mardi 22 novembre 2011 - par Emile Mourey

Vercingétorix assassiné (suite)

Je viens d’écouter l’émission de France inter sur "les Gaulois, une exposition renversante" qui, entre parenthèses, est très intéressante. Je n’ai rien à modifier à mon article précédent. Certes, les intervenants n’y évoquent pas le cliché "Vercingétorix" et ils ont bien raison car ils savent que sur ce point, beaucoup de Français ne vont pas les suivre. Et c’est bien pour cela que j’ai donné ce titre à mon article précédent.

 Concernant l’origine du mot "Celte", nous constatons que les archéologues sont toujours dans la confusion. Le mot "celte" désigne, à l'origine, au VI ème siècle avant J.C., les habitants d'une simple localité qui est devenue capitale gauloise et dont le nom a été utilisé par les auteurs grecs pour désigner, au fil du temps, tous les peuples sur lesquels cette capitale a exercé, ou semblait exercer une influence. Le texte d'Hécatée de Millet est très clair sur ce point ainsi que ceux qui en parlent après lui. http://bibracte.com/mon_histoire_de_la_gaule/de_la_veritable_origine_des_celtes.html. Il est bien évident que cette capitale, que César nomme Bibracte, ne peut pas se trouver au mont Beuvray dans un Morvan isolé et sans ressources mais dans l'ancienne ville murée de Mont-Saint-Vincent, au centre de la riche Bourgogne du sud. 

Ensuite, il ne faudrait pas se contenter d'interpréter les vestiges archéologiques dans le contexte étriqué gaulois. Il est bien évident que si les Gaulois étaient si habiles à travailler le fer, c'est parce qu'ils avaient recu et qu'ils recevaient probablement encore toutes les innovations techniques du Proche-Orient. Quant aux autres types de vestiges, je prendrais seulement en exemple une statuette qui figure dans l'exposition. Je suis étonné qu'on ne fasse pas le lien avec la lyre galiléenne. C'est un emblème patriotique qui figure sur de nombreuses médailles hébraïques de Palestine en souvenir du règne faste du roi David et en espérant son retour.

(Fresques de Gourdon au pied de Mont-Saint-Vincent, Ier siècle avant ou après J.C. A gauche, le roi David jouant de la lyre, au centre, il sort du tombeau. Dans le coin, monnaie juive de Bar Kochba trouvée en Palestine).

Tout cela pour dire que même si les archéologues se refusent encore à reconnaitre les sites que nous proposons pour Bibracte et Gergovie et, en ce qui me concerne, l'origine galiléenne de leur fondation, ils ne pourront pas toujours refuser aux vestiges de témoigner en notre faveur. Nos contradicteurs, ou plutôt nos non-contradicteurs - car nous ne sommes jamais arrivés à les amener à un véritable débat - ne peuvent ignorer que cela bousculerait beaucoup plus les origines de notre histoire que tout ce qu'ils ont remis sur la table, à ce jour.

Concernant les murs cimentés au mortier de chaux qui n’existeraient pas en Gaule avant l'arrivée des Romains. Avec Antenor, nous soutenons qu’ils existaient mais qu’il faut les localiser prioritairement sur les points forts du terrain sous forme de citadelles/forteresses, comme cela existait d’ailleurs dans les autres pays méditerranéens, en particulier en Grèce. Qu’il y ait eu dans la campagne des maisons, et même des villages, construites entièrement en bois, nous ne le contestons pas. En revanche, nous reprochons aux archéologues de repousser les constructions en pierre après la conquête alors qu’elles existaient manifestement bien avant, par exemple là où nous situons Bibracte et Gergovie, Bibracte sur le horst de Mont-Saint-Vincent et Gergovie sur l'éperon du Crest. Le fameux marqueur "maisons de bois, c'est du gaulois, maisons de pierre, c'est du romain" est une vaste fumisterie. 

