jeudi 4 janvier 2018 - par Robin Guilloux

La réfutation kantienne de la preuve ontologique

 

Emmanuel Kant, La logique de l'existence - Le blog de Robin Guilloux

Saint Anselme de Cantorbery (1033-1109) "Mon Dieu, je crois, mais faites-moi comprendre !" "Du Val d'Aoste à Cantorbery, en passant par le Bec-Hellouin en Normandie, Anselme n'est jamais en ...

http://lechatsurmonepaule.over-blog.fr/2017/12/emmanuel-kant-la-logique-de-l-existence.html

Ce texte (cliquer sur le lien) de Kant est extrait de la troisième partie de la Critique de la Raison pure, intitulée "Dialectique transcendantale" qui s'intéresse aux erreurs de la raison en tant qu'elle sort des limites de l'expérience. 

La critique kantienne se réfère implicitement à l'argument (ou preuve) "ontologique" de l'existence de Dieu énoncée par Anselme de Cantorbery dans Le Proslogion, chapitre II, et reprise par Descartes dansLes Méditations métaphysiques  :

1. Lorsque nous pensons à Dieu comme à un être infini, il n'est pas possible que nous nous trompions, parce qu'il n'est pas possible qu'un entendement fini puisse penser quelque chose d'infini de lui-même. C'est parce que notre idée de Dieu vient de Dieu qu'elle est vraie.

2. Dieu est un être parfait. Une perfection qui ne comprendrait pas l'existence ne serait évidemment pas complète. Donc Dieu est aussi doté de l'existence.

Kant commence par montrer que l'esprit humain a une tendance presque invincible à confondre la pensée et le réel : "Nous voudrions qu'une chose existe, par cela seul que nous le pensons : telle est, quoi qu'on en dise, la pente naturelle de l'esprit, contre quoi il n'est pas aussi facile de lutter qu'on pourrait croire."

Il donne l'exemple célèbre des "cent thalers" : si j'ai dans ma poche cent thalers réels, je dispose d'un réel pouvoir d'achat que je n'aurais pas si je ne disposais que de cent thalers imaginaires. Dans un cas mon pouvoir d'achat est de cent thalers, dans l'autre il est nul.

Le thaler (parfois écrit talernote ou talir) est une ancienne pièce de monnaie en argent apparue au milieu du XVème siècle, et qui circule en Europe pendant près de quatre cents ans. Sa taille et son poids, relativement importants, varient quelque peu au fil du temps, et sa popularité initiale reste liée, d'une part, au développement des mines d'argent exploitées sur les terres du Saint-Empire romain germanique, et d'autre part, à la puissance de l'Empire colonial espagnol. Devenu monnaie de compte sous Charles Quint, le thaler a un grand impact sur l'économie mondiale aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il est l'unité monétaire des pays germaniques jusqu'au XIXème siècle et est considéré comme l'ancêtre du dollar américain. (source : wikipedia)

Quand un objet est réellement donné, je ne peux pas en penser ce que je veux, je suis obligé de me conformer aux caractéristiques de cet objet. Mais, poursuit Kant, lorsque l'objet n'est pas donné à l'intuition (cent thalers imaginaires) mais pourraient l'être : il y avait au XVIIIème siècle en Prusse une unité monétaire nommée "thaler" - , ou mieux quand l'objet ne peut pas du tout être donné aux sens (Dieu, l'âme, la liberté...), "alors nous prétendons, faute d'éprouver son existence, la prouver"

Kant établit une distinction importante entre "prouver" et "éprouver". On ne peut prouver l'existence que de quelque chose que l'on éprouve, c'est-à-dire dont on a l'expérience réelle, quelque chose qui est donné à l'intuition sensible sous la forme d'un phénomène.

Je ne peux pas prouver qu'il y cent thalers dans ma poche si je ne les ai pas, je ne peux pas prouver l'existence de Dieu parce que Dieu n'est pas un phénomène du monde, mais, selon Kant, une réalité nouménale, une chose en soi, inaccessible à l'entendement humain.

