Les wiccans sont-ils Basques ? – observations sensiblement spirituelles
Outre les druidismes (normalement celtes, mais globalement écospirituels) – et, à vrai dire, de manière beaucoup plus populaire et diffusée en Occident – les wiccanismes portent le succès de ce qu'il est convenu de nommer « le néopaganisme » (par convention post-chrétienne) quoi qu'il s'agisse d'animismes/polythéismes.
Oui, vraiment, la wicca porte « le néopaganisme », et du moins toute une ambiance witchy (« sorcinette ») dont la wicca est le cœur vivant par éclectisme commun. Bien entendu, il y a des covens (« assemblées ») plus pointus – enfin c'est comme toujours et partout entre les phénomènes sociaux, quels qu'ils soient : entre leurs amateurs, leurs connaisseurs et leurs experts, etc.
Non mais, le succès de la wicca est si grand, que des druidismes ont adopté sa « roue de l'année », de même que des danismes (i.e. des renouveaux germano-scandinaves, communément viking-style, encore que leurs mouvances politiques n'aient pas permis leurs essors – au siècle dernier). Même les médias grand public, s'y laissent berner.
Bref, la wicca est puissante, et il ne faut pas sous-estimer ses pouvoirs – ne serait-ce que les pouvoirs de sa popularité – y compris quand c'est un·e TikTokeur·se bête comme ses pieds qui prétend s'y adonner, ou encore (moins stupide) quand c'est un·e YouTubeur·se qui n'en communique que des banalités.
Bien que la wicca ne soit pas toute la sorcellerie, la sorcellerie a aujourd'hui globalement les couleurs de la wicca, des druidismes et des danismes – soit, grosso modo, tout ce qui semble « alternatif » eut égard à l'héritage gréco-romain, puisque la wicca recycle mélangés les héritages celto-danes (au point que même les libraires, classent Gaulois et vikings dans le même rayon, alors qu'ils ont 1000 ans d'écart historique...
... c'est ridicule de leur part, mais depuis que les libraires sont embauchés parmi les commerciaux, et plus parmi les littéraires...
... il y a certainement un lien de cause à effet, avec la diffusion de la wicca, aussi, puisque les embauches commerciales ont précédé le phénomène).
Bref, bon sang de bon soir, rien à voir, mais en quoi les wiccans sont-ils des Basques ?

El aquelarre, 1798, Francisco de Goya.
L'akelarre : assemblée de sorcières basques,
autour du Bouc Noir, Akerbeltz.
En quoi les wiccans sont-ils des Basques ?... Si la question semble stupide, sa réponse le sera moins.
Féminisme hypermoderne
D'emblée, les « milieux » font régulièrement circuler des contenus, à propos des sorginak, c'est-à-dire des sorcier·e·s en euskara/langue basque – sorgina, au singulier, est épicène : à la fois masculin et féminin.
La dernière sorcière a avoir été tuée dans les Pyrénées, date de 1930 – vous lisez bien : voilà moins d'un siècle. La répression fut dure dans les parages, depuis la Renaissance où les baleiniers Basques (en collaboration avec les Islandais, au point qu'en naisse un pidgin/langue « créole ») avaient délaissés leurs femmes, qui s'émancipaient d'autant mieux que l'antique Gascogne – Vasconie transpyrénéenne – avait toujours été paritaire (droit d'aînesse paritaire, quant à l'héritage de l'etxe, la maisonnée).
Bref, les traditions locales furent toujours « épicènes » comme l'euskara/langue basque, en antique Gascogne... et pour cause : ça faisait partie du continuum ibère si « efféminé » dans sa statuaire, depuis l'époque archaïque mycéno-phénicienne (tartessienne dans la péninsule) axialement minoenne en Méditerranée... Minos : récemment réputée pour ses femmes fortes dans la recherche, au point que, entre toutes les traditions européennes, le celtisme influencé en valorisa mieux les femmes (les Ibères paritaires, les Celtes avunculaires).
On a compris que c'était, avant tout, par féminisme, que les wiccans sont des Basques – pas du tout par traditionalisme ibéro-vascon. Mais bon : « notre hypermodernité fait ce qu'il lui plé » (sic) et les wiccanismes sont hypermodernes.
Yamnaya originaires
Là où les choses se compliquent, c'est avec les Celtes et les Danes, quand même. Car les Celtes et les Danes ont beau avoir connu des guerrières, des prêtresses et des reines, les Danes sont aussi virilistes que des Romains en général ; quant aux Celtes, une société avunculaire n'est pas tout à fait une société paritaire, bien qu'on puisse saluer leur valorisation du féminin, sous l'angle féministe hypermoderne.
C'est que Celtes, Danes et Romains, mais aussi Illyriens, Thraces, Grecs, Daces, Scythes et Slaves... sont autant de continuums culturels hérités de la « yamnaïsation » de l'Europe, voilà 5000 ans.
Or, le peuple yamna – les Yamnaya (plus connus sous le nom anachronique d'Indo-Européens – fut parfaitement viriliste, quasi-patriarcal (mais laissons le patriarcat aux Hébreux et leurs avot-pères, avec leurs suites chrétiennes et musulmanes, entre patriarches et polygames). Et c'est bien parce que les Yamnaya furent quasi-patriarcaux/virilistes, qu'ils remplacèrent toutes les lignées masculines en Europe, depuis les steppes proto-scythes où ils s'étaient répandus, après leur nomadisme millénaire dans la toundra.
Tout ceci ne fait pas très « wicca », voilà pourquoi :
Contradictions sans nom
La wicca a repris le drôle de précepte – depuis le lubrique Aleister Crowley – « fais ce que [tu] voudras » en ajoutant « du moment que ça ne nuit à personne » : l'enfer est pavé de bonnes intentions, disent les chrétiens. C'est que l'étude des impossibilités pragmatiques d'une telle maxime rallongerait inutilement cet article.
Dans l'immédiat, c'est difficile à concilier avec les traditions quasi-patriarcales/virilistes. Le problème le plus profond de cette maxime, étant qu'elle autorise toutes les réformes, c'est-à-dire... l'autosuppression des « traditions » par elles-mêmes.
Mais le second problème, inhérent au quasi-patriarcalisme/virilisme, est le suivant : il n'est pas féministe ; encore moins hypermoderne. Bien entendu, ce ne sont ni les féministes, ni les hypermodernes, qui s'en soucieront – les wiccans ne s'en soucient donc pas. Au contraire, c'est bien là que le réformisme opère : « fais ce que [tu] voudras » donc à chacun son petit développement personnel, et vogue l'insociété libérale.
Divin problème
Là où le problème est le plus profond, entre la « yamnaïté » et la wicca, c'est que les cultures qui en découlèrent, et dont la wicca prétend s'inspirer, ne valorisent donc pas le féminin comme la wicca le sacralise. Entre toutes les Déesses européennes, la celtique et triple Morrigan/Babd/Macha/voire Nemain, est certainement la plus libre figure féminine ; elle ne régna pourtant pas sur le panthéon celte.
C'est pourtant « la Déesse triple » que met la wicca au cœur de son système, aux célébrations de la « roue de l'année » fusionnées à des fêtes plus ou moins inventées, et plus ou moins danes (on en connaît effectivement quatre celtes ; les quatre autres sont un mic-mac – en dehors de Yule, mais encore ! toutes leurs huit datations et leurs dénominations sont changées) ; or, répétons que les Danes sont aussi rigides que les Romains.
Involontairement toujours, les wiccans sont ici des Basques, car – comme on l'a déjà dit – le celtisme fut nourri d'ibérisme (ou plutôt, ibérisme et celtisme ont plus ou moins été nourris à des mamelles mycéno-phéniciennes – les Ibères plus que les Celtes, étant donné que les Ibères sont plus méditerranéens, évidemment).
C'est-à-dire que la Déesse Mari basque, se nomme potentiellement ainsi par contraction d'un import celte Mara Rigana, Ma-Ri, voire tout simplement romain, Magna Regina avec quelques aménagements ; dans tous les cas, cela put faire référence à la Déesse celte Morrigan, puisque c'est l'étymologie de son nom. Où donc, Morrigan prit dans le celtisme – et plus largement dans les mondes européens – une telle dimension de libre figure féminine, parce qu'elle était inspirée par Tanit : Tanit, qui fut centrale chez les Ibères.
« Matriarcat »
Où l'on voit donc, que la wicca n'est pas yamna, car elle n'est « celte » et « dane », qu'à raison que Celtes et Danes... ne sont pas yamna !... On n'a pas parlé des Danes, mais disons vite qu'ils ont eux-mêmes été inspirés par leurs prédécesseurs. Dan Derieux insiste, sur la base de Régis Boyer, à propos d'une Grande Déesse originaire.
Bref : on arriverait sur les trop fameuses thèses matriciennes dites du « matriarcat originaire », sinon qu'un « matriarcat » – pendant du patriarcat, ou même du virilat, où les hommes conditionnent le mariage des femmes, à des fins diplomatiques, militaires et territoriales – n'existe pas. Mais il est vrai qu'il exista, donc, un matrilignage (héritage par la lignée maternelle) et une matrilocation (l'époux s'installe dans le lignage de l'épouse) celtes – et rien que celtes... sous l'influence ibère dont les Gascons en général et les Basques en particulier (qui sont la pointe résiduelle des antiques Gascons) ont hérité. Dit communément : c'est pré-indo-européen.
Périphérique aux Indo-Européens, péri-indo-européen
Enfin on va trop vite, en disant que c'est pré-indo-européen : car, comme on voit, même si le continuum ibéro-vascon n'est pas yamna/indo-européen, il reste périphérique, péri-indo-européen : asianique d'influence sémitique (chamito-sémitique) avec potentiellement l'Iberia georgienne voire archaïquement Sumer (d'où provient Tanit, sous forme d'Inanna/Astarté) au prisme de la Méditerranée – tout comme potentiellement l'étrusque et le rhète disparus, ainsi qu'assurément le proto-hongrois et le proto-finnois. On parle là d'une première vague de migration européenne, depuis le Caucase-Sud asianique, avant la seconde migration européenne, depuis le Caucase-Nord yamna.
Aussi, la Déesse Mari basque dispose-t-elle d'une véritable liberté sexuelle, avec le Dragon Sugaar. Elle domine le panthéon, tout comme Tanit, depuis sa source punique/phénicienne occidentale. La figure masculine de Sugaar n'est « que » séminale, de même que celle du Bouc Noir, Akerbeltz – si fameux dans l'iconographie sorcière, puisque de son nom découle le nom des akelarres, ou assemblées de sorginak autout de sa fécondité (probable antique Dieu Erge pyrénéen, Georgos ibère, Baal Hamon punique).
Back to the future
Est-ce que les wiccans, néo-« tradition » hypermoderne, ont conscience de tout cela ?... Non. Pourtant, leur figure masculine de Dieu Cornu – lui aussi pseudo-celte, puisqu'inspiré par Cernunnos – est aussi « séminal » que Sugaar, ou Akerbeltz. Finalement, les wiccans nous font part d'une sensibilité spirituelle, disponible entre les dispositions des gens, qui certes fait écho à des temps immémoriaux.
Il ne faut pas voir cela comme un enracinement, même si les wiccans vous diront que « au fond, les dénominations sont sans importance » puisque pour eux « le principe féminin a ce gigantisme, et le principe masculin ce séminalisme » supposés éternels. Non seulement ça n'est pas traditionnel, mais en plus ça déforme les traditions celte et dane, pour les faire coller avec des éléments pré- ou péri-indo-européens.
Ce n'est pas étonnant alors que la christianisation, d'enracinement sémitique, peut nous interroger sur une victoire rétrospective de Carthage contre Rome dans notre hypermodernité. C'est-à-dire que les échos immémoriaux, ont bel et bien un canal historique, qui est paradoxalement le monothéisme – en dehors de vagues pratiques populaires putatives, survivantes après plus de 5000 ans, dont la seule idée de survivance s'apparente à du Dominique Venner (un historien de l'Europe, nationaliste continental, qui remonte même à 30.000 ans ! C'est qu'une autre maxime dit que « plus c'est long, plus c'est bon » !).
Par exemple, si Cernunnos, le Dieu Cornu, contient plausiblement l'écho de la chasse au renne préhistorique, il n'en reste pas moins qu'il est devenu Roi chez les Celtes et dans le cycle arthurien. Donc bon : tout est relatif.
En somme, dans une réalité alternative, les wiccans auraient pu être des Basques, mais puisque, « la vie », ça n'a jamais été « chacun sa réalité », les wiccans ne sont pas des Basques.
Tant pis pour eux tous !