lundi 6 novembre 2006 - par Johan

Composer avec l’économisme, ou comment renverser le glissement vers un paradigme borgne

Cet article est en réponse à B. Dugué, à la suite notamment de ses deux récents articles  : Nouvel ordre politique : décrypter, explorer la pensée économiste et Nouvel ordre politique (II), dépasser l’économisme.

Monsieur B. Dugué, j’ai lu avec attention vos deux billets. De très bons articles, comme toujours. Solides, documentés et qui interpellent le lecteur. Permettez-moi de vous adresser mes réactions, qui s’appuieront entre autres sur mes observations des discours tenus sur AgoraVox.

Vous critiquez une nouvelle doctrine, l’économisme, comme dénuée d’idéologie. Je voudrais d’abord préciser qu’en ce qui concerne les pensées économiques un horizon est posé : c’est le bien-être du consommateur (1) et la préoccupation de l’allocation optimale des richesses.

Ces critères ont été repris depuis les premier libéraux jusqu’aux néochicagoïens. Par conséquent, eu égard à l’importance de « l’utilité publique » pour A. Smith, jusqu’au principe cardinal de « l’efficience » sous Reagan, et tenant compte du fait que de tout temps le rapport entre les hommes n’est qu’un rapport de domination (2), j’en tire quelques conclusions personnelles :

1 L’économisme comme préoccupation principale de notre politique n’est pas ipso facto dénué d’idéologie.

2 La dilution de notre rhétorique idéologique est en fait son remplacement par une rhétorique chiffrée.

3 L’impossibilité d’évaluer certains apports à la société, par exemple l’élévation de l’esprit critique de ses citoyens (qui permet une meilleure gouvernance par le peuple) permet de passer à la trappe ces considérations (pour reprendre Forest Ent : « Il est normal que l’économie suive les règles de l’économie. Il est anormal qu’une société ne suive les règles que de l’économie. ») Or seuls les critères d’évaluation économique (c’est-à-dire de la comptabilité nationale) sont avancés. 4 L’impossibilité d’évaluer la qualité de la consommation - seule sa valeur quantifiable peut l’être - valide le glissement vers un modèle critiquable (durée de vie moyenne des produits en chute libre, mais consommation en hausse, donc appréciation positive du phénomène).

Plus généralement l’impossibilité d’évaluer les externalités (les « effets boule de neige », notamment), positives comme négatives d’ailleurs, est une critique décisive portée contre l’économisme. 5 Le plus préoccupant n’est pas tant la disparition de l’idéologie, mais le glissement de paradigme : on ne cherche plus à se prévaloir d’une idéologie, d’un objectif, d’une vision, mais uniquement de sa conformité aux préoccupations économiques, comme s’il n’y avait aucune vérité en dehors de ses chiffres (3). Le mot « politique » est devenu tabou, ou plutôt « contre productif ». 6 Enfin, il est amusant de voir qu’après s’être affranchie du besoin de se justifier par un objectif transcendant, l’économie devient elle-même un langage de domination en servant à stigmatiser (au sens sociologique du terme) les réussites et les échecs, à pratiquer un eugénisme par l’élimination physique du pauvre et son ostracisme médiatique (société de médias à la russe), à propulser au-dessus des lois certains individus (la justice à trois vitesses décrite par un rapport récent de l’UMP), restaurant ainsi les privilèges abolis, à détruire l’Etat par le dumping (social, fiscal) et la concurrence inter étatique, à amplifier les inégalités et à enrayer la mobilité sociale (la plus faible de l’Europe à 27), et, clou du spectacle, à détruire la démocratie en affaiblissant l’Etat via ses finances et ses lois (4).

Dès lors, les deux horizons doivent être nécessairement passés sous silence : le bien-être du consommateur (5) et la préoccupation de l’allocation optimale des richesses. C’est alors une nouvelle rhétorique qui prend le dessus : le darwinisme (6), le fatalisme, l’économisme (7), le cynisme (8).

Ce qui reste ? L’impression que ce sont les asservis eux-mêmes qui vont justifier leur asservissement. Dès lors, il ne faut pas attendre une réaction du citoyen, qui doit, avant de s’affranchir de l’emprise médiatique, se libérer de sa volonté d’être soumis.

Ne faisons-nous pas nous-mêmes une grave erreur en attaquant l’économisme sur son point le plus fort, à savoir son manque d’idéologie ? Il me semble au contraire que la qualité de sa doctrine est claire, et qu’ainsi l’économisme prête le flanc à une critique qui se pourrait bien plus efficace et qui porterait sur ses propres principes bafoués, à savoir la méritocratie (la mobilité sociale s’effondre, en particulier le France), la libre-entreprise (les banques ne prêtent plus, le Droit est devenu trop complexe pour se lancer), la libre-concurrence (opacité juridique et fiscale qui ne profite qu’aux grandes entreprises, cartels, ententes des prix à la hausse, abus de puissance économique, notamment de la part des distributeurs contre les producteurs et les consommateurs), le bien-être du consommateur (matériel non interopérable, produits défectueux à dessein), la bonne allocation des richesses (gaspillages : selon la FAO, notre production actuelle peut nourrir 12 milliards de personnes), la maîtrise des externalités (pollution, stress, abrutissement, acculturation).

