jeudi 11 août 2016 - par Christian Labrune

Un dieu farceur

Ceux qui sont assez vieux pour avoir connu les années 60 se rappellent peut-être encore une émission de l'ORTF qui s'intitulait La caméra invisible . Mon propos n'est pas ici de susciter la nostalgie d'une émission qui avait connu un grand succès et qui semble encore souvent imitée, mais de parler d'un personnage assez invisible lui aussi, assez souvent invoqué ces derniers temps, et pour notre plus grand malheur : Dieu.

Dès lors, pourquoi, dira-t-on -, et non sans raison !-, un tel détour ? Eh bien, parce que la caméra invisible  n'est pas sans quelque rapport avec un monothéisme qui présuppose à la fin des temps un jugement dernier, et pour tout mortel, le passage inévitable d'un monde dans un autre. Passage de la cité d'ici-bas à la « Cité de Dieu », pour parler comme Augustin. Ici-bas, le monde des apparences, la caverne platonicienne où nous ne voyons obscurément que les ombres d'une vérité toujours inaccessible, et de l'autre côté de la mort, dans la Jérusalem céleste, l'accès enfin à la Vérité pure.

La caméra invisible fonctionnait un peu de la même manière que ces textes des premiers temps du christianisme, qui parlent de l'Apocalypse, le plus connu étant celui de Saint-Jean résultant de ses vision dans l'île de Patmos. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens qui voient dans l'apocalypse quelque chose de terrible (apocalypse nucléaire par exemple) le mot, à l'origine, venant du grec, signifie simplement dévoilement ou révélation. L'apocalypse anticipe en quelque manière la révélation qu'aura tout homme au jour du jugement dernier, lorsqu'il verra en face un tout autre monde.

 

La caméra invisible était donc une manière d'apocalypse pour ses « victimes ». Telle jeune vendeuse chez un fleuriste était envoyée par ses patrons faire une course à l'autre bout de Paris. Au retour, le magasin où elle travaillait déjà depuis si longtemps avait été rapidement transformé en salon de coiffure(*). Quelle surprise ! On la voyait, effarée, regarder autour d'elle, mais elle était assurément dans un quartier qu'elle avait pourtant cru connaître parfaitement. A la fin, elle se décidait à entrer, à poser quelques questions ; on lui répondait très gentiment qu'on était installé là depuis des années. Mais non, il n'y a jamais eu de fleuriste dans cet immeuble, Mademoiselle ! Et les clients amusés, qui étaient de bons acteurs, ne pouvaient que confirmer la chose, bien évidemment. Au moment où la pauvre fille, qui était passée sans transition d'un monde dans un autre, sans qu'elle pût décider lequel était le vrai, commençait visiblement à douter de sa santé mentale, intervenait la phrase inévitable : « vous êtes filmée pour la caméra invisible ! ». Et tout le monde d'éclater de rire, même la victime.

 

La dimension métaphysique de la caméra invisible ne m'est apparue cependant qu'il y a quelques années lorsque j'ai vu tout à fait par hasard à la télévision une imitation du même procédé mais réalisée par des Américains. Inutile de dire que c'était beaucoup moins subtil et même d'une répugnante perversité : Réunion le soir, entre amis (tous complices du metteur en scène) dans un pavillon de banlieue. La jeune victime avait été placée près d'une fenêtre ; elle voyait bientôt passer dans la pénombre du jardin un homme à la mine patibulaire muni d'un énorme couteau. Elle le signalait aux autre, mais personne ne paraissait y prêter attention. A la fin, l'individu se précipitait dans sa direction, levant très haut sa lame comme s'il avait dessein de l'égorger. On imagine sans difficulté ce qu'elle pouvait ressentir. Bien méchante farce, digne cette fois du grand guignol, et propre hélas à n'amuser que des imbéciles.

La question qu'on doit se poser est celle-ci : qu'est-ce que peut ressentir le spectateur de ces sortes de films ? Sa jouissance vient probablement du fait qu'il se trouve placé dans une position qui serait celle d'un dieu connaissant l'avenir aussi bien que le passé et le présent. Il est extérieur au monde des apparences ou un autre se trouve emprisonné, il sait d'avance, ce qui va se passer prochainement. Il pourrait être la victime de l'énorme farce, il sait très bien ce qu'il ressentirait, mais pour l'instant, il est du côté de celui qui tient en sa main le fil des destinées. La chose peut tout à fait être à la limite du sadisme, comme dans le second exemple, mais cela ne l'affecte pas du tout puisqu'il s'agit d'une simple farce dont personne ne souffrira longtemps et au terme de laquelle tout, par contraste, n'en sera que mieux.

Pour l'athée, la question de savoir s'il y aurait un autre monde au-delà de celui qu'il connaît, et vers lequel il y aurait un passage n'a aucune espèce de sens. Mais pour ceux qui croient en l'existence d'un dieu, le vrai monde n'est assurément pas celui que nous connaissons où, comme dit Baudelaire, « la boue est faite de nos pleurs ». Il doit nécessairement en exister un autre qui se dévoilera au terme de tant d'épreuves pénibles qui composent la vie. Ces épreuves ressemblent beaucoup à celles qu'on impose, à très forte dose, aux victimes de la caméra invisible.

QUE LE DIEU DES MONOTHEISMES EST NECESSAIRMENT UN FARCEUR

Et si la vie n'était qu'une farce ? « Acta est fabula », aurait dit déjà, bien avant le christianisme, l'empereur Auguste à quelques heures de sa mort. Le thème est très ancien, mais force est de constater qu'il est absolument impossible, pour qui tient à croire à l'existence du dieu plein de bont qu'évoquent les révélations monothéistes, de se le représenter autrement que sous les traits d'un aimable farceur. S'il n'était pas un farceur, il ne serait pas le « bon » dieu, mais l'esprit du mal en personne.

Prenons un exemple que tout le monde connaît, celui de cette petite fille, en 1985, coincée dans un trou d'eau en Colombie, après l'éruption du Nevado del Ruiz. On ne peut rien faire pour la tirer de là et elle meurt face aux caméras du monde entier. Peut-on imaginer quelque chose de plus atroce ? Si je crois à l'existence de Dieu, je suis bien forcé de penser qu'il n'est probablement pas plus méchant que les metteurs en scène de toutes les caméras invisibles, et il ne s'agit donc que d'une farce. Elle nous paraît abominable, certes, mais de l'autre côté de la mort, c'est une « éternité de bonheur », comme dirait Pascal, qui attend la pauvre enfant, et tout de suite après son dernier souffle, des anges, à n'en pas douter, lui auront dit probablement quelque chose comme « c'était pour la caméra invisible !!! ».

Si on peut faire quelque chose pour sauver quelqu'un qui est en danger, on le fait, sauf s'il s'agit d'une farce, fût-elle du plus mauvais goût, mais dont on peut prévoir qu'elle n'aura pas de conséquences fâcheuses. Dieu aurait pu faire que cette enfant ne mourût point. Pourquoi n'a-t-il rien fait ? Parce que ce n'était qu'une farce, peut-être un peu cruelle, comme toutes les farces, mais par laquelle il la privait d'une vie terrestre rarement heureuse dans ces pays peu développés, pour lui offrir l'instant d'après un bonheur infini dans son paradis.

Le problème, c'est que si j'explique ça à quelqu'un qui croit en Dieu, et pourvu qu'il s'agisse d'un être de bonne volonté, comme on dit, et non point d'un pervers, je susciterai inévitablement une réaction horrifiée : l'existence du mal sur terre scandalise le chrétien comme tout un chacun, et on peut raisonnablement se demander si le retour du thème de la théodicée chez Leibniz en 1710 n'était pas le symptôme d'une première faille dans la certitude chrétienne : l'entreprise, il faut bien le dire, était désespérée et perdue d'avance. Voltaire en aura bien ri !

Alors, je lui rappellerai, à notre »chrétien », pour l'embarrasser encore un peu plus, la phrase qu'on prête, lors de l'abominable sac de Béziers (un épisode sanglant de la croisade des Albigeois), au moine Arnaud Amaury : « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Difficile travail en effet, et impossible sur une scène de guerre, que de distinguer les parfaits chrétiens des hérétiques. l'Inquisition procédant plus tranquillement à des interrogatoires sous la torture rencontrait déjà les pires difficultés. Mais quelle importance, de toute façon, si on tuait par erreur un vrai chrétien ? Peut-être le pauvre homme souffre-t-il de cors aux pieds, de maux de tête ou d'estomac. Une fois occis, il se retrouvera dans un purgatoire tout neuf et récemment inventé, peut-être même en paradis. On aura donc abrégé providentiellement ses souffrance et il ne perdra pas au change d'une vie pénible et passagère dans un monde pourri pour une vie éternelle dans la Cité de Dieu.

Les chrétiens d'aujourd'hui seront bien forcés, s'ils se penchent sur les horreurs de ce monde, de convenir qu'un Dieu, s'il était tout-puissant, serait nécessairement en mesure de les empêcher, et que s'il ne le fait pas c'est qu'il est, AU MIEUX, un sacré farceur. Dans le même temps, ils sont tellement attachés, nos chrétiens – et qui songerait à le leur reprocher  !– à ce monde terrestre qu'ils ne parviennent plus du tout à croire ce que la religion leur imposerait pourtant de la manière la plus impérieuse : la mort d'autrui, surtout quand il s'agit d'un proche, ce n'est plus pour eux, - si cela l'a jamais été !-, le simple franchissement d'une porte séparant deux mondes. C'est qu'ils sont, comme dit Marcel Gauchet, « sortis du religieux ». Ils parlent d'amour, ils gâtiseront volontiers à perte de vue sur ce thème assez niais, mais c'est peut-être parce que c'est le meilleur moyen pour eux de ne pas voir que Dieu s'amuse à les mener en bateau, et de se dissimuler qu'il le fait quand même très souvent de la manière la plus atroce : qu'on songe à ce que vivent actuellement les chrétiens d'Orient et ici même à la fin horrible du pauvre vieux prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray.

