mercredi 28 novembre 2007 - par Céphale

Compétitivité et pouvoir d’achat

Pour augmenter le pouvoir d’achat, il ne suffit pas de vouloir travailler plus, il faut que l’employeur puisse donner plus de travail à ses employés. Pour cela, les entreprises françaises ont encore des marges de croissance insoupçonnées.

Il y a deux façons d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés. L’une est de diminuer les taxes, l’autre d’augmenter les salaires. Dans les circonstances présentes, la première solution a peu de chances d’être adoptée par le gouvernement. Nous nous intéresserons donc à la seconde, qui ne dépend pas du gouvernement, mais des entreprises. Or pour qu’une entreprise puisse mieux payer ses salariés, il faut qu’elle augmente ses revenus. Et pour augmenter ses revenus, il faut qu’elle augmente ses ventes.

En économie, la loi de l’offre et de la demande est un modèle mathématique permettant de prévoir le volume des ventes en fonction du prix. Cette loi s’applique assez bien aux matières premières telles que le pétrole, mais elle s’applique moins bien aux produits manufacturés et aux services, dont la qualité est un facteur de variation aussi important que le prix. Or la loi de l’offre et de la demande ne tient pas compte de la qualité. Samuelson, Prix Nobel d’économie 1970, dit même que la qualité est « un procédé artificiel de différenciation ». Les économistes restent souvent muets sur ce point. Au contraire tous les chefs d’entreprise insistent sur l’importance de la qualité pour gagner des parts de marché. La difficulté vient des divergences d’opinion sur l’évaluation de la qualité et sur les méthodes d’amélioration de la qualité.

D’autres théories, celles qui concernent les relations entre le capital et le travail, sont directement liées aux salaires et au pouvoir d’achat. Marx fut l’un des premiers économistes à constater que le travail humain est un acte de vente entre l’employeur et le salarié. Il avait prévu que, dans une économie libérale, la montée en puissance des moyens de production conduirait à la réduction du prix du travail humain. C’est sous cette menace que les syndicats ouvriers ont combattu pendant plus d’un siècle pour obtenir des garanties des propriétaires du capital. Le discours de Jaurès devant l’Assemblée nationale à propos de la grève des mineurs en octobre 1902 est éloquent à cet égard (1). Dans cette négociation permanente, l’Etat fut amené à prendre un rôle d’arbitre de plus en plus fort. La mondialisation tend actuellement à le déposséder de ce rôle.

Ces théories, qui appliquent la loi de l’offre et de la demande sur le marché du travail, ont le défaut de ne pas être reliées à la loi de l’offre et de la demande sur le marché des produits. Quand les salariés réclament une augmentation, l’employeur répond souvent qu’il n’a pas les moyens de satisfaire leur demande en raison de la concurrence, de la conjoncture économique et de la fiscalité. Il n’a peut-être pas tort, mais le problème est généralement un manque de compétitivité. La solution se trouve dans l’accroissement de la compétitivité grâce à l’amélioration de la qualité. Les salariés en ont bien conscience, mais il n’est pas en leur pouvoir d’améliorer la qualité.

Il faut aussi que l’employeur tienne compte de la qualité sur le marché du travail en payant les salariés à leur juste valeur. C’est le « salaire au mérite », une source de difficultés supplémentaires dans les négociations salariales. La valeur d’un salarié tient à ses connaissances, son expérience et ses qualités humaines.

Le pouvoir d’améliorer la qualité appartient aux dirigeants de l’entreprise. Ils doivent être capables d’évaluer la qualité de leurs produits, non pas avec des essais de laboratoire et des audits, mais en questionnant les utilisateurs. Ils doivent adopter de bonnes méthodes de management. En France, beaucoup de dirigeants s’imaginent que la qualité s’oppose à la productivité. Ce n’est vrai que si la qualité des produits est tributaire de contrôles et de réparations au dernier stade de la production, ce qu’on voit trop souvent. Dans ces conditions, une entreprise ne peut pas être compétitive face à des concurrents qui savent améliorer à la fois la qualité et la productivité.

La méthode de management la plus répandue en France dans les grandes entreprises, celles de plus de mille salariés, consiste à fixer des objectifs numériques à tous les niveaux hiérarchiques à partir d’objectifs fixés au sommet. Chaque niveau est guidé par des orientations auxquelles sont attachés des indicateurs de performance dont le chiffre sera enregistré à la fin de l’année. Chaque niveau prend à son compte les orientations données par le niveau supérieur pour établir le plan d’action qu’il doit réaliser à son niveau. Le sommet ne communique avec la base qu’à travers des chiffres, souvent faux. Les directeurs ne savent pas ce qui se passe réellement sur le terrain. Cette méthode, diffusée par de grands cabinets de conseil, n’est pratiquée dans aucune entreprise japonaise. Il doit bien y avoir une raison (2).