Note : Kant n'est ni athée, ni agnostique. Il respecte et partage la foi protestante (le piétisme) dans laquelle il a été élevé. La Critique de la Raison pure, notamment la troisième partie intitulée "Dialectique transcendantale" ne vise pas la foi en Dieu, la croyance, mais la "théologie rationnelle", c'est-à-dire la prétention de prouver l'existence de Dieu (et des réalités "nouménales", "inconditionnées" comme la liberté, l'âme, le monde considéré comme un tout). Kant entend mettre un terme aux interminables querelles des métaphysiciens sur l'existence de Dieu, sa nature, ses pensées, ses desseins, etc. "J'ai borné le savoir pour laisser une place à la foi." Kant ne réfute pas l'existence de Dieu, mais la prétention de vouloir la prouver. Mais ce n'est évidemment pas un hasard si les exemples donnés par Kant de réalités qui existent de façon certaine sont l'argent (les trente thalers réels et les trente thalers imaginaires), la géométrie (le triangle isocèle) et la chimie (le phosphore). Même si Kant laisse une place à la foi "dans les limites de la raison", il témoigne d'un univers culturel où l'argent et la science commencent à occuper la place de Dieu.

L'argument ontologique fait dériver l'existence de Dieu de l'idée que j'ai d'un être parfait qui ne serait pas parfait s'il lui manquait l'existence. Sans faire référence directement à la provenance de cet argument, Kant s'emploie à le réfuter en montrant que l'existence d'une chose n'est pas un prédicat et que par conséquent "lorsqu'une chose existe, elle n'existe pas avec plus de perfection qu'elle n'en avait quand je ne faisais que la penser".

Note : En logique classique (celle qui nous intéresse ici), un prédicat est un terme ou une expression qu'on affirme ou que l'on nie d'un sujet. exemple : "Socrate est mortel". Socrate est le sujet, "mortel" est le prédicat. Prédicat est synonyme d'attribut.

Selon Kant, la logique seule est incapable à elle seule de nous prémunir d'un usage "indiscipliné" de notre entendement que Kant nomme "dialectique". La troisième partie de la Critique de la Raison pure, traite précisément de la "dialectique transcendantale", c'est-à-dire des erreurs de la raison en tant qu'elle dépasse les limites de l'expérience.

La logique est incapable à elle seule de nous avertir que nous appliquons de manière illégitime les concepts de l'entendement aux "choses en soi". car elle ne porte pas sur l'existence ou la non existence des choses, mais sur la cohérence de la pensée, peu importe qu'elles correspondent à des objets "réels" (les mathématiques en sont un bon exemple). La seule manière de nous prémunir de la tendance à faire un mauvais usage de notre entendement est de refuser de réduire l'Être à la pensée ou, ce qui revient au même selon Kant, de distinguer entre le possible (ce qui peut ou non exister) et le réel (ce qui existe réellement)

"Le concept d'une chose, qu'il s'agisse d'un objet idéal (comme Dieu) ou d'un objet que l'on peut rencontrer dans l'expérience n'est pas la réalité de cette chose, mais sa possibilité." 

Kant donne deux exemples, l'un tiré de la géométrie, l'autre de la chimie :

Les propositions "Les angles à la base d'un triangle isocèle sont égaux." et "Le phosphore fond à 44 degrés" supposent l'existence de ce dont on parle.

Tant que je n'ai pas tracé un triangle isocèle sur une feuille de papier en me basant sur une procédure bien déterminée (que Kant appelle un "schème") avec une règle et compas, tant que je me contente de penser à un triangle isocèle, le triangle demeure dans le domaine du possible.

Tant que je me contente de penser aux propriétés du phosphore sans me livrer moi-même à une expérience en faisant chauffer du phosphore à la température de 44 degrés jusqu'à ce qu'il fonde, le phosphore (le fait qu'il existe un corps chimique réel appelé "phosphore") et ses propriétés (notamment le fait qu'il fond à la température de 44 degrés) demeure une possibilité et non une réalité.

Dans la division traditionnelle, depuis Aristote jusqu'à Descartes, la philosophie comprend la logique, la métaphysique, la physique et la morale. La logique est la science ayant pour objet l'étude formelle des normes de la vérité, les conditions formelles (a priori dit Kant) pour qu'une proposition puisse être considérée comme vraie, comme fausse ou comme incertaine (seulement possible).