J'évoquais la croisade des Albigeois. Avec Arnaud Amaury, on est au tout début du XIIIe siècle. Beaucoup d'eau, depuis, aura passé sous les ponts : l'émergence du rationalisme quatre siècles plus tard, puis la philosophie des Lumières. Tout cela nous fait désormais jeter un regard de pitié horrifiée sur ces époques lointaines, mais si nous considérons ce qui se passe au Moyen-Orient du côté de l'état coranique, rien n'a vraiment changé. S'il est assuré, conformément à je ne sais quelle « révélation », qu'il y a bien une autre vie, le propos du moine Amaury découlant de ce postulat -qui, à l'époque n'en était pas un-, est d'une logique tout à fait imparable. Massacrer aujourd'hui des koufar pour qu'ils aillent en enfer et dans le même instant se faire sauter à la dynamite dans un lieu public pour rejoindre les soixante douze vierges dans le paradis d'Allah, quoi de plus logique et de plus conforme à la révélation coranique ? Un théologien musulman comme Youssef al-Qaradâwî, dans ses prédications sur Al Jazeera, aura tenu durant des années un discours tout à fait équivalent à celui du moine que j'évoquais plus haut. On n'est donc pas encore tout à fait sorti de la sinistre auberge médiévale.

Christian Labrune

(*) Ou l'inverse, c'est déjà si loin !



61 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 11 août 2016 09:28
    « Dès le début, les hommes se sont servis de Dieu pour justifier l’injustifiable. »

    Les versets sataniques 
    Salman Rushdie 

    • Christian Labrune Christian Labrune 11 août 2016 14:01

      ERRATUM
      J’ai écrit, et je m’en suis aperçu trop tard, une phrase qui laisserait entendre que l’Inquisition pouvait fonctionner déjà au début de la croisade des Albigeois. Le siège de Béziers a lieu en 1208-1209, et c’est donc durant cette période qu’Arnaud Amaury aurait prononcé la phrase terrible que je cite et qui est peut-être bien une invention d’un moine allemand rapportant les faits. Or, l’inquisition ne commence à siéger dans la région qu’à partir de 1233. Cela ne change rien du tout quant au fond, mais même si on n’est pas historien, il est hors de question de prendre des libertés avec la chronologie !


  • gruni gruni 11 août 2016 09:56

    Oui je me souviens de la caméra invisible, c’était bien. 

    Quant à Dieu, s’il sait ce qui se passe et ne fait rien, il n’est pas seulement jaloux mais aussi cruel. S’il ne sait pas, c’est un sacré je-mon-foutiste. J’espère qu’au moins il n’a pas fait une autre création du même genre que la terre. Nous avons déjà assez de problèmes comme ça, sans voir débarquer des extraterrestres.

    • Christian Labrune Christian Labrune 11 août 2016 17:33

      S’il ne sait pas, c’est un sacré je-mon-foutiste.

      @gruni
      Vous blasphémez, et qui pis est, à la suite d’un article qui, dans la plus pure tradition de la théodicée, tâche de plaider en faveur de Dieu et de lui laisser une dernière chance. Etre un « farceur », certes, ce n’est peut-être pas tout à fait la promotion dont il rêvait, mais c’est tout de même mieux que rien. Vous êtes vraiment sans pitié pour un pauvre diable. Si vous saviez ce qui se passe là-haut, vous seriez probablement plus indulgent.
      L’Immaculée Conception m’est apparue bien des fois dans la grotte des Buttes-Chaumont, ce qui fait que je commence à connaître assez bien la situation dans les plus hauts étages. Je peux vous assurer que tout cela n’est pas bien folichon et je ne songerais pas à en rire. Quelle pitié, quand j’y pense !


    • L'enfoiré L’enfoiré 11 août 2016 19:10

      @Christian Labrune,


       J’ai dû, un jour, voir passer cette émission française, mais je n’avais pas la télé à l’époque de diffusion.
       Par contre, j’ai suivi beaucoup de « Caméra cachée » comme celle-ci

       Le lien avec l’idée que vous développez me semble assez éloigné.

       Sinon, de dire comme j’ai revu le Pacha à la télé hier : que pour beaucoup :
      « le jour où on mettra les cons sur orbite, beaucoup n’auront pas fini de tourner ».
       Mais j’aime les citations de Audiard et c’est peut-être la raison. smiley

    • Christian Labrune Christian Labrune 11 août 2016 21:08

      @L’enfoiré
      Merci pour ce lien. J’aime beaucoup cette séquence qui n’a pas dû être très facile à réaliser. Contrairement à ce que vous écrivez, il y aurait beaucoup à dire, me semble-t-il, sur sa portée quasi métaphysique, sur l’enchaînement « des causes et des effets », comme aurait dit Voltaire ironisant à propos des développements de Leibniz, mais je vous accorde que vous trouverez nécessairement bien d’autres « caméras cachées » qui n’auront aucun rapport avec mon propos.

      la question que je me posais est à peu près la suivante : on n’admet, dans le monde civilisé, le spectacle d’une certaine forme de cruauté, qu’à condition qu’elle soit un simulacre et n’entraîne pas de conséquences ; à condition que ce soit, comme dans ce film, une suite d’atrocités « pour rire », comme au grand guignol, et même si les témoins n’en peuvent rire qu’à la fin. La cruauté de Dieu, qu’on voit tous les jours et partout, est-elle ou non un simulacre de cruauté ? Peut-on dire, face à des massacres abominable ou face à un génocide, par exemple, qu’il s’agit d’une cruauté « pour rire ». Pour quelqu’un qui croirait dur comme fer à l’existence de dieu, il s’agirait nécessairement d’une cruauté pour rire, dans un faux monde sans rapport avec le vrai d’après la fin des temps, mais ces choses-là, de fait, n’ont jamais fait rire personne, et c’est ce qui me donne à penser que les « croyants » eux-mêmes, dès qu’ils se sont élevés un peu au-dessus de ce qu’il y a de plus archaïque et primitif dans l’humanité, ne croient pas le moins du monde à ce qu’ils croient croire.


  • tashrin 11 août 2016 10:11

    le vrai monde n’est assurément pas celui que nous connaissons où, comme dit Baudelaire, « la boue est faite de nos pleurs ». Il doit nécessairement en exister un autre qui se dévoilera au terme de tant d’épreuves pénibles qui composent la vie
    vous avez tout dit
    La vacuité de la vie terrestre, la quete de sens, l’absurdité et l’injustice du monde sont parfois à ce point insupportables que certains finissent par penser que ca n’est pas possible et qu’il ya forcement autre chose. Le surnaturel et la superstition expliquent ce que l’on ne peut expliquer


    • howahkan Hotah 11 août 2016 10:47

      @tashrin

      Salut, pour moi le problème qui fait mal est d’essayer de fuir ce fait de l’absurde, du non sens comme de la souffrance donc etc

      chercher un sens ou essayer d’ expliquer comme d’ ignorer, enfin feindre de l’ignorer,sont aussi des fuites, ce qu veut dire que en fait le sujet n’est jamais compris, vu, perçu ,saisis etc ....alors le non sens qui fait mal et rend fou et en souffrances persiste

      les cauchemars ou l’on fuit à toutes jambes mais ce que je fuis reste désespérément accroché à mes basques et cela fait que je me réveille en sueurs, haletant, en état de panique nous disent cela...mais là encore que fait on ? on fuit de plus en plus malgré que la fuite soit au ralenti minimum et que la fuite ne arche pas
      question : qu’est ce qui nous indique cela dans nos rêves ? quelque chose saurait donc... ??

      notre vie n’est plus que fuite.....ce n’est plus une vie....


    • pemile pemile 11 août 2016 11:12

      @howahkan Hotah « notre vie n’est plus que fuite.....ce n’est plus une vie.... »

      D’après Laborit, la fuite est au contraire la seule solution pour préserver sa santé.

      http://www.elogedelasuite.net/?p=185

      L’éloge de la fuite, c’est « l’éloge de l’imaginaire, d’un imaginaire jamais actualisé et jamais satisfaisant, c’est la Révolution permanente ».


    • howahkan Hotah 11 août 2016 11:44

      @pemile

      salut,

      cela demanderait d’être développé, pas l’avis de Laborit qui ne m’intéresse pas, et qui va étrangement dans le sens des pouvoirs, tiens tiens tiens !! je ne parle que par rapport à des faits expérimentés , vus, revus, compris, factuels donnant des changements concrets ,directs, profond etc dans la psyché donc dans la vie personnelle et de tous les jours sans rien chercher directement ,uniquement par effet secondaire de comprendre ..et pas de l’imaginaire ,de la supposition, de l’intellect pur , du désir etc

      mais dit comme cela sans un développement adéquate cela ne veut pas dire grand chose voir rien bien sur.... sauf à celui qui voit et vit aussi cela...

      dans certains de mes articles je développe cela...à mon rythme quand je sens que je doive le faire..

       smiley


    • Abou Antoun Abou Antoun 11 août 2016 17:34

      @howahkan Hotah
      pas l’avis de Laborit qui ne m’intéresse pas
      pemile vous propose une excellente référence sur un sujet que vous abordez, et c’est tout ce que vous trouvez à répondre !
      En somme il n’y a que votre avis qui vous intéresse, sans doute parce que vous le partagez.
      Les bouquins de Laborit c’est autre chose que votre logorrhée et vous feriez bien de lire un peu au lieu d’écrire n’importe quoi.


    • howahkan Hotah 11 août 2016 23:41

      @Abou Antoun

      salut ami élitiste, tu peux suivre qui tu veux certes, dois je être obligé d"être aussi aveugle que le troupeau ??

      j’ai eu un tel dilemme imbécile et con à l’armée alors obligatoire , j’ai dis non, ma vie dans la balance...j’aurai du y passer mais non , un truc impossible s’est passé , alors je suis là à ne vouloir pas lire du Laborit, mon dieu quel outrage outrecuidant !! aux galères le mécréant...le fourbe....il faut le châtier ...

      voila ce que je vois en toi et c’est pas terrible, cela dégouline d’ennui ....au mieux , pour le pire à toi de choisir..

      je ne dis pas cela sur un coup de tête car je suis tes post de temps en temps..juste pour confirmer un impression..

      c’est vrai que la homard ne se mélange pas avec le crabe...

      au plaisir de ne plus se croiser..

      ce fut mon premier et dernier contact...

