mardi 28 juillet 2009 - par stéphanie suby

Wikipédia dans le (hyper) texte

Tout le monde le connaît : les uns l’utilisent, les autres le boycottent. Certains en ont juste entendu parler, d’autres s’en servent sans le savoir… Le monstre de l’encyclopédie en ligne fête déjà ses 8 ans d’existence. Il ne s’est jamais aussi bien porté mais n’a jamais autant été controversé et concurrencé. Radiographie tout à la fois d’un phénomène, d’un outil collaboratif, d’un (contre-) pouvoir et d’une utopie : Wikipédia.
 
Si vous tapez l’adresse française de Wikipédia dans votre navigateur, voici le premier message que vous pourrez lire sur la page d’accueil : « Bienvenue sur Wikipédia, projet d’encyclopédie librement réutilisable que chacun peut améliorer. 784 407 articles en français, plus de 12 millions dans plus de 250 langues. Version WAP pour téléphones mobiles »(1).

Ces trois phrases résument parfaitement le principe de ce site internet, son ampleur et ses intentions.

Wikipédia est à la juste croisée de deux tendances fortes du Web 2.0 : le contributif et le collaboratif. D’une part, chacun d’entre nous peut apporter un peu de son savoir en contribuant à l’écriture de nouveaux articles ou participer à l’enrichissement des contenus existants. D’autre part, nous pouvons également collaborer à la régulation de ce site en rectifiant, commentant et discutant ces articles et les nombreuses thématiques connexes.

Nous devons la genèse de ce projet à Jimmy Donal Wales, homme d’affaires américain qui, en 2000, créa Nupédia, une encyclopédie libre alimentée et corrigée à l’époque par des rédacteurs sélectionnés. Faute d’articles en nombre suffisant, Nupédia fut contraint d’arrêter son activité en 2003. Mais son rédacteur en chef Larry Sanger avait soufflé à Wales quelques années auparavant d’approfondir l’idée en utilisant la technologie Wiki (voir plus loin Un Wiki c’est quoi ?). Wikipédia naît officiellement en 2001 et devient peu à peu le « monstre » que nous connaissons, parmi les dix sites les plus visités au monde en 2008 (10ème sur 30 en France en décembre dernier – source Médiamétrie).

Aujourd’hui, le site propose donc des millions d’articles libres de droits et modifiables à loisir.

En France, on recense près de 500 000 contributeurs.

Mais comment tout cela fonctionne-t-il ?

Si les premiers articles qui ont constitué le terreau de Wikipédia ont été rédigés, pour la plupart, par Wales et Sanger eux-mêmes, depuis huit ans, la plupart des sujets ont été circonscrits grâce aux contributions wikipédiennes.

Cela ne signifie pas pour autant que toutes les définitions ou notions sont très développées ou fournies. Cela ne signifie pas non plus que ces articles sont fiables à 100% et qu’ils ne contiennent aucune erreur.

C’est cette réalité qui pousse les internautes du monde entier à décider d’enrichir l’encyclopédie. En corrigeant une faute d’orthographe, une date, un lieu. En ajoutant un détail, une anecdote, un lien. En confrontant leur point de vue aux auteurs précédents.

Et c’est ce nouvel état de faits qui amène les mêmes internautes (ou de nouveaux), à modérer les corrections, discuter de leur bien-fondé ou signaler les abus de toutes sortes.

Sur le papier, ce fonctionnement paraît simple et idyllique, en coulisse, la machine Wikipédia est un enchevêtrement de rouages plus ou moins bien huilés et plus ou moins justifiés.

Ainsi, pour un simple concept, on pourra passer des jours, voire des semaines à batailler dans les forums pour savoir quelle version d’une définition est la plus légitime.

Car, chose importante et principe fondamental du Wiki, toutes les versions sont archivées et chaque trace de modification visible par tous.

Un rêve… qui peut se transformer en cauchemar aussi rapidement qu’un prince charmant en crapaud.

De quoi parfois décourager les plus motivés à faire avancer le projet encyclopédique. C’est peut-être la raison pour laquelle sur les 500 000 contributeurs cités précédemment, on n’en recense, suivant les sources, que 3 à 36% de véritablement actifs (l’écart entre ces chiffres rajoutant une inconnue supplémentaire à un système nébuleux).

Heureusement que pour pallier au manque de forces humaines, l’encyclopédie est dotée de robots chargés des basses œuvres. Hormis ceux gérant l’intendance, on retiendra surtout Salebot, le robot qui traque les vandales.

Tests d’internautes incrédules, amas de majuscules ou de ponctuations, injures ou mots suspects, Salebot porte un intérêt plus prononcé aux nouveaux utilisateurs et à ceux qui, au lieu de créer un compte, se servent de leur adresse I.P pour collaborer.

Partant du principe que ne pas vouloir s’identifier… c’est louche.

Suspicion qui a parfois du bon, notamment pour démasquer les entreprises ou les personnes physiques qui s’attèlent à édulcorer les articles les concernant.

Car, étant donné le nombre de visiteurs uniques que Wikipédia draine (plus de 13 millions rien que pour la France recensés par Médiamétrie en janvier 2009), il est évident que de grands groupes ou personnalités ont bien compris qu’il y avait un intérêt à y figurer. Oui mais, sous un angle favorable voire flatteur s’il vous plaît !

L’aventure Wikipédia a beau posséder ses règles et ses garde-fous, nombreux sont ceux qui tentent quotidiennement de les transgresser. Nous verrons d’ailleurs un peu plus loin à quelles limites du système cela peut mener.

En attendant, cherchons à cerner, justement, ce qui rend fous d’elle les 684 millions de visiteurs de l’encyclopédie de par le monde.

Wikipédia = Google repetita ?

Le parallèle est facile. Pourtant, il vient rapidement à l’esprit dès qu’on se penche un peu sur les phénomènes purement web. Notamment sur un point, exemplaire et en même temps, terriblement dérangeant : difficile de citer des concurrents crédibles à ces deux bêtes virtuelles tant nous les utilisons comme nous respirons.

Combien sommes-nous à avoir juste essayé de faire une requête dans un moteur de recherche autre que Google ? Pas beaucoup (en décembre 2008 moins de 9% des utilisateurs français de moteurs de recherche – source Xiti Monitor).

Combien sommes-nous à en être revenus, dépités par les résultats obtenus (peu nombreux et/ou peu pertinents et/ou trop orientés, etc…) ? La plupart d’entre nous.

Combien sommes-nous à avoir complètement éloigné Wikipédia de nos recherches sur un thème précis ? Pas beaucoup.

Combien restons-nous à privilégier d’autres sources encyclopédiques lorsque nous avons besoin d’éclaircir un sujet ? Pas beaucoup mieux(2).

