Une autre histoire du temps
Pour se distraire un instant, quelques libres réflexions nées de l’imagination d’un profane, qui laisse le soin à plus savant que lui de les modéliser le cas échéant, sachant que le risque ne sera pas plus grand que pour bien des théories savantes – s’appuyant sur des calculs non moins savants – dont il arrive qu’elles se contredisent.
Préambule : De la vitesse de la lumière
Affirmer que “rien n’est plus rapide que la lumière” comme l’a fait Einstein, n’est-ce pas oublier que l’observateur est doué d’imagination, cette faculté qui lui permet de se transporter instantanément à des années lumières de l’endroit où il se situe, serait-ce par l’esprit ? Alors que c’est précisément par cet esprit que peuvent être franchies les limites du raisonnement et qu’il peut être fait preuve de ce qui est, à des degrés divers, le propre de l’homme.
Instabilité et relativité
sont les maîtres mots de la vie et conditionnent tout raisonnement, scientifique comme profane. Cette relativité qui se manifeste au quotidien par le mouvement du vivant sous toutes ses formes, opposé à l’immobilité de la mort, et l’universelle dialectique du oui et du non, du blanc et du noir, du bien et du mal, de la pauvreté et de la richesse, de la Vérité et de son contraire etc.
Le temps
Ce n’est pas le temps qui passe, comme le dit le langage courant – sans que la science ne le démente explicitement –, ce sont les évènements et leurs conséquences qui s’accomplissent et “passent” ; cet accomplissement s’inscrivant dans sa durée sur le temps, à la manière dont des images sont projetées plus ou moins durablement sur un écran.
Il en découle que si la notion de “Temps infini” est applicable au temps relatif, elle ne l’est pas au temps absolu, pour lequel l’expression est un euphémisme, du fait du caractère paradoxalement intemporel du temps. Le temps absolu, ou “éther”, n’a pas de valeur mini ni maxi. L’absence de temps pourrait ainsi être la définition d’un néant – dont la simple évocation nie au demeurant l’existence –, lui étant beaucoup plus applicable qu’à l’espace.
L’espace se définit au contraire par les évènements, leur combinaison et leurs conséquences (ou prolongements), leurs dimensions et leur sens ; par leur datation à l’échelle du temps, selon un système de mesure inventé par l’observateur, lui-même inspiré par le mouvement des corps célestes, mais bien après la création de l’Univers, quel qu’en ait été le processus.
L’espace et le temps
La notion d’espace-temps paraît être ainsi, non seulement une aberration mais un abus conceptuel et de langage en cela qu’elle amalgame deux piliers fondamentaux de l’Univers dont l’apparition ne peut avoir été que successive. Celle de l’espace n’a-t-elle pas inévitablement requis l’existence préalable du temps, ne serait-ce que pour prendre date dans la chronologie des évènements ayant marqué l’avènement de l’Univers ? De plus, bien qu’omniprésent, quelle autre réalité le temps a-t-il, que celle de la mesure qu’en font les observateurs de tous ces évènements qui sans lui seraient privés de dates de naissance ? Sans temps pas d’évènements. Tout au plus pourrait-il donc être question de “Temps-espace” et non d’“Espace temps”. Assimilable à l’éther ; sans orientation ni dimensions ; impalpable, le temps peut dès lors avoir toujours existé, avec ou sans univers ?
Autrement dit :
“L’espace-temps”
Avec sa vanité, l’homme considère généralement le temps à la manière d’un fleuve qu’il verrait couler à ses pieds, depuis la rive ou un pont. Or aucune astuce philosophique, métaphysique, physique – fut-elle quantique –, ou mathématique n’y peut rien changer : ce n’est pas le temps qui passe ce sont les manifestations du vivant, ou en d’autres termes les événements qui en marquent le cours par leur datation et leur fléchage, quels qu’en soient les détours, ainsi que par les traces qu’ils peuvent laisser.
Qui, du temps ou de l’espace a eu besoin de l’autre pour exister ? Bien que selon les experts il puisse arriver aux évidences de n’être que des illusions, le temps peut-il être autre qu’antérieur à l’espace, ce dernier ayant nécessairement eu besoin ne serait-ce que d’une fraction de temps pour naître ? Et ceci ne suffit-il pas alors à déterminer une chronologie qui fait du temps un préalable à tout ? Ce qui implique sa préséance par rapport à ce tout – y compris l’espace – et met en cause, sinon la définition, au moins la notion d’espace-temps ; Le temps n’ayant pas besoin d’espace pour exister.