De l’extérieur, il est assez étonnant de voir des cadres moyens et supérieurs croire - ou feindre de croire - que les indicateurs de performance servent à quelque chose, alors que n’importe quel dirigeant d’une petite entreprise sait bien que la valeur ajoutée se crée dans les bureaux d’études, les ateliers et les points de vente. Les grandes entreprises trouveront de nouvelles marges de croissance si elles adoptent une méthode plus sérieuse. Il s’agit d’examiner à tous les niveaux hiérarchiques les résultats des mois précédents et de se mettre d’accord sur des prévisions d’amélioration à partir de certaines hypothèses. Mais il ne faut pas confondre les prévisions avec des objectifs chiffrés qui ne sont souvent que des vœux pieux de la direction. Prévoir, c’est réfléchir.

Les petites entreprises françaises ont tout à gagner à l’accroissement de la compétitivité des grandes entreprises, car celles-ci font supporter les conséquences de leur mauvais management non seulement à leurs salariés, mais aussi à leurs fournisseurs et à leurs sous-traitants.

D’autre part, après avoir compris que la qualité est un facteur de compétitivité, des milliers d’entreprises françaises ont adopté la méthode ISO-9001 d’assurance qualité. Elles ont payé fort cher des consultants en qualité. Elles ont perdu beaucoup de temps à faire de la paperasse. Elles ont passé un examen de certification qui prend comme référence une norme indigeste de 40 pages. La qualité ne s’est pas améliorée pour autant. De nouvelles réunions et de nouveaux travaux d’écriture, procédures, rapports, etc., sont venus surcharger des entreprises déjà pénalisées par le manque de croissance.

Le recours aux techniques de motivation est parfois le dernier espoir, la dernière tentative pour améliorer la qualité. Mais ce n’est pas en demandant aux salariés de travailler mieux qu’on augmente la qualité. La plupart des salariés sont déjà motivés et donnent déjà le meilleur d’eux-mêmes. Ce qu’il faut leur donner, c’est une bonne formation, de bonnes méthodes et de bons outils. Il faut aussi leur donner des ordres clairs et cohérents et ne pas les juger avec des indicateurs de performance.

En conclusion, il apparaît clairement que l’augmentation de la productivité des entreprises est le meilleur moyen - peut-être le seul - d’augmenter le pouvoir d’achat. C’est un problème de management et d’éducation permanente sur lequel l’Etat n’a pas beaucoup d’influence. En revanche, le Medef pourrait ouvrir un vaste chantier de changement culturel visant en priorité les directeurs et les cadres supérieurs des entreprises. De leur côté, les salariés pourraient s’organiser afin de résister aux méthodes de management contre-productives qui leur sont imposées.

(1) http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=30504

(2) http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28657

Voir aussi : http://www.juse.or.jp/e/index.html



21 réactions


  • tvargentine.com lerma 28 novembre 2007 14:19

    Vous avez raison dans la course aux normes qui n’était peut etre qu’une manière pour les grosses sociétés de vérouiller l’accéssibilité à des marchés par l’argent car ces normes ISOxx sont très cheres et aujourd’hui vous avez le même cinéma avec les normes ITIL (normes anglo-saxone) que le gouvernement anglais ne semblent même pas respecter puisque il a perdu des données importantes de ses 25 millions de contribuables !

    Vous avez raison sur la productivité mais il faut « casser » tout ce vérouillage autour des normes afin de permettre à des entreprises petites ou moyennes de proposer des services et non de les exclures comme c’est le cas aujourd’hui.

    Actuellement,nous sommes enfermé dans cette logique absurbe qui permet à des grands groupes de ramasser les contrats grace (en partie) à ses normes et ensuite de sous-traiter dans les pays de l’Est ou au Maroc la prestation (cela arrive en informatique !)et de devenir ainsi des structures purement financières

    Tant que cette logique n’est pas cassé,nous n’aurons pas de créations de richesses en france car la concurrence n’existent pas (déjà dans la shortlist du client !)