Il me semble, M. Dugué, qu’à croire l’économisme dénué d’idéologie, nous tomberions dans le piège que vous nous avez vous-même signalé : « Le citoyen se croit savant alors qu’il n’est qu’un ignorant formaté de l’extérieur par une autorité discursive qui n’a rien à faire de sa libération. »

Le discours a changé, et il n’est plus idéologique, certes. La forme « apolitique » de cette doctrine n’est bien entendu qu’un leurre pour tromper les chats échaudés.

Dans 1984, Orwell décrit une classe dominante qui accepte son propre désir irrépressible de pouvoir, comme fin et comme moyen de son action. Nous n’y sommes pas encore, mais nous y tendons, preuve en est le discours observé dans la bouche des partisans de l’économisme.

Car l’économisme contemporain est en réalité déshumanisé dans ses considérations originelles, car détaché des préoccupations humanistes et lui-même vecteur de ce cynisme ambiant (donc l’économisme est déshumanisant). L’urgence semble être de « réhumaniser » l’ensemble du discours. Attaquer l’économisme sur ses trahisons (plutôt que sur ses faiblesses) idéologiques permettrait par conséquent de faire d’une pierre deux coups : déplacer le débat sur le thème des valeurs et de la cohérence, et dénoncer l’œil crevé de l’économisme (soulevons donc prioritairement le problème des atteintes au consommateur et de la mauvaise allocation des ressources).

C’est le rôle du citoyen. L’homme politique est trop occupé à faire la « pédagogie », appelée par Eric Le Boucher, à embrouiller le modèle au bénéfice de sa poignée de soutiens, et à garantir (de plus en plus difficilement) la paix sociale, dans un monde où les reliquats des factions idéologiques sont encore vifs (nationalistes, racistes, intégristes religieux, anarchistes, communistes, gangsters, j’en passe et des pires). Il n’oublie cependant pas, alors que son rôle se réduit comme peau de chagrin, de s’inventer de nouvelles missions aussi inutiles qu’onéreuses.

J’espère humblement que mon article nourrira vos réflexions.

Très cordialement,

Johan

(1) Notion utilisée en Droit de la concurrence pour désigner la liberté de choix, les bas prix, et la qualité des produits.

(2) Qui a pris des justifications rhétoriques par le truchement du langage et des concrétisations juridiques et matérielles.

(3) (IP:xxx.x75.37.70), qui est probablement Adolphos, dit souvent que l’économie est une « science ». Il devrait ajouter une science « humaine », donc éminemment faillible et imprégnée de la lecture du monde de son temps.

(4) Dérégulation tendant à l’anarchie et à la loi de la jungle, alors même que l’on parle de « régulation marchande ». Le marché produit une forme de régulation complémentaire de celle de l’Etat, et la qualité de son travail dépend de la régulation préalable de l’Etat.

(5) La liberté de choix, les bas prix, et la qualité des produits

(6) Et encore, dans le meilleur des cas ! : les néo libéraux oublient l’importance de la méritocratie dans le darwinisme « politique ».

(7) Les règles de l’économie trouvent alors leur justification dans leur propre existence : si on ne délocalise pas en Chine, d’autres le feront et nous concurrenceront.

(8) Les gens sont subjugués par l’appât du gain et n’évaluent pas au plus juste les difficultés pour atteindre l’objectif, comme les joueurs du loto ou les dealers de crack décrits dans « Freakonomics ».



28 réactions


  • Marsupilami (---.---.32.156) 6 novembre 2006 11:33

    Bonne analyse. Avons-nous touché le fond ? Rien n’est moins sûr si l’on en croit cet articulet paru dans l’avant-dernier numéro de Courrier International :

    « Si vous utilisez une stratégie fiscale déjà appliquée par quelqu’un d’autre, vous risquez d’être poursuivi pour violation du brevet », prévient le New-York Times. Depuis que, en 1998, un tribunal fédéral a jugé qu’une méthode économique pouvait être brevetée, 49 brevets ont été enregistrés.

    Atterrant, non ?


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 6 novembre 2006 11:39

    Je suis tout à fait d’accord avec analyse : l’économisme comme idéologie est précisément anti-libéral ; c’est la seule conclusion que nous pouvons rigoureusement de votre pertinente et vigoureuse critique. Et le fin du fin de la tromperie idéologique en question c’est de se prétendre libérale alors qu’elle est despotique.

    Ne tombons pas nous-même dans ce piège qui consiste à confondre la loi du plus fort avec le libéralisme. Il porterait la tentation de substituer à un anti-libéralisme économique un anti-libéralisme politique.

