mardi 25 février 2020 - par Nicole Cheverney

Le drame de MERS EL KEBIR - Partie N° 1

En dehors de l’historiographie sur les épisodes les plus connus du conflit de la seconde guerre mondiale, il est bon de se pencher sur des événements rarement évoqués, sinon par quelques historiens spécialisés. Le drame de Mers El Kebir fait partie de ces catastrophes qui ont diminué la France. Il faut prendre en compte le contexte politique dans lequel se trouvait le pays, après la défaite de l’armée française, lors de la « Bataille de France » en 1940.

Sources documentaires :

Encyclopédie Alpha,

Les cahiers de l’Empire Français : P. Gourinard – Mers El Kebir et ses conséquences.

Coutau-Bégarie et Huan – Darlan, Éditions Fayard 1989.

Mémorial de la Seconde Guerre Mondiale.

La genèse.

1930 – Nous sommes sous la 3eme république. G. Lègues, alors ministre de la Marine ainsi que le Contre-Amiral Darlan, réfléchissent sérieusement à transférer l’escadre de la Méditerranée basée à Toulon. En effet, la rade de Toulon est engorgée. En Allemagne, la montée inexorable d’Hitler inquiète les pays européens, et particulièrement la France. Hitler ne cache pas ses intentions de prendre le pouvoir en Allemagne, et non plus, ses intentions belliqueuses envers la France. Pour le gouvernement français, toute hypothèse concernant un plausible futur conflit avec l’Allemagne, rapproché ou plus lointain dans le temps, n’est donc pas à négliger.

Pour Darlan, tout conflit mettrait en danger la marine française basée à Toulon. Il faut donc mettre à l’abri les bâtiments militaires, c’est une flotte très importante qui comprend des croiseurs, des cuirassiers, des torpilleurs, des sous-marins. Il serait impossible, vu le temps très court pour l’évacuer, en cas d’attaque surprise, de sauver la flotte.

Darlan obtient du galon. Il est nommé Commandant de la Marine à Alger.

Le Président de la République G. Doumergue se déplace à Alger pour une commémoration officielle en compagnie du ministre de la Marine, Dumesnil. Ils se concertent. Darlan, Doumergue, Dusmesnil se mettent d’accord sur un projet de réaménagement de la rade de Mers-El-Kebir basée en Algérie, à côté d’Oran. Cette rade est elle-même particulièrement encombrée de bateaux de commerce et de bâtiments de guerre.

De 1935 à 1937, des travaux importants seront effectués à Mers El Kebir.

Entre-temps, Darlan est nommé Chef d’État-major de la Marine et c’est le 12 avril 1939 qu’un décret-loi officialisera la création de la base navale militaire de Mers-El-Kebir.

La tragédie se met en place.

1940 – Bataille de France. C’est une cuisante défaite pour l’armée française contre l’Allemagne nazie. Roland Dorgeles la qualifiera de « plus grande défaite militaire française ».

Le 8 avril 1940, la marine allemande attaque les côtes de la Norvège. Les victoires de l’armée allemande en Europe se multiplient. A ce moment-là, après la défaite cuisante des Français devant les troupes hitlériennes, l’Amirauté française prend conscience, à la vitesse fulgurante où les Allemands alignent les succès, à la vitesse à laquelle ils progressent en Europe, qu’une organisation sérieuse des forces navales est absolument vitale pour la France. Autant en Atlantique qu’en Méditerranée. Or, la flotte française s’est surtout concentrée par un très grand nombre de bâtiments, dans le Nord de l’Atlantique. L’Amirauté répartit et remanie les escadres. Cette flotte comprend des bâtiments construits récemment dont plusieurs cuirassés. 

Le 27 avril 1940, les cuirassés le « Dunkerque », le « Strasbourg », quittent l’Atlantique pour la Méditerranée et rejoignent Mers El Kebir. Mussolini, l’allié d’Hitler, ne cache pas ses intentions belliqueuses envers la France et compte rentrer en guerre, à son tour. L’Amirauté française prend la menace au sérieux et décide de renforcer les effectifs de la marine.

Le Président de la République Albert Lebrun, successeur de Paul Doumergue, accède à la demande de Paul Reynaud. d’attribuer la présidence du Conseil à Pétain. Albert Lebrun nomme Darlan au poste de sous-secrétaire d’État à la marine.

Pétain obtient les pleins pouvoirs. De l’armée française, hélas, il ne reste quasiment plus rien. Les prisonniers de guerre