Concernant les oppidum et les villes, nous constatons que, là aussi, les archéologues sont toujours dans la plus grande confusion. Il suffit pourtant de s'inspirer de ce qu'écrit César au sujet des Helvètes : ils incendièrent tous leurs oppidum, au nombre de douze, leurs bourgs, au nombre de quatre cents, et toutes leurs maisons isolées. Les oppidum sont les fortifications en pierre, principalement sur les hauteurs, à l'intérieur ou au pied desquelles se trouvaient les villes comme Mont-Saint-Vincent et Le Crest. Ce que les archéologues ont repéré dans la plaine et qu'ils appellent villes sont en réalité des bourgs ; ce qu'ils appellent demeures aristocratiques ne sont que des fermes isolées. En revanche, le mont Beuvray est bien un oppidum. Quant à Corent, on peut lui donner le nom de sanctuaire religieux. Contrairement à leur dires, les textes sont exacts à condition de bien les traduire. Strabon n'a pas dit que les Gaulois (les non nobles) habitaient dans des huttes rondes mais dans de grandes maisons à pans de bois au toit arrondi de chaume, ce qui correspond à ce qui est mis au jour.

Concernant les sanctuaires, nous ne contestons pas l'existence de sanctuaires locaux construits en bois, de même que nous ne contestons pas les marabouts du Maroc, mais nous identifions les temples des capitales dans les bâtiments en pierre qui ont évolué ensuite en églises romanes. En ce qui nous concerne, nous faisons une critique des textes beaucoup plus prudente Nous ne réfutons pas ce qui a été écrit sur le druidisme, la vénération des chênes et la cueillette avec la serpe d’or mais nous replaçons les druides dans la classe de l'aristocratie comme le dit César.

Concernant les femmes, nous ne voyons pas où est le problème. Les femmes gauloises étaient considérées comme de bonnes épouses mais qui ne se laissaient pas faire. Au sujet de la dame de Vix, heureuse nouvelle, il semble que les archéologues se rallient aujourd’hui à notre thèse d’un vase de Vix d’inspiration gauloise ; voilà quelque chose de nouveau à laquelle nous ne nous attendions pas.

En ce qui concerne le vin, nous nous étonnons qu’on puisse dire que les Gaulois ignoraient la culture de la Vigne. Il nous semble que les archéologues n’ont pas compris que les druides s’en réservaient l’exclusion pour en faire leur potion magique réservée aux célébrations. C'est ce qui explique que cette culture ait pris du retard sur l’Italie. Et il faut aussi signaler que la Gaule belge interdisait l’importation des produits alcoolisés sur son territoire.

Que conclure ? Qu'il est très dommage que les archéologues aient décidé de faire cavaliers seuls en refusant la main que je leur ai pourtant tendu et que nous leur tendons toujours. Qu'il est regrettable que l'autorité militaire ne m'ait pas soutenu alors que le ministre, Charles Millon, avait donné des instructions dans ce sens. Qu'il est regrettable que le ministre de la Culture n'ait pas assumé ses responsabilités en laissant le champ libre à des responsables de l'archéologie beaucoup trop imbus de leur savoir, et cela malgré toutes mes mises en garde.

On peut porter aux nues cette exposition qui, je ne le conteste pas, est une bonne réalisation. Il n'empêche qu'en faisant cavaliers seuls, l'avenir montrera aux archéologues, à eux et à l'opinion, le grand gâchis qu'on aurait pu éviter, et cela au détriment même de leur profession.



13 réactions


  • Emile Mourey Emile Mourey 22 novembre 2011 09:53

    au lieu d’exclusion, lire exclusivité


    • Antenor Antenor 22 novembre 2011 21:05

      On se demande ce qui a bien pu attirer les Romains à Autun. Le site du Mont-Beuvray est tellement magnifique.


    • Emile Mourey Emile Mourey 22 novembre 2011 21:33

       @ Lübek

      « immenses villas d’inspiration romaine » !!!! Il ne manque que les aqueducs, mais en cherchant bien, on finira bien par les trouver.