    La pensée libérale


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 novembre 2006 11:56

    Bonjour à Johan et à tous,

    Merci pour cet éclairage supplémentaire. Effectivement, il serait dangereux de ne pas voir l’idéologie insidieuse de l’économisme, ce qui désarmerait, politiquement parlant, le citoyen. Bonne initiative que de citer Smith et cette pensée classique-moderne qui relève d’un humanisme. Le néo-libéralisme actuel n’a rien à voir avec la pensée de Smith qui lui sert pour ainsi dire de cheval de Troie pour se présenter de manière honorable. (clin d’oeil à S Reboul)

    L’économisme, et c’est ce que j’ai essayé de montrer en citant Habermas, signe une victoire de l’idéologie dénoncée par Habermas, celle de la technique et de la science, qui, née dans le sillage du capitalisme fordien, s’est déployée dans le contexte du capitalisme non fordien. Autrement dit, la puissance et la science ont été rendue performantes et couplées à un dispositif qui ne répartit plus le bien public car l’économie profite à la classe la mieux placée, alors qu’une sous classe se constitue à l’autre extrémité. En suivant Habermas, l’économisme, c’est un peu le nouvel esprit de l’idéologie insidieuse de la technique et de la science.

    Et comme le savait Bourdieu, les rapports de puissance sont médiatisés et réfléchis dans les rapports symbolique. L’économisme idéologique triomphant, c’est la victoire des élites avides de puissance et profit contre la transformation démocratique suggérée par Habermas. C’est un peu ce que j’ai tenté de dévoiler en évoquant trois périodes, 66-80 puis 80-06 et 06- en fait, j’aurais du faire commencer l’avancée économiste en 2000, quand Bush se fait élire.

    Cette affaire n’est pas prêt de se terminer

    Voir aussi ce billet

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11447

    Impuissance est le maître-mot pour traduire la situation des nations face à la croissance des inégalités dans le contexte d’un capitalisme anti-fordien. Il ne faut pas se leurrer, le processus étant installé depuis plus de vingt ans, bien rôdé et maintenant en vitesse de croisière, doté d’une inertie considérable, les moyens de l’infléchir sont limités. Et comme l’avait dit Mitterrand à propos du chômage, il n’y a pas de solution, tout ayant été testé. L’impuissance concerne les moyens, les instruments dont disposent les nations, avec leur Etat et le système financier. Mais il ne faut pas occulter le vouloir. Y a-t-il une volonté générale de combattre les inégalités et de s’en donner les moyens ? Cette question n’est que rarement posée. Le développement anti-fordien s’accorde assez bien avec l’individualisme. La seule question qui vaille est la suivante. Peut-on concevoir un capitalisme post-fordien, autrement dit un système de développement conciliant efficacité, solidarité et équité ? L’auteur donne son avis. C’est envisageable moyennant un nouvel état d’esprit citoyen et la mise en place d’un système monétaire réformé capable d’atténuer la puissance de la finance.


  • Forest Ent Forest Ent 6 novembre 2006 12:00

    Bon article, comme toujours.

    Sur ce sujet, j’ai fait mienne l’analyse de M Todd : « l’idéologie économiste » est une conséquence à long terme de la Réforme, car on peut constater qu’elle oppose assez nettement les traditions protestante et catholique, mais sa répartition géographique s’appuie elle-même sur des structures familiales et économiques pré-existantes. « L’idéologie économiste » serait finalement descendante d’une structure famililale sans continuité inter-générationnelle et sans solidarité dans la fratrie, dont l’Angleterre est le principal berceau. Le mot « fraternité » dans notre devise républicaine a une connotation et une portée importantes. Le protestantisme disait : « enrichissez-vous, puis donnez », alors que le catholicisme disait : « la manière dont vous vous enrichissez a une dimension morale ».

    Mon opinion personnelle est que nous vivons dans un vide philosophique absolu. Pour le meilleur et le pire, les religions créaient un référentiel moral. Après les « lumières », on a tenté d’en reconstruire ex-nihilo avec en particulier le matérialisme et le positivisme. Le 20ème siècle, Hitler et Staline, en ont consacré le naufrage. L’intelligence n’est créatrice ni de valeurs, ni de vertus. Vers où aller ? Je pense que lire Confucius, la Torah, les Evangiles, ..., ne peut pas faire de mal. On y trouve des enseignements invariables sur l’être humain. Je vois bien que sur Agoravox les religions sont examinées surtout sur leurs passés négatifs, certes abondants. Mais il serait dommage de masquer ainsi des textes de grande qualité dont la folie humaine a parfois pu faire contre leur nature des oriflammes guerriers.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 novembre 2006 12:23

      Pas tout à fait d’accord, l’idéologie économiste serait plutôt dans l’opposition au capitalisme ascétique, disons son renversement, capitalisme hédoniste sans doute

      Ce qui conduit à Onfray qui n’y est pas pour rien dans l’antireligiosité régnante. Onfray ne voit que la dimension repressive, morale et politique, dans la religion institué et semble méconnaître la religion vivante, présente dans les textes

      ici ce lien qui expose le génie de l’humanité

      http://www.sacred-texts.com/index.htm


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 6 novembre 2006 12:28

      Il convient, en effet, de faire un bilan positif des religions en rationalisant ce qui est humainement universalisable dans leur contenu ; mais ne nous trompons pas : cela revient touujours à « déreligiosiser » les religions qui par nature sont rétives à la critique même ouverte de leurs dogmes. L’absolu échappe à toute relativisation, c’est à dire humanisation...