    • logic 20 janvier 2008 14:05

      la productivité donc la compétivité de quoi ? En france cela fait 30ans que l’on casse le savoir faire et l’intelligence humaine qui était la base du progrés économique (dont dépend le social) de notre Société Nous ne produisons plus rien notamment en produit manufacturés à haute valeur ajoutée Et le peu d’entreprises qui ont survécu sont gérés par des capitaux étrangers ; que ce soit l’acier las chaussures les skis ... une fois qu’elles ont été neutralisées financièrement ils ne leur reste plus qu’à les délocaliser trés loin et de surcroît c’est l’argent du contribuable qui finance les licenciements Cf. jalatte et tant d’autres Strauskhann Trichet Atali et leurs compères ont été les acteurs de ce sabotage organisé et today ils voudraient nous apporter la solution à nos problèmes ! Cela tient du polar noir et pour moi du cauchemard lorsque je pense à l’avenir de notre planète, de nos enfants et de nos petits enfants


  • Francis, agnotologue JL 28 novembre 2007 14:31

    Bonjour Céphale. Beaucoup de choses que je ne saurai ni infirmer ni confirmer, n’étant pas instruit dans ces domaines.

    En revanche, j’aimerais rebondir sur ceci : «  »Ces théories, qui appliquent la loi de l’offre et de la demande sur le marché du travail, ont le défaut de ne pas être reliées à la loi de l’offre et de la demande sur le marché des produits".

    Encore faudrait-il expliciter la loi de l’offre et la demande sur le marché du travail, non ?

    Je m’explique : c’est quoi l’offre, c’est quoi la demande ? L’on a appelé l’offre, l’offre d’emploi et la demande, celle des travailleurs. En conséquence, la loi fonctionne, mais à fronts renversés : plus l’offre (d’emplois) est rare, et plus les salaires sont bas, de même que, plus la demande (d’emplois) est importante plus les salaires sont bas.

    A l’inverse, plus l’offre est abondante et plus les salaires sont élevés, plus les demandeurs d’emploi sont rare et plus il faut proposer des salaires attractifs.

    Cette constatation suffit à expliquer (mais il y en a d’autres) l’allergie manifestée par nombre d’employeurs aux 35 heurs, et pourquoi le Medef envisage d’allonger au maximum la durée du travail salarié.

    Au sujet de 35 heures, nombre d’employeurs claironnent qu’eux « travaillant 70 heures et plus par semaine, les salariés qui n’en veulent faire que la moitié sont des fainéants ». Il serait bon de leur faire remarquer qu’un employeur travaille pour lui-même, un salarié travaille pour son employeur, contre rémunération. En conséquence, le temps de travail ne fait rien à l’affaire. Par contre, si le salarié met à profit ses loisirs pour piquer les marchés de son employeur, il y a là peut-être un élément que les promoteurs des 35 heures n’ont pas perçu.

    Le problème posé par le temps de travail est on le voit, au cœur du problème : pour relancer la croissance, ne faudrait-il pas diminuer la durée légale du temps de travail ? Cette croissance se ferait d’abord au profit de la rémunération du travail au lieu que l’autre, la croissance par les profits est en train de tuer la poule aux œufs d’or par asphyxie de la consommation.


  • Vincent 28 novembre 2007 14:43

    Cephal, Je crois que c’est la première fois que je lis un de vos article, et je pense qu’il est bourré d’invressemblences de contre vérités

    Vous dites : « Et pour augmenter ses revenus, il faut qu’elle augmente ses ventes »

    Première erreur, à mon sens, augmenter le vente n’augmente pas significativement les revenus, par contre il faut augmenter les marges et dans un second temps les ventes.

    « Or la loi de l’offre et de la demande ne tient pas compte de la qualité » Ha bon vous y croyez à ça,

    « La difficulté vient des divergences d’opinion sur l’évaluation de la qualité et sur les méthodes d’amélioration de la qualité. »

    Et les normes iso, elles ont été mises en place pour du beurre ?

    « La solution se trouve dans l’accroissement de la compétitivité grâce à l’amélioration de la qualité. Les salariés en ont bien conscience, mais il n’est pas en leur pouvoir d’améliorer la qualité. »

    Ah bon la qualité commence à la base monsieur au cas où vous ne le sauriez pas.

    Chacun dans sont job doit répondre à un standard, faire son travail conformément à une procédure, une gamme de fabrication ou autre.

    On prend exemple sur les Japonais et le fameux système Toyota, (aussi appelé Lean Manufacturing) mais à la différence des Japonais, nous sommes des latins et n’avons pas forcement le même goût du sacrifice et du respect des règle que nos amis Japonais ou Allemand.

    « En conclusion, il apparaît clairement que l’augmentation de la productivité des entreprises est le meilleur moyen - peut-être le seul - d’augmenter le pouvoir d’achat. »

    Sur ce point je vous rejoins en partie, mais nous serons toujours moins rentable qu’un autre qui aura décidé de faire du dumping fiscal ou commercial.