Et là d’intervenir le second point de comparaison. Ou plutôt d’interaction : à une requête d’ordre général (comprenez pas trop commerciale), Google vous proposera toujours dans les résultats, un ou plusieurs liens vers Wikipédia (en 2006 déjà, une étude américaine chiffrait qu’un internaute sur deux arrivait sur l’encyclopédie via Google).

De quoi rendre fou effectivement tous ceux qui passent des budgets notables dans le référencement de leur marque avec pour objectif de figurer sur la première page du moteur de recherche numéro un.

Google et Wikipédia, un duo de choc donc. Quoiqu’à y regarder de plus près, la relation semble plus parasitaire que mutuelle.

En effet, si Wikipédia grâce à ses contenus vertigineux, ses liens hypertextes archi-nombreux et ses mises à jour quotidiennes fait figure de bon élève lui permettant de coller aux critères d’indexation du géant Google, celui-ci, en revanche, ne profite pas vraiment des bons points de l’encyclopédie.

Wikipédia refusant depuis sa création toute forme de publicité sur ses pages.

Déconcertant pour un moteur de recherche qui se verrait bien cribler chaque article ou chaque définition d’un ou plusieurs de ses liens commerciaux (liens contextuels) en rapport avec le sujet développé et menant d’un simple clic sur l’une des pages de ses annonceurs.

Ainsi, Wikipédia rend probablement dingue même Google !

Cette absence de publicité dans un site aussi visité fait figure d’exception sur la planète Internet. On peut penser que cet argument – pour ne pas dire engagement – séduit d’autant plus les utilisateurs. Pour preuve, le dernier appel aux dons de Jimmy Wales en juillet 2008 a réussi à mobiliser 125 000 personnes et de nombreuses fondations pour une somme totale de 6 millions de dollars et ce, en à peine six mois.

Argent permettant, entre autres, d’écarter la publicité des pages de l’encyclopédie.

Une exception qui va dans le sens du projet tel que Wales l’a toujours présenté : gratuit, collectif et même caritatif. La fondation Wikimédia qu’il a créé en 2003 dans le but de financer le fonctionnement de Wikipédia et diverses actions liées, affiche d’ailleurs très clairement sa vision utopico-charitable : « Imaginez un monde dans lequel chaque personne pourrait partager librement l’ensemble des connaissances humaines. Et nous avons besoin de votre aide. Vous pouvez aider la Wikimedia Foundation en donnant dès aujourd’hui. »

Un site pourvoyeur de connaissances transformé en organisation humanitaire… original et forcément séduisant par les temps qui courent.

Car le succès de Wikipédia est aussi certainement conjoncturel. En plus de s’inscrire dans la vague sociale propre au Web 2.0, le site nous rend tous égaux devant la connaissance, qu’il s’agisse de celle que l’on produit ou de celle que l’on se procure. Grâce à son utilisation facile comme à sa gratuité. Deux enjeux majeurs aujourd’hui.

Pour en finir avec les armes de séduction massives, l’encyclopédie a mis récemment ses contributeurs à l’honneur en éditant une version papier de certains de ses articles allemands. Au total, 90 000 rédacteurs/correcteurs se sont retrouvés cités sur 27 pages d’un véritable bouquin commercialisé vingt euros par la maison d’édition Bertelsmann. Une manière de passer à la postérité qui doit encore plus motiver les fans maintenant qu’il existe un précédent.

Un coup de pub aussi pour une encyclopédie qui a enchaîné les bourdes récemment. Une manière de mettre en lumière les « bons » rédacteurs, par opposition avec les mauvais élèves s’acharnant à distiller des infos erronées dans certains articles et à saper la réputation de l’encyclopédie-star.

Mais qui veut la peau de Wikipédia ?

En effet, si finalement le côté full open du procédé décourage les vrais hackers par un trop simple accès au vandalisme, il séduit par contre les vrais ennemis de Wikipédia qui, quant à eux, maîtrisent parfaitement les moyens de communication. Au final, les grossières erreurs ne sont pas si nombreuses à passer entre les mailles du filet (humain ou robotisé). Le problème, c’est qu’elles sont ultra-médiatisées et concourent à discréditer la vocation même de l’outil. Morts annoncées de personnalités célèbres bien vivantes (Edward Kennedy, Philippe Manœuvre…), articles farfelus ou approximatifs, informations diffamantes (affirmation que le journaliste américain John Seigenthaler était l’assassin de John F. Kennedy…), les malveillants s’en donnent à cœur joie pour faire flancher le système. Parfois juste pour voir à quelle vitesse l’erreur aura été corrigée, parfois redisons-le pour contribuer à noircir la réputation de Wikipédia jusqu’ici plutôt favorable.

Jusqu’ici mais après ? Victime de son succès, l’encyclopédie déchaîne une à une les polémiques. Pour la raison que nous venons de citer, à savoir une fiabilité contestable.

Mais aussi à cause d’une omniprésence discutable sur un média (le net) où l’on aime la polyvalence et l’offre multiple. Doublée d’une facilité d’utilisation qui agace.

Car si on en revient à la fonction première d’une encyclopédie et de Wikipédia en particulier : distiller du savoir, on peut comprendre le danger qu’un manque de concurrence dans le domaine et un accès gratuit peuvent entraîner.

Et entraîner certains à prôner l’interdiction de l’outil dans les écoles ou les universités.

Comme ce fut le cas dans le New Jersey il y a deux ans où certains professeurs sont partis en croisade contre l’utilisation de l’encyclopédie au sein d’un collège.

Motif ? L’usage abusif de Wikipédia comme unique source dans les travaux nécessitant des recherches documentaires.

Les élèves ou étudiants se borneraient à cette source sans vérification préalable des informations trouvées. Qu’on se rassure, ce constat ne concerne pas seulement la population américaine. De nombreux professeurs de facultés françaises ont noté le phénomène (certains témoignent même de l’utilisation de l’encyclopédie pendant les cours pour mieux répondre aux questions). Et on ne compte plus les mémoires recalés pour cause de copier/coller flagrants.

Une omniprésence qui gênerait également les grands patrons d’entreprises du CAC 40. Selon une étude de l’agence de communication Euro RSCG, Wikipédia « cannibaliserait » les informations sur ces entreprises. Par exemple, dans la recherche sur une grande enseigne du luxe, vous aurez dans les deux premiers résultats, le site officiel et vitrine de ce groupe et la définition de l’encyclopédie.

Définition saisie par n’importe quel internaute et non par le service de communication de la marque. Une information factuelle et impartiale remettant parfois au goût du jour des événements que les pros du marketing préfèreraient faire oublier.

Et, somme toute, une deuxième position sur la première page du moteur de recherche très chère et du coup, très enviée par les annonceurs.

Wikipédia présente ainsi aujourd’hui des détracteurs dans des domaines aussi opposés que l’éducatif et le commercial. Et même si les critiques peuvent elles-mêmes être mises à mal, elles semblent rendre l’encyclopédie nerveuse. Car à ne pas verser dans la publicité, on n’en est pas moins attentif à son image.