    • Forest Ent Forest Ent 6 novembre 2006 12:55

      Oui, il n’y a rien entre foi et matérialisme. Tout au moins n’a t on rien construit en trois siècles.

      Moi, je suis croyant, car je crois que ce monde a un sens, et c’est déjà un postulat métaphysique.

      Au politique, cela reviendrait déjà à ajouter aux droits des citoyens un devoir de solidarité.


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 6 novembre 2006 13:20

      Pourquoi condamner le matérialisme et l’athéïsme ?

      Sont-il la cause des problèmes actuels ?

      Je ne le pense pas. Le problème est qu’il nous faut maintenant déconstruire tout ce que la religion a créé, même la morale, afin de repartir sur des bases plus saines.

      Il faut ensuite construire une morale athée, immanente, et universelle.

      Fini la transcendance, les outre-mondes, l’immortalité de l’âme, et autres conneries. L’homme est sur Terre pour peut de temps, et c’est ici qu’il doit vivre, construire et s’épanouir !

      Le problème actuel, c’est la primauté du nihilisme. Gageons qu’il n’est que passagé, qu’il ne résulte que la décandence de la foi monothéïste entamée depuis le siécle des Lumières. Et il s’arêtera quand finira cette ère monothéïste, comme l’antiquité a finit elle aussi dans une autre forme de nihilisme.


    • Forest Ent Forest Ent 6 novembre 2006 18:14

      Discussion très agréable. Je ne regrette certes point de participer à ce site enrichissant.

      « Pourquoi condamner le matérialisme et l’athéïsme ? Sont-il la cause des problèmes actuels ? »

      Sans doute pas, mais en sont-ils la solution ?

      « Il faut ensuite construire une morale athée, immanente, et universelle. »

      Comment « construit-on » une morale ? Sur quoi reposerait-elle ? Un « contrat social » ? Ca a déjà été tenté.

      « Le problème actuel, c’est la primauté du nihilisme. Gageons qu’il n’est que passager, qu’il ne résulte que la décadence de la foi monothéïste entamée depuis le siécle des Lumières. »

      ... et du fait que rien ne l’a remplacée. Le matérialisme et l’athéisme sont sources de nihilisme. Où est la signification d’un monde soumis aux seules forces de la physique ? Comment le matérialisme répond-il à la seule grande question de l’existence : quel est le sens de la vie ?


    • herbe herbe 6 novembre 2006 22:17

      Quelle perle !

      Merci beaucoup pour ce lien !


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 7 novembre 2006 10:51

      Forest Ent,

      Ce ne sont pas le matérialisme et l’athéïsme qui sont source de nihilisme, c’est la décrépitude du monothéïsme sous ses propres contradictions.

      Le christianisme, né dans la première moitié du 1er siécle ne s’est imposé qu’en 392 à tout l’Empire.

      L’athéïsme, qui apparait sous sa forme moderne au 17ème siécle, ne s’est pas encore imposé.

      Peut-être que 392 peut être un peu comparé à 1905, qui créé un debut d’état athée (un état laïc, c’est à dire qui ne reconnait ni ne soutient aucun culte, est par conséquent athée !).

      Mais nous sommes encore dans une période de trouble entre l’ancien monde (Chrétiens + Musulman + Juif) et le nouveau monde (Athéïsme).

      Et malgré les petits problèmes qui semble faire ressurgir l’obscurantisme, l’athéïsme est en constante augmentation.


    • pingouin perplexe (---.---.53.197) 7 novembre 2006 12:41

      Oui, M.Ent. Il me semble que les Droits de L’Homme, bien compris, comportent une nécessaire neutralité par rapport par rapport aux options religieuses personnelles, et définissent d’abord les conditions propices au respect de l’intégrité et de la dignité de la personne humaine. Aussi, je rejoins votre prise de position métaphysique lorsque vous dites que la vie a un sens. Je suis en cela opposé, par exemple, à l’éventualité que l’économisme puisse devenir tyrannique en se posant comme seul horizon de l’existence. Il y a bien de quoi exprimer de vives inquiétudes lorsque l’on perçoit des tendances, que l’on lit ou écoute des discours qui se laisseraient porter par une certaine forme d’eugénisme, lequel s’attaquerait sans scrupules aux plus fragiles : pauvres, handicapés, personnes âgées, etc...

      Cette notion d’obligation de solidarité s’avère précieuse, vivante, et vitale, dès lors que l’on demeure attaché aux fondamentaux de la civilisation.


