vendredi 6 avril 2012 - par C’est Nabum

Citoyen de seconde zone

Comme le nez au milieu de la friture sur la ligne politique.

Il y a quelque chose qui ne va pas, je viens subitement de m'en rendre compte. Je ne suis pas un citoyen ordinaire, un individu lambda. Je m'aperçois avec effarement que je ne bénéficie pas des mêmes égards que mes chers élèves, tous adolescents aux origines plus exotiques que les miennes. Alors, que tout comme leurs parents, je paie régulièrement mes impôts, je n'ai pas, comme eux, le privilège de profiter d'une surveillance rapprochée de notre police, qu'elle soit nationale ou simplement locale.

Il me faut examiner de plus près les raisons à mes yeux obscures qui me rendent ainsi si indifférent à la gent policière. Pourquoi, tout comme eux, je n'ai pas le plaisir de me voir contrôler plusieurs fois par semaine lorsque je circule dans le centre urbain de notre bonne ville ? La question m'interpelle. N'ai-je pas le droit, moi aussi, à cette considération bienveillante qu'on leur accorde avec un zèle dont je n'aurais pas de raison d'être écarté ?

Plus même que ce simple simple contrôle administratif, je suis mis à l'écart de la palpation et du tutoiement. Deux pratiques qui semblent leur être réservées et dont on s'obstine à ne pas me faire profiter sous prétexte que je suis trop vieux, trop conforme, trop Français. J'ai droit moi aussi à ces marques d'affection et de considération dont seuls, ces jeunes garçons colorés se délectent à longueur de journées.

Pourtant, j'ai le teint coloré ! Je suis plus rouge de peau que blanc et cette charmante distinction devrait elle aussi attirer l'attention de nos zélés gardiens de la chromatique nationale. Je sors du cadre, mon faciès est peu avenant, j'ai l'air mal aimable, un peu renfrogné et par dessus le marché, j'ai de fort vilaines pensées. Pourquoi diantre ne suis-je pas mis, comme eux à l'index ? Qu'ai-je fait pour mériter pareille négligence ?

Mais à bien y réfléchir, je ne suis pas considéré par nos gardiens de la paix comme je le devrais. Je remarque encore une autre discrimination dont j'ai à souffrir. Jamais le moindre képi ne pense à me saluer d'un geste fort martial. Jamais non plus il ne viendrait à l'idée de ces citoyens assermentés de m'ouvrir la route ou de me réserver une place de parking en centre ville. Je ne bénéficie d'aucun passe droit, d'aucune génuflexion, d'aucune attention particulière.

Il est vrai que je ne fais aucun effort. Je ne porte pas de cocarde tricolore, je ne roule pas en voiture officielle, je ne suis pas représentant du peuple bien que je sois le peuple lui même et en personne. Je suis un être bien trop ordinaire pour qu'on me distingue dans la foule de ceux qu'on ignore et qu'on laisse à leurs tracas de stationnement ou de déplacement.

Il y a ainsi dans ce pays des traitements de faveur desquels, avec une constante qui devrait m'interroger, je suis exclu. Et c'est curieusement vers moi qu'on se tourne en cette période d'élection pour demander ma voix, la solliciter avec des égards qui sont, le reste du temps, bien inhabituels.

Je réclame mon droit au contrôle d'identité. Il n'y aucune raison objective qu'il soit ainsi monopolisé par des jeunes gens au teint basané ou à la peau sombre ; à la coupe de cheveu hirsute ou colorée, à la tenue excentrique ou négligée. Je revendique l'égalité de tous devant ce simple geste comme devant l'ensemble des tracas routiers. Pas de distinction, pas de différence, la devise de notre République pourtant nous le rappelle.

Une fois encore, on va me traiter d'énervé. Les esprits bien pensants vont se gausser d'une telle prétention. Mettre chaque membre de cette communauté sur le même pied, ne pas distinguer les uns et les autres en fonction de leur âge, de leur couleur de peau ou de leur fonction. Tous égaux, sans distinction aucune, une demande simple, un impératif incontournable pour que cette nation se rappelle qu'une nuit de 4 août, elle avait aboli tous les privilèges, sans exception !

 

Égalitairement vôtre.



15 réactions


  • Buddha-dassa 6 avril 2012 10:06

     smiley...

    Le principe du bouc émissaire ca s’appelle..chaque « moi je » a raison , pourquoi ? il y a des réponses a cette question mais faute d’avoir voyagé en soi même au péril de sa vie, la réponse ne sera pas perçue....
    la vie n’est que competition entre 7 milliards de moi je,enfin cette non vie...il est maintenant clair que les animaux descendent des humains..

    merci de ton texte..salutations..


  • Nums Nums 6 avril 2012 10:32

    Article joliment tourné. J’ai beaucoup aimé la première moitié.


    • C'est Nabum C’est Nabum 6 avril 2012 12:58

      Nums


      Vous avez raison, je me suis essoufflé ensuite !
      J’ai voulu contre-balancé avec le comportement inverse.
      Erreur !

