lundi 23 juillet 2007 - par Céline Ertalif

La politique expliquée aux adolescents

C’est généralement à l’adolescence que l’on découvre d’abord les petites communautés de copains et de copines, puis le pouls du monde social qui nous entoure et surtout la conflictualité. La politique est une entreprise de civilisation qui fonctionne avec un mélange de soumission aux puissants et de reconnaissance des normes. L’obéissance, Beuh ! tout ce que détestent les adolescents qui veulent rompre avec la soumission. L’inhibition contrôle les individus, et la politique contrôle les inhibitions. Penser la politique, c’est soumettre l’inhibition, la morale et la justice à la question.

L’ordre social introduit à la fois la justice et la guerre. La demande de justice est le grand subterfuge qui permet toujours au pouvoir de se frayer un chemin dans une société. Tous les grands bâtisseurs de pouvoir affichent alternativement la guerre et la justice, c’est Clovis illustre dans la bataille et Saint Louis sous son arbre. Les deux ont partie liée et la perte du lien entre les deux pose un problème fondamental de compréhension.

Spontanément, on voudrait que tout devienne juste, que, si l’égalité ne suffise pas à répondre à ce désir, on puisse encore revendiquer «  l’égalité des chances  ». Il ne faut jamais insulter l’avenir, savoir ouvrir un espérance à chacun bien sûr, mais ce baratin de la politique contemporaine est trop empreint d’une idée révolue du peuple pour être crédible. Vous y croyez vous à l’égalité des chances ? A la première contrariété, les hommes ont soif de justice parce qu’ils espèrent un jugement dernier avant l’éternité de l’oubli. La justice offre non seulement une consolation pour calmer la douleur de la finitude humaine, mais elle compense la frustration que la société elle-même organise. Les adolescents demandent la justice promise contre leur soumission.

La paix intérieure par la justice

La nature est cruellement injuste, nous le savons, et la civilisation elle-même si souvent contre-nature doit s’accommoder de diverses contraintes, c’est ainsi que les idéologies ne sont pas moins utiles que la lucidité pour sceller la sociabilité civilisatrice. La justice est une balance sur un glaive : tant que le mouvement d’équilibre hypnotise bien, on oublie la main qui tient le glaive.

La simple idée que l’injustice est intolérable nourrit de nombreuses dérives de notre société qui n’a plus un besoin très sensible de se solidariser dans la lutte contre l’ennemi. Chirurgie esthétique parce que je ne supporte plus d’être moins belle que les starlettes cannoises, contestation parce qu’il faut que notre association se fasse entendre, et je dénonce la carte scolaire qui coupe notre rue en deux, et tel projet d’infrastructure qui défait mon environnement... Oh la la ! rien de tel qu’une bonne guerre pour qu’on nous fiche la paix, n’est-ce pas ? Eh oui, et oui, le problème de la justice c’est d’obtenir la paix intérieure et ce n’est pas gagné d’avance entre les ego et les égaux !

Le pétainisme n’est pas vraiment ma perspective, le message est le suivant : la justice qui espère d’elle-même plus qu’un compromis social est une néo-religion dangereuse. Le problème le plus grave de la justice, c’est que les gens ont tendance à y croire et à la rêver avec un J. Le pouvoir politique ne les décourage guère, préfèrant finalement toujours que l’on discute de toutes les conceptions possibles et imaginables de la justice plutôt que des clés du pouvoir. Penser un ordre social juste, plutôt que peser le prix de quelle soumission ? On est tous tombé dans le panneau, et beaucoup ne s’en relèvent jamais vraiment et restent incapables de penser la politique à vie.

Privées de la contrainte militaire, les nations occidentales de notre début de 3e millénaire ont été envahies par l’irénisme, une nouvelle religion sécularisée du droit prétendant à l’universalité. La confusion entre la morale et la perception de l’intérêt public bat son plein. Cette néo-religion iréniste nous berne, elle produit un poison que appelle l’inhibition. La réduction de l’individualité dans un cadre de conformité sociale, c’est cela l’inhibition. Dangereuse pour l’individu, elle est aussi inavouable pour les gouvernants que nécessaire à la protection de la société.