      Votre altesse je vous salue ..nez en moins smiley


    • pemile pemile 12 août 2016 00:13

      @howahkan Hotah « alors je suis là à ne vouloir pas lire du Laborit »

      Pour l’armée vous saviez pourquoi vos avez dit non, pour Laborit peut on supposer que vous connaissez son travail et que c’est en connaissance que vous ne « voulez pas » le lire  ?

      Pour quelqu’un comme vous qui parle de « souffrance » dans la plupart de ses posts, les travaux de laborit sur l’inhibition de l’action et la nécessité de fuir la souffrance par la lutte ou fuite, pourrait être utile à votre santé smiley

      PS : Laborit, jeune chirurgien des armées fut un précurseur de la prévention du choc opératoire, de la neuroleptanalgésie et mit au point l’hibernation artificielle qui révolutionna la chirurgie.


    • howahkan Hotah 12 août 2016 08:39

      @pemile

       smiley...
      Salut pemile

      A ce niveau là, je communique..C’est en fait assez complexe à dire un peu de tout cela, sur le sujet du mental, du programme de ce qui nous reste de cerveau qui est la pensée que en Anglais langue ou je communique principalement sur Internet j’appelle analytical process ..qui est juste un de nos « process », les autres étant en panne sauf exceptions , ce que je sais pour l’avoir vécu ou le vivre..cela n’est plus du domaine de la pensée de l’analyse de la science, on est ailleurs, au delà ou en deçà de cela , il n’y a pas de valeur là dedans en soi, seule la pensée va encore en donner une donc diviser donc créer un conflit en saisissant le sujet..

      Je dois avouer qu’il m’est souvent possible que de passer, dans l’écrit par des déclarations apparemment péremptoires, parce que en général sauf ultra rarissimes exceptions , les personnes que je rencontre ne connaissent rien d’eux même ou trop peu, nos gouvernant en savent plus que nous sur nous même, , connaissent trop peu d’eux même, donc comme de la fuite , de la peur, de la souffrance, de l’inconscient etc etc et de ce qu’il y a au delà ...

      « on » ne sait pas et c’est un drame......le pouvoir encourage cela bien sur..il met du global là ou le personnel prime et crée et-ou utilise les religions, les philosophies etc pour noyer le chemin en soi même de la masse..là ou se trouve la libération de la « démence » de la pensée..qui pour moi expérience oblige n’est pas apte a vivre...mais est apte et totalement vital pour organiser la survie..c’est le programme de notre enfance

      cette inaptitude qui vient du non éveil de nos capacités autre qui ont d’autres capacités elles non analytiques , no éveil à l’age requis, cette inaptitude crée un bug dans ce cerveau avec un outil qui ne peut entre autre pas vivre l’inconnu donc la vie, car vivre c’est entre autre mourir or cela est l’inconnu..nos autres capacités peuvent t savent d’elles même faire cela c’est dans leur nature ..

      De plus cet outil ne regarde et observe que ce qu’il enregistre et rien directement...ce que je vois n’est pas le réel mais une image enregistrée dans le cerveau , la rapidité de ce processus va donner l’illusion que je regarde l’arbre, mais en fait je ( l’analyse-pensée) ne regarde que l’image de l’arbre sur laquelle je vais en plus rajouter mon avis analytique 0/1 ..en prenant certaines drogues l’image de l’arbre va être modifiée dans le cerveau et bien que l’arbre réel lui ne soit pas modifié, mon image de l’arbre qui est dans le cerveau elle va l’être..

      bon etc...

      tu dis ceci : Pour quelqu’un comme vous qui parle de « souffrance » dans la plupart de ses posts, les travaux de laborit sur l’inhibition de l’action et la nécessité de fuir la souffrance par la lutte ou fuite, pourrait être utile à votre santé ....

      Le fait que je parle constamment de cela ne veut pas dire que j’ai une vie de souffrance constante et que il n’y aurait que cela, je ne cherche pas un exutoire en écrivant, je tiens à dire quelque chose qui sans que je ne cherche quoique ce soit a radicalement bouleversé ma propre vie..et même celle de certains proches dans un sens d’apaisement profond ,réel mais pas permanence, la permanence à notre niveau , pour moi, est encore un leurre de la pensée..or il se trouve que précisément la nécessité de fuir la souffrance par la lutte ou la fuite est...précisément non seulement ce qui amplifie la dite souffrance ,mais l’origine de celle ci....

      je ne peux rien dire sur inhibition, c’est un de ces mots qui ne me parle pas assez bien que en saisissant le sens admis, et je tiens a rester simple, voir simpliste, pour moi déjà mais aussi pour essayer de communiquer..

      la nécessité de fuir la souffrance ( pour moi c’est un processus aussi ) par la lutte ou la fuite est des lors, mes expériences multiples et nombreuses et répétées dans les profondeurs de ce sujet montre que cela est exactement ce qu’il ne faut pas faire....

      je ne veux pas insister + dans la contradiction, car ce sujet crée souvent ou des fois ou pas du tout cela le cas, une peur terrible qui peut faire perdre pied d’une manière assez forte sur des personnes qui sont en fait très limites dans leur résistance face à cette non vie...

      sujet énorme,radical qui va aux tréfonds de ce que nous sommes et non pas de qui nous sommes et est une marche éventuelle vers autre chose, qui ne sera jamais là si la pensée s’en mêle...et qui de toute façon ne peut être un objectif....or la pensée entre autre fonctionne là dessus ..

      la pensée et la science moderne depuis pas mal de temps ont des limites précises de capacité dans le connu matière, dans ce qui est mesurable , ailleurs elles n’en ont pas..parce que la science nie L’Origine........essayant de supplanter « cela » par elle même....ceci n’est encore rien d’autre qu’un de ces tours joué par la pensée analytique

      bon etc..

      je te salue  smiley

      mais comme avant tout ceci est aussi une lutte de pouvoir pour une palce dans a pyramide sociale et-ou intelelctuelle


    • Christian Labrune Christian Labrune 12 août 2016 11:06

      @howahkan Hotah
      Je n’ai pas encore tout compris, mais je peux être opiniâtre...
      Le peu que j’ai compris m’ouvre toutefois les plus vastes perspectives, même si « la pensée et la science modernes, depuis pas mal de temps, ont des limites précises de capacité dans le connu matière ». Admirable formule, dont on ne risque pas, demain, d’avoir épuisé le contenu !


    • pemile pemile 12 août 2016 13:12

      @howahkan Hotah ".or il se trouve que précisément la nécessité de fuir la souffrance par la lutte ou la fuite est...précisément non seulement ce qui amplifie la dite souffrance ,mais l’origine de celle ci....« 

      Avons nous la même définition du mot »souffrance" ? (physique ou mentale)

      La biologie a montré que toute souffrance prolongée générait un grave dérèglement de l’organisme. Pour Laborit, il n’existe que trois réponses face à la souffrance, la lutte, la fuite et l’inhibition de l’action, quelle serait pour toi la quatrième réponse ?


    • howahkan Hotah 12 août 2016 14:42

      @pemile

      bien vu ton mot , mais là je n’ai pas le temps..ni l’énergie ..une autre fois sûrement..
       smiley


    • howahkan Hotah 12 août 2016 14:45

      @Christian Labrune

      salut..

      bien vu ton propos..et comme pour pemile, je dois dire que je n’ai pas le temps de plus maintenant là en ce moment , ni l’énergie, car pour dire ce genre de moments il faut cette énergie qui fait que cela vient facilement car vu avec clarté..

      merci et salutations...


    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 10:44

      @pemile
      la fuite est au contraire la seule solution pour préserver sa santé. Pas seulement, la lute également. Ce qui n’est pas « bon » c’est l’inhibition.
      Mais vous avez entièrement raison de citer ce grand Monsieur qu’était Henry Laborit et c’est toujours un immense plaisir pour moi de revoir le film d’Alain Resnais « Mon oncle d’Amérique » smiley


  • alinea alinea 11 août 2016 13:28

    Dieu n’existe pas, on sait que c’est une invention de l’Homme ( avec une majuscule pour y inclure la femme et l’enfant dont on sait bien pourtant qu’ils n’inventèrent rien du tout).
    Néanmoins, aucune invention n’est faite inutilement. Ce que j’en retiens moi, ce n’est pas : la vie est une farce, rien n’a d’importance, on s’en fout,etc.
    Non, mais bien plutôt : nous sommes tous logés à la même enseigne sur cette planète, aucune volonté préalable d’y naître, puis aucun désir de la quitter. Sauf folie patente et si l’on dit que certains animaux se suicident, ce n’est qu’en réponse à des données extérieures qui chamboulent et détruisent tout repère. De même pour l’homme, sauf qu’il s’agit de sa (dé)construction intérieure.
    J’ai été mystique sans dieu et sans croyance pendant assez longtemps pour savoir que la croyance est un leurre, un ersatz de maîtrise, une sécurité ou une consolation. Quelquefois un mode d’emploi pour mener sa vie ou sa destinée.
    C’est pourquoi je préfère les philosophies orientales qui nous enjoignent de mener notre vie dans le vrai, sans fuite, sans peurs, sans désirs, sans illusions, donc en évitant la souffrance.
    J’en ai conclu que ce Dieu n’était là que pour nous faire comprendre notre infinie insignifiance donc notre nécessaire respect, amitié, solidarité car nous sommes tous là sans volonté sans maîtrise et nous partirons tous de même. C’est pourquoi, si je vouais un culte, ce serait celui de la Vie, celle de la libellule, du moustique ou du cheval, celle de l’Homme ; du coup, mon seul chemin est ce respect, quand il n’y a pas amour car on ne peut aimer que ce que l’on connaît.
    L’Humanité sait tout, mais chacun d’entre nous n’en détient qu’un tout petit bout.
    Et ce qui nous pourrit la vie ces jours-ci c’est bien que chacun se croit tout. Il se positionne, il juge,il condamne en faisant des hiérarchies en occultant que, face à l’immensité du temps et de l’espace, exterminer les moustiques ou telle ethnie, c’est la même chose. Nous n’avons pas plus d’importance que qui que ce soit d’autre et c’est parce qu’on le refuse que nous sommes si nuisibles.