    Par contre je pense que les grande entreprises françaises sont dans l’ensemble assez productives, la raison : l’imposition des 35h00.

    On réussi maintenant à faire en 32h00 ce que l’on faisait avant en 39h00 !!!!!!

    Pour info, je bosse dans le secteur de la sous-traitance automobile, et je puis vous assurer que la qualité est présente dans toutes les strates de notre société, par contre elle devient souvent une excuse pour ne pas faire le boulot car il manque tel ou tel papier. Là dessus je vous rejoins.

    Mais globalement les indicateurs en place reflètent bien la réalité de nos productions.

    Pour ce faire nous mesurons en sigma de processus la productivité de nos différents services, qu’ils soient de productions, achat, compta ou autres.

    Cette méthode mesure la variabilité des processsus quels qu’ils soient.

    Donc nous pouvons sans problème identifier les sources de profit sur les processus à forte variabilité.

    Le tout ensuite est de convaincre les personne de ces services que les mauvaises habitudes qu’ils ont prises vont devoir être corrigées sous peines de grosses pertes financières donc de mise en péril de l’ensemble du ou des site(s).

    Alors, oui la productivité apportera un ballon d’oxygène à notre pouvoir d’achat, à condition que les bénéfices supplémentaires soient redistribuer à l’ensemble de la chaîne de fabrication (du commercial à l’ouvrier en passant pas le BE)

    Mais au lieu de cela généralement lorsque l’on gagne sur un temps standard de montage, on gicle un ou deux intérimaires pour commencer puis des vieux que l’on met en pré-retraites et l’on distribue les bénéfices de ces suppressions aux actionnaires et aux chefs de services.

    Erreur, en faisant cela on s’appauvrit en terme de savoir faire, on perd la souplesse de production acquise et au moindre pépin nous sommes dans le mur.

    Pour conclure, je pense qu’il faudrait redonner le pouvoir aux vrais industriels et non aux fond de pensions ne pensant qu’à court terme sous forme de LBO.


  • Céphale Céphale 28 novembre 2007 16:50

    @lerma

    Je vois que vous connaissez le problème des normes et de la certification ISO-9001. Les salariés des grandes entreprises ne se rendent pas compte des dégâts causés par ce système dans l’économie. Il fausse la concurrence, souvent au profit des entreprises les plus médiocres. Les patrons des petites entreprises en ont bien conscience.

    La certification ISO-9001 est un terrible moyen de chantage des donneurs d’ordres sur les petites entreprises. Sous le prétexte fallacieux de sélectionner les entreprises les mieux gérées, ils les forcent à baisser leurs prix et les mettent au bord de l’asphyxie.

    Des enquêtes ont montré que les entreprises certifiées ISO-9001 ne sont pas plus performantes que celles qui ne le sont pas.


    • Céphale Céphale 28 novembre 2007 16:51

      Merci à JL de soulever la question de l’offre et de la demande sur le marché du travail.

      Vous avez parfaitement raison. Alors que la courbe d’offre de produit est une courbe décroissante (quand l’offre augmente les prix diminuent), la courbe d’offre d’emploi est une courbe croissante (quand l’offre augmente les salaires augmentent).

      Le raisonnement tenu par Martine Aubry en faveur de la réduction du temps de travail serait exact si la production d’un salarié était proportionnelle à son temps de travail. Ce n’est vrai que pour certaines tâches manuelles ou administratives, mais dans un grand nombre de cas le salarié doit remplir une mission dont le résultat ne dépend pas que du temps de travail.

      Ceci étant, il est juste de fixer une durée légale du travail au dessus de laquelle le salaire est majoré. L’efficacité économique dépend du taux de majoration autant que de la durée légale. Il faudrait que les partenaires sociaux en discutent objectivement au lieu de tirer à hue et à dia.


    • Céphale Céphale 28 novembre 2007 16:55

      @Vincent

      Vous dites que l’augmentation des ventes n’augmente pas sensiblement les revenus de l’entreprise. Votre patron pense certainement le contraire. Les départements marketing ont des outils pour calculer le prix de vente optimum, le prix qui leur donne la plus grande marge, connaissant l’élasticité du produit par rapport aux ventes. Ce prix étant fixé, le seul moyen d’augmenter la marge est d’augmenter les ventes.

      Vous dites que la qualité commence à la base. C’est un slogan qui traîne dans les entreprises françaises depuis vingt cinq ans. Si les entreprises japonaises ont des résultats aussi spectaculaires, c’est parce que la qualité a commencé au sommet. Renseignez-vous sur le Prix Deming http://www.juse.or.jp/e/index.html

      Vous dites que « les grandes entreprises françaises sont dans l’ensemble assez productives ». Dans l’industrie automobile, la productivité a augmenté sous la pression de la concurrence et grâce à des progrès techniques. Ce n’est pas là le problème. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas assez compétitives.