    • Forest Ent Forest Ent 7 novembre 2006 18:01

      @ Anthony Meilland

      « un état laïc, c’est à dire qui ne reconnait ni ne soutient aucun culte, est par conséquent athée »

      Non ! Il est agnostique. C’est très différent.


  • Cassandre 6 novembre 2006 14:17

    Notre système économique tel qu’il est ne verra pas la fin de ce siècle, ni même probablement le milieu : le bouleversement climatique va le mettre par terre (et des centaines de millions de personnes avec).

    Le vice technique fondamental qui nous a conduit là est l’absence de prise en compte comptable des ressources naturelles : air, eau, combustibles, capacité d’épuration des déchets etc... Combien de temps durerait une entreprise qui ne ferait ni provisions ni amortissements, refuserait de payer la moindre prime d’assurance et ne tiendrait qu’un vague compte d’exploitation (nommé PIB) sans bilan ?

    Ou bien « on » (qui, au fait ?)fait l’effort de corriger cette contradiction essentielle (un système dont un des rouages fondamentaux, les prix, est substantiellement faux), ou bien adios !

    Je ne sous-estime pas la difficulté de la fixation des prix de ces services naturels, ni les difficultés d’éviter une crise économique lors de leur mise en place. La hausse des coûts de transport, p. ex., entraînerait une réorganisation drastique des échanges de biens matériels et du tourisme.

    Mais c’est ça ou la 6ème extinction de masse, dont l’enclenchement est probable aux environs de 1000 ppmv de CO2eq dans l’atmosphère (on est déjà presque à la moitié).


  • (---.---.72.2) 6 novembre 2006 14:37

    « Moi, je suis croyant, car je crois que ce monde a un sens, et c’est déjà un postulat métaphysique »

    +1

    Je ne suis pas habitué à utiliser le language comme vous le faites, mais je vais tenter de résumer mon point de vue.

    Il me semble que ce sens ne peut pas ne pas comporter une unité du genre humain dans un projet global.

    Le sens religieux (éthymologiquement), qui est censé nous relier donc, ne peut être, à mon avis, rejeté avec l’eau du bain.

    Les politiques rationalistes tentent de l’éradiquer en acceptant de construire un monde sur un mode uniquement vertical, hiérarchisant les puissances, balisé sur le scientisme et le technologisme (en gros) et tentant de s’humaniser en tenant un discours économiste du bien être individuel comme moteur (si j’ai bien compris).

    Le sens religieux doit s’incarner dans la détermination des choix, évidemment il est anti-compétitif (je l’espère).

    Bien entendu, les combats des ’ismes" en tous genres, ne saurait être reconnus comme une progression.

    C’est à se demander en définitive, et par un lien que nous peinons encore à distinguer, si de grandes orientations collectives ne peuvent être instituées que par l’union des volontés individuelles transformées en sources d’unité, ce qui donnerai un autre sens à la notion de « nation » que celui du territoire. Pour dire enfin le ,« connais toi toi-même » « pacifies-toi » « relis toi aux autres » et le monde changera, (profession de foi non exhaustive).

    Ceci, certainement trop court et perfectible comme point de vue, pourrait mettre un terme à cette construction des sociétés sur le mode paternaliste, directement calqué sur le mode des religions (notamment catholique pour l’occident)qui ont institué le « familialisme » et sa segmentation, au lieu du sens commun et universel.

    Le monde à beau s’évertuer à pondre des théories idéologiques, il s’affrontera toujours aux comportements et volontés individuels, à moins qu’il n’intègre cette dimension comme base de sa construction.

    (j’espère être resté dans le fil...)


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 6 novembre 2006 17:00

      « Le sens religieux (éthymologiquement), qui est censé nous relier donc, ne peut être, à mon avis, rejeté avec l’eau du bain. »

      Elle lie indirectement les hommes. Le lien est transcandent. Il vient des dieux.

      Les hommes sont donc liés de manière extérieure par une entité qui leur impose ce lien. Il sont « frère » mais soumis au Père tout puissant. C’est un lien qui asservi.

      En cela la religion s’oppose à la République (Res Publica = chose publique) qui elle aussi établit un lien entre les hommes sous la forme d’un espace publique. Les deux liens ne peuvent qu’entrer en conflit du moment où l’un n’est pas asujéti à l’autre, d’autant plus que leur nature est différente : Transcendante pour la Religion contre Immanente pour la République.

      Si la Republique asujetit la religion on tombe dans quelque chose qui ressemble au culte de l’être suprême. Dans le cas inverse on arrive à une forme de République Théocratique. Dans les deux cas les systèmes sont intrinséquement perverts car contradictoires. On arrive à de la Réthorique assez proche de la Novlangue d’Orwell. (Exemple : les hommes ont été doté de la liberté par leur créateur, dans la déclaration d’inpendance des USA).

      De la Religion ou la République, une seule ne pourra subsister à terme.