Au final, un repli sur soi menant à quelques rumeurs de censures pas forcément prouvées et surtout, le récent débat de rendre les auteurs moins anonymes pour tenter de regagner des points crédibilité auprès du grand public.

Une crédibilité écornée pour toutes les raisons que nous venons de citer, mais aussi probablement à cause de la concurrence qui point… et qui, forcément, appuie là où ça fait mal.

Des concurrences loyales

En premier lieu, et en mauvais joueur patent, on retrouve Google qui présentait il y a un peu plus d’un an, son nouveau projet Knol sur son blog en ces termes : « L’idée principale du projet Knol est de mettre en lumière les auteurs (...) Nous pensons que connaître l’identité des personnes qui écrivent les articles aiderait significativement les utilisateurs à mieux se servir du contenu du Web ».

Lancé en France à la fin de l’année dernière, Knol est une base d’articles rédigés en effet par des personnes dont les noms, prénoms et visages (quand les utilisateurs chargent leur photo) sont identifiés. Un argument de poids face aux défaillances du poids lourd encyclopédique dans le domaine. Et une comparaison qui s’arrête là…

Wikipédia tend – qu’elle y réussisse ou pas – vers un projet encyclopédique fondé sur la collaboration de chacun à la définition la plus juste, la plus renseignée et la objective possible. Pour Knol, une définition correspond à un auteur. Si celui-ci a la possibilité d’inviter des co-auteurs, il n’en reste pas moins que chaque personne désirant apporter son point de vue sur un sujet peut créer un nouvel article. Venant s’ajouter à tous les autres et non pas s’intégrer à un seul autre. Difficile de s’y retrouver donc, dans le flot de définitions.

Wikipédia maintient l’anonymat de ses contributeurs – volonté fortement discutée actuellement au sein de l’administration du site – afin que la patte individuelle s’efface devant le projet collectif. Knol met en avant l’identité de chacun de ses rédacteurs qualifiés à la va-vite d’experts sans vérifier la qualité des contributions et la réelle connaissance des auteurs. Mettre en avant cette caractéristique pour justifier une « meilleure utilisation du Web » est un argument sans fondement voire même dangereux. Ce qui saute aux yeux lorsqu’on visite Knol, c’est d’une part le peu de contributions en ligne après six mois d’existence en français, d’autre part, les risques évidents de dérive des articles vers des micro-sujets n’intéressant qu’une infime partie de la population. De plus, la hiérarchisation et l’énonciation des sujets fait ressembler le tout à un fouillis ordinaire très peu attractif, n’incitant pour l’instant pas à une « meilleure utilisation du Web ».

Ajoutons à cela, une dernière différence fondamentale : Knol propose à chaque expert de faire apparaître sur son article de la publicité en rapport avec les mots de sa page (liens contextuels) dont chaque clic du lecteur permet la rémunération du rédacteur. Différence fondamentale et probablement raison principale de la décision de Google de participer au modèle encyclopédique. A sa façon.

A ce stade, pas un concurrent très dangereux pour Wikipédia. Le manque de participants et le manque de sérieux dans les contenus et la présentation lui laissent de beaux jours à venir.

Le vrai danger est ailleurs…

Et tout simplement là où il doit être : du côté des encyclopédies dites « classiques ».

On a souvent dit que Wikipédia dépassait l’Encyclopédia Britannica en termes d’utilisateurs. On a souvent dit également que Wikipédia proposait un contenu quasiment aussi fiable que Britannica.

Pourquoi une telle comparaison ? Parce que dans l’imaginaire collectif, le véritable savoir rime encore avec Britannica, Universalis ou Larousse. De vieilles encyclopédies jamais contestées (pourtant, on s’aperçoit maintenant qu’elles contiennent tout autant leur marge d’erreurs) et à la réputation inébranlable jusqu’à… Wikipédia.

Pourtant, il semblerait que la baisse de consultations de ces encyclopédies n’est en fait due qu’à un manque de réactivité. Si ces marques avaient pris à temps le tournant numérique, on peut penser que leur visibilité serait actuellement comparable à celle de leur concurrent.

Leur problème est d’avoir continué à croire uniquement dans leur version papier (et éventuellement CD-Roms) puis, dans une version tarifée sur Internet.

Ce sont, à notre avis, plutôt ces mauvais jugements qu’elles ont payés jusqu’à présent, qu’un modèle encyclopédique obsolète.

D’ailleurs, ce retard pourrait finalement leur servir.

Il aura fallu attendre sept ans après la naissance de Wikipédia pour que Larousse lance une version collaborative en ligne de son encyclopédie. Sept ans c’est long.

Mais on peut dire que le concept proposé a le mérite d’avoir été mûrement réfléchi. Et ça se voit.

Larousse propose donc un accès gratuit à sa base de définitions sous diverses formes (texte, image, film, lien…) et de manière plutôt soignée. Premier point sur lequel nous n’avons pas insisté mais qui fait défaut dans la plupart des Wiki et auquel Wikipédia ne déroge pas : le manque d’esthétisme. Une partie du budget collecté par la fondation Wikimédia cette année étant d’ailleurs prévue pour embellir le site.

En parallèle de ses propres définitions, Larousse présente des contributions d’auteurs identifiés (comme Knol). L’utilisateur peut donc piocher soit dans le savoir estampillé Larousse, non modifiable, soit dans les définitions apportées par des internautes lambda.

Probablement la proposition encyclopédique la plus aboutie jusque-là. Avec les précautions qu’il faut, la réputation qu’il faut et surtout, pour l’instant, la gratuité.

Un acquis pas vraiment remis en cause puisque Larousse parle de se diriger vers des espaces publicitaires plutôt que de faire payer ses visiteurs.

Alors que Britannica et Universalis (même groupe) ont choisi l’accès payant et donc, de s’amputer d’une part non négligeable d’utilisateurs.

Pour l’instant, tout ceci ne représente pas une concurrence trop déstabilisante pour Wikipédia. Plutôt des sonnettes d’alarme montrant que certains sont maintenant prêts à entrer dans la course collaborative et que l’encyclopédie a certainement elle aussi besoin de se remettre en question. Notamment concernant l’anonymat des contributeurs. Jimmy Wales appelle actuellement à dévoiler leur identité pour certains articles dits sensibles comme les biographies. Mais les administrateurs ne sont toujours pas d’accord pour mettre en place ce système qu’ils jugent en opposition avec les fondements du projet.

On sent bien que cette question est le nœud du problème qui permet à Wikipédia de garder son identité mais qui, en même temps, pourrait facilement la mener à sa perte.