    • Christian Labrune Christian Labrune 11 août 2016 14:21

      Néanmoins, aucune invention n’est faite inutilement. Ce que j’en retiens moi, ce n’est pas : la vie est une farce, rien n’a d’importance, on s’en fout,etc.
      @alinea
      Mon propos n’était nullement de défendre la thèse que la vie serait une farce. Ce que je pose ici, dans une espèce de petit essai de théodicée qui ne veut même pas être burlesque, c’est que pour le croyant (et il y en a) ce serait la seule et unique manière de justifier sa croyance. Je n’en vois aucune autre qui ne puisse aisément être immédiatement ratatinée.
      Si le croyant pense (et je ne déteste pas me mettre à sa place, pour voir) que le massacre des innocents, devenu quotidien ces derniers temps, n’est pas une simple farce qui sera immédiatement compensée dans l’autre monde par toute sorte de bienfaits, je serais très curieux de savoir comment il peut se débrouiller avec un problème de cette nature.
      Avant la parution, j’ai eu un avis de quelqu’un sur ce site qui trouvait que cet article était « blasphématoire ». C’était un contresens parfait. Je n’ai rien contre le blasphème, cela va sans dire, mais mon propos, ici, était tout autre, et de formuler simplement cette proposition qui resterait à débattre : ou bien Dieu est un farceur, ou bien il n’est pas. Je serais fort curieux de savoir ce qu’en penseraient des croyants, mais il ne semble pas qu’ils soient très nombreux à vouloir mordre à mon petit hameçon.


    • alinea alinea 11 août 2016 14:41

      @Christian Labrune
      Je suppose que la plupart des croyants ne savent pas qu’ils croient pour se donner de l’importance ! C’est vrai qu’on se demande comment ils se débrouillent de leurs crimes, de leur intolérance, de leur soumission et le reste ! j’avais bien compris que vous n’étiez pas adepte de la farce.
      la croyance a ceci de bien qu’elle ne s’embarrasse pas des contradictions, c’est pourquoi je la prends pour un leurre consolateur. Et aussi pour la pire catastrophe de tous les temps.
      Peut-être certains croyants vous diraient-ils qu’il faut être méritants pour que Dieu nous reconnaisse. C’est, me semble-t-il, le fonds de l’islam ; quant aux autres chrétiens, ils savent que Dieu pardonne, alors...
      On dirait que Dieu arrange bien les affaires de tout le monde et, c’est une sacrée caution !


    • Le paysan hystérique Le paysan hystérique 11 août 2016 15:01
      @alinea

      De même pour l’homme, sauf qu’il s’agit de sa (dé)construction intérieure.

      Le bon fidèle comble sa lâcheté spirituelle dans les bras d’une religion qui ne demande qu’a l’exploiter en le privant de son droit le plus divin, réfléchir par soi-même sur ce qui est juste et émancipateur pour son bien-être.




    • Christian Labrune Christian Labrune 11 août 2016 16:00

      @alinea
      Si j’en ai le temps, je reviendrai dans un autre article sur ce sujet, pour insister sur un point qui résulte logiquement de ce que je développais ici, à savoir que les chrétiens d’aujourd’hui se font des illusions lorsqu’ils se racontent qu’ils croient. Ils croient seulement croire, et à force de se le répéter, ils finissent par en être persuadés, ce qui ressemble fort à la méthode Coué. En fait, ils ne croient à rien du tout de ce que la théologie leur imposerait, et c’est heureux. Comment pourraient-il croire en effet que Jésus est le fils incarné d’un Dieu transcendant quand on sait que le bricolage trinitaire, construit à partir de la métaphysique de l’UN héritée de Plotin n’apparaît pas avant 325, et par une simple décision quasi administrative résultant de débats des plus fumeux entres les évêques réunis au concile de Nicée. Beaucoup de théologiens dans le christianisme, et depuis pas mal de temps, jugent ridicule le thème de la vierge mère, si répandu des siècle avant la naissance de Jésus dans les récits mythologiques du paganisme. Passons sur la résurrection et sur tout le reste, qui est à peu près du même tonneau.

      Il en va peut-être autrement pour les musulmans. Sans doute, on se dit qu’il faudrait être arrivé au degré le plus extrême de la connerie pour croire qu’après avoir actionné une ceinture explosive on va se retrouver au milieu des ruisseaux et des houris, mais le fait est que cela arrive désormais tous les jours. C’est qu’il n’y a aucune place pour l’esprit critique dans le mode d’emploi du Coran : il n’y a qu’à se soumettre au théologico-politique et à la fermer, comme dans la plupart des sectes spécialisées dans le recrutement des plus crétins : si le chef dit qu’il faut boire du jus d’orange au cyanure, on n’a le droit de l’ouvrir que pour avaler. Donc, on avale. On aura bien tout le temps, après cela, de réfléchir aux conséquences.


    • sls0 sls0 11 août 2016 16:25

      @alinea
      Je vous rejoins sur votre déduction et votre cheminement.
      Mener notre vie dans le vrai, sans fuite, sans peurs, sans désirs, sans illusions, donc en évitant la souffrance.
      La vie quand même plus agréable en la regardant droit dans les yeux, vu cet état d’esprit on attire du monde alors qu’on pourrait croire l’inverse et que ce n’est pas le but recherché.
      Avec du ’’je désire, je veux, je veux être’’ en moins, les occasions de faire du mal deviennent très rares.

      La semaine dernière, je me suis aperçu qu’avec le temps (4 ans) j’avais fait un entorse à une des rares règles que je m’impose : Mes biens ne doivent pas dépasser 27kg, j’ai fait plein d’heureux dans mon quartier pauvre et moi j’ai gagné en tranquillité d’esprit.
      (les 27kg c’est pour l’avion, au cas où on aurait besoin de moi ailleurs, j’en ai pas vraiment besoin plus. Pour mon départ de France il m’a fallu 2 mois pour tout donner)

      La seule chose que je thésaurise c’est les sourires et là je suis gâté, je fais 50m dans la rue et j’en ai autant qu’il y en a dans une église, une mosquée ou une synagogue.

      Et dieu dans tout cela ? Je ne sais pas, ce n’est pas un paramètre dans ma vie, à la limite on peut trouver du divin dans chaque personne s’il n’y a pas trop de ’’je désire, je veux, je veux être’’.


    • Neo 11 août 2016 16:59

      Le paysan hystérique,

      Elle est souvent sur le gâteau ...  smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 11 août 2016 19:17

      @Christian Labrune,


       N’essayez pas de convertir un croyant ou un agnostique.
       J’ai essayé sans succès pendant très longtemps avant d’écrire sur le sujet.
       Je n’ai jamais compris pourquoi un croyant doit se faire mal et aimer les sacrifices pour être bien vu par un dieu.
       Qu’on ne vienne pas me dire que c’est pour obtenir une bonne seconde vie... 
       Y a-t-il un mal à se faire du bien et de jouir de la vraie et vraie vie.
       Est-ce de l’imitation du chemin de croix ? 
       Si quelqu’un peut m’expliquer...
        

    • alinea alinea 11 août 2016 21:02

      @L’enfoiré
      Si vous arrivez à le trouver, lisez « Le Meurtre du Christ » de Wilhelm Reich.
      « Le petit homme », aussi.
      Lisez Reich, quoi !! smiley


    • sls0 sls0 11 août 2016 21:08

      @L’enfoiré
      Le problème ce n’est pas l’autre, c’est soi-même. Chercher à convertir, même si l’on a trouvé une réponse, elle ne correspond peut être pas la question de l’autre.
      Tout au plus on peut essayer de répondre à une question qui cadre plus ou moins à notre réponse.
      Et seulement s’il y a une question de posé, la réponse si elle est valable pour soi, est elle valable pour l’autre ? Une vague direction tout au plus, c’est à l’autre de chercher sa réponse.

      Métaphore :
      Si une personne à envie de péter, même si je pète à sa place, il y a peu de chance que ça le soulage.

      Il y a des choses qui ne peuvent être que personnelles, ne dit on pas que c’est les pets des autres qui puent et non les nôtres ? Et oui, il y a de la spiritualité dans les pets comme dans des saintes écritures, bel exemple d’équanimité.


    • alinea alinea 11 août 2016 22:28

      sIsO
      Dans ma vie, bien petite, j’ai remarqué une chose, et je dis « je » mais je suis convaincue que c’est vrai pour tous, tout le temps :
      Si je suis en adéquation avec la situation, si je n’ai aucun dessein et si j’exprime, contrairement aux dires de l’autre, cette vérité qui là m’est évidente, je lui ouvre une porte et sans réponse verbale, il acquiesce et, au bout du compte tient compte de ce que j’ai exprimé.
      Mais si je « veux », la tension de ce « veux » le rebute, et il le zappe. Même, et peut-être surtout, si j’ai raison contre lui. Il n’y a donc que le lâcher-prise et l’être dans sa totalité qui peut agir et communiquer.


    • sls0 sls0 12 août 2016 00:02

      @alinea
      Pour résumer le zen : On trouve la voie quand il y a plus personne pour la chercher.
      Je préfère les deux mots non attachement au mot détachement, ils sont à peu près identiques mais l’écart subtile fait la différence.
      Il y a d’autres écarts moins subtile comme malheureusement la traduction de wou nien, non pensée ou non mental due à DT Suzuki, Houé Neng parle de pensée qui ne se souille dans aucun domaine ce qui implique le non attachement et certainement pas le non mental.
      Cette mauvais traduction fait qu’il y en a qui s’entrainent à devenir l’équivalent d’un caillou, ça ne pense pas un caillou, effectivement il a quelques caractéristiques du zen le caillou mais ce n’est qu’un caillou, bonjour la vie sociale.


    • L'enfoiré L’enfoiré 12 août 2016 11:19

      @sls0 et alinea bonjour,


       Merci à tous deux pour vos réponses.
       Si je posais la question c’est qu’il y avait anguille sous roche.
       Demain, je publie un article sur mon blog qui serait emprunt complètement de rires et de sourires.
       Le titre « Et si tout était différent ». J’en donnerai l’adresse demain.
       Le commentaire entre vous deux qui a gagné la montre en or sera celui de sls0.
      Bonne journée... et à demain. 