Quel que soit le régime, l’obéissance est l’enjeu central de la politique. Notre bain idéologique présente toujours la démocratie comme le niveau le plus achevé de la politique au nom de la reconnaissance des libertés individuelles. Max Weber a un peu occulté l’enjeu politique avec sa célèbre formule définissant l’Etat par le monopole de la violence légitime. Sans discuter des rapports entre les Etats et la démocratie, la force de nos sociétés démocratiques n’est pas dans la spécificité du détenteur de la coercition, mais dans l’autonomie des individus et la démultiplication de la force créatrice qui en résulte. L’inhibition, dangereuse pour l’individu, est un vaccin pour la civilisation qui doit accumuler la force des autonomies individuelles en évitant que celles-ci se combattent entre elles.

Là où se construit le projet de civilisation

Durant les grandes agapes démocratiques de l’élection présidentielle de 2007, on a parlé « d’ordre juste  » pour n’en retenir que la justice sans véritablement s’étonner de ce mot « ordre » que l’on croyait balayé du vocabulaire politique depuis la Révolution française.

Aujourd’hui, la maîtrise des techniques et des usages techniques joue un rôle central et ce sont les capitalistes qui les contrôlent bien plus que les élus politiques. Les tensions de notre époque touchent les questions d’environnement à l’échelle de la planète, la division du travail à la même échelle. Les questions de libertés publiques, de justice et d’économie persistent, mais derrière un codage technique qui compte davantage que le codage légal. Les institutions publiques ne possèdent pas automatiquement la fonction politique. La politique est là où se construit le projet de civilisation, parfois plus dans les congrégations, dans les conseils d’administration ou dans les laboratoires que dans les assemblées élues.

La submersion de l’économique et du social peu de temps après l’avènement du suffrage universel est en train de détruire le cadrage national. L’invasion de la technique et de la propagande dans les plus petits interstices du droit, de l’économie et de ce qui nous reste de la religion au travers de la justice, est un poison violent si l’inhibition morale nous voile trop les rapports de force.

La civilisation a besoin d’un combat contre les individus les plus forts, le consentement doit être limité. La politique, cette entreprise de civilisation fondée sur le processus d’obéissance, fonctionne par la maitrise de la domination et de la soumission. La politique est un plaisir.

Illustration : Henri Laborit, spécialiste de l’inhibition et du lien entre l’organisation sociale et la santé individuelle



12 réactions


  • Marsupilami Marsupilami 23 juillet 2007 13:44

    Excellent article.

    En complément d’information, quelques citations de l’excellent Henri Laborit :

    “La liberté, c’est d’avoir des lobes orbitaux-frontaux et un système associatif. On appelle liberté la possibilité de trouver des solutions nouvelles. Tant qu’on aura pas fait découvrir aux gens que leur seule raison d’être c’est d’être, c’est-à-dire de rechercher leur plaisir, ils continueront de tenir de beaux discours logiques et de croire en ceux qui les enseignent. En avant marche : une deux, une deux...”.

    “Je déteste l’éducation, j’en déteste même le mot !”.

    “En fait, l’enseignement passe à travers un canal qui tend à le transformer en bruit. Le monde ne peut changer que si nous, adultes, obéissons aux motivations de l’enfant : jouer, c’est faire connaissance avec le monde, c’est le connaître pour pouvoir agir sur lui”.

    “Je crois qu’on peut informer sans former ni déformer. On peut informer en transformant”.

    Faut essayer...


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 23 juillet 2007 22:53

      Belles citations. L’oeuvre de Laborit n’est pas assez connue. L’une des choses qui m’a le plus passionnée dans son oeuvre, c’est la description du servo-mécanisme : comment les automatismes se mettent en place, et comment cette efficacité génère aussi des accidents.


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 23 juillet 2007 18:54

    La question de la justice est en effet, comme vous le dites, indissociable de la relation « de » pouvoir et « au » pouvoir. Mais cela signifie-t-il qu’elle ne serait ou ne pourrait être que l’alibi d’un pouvoir de domination ?