Larry Sanger, le premier associé éclairé de Wales, depuis largement évincé, l’a bien compris. Il a repris le principe de Wiki encyclopédique en créant en 2007, Citizendium. Globalement la même chose que Wikipédia sauf que les articles sont chapeautés par des experts aux noms bien identifiés. S’il n’existe qu’une version anglaise jusqu’à présent, on peut penser que le projet devrait rapidement se développer dans le monde entier. En tout cas, on ne voit pas pourquoi ce ne serait pas le cas. Il faut juste que l’ambition de Sanger soit aussi forte que celles de Wales et là, c’est une autre histoire. A moins finalement que la course aux experts ne condamne les sites ayant choisi cette option à ne toucher qu’un public restreint, expert lui aussi et ne laisse ainsi Wikipédia toute seule face au grand public.

 

De toute façon, étant donné les nombreux enjeux inhérents à la question des encyclopédies, Wikipédia devra évoluer si elle veut garder sa place de leader. Entre ceux qui poussent pour gagner des parts de marché publicitaires (Knol, Larousse), ceux qui veillent pour que le contenu soit irréprochable au regard de la mission éducative du projet (écoles, universités, chercheurs…) ou au regard de sa finalité culturelle (Citizendium), il reste peu de place pour lambiner et remettre les grandes questions à plus tard.

Parmi les grandes orientations du moment, on trouve, comme nous l’avons déjà évoqué, le débat sur la levée de l’anonymat pour certaines contributions dites sensibles.

Pas vraiment sûr d’aboutir mais symptomatique des questions existentielles de l’encyclopédie.

En parallèle, Wikipédia continue ses opérations en direction des écoles, notamment en Grande-Bretagne, où il est possible de télécharger une version consultable hors ligne et sur téléphone portable et imaginée pour répondre aux programmes scolaires.

Un parti-pris qui nous semble absolument nécessaire pour conserver une certaine crédibilité mais aussi et surtout pour construire des ponts avec les futurs utilisateurs de l’outil. Qu’ils soient juste lecteurs ou également contributeurs. Car le problème majeur de Wikipédia n’est pas tant son fonctionnement ou ses erreurs que la manière dont elle est utilisée (assez mal jusqu’à présent). On notera d’ailleurs l’existence d’un wiki encyclopédique uniquement à l’usage des enfants (initiative suisse) qui, sans représenter un concurrent de taille, a le mérite d’avoir cerné la nécessité d’allier savoir et pédagogie (3).

Wikipédia doit maintenant prendre la mesure de ses ambitions et de l’exemple qu’elle représente. Sans trop se soucier des critiques ou des concurrents, elle doit complètement intégrer l’idée que pour perdurer, elle a besoin de prescripteurs éclairés. A défaut d’experts et de publicité.

 

(1) Au moment de la rédaction de l’article. NdA.

(2) Pour le test autant que pour le « fun », cet article a été rédigé sans l’aide de Wikipédia. NdA

(3) http://fr.wikimini.org/wiki/

 

 

Pour aller plus loin :

http://www.ecrans.fr/Inside-Wikipedia-1-Wikilove,4601.html

http://www.ecrans.fr/Inside-Wikipedia-2-Au-feu,4683.html

http://www.ecrans.fr/Inside-Wikipedia-3-Maux-de-PaS,4696.html

http://www.ecrans.fr/Inside-Wikipedia-4-Tuer-des,4736.html

http://www.ecrans.fr/Inside-Wikipedia-5-Sous-haute,4770.html

http://www.ecrans.fr/Inside-Wikipedia-6-Les-vandales,4805.html

http://www.ecrans.fr/Un-Wikipedia-sans-filtre-s-il-vous,5912.html

http://www.ecrans.fr/Interview-Olivier-Ertzscheid,3015.html

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=83711

http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2006/10/liens_affinitai.html

http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2008/06/cest-wikipdie-q.html

http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2008/09/cest-la-rentr-1.html

http://www.laviedesidees.fr/Portrait-de-l-intellectuel-en-DJ.html?decoupe_recherche=wikip%C3%A9dia


Un Wiki, c’est quoi ?

 

On utilise ou on cite à longueur de temps l’encyclopédie Wikipédia sans vraiment savoir, ni comment ça marche, ni comment c’est né.

A force, on trouve finalement le logo de ce site web plus explicite que son nom… non ?

C’est une chose acquise que Wikipédia est une encyclopédie (en ligne précisément). C’est aussi (voire surtout) un Wiki. Petite explication.

 

On attribue la paternité de l’outil Wiki à Ward Cunningham, informaticien américain qui, en 1995, a imaginé dans le cadre de son travail, une bibliothèque « accessible et enrichissable par tous »(1). Cela donna naissance au Wiki Wiki Web (Wiki wiki veut dire « vite » en hawaïen) affectueusement appelé depuis, Ward Wiki en hommage à son inventeur.

Le principe du Wiki est basé sur le travail collaboratif : il s’agit ici de la possibilité pour les personnes ayant accès à un Wiki d’enrichir son contenu par le biais de trois actions simples.

En anglais Edit, Save et Link, que nous choisirons de traduire par Editer, Sauvegarder et Lier.

Au commencement, le Wiki est une page blanche qui n’attend que de s’alimenter des contenus et données de ses utilisateurs. Ce que le canadien Michel Daumais nommait il y a quelques années, « le tableau blanc de l’intelligence collective »(2).

Pour remplir cette page blanche, il suffit de cliquer sur Editer (ou Editer cette page ou Editer ce texte). S’ouvre alors une page modifiable où il ne reste qu’à entrer les informations sur le sujet pour lequel le Wiki a été créé.

Une fois ces informations saisies, il n’y a plus qu’à cliquer sur Sauvegarder. La page ressemble alors à une page web basique.

Oui mais alors ? Quelle différence entre un Wiki et un Blog ?

Si au début des années 2000, il était nécessaire de connaître le langage propre à cet outil (pas très compliqué néanmoins) pour mettre en forme sa page, il est vrai qu’avec l’évolution des différentes interfaces Wiki il apparaît aujourd’hui que celui qui gère un Blog peut tout aussi facilement créer un Wiki.

Pourtant, les deux outils possèdent une différence fondamentale : l’un est un journal personnel, l’autre est un instrument résolument collectif.

En effet, le Wiki est ouvert à toute personne susceptible de vouloir faire évoluer son contenu.

Dans l’esprit de Ward Cunningham, tout anonyme peut alimenter le Wiki Wiki Web. Sans censure, contrainte ou avertissement. Une sorte d’utopie, uniquement « jardinée » par son « noyau de fidèles utilisateurs » (3). Fondée sur l’idée qu’il est tellement simple et transparent de venir modifier une donnée que les pirates et autres vandales du web n’y accorderont que peu d’intérêt. Un pari qui s’est plutôt vérifié au fil des années.