    • Pie 3,14 22 novembre 2011 22:14

      On se demande surtout comment vous et Mourey pouvez délirer à ce point.

      Quand je vois qu’il continue à dater du premier siècle avant JC (extraordinaire) ou après JC les fresques romanes de l’église de Gourdon ( voir plus haut dans l’article) qui sont en réalité peintes au XIIème siècle, au nom de théories complètement farfelues qui feraient sourire un étudiant en première année d’étude, je me demande sur quelle planète vous vivez ?

      Cela fait 4 ans que je lis avec amusement et aussi parfois agacement les élucubrations de cet auteur qui s’étonne de ne pas être pris au sérieux et je dois dire que vous formez un duo impayable.

      Ces articles et ces échanges surréalistes ne marqueront pas l’Histoire, c’est certain mais resteront comme un summum d’humour involontaire.


    • Emile Mourey Emile Mourey 23 novembre 2011 00:20

      @ Lübeck

      Et il y a aussi la neige en hiver que l’on peut faire fondre.

    • Emile Mourey Emile Mourey 23 novembre 2011 00:24

      @ Pie 3,14,116

      Je ne vous en veux pas. Ce n’est pas votre faute. Vous êtes conditionné, et donc incapable de raisonner.

    • Antenor Antenor 23 novembre 2011 10:29

      @ Pie

      Moi ce qui me fait sourire, c’est d’imaginer que les églises romanes aient pu pousser comme des champignons au début de l’époque capétienne. Période connue pour son faste et son éclat...

      J’ai déjà expliquer que je trouvais qu’Emile faisait sans doute remonter leur construction trop loin dans le temps. On pourrait déjà commmencer par se demander si elles ne datent pas de l’époque carolingienne.

      Cela permettrait expliquer la très faible densité des églises romanes dans une Bretagne qui n’appartenait pas à l’Empire.


    • Pie 3,14 23 novembre 2011 20:17

      Les réponses sont disponibles dans des quantités d’ouvrages historiques et sont enseignées dans toutes les universités.

      Elles sont multiples mais deux d’entre-elles sont essentielles.

      Ce sont d’abord les grands défrichements qui culminent entre le XI et le XIIIème, signe d’un accroissement démographique en Europe qui mettent peu à peu en place le paysage rural qui se fixe vers le XIVème. Des quantités de nouveaux villages sont crées et génèrent la construction d’églises rurales.

      C’est ensuite la disparition de tout pouvoir central au profit des potentats locaux ( la fameuse foire d’empoigne) qui multiplie les principautés dans le cadre de la naissance et du développement de la féodalité. Les détenteurs du pouvoir marquent leur présence généralement par une motte féodale et la construction d’églises afin de se concilier les bonnes grâces de Dieu, du clergé et de christianiser les populations.

      Quant à la Bretagne, encore très isolée, peu peuplée et peu christianisée dans les campagnes, elle est logiquement peu touchée par le roman.
      Votre hypothèse d’un art roman qui daterait en fait de l’époque carolingienne est fausse car il existe de grandes différences stylistiques entre ces deux périodes et surtout elle est invalidée par les sources écrites et l’archéologie.

      Il existe sur cette période des dizaines de thèses et des milliers de « maîtrises » , des centaines d’ouvrages universitaires. Vous ne pouvez pas formuler des hypothèses hasardeuses sans connaître ce que les spécialistes écrivent.


    • Antenor Antenor 23 novembre 2011 22:43

      Manifestement vos ouvrages datent d’il y a vingt ans. Je vous invite à consulter des ouvrages plus récents, en particulier ceux de l’INRAP. La vieille théorie voulant que la Gaule se soit recouverte de forêt à la fin de l’Empire Romain y est largement battue en brèche. Les grands défrichements médiévaux sont une légende et je pense que l’expansion romane à une époque qui ne s’y prête pas en est une également.

      Quand à la Bretagne soit-disant faiblement christianisée, laissez-moi rire. Vous avez vu les noms de leurs rois ? Salomon, Judicael... Et elle était aussi peuplée que n’importe quelle autre région.