    Si tel était le cas, en effet, tout pouvoir serait alors doublement injuste en cela qu’il dominerait injustement au nom de la justice en en pervertissant, voire en en détournant le sens profond : la recherche d’une réciprocité des droits et des devoirs utiles à chacun .

    Or c’est justement la finalité de l’idée démocratique de mettre en oeuvre des procédures de contrôle ou de sanction qui contraignent le pouvoir à se mettre non seulement en paroles mais aussi plus ou moins en fait au service de l’égalité des droits et surtout des libertés individuelles en vue de développer les légitimes capacités ou chances et talents de chacun au service de tous.

    Cette idée n’est, vous avez raison sur ce point, qu’un idéal qui peut être trompeur dans la mesure où il masque trop souvent la réalité des rapports de forces qui s’imposent aux dépens des droits, mais elle a le mérite d’écarter comme frauduleuses et mystificatrices toute les prétentions à légitimer les inégalités au nom de la nature, laquelle n’est ni juste ni injuste, puisqu’elle qu’elle n’est précisément que nature, ce qui n’est qu’un donné à transformer par la civilisation qui seule peut dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas dans les relations entre les hommes et les hommes et les femmes.

    Quant à l’efficacité économique et technique elle ne peut trouver de valeur politique qu’en se mettant au service de l’idéal démocratique. Ce qui n’est pas le cas et ce qui fait que nos sociétés sont constamment travaillées par la conflit entre la démocratie civilisatrice et le capitalisme sauvage. C’est ce conflit qui, au delà des partis qui s’en réclament avec plus ou moins de rigueur et de bonne foi, font que le débat entre la gauche et la droite est indépassable. Ce que nient précisément toutes les tentatives unanimistes d’essence autoritaire voire totalitaires.

    La justice ne peut être qu’une norme construite dans et par la politique et les luttes de ceux qui subissent la domination, à savoir le pouvoir, y compris économique, de ceux qui l’exercent à leur seul profit dans le mépris des droits et des libertés concrètes de ceux sur lesquels ils l’exercent. C’est la rupture vécue comme injustifiée et injustifiable, donc insupportable, de la réciprocité des droits et des devoirs au profit d’une minorité qui commande à son profit exclusif qui est au coeur de la formation historique de l’idée justice.

    Il ne faut donc pas jeter le bébé avec l’eau du bain : l’idée de justice naît de la révolte contre l’aliénation et la domination. Son usage perverti par les puissants pour se maintenir et valider leur pouvoir de domination est donc aussi un hommage que le vice politique est obligé de rendre à la vertu politique (et il ne s’agit pas de morale mais de droit et de liberté), sauf à s’imposer durablement comme pure violence, ce qui est à terme impossible.

    Cet hommage est le révélateur d’une exigence politique, particulièrement en démocratie, dans la mesure où celle-ci autorise, par l’idée de justice à laquelle elle se réfère, la révolte ou la contestation du pouvoir comme un droit de l’homme et du citoyen au service des luttes politiques et sociales libératrices. Au point justement qu’il est impossible en démocratie, même non-idéale, de confondre tout à fait la notion de légalité et celle de légitimité pour décider ce qui est juste ou non. Cette distinction est en effet essentielle à tout progrès politique en vue de réduire les injustices ou inégalités des droits et des moyens de les exercer existants.


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 23 juillet 2007 22:48

      Je ne jette pas l’eau du bain, mais je rappelle avec entêtement que la balance est posée sur le glaive. La contrepartie de l’obéissance, c’est la protection. La justice fait partie de la protection des individus bien sûr, y compris contre la tyrannie. Mais lorsque le besoin de protection n’est plus du tout ressenti, on a beaucoup de difficulté à ramener la paix dont l’unité d’un groupe a besoin.

      Dans la mesure où l’on est solidaire des valeurs d’une société, il est normal que l’on revendique la justice au nom de ses valeurs. Maintenant, attention à la justice comme aux religions qui n’ont de références que leurs propres dogmes. Surtout quand on franchit la limite de la légalité pour entrer dans le débat de la légitimité.