    • Nums Nums 6 avril 2012 23:20

      Non, en aucun cas...


      Vous avez bien fait ! Ca fait une sorte de contraste opposé.

      C’est juste que la première partie, c’est du vécu pour ma part. Pourtant, je suis Un Gaulois blanc de peau.

      Il y a 10 ans, j’avais 24 ans et j’avais aussi droit à du tutoiement et des : « T’as rien sur toi ? Pas de couteau ? Pas de shit ? » Quand c’était pas : « Tes mains contre le mur... »

      Ca m’arrivait il y a encore 5-6 ans sauf qu’entre temps, j’avais pris de l’assurance. Ca prendrait du temps de vous raconter deux scènes. L’une en gare de Lyon Part-Dieu et l’autre, station de métro Bellecour toujours à Lyon. 
      Ces deux fois là, je les ai purement et simplement remis en place ces cow-boys. car c’en étaient. A la limite de l’outrage mais finement joué de telle sorte qu’ils n’avaient d’autre choix que de se calmer. J’avoue qu’en y repensant, j’en sourie et je ne suis pas peu fier de moi.

      Désormais, j’ai l’air plus sage, ça doit jouer. J’ai aussi déménagé sur Grenoble. Mais il est clair que si un prochain contrôle zélé venait à se produire, je ne donne pas cher de leur estime d’eux-mêmes à l’issue du contrôle. smiley

  • CITOYEN DE 2EME ZONE OU SOUS-CITOYEN..
    la pieuvre UMP qui tient tout l ’immobilier et la finance dans ses tentacules

    PROVINCIAL ton logement perd 20% DE SA VALEUR

    A PARIS GRACE AUX AVOCATS D’ AFFAIRES GERANTS DE SCI.......ton logement vaut +50% EN 10 ANS. COMME L’ AUGMENTATION DES LOYERS...600 euros la chambre de bonne 11000 euros un faux t2 meme dans les immeubles insalubres...qui graisse...les élus

    CONCLUSION : pour l ump et SARKO NOUS SOMMES DES SOUS-CITOYENS....DE PROVINCE


    • C'est Nabum C’est Nabum 6 avril 2012 12:59

      Tous ensemble


      Ils ont mis le pays en coupe-réglée et es profits se compteront par milliards pour quelques voyous qui eux, ne sont jamais controlés !

  •  RECTIF 1100 euros le faux t2 coupé avec un rideau en 2 pièces


  • Cocasse Cocasse 6 avril 2012 14:18

    Pssst, pendant que tu postes ici, des CPF sont en train de crever tes pneus...
     smiley


  • Romain Desbois 6 avril 2012 15:01

    C’est Nabum

    Employer la preuve par l’inverse (par l’absurde), c’est très intelligent .

    En plus c’est très drôle.

    Bravo


  • C'est Nabum C’est Nabum 6 avril 2012 15:37

    Romain


    L’absurde n’est-ce pas la situation actuelle ?
    Tout cela nous conduit dans le mur.

    Et ça, ce n’est pas drôle alors faire rire est notre ultime arme.

  • Thami BOUHMOUCH Thami BOUHMOUCH 7 avril 2012 15:33

    C’est Nabum,

    Que le problème évoqué ici soit révoltant, qui peut le nier ? Vous auriez pu utiliser un style austère, désapprobateur, négatif. Vous recourez plutôt à l’humour amer. Une démarche intelligente et opérante
    J’ai beaucoup apprécié.

    • C'est Nabum C’est Nabum 7 avril 2012 15:58

      Thami


      Grand merci
      J’essaie d’aller à contre-courant pour mieux dénoncer par l’absurde car c’est justement ainsi que je vois ce Monde !

  • jak2pad 8 avril 2012 03:47

    Je suis mort de rire.

    Pas en lisant l’article, lourdement pédagogique, tellement conformiste et pensée correcte obligatoire qu’on en a la tête qui tourne.
    Non, mais uniquement en lisant les commentaires élogieux, admiratifs et louangeurs.

    On ne s’étonne plus que cet humour « français » , qui est indéniablement un des pire au monde, vulgaire, gras et stupide, fasse rire aux éclats dans notre pays en voie de décomposition.

    Fernand Raynaud, Coluche, Bigard, Bedos, Robin et Palmade, même combat : toujours aussi lourds, ennuyeux, mornes.
    Et toujours fermement persuadés d’être drôles à en mourir.
    C’est probablement pour cela que ce « métier » d’humoriste autoproclamé attire autant de gens : c’est réellement une profession facile.


    • C'est Nabum C’est Nabum 8 avril 2012 07:58

      Jack


      Grand merci
      Avec vous, je n’ai aucun risque de tomber dans l’accoutumance aux éloges.
      Je suis creux, nul, déplorable.
      Tout cela, mon ami ne me choque en aucun cas

      Mais votre « vulgaire » est à votre tour déplorable !

      Vous préférez sans doute Bigard, tout en distinction et finesse, à votre image sans doute.
      Tenez, je vous accorde un petit talent, vous m’avez fait sourire !

Réagir