    • Francis, agnotologue JL 28 novembre 2007 18:40

      Céphale, il semble que le sujet de votre article soit la certification ISO9001. Ok.

      Cependant, sans forcer trop sur l’aspect salaire, dans le post que vous m’adressez je note : «  »... il est juste de fixer une durée légale du travail au dessus de laquelle le salaire est majoré.«  »

      Si les salaires sont majorées, les heures exonérées de charges sont attractives pour le patronat, au détriment de l’embauche. De sorte que cette mesure a un premier effet négatif sur la création d’emplois et comme nous l’avons constaté un second effet négatif sur les salaires. Le Medef ne s’y est pas trompé en fustigeant les 35 heures et en vantant le slogan à la mode, même si la défiscalisation des heures supplémentaires est anticonstitutionnelle, ce que l’on se garde bien de dire dans les micros qui font l’opinion. Avec cette disposition, pour le Fisc, l’argent a désormais une ’odeur’ : c’est inacceptable.


    • Francis, agnotologue JL 28 novembre 2007 19:53

      Dans le même ordre d’idée, l’immigration contribue à l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, et en conséquence contribue à faire baisser les salaires et la protection sociale. L’on comprend pourquoi l’efficacité contre l’immigration clandestine laisse à désirer : il n’y a aucune volonté pour l’enrayer.

      Lire cet article intitulé : « Les escrocs de l’immigration » aux USA, mais ce qui y est dit est transposable en France :

      http://blog.emceebeulogue.fr/post/2007/11/27/Immigration-aux-USA-%3A-manipuler-lopinion-et-attiser-les-haines-pour-se-repartir-le-pactole


    • logic 20 janvier 2008 14:20

      Certainement mais ces entreprises référencées rentrent dans le moule idéologique qui est défini par les illuminati et les maitres du Monde Les critères d’adoubement sont loin d’être les arguments avancés en façade mais plutôt par le sombre dessein qu’ils reservent à notre humanité De telles actions ne sont qu’une étape de plus à la déshumanisation de notre planète en rabaissant les meilleurs et élevant les médiocres C’est ce que l’on appelle la modernité ? !


  • Georges-Libère de Saint-Sernin Georges-Libère de Saint-Sernin 28 novembre 2007 18:04

    Céphale,

    Votre article nous ramène à un principe de réalité qui n’est pas souvent présent en arrière plan des discours économiques : l’économie n’est pas d’abord une question de capital et de profit en euros ou de dollars mais ce sont concrètement des personnes qui produisent et acquièrent des biens et des services utiles, adaptés c’est à dire de qualité...

    Quelques remarques à la volée.

    * Le « salaire au mérite » est effectivement une notion délicate. Cela suppose que l’on sache évaluer objectivement le « mérite ». Cela suppose aussi que la rémunération des dirigeants et des actionnaires restent raisonnables. L’exemple vient d’en haut. Quand la « part variable » des dirigeants est basée sur des « indicateurs bidons » , nous sommes loin du compte. De même quand le PDG fait voter par son conseil que tout dirigeant ayant siégé au moins 15 ans au Directoire de la société touchera à vie une « retraite au mérite » égale à 60% de sa dernière rémunération. La confiscation du profit dégagé par l’accroissement de la productivité et de la qualité par les actionnaires et les dirigeants est un obstacle à lever prioritairement avant toute réforme sérieuse.

    * Intéressante distinction entre prévisions et objectifs. Effectivement à ne vouloir prendre en compte que les objectifs, notamment par le système banalisé de déploiement top-down des objectifs, le risque est avéré de prendre des vessies pour des lanternes. La réalité du système industriel et commercial est occultée par les agrégats d’indicateurs très souvent bidonnés, ayant un effet de démotivation pour le personnel. Les investisseurs auraient intérêt à surveiller ce genre de pratique qui est une menace pour la pérénité de leur investissement.

    * Votre attaque en règle contre ISO9000 n’est-elle pas excessive ? Sur le fond, je suis d’accord avec vous. Dans la pratique, j’ai observé, parfois, une utilisation intelligente de iSO9000 (ou d’autres normes) comme un levier pour faire progresser certaines activités de l’entreprise. J’impute volontiers cette situation à l’ignorance des dirigeants en matière de qualité (au sens du TQM).