       

    • Christian Labrune Christian Labrune 12 août 2016 11:42

      @L’enfoiré
      Rassurez-v ous, je n’essaie ici de convertir personne, ce qui me serait d’autant plus difficile qu’étant athée autant qu’on peut l’être - Dieu merci ! -, et très proche de la la phénoménologie husserlienne, je crois fort peu et n’ai que trop tendance, même, à suspendre à tout propos la thèse du monde (épochè). « Déradicaliser », comme on dit aujourd’hui, conviendrait donc mieux que « convertir », mais je ne me suis jamais fait la moindre illusion sur la possibilité de ramener à la raison ceux qui sont tombés dans le fanatisme parce qu’ils n’ont précisément jamais disposé de ce minimum de cervelle qui permettrait d’éviter cette sorte de démence.
      J’essaie de me mettre ici dans la peau d’un croyant parce que, comme disait Térence, je suis homme, et rien de ce qui est humain ne saurait m’être étranger (« homo sum et nihil humani a me alienum puto ») mais il subsistera toujours cette petite distance que présuppose l’ironie. Je peux aussi bien, à l’occasion finir un message par « Allah akbar ! », mais en tant que musulman, je reste quand même tout à fait « modéré », rassurez-vous.
      Je ne voudrais pas me flatter, mais je crois que c’est cette disposition qui fait que l’Immaculée Conception ne déteste pas de m’apparaître assez régulièrement dans la grotte des Buttes-CHaumont. La première fois, je m’en étais étonné : vous savez bien que je suis athée, lui avais-je dit, et pourquoi apparaître à un athée quand il y a tant de catholiques qui rêveraient de vous voir et de vous dire deux mots ! Elle m’avait fait cette réponse que je trouve d’une assez admirable lucidité :
      « Avec les catholiques, c’est un peu compliqué : ils commencent par me cirer les pompes (sic.)*, mais c’est toujours pour finir par quémander : ils aimeraient gagner à la loterie nationale, pouvoir aimer leur prochain qu’ils détestent, entrer un jour en paradis, etc. Avec un athée, la relation est moins pourrie, je sais d’avance qu’il ne me demandera rien.

      (*) La mère de Dieu ne déteste pas un parler »jeune« que je trouve d’une familiarité assez déplaisante et contestable, comme cette façon qu’elle a , aussi, de m’apparaître systématiquement dans des chaussures de basket. Nobody is perfect ! Ce qu’elle incriminait, ici, c’est l’éternel discours d’un »magnificat", dans la liturgie, qui la fait bien rire : elle est très féministe, très proche de Beauvoir, et ne se fait aucune illusion sur la condition des femmes dans ce pauvre monde.


    • L'enfoiré L’enfoiré 12 août 2016 12:40

      Bonjour Christian,


       Cela fait plus de 11 ans que j’écris sur mon blog. 
       Les articles concernant la religion, que j’ai appelé « Le ciel pour horizon », j’ai mis un ans pour les publier, rien que pour essayer de comprendre à la suite d’interviewes. Cela n’a pas été la seule fois. 
       L’éducation judéo-chrétienne, là où tout commence, je l’ai mise sous la loupe dans un article que je rappellerai demain « Croire et ne pas être » dans lequel j’explique le pourquoi de mon manque de croyances.
       En 2015, je lisais « Traité de l’athéisme ». de Onfray et cela m’a un peu mieux fait passer la pommade de la croyance.
       A demain
        
       

    • L'enfoiré L’enfoiré 12 août 2016 13:35

      J’oubliais : Il y a un proverbe allemand qui dit "Dieu règne au ciel et l’argent sur la Terre".

      Et avec ce proverbe, on peut répondre à la personne qui vous donnait sa version. smiley 

       


    • L'enfoiré L’enfoiré 13 août 2016 09:25

      Bonjour à tous,


       Je l’avais promis.
       Tout chaud. A prendre avec précaution, bien entendu. smiley

    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 11:08

      Bonjour L’enfoiré
      J’en ai une bonne pour vous qui j’espère vous fera au moins sourire :
      Chassez le surnaturel et il revient au calot !
      Je ne suis pas belge, mais presque. La saloperie de cigogne m’a laissé tomber à 10kms (à vol d’oiseau) de la frontière. smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 13 août 2016 13:01

      @l’Ane Artiste
      Excellent.

      Est-ce de là que vient le pseudo « Ane Artiste » ?
      J’aime bien ce pseudo... smiley

    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 14:51

      @L’enfoiré
      Bien qu’ayant des accointances avec mes « compatriotes » transfrontaliers, mon pseudo est inspiré d’un mot valise de Marcel Duchamp : anarchiste + artiste = anartiste
      Il me paraissait plus juste mais surtout plus prudent de séparer les deux.
      Et puis il y a aussi Buridan mais ça, vous le savez déjà smiley


  • gogoRat gogoRat 11 août 2016 14:45

     Dieu ( smiley) ?) aurait dit :
    ’ L’absurde est absurde ; Le néant n’existe pas ; et, le vide est vide" !
     
    cf principe anthropique , établissant  : ’L’impossibilité d’une bulle de vrai vide’


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 11 août 2016 16:39

    @ auteur


    «  »Passage de la cité d’ici-bas à la « Cité de Dieu », pour parler comme Augustin. Ici-bas...«  »

    Allons Labrune, dites : « pour parler comme Saint Augustin » ... Vous voulez le dévaluer puisqu’il était Nord Africain ? A ce point hein... ? Saint Augustin a bien participé à la « construction » du Vatican dont les lourdes pierres reposent sur les épaules de Saint Pierre ! Vous ne ferez pas ce lapsus raciste, révélateur et corrosif en disant simplement « Pierre » ... 

    Savez-vous pourquoi VOTRE VERDICT EST JUSTE ? 
    «  »On n’est donc pas encore tout à fait sorti de la sinistre auberge médiévale...«  »«  

    Parce que vous êtes doublement pollués, d’abord par la fausse culture française et ensuite par l’apport des »prédicateurs" ignorants qui vous ont ingurgité leur ignorance : TANT PIS POUR VOUS  !!!

    Que dites vous de Hollande et de son gouvernement ? Si vous n’êtes pas content, Dieu et ses religions n y sont pour rien parce que l’Elysée n’est pas une Eglise ou une mosquée et Hollande et ses escouades de ministres ne sont pas affiliés au Vatican ou au Turbans ! Dieu n’a pas de compte en banque et ne se prélasse pas dans les paradis fécaux de vos minables milliardaires ! 

    • Christian Labrune Christian Labrune 11 août 2016 17:55

      @Mohammed MADJOUR
      L’évêque d’Hippone, à la charnière des IV est Ve siècles, est un penseur que j’ai beaucoup lu. Si on veut comprendre quelque chose à l’antiquité tardive, il est incontournable. Cela dit, quand on traite de philosophie ou de littérature, on laisse généralement de côté sa « sainteté » dont on n’a cure, pour le traiter comme n’importe quel autre auteur de l’époque.
      C’est heureux pour lui et c’est même une espèce de promotion : beaucoup de « saints » dans la plupart des religions qui décernent des brevets de perfection religieuse, auront été de parfaits crétins dont il n’y aurait pas grand chose à tirer d’un point de vue intellectuel.
      Dire « SAINT-Augustin », ce serait le réduire à son rôle d’évêque, dont on se serait bien passé dans une époque où, après l’empereur Théodose, le christianisme devenu la religion officielle de Rome commence à devenir aussi féroce et intolérant que l’islam actuel. L’époque où Julien l’Apostat pouvait hésiter entre le monothéisme et les anciens cultes païens si pacifiques et tolérants est bien finie : si on n’est pas chrétien à l’époque d’Augustin et d’Ambroise de Milan, on n’a plus rien à faire dans l’Empire, ou bien l’on doit s’attendre au pire. On est presque dans la même situation que les chrétiens actuels dans l’état coranique, sommés de choisir entre la conversion et la mort.


  • Rincevent Rincevent 11 août 2016 18:56

    Au milieu de tous ces commentaires philosophico-religieux de haute volée, un petit détail trivial : ce ne sont pas les Américains qui ont copié les Français mais le contraire : La Caméra Invisible est directement inspirée de Candid Camera sur NBC, qui date de 1948.


  • Raoul-Henri Raoul-Henri 11 août 2016 23:30

    Ah ben tiens, puisque l’on parle des « Américains » ( que j’imagine des Etats-Unis) ; connaissez-vous le film TRUMAN SHOW ? Perso j’aurais pris cet exemple pour illustrer très justement votre article car pour le foutage de gueule cosmique on a pas fait mieux à ma connaissance.
    Sinon dans le même rayon outre-atlantique, en illustration philosophique, il a le fameux MATRIX, plus alambiqué mais du même tonneau qu’Alice au pays des cauchemars.

    Et puis pour tenter une réponse agnostique à vos interrogations religieuses (héhé !) :
    Suivez le lapin blanc ;)

    Mais attention, cette porte est celle de l’entrée et il y en d’autres de plus en grandes à la suite. Mieux vaut suivre les numéros pour pas se paumer et arriver à la même conclusion provisoire. :)


  • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 11:13

    @ Christian,
    Otez moi d’un doute. La caméra invisible serait-elle tenue par une main également invisible ??? smiley


    • Christian Labrune Christian Labrune 13 août 2016 11:50

      @l’Ane Artiste
      Je n’ai peut-être pas suffisamment explicité cette idée, mais c’est bien cela. Le metteur en scène de la caméra invisible est-il un parfait salaud, même s’il met ses « victimes » dans une situation momentanément désagréable voire très pénible au plan psychologique ? Assurément non, et après avoir un instant douté de ses perceptions, la victime est tout heureuse de pouvoir retrouver un monde dont elle avait l’habitude, où sans doute on peut avoir mal à la tête ou même souffrir d’une rage de dent, mais qui pourrait quand même être bien pire, comme elle a cru le voir l’instant d’avant. Après qu’elle a entendu « c’était pour la caméra invisible », elle est en quelque manière réconfortée. Au fond, c’est presque pour son bien, et pour lui faire voir que le monde réel n’est pas si terrible qu’on aurait tendance à le penser quelquefois qu’on lui aura fait subir cette épreuve.