En logique formelle, le petit mot "être" joue un rôle fondamental puisqu'il est la base de tous les énoncés. Kant distingue dans ce passage deux usages du mot (verbe) "être" :

  • "être", en tant que "position d'une chose ou de certaines déterminations en soi" est synonyme d'exister.
  • "être", dans son usage logique est la copule d'un jugement.

Note : Une copule est un mot dont la fonction est de lier l'attribut au sujet d'une proposition. La plupart des langues possèdent une copule, la plus fréquente étant le verbe "être". Le terme copule est issu du modèle logique d'Aristote, où la copule est le verbe être qui relie le sujet et le prédicat d'une proposition.La copule joue un rôle fondamental dans le raisonnement par syllogisme : "Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel."

Kant attire notre attention sur les deux sens du mot "être" (position, affirmation que quelque chose existe) et "être" comme copule d'un jugement, mot de liaison entre un sujet et un prédicat.

Soit, explique-t-il, la proposition suivante : "Dieu est tout-puissant". Cette proposition renferme (porte sur) deux concepts distincts qui ont chacun leur objet : 

  • Le concept de Dieu
  • Le concept de toute-puissance

Si je dis "Dieu est" ou "il est un Dieu", je n'ajoute aucun nouveau prédicat au concept de Dieu puisque l'existence de ce dont je parle (le thème) est déjà contenue dans la proposition que j'énonce (le propos).

Le verbe "être" n'est pas un prédicat, mais ce qui met en relation un sujet et un prédicat, une copule.

L'erreur que commet la raison dans son usage métaphysique est de confondre une position ("être" comme affirmation de l'existence de quelque chose) et une relation ("être" comme mise en relation d'un sujet et d'un prédicat)

Kant ajoute que cette erreur consiste aussi à confondre le réel et le possible. 

Il revient à ce propos sur l'exemple des cent thalers : "le concept de cent thalers réels ne contient rien de plus que celui de cent thalers possibles."

Cent thalers possibles expriment le concept, alors que cent thalers réels expriment l'objet et sa position en lui même. En tant que concept, le concept de cent thalers possibles ne contient rien de plus que celui de cent thalers réels, mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avec cent thalers possibles.

Dans le concept : "cent thalers possibles", l'objet (le thaler) est contenu analytiquement (par définition) dans mon concept.

Dans le concept : "cent thalers réels", l'objet s'ajoute (synthétiquement dit Kant) à mon concept, il n'est pas compris dans mon concept car dans le cas contraire, cent thalers réels équivaudraient à cent thalers possibles.

"Quand donc je conçois une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats par lesquels je la pense (même dans la détermination complète), en ajoutant, de plus, que cette chose existe, je n'ajoute absolument rien à cette chose."

L'existence ne pouvant en aucun cas faire partie des prédicats, aussi nombreux soient-ils d'une chose, ne peut rien ajouter à l'idée que je peux me faire de cette chose.

Je puis aussi, explique Kant, imaginer une chose "défectueuse". Prenons l'exemple de la statue monumentale d'une femme ailée sans tête (défectueuse en tant qu'il lui manque la tête, mais parfaite en son genre sur le plan artistique). Si j'ajoute que cette statue existe, cette statue existe (dans la réalité) avec le même "défaut" qui l'affectait lorsque je l'ai conçue dans mon imagination.

Note : Il n'y a rien de plus dans le concept d'une chose imaginaire ou dont il est impossible de prouver l'existence parce qu'elle n'a pas de réalité empirique que dans le concept d'une chose réelle, mais la différence entre le concept d'une chose imaginaire ou d'un concept de la raison pure et le concept d'une chose réelle, c'est que dans le premier cas, l'idée est contenue analytiquement dans son concept, alors que dans le second, elle y est contenue synthétiquement (la chose réelle s'ajoute à son concept). Le concept d'une chose réelle n'est pas plus riche que celui d'une chose imaginaire ou relevant de la raison pure, mais une chose réelle est toujours plus riche que le concept d'une chose réelle. Le concept d'une chose réelle n'est pas plus riche que celui d'une chose imaginaire, mais il est plus "complet".