    * Rôle du Medef et des syndicats. Excellente suggestion que vous formulez là ! Il est toujours étonnant que certaines décisions qui auraient un effet bénéfique à moyen et long terme ne soient pas déjà prises par ceux qui en ont le pouvoir et y trouveraient un intérêt certain. La crispation sur la défense des intérêts particuliers (ceux des financiers et industriels d’une part, ceux des salariés et retraités d’autre part) est mauvaise conseillère. Et si les parties concernées, chacune dans son rôle, s’intéressaient aux personnes réelles de ce pays, au « bien commun » ?


  • Forest Ent Forest Ent 28 novembre 2007 18:08

    Je ne pense pas que la « compétitivité soit le seul moyen d’augmenter le pouvoir d’achat ». La perte de pouvoir d’achat résulte avant tout d’une concurrence ouverte sur les salaires concommitante à une hyperinflation de capitaux.

    Mais ce n’est pas le vrai propos de votre article, qui est de dire que l’assurance-qualité n’est pas un facteur de compétitivité.

    Sur ce point, il convient tout d’abord de remarquer que nous sommes en situation de concurrence tout à fait faussée puisque nous n’avons plus de douanes. On gagne plus facilement en coûts de production en délocalisant en Chine.

    Admettons néanmoins l’existence parfaitement théorique d’un marché concurrentiel entre égaux. Quel serait alors le rôle de l’AQ ?

    Le grand public se moque complètement des normes. Cela ne concernerait que des relations B2B.

    Normalement, les acheteurs doivent suivre la qualité des fournitures, et n’ont donc pas besoin d’AQ, qui devrait plus être un outil interne de fournisseur. Tout au plus cela pourrait-il inspirer confiance pour une présélection, mais cela ne concerne que peu de marchés, et je n’ai pas l’impression que cela ait un impact commercial extraordinaire.

    Il y a eu des effets de mode, dont certains pervers. Les deux principaux sont : « nourrir les boîtes de conseil » et « déresponsabiliser certains acheteurs publics ».

    Il ne faut pour autant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’ISO-9000 pose quelques bonnes questions sur les organisations, qui peuvent être utiles dans certains cas.


  • Céphale Céphale 28 novembre 2007 19:05

    @Forest Ent et Saint-Sernin

    Je ne stigmatise pas la norme ISO-9001 en elle-même, mais le système de certification dont elle est la base. C’est un système lourd et injuste.

    La méthode la plus nuisible à la compétitivité est celle des objectifs numériques, sur laquelle l’ISO vient se greffer. Les entreprises occidentales y sont très attachées, tandis que les entreprises asiatiques l’ignorent complètement. Le plus étrange, au pays de Descartes, c’est que cette méthode ne repose sur aucune base scientifique. Le site de la JUSE, la plus importante organisation japonaise de conseil en management, donne d’intéressantes pistes de réflexion à ce sujet. Voir : http://www.juse.or.jp/e/index.html


    • Forest Ent Forest Ent 28 novembre 2007 21:52

      « Je ne stigmatise pas la norme ISO-9001 en elle-même, mais le système de certification dont elle est la base. »

      ... donc les clients qui exigeraient cette norme s’il y en a, et il faut alors espérer qu’ils savent pourquoi. Si ce sont les fournisseurs qui se l’imposent à eux mêmes, ils ne sont pas victimes d’une injustice, mais de leur propre naïveté.

      « La méthode la plus nuisible à la compétitivité est celle des objectifs numériques, sur laquelle l’ISO vient se greffer. »

      Rien dans l’ISO n’oblige à chiffrer des objectifs. Cela dit, ils sont dans certains cas bien pratiques pour mesurer un procédé. Par exemple, les six-sigmas de Motorola ont apporté quelque chose à la maîtrise de la prod de waffers et permis d’éviter des tests involontairement destructeurs. Mais j’imagine que ce n’est pas le SPC que vous aviez en tête, plutôt des « objectifs de management » ?

      Personnellement, j’ai un expérience plutôt négative de l’AQ, dont je n’ai pas perçu le lien avec la qualité des produits ou du management.

      Qu’est-ce qu’un bon management ? Il y a énormément d’opinions qui circulent sur le sujet. Un aspect parmi d’autres : pour moi un bon management a une « continuité » avec le « managé » et une légitimité qui en découle. Autrement dit, la promotion interne marche mieux que le parachutage, et le passage au charbon est formateur. Mais ça n’épuise évidemment pas le sujet.


  • Céphale Céphale 28 novembre 2007 19:20

    @JL

    Le principal sujet de mon article n’est pas la certification ISO-9001 comme vous semblez le croire. Mais c’est un problème en effet.

    D’autre part quand je parlais de majorations de salaire, je ne visais pas les heures exonérées de charge par l’actuel gouvernement. Je parlais simplement des majorations prévues dans les lois Aubry. Sur le problème de l’exonération, je suis d’accord avec vous.