      Le droit se construit sur des rapports de force, ce que les juristes veulent constamment oublier. L’inhibition ne réduit pas toujours la violence, et si la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure rien ne garantit non plus la sagesse du plus faible.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 24 juillet 2007 07:46

      Une remarque de fond : le contestation de la légitimité d’une loi , qu’il ne faut pas confondre avec le fait de lui désobéir (sauf si celle-ci est manifestement contraire aux droits fondamentaux de l’homme ; ex : port étoile jaune ou rose.. donc aux principes mêmes de la démocratie) est inhérent à l’idée démocratique.

      Si le droit de contester la légitimité d’une loi est une condition de la démocratie, alors le confusion entre légalité et légitimité d’une loi n’est pas démocratique, dans la mesure où le droit à la contestation de la légitimité d’une loi est la condition pour les électeurs de leur pouvoir de la changer par leur vote...

      L’ordre démocratique n’est pas strictement légaliste, il est « légitimitiste », au sens où la loi doit pouvoir être changée au nom de l’égalité en droits et du droit citoyen à l’expression critique, en tant que présupposés transcendantaux (et non pas transcendants) ou constitutifs de la construction démocratique. Le droit à la contestation de l’injustice légale y est constitutionnel..


    • Francis, agnotologue JL 24 juillet 2007 09:04

      D’accord avec vous sur ce sujet de la loi. Mais ce qui gouverne nos sociétés modernes, c’est de plus en plus la règle, de moins en moins la loi. Et le contraire de la loi, c’est la règle quand elle est librement consentie, la force quand elle est imposée. La loi du marché, les lois de la nature sont ici des règles ou des forces par opposition au domaine du législatif (Les mots sont confondants).

      « A la force, il faut opposer la force ; à celle du capital, celle de la loi – la seule à notre disposition. » (F. Lordon http://www.monde-diplomatique.fr/2007/02/LORDON/14458). Quand les élus sont eux-mêmes soumis aux règles du capital et des médias, où est le recours ?


    • Francis, agnotologue JL 24 juillet 2007 09:09

      je regrette, mon lien ne fonctionne pas. Cet article de Frédéric Lordon est paru dans Le Monde diplomatique, le journal qui fait honneur à la Presse française.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 24 juillet 2007 10:50

      Une règle ne vaut comme telle que si elle est conforme à la loi (hiérarchie des normes) ; ce qui manque ce sont des lois internationales seules aptes à réguler (à civiliser dans le sens de la justice) le capitalisme financier globalisé. Et ce qui manque pour imposer ces lois, ce sont des luttes politiques et syndicales à l’échelon international ou, dans ne première étape, européen...

      L’état nation et donc les hommes politiquse qui prétendent agir dans ce cadre seulement est de plus en plus impuissant vis-à-vis de l’économie qui lui échappe d’une manière itrrevesible.


    • Francis, agnotologue JL 24 juillet 2007 11:25

      Sylvain Reboul vous me rétorquez : «  »Une règle ne vaut comme telle que si elle est conforme à la loi«  ».

      Je vous demande pardon, vous interprétez mes propos. J’ai bien précisé ce que j’entends par règle : on peut transgresser une loi, pas une règle. Si on peut la refuser, alors on sort du ’jeu’. On peut transgresser une loi, à condition de ne pas se faire prendre.

      Les organisations démocratique sont fondées par la loi. Elles sont peu efficaces. Les organisations illégitimes imposent leurs règles : elles sont terriblement efficaces ou bien elles ne survivent pas.

      Maintenant il a été dit : ’si l’on ne peut faire que la justice soit forte, faisons que la force soit juste’ et aussi ’ces choses là nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs’, ce qui veut dire que une politique qui court après son ombre est une politique qui ’blanchit’ les règles imposées par les puissants, comme les banques blanchissent l’argent sale.