      DIeu, qui fait crever tant d’hommes et d’enfants comme des mouches, peut-il être plus méchant que le metteur en scène de la caméra invisible ? Ceux qui tiennent des caméras très visibles devant la petite fille que j’évoquais, en train de mourir dans son trou d’eau, peuvent-ils quelque chose ? Assurément non. En revanche, s’il y a un autre cameraman, invisible celui-là, qui est Dieu et qui contemple la scène, si ce n’était pas une farce qu’il était en train de faire, il serait un parfait sadique. Par conséquent, puisqu’il est le BON Dieu, il est nécessairement un farceur, et de l’autre côté de la mort, il réconfortera la petite fille aussi bien que le malheureux à qui il aura infligé pendant dix ans, par exemple, les souffrances atroces et bien réelles d’un cancer. Tout cela, finalement, c’était donc POUR RIRE.

      SI je crois qu’il existe un dieu, rien de ce qui peut arriver de plus atroce n’a d’importance. Face au type qui vient d’être coupé en deux par une rafale de kalachnikov, face à l’agonisant sur son lit d’hôpital ou à l’enfant qu’on tue à bout portant d’une balle dans la tête, je peux sourire en toute tranquillité, complice d’un dieu farceur, comme sourient ceux qui voient ce que voit la caméra invisible.
      Le problème, je l’ai déjà dit, c’est que ces spectacles-là ne font sourire personne, pas même le croyant qui sait très bien qu’au-delà de la mort il n’est aucunement assuré qu’il y ait encore quelque chose à vivre. Partant, le « croyant », s’il a un peu d’humanité, s’il n’est pas le parfait abruti du djihadisme, lorsqu’il est confronté à des scènes horribles, loin d’achever la victime horriblement blessée pour activer son passage dans l’autre monde, ira chercher un brancard, appellera les pompiers, etc.
      C’est la preuve même qu’il ne peut pas croire VRAIMENT à l’existence d’un dieu quelconque et que, les trois quarts du temps, il se raconte des histoires à dormir debout.


    • Christian Labrune Christian Labrune 13 août 2016 12:06

      J’ajouterai encore ceci :
      A l’heure qu’il est, il y a 48 réactions sur cette page où j’essaie de me mettre dans la peau du « croyant » bien obligé de négocier avec sa conscience pour maintenir la fiction, qui l’enchante, d’un dieu tout-puissant et respectable. Aucune de ces réaction ne se réclame du christianisme ou de l’islam dont les défenseurs sont pourtant ordinairement sur ce site aussi répandus que la vérole sur le bas-clergé breton. Aucun ne sera venu défendre un dieu réduit par la force des choses à la condition assez peu glorieuse d’un simple gros farceur. Je ne m’attendais pas du tout à un tel évitement. Dieu serait-il, même pour eux, devenu totalement indéfendable ?


    • chantecler chantecler 13 août 2016 12:12

      @Christian Labrune
      Dieu est assez grand pour se défendre tout seul .


    • Christian Labrune Christian Labrune 13 août 2016 12:30

      Dieu est assez grand pour se défendre tout seul .

      @chantecler

      Pour une fois, vous avez tout à fait raison : mieux vaudrait en effet ne pas s’en occuper du tout et n’en rien dire : en dehors des discours qu’on prétend lui faire tenir, il ne dit pas grand chose et on le rencontre rarement au coin d’une rue. Si on n’en parlait pas, il n’existerait pas du tout, et ça vaudrait assurément mieux pour lui.


    • chantecler chantecler 13 août 2016 13:10

      @Christian Labrune
      D’accord !


    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 15:27

      @Christian Labrune
      Je ne sais trop quoi vous dire, mise à part que l’homme n’a de cesse que de tuer Dieu pour le remplacer par un autre !? Il y a une petite chose qui m’interpelle dans votre réponse, DIeu, qui fait crever tant d’hommes et d’enfants comme des mouches. Ça me fait penser à cette divinité adoré par les philistins et les phéniciens : Baal-Zebul ou Belzébuth ; le Prince des mouches.
      Je ne sais pas si vous connaissez ce petit livre « L’art de ne croire en rien » qui a valu à son auteur d’être persécuté par l’inquisition. Un bouquin à lire... au coin du feu.


    • Christian Labrune Christian Labrune 13 août 2016 19:20

      l’homme n’a de cesse que de tuer Dieu pour le remplacer par un autre !?

      l’Ane Artiste
      Je ne suis pas vraiment d’accord avec cette proposition. Il y a bien cinquante pour cent des Français qui se déclarent « sans religion », quoique baptisés probablement, et d’origine chrétienne pour la plupart. Quant à ceux qui restent attachés à leur religion, ils font quelquefois baptiser leurs enfants pour complaire à leurs ascendants - sans ne coûte pas grand chose et c’est sans conséquence !- Ils se marieront peut-être à l’église ou s’y feront même enterrer parce que la mise en scène a quand même, il faut le reconnaître, un peu plus de relief qu’une banale cérémonie civile, mais Dieu ne les empêche pas de dormir et encore moins de forniquer. Il va sans dire que je n’ai absolument rien à redire à ces sortes de pratiques traditionnelles, pas plus que ne me choquent les fêtes des musulmans dont j’ai toujours apprécié l’art de la pâtisserie. La chose commence seulement à devenir préoccupante quand le religieux envahit sans pudeur le quotidien de ses victimes et commence même à déborder sur l’existence de ceux qui n’en ont que faire. Cependant, on n’en est même plus à ce grossier manque de savoir-vivre qui serait déjà intolérable puisqu’on a quand même en un an tué plus de deux cents citoyens au nom d’un dieu qui ressemble de plus en plus à la divinité monstrueuse que vous évoquez. La ligne rouge est franchie, incontestablement, et je ne pense pas que les Français supporteront très longtemps encore un fanatisme aussi abject.

      Qu« on s’invente de nouvelles idoles en remplacement d’un dieu unique enfin mort, cela ne fait aucun doute, mais la multiplication même des idoles ne constitue pas un danger. Le polythéisme grec ou romain était tout à fait pacifique : les gens instruits et les philosophes ne croyaient évidemment pas plus que nous à tant de divinités de pure fantaisie, mais les histoires qui les faisaient exister constituaient des points de repère dans la vie de la cité. Les Romains revenant de leurs conquêtes rapportaient dans l’empire les dieux des peuples lointains (culte d’Isis, par exemple) et ils n’ont persécuté les chrétiens dont ils auraient aussi bien intégré le culte si ces derniers n’avaient pas eu la grossièreté de vouloir cracher sur les anciens dieux et même de renverser leurs images. Quand on exige de Gervais et Protais (ils ont leur église à Paris), sans leur demander de renier leur foi chrétienne, d’attester au moins qu’ils reconnaissent les dieux de la cité, ces deux crétins refusent.. Les magistrats, qui n’ont pas particulièrement envie de les persécuter sont terriblement embêtés ; on leur explique que leur entêtement est ridicule, risque de leur coûter cher, mais comme ils s’obstinent, à la fin, il faut bien appliquer les lois de la cité qu’ils prétendent bafouer, et les mettre à mort. La manière dont Tacite parle des chrétiens dans ses »Annales" est très éclairante. Il déplore que Néron leur ait fait subir des traitements atroces, mais il parle d’eux avec le même mépris qu’on aurait aujourd’hui pour la dernière des sectes habile à recruter les plus cinglés.

      Je n’ai pas lu le texte que vous évoquez ; mais il y a quand même longtemps que mets en application ses principes et que je préfère le pensée et le scepticisme qui l’accompagne toujours, aux certitudes imbéciles de la croyance.


    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 23:12

      @Christian Labrune
      vous raisonnez bien mais vous trompez sur de nombreux points :
      Et notamment sur celui-ci. Les 50% de français dont vous parlez se sont convertis depuis belle lurette à la nouvelle religion dont nous parlions un peu plus haut : cette fameuse main proclamée par son grand prophète Adam Smith. Vous, moi, nos enfant, que ça vous plaise ou non, appartenons à cette religion, Ces une religion monothéiste parce que issue du monothéisme, nous bien loin des religions polythéistes gréco-romaine. Et toute les vielles religions monothéistes (abrahamique) y participent également. Chacun peut venir y exprimer sa différence, tout le monde peut avoir accès à la connaissance et cela sans sortir de chez lui. Ça c’est la main invisible qui nous y autorise et elle filme tout avec sa petite caméra invisible. Qu’est ce qu’il est bon ce dieu de nous avoir redonner cette fameuse pomme. C’est assez Orwellien comme scénario mais ça correspond plutôt bien à la situation. 

      Sinon oui effective la ligne est bien franchie ! Et là il y a un véhicule qui circule à fond la caisse (comme nous d’ailleurs), on est tout les deux face à face sur la même voie, chacun étant persuadé que la sienne est la bonne.
      Le choc ne peut-être que très brutal

      p.s : « aux certitudes imbéciles de la croyance » Vous avez presque citer Socrate !
      L’homme de la certitude s’enferme dans sa propre assurance (de mémoire)


    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 23:32

      @l’Ane Artiste
      Par contre je fais des putains de fautes, je mérite des baffes invisibles :
      C’est une religion monothéiste parce que issue du monothéisme. Nous sommes bien loin des religions polythéistes gréco-romaine.
      Et toutes les vielles religions...
      Sinon effectivement, la ligne...


    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 13 août 2016 23:39

      @l’Ane Artiste
      Alors ça c’est génial ça devrait plaire à un belge :
      C’est sommes toute effectivement... la faute à dieu sans doute !?