De même, si j'imagine un "être à titre de réalité suprême", que j'appelle "Dieu", sans aucun défaut (absolument parfait) il reste toujours à savoir si cet être sans défaut existe. 

Ce qui montre que l'existence n'est pas une qualité car dans le premier cas, la statue réelle demeure exactement semblable à la statue imaginaire et ne retrouve pas sa tête du simple fait qu'elle existe (l'existence ne lui ajoute aucune qualité supplémentaire) et dans le second cas l'Être suprême doué de toutes les qualités possibles (absolument parfait) peut très bien ne pas exister (n'existe pas nécessairement du fait qu'il a été défini comme parfait). L'existence n'est pas une qualité ni son absence un défaut, mais le support nécessaire de toutes les qualités (et de tous les défauts) dans la réalité sensible, et non simplement dans l'esprit.

Pour qu'un concept soit complet, selon Kant, il faut deux conditions :

  • qu'il ne lui manque rien du contenu réel possible d'un objet en général
  • que la connaissance de cet objet soit possible a posteriori

a priori : dans la pensée, l'imagination

a posteriori : dans la réalité

Si un objet des sens (que je puis voir, toucher, entendre, etc.) existe dans l'espace et dans le temps en tant que phénomène accessible aux sens et que son existence coïncide avec son concept, alors le concept de cet objet est complet.

Soit le concept d'une statue monumentale d'une femme ailée sans tête.

Mon concept pourrait ne correspondre à aucune réalité empirique (relative à l'expérience), ne s'appliquer légitimement à aucun objet des sens, à aucun phénomène sensible, situé dans l'espace et dans le temps. Dans ce cas, mon concept ne serait pas complet, il serait simplement "possible".

La Victoire de Samothrace exposée au musée du Louvre, à Paris, n'ajoute rien au concept d'une statue monumentale d'une femme ailée sans tête, mais ma pensée en reçoit une "perception possible" (a la possibilité de la percevoir). De simplement "possible", le concept d'une statue monumentale d'une femme ailée sans tête devient "effectif", réel et complet.

Il n'en est pas de même du simple concept d'existence, pensé à travers "la pure catégorie" sans intuition de la position d'une chose sensible qui demeure une simple possibilité.

 



11 réactions


  • Diogène diogène 4 janvier 2018 11:42

    « Les sens sans la raison sont vides, mais la raison sans les sens est aveugle. »
    Emmanuel Kant - 1724-1804


    • Diogène diogène 4 janvier 2018 15:13

      @diogène

      moi, vous savez, qu’on mette des plus ou des moins à mes commentaires, ça m’intéresse pour avoir une idée de la température extérieure, mais Kant ? il n’a pas dit que des conneries ! est-ce que le moinseur peut m’expliquer son étoile ?

  • eddofr eddofr 4 janvier 2018 12:06

    Vouloir prouver l’existence (ou la non existence) de Dieu revient à vouloir mesurer la longueur du néant à l’aide d’une règle imaginaire infinie et non graduée.


     smiley


  • Decouz 4 janvier 2018 18:49

    La foi repose précisément sur l’absence de preuve, 

     si on pouvait prouver l’existence de Dieu ou son inexistence (mais il faut au préalable définir les termes d’existence et de Dieu), l’affaire serait réglée dans un sens ou dans l’autre. Mais pour prouver, en plus de la logique nécessaire, il faut un point de départ sûr.
    Distinction du possible et du réel : on peut admettre que tout possible est réel, selon une modalité ou selon une autre, cette possibilité « réelle » n’implique pas une apparition dans le monde des phénomènes sensibles terrestres, ni même une apparition tout court, si on admet qu’il y a une multiplicité des états de l’Etre ; l’état qui correspond au monde humain a des règles limitatives qui sont ses conditions d’apparition, en corrélation avec les cinq sens de l’homme, mais ce n’est qu’un monde possible (et effectif pour nous). Ces cinq sens sont nos fenêtres limitées sur le monde ; tous les instruments scientifiques quelle que soit l’étendue de leur champ d’investigation ne sont que des prolongements de nos sens, ces prolongements étant en fait indéfinis.
    La cosmologie traditionnelle définissait les éléments à partir de ces cinq sens, les éléments, air, eau etc étant non ce que nous considérons comme tel, mais ce qui dans l’ordre du cosmos est analogue à nos sens (pour parler d’une manière imagée nos sens perçoivent certaines longueurs d’onde, c’est assez net pour la vue et l’ouïe). Le monde que nous connaissons par nos sens est une combinaison qualitative de ces « longueurs d’ondes », rien n’empêcherait en théorie une multiplicité de combinaisons correspondant à d’autres mondes avec d’autres conditions et d’autres êtres que nous ne pouvons même pas imaginer, notre imagination étant limitée par notre condition terrestre.