    • Forest Ent Forest Ent 6 novembre 2006 18:21

      « Rendez à César ce qui appartient à César. » Les deux liens ne sont pas de même nature, et peuvent ne pas être antagonistes, dans un système laïc où la religion ne cherche pas à imposer une organisation sociale, et le système politique est bâti sur des valeurs communes et ne cherche pas de reconnaissance « spirituelle ». Mais c’est évidemment un équilibre dynamique, constitué de tensions, donc fragile, et qui demande des compromis permanents.


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 7 novembre 2006 10:33

      Je ne suis pas d’accord avec toi Forest Ent.

      La célèbre phrase « Rendez à Cesar... », ne signifie pas pour autant une forme de séparation des deux liens, mais plutôt une superposition.

      Puisque dieu est omnipotent, c’est lui qui a organisé le pouvoir sur Terre. Donc ce pouvoir est intrinséquement juste. Et celui qui souffre (le faible, le malade, l’esclave) doit se soumettre à César (donc à l’arbitraire des puissants), comme si cela était une éreuve pour accéder à l’outre-monde.

      Le plus flagrant, c’est de réflechir à ce qu’était César (donc l’empire romain) pour les habitants de la région du monde d’où est censé venir Jésus. Les Romains sont ... des envahisseurs, des colonisateurs. Bref il ne s’agit pas d’un pouvoir qui pouvait paraitre juste. Et malgré cela, le christianisme le proclame, il faut se soumettre.

      Ainsi on obtient l’empilement vértical féodal (transcendantal) caratéristique des monothéïsmes. Dieu - Le Pape -l’Empereur - les Nobles.

      Il n’y a donc pas de place pour une organisation a partir des principes immanents comme le sont les Droits de l’Homme, enfin uniquement leur version française puisque les Américains les considèrent comme transcendant cf (leur Créateur).

      Ainsi Religion et République s’oppose forcement puisque elle ont en partie le même but (organiser la société) et partent de concepts radicalement différents.

      Pour autant Rien n’empêche la République de cohabiter avec une spiritualité individuelle qui peut même etre déïste.


    • Forest Ent Forest Ent 7 novembre 2006 18:09

      @ Anthony Meilland

      « Puisque dieu est omnipotent, c’est lui qui a organisé le pouvoir sur Terre. Donc ce pouvoir est intrinséquement juste. »

      Il n’y a rien dans les Evangiles qui implique ceci, et c’est contraire à la plupart des théologies chrétiennes. Il a fallu de très méchantes contorsions intellectuelles pour justifier un pouvoir temporel de droit divin.

      En résumé théologique chrétien, toutes religions confondues, Dieu a laissé à l’homme le libre arbitre, donc le fait que Dieu soit omnipotent n’implique pas que les actions de l’homme soient bonnes. Il y a effectivement un paradoxe central (on appelle cela un « mystère ») à tous les monothéismes entre libre-arbitre humain et omnipotence divine.


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 7 novembre 2006 20:37

      Pourtant il ne faut pas nier l’implication caché dans le « rendez a César.. ». L’homme doit accepter, d’après le fils de dieu, lui même dieu par le super principe de la trinité (enfin je crois ?), de se soumettre à César, donc à l’abitraire (les Romains avaient mauvais presse à cette époque ¨sur ces terres).

      Donc le sens de la phrase me semble être : Moi, Dieu, je vous demande de vous soumettre à toute autorité imposé sur Terre, et à Moi même dans l’outre-monde.

      Il y a une forme de verticalité dans l’argument qui prépare l’avénnement avec Théodose d’un régime théocratique chrétien.

      Le libre arbitre, n’est en fait qu’une invention pour permette à Dieu de punir l’homme pour leurs fautes, et donc à ses représentant sur Terre d’en faire autant. Si l’homme était une marionette la punition pour un crime serait injuste !

      On a appris depuis Freud et l’invention de la psychanalise, que le libre arbitre avait des limites !

      Je maintiens que Religion, c’est à dire organisation transcendantale de la société, et République, c’est à dire organisation immanente de la société, ne sont pas compatible et que leur mélange est intrinsequemt contradictoire et pervers.

      Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour la spiritualité et le déïsme dans notre société. Il ne peut simplement pas s’organiser en Religion (c’est à dire en lien entre les hommes) sans entrer en contradiction avec la Republique.


    • Forest Ent Forest Ent 7 novembre 2006 23:18

      « Pourtant il ne faut pas nier l’implication caché dans le »rendez a César..« . L’homme doit accepter de se soumettre à César. »

      C’est une interprétation.

      « Le libre arbitre, n’est en fait qu’une invention pour permettre à Dieu de punir l’homme pour leurs fautes. »

      ... et surtout en l’occurrence pour qu’il ait effectivement une responsabilité morale de ses actes, contrairement aux religions polythéistes et dualistes. Sinon pourquoi une morale ? Et comment construit-on une morale sans postuler un libre arbitre ?

      « On a appris depuis Freud et l’invention de la psychanalyse que le libre arbitre avait des limites ! »

      Et voilà en quoi le matérialisme conduit au nihilisme ! Soit le libre arbitre existe, soit le crime n’existe pas, Mr Karamazov. Si tout est régi par les lois de la physique, où est le libre arbitre, et où est la morale ?