    • Christian Labrune Christian Labrune 14 août 2016 14:42

      @l’Ane Artiste
      Je ne vous contredirai pas. Quand la télévision montre -j’ai vu ça plusieurs fois- les fidèles du dieu Apple faire la queue dès avant l’aube le jour de la sortie de quelque nouveau gadget téléphonique périmé dans moins d’un un an, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. C’est d’une bêtise abyssale, mais je ne vois pas un dévot de cette nouvelle religion (parmi tant d’autres !) se précipiter demain sur un promeneur pour lui planter un couteau entre les omoplates en criant : « Apple est grand ! ». Je ne vois pas non plus un fanatique du dieu « Bio » tenter la même opération sur ma personne dans un supermarché si je rigole de sa quête et si je lui dis que les obsédés de la santé sont les plus incurables des grands malades.
      Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant dans la vie, une fois qu’on a compris qu’elle est brève et qu’il n’y en aura pas d’autre ? La connaissance et l’étude, même si cela ne sert pas à grand chose au bout du compte et ne nous empêchera pas de finir entre les planches du cercueil, mais il n’y a pas beaucoup de monde que ces sortes de difficultés puissent exciter. La plupart rêveront toujours d’une vie meilleure, et si ce n’est dans cette vie, du moins dans une autre dont la possibilité resterait à prouver. Hélas, les preuves fantaisistes et les miracles extraordinaires dont l’homme du moyen-âge se repaissait encore ne peuvent plus tellement faire recette. Reste donc le divertissement dont parlait Pascal, qui permet d’oublier qu’on est vivant mais que cela ne durera pas. Il est quand même plus facile de passer une après-midi sur une console de jeu, de traverser nuitamment Paris en meute sur patins à roulettes, que d’essayer de comprendre quelque chose aux mathématiques ou à la phllosophie. Paul Valéry termine son admirable « Cimetière marin » par ce vers : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre », et on pouvait voir naguère au grand Palais une exposition organisée par Houellebecq sur le thème « Rester vivant ». Cela reflète, malgré les guerres et les horreurs de l’histoire, le souci premier d’une civilisation occidentale qui sut ratatiner les deux grands totalitarismes mortifères que furent le communisme et le nazisme . Ce qu’on voit en face de nous, désormais, c’est une nouvelle fois tout le contraire de ce droit à la vie qui reste le bien le plus précieux, et même si la plupart des hommes ne savent pas trop quoi faire de leur existence. Le nihilisme qui refait surface tente une fois encore d’imposer une préférence à la mort. « Viva la muerte ! ». C’était le cri de guerre des fascistes espagnols, et voilà que ça recommence. Mais on en viendra à bout, nécessairement. 


    • l'Ane Artiste l’Ane Artiste 14 août 2016 15:44

      @Christian Labrune
      Vous faites bien de citer Apple dont le jolie logo est une pomme croquée. Quant à microsoft et son logiciel XP, je ne sais de quelle source chrétienne ils se sont inspirés pour user de ces deux lettres ! smiley
      mais je ne vois pas un dévot de cette nouvelle religion (parmi tant d’autres !) se précipiter demain sur un promeneur pour lui planter un couteau entre les omoplates en criant : « Apple est grand ! ».
      Vous m’étonnez cher Christian c’est deux géants de l’informatique n’en sont plus là, ils collaborent avec les armées et développent des logiciels pour tuer à distance ! Sans même voir les victimes qu’ils éliminent. Et nos gamins sont formés pour cela dès leur plus jeune age.
      A religion propre guerre propre.
      Je crois que je vais allé faire un tour sur la plage, histoire d’aller zieuter les jolies musulmanes en train de faire des selfies avec leur Iphone dernier cri. :/- (


  • Rounga Rounga 30 septembre 2016 15:58

    Votre point de vue rejoint certaines des réflexions que je me suis faites. Il est tout à fait vrai que le problème de la souffrance est celui qui pose le plus de difficultés pour le monothéisme, car si Dieu est bon, alors on se demande forcément comment il peut permettre les atrocités qui sont monnaie courante en ce bas monde. Peut-être ne peut-il pas les empêcher ? Mais alors il n’est pas tout puissant, ce qui est encore un sérieux problème. 


    Je suis d’accord pour dire que les essais de théodicée à la Leibniz auraient offert une bien faible consolation aux occupants des camps de la mort ou aux malades promis à une longue vie de souffrances ininterrompues, et que se tirer de difficulté en expliquant doctement que nous sommes dans le meilleur des mondes possibles a toute l’apparence d’une pirouette. Pourquoi Dieu si puissant n’aurait pas pu concevoir un monde possible qui soit meilleur que celui-là ? Imaginer exactement le même monde, mais sans le cancer, par exemple, ne semble pas si difficile, alors pourquoi Dieu ne l’a-t-il pas fait ainsi ? On dira peut-être que le cancer participe à une harmonie générale du monde que nous sommes incapables de percevoir tant notre point de vue sur les choses est limité et se réduit à notre insignifiante personne. Si nous pouvions avoir une vue d’ensemble, à l’instar de Dieu, nous verrions certainement que le cancer est un mal nécessaire dont l’existence participe au Bien général, et que sans lui, pour une raison que je ne saurais dire, en raison, en tout cas, d’un rôle qu’il joue dans l’économie de l’ensemble, le monde serait en réalité moins bon. Mais il n’empêche que celui qui en souffre n’a que faire de cela, et qu’en considérant celui-là, l’existence de la souffrance est un pur scandale. Imaginons qu’il y ait au monde une personne destinée à souffrir toute sa vie durant, ne vaudrait-il mieux pas, comme se plaisait à le dire Schopenhauer, qu’il aurait mieux valu pour lui n’avait jamais été tiré du néant ? Et cela ne nous incite-t-il pas à penser Dieu, dont la bonté ne devrait pas permettre qu’une seule existence rencontrât la souffrance, aurait mieux fait de ne pas créer ce monde, fût-il le meilleur possible ? Ou alors il faut imaginer que la souffrance est compensée par la suite par une félicité tellement incomparable qu’elle ferait paraître comme rien la souffrance ressentie pendant l’existence temporelle. Après tout, nous nous accommodons facilement de la souffrance si nous espérons qu’un bien plus important peut en résulter. Cela ne pose pas de problème de recevoir une piqûre si c’est pour guérir d’une maladie ; l’athlète est prêt à souffrir comme une bête à l’entraînement s’il caresse l’espoir du triomphe sur le podium. Après tout, ce qui est insupportable dans la souffrance, c’est moins la souffrance en elle-même que notre capacité à la supporter. C’est lorsque la souffrance physique devient une souffrance morale que nous nous désolons et souhaitons qu’elle ne soit pas. Se cogner le doigt de pied contre le meuble de la chambre est douloureux, mais ce n’est pas cet épisode seul qui va me miner le moral pour la journée. Après cinq minutes, je n’y penserai sans doute même plus. C’est que relativement à ce qui importe réellement dans la journée, cet incident a une importance mineure. Certaines souffrances, quant à elles, sont loin d’être mineures. Être victime d’un viol, voir sa famille se faire assassiner, subir la torture, peut laisser des marques à vie. Toute l’existence qui suivra ces événements sera teintée du traumatisme qu’ils auront causé. C’est que dans ces cas-là, ils prennent une importance majeure dans la vie, car ils touchent directement à ce qu’il y a d’intime et de fondamental chez l’être humain : le corps, les êtres chers. Mais peut-être pouvons-nous hasarder l’hypothèse que ces choses-là, si elles laissent indubitablement leur empreinte dans la vie terrestre, seraient comptées pour peu de choses s’il existe une vie éternelle où tout ce qui a été brisé et perdu lors de ces accidents sera intégralement restitué. Si de plus la félicité éprouvée pendant cette nouvelle vie surpasse en grandeur tout ce qu’on peut connaître dans notre vie terrestre, alors on peut relativiser l’importance de nos souffrances présentes. Cela nous ramène à l’hypothèse d’un Dieu « farceur », comme vous dites, dans la mesure où ce que nous prenons temporairement pour la vérité et qui nous afflige nous est finalement dévoilé et montré dans sa nature véritable, de façon à ce que nos angoisses et nos inquiétudes nous apparaissent soudainement comme rien, car motivées par des causes illusoires. La comparaison avec la caméra invisible est assez pertinente, d’autant plus que la question qu’on a envie de poser, c’est : pourquoi alors Dieu nous jette-t-il dans cette vie pleine de douleurs et d’inquiétude, au lieu de nous donner directement accès, dès le début, à la jouissance d’une vie éternelle et infiniment heureuse ? L’analogie avec la caméra cachée, et ses déclinaisons plus ou moins cruelles, peut en effet suggérer l’idée d’un Dieu sadique, ou à tout le moins farceur. Mais pourquoi Dieu aurait-il besoin de se divertir de nos mésaventures ? N’est-il pas parfait ? Ne se suffit-il pas à lui-même ? Ne vit-il pas éternellement dans la jouissance infinie de sa propre contemplation, comme l’avaient établi Aristote et Spinoza ? Comment les tribulations des pauvres créatures finies telles que nous pourraient l’affecter ? Parvenu à ce point, le monothéisme doit jeter l’éponge, pensez-vous. Je ne le crois pas, et voici pourquoi.

