Les Pâques d’Emmanuel Macron
Les Pâques d’Emmanuel Macron (réflexion sur …)
Le jour où selon la tradition, le Christ s’élevait dans les cieux, Emmanuel Macron descendit de l’Elysée dans les foyers. Ce qui, si l’on se rappelle qu’Emmanuel veut dire (« Dieu est avec nous »), tombait bien.
Et comme il en a l’habitude, il sut se montrer sympathique et trouva les mots pour se faire aimer (1) .
Y compris de ceux sur lesquels il laissait tirer au LBD et estropier, il y a quelques semaines encore. Avec l’entrain d’un fidèle galonné parisien qui rappelait avec franchise et transparence qu’il ne faisait pas partie de leur monde. Parce qu’ils avaient l’outrecuidance de ne pas aimer ce que leur faisait subir l’être à aimer.
Et le lundi de Pâques, tous les sans grades, les peu payés, et les malheureux eurent le bonheur d’être cités, remerciés, félicités. Et eurent doit à l’annonce du président, non du bonheur éternel quand même (surtout que cela avait été déjà fait), mais à celle plus immédiate et tangible, d’une vie sur terre différente et meilleure que celle que leur avaient fait subir, et lui, et ses prédécesseurs.
Et l’on a même crû à un moment que le discours que le chef de l’Etat lisait ou avait appris, avait été rédigé par Philippe Martinez (secrétaire général de la CGT) et François Asselineau (conférencier du Frexit).
Etat de grâce, que l’on avait ressenti jadis en écoutant Nicolas Sarkozy (2), qui était tout sauf « gaulliste », mais qui savait réciter les strophes imaginées par un porte plume (Henri Guaino), qui avait la réputation d’avoir été « gaulliste » ou plus paradoxalement, avait celle de l’être demeuré.
Selon une dialectique bien rôdée et bien connue, le président répéta que ce qui avait été fait était ce qu’il avait fallu faire, qu’il n’était pas responsable de ce qui n’avait pas marché, que ce qu’il restait à faire, sera fait, vite et comme il faut. Et il promit qu’il demandera à ceux qu’il ne peut ni ne veut commander, d’être aimables et gentils (banquiers, compagnies d’assurances). Il rappela aux autres qu’ils devaient être disciplinés et qu’ils ne devaient pas contaminer leurs semblables
Le 11 mai, le « déconfinement » aura lieu … sauf là où il ne pourra pas intervenir. Les établissements dans lesquels les êtres humains se côtoient resteront fermés au delà de cette date : les restaurants, … mais pas les crèches ; les universités, mais … pas les écoles. Peut-être ou pas avec du « tracking ».
Il y aura suffisamment de masques et de tests pour protéger et tester les personnes qui … pourront l’être.
Et il y aura des respirateurs de plus pour faire face demain à une demande, qui jusqu’à hier avait été satisfaite.
Quant aux traitements destinés à sauver la vie des personnes atteintes et en attendant un vaccin, la porte était ouverte à toutes les expérimentations.
Mais patatras ! Dès le lendemain de l’annonce présidentielle sur la révision du système financier, voilà que le ministre des finances B. Lemaire, martèle ( une fois encore, comme après le discours du 12 mars d’E. Macron) qu’il « faut plus de dette (3) pour sauver plus d’entreprises ». !!! Aïe !!! Donc, avec les conséquences que l’on n’a pas besoin d’imaginer puisqu’on les connaît.
Mais patatras ! Le jour même, le président de la République omet d’annoncer l’abrogation du décret du 25 mars 2020 qui empêche (porte fermée pour le coup !!! ) les médecins de ville de prescrire un médicament dont les premières utilisations pour le « covid 19 » tendent à montrer, de plus en plus, qu’il peut sauver des vies. Avec les conséquences que l’on imagine (4) .
En guise de conclusion ...
Les médias et la classe politique ont donc matière, après avoir tenu en haleine les citoyens, sur ce que le président pourrait bien dire le 13 au soir, à paraphraser et commenter ce qui a été dit. En faisant simplement attention à l’impact possible des commentaires sur l’usage de leur bulletin de vote par les électeurs.
Il est sans doute illusoire de penser qu’à la suite de cette épidémie, les choses ne seront pas comme avant. Les êtres humains sont faits de telle manière qu’après une période transitoire, ils feront ce qu’ils ont toujours fait parce qu’ils sont … ce qu’ils sont.
Comme ce fut le cas après toutes les épidémies, et après toutes les guerres (5) .