  • farzteo 28 novembre 2007 22:12

    connerie tout ca ! la solution c’est la décroissance ! cette société capitaliste d’économie de marché ne fonctionne pas, c’est un constat. plus on en fait, plus on produit, et plus les innégalités gonfles. l’évolution au siècle dernier nous montre clairement que le temps de travaille n’a cessé de diminuer et le pouvoir d’achat augmenter. aujourd’hui l’ultraliberalisme nous fait prendre le chemin inverse, sarko en tête avec son « travailler + pour gagner + », belle connerie. c’est pas gagner + que je veut, c’est payer moins ! et pour cela, la croissance n’est pas la solution, elle nous mene droit dans le mur.


  • Internaute Internaute 29 novembre 2007 10:49

    Toutes les grosses théories économiques se avérées fausses ou en tout cas tellement approximatives qu’elles en deviennent inapplicables. Par exemple, le seul marché où les prix sont entièrement déterminés par le mécanisme de l’offre et de la demande est le marché boursier. Jamais personne n’a réussi à prédire l’évolution des cours, même à court terme, sur une période assez longue. Il n’y a aucun modèle applicable.

    Je ne suis pas d’accord avec votre explication sur la qualité et les exemples réels prouvent le contraire. Quand vous dites « La solution se trouve dans l’accroissement de la compétitivité grâce à l’amélioration de la qualité. Les salariés en ont bien conscience, mais il n’est pas en leur pouvoir d’améliorer la qualité. » vous faites une généralisation hasardeuse.

    Il est vrai qu’en automobile, la qualité des autos japonaises a été un élément de leur succès et a poussé en avant les autres marques.

    Par contre dans tous les articles de la vie courante, habillement, ouvre-boîte, outillage, mobilier et j’en passe, c’est justement l’abandon de la qualité qui a permis aux importateurs de prendre tous les marchés. En effet, avec l’abaissement du niveau de vie c’est le prix qui seul compte.

    Donc la solution que vous proprosez n’en n’est pas une. La question est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.


  • Vincent 29 novembre 2007 10:53

    Cephal, je ne sais pas depuis combien de temps vous êtes en retraite des Postes et Télécom, mais la norme ISO 9001, ça fait belle lurette, qu’elle est dépassée, maintenant nous sommes à l’ISO TS 16949.

    L’application d’une norme garantie : la standardisation du travail, la standardisation de la conception, la standardisation des livraisons, enfin cela garantit au client un minimum de défaut.

    En règle générale l’application d’une norme diminue la variabilité des processus, donc les risques d’erreurs.

    Et heureusement que certaines normes sont harmonisée car sinon nous ne pourrions pas communiquer par exemple.

    D’autre part l’application de ces normes permet aux fabricants d’automobiles par exemple de garantir des véhicules à 150 000km et / ou 3 ans, 10 ans anti-corrosion.

    Enfin tout un tas de petits trucs qui font la différence.

    Le management Japonais et l’application du Lean Manufacturing sont essentiellement basés sur la polyvalence des opérateurs et le pouvoir d’arrêt de chaîne. Pas besoin d’avoir le chef, du chef, du chef, qui décide d’arrêter la chaîne de fabrication en cas de problème.

    Cela en France nous ne savons pas le faire, nous avons toujours besoin d’autorisation pour faire quoi que ce soit et pendant ce temps la chaîne tourne et crée des pièces mauvaises.

    Quant au fait d’augmenter les volumes pour augmenter les bénéfices, cela parait évident,c’est mécanique.

    Mais le plus important je le répète est d’augmenter la marge du produit fabriqué.

    Pour ce faire vous avez quelques leviers d’actions bien connus :

    La part main d’œuvre (d’où les délocalisations)

    La part achat (d’où la fonction d’acheteur)

    La part des rebuts et stocks (d’où les qualiticiens et statisticiens).

    Aujourd’hui le levier le plus important est celui de la main d’œuvre,

    un ouvrier français coûte env. 20€ de l’heure (tout frais confondu)

    l’ouvrier slovaque coûte lui entre 5€ et 7€ de l’heure.

    Par ailleurs vous parlez de la difficulté pour les petites sociétés de répondre aux critères qualités des grands comptes.

    Pour votre information les fournisseurs de rang 1 ont la capacité d’auditer les fournisseurs de rang 2 et de leur délivrer une auto certification.

    Quoi qu’il en soit légalement c’est le fournisseur de rang 1 qui est responsable des ses sous-traitants aux yeux du client final.