  • Francis, agnotologue JL 24 juillet 2007 08:54

    Article qui aborde courageusement et sobrement beaucoup de sujets préoccupants. Je me permettrai de relever un détail : «  » La politique est là où se construit le projet de civilisation, parfois plus dans les congrégations, dans les conseils d’administration ou dans les laboratoires que dans les assemblées élues. «  »

    Je ne suis pas sûr qu’un projet de civilisation se construise quelque part. Je crois qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Il n’y a que des pilotins qui tirent de tous cotés en même temps, et que la résultante c’est l’histoire en train de s’écrire. Cdt.


  • Jean Krakowiecki Jean Krakowiecki 24 juillet 2007 13:19

    « La politique, cette entreprise de civilisation fondée sur le processus d’obéissance, fonctionne par la maitrise de la domination et de la soumission. La politique est un plaisir. »

    Ne le prennez pas mal, mais « la maîtrise de la domination et de la soumission » ... ouafff ! smiley Cela voudrait donc dire que les rapports de force seraient maîtrisés ? ou qu’ils disparaissent ?

    Quel ado pourrait le croire ? Le naïf du coin ?

    Je cite notre ami commun Laborit : « En ne plaçant ses espoirs que dans la transformation par ailleurs indispensable, de son environnement socio-économique, il ne résoudra qu’imparfaitement le problème de son aliénation. Seule la connaissance de ses déterminismes biologiques lui permettra la transformation de sa structure mentale, sans laquelle toutes les révolutions risquent d’être vaines. »

    Ce qui veut dire que même si vous faites TOUT pour que ça fonctionne, cela ne fonctionnera pas simplement parce que des relations de pouvoir viendront « dévier » l’action.

    N’êtes vous jamais allé à une réunion politique, où beaucoup d’idées parfois excellentes se sont perdues dans les méandres d’« 1 ou 2 systèmes limbiques dominants »...

    Cela étant, vous avez la solution : comme vous le dites : « La politique, fonctionne par la maitrise de la domination et de la soumission.... » et quand on voit le niveau de la politique et de la justice ...

    Bien entendu, vous pouvez toujours « soumettre la politique et la justice à la question », ... après tout, comme le disait Laborit, un rat qui agit est toujours moins stressé qu’un rat en inhibition de l’action....


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 24 juillet 2007 22:59

      Bonjour,

      A priori, nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde. La maitrise dans un rapport de forces, ou dans l’émotion, ne fait pas plus disparaitre le rapport de forces que l’émotion.

      Encore faut-il nuancer cela un peu. J’entends bien que nous sommes souvent dominés par l’un ou par l’autre, voire les deux ensemble. Et donc, la capacité à réagir a son importance. C’est quand on est écrasé que cela devient pathologique non ?

      Ce que je veux dire, c’est que la domination ou la soumission sont toujours relatives. En politique, en tous cas, où on ne se situe pas à un niveau individuel (et la différence a forcément son importance), ce n’est parce qu’on est dans une situation faible et dominée qu’on est exclu d’une action publique maitrisée et même conquérante : citons les cas flagrants de De Gaulle à Londres en 1940, ou pour rester dans la même période Tito face aux nazis puis à Staline.

      Votre observation rejoint celle de JL qui dit : Je crois qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Il n’y a que des pilotins qui tirent de tous cotés en même temps, et que la résultante c’est l’histoire en train de s’écrire. Quand vous dites on voit le niveau de la politique et de la justice... eh bien je pense que non, vous avez tort vous ne le voyez pas. Ce que vous voyez, ce sont des institutions nationales médiatisées en crise. De toute façon, le pouvoir est rarement très transparent - ça c’est de l’idéologie juridique.

      Il y a toujours eu des concurrents pour le pilotage. Dire qu’il n’y a pas de politique dans notre société, c’est dire que notre civilisation va s’effondrer. Et je ne suis pas si pessimiste que cela.

      Je suis un peu déçue que personne n’ait souligné l’allusion érotique de la dernière phrase que vous citez. Il y a dans la politique, comme dans l’érotisme, ce contact incandescent entre la nature et la culture.


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