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 8 novembre 2006 10:18

      « C’est une interprétation. »

      Oui ! Une interpretation qui rend bien compte du rôle de la religion chrétienne dans la soumission de l’Homme au pouvoir dominant.

      « Et comment construit-on une morale sans postuler un libre arbitre ? »

      La morale n’a effectivement pas lieu d’exister sans libre arbitre. Mais je ne pense pas que Freud postule l’inexistance du libre arbitre (j’avoue ne pas être spécialiste) mais sa « finitude ». En tout cas la justice actuelle reconnais ce principe. Ainsi beaucoup de personnes sont jugées irresponsables de leurs actes (folies permanente ou passagère). De plus ne peut-on pas considérer que l’existance de certaines circonstances attenuantes (en particulier dans les crimes passionnels) implique aussi une limitation de ce libre arbitre ?

      « Et voilà en quoi le matérialisme conduit au nihilisme ! Soit le libre arbitre existe, soit le crime n’existe pas, Mr Karamazov. Si tout est régi par les lois de la physique, où est le libre arbitre, et où est la morale ? »

      Vous limitez le matérialisme au déterminisme qui n’est qu’une fraction des théories de la Physique.

      La mécanique quantique nous a appris à « relativiser » ce déterminisme. En effet si on ne peut pas connaitre exactement la position et la vitesse d’une particule à un instant donné (principe d’Heisenberg), on ne peut jamais déterminer sa trajectoire réelle et précise.

      Philosophiquement cela a des implications importante.

      La physique moderne n’est pas entièrement déterministe, la statistique tient un rôle très important, en particulier en thermodynamique.

      Si vous rajoutez par dessus une dose de théorie du chaos, on obtient.... un beau merdier.


    • Forest Ent Forest Ent 8 novembre 2006 16:16

      « Une interpretation qui rend bien compte du rôle de la religion chrétienne dans la soumission de l’homme au pouvoir. »

      Des religions catholique et orthodoxe à certaines époques. Mais ça ne découle heureusement pas directement des textes.

      « La justice actuelle reconnais ce principe. Ainsi beaucoup de personnes sont jugées irresponsables de leurs actes. De plus ne peut-on pas considérer que l’existance de certaines circonstances attenuantes implique aussi une limitation de ce libre arbitre ? »

      Ca existait bien avant Freud. Si le « libre arbitre est limité », c’est qu’il existe. Certains philosophes ont tenté de faire dire à Freud - qui n’était qu’un médecin après tout - ce qu’il n’avait pas dit, à savoir qu’il y a un déterminisme humain.

      « La mécanique quantique nous a appris à »relativiser« ce déterminisme. En effet si on ne peut pas connaitre exactement la position et la vitesse d’une particule à un instant donné (principe d’Heisenberg), on ne peut jamais déterminer sa trajectoire réelle et précise. La physique moderne n’est pas entièrement déterministe, la statistique tient un rôle très important, en particulier en thermodynamique. Si vous rajoutez par dessus une dose de théorie du chaos ... »

      Ca ne change pas le sujet. Que nos convictions découlent de lois explicites ou probabilistes, existe t il un libre choix, ou bien tout ce que nous pouvons en penser découle t il de l’équation de Schrodinger ou Dirac ou autre ?


  • Le chien qui danse 6 novembre 2006 14:41

    j’ai oublié de signer, voilà..


    • Le chien qui danse 6 novembre 2006 19:38

      "Elle lie indirectement les hommes. Le lien est transcandent. Il vient des dieux. Les hommes sont donc liés de manière extérieure par une entité qui leur impose ce lien. Il sont « frère » mais soumis au Père tout puissant. C’est un lien qui asservi."

      Oui, ça c’est ce que nous dit la religion, qui « paternalise » est tente d’unir les hommes de par leur extérieur.

      Schéma que reprend la république régulée par une démocratie représentative. Ou le code civil et pénal remplace le livre sacré.

      L’un est l’autre étant des prises par l’extérieur de la personne, quelles en sont les différences si ce n’est autre que de sensibilité.

      Ni l’une ni l’autre ne peuvent extraire l’angoisse de la solitude existentielle qui amène bon nombre d’entre nous à agir d’une manière incivilisée (au sens large), par auto-protection.

      Il me semble que l’on peut réellement accéder, en soi, à une communion avec les autres soi, sans artifices, en empathie, générant un désir unitaire. Un comportement « religieux » vis à vis de l’ensemble, qui serait une base saine pour une démocratie, par exemple.

      Il faut bien qu’il existe une « auto-quelque chose », qui permette de se fier à la personne pour pouvoir constituer de grand ensemble. La notion de famille (au sens de la lignée) , de patrie disparaissant aussi progressivement, les objets transcendants qui aiguillonnait l’effort des hommes des temps passés ne peuvent être remplacés par la rationalité républicaine qui est un fait à poser et non pas une espérance.