    Petite appartée quant à certains slogans écolo vendeurs concernant la norme ISO 14 001

    Quand Renault par exemple déclare fabriquer ses voitures sur des sites ISO 14 001 (norme environnementale)

    Il oublie de parler du circuit logistique de ses pièces qui font trois fois le tour de l’Europe en camion avant d’être montées en France dans l’usine de Sandouville par exemple !!!!

    C’est la même chose pour PSA.

    Alors de plus en plus et pour éviter cela on crée de ce que l’on appelle des sites fournisseurs avancés, c’est le cas de Toyota dans le nord me semble-t-il.

    Ce sont des sites de production des sous-traitan directement implantés sur les sites de fabrication final des véhicules.

    Cela réduit les encours de fabrication, les stocks intermédiaires, la logistique camion, et cela rapproche le fournisseur du client final, c’est toujours mieux que de traverser l’Europe pour aller les voir en cas de problème.

    Enfin il me semble que le site de fabrication de la Yaris est rentable puisque Toyota n’envisage pas de le délocaliser.

    Pour conclure, il existe d’énormes réserves de productivités tant aux niveaux des process et des méthodes des fabrications qu’aux niveaux des processus de développement et de gestion d’entreprise.

    Un des freins identifié et la résistance aux changements de nous latins, de notre goût pour l’indiscipline, les changements s’effectueront au prix de gros sacrifices idéologiques.

    Enfin les normes comptables et notamment l’indicateur FTE (full time Equivalent) qui en fait établit un ratio de chiffre d’affaire par personne en fonction de la masse salariale, pousse nos dirigeants à employer un maximum d’intérimaires et de consultants car ils n’apparaissent pas dans la masse salariale, ce qui a pour conséquence immédiate de diminuer les bénéfices et la masse salariale, donc la participation et d’augmenter artificiellement le FTE.

    Donc je reprends ma conclusion précédente, laissons les commandes aux vrais industriels, qui réinvestissent une part de leur bénéfice dans les équipements ainsi que dans la R&D plutôt qu’aux fonds de pensions qui eux pillent les entreprises de leur cash en visant la rentabilité à cours termes.


  • Céphale Céphale 29 novembre 2007 12:20

    @Internaute

    « Toutes les théories sont fausses, mais certaines sont plus utiles que d’autres » - Bertrand Russell (Prix Nobel de littérature 1950)

    Je ne suis pas d’accord quand vous écrivez « avec l’abaissement du niveau de vie c’est le prix qui seul compte ». Le prix n’est pas le seul critère pour les produits chers, et même pour les produits et les services d’usage courant, les consommateurs y regardent à deux fois avant d’acheter.


    • Céphale Céphale 29 novembre 2007 12:22

      @Vincent

      Mauvaise pioche : je ne suis pas en retraite des Postes et Télécom et je regarde de près l’évolution des normes ISO.

      La variabilité des processus et le six-sigma, je connais aussi.

      D’accord quand vous écrivez : « il existe d’énormes réserves de productivité tant aux niveaux des process et des méthodes des fabrication qu’aux niveaux des processus de développement et de gestion d’entreprise ».

      D’accord aussi avec : « laissons les commandes aux vrais industriels, qui réinvestissent une part de leur bénéfice dans les équipements ainsi que dans la R&D plutôt qu’aux fonds de pensions qui eux pillent les entreprises de leur cash en visant la rentabilité à court terme » (j’ai corrigé les fautes d’orthographe). Je n’ai jamais dit le contraire.


    • logic 20 janvier 2008 14:48

      "Les gens y regardent à 2 fois ...."selon quels critères ? aujourd’hui on voudrait nous faire croire que l’on sait que l’on connait tout C’est ainsi que la distribution vend de tout : de l’electro ménager di hight tech du meuble de la bouffe du bricolage ...pour ma part je fabriquais et vendais du meuble et je n’ai jamais vendu des casseroles ;par contre je savais faire le rapport qualité/prix et pouvais donc conseiller mon client par rapport à l’usage qu’il voulait en faire, par rapport à son budget , et par rapport à ses goûts

       Aujourd’hui on vous vend le produit qui correpond aux intéréts du distributeur et le personnel, qui a fait force de vente, est là pour vous endormir vous flatter et ainsi vivre royalement à vos dépends

       C’est quelque part le problème de 50 millions de consommateurs qui en réalité fait le jeu de ce commerce malsain et pour le client et pour le fournisseur (fabricant producteurs ..)

       En 40ans de commerce combien j’ai trouvé de clients qui voulaient m’apprendre et qui étaient nettement plus forts que moi pour les achats alors qu’ils étaient agriculteurs enseignants cheminots ...


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