    • Robin Guilloux Robin Guilloux 4 janvier 2018 19:30

      @Decouz


      Oui, Umberto Eco développe toute une réflexion sur le sujet dans son livre (à mon avis le plus achevé) Kant et l’ornithorynque (Kant e l’ornitorinco) dans le chapitre intitulé « sur l’être » dans lequel il reprend toute la question depuis Aristote jusqu’à Heidegger et au-delà (la philosophie analytique) et explique, à la suite de Kant que notre « perception » (compréhension) de l’être est lié à nos sens et à la constitution de notre entendement et que les anges, les chiens, les chats, les fourmis ou les arbres ont des perceptions différentes complètement différentes de la nôtre et incommunicables.

  • Decouz 5 janvier 2018 10:01

    Les animaux voient les choses différemment, voient certaines choses que nous ne voyons pas pour certains, perçoivent tactilement d’autres choses pour d’autres etc

    Ils ont, selon moi, une approche directe, analogue à celle des anges pour les traditions spirituelles ; les anges ne pensent pas, mais ont une science directe, en contrepartie, comme les animaux, cette connaissance, et cette puissance d’action, est limitée à un domaine spécialisé dans lequel ils ont une supériorité , et ils n’ont pas cette capacité humaine de raisonner.
    Du point de vue des sciences profanes et analytiques on s’est demandé si les animaux avaient une capacité cognitive qui pourrait approcher celle de l’homme mais aussi si ils avaient ce recul propre à la pensée humaine, la possibilité de se regarder penser, la possibilité de douter, d’avoir une méta connaissance.
    Or si on sait que certains animaux font preuve d’ingéniosité pour résoudre des problèmes plus ou moins complexes, déjà rares sont ceux qui se reconnaissent dans une glace, et sur le plan de la méta connaissance, la possibilité d’exprimer un doute par dans certaines situations où ils échouent (avec un bouton spécial par exemple), rien n’a pu être prouvé, et à un certain niveau d’anticipation, de projection sur les intentions de l’autre, l’animal ne suit plus, de même la capacité artistique d’imaginer librement des possibilités sans finalité pratique.
    Il y a un lien dans la pensée spirituelle, affaibli dans la pensée magique, entre anges, animaux et peuples, ce sont des entités qui communiquent avec le divin, entre elles et avec le monde en général, chacune ayant des caractéristiques propres en matière, mais tout en étant dépourvue de la conscience centrale propre à l’homme, l’homme ayant à la fois la possibilité d’une connaissance directe grâce à certaines méthodes, ou par un don, du moins certains hommes, et la possibilité de la réflexion analytique, cette dernière étant pratiquement la seule envisagée selon la science habituelle.
    Cette conscience centrale n’a dans cette optique rien d’une supériorité fictive ou égotique, d’un fantasme de domination à la manière moderne, puisque l’homme n’a ce pouvoir que par délégation divine.
    L’homme moderne rejette cette approche, et ne reconnait que la raison humaine comme guide, la connaissance globale et intuitive il ne la reconnait pas, la raison qu’il place au plus haut se serait développée toute seule par émergence évolutive.

  • Hervé Hum Hervé Hum 5 janvier 2018 10:47

    S’il est facile de critiquer un objet imparfait ou un concept impur, quand est t-il d’un objet ou concept parfait ?

    La seule critique que l’on puisse faire sur un objet ou concept parfait, c’est de ne plus donner lieu à évolution, puisque toute tentative n’aurait pour conséquence que de régresser.