Même si quelques coquins entachent régulièrement la réputation du plus fameux des Wiki en diffusant des informations erronées, fantasques ou complètement fausses (lire aussi le paragraphe « Mais qui veut la peau de Wikipédia ? » ci-contre), il apparaît bel et bien qu’un Wiki a une réelle tendance à s’autoréguler.

Mais revenons aux trois actions de base citées précédemment. Si Editer et Sauvegarder peuvent vous permettre d’amorcer votre Wiki, Lier va vous amener à le faire grandir.

Car l’une des principales caractéristiques du Wiki est l’interdépendance de ses pages. Très vite, il ne vous suffira plus de créer des articles en collaboration, vous ressentirez le besoin d’unir ces informations entre elles.

Peu de Wiki fournissent encore un véritable bouton Lier. Il a été remplacé le plus souvent par une icône sur laquelle il suffit de cliquer après avoir sélectionné un mot que l’on veut transformer en lien. La manipulation consistera alors à entrer, dans le champ qui apparaît, l’adresse d’une autre page du Wiki qui vous semble venir compléter le propos de celle-ci.

Enfin, dernière caractéristique et non des moindres, si, par hasard, par erreur ou par malveillance, un contenu aura été modifié sans fondement, sachez que le Wiki archive toutes les modifications réalisées sur une page et qu’il est très facile de réafficher des versions antérieures.

Concrètement, le Wiki ne doit et ne peut se résumer qu’à un usage encyclopédique. Fort utile au sein des entreprises pour la gestion de projets, il est aussi le moyen le plus performant pour produire des documents collectivement, ce qui, avouons-le, est un atout qui ne peut que questionner les professionnels de la documentation.

 

(1) http://www.journaldunet.com/0308/030820cunningham.shtml

(2) http://www.ledevoir.com/2004/05/03/53624.html

(3) http://wiki.crao.net/index.php/CommentExpliquerWikiAuxD%e9butants

 

Pour aller plus loin :

http://www.tice.ac-versailles.fr/Qu-est-ce-qu-un-Wiki.html

http://valeurdusage.net/wordpress/wiki/quest-ce-quun-wiki-1-definition-et-utilisation-de-loutil

 



30 réactions


  • Krokodilo Krokodilo 28 juillet 2009 10:31

    Sans vouloir vous faire rougir, j’ai pensé à ce classique scolaire « Et pour leur coup d’essai veulent un coup de maître », car c’est très intéressant et détaillé. Bravo donc, excellente synthèse pour votre arrivée sur AV si je ne me trompe pas.
    Malgré les critiques et les incertitudes sur son évolution, je pense que Wikipedia est une des plus grandes innovations du 20e siècle, le rêve des encyclopédistes, le savoir collectif obtenu par le travail collectif. Il restera probablement un créneau pour des ouvrages ou encyclopédies dotées d’articles très pointus par les meilleurs spécialsites du domaine, mais pour ce qui est de l’encyclopédie généraliste, je crois que la messe est dite. Son fondateur mérite le prix Nobel, celui de la paix, par exemple, car sans éducation les guerres fleurissent..
    Je me souviens il y a quelques années avoir voulu identifier un insecte apporté par quelqu’un, j’ai passé une heure sur une encyclopédie papier, avant de me tourner vers Wiki, en quelques minutes j’avais plusieurs photos, un article et des conseils !


  • John Lloyds John Lloyds 28 juillet 2009 11:00

    Article assez bien fourni, mais trop vulgarisé et qui, malgré son caractère au semblant précis, passe totalement à côté de l’essentiel.

    WK peut sembler être un concept séduisant, toutefois son architecture de rédaction est une porte grande ouverte à des déformations, par exemple historiques, voire factuelles. Car ce qui fait sa force, la démocratisation du savoir, fait également sa faiblesse, la démocratisation de la rédaction des articles, qui sont censés s’autoréguler par les corrections de la masse des internautes intervenant.

    Si l’on met de côté la cacophonie des pages de discussion, qui peut être interprétée comme une régulation naturelle, on constatera toutefois que le cœur de la légitimité d’une référence dans un article pénètre de plain-pied dans un cadre totalement subjectif : basé sur le principe de la neutralité, une source est censée être « de qualité ». Voilà la première escroquerie, une totale subjectivité, fondée sur une acceptation générale de l’opinion. Dans une époque où l’opinion est fabriquée par les machines à bourrer les cervelles, on imagine le résultat.

    Mais le clou est la seconde escroquerie : en cas de désaccord, une modification doit refléter le « consensus ». Inexorable démocratie ! En clair, une quantité aléatoire d’internautes, ceux présents au moment de l’expression du consensus, d’internautes lamda, ouvriers, lycéens, oisifs, curieux, sans la moindre qualification, au même titre qu’universitaires ou experts qualifiés, vont pouvoir, comme à la présidentielle, faire acte de consensus.

    Evidemment, comme Google pointe en premier lieu sur WK, nul besoin d’être sorcier pour comprendre que les groupes de pression se sont engouffrés dans cette faille du « consensus » pour faire virer toutes les modifications gênantes, ou venir peser dans les textes. Outre les grands classiques de réécriture de l’histoire, pouvant aller jusqu’au professionnalisme, on constatera sur WK que nombre d’article sensibles finissent par rejoindre les affres de la bien-pensance.

    Pour s’en convaincre, un exemple, voir à quel point l’article sur la FM est un poncif de clichés à la BHL, et voir dans les 4 pages de discussions comment certains intervenants d’excellent niveau se sont fait virer par le « consensus ». Allez pour rire, alors qu’on sait que la très pourrie politique française est infestée par la FM, voilà ce qu’écrit WK : « La FM encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l’humanité. La bienfaisance est l’un de ses moyens d’action. Elle réunit, dans de nombreux pays répartis sur toute la surface du globe, des personnes qui se sont donné pour but de travailler à leur amélioration spirituelle et morale » MDR

    Donc, pour finir, une auteure un peu bisounours, qui explique très bien que WK est un bon outil pour la connaissance générale, ce dont je conviens, mais qui, pour la connaissance pointue et sensible, n’est qu’un relais médiatique présenté en encyclopédie, une machine à formater les esprits, qui ne vaut guère mieux que le Figaro ou TF1, et contrôlée délibérément comme telle.


    • french_car 28 juillet 2009 15:38

      Tous sont égaux devant la possibilité de modifier les articles.
      S’il y a bagarre sur une définition les plus nombreux l’emporteront.
      Certes on peut dire que si l’accès à Wikipedia est interdit aux Chinois on n’aura que la version bisounours du Dalaï Lama.
      Quand vous dites que sur les sujers pointus c’est une machine à formater les esprits c’est faux car il y aura au moins autant de « contre » que de « pour » !
      Cela me fait penser à certains white papers médicaux, que l’on appel « consensus » de telle ou telle spécialité. Même s’il y a des étiologies ou des thérapies qui font débat, les membres de la spécialité ont une position consensuelle.
      Pas de confusion avec un forum, Wikipedia est une référence, pas un lieu de débât.
      Quant à d’éventuels « fouteur de m...de » qui iraient passer le temps en écrivant des âneries j’y c rois peu, il est plus facile et plus agréable de jouer à Warcraft.