  • ZEN etienne celmar 6 novembre 2006 19:19

    Ce que décrit bien l’auteur me semble l’aboutissemnt logique du capitalisme, dans sa forme la plus aboutie, un capitalisme qui tend à investir tous les aspects de la vie, qui fonctionne en roue libre par sa seule logique financière et spéculative à court terme, par fusions-concentrations .Un ultralibéralisme qui n’est plus régulé par rien, sauf la logique de son propre fontionnement ,« les lois du marché »-notion idéologique par excellence-, qui déstructure les communautés, les solidarités, qui précarise les individus et compromet l’avenir.La techique n’y devient plus un moyen , mais une fin en soi...Cet emballement mondialisé commence à inquiéter sérieusement même certains économistes libéraux et le FMI(!).

    La perte de sens et des repères n’est que la conséquence de ce phénomène.Ce n’est pas la religion qui nous sauvera du désastre annoncé,tout juste peut-elle mettre du baume au coeur, mais une reconstruction des valeurs de solidarité sur fond de restauration du lien social et politique. Cela n’est pas une analyse, mais juste quelques éléments à approfondir.


  • Johan Johan 6 novembre 2006 19:20

    A Tous,

    Merci a certains de mes habitués préférés d’Agoravox d’avoir commenté cet article. Les articles de B Dugué me font souvent réagir, et son billet sur le capitalisme fordien m’avait déjà interpellé.

    Pour être le plus synthétique possible, il me semble que quelle que soit la forme (que l’on se justifie par la Raison, Dieu, le sens de l’Histoire, un Idéal...), l’Homme a vocation à se déterminer tant individuellement que collectivement.

    L’individualisme et le corporatisme empêchent aujourd’hui toute gouvernance commune. A ceux ci s’additionnent au niveau des Etats par la concurrence interétatique qui conduit inexorablement à une dérégulation et à tout effort sur les bénéfices non comptables apportés à la société.

    http://www.agoravox.fr/tb_receive.php3?id_article=10470

    L’Economisme va au contraire donner des signaux positifs : croissance (occultant les externalités et les inégalité de répartition). Ces signaux sont la poudre aux yeux qui constitue la rhétorique de domination de la poignée d’oligarque et de financiers qui ont des intérets convergents, une organisation et une détermination sans concurrent sérieux.

    Mon article visait à surmonter le vide idéologique apparent de l’Economisme. En réalité, l’Economisme n’est pas un nihilisme. Il est seulement impulsé par des personnes amorales, ou qui agissent via des structures amorales (sociétés ; banques : votre argent travaille, mais savez vous pour qui ?).

    Plutôt que d’attaquer l’Economisme sur son absence d’idéologie, il serait plus opportun de frapper sur son socle idéologique, qui est camouflé tant bien que mal. Les idéologies : religions, grands courants comme le Communisme, le racisme, nationalisme, mondialisme, anarchisme (bref, les -ismes)... sont mal vus.

    Critiquer le soi disant « apolitisme » de l’Economisme serait contre productif. Au contraire, s’appuyer sur les trahisons des valeurs dont il se revendique pourrait porter un coup décisif, et recentrer le débat sur cette impératif essentiel : la possibilité, voire et le droit et le devoir pour l’Homme de choisir son destin.

    Notre époque voit le triomphe de la résignation et du fatalisme des masses, de l’euphorisme des leaders et de l’aveuglement des intellectuels.

    http://perso.orange.fr/sos.philosophie/alain.htm

    — >

    Journaliste, Alain fut aussi un penseur de la politique. Il faut que les citoyens exercent un contrôle sur le pouvoir grâce à leurs représentants élus. Le pouvoir tend toujours à la tyrannie parce qu’il est adulé. Les puissants aiment leur puissance et l’abus du pouvoir est le fruit naturel du pouvoir. « Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude » et Alain ajoute : « Le tyran peut être élu au suffrage universel et n’être pas moins tyran pour cela. Ce qui importe n’est pas l’origine des pouvoirs, c’est le contrôle continu et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants. » Tout État conjugue monarchie, aristocratie et démocratie. Si l’exécutif doit être monarchique (car ses décisions exigent de la rapidité), le législatif aristocratique (il faut discuter les lois en groupe), le pouvoir de contrôle doit être démocratique. Le peuple doit avoir le droit de déposer ses dirigeants immédiatement s’ils ne conduisent pas les affaires selon l’intérêt du plus grand nombre. En ce sens tout peuple a la responsabilité de sa liberté car il faut avoir le courage de « rompre les chaînes du consentement qui sont les vraies chaînes. »


  • DEALBATA (---.---.156.228) 6 novembre 2006 21:11

    Surtout ne pas trop se fatiguer les méninges en y croyant trop, c’est écrit quelque part, ça ne devrait pas tarder à arriver sinon nous ne serions pas déjà là à y penser, être le spectateur de son propre spectacle c’est admirable, alors regardons nous sans trop y croire ...


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