    Il y a donc une contradiction dans la « critique de la raison pure », car si elle est parfaite, elle ne peut subir aucune critique en soi et si Kant peut le faire, c’est qu’il ne parle pas de la raison pure, mais telle que lui il l’imagine.

    Mais pour etre d’accord avec cela, il faut d’abord etre d’accord sur le fait que c’est la raison pure elle meme qui permet la réalité avec ses lois physiques.

    Autrement dit, que les conditions d’existence de la réalité physique ne dépendent pas d’un Dieu, mais de la logique elle meme. Ce qui est le postulat de base de la science.

    Le hic et que les scientifiques refusent catégoriquement de considérer, c’est que la raison pure nous dit qu’il ne peut exister de réalité physique, donc, dynamique, que s’il y a une intention première pour l’animer (ce que nous dit aussi Aristote).

    En fait, la seule chose qu’il soit possible de faire avec la raison pure, c’est son éloge et non sa critique Si cette dernière est possible, c’est qu’il s’agit de raison impure.

    L’étude de la raison pure conduit à remarquer que tout Dieu (même le Dieu à la vieille barbe) est le premier à devoir la respecter et donc suivre la raison pure pour construire la réalité physique. Sans cela, il n’y aurait pas de réalité qui tienne, mais une réalité fluctuante au gré des divagations de Dieu. Ce qui pose certains problèmes obligeant à revenir aux principes physiques, soit, à des lois physiques.

    La raison pure est ce qui permet la réalité physique et non ce qui en sort. Autrement dit, dès lors où un raisonnement ne peut donner lieu à construction dans la réalité, alors, le raisonnement contient au moins une erreur.


  • bonnes idées 5 janvier 2018 12:13

    Ne cherchez pas dans le surnaturel ce qui est naturel et surtout ne vous noyez pas dans d’hypothétiques analyses bidons venus du cerveau dégénéré de l’homme. Les forces naturelles sont à l’origine de toutes choses alors pas besoin de chercher un Dieu qui, comme par hasard est indescriptible, au delà de la raison humaine. C’est tellement plus simple de créer un Architecte en prétendant ne jamais pouvoir le définir. Chercher à comprendre l’existence d’un tout puissant inexistant, il fallait quand même osé.
    Les écrits sont tous faux ! je peux vous garantir qu’il est plus sain pour l’esprit de se rebrancher à ses propres racines qui ne sont que la compréhension des choses simples, naturelles et explicables.
    De l’eau, de la terre, du soleil, du minéral et bien sur du végétal mais point de Dieu à l’horizon.
     


  • Olivier 9 janvier 2018 13:51

    « je ne peux pas prouver l’existence de Dieu parce que Dieu n’est pas un phénomène du monde » 


    C’est là un de ces sophismes dont Kant s’était fait la spécialité. Ce n’est pas parce que je ne peux pas percevoir quelque chose directement et immédiatement que cette chose n’existe pas ! Si le monde existe en tant que phénomène, on est bien obligé de lui attribuer une cause qui sera forcément d’une dimension à niveau de l’univers lui-même. 

    Kant sait très bien que la réflexion, la perception et le principe de causalité vont inévitablement mener à une forme ou une autre du concept de Dieu. C’est pourquoi il s’efforce de décrédibiliser nos sens, mais aussi de ramener nos catégories intellectuelles à une configuration arbitraire de notre esprit, comme il le fait pour le temps et l’espace dans la « Critique de la raison pure ». 

    Du fait de son athéisme philosophique, pour empêcher une conviction solide de l’existence de Dieu il n’a pas d’autre solution que de remettre en cause les capacités analytiques et perceptives de l’esprit humain.

    • Robin Guilloux Robin Guilloux 22 janvier 2018 20:47

      @Olivier

      Eh bien je suis ravi de constater que Saint Thomas d’Aquin a toujours des adeptes ! C’est à peu près ce que disent Chesterton, Sertillange et Gilson. Même un athée convaincu comme Comte-Sponville avoue que la preuve "cosmologique’ (de la contingence du monde à la nécessité d’une cause première) a failli ébranler ses convictions (dans son Traité du désespoir et de la béatitude)

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