Que l’Univers ait eut un commencement ou non ; qu’il doive ou non avoir une fin, il s’inscrit dans un temps, fini ou infini peu importe, et ses composants se positionnent nécessairement par rapport à ce temps – pour autant que tout ne soit pas illusion bien entendu –, à l’instant où ils prennent place dans l’espace. L’espace occupé par l’univers est dès lors défini par la position et les mouvements de chacun de ces composants, quelles qu’en soient l’origine et la destination, les incertitudes comme les singularités.
N’en résulterait-il pas que l’expansion, ou la dispersion, de ses composantes dans un nombre illimité de directions, confère à l’Univers, pour ses observateurs que nous sommes, un aspect sphérique (À noter à ce sujet une curieuse coïncidence entre, d’une part la portée omnidirectionnelle et comme concave, parce que vue “de l’intérieur”, de notre observation et d’autre part, la forme généralement sphéroïdale, parce que vue “de l’extérieur”, des corps célestes entiers que sont les astres et les planètes) et que l’espace occupé par cet Univers se confond avec le temps durant lequel son expansion a eue lieu. D’où, encore une fois, primauté du temps sur toute autre considération. Ce qui mène non plus à la notion “d’espace-temps” mais à celle de “temps-espace”, avec quelles conséquences sur l’astrophysique ?
L’espace se définit par ses limites, y compris lorsqu’elles tendent vers l’infini. Il existe un espace minimum qui est son absence, alors que le temps ne peut pas ne pas exister, ne serait ce que parce qu’il est la première condition de l’existence de toutes choses, puisque la naissance de celles-ci doit nécessairement être datée pour qu’elles puissent exister.
À noter par ailleurs une différence de nature faisant de la notion d’espace-temps le mariage de la carpe et du lapin. L’espace est visuellement observable, alors que le temps échappe à nos sens, auxquels nous substituons une horloge de notre invention pour le qualifier et le mesurer.
Quoi qu’il en soit, le temps devient ainsi le contenu absolu et parfaitement neutre, de capacité infinie, sans plus d’origine que de forme ou de bords, peuplé d’événements et d’objets ou de corps faits de gaz, de solides ou de liquides, combinables ou dissociables au gré du fonctionnement d’un mécanisme gérant des atomes et autres corpuscules. Le temps est habité du désordre des événements et des incertitudes dont il est le siège et qui s’y inscrivent, chacun avec sa datation sur une échelle de temps relatif, dont le rapport avec le temps absolu réside dans les pulsations perceptibles par leur observateur qu’est l’homme, échelle trop souvent confondue avec le temps lui-même.
Il n’est pas rare de rencontrer dans les propos de scientifiques du plus haut niveau des expressions comme “le temps s’écoule”, “le temps passe”, etc. Confusion devant tout à la vanité de l’observateur, le conduisant à confondre temps absolu et temps relatif. Temps absolu, support de l’Univers, et temps relatif, système de mesure déduit par l’observateur du rythme (en vitesse relative) auquel se meuvent les corps et se produisent les événements dans l’espace.
Et quelques rimes pour conclure
Le Temps
Ô Miroir du vivant, Temps qui passe dit-on,
Dans notre insignifiance et notre prétention.
Temps tu es le métier, majestueux, immense,
Sur lequel nous brodons notre pauvre espérance.
Temps qui imperturbable, immuable, serein,
Est l'écran sur lequel se joue notre destin,
Tu distilles nos jours avec parcimonie
Quand tu as décidé de nous donner la vie.
Temps apaisant nos peines et consumant nos joies,
Tu restes insensible à nos pleurs, à nos voix.
Alors que vainement nous voudrions voler,
Tes lambeaux par lesquels nous semblons exister.
Temps qu'en son temps les dieux eux-mêmes n'ont pas su
Domestiquer ni vaincre, quand tu les eus conçus,
Tu règnes sans partage et organises en maître,
L'ouvrage par lequel nous croyons te soumettre.
Temps au nom confondu avec éternité.
Seigneur de l'univers, suprême infinité,
Inéluctablement, par la loi du plus fort,
Tu fais naître chacun et le mène à la mort.