    L’erreur de Leibniz a été de justifier le christianisme comme s’il s’agissait d’une religion optimiste. Or, Schopenhauer a bien remarqué qu’en réalité, le christianisme, avec sa doctrine du péché originel, et conformément à la doctrine des chrétiens des premiers siècles, est en réalité une religion pessimiste. Le christianisme ne dit pas que le monde est parfait, mais qu’il est déchu. Certes, on trouve des psaumes qui chantent les beautés de la nature comme autant de preuves de la grandeur du créateur, mais globalement le monde n’est pas fait pour que l’homme y vive heureux. La vie terrestre est une vie d’épreuves, où il faut en baver pour obtenir sa subsistance, où la femme accouche dans la douleur, où la mort existe. Tout cela est la conséquence du péché. Si on prend au pied de la lettre le récit de la Genèse, Adam et Eve sont punis à cause d’un caprice de Dieu, qui ne supporte pas qu’on lui ait désobéi. Une interprétation plus profonde, que nous trouvons chez Saint Augustin, consiste à dire que le péché est une altération de notre nature. Dieu a créé toutes les natures bonnes, mais certaines, en se détournant de la source de leur bonté, c’est-à-dire de Dieu, sont devenues mauvaises. C’est le cas pour les anges déchus, mais aussi pour l’humanité, à la différence près que les hommes, ayant accès à l’existence temporelle, peuvent rattraper cette déviation originelle (« péché » signifie initialement « déviation ») tandis que les anges, existant en-dehors du temps, ont accompli leur déchéance une fois pour toute. L’explication du mal n’est donc pas à chercher dans une substance du mal, mais dans une privation du bien. Si nous souffrons, c’est qu’avant de venir au monde nous réitérons le péché du premier homme, c’est-à-dire que nous abandonnons l’amour de Dieu pour y substituer l’amour de soi. Or, c’est cet amour de soi, cette volonté de vivre qui nous tient sans relâche et qui fait que nous souffrons. Il n’y aurait en effet pas de souffrance s’il n’y avait pas un ego qui nous importe par-dessus tout et sur lequel la souffrance trouve un support. Le monde est livré au mal et aux misères car nous sommes par notre nature pécheresse portés à satisfaire nos intérêts personnels au lieu de faire le bien. Et la nature également est déchue, elle est bien différente du tranquille jardin qui devait être notre demeure pour l’éternité, elle a elle aussi le désir de vivre pour elle-même, ce qui la rend hostile et inhospitalière. Dieu n’intervient donc pas pour mettre fin aux souffrances et aux injustices qu’on peut observer ici ou là, sinon dans la mesure où il offre une porte de sortie grâce à la rédemption. 

    Mais on peut encore se demander si c’est bien suffisant. Car après tout, il y a aussi l’enfer qui promet des souffrances éternelles à ceux qui n’ont pas utilisé leur vie à faire leur Salut. Ça fait tâche sur le beau tableau du Paradis retrouvé. Comment en effet supposer que les saints profiteront en toute quiétude de leur béatitude tout en sachant que le reste de l’humanité subit les tortures éternelles de l’enfer ? C’est là, je pense, qu’il faut songer à une deuxième caméra cachée, à une farce au carré, qui a pour nom apocatastase. Imaginons qu’après le jugement dernier et la répartition des âmes entre l’enfer et le paradis, tout soit à nouveau réintégré dans l’unité divine, même les damnés et les anges déchus. Maître Eckhart disait dans un de ses sermons « si Dieu me met en enfer, je l’accepterais avec bonheur car c’est la volonté de Dieu qu’il en soit ainsi ». A mon avis, la clef du problème est là. Si les damnés prennent conscience que leur damnation fait partie d’un ordre cosmique éminemment élevé qui manifeste la justice éternelle du créateur, et qu’ils l’acceptent, alors, bien qu’en enfer, ils sont intégrés à nouveau dans la béatitude divine. Le voile final se lève alors, la dualité enfer/paradis s’efface, tout revient à sa destination originelle, et la grande farce cosmique est achevée.

    • Christian Labrune Christian Labrune 30 septembre 2016 21:53

      Une interprétation plus profonde, que nous trouvons chez Saint Augustin, consiste à dire que le péché est une altération de notre nature. Dieu a créé toutes les natures bonnes, mais certaines, en se détournant de la source de leur bonté, c’est-à-dire de Dieu, sont devenues mauvaises.

      @Rounga

      Je ne vois pas très bien en quoi l’explication donnée par Augustin pourrait être qualifiée de « plus profonde ». Il explique l’obscur par le plus obscur, et Pascal qui l’imite formulera à peu près la même idée, disant qu’en admettant le « mystère du péché originel », il devient beaucoup plus facile de comprendre quelque chose à la ce ce « monstre incompréhensible » qu’est l’homme. C’est une pirouette logique assez brillante, bien digne d’un rhéteur, mais qui ne résiste pas à ces exigences de la logique qui conduiraient n’importe lequel des esprits forts qu’il prétend réduire à se récrier.
      A partir du moment où l’hypothèse d’un dieu est admise, il ne sert plus à rien d’essayer, comme le voulait Anselme de Cantorbery, de réconcilier la foi avec la raison : on est dans une espèce de folie générale (Paul de Tarse parlait déjà d’une « folie de la croix ») qui paralyse tout effort qu’on pourrait faire pour y comprendre quelque chose. A cet égard, on pourrait renverser complètement la phrase bien connue de Dostoïevski dans Les frères Karamazov, et dire : « si Dieu existe, tout est permis ». Je peux en effet massacrer autant de gens que je le voudrai à la kalachnikov, ils seront l’instant d’après fort bien accueillis dans un meilleur monde, et le père peut en confiance entreprendre d’égorger son propre fils. Cela n’a pas plus d’importance que de presser ses invités de passer sans tarder de la salle à manger au salon. Que dire de l’assassin en pareille circonstance ? S’il s’agit d’un athée, ce qu’il fait est évidemment très mal puisqu’il précipite dans le néant de pauvres créatures qui souhaitaient probablement persévérer encore dans l’être, mais il n’y aura, de toute façon, personne pour le juger. En revanche, s’il est un parfait croyant et s’il a toute confiance en la bonté divine, il sait que la mort n’est pas un mal, qu’elle ouvre au contraire les portes de la Jérusalem céleste, que DIeu ne pourra pas lui en vouloir d’avoir voulu seulement accélérer l’accession de ses semblables au plus parfait bonheur.
      Le problème, et c’est ce qu’il me semble que j’avais essayé de faire apparaître dans le texte que j’avais proposé, c’est que les croyants eux-mêmes ne croient pas vraiment à ce qu’ils se plaisent à raconter. Ils savent d’instinct qu’il n’y a aura rien au-delà de la tombe, et ils font mille efforts pour essayer de concilier, sans y parvenir jamais, leur délire sur les fins dernières avec les nécessités de la vie terrestre. Ils seront arrivés de cette manière, très progressivement, à construire une espèce de morale qu’on peut bien appeler si on veut la morale chrétienne, mais qui ne survivra pas au XVIIe siècle. Cela devrait faire l’objet d’un autre texte qu’il faudrait que j’écrive si j’étais moins paresseux.
      En gros, les grands mystiques, et vous avez raison de le rappeler à propos de Maître Eckhart, auront très vite buté sur la question que vous évoquez aussi, de cet amour-propre, que La Rochefoulauld définira « l’amour de soi et de toutes choses pour soi ». Comment ne pas voir en effet que la question de l’intérêt est au centre même de la vie chrétienne ? Il n’y faut pas penser, disaient des gens comme Thérèse d’Avila ou Jean de la Croix, il convient même de consentir à être damné s’il le faut et si on y est prédestiné, mais entre ces grands esprits amoureux du paradoxe, en quête d’une certaine forme de sublime, et le chrétien ordinaire, il y a une distance énorme, et dans la prédication chrétienne du XVIIe siècle, même celle d’un Bossuet, il apparaît très clairement que c’est un désir tout à fait légitime que celui de vouloir à la fin être sauvé. Les Jésuites qui ont les pieds sur terre ne s’y sont pas trompés, qui s’opposent sur ce point aux jansénistes aussi bien qu’aux réformés, et considèrent que le salut se fait par les oeuvres. Il suffit de le vouloir et de s’opiniâtrer dans les obligations de la vie chrétienne. Mais les moralistes de l’époque classique, La Rochefoucauld en particulier sentent parfaitement que le christianisme achoppe sur des apories, celles que la scène du pauvre dans le Dom Juan de Molière mettait déjà parfaitement en lumière : le pauvre ermite prie « pour la prospérité des gens de bien qui [lui] donnent quelque chose » ! Par opposition à une morale aristocratique et militaire qui cherche en tout le don généreux de sa personne et la gloire qui fait risquer sa vie dans les batailles, la religion chrétienne qui fait mépriser les petits intérêts de ce monde parce qu’on lorgne sur de plus grands après la mort apparaît donc de plus en plus comme un calcul d’intérêt digne de ce que Saint-Simon aurait appelé la « vile bourgeoisie ». Religion de boutiquiers pesant leurs mérites sur des balances d’apothicaires. C’est cette épuration même d’une morale dont les origines sont chrétiennes, qui finira par avoir raison du christianisme en France.

      « Celui qui veut sauver sa vie la perdra », faisait déjà dire Mathieu au Christ. D’où on peut aisément conclure que tout chrétien vivant conformément aux injonctions de l’Eglise et trop désireux du paradis mérite de n’y entrer jamais. Face à l’exigence morale, la position du chrétien devient donc tout à fait intenable. il est comme ces ours qu’on apprenait à danser en les tenant attachés sur une plaque chauffante qui les obligeait, pour rester en place, à passer sans cesse d’une patte sur l’autre, ce qui est déjà une préfiguration de l’enfer.
      Bateson, dans son « écologie de l’esprit », rapporte une de ces petits histoires qui condensent les leçons du zen : un maître reçoit beaucoup de jeunes qui veulent devenir ses disciples. Il leur dit : si tu parles, je te frappe sur la tête avec ce bâton. Si tu ne dis rien, je te frappe sur la tête avec ce bâton.
      Celui qui reste planté là, il le chasse : c’est un imbécile dont il ne pourra jamais rien tirer.
      Celui qui s’enfuit à toutes jambes parce qu’il pense avoir affaire à un fou, il le rappelle : celui-là est suffisamment intelligent.
      Le chrétien, à mon avis, et le croyant des monothéismes en général, ressemble fort au disciple schizophrène et tétanisé que Dieu, s’il existait, comme le maître du zen enverrait tout de suite se faire cuire un oeuf dans les enfers !


    • Christian Labrune Christian Labrune 30 septembre 2016 22:08

      CORRECTION
      Retournant la phrase de Dostoievski, je la faisais devenir : « si Dieu existe, tout est permis ». Il y a là une maladresse ; je devais dire non pas que tout était permis, mais que tout devenait parfaitement indifférent. surtout s’il faut envisager, comme vous le suggériez, la perspective d’une apocatastase qui, à la fin, remettra tout être et toute chose à sa vraie place.


  • Deneb Deneb 14 septembre 2017 16:38

    Un dieu qui, sur les dix règles essentielles en gâche quatre juste pour dire comment il faut lui lécher la raie, n’est pas digne de vénération.


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