Ce qui est humainement envisageable, c’est, comme à l’habitude, de faire le bilan des responsabilités. Avec quelques punitions infligées à ceux (au gouvernement ou dans les entourages) dont l’action, l’inaction, ou les propos peuvent tomber sous le coup de la loi pénale. (6)
Et c’est aussi trouver, (et à condition que surgisse une personnalité nouvelle capable d’incarner cette volonté et de mettre en œuvre cette dernière, et comme toujours également contre des intérêts contraires plus ou moins puissants), quelques parades (par exemple à inscrire dans la constitution) contre la reproduction immédiate par les élites de certains de leurs comportements.
Dans la perspective de retarder le plus possible la date à laquelle la nature humaine … reprendra le dessus (7).
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités.
(1) Ce qui n’étonnera pas les lecteurs du « Figaro Madame » qui définit ainsi les Emmanuel : « Personnalité/Caractère : L'admiration est un des principaux moteurs d'Emmanuel. Il a besoin du regard et de l'approbation des autres. Il aime être entouré et s'épanouit en communauté… ». NB. Sur les analyses (amusantes au regard de ce qui vient d’être reproduit) des « psys », voir sur internet.
(2) On se rappelle l’émouvante profession de foi de Nicolas Sarkozy à Toulon le 25 septembre 2008 : « il faut réglementer les banques (sic) pour réguler le système (sic) … La crise devrait amener à une restructuration de grande ampleur de tout le système bancaire mondial (sic) … Il faut que l’Etat intervienne (sic) , qu’il impose des règles (sic), qu’il investisse (sic) , qu’il prenne des participations (sic) … J’appelle l’Europe à réfléchir sur sa capacité à faire face à l’urgence, à repenser ses règles (sic) , ses principes (sic) , en tirant les leçons de ce qui se passe dans le monde » (sic) , etc…
On se rappelle également les entraînants slogans du candidat François Hollande sur ces mêmes questions.
(3) Ce qui, … en toute transparence, veut dire :
a) financement par des prêts : donc les prêteurs demeurent les dirigeants réels de la politique de l’Etat.
b) l’élite organise les remboursements de la dette de la (seule) manière qu’elle connaît : - abandon au secteur privé de ce qui était la « propriété » de la collectivité (vente ou concession sous diverses formes du patrimoine immobilier, cession au privé des services publics et des systèmes de protection comme l’assurance maladie, les retraites), - interdiction faite à l’Etat de s’immiscer dans le libre jeu des intérêts de ceux pour lesquels elle travaille et d’avoir une politique fiscale qui soit juste. - obligation faite à l’Etat de diminuer les protections diverses dont peuvent jouir les gouvernés (baisse des prestations et des rémunérations, suppression des règles protectrices des salariés, comme celles du droit du travail et au travail).
(4) Les personnes touchées par le virus, qui n’habitent pas à Marseille ou dans les villes dans lesquelles les praticiens hospitaliers accepteront - et s’ils le peuvent matériellement - d’ouvrir leurs portes à des malades légers sans attendre que ces derniers aient besoin d’être incubés, diminueront leurs chances de voir leur droit à la vie respecté.
En même temps (ou en revanche), les laboratoires qui travaillent à la mise sur le marché des substances nouvelles spécialement dédiées à ce virus particulier, ne voient pas réduire à la baisse leurs espoirs de chiffre d’affaires, par la prescription généralisée d’un produit prometteur en l’état, ancien et peu cher, mais potentiellement concurrent.
Ce qui est une maigre consolation pour les familles, même si ces dernières pourront, grâce au président, embrasser un proche pour la dernière fois.
(5) Après la dernière guerre mondiale, des mesures ont été prises (mesures sociales, interventionnisme de l’Etat … programme du CNR) … Pas longtemps. Très vite, ce fut à nouveau la loi du plus fort donc celle des injustices, qui se ré-installa. Consacrée de manière solennelle et éclatante par F. Mitterand avec le traité de Maastricht, et activement pratiquée par ses successeurs, jusqu’à Emmanuel Macron compris. Avec, évidemment un mode de « gouvernance » réel qui peut interpeller : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-parlementarisme-rationalise-vu-222898
NB. C’est la raison pour laquelle nous pensons que ceux qui affirment qu’ils « travaillent à l’amélioration du genre humain » (à moins qu’on ne transforme les êtres humains comme on le fait avec les légumes grâce au « génie génétique ») sont de doux rêveurs. Et qu’ils feraient mieux de s’interroger sur les moyens propres, à chaque époque, d’empêcher les « non améliorés » de nuire.
(6) Il est possible que quelques ministres seront traduits en justice. Il n’est pas certain, pour diverses raisons, notamment celle tenant à la composition de la juridiction actuelle (« Cour de justice de la République ») chargée d’apprécier leur comportement, que lesdits présumés innocents puissent être condamnés. Restera à étudier la question de la responsabilité pécuniaire de l’Etat : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-virus-covid-19-et-la-222270.
(7) quelques pistes dans : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-virus-neutralisera-t-il-222710