      N’importe quel historien sérieux sait que les petits seigneurs locaux n’avaient pas les moyens de construire de chateaux. C’était les grands feudataires qui s’en chargeaient et qui en déléguaient ensuite la gestion à des vassaux. C’était pareil pour les églises. La quasi-absence de constructions romanes en Bretagne peut très bien s’expliquer par la volonté des rois de Bretagne de se distinguer des Francs. A partir du rattachement de la Bretagne devenue duché du Royaume Franc au 10ème siècle, cette politique n’avait plus lieu d’être.


    • Pie 3,14 23 novembre 2011 23:22

      Les grands défrichements n’ont rien d’une légende. cela ne signifie pas que le pays était totalement recouvert par la forêt. Il existait des campagnes conséquentes depuis l’âge de fer perpétuées à l’époque gallo-romaine et maintenues au début du Moyen-Age.
      Cependant, on observe partout une mise en valeur de nouvelles terres et un recul forestier entre la fin du X et le XIII. J’ai un exemple en tête, celui de la Normandie où la partie Est , Pays de Caux, plaine de Caen sont des campagnes anciennes aux terres légères et fertiles pour lesquelles on a des traces nombreuses de mise en valeur néolithiques, alors que la partie Ouest armoricaine n’est véritablement mise en valeur qu’au moment des grands défrichements.

      Ce ne sont pas les grands « feudataires » qui construisent la plupart des châteaux. Les milliers de mottes féodales construites en terre et bois attestées ne nécessitent pas de grands moyens, seuls les châteaux de pierre réclament des moyens. De même les milliers de petites églises romanes rurales n’ont pas souvent été construites ni financées par de puissants seigneurs.

      Vous avez une vision de l’histoire centrée sur les élites particulièrement datée. Que cela vous plaise ou non, la christianisation des campagnes est encore incomplète et fragile au XIème, la Bretagne est encore une région relativement isolée et peu peuplée ( l’archéologie des cimetières le prouve) et sa christianisation massive est plus tardive.

      La mise en valeur de nouvelles terres à cette époque n’est pas une légende, c’est un fait qui peut être nuancé mais certainement pas être nié.



    • Antenor Antenor 23 novembre 2011 23:46

      Les spécialistes de l’archéologie funéraire sont les premiers à affirmer que les sépultures n’offrent pas un échantillon représentatif de la population.

      Les milliers de mottes féodales en bois et en terre ne sont pas attestées. Il s’agit simplement d’une vieille hypothèse générale des archéologues qui pensent que les chateaux en pierre ont été précédés de mottes castrales en bois et en terre mais il n’y a pas de preuves. Hypothèse on ne peut plus étrange étant donné que le mortier de chaux était connu depuis au moins le début de l’Empire Romain. C’est la même mythologie que la forêt.

      Par contre, les vestiges des milliers de chateaux en pierre eux sont bien attestés.

      Si la christianisation de la Bretagne a été si tardive on a sûrement des documents l’attestant ? Surtout vu le foin qu’a provoqué l’hérésie cathare quelques temps plus tard.


  • Emile Mourey Emile Mourey 23 novembre 2011 09:11

    @ De la hauteur


    Pas besoin d’être spécialiste pour comprendre

    • Emile Mourey Emile Mourey 23 novembre 2011 12:27

      @ Lübeck

      La réincarnation des âmes chez les Gaulois ? Si vous vous placez au niveau des chefs, c’était probablement l’espérance du retour des anciens héros gaulois dans un nouveau guide : exemple du boïen Marricus cité par Tacite ; il y eut aussi, à cette époque de faux Nérons ressuscités. Et l’espérance judéo-chrétienne de la venue d’un nouveau David, cela ne vous interpelle pas ? Quant aux hommes du peuple, c’était peut-être le retour du grand-père dans un nouveau-né. On ne vous a jamais dit que vous aviez le nez de votre père ou les yeux de votre mère ?

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