    • John Lloyds John Lloyds 28 juillet 2009 16:10

      « Quand vous dites que sur les sujers pointus c’est une machine à formater les esprits c’est faux car il y aura au moins autant de « contre » que de « pour » ! »

      Autant ? Un peu arbitraire comme affirmation, et cela voudrait dire qu’il y a 50% de l’information qui n’apparaît pas. Vous argumentez contre vous même.


      « Cela me fait penser à certains white papers médicaux, que l’on appel « consensus » de telle ou telle spécialité. Même s’il y a des étiologies ou des thérapies qui font débat, les membres de la spécialité ont une position consensuelle. »

      Sauf que le consensus dont vous parlez est un consensus permanent, alors que celui de WK est un consensus de l’instant, celui des internautes présents au moment du règlement du litige, ce qui amplifie le caractère aléatoire de sa norme. Ce qui fait de WK une encyclopédie d’un certain savoir, celui d’une vision convenue, établie comme vérité par le stupide critère de la simple présence de certains internautes (amateurs) sur le site - une poignée qui feront consensus, non celui de la Connaissance dans toutes ses facettes et toutes ses ambiguités.

      « Pas de confusion avec un forum, Wikipedia est une référence, pas un lieu de débât »

      Inexact, les articles se font sur la base des pages de discussion, qui ne sont rien d’autre que des forums, et lorsqu’on voit que ces pages sont souvent d’interminables cacophonies où finissent par avoir raison des groupes par leur seul acte de présence permanente, on finit finalement par comprendre que la « connaissance » véhiculée par WK, c’est celle où les absents ont toujours tort, d’autant quand on connaît les méthodes employées pour forcer ces absences. Voir par exemple les très nombreuses archives des pages de discussion sur « René Guénon », c’est édifiant de voir comment un groupe de pression a fini par dégouter des contributeurs de grande valeur qui avaient beaucoup de choses essentielles à dire.


    • Kelson 28 juillet 2009 19:01

      @ John Loyds

      Malgré le fait que tu connaisses visiblement bien Wikipédia, tes argument témoignent d’une non acceptation du principe de base : Wikipédia ne prétend pas écrire ce qui est vrai, mais prétend présenter une synthèse des opinions et connaissances sur un sujet.

      D’ailleurs, comme le mouvement critique vis-à-vis de la FM est significatif, il existe un chapitre important où sont développés leurs opinions : http://fr.wikipedia.org/wiki/Franc_maconnerie#Critiques_et_oppositions

      Finalement, tu te situes dans une approche traditionnelle francaise qui consiste à vouloir une version : cellte proche de la vérité... et Wikipédia a une approche plus neutre (dans le sens où elle exige de citer les principales opinions)... une approche plus anglo-saxone.


    • John Lloyds John Lloyds 28 juillet 2009 21:57

      @Kelson

      Intervention tout-à-fait pertinente, que je rejoins. Je rectifierais juste une nuance :

      « une synthèse des opinions et connaissances sur un sujet »

      par

      « une orientation convenue des opinions et connaissances sur un sujet »

      WK est très bien pour une diffusion vulgarisée et profane du savoir, mais une escroquerie pour une connaissance fiable dès qu’on veux l’appronfondir.


  • John Lloyds John Lloyds 28 juillet 2009 11:05

  • heliogabale boug14 28 juillet 2009 11:41

    Wikipedia est d’un excellent contenu pour les articles scientifiques, un outil nécessaire pour les élèves du secondaire (oui, arrêtons d’être hypocrite, il y a suffisamment de connaissances pour leur niveau, et pour ce qu’on leur demande c’est fiable à 99.99%) En français, il n’y a qu’Universalis qui est meilleur mais il traite de sujets assez compliqués et de façon très approfondie)
    Dans les sciences humaines, c’est globalement correct, il y a des erreurs factuelles qui peuvent porter préjudice dans le supérieur, mais peut rester une bonne première approche pour un sujet de mémoire (voire de thèse), c’est pour cela qu’il faut rester vigilant.
    John Lloyds, vous omettez un point : c’est le caractère oligarchique de Wikipedia ; seul 1% des lecteurs participent activement à l’élaboration des articles et son caractère anarchique i.e l’article de physique quantique et celui sur Secret Story sont mis dans l’absolu sur le même plan.
    Le consensus fait partie du projet : c’est sur que s’il y a 1000 personnes qui veulent mettre des clichés et un seul qui mettre des choses pertinentes et originales ce sont les premiers qui vont gagner mais cette remarque est plus générale : c’est celle du lobbying...et on aura la même chose pour les livres d’histoire etc.
    Ce qui serait bien ce serait de pouvoir proposer à égalité deux versions alternatives quand le consensus n’a pas lieu ou sinon de proposer à un comité d’historiens spécialisés d’écrire l’article quitte à ce que leurs noms apparaissent. (je sais que des professeurs d’université participent au comité de rédaction de wikipedia)


    • Caturix 28 juillet 2009 12:22

      Ce qui serait bien ce serait de pouvoir proposer à égalité deux versions alternatives quand le consensus n’a pas lieu

      Cela avait été proposé, malheureusement non retenu. Techniquement, il est difficile de mettre en place ce type de concept. D’autres part, il faudrait que les contradicteurs acceptent l’idée qu’ils n’y a pas de vérité absolue et là, on a un gros problème. J’ai passé beaucoup de temps à tenter de régler ce genre de problème sur Wikipédia, et souvent, ca c’est mal terminé.


  • Caturix 28 juillet 2009 12:12

    Bonjour et merci pour cet article.

    - Vous dites « Partant du principe que ne pas vouloir s’identifier… c’est louche. » Non pas du tout, simplement, les Ip ne sont pas « tracables ». En fait, la lutte anti-vandales se fait grace à un logiciel qui indique l’artcicle modifié, le poids de la modification, le contributeur etc. Ceux qui sont derrière ce logiciel peuvent vérifier l’historique du contributeur et indiquer au logiciel de le suivre à la trace s’il y a risque (il y a des malins qui prennent un compte pour vandaliser) ou au contraire de lui faire pleinement confiance. Ainsi, on peut évacuer beaucoup de travail de vérification. Mais, les IP ne sont pas toujours fixes ou peuvent être partagées. Donc, il arrive qu’une IP fasse quelques modifications sérieuses, puis le lendemain fassent du vandalisme, simplement, ce ne sont pas les mêmes personnes. D’où l’importance de vérification systématique...


  • François Poulain François Poulain 28 juillet 2009 12:36

    Bonjour,

    Je vous cite : « Aujourd’hui, le site propose donc des millions d’articles libres de droits et modifiables à loisir. »

    Sachez que c’est largement faux. Wikipedia est protégée par le droit d’auteur, et cède des liberté au travers d’une licence, la Creative Commons avec Paternité et Partage à l’identique. Cette licence permet à chacun de copier, de modifier, de distribuer des articles ou des moceaux d’article, sous réserve de respecter 2 conditions :
    * Paternité : le contenu doit être présenté comme issu de Wikipedia.
    * Partage à l’identique : si vous distribuez du contenu, que se soit de façon gratuite ou commerciale, vous n’avez pas le droit de changer les conditions de redistribution.

    Cette dernière clause, couramment appelée « copyleft », est cruciale car elle permet de créer un pot commun de connaissance auquel chacun est libre de contribuer, sans jamais être en mesure de pouvoir en retirer. Le copyleft est un mouvement très important dans la culture « libre », et en aucun cas on ne doit parler de « libre de droits » étant donné que le copyleft, d’une certaine façon s’appuie sur le copyright pour se retourner contre lui.
    Vous pouvez trouver plus d’informations à ce sujet ici : http://www.gnu.org/copyleft/copyleft.fr.html


  • roblin 28 juillet 2009 14:22

    Cet article reprend les principes publicitaires de wikipedia, mais sachez qu’en réalité, ce n’est qu’une belle facade publicitaire, car le règlement de wikipedia est utilisé à interdire toute information qui n’est pas généralement connue, ou d’autres choses plus absurdes, sur les quelques articles que j’ai édité et ou il y a eu des problèmes, visiblement ceux qui censuraient ce que j’avais écrit étaient des administrateurs qui ne comprenaient rien au sujet, qui ne pouvait pas juger de la qualité des infos, et bien souvent, si on ne fait pas la pub d’un sujet, certains se croyant les responsables officiels de l’articles censurent les faits (exemple, dans un article sur le système éducatif américain , j’ai voulu rajouter que des millions d’enfants étaient frappés légalement très violemment avec une planche en bois comme punition car c’est autorisé aux usa, et quelqu’un à supprimé mon ajout en disant que ça n’avait pas sa place dans un article sur le système éducatif américain !, j’ai plein d’exemples comme ça) et il semble que ce soit en France plus qu’ailleurs, les pages dans d’autres langues du même sujet comportaient les infos censurées en france depuis des mois sans que personne ne dise rien. Sur une page d’une grande école, j’ai voulu rajouter une « célèbre » affaire d’un enseignant ayant dénoncé les bizutages qui à été renvoyé, et le contenu à été supprimé immédiatement, et je n’ai pu le remettre, et l’article était clairement rédigé comme la présentation sur la page officielle de l’école.

    Ou encore les liens en bas de page, pour l’article en Français sur Alice Miller (et certains autres), il y avait son site officiel plus quelques autres liens intéressants et à chaque fois un administrateur vient supprimer les liens en ne laissant que le site officiel, mais wikipedia n’est pas une page myspace officielle, de plus lorsque je demande pourquoi on me dit que wikipedia n’est pas une encyclopédie de liens... Oui, et alors, ça n’empêche pas d’avoir quelques liens qui complète l’article, wikipedia ne peut remplacer des articles détailles ou mêmes des sites spécialisés sur un sujet... Bref, sur wikipedia France, tout est bon pour censurer les infos et faire le contraire de ce pourquoi l’encyclopédie à été crée, et le pire c’est que ceux qui passent leur vie à censurer les articles des autres le font en s’auto proclament censeurs et experts contrairement aux règles de wikipedia qui privilégient la discussion, ce qu’ils ne font jamais , jamais avant de faire quoi que ce soit ils n’en discuteraient sur la page ou même après ne reconnaitraient leur erreur !

    Ou par exemple, le règlement dit qu’il n’y a pas de comité rédactionnel mais si on remet un lien ou autre modification apportée par un administrateur, on est considéré comme spammeur, comme politique dictatoriale ou ne fait pas mieux ! Mais à part ça on explique à tout va que tout le monde peut partager son savoir, en oubliant de dire que c’est seulement selon le bon vouloir des censeurs cachés de l’encyclopédie...

    Et concernant les consensus, c’est très simple, dès qu’il y a un problème, un administrateur ne laisse rien discuter ou décider et il décide tout seul sans souvent bien connaitre le sujet et tout contestation est assimilée à du piratage !

    Voilà ce que c’est réellement wikipedia, et je ne parle que des exemples personnels, pas des histoires de ce genre que j’ai lu ou posté dans les commentaires...


    • Kelson 28 juillet 2009 19:16

      @Roblin
      Ce commentaire sent la frustration... Je ne connais pas la nature exacte de vos déboires, mais même si il arrive naturellement à des administrateurs de faire des erreurs, cela reste néanmoins assez rare.

      Les administrateurs connaissent très bien Wikipédia, ses règles et ses principes. Ils ne sont pas expert dans tous les sujet évidement, par contre ils savent exactement qu’elles exigences doivent être remplies pour avoir une chance d’avoir un article qui se rapproche de ce que l’on souhaite construire. Ceci n’est pas le cas des contributeurs novices « qui croient tout savoir » et sont parfois d’autentiques experts sur le sujet d’un article. Le cas le plus répandu pouvant toucher ces protagonistes étant l’exigence par l’administrateur de donner des sources sérieuses pour justifier des propos et le refus par le second de se justifier.

      Quand aux liens externes, c’est quelque chose qui est plus toléré que vraiment encouragé, si vous voulez une liste de liens sur un sujet, aller sur dmoz. De plus, face à l’utilisation fréquemment abusive (publicité) de cette rubrique, il faut comprendre que la plus grande sévérité est nécessaire.


  • Lucrezia 28 juillet 2009 14:45

    La longueur d’un article n’a jamais fait sa pertinence (CQFD) !


  • Τυφῶν בעל Perkele Ahriman 28 juillet 2009 15:09

    Article bordélique, sans queue ni tête et sans intérêt, composé de truisme et d’information non-inédite et non-actuelle. Article sans objet, nul et non avenu.

    Illisible.

    Typhon


  • alizée 28 juillet 2009 15:26

    Finalement rien ne vaut la bonne vieille encyclopédie, écrite sur papier et claire.
    C’est là que se trouve la vraie connaissance, l’information. Les divers problèmes soulevés dans cet article ou d’autres montrent les limites de ces sites et parfois l’absence de véracité sur certains sujets... Du coup, il me semble que personne ne détient une véritable information et toute la connaissance est bâtie sur du gruyère.
    A consommer avec beaucoup de modération.


    • french_car 28 juillet 2009 16:08

      C’est vrai que c’est plus pratique les 12 volumes de 2kg au salon, sans compter les mises à jour qui représentent un volume de plus chaque année !


  • Walden Walden 28 juillet 2009 17:02

    Un bon article encyclopédique qui fait le tour de la question hors des polémiques convenues (sourire) : merci !


  • Desirade Desirade 28 juillet 2009 18:08
    Un seul conseil, si je puis me permettre : sur Wikipedia, lisez les articles en entier, sans oublier, ni les avertissements en haut de page, ni les petites lettres en bas de page, et ne sautez aucune des étapes qui vous sont conseillées si vous souhaitez participer.

  • tvargentine.com lerma 28 juillet 2009 19:22

    Attention,car derrière WIKI se cache quand même un projet de long terme qui aura permis à une minorité de se constituer une base de données (bonnes ou mauvaises mais consistantes) à moindre frais et de faire demain une bonne culbute

    J’ai déjà constaté que des liens commerciaux sont placés et restent placés alors que des liens non commerciaux de sites web sont supprimés

    Je pense personnellement au infos entièrement gratuites que j’avais mise sur les provinces d’Argentine et qui ont été supprimé par des sites de pubs !

    Donc,méfiance,car rien n’est jamais gratuit dans la vie et sur le net la communication c’est
    parfois aussi de la manipulation

    http://www.tvargentine.com/prcordoba.html



    • Kelson 28 juillet 2009 19:39

      Tu pourrais citer 2-3 exemples d’informations supprimées de la manière dont tu dis ?


  • Estelle Vereeck 29 juillet 2009 12:24

    Voilà un article très long qui occulte finalement l’essentiel : Wikipédia est d’abord un instrument au service de la pensée unique.


    Si vous pensez que n’importe qui peut contribuer à sa guise sur Wikipédia, vous vous trompez. Une équipe de censeurs se charge de passer derrière vous et d’effacer ou de modifier ce qui ne correspond pas à la norme du savoir actuellement admise par la pensée officielle. Je pense en particulier au domaine des médecines alternatives qui sont estampillées « chalatanisme ».
    Allez donc voir ce qui est écrit à propos de l’ostéopathie ou des approches alternatives.

    Toute vérité n’est pas bonne à dire sur Wikipédia dont le fonctionnement est basé sur un gros mensonge : tout le monde peut contribuer donc ce qui est écrit dans Wikipédia est nécessairement le reflet de ce que les gens pensent.

    Or dans la mesure où des correcteurs se chargent d’en orienter fortement le contenu, le principe est biaisé.

    Non, Wikipédia est tout sauf un média libre.

    • Kelson 29 juillet 2009 13:10

      Voila un exemple typique de quelqu’un qui a mal saisi ce qu’est Wikipédia : un défenseur de la vérité... ou plutôt de sa vérité. Voir mon commentaire : http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/wikipedia-dans-le-hyper-texte-59466#forum2182281

      De plus. ce que tu avances sur l’article « ostéopathie » est tout simplement faux. Le mot « charlatan » est utiisé qu’une seule fois et est attribué : « Pour l’Académie nationale de médecine, l’ostéopathie fait partie des « doctrines irrationnelles et antiscientifiques » [63],[64]. Avant 2007, on pouvait lire sur le site de cette académie que les ostéopathes exclusifs étaient considérés comme des charlatans. » (http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ost%C3%A9opathie&oldid=43014237)


    • Walden Walden 29 juillet 2009 13:21

      Etant usager occasionnel convaincu de l’osthéopathie, je suis allé par curiosité consulter l’article sur votre invite : eh bien ? Il est écrit qu’elle est considérée par ses détracteurs comme une pseudo-science, ce qui est vrai : ce n’est pas prendre parti que de donner l’info ?

      Par ailleurs les études sur son efficacité avérée sont listées au cas par cas (lombalgie, cervicalgie, etc.) : cela n’en rend la crédibilité que plus avérée. L’approche sceptique est plutôt un gage de sérieux dans une démarche rationnelle.

      Alors, quelle est la vérité que vous souhaiteriez voir figurer sur le sujet, sachant qu’il ne tient qu’à vous de l’ajouter à l’article si vous l’estimez nécessaire ?


  • Stéfan Stéfan 29 juillet 2009 16:55

    Un peu long donc j’avoue ne pas avoir lu l’intégralité de l’article.

    « sur les 500 000 contributeurs cités précédemment, on n’en recense, suivant les sources, que 3 à 36% de véritablement actifs »
    Une remarque sur ce point : 3% de 500000, ça fait tout de même 15000 personnes. Ce n’est donc pas si peu que ce la phrase peut laisser entendre.


  • stéphanie suby 30 juillet 2009 11:00

    Merci pour vos commentaires... je prends bonne note de vos remarques pour la prochaine fois.


  • Antivolt 3 août 2009 09:35

    Bonjour Stéphanie et mes compliments pour votre article, 


    je voudrai réagir à propos de Knol que vous connaissez mal , puisque de nombreuses contributions ont été écrites ces six derniers mois .
    Un an après son lancement plus de 5000 knols ont été écrits en français , plus de 120 000 en anglais. Bien que cette encyclopédie de dépôt soit encore en version béta son système s’autostructure , souvent de manière collaborative.

    Beaucoup d’auteurs sont appréciés et le système utilise un mode de récompense sous forme de médailles. La rétribution par AdSense compte pour peanuts. Ce n’est pas l’appât du gain qui motive les « knoleurs ». Comme sur Agoravox, c’est une manière d’écrire en français , sous son nom propre , des articles sur des sujets qui passionnent , intéressent, amusent.


    Bien cordialement , 

  • Patrick Chêne 1er novembre 2009 09:25

    Oui, wikipedia est tout cela et l’article est bien fait, mais j’aimerais pointer sur quelque chose qui me parait une dérive inacceptable à mes yeux. Face aux accusations d’erreur et de mauvais contenus, la tentation est forte de wikipedia à ne mettre que des contenus « consensuels ». Ce qui a pour effet d’appauvrir notablement la réalité...le choix de la « vérité » est fait en amont alors que dans tout processus ou je suis considéré comme quelqu’un de responsable et d’intelligent, le processus de choix devrait être réalisé par moi même lecteur, même si un « modérateur » m’annonce avant de lire un texte qu’il est sujet à caution pour telles et telles raisons et me renvoie aux tenants d’une autre version .... j’en veux pour preuve un sujet que je connais bien, l’ostéopathie : un seul texte d’une telle fadeur que c’est une coquille vide dont ont été exclues toutes les aspérités. Et quand je vois comment est saboté un sujet que je parcours depuis 20 ans, je me dis quid est des sujets dont je ne connais rien ??? la confiance n’est plus là.... pourtant l’idée était bonne au départ.

    http://www.revue-osteo4pattes.eu/spip.php?article435


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