adresse à des ploucs ?!) ne raconte que des conneries...contrairement au Centre qui lui s’adresse à des intellectuels (NON, NON, ne riez pas...c’est écrit dans l’article !)
     (CQFD ?!) 
    Imparable non ?

    A noter pour la forme, l’habile dérive ou comment l’auteur partant de la notion d’ennemi glisse vers celle de la haine !
    Et je termine par une question à l’auteur ?

    Vous qui considérez faire partie des « retors » 
    cet appel insistant des médias à la haine à l’encontre du « patron / trader / riche qui, en plus d’être malhonnète, a l’avantage de ne représenter qu’une petite partie de la population »  ? 
    c’est ici ? en France ? 
    Vous avez vraiment le sentiment que nos médias nous « terrorisent  » à force de dénoncer les abominations perpétrées par ceux qui détiennent argent et pouvoir ?

    Ou malgré vos efforts, vous rencontrez quelques difficultés à  « rester en contact avec la réalité »  ? 

    Moi, Monsieur contrairement à vous, je sais que j’ai (au moins) un ennemi (peut-être maintenant un 2d avec ce commentaire )
    Et si cet ennemi pouvait être mis hors d’état de nuire à la quasi totalité de la planète, j’en serais très heureux et je pense que je ne serais pas seul sur terre à éprouver ce sentiment !

    • Cedric Citharel Cedric Citharel 7 février 2012 19:29

      Bonjour,


      Relisez bien. Je n’affirme pas que toutes les utilisations du mot « ennemi » sont fausses, je m’inquiète seulement de l’utilisation qui en est faite sur le plan militaire comme sur le plan politique.

      C’est par souci d’impartialité que je dresse une liste rapide (je vous le concède) des abus dans l’utilisation de ce terme, justement parce qu’il n’y a pas besoin d’habile dérive pour glisser de la notion d’ennemi à celle de haine.

      Je ne m’inclus pas non plus dans le clan des ’retors’ puisque je n’adhère pas aux théories de l’ennemi conceptuel.


      Bref, j’ignore de qui vous parlez en citant cet ennemi que vous souhaiteriez voir mis hors d’état de nuire [sur] la quasi-totalité de la planète, mais si vous nous éclairiez sur ce point, plutôt que de me faire un procès d’intention, le débat y gagnerait en clarté.


      Cordialement et sans animosité.


      PS : si vous pouviez éviter de crier, en gras, en rouge et en capitales, cela permettrait peut-être d’apaiser le débat...


  • PiXels PiXels 8 février 2012 11:29
    Bonjour

    on a déjà gagné ceci que maintenant vous mettez le PS à la fin...
    Si vous le permettez encore un modeste petit conseil : 
    PS signifiant « post scriptum » c’est-à-dire « ce que l’on ajoute à une lettre après la signature » (définition Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/post%20scriptum ), 
    « NB » (pour nota bene) eût été plus judicieux.
    D’autre part, je vous remercie de ne pas présupposer que les caractères gras, en rouge ou en capitale sont synonymes de « cris ». 
    Cet effort est destiné, au même titre que la ponctuation, à fluidifier la lecture ou à mettre en évidence certains propos qui peuvent me sembler mériter une attention toute particulière en vue d’une meilleure compréhension (d’ailleurs si les capitales peuvent avoir pour certains, par convention, cette « vocation », ce n’est absolument pas le cas pour les caractères gras !) 
    Si malgré cette précision, ces caractères gras vous provoquent encore des acouphènes , je ne manquerai pas de me départir de cette habitude.

    « Relisez bien. Je n’affirme pas que toutes les utilisations du mot »ennemi« sont fausses, je m’inquiète seulement de l’utilisation qui en est faite sur le plan militaire comme sur le plan politique. »
    Je vous invite à votre tour à relire attentivement mon commentaire : vous comprendrez certainement ce que je reproche à votre article.
    Evidemment que vous n’affirmez pas....mais vous induisez :
    nous avons tous constaté qu’ en 1981 les chars soviétiques n’ont pas envahi les Champs Elysées comme annoncé ....ce qui induit que l’affirmation selon laquelle le bloc soviétique était un ennemi est fausse !

    Mais ce que j’ai cherché avant tout à vous faire remarquer, c’est que, peut-être involontairement (d’autres le font en toute connaissance de cause !),vous pratiquez l’ « amalgame »  :

    vous mettez dans le même sac des notions qui n’ont aucun rapport si ce n’est  leur dénomination commune. 
    Pensez-vous que le mot « ennemi » a la même signification quand je parle des « écologistes qui sont les ennemis des chasseurs » et quand je rappelle que « pendant la guerre de sécession les nordistes étaient les ennemis des sudistes » ?
    A-t-il la même valeur quand ce mot est utilisé par un français craignant un affrontement militaire avec feue l’URSS et quand un socialiste fustige la finance ?

    Essayez avec le mot « ami » (mon ami Félix, Les Allemands sont nos amis, nos amis les animaux, etc.), ou avec le verbe « aimer » (j’aime ma femme, j’aime mon chien, j’aime le chocolat..)
    Vous viendrait-il à l’esprit de comparer votre femme à votre chien ou au chocolat au prétexte que vous les aimez les tous les trois ?
    C’est ce que vous avez fait dans cet article avec le mot « ennemi » !

    C’est cette même utilisation qui est faite du mot « fourre-tout » populiste par certains éditorialistes mal intentionnés pour mettre Mme Le Pen et JL Mélenchon dans un même sac au prétexte que tous deux le seraient (?)...laissant ainsi à penser que les deux se valent et que les idées qu’ils défendent sont identiques...ce qui, cela va sans dire, est un contre-sens total !(amis ça va encore mieux en le disant.)


    « VJe ne m’inclus pas non plus dans le clan des ’retors’ puisque je n’adhère pas aux théories de l’ennemi conceptuel. »
    Permettez-moi de vous dire que cette affirmation pose un gros problème de cohérence avec le reste de vos propos (j’espère pour vous que vos polars ne présentent pas les mêmes incohérences) :

    Vous affirmez en intro « je n’ai pas d’ennemis »
    Puis vous dites « Et pour les plus retors, ceux qui ne tolèrent pas qu’on les terrorise et  qu’on les oblige à haïr leurs prochains » 
    Si vous n’avez pas d’ennemi, cela implique que vous êtes dans la catégorie de ceux qui ne tolèrent pas qu’on les oblige à haïr leur prochain.
    (Si vous aviez toléré....vous eussiez Haï.....et vous auriez donc des ennemis !)

    Je persiste donc et je signe :
    vous faites donc partie des plus retors (à l’insu de votre plein gré ?) car rien dans votre article concernant cette catégorie que vous avez pourtant créée vous-même, n’implique que ne pas adhérer aux théories de l’ennemi conceptuel écarte de la catégorie « des plus retors » !
    Et heureusement car sinon...c’est le bug assuré !

    « Bref, j’ignore de qui vous parlez en citant cet ennemi que vous souhaiteriez voir mis hors d’état de nuire [sur] la quasi-totalité de la planète, mais si vous nous éclairiez sur ce point, plutôt que de me faire un procès d’intention, le débat y gagnerait en clarté »
    Tout d’abord sachez que ma volonté n’est pas de vous faire un « procès d’intention », ne voyez aucune animosité dans mes propos, juste l’envie de vous donner mon humble avis sur votre article.

    Ce n’est pas la terminologie que j’aurais personnellement employée, mais puisque tel est votre choix, je reprends ce vocable :
    contrairement à vous qui « n’adhérez pas aux théories de l’ennemi conceptuel » je pense qu’une véritable guerre « économique » (je précise pour ne pas faire à mon tour « damalgame ») est menée par l’oligarchie financière (pour faire simple) à l’encontre du reste de la planète.
    Bien que prenant une forme différente, cette « guerre » n’en répand pas moins la mort et la misère !
    Afin de ne pas sortir du sujet, je ne développerai pas ce point de vue.
    Mais je ne crains pas de vous le confirmer : 
    même si cela peut vous apparaître utopique je considère que « aucun être humain ne devrait posséder deux paires de chaussures pendant que d’autres marchent pieds nus. »
    J’identifie clairement comme mes (nos) ennemis tous ceux qui par un égoïsme forcené accaparent à leurs seuls profits les ressources et les richesses au détriment de ceux qu’ils font trimer et qu’ils exploitent !
    Mais je vous le confesse également volontiers...j’ai le coeur bien à gauche !

    Cordialement





  • PiXels PiXels 8 février 2012 16:24

    Je serais curieux de savoir s’il vous est possible de faire valoir un argument raisonnable (un seul !) 

    relatif  ou pas à la charte, susceptible de justifier le repli de mon précédant commentaire ?

    Faute d’une réponse, je me verrai contraint de considérer cette décision comme purement arbitraire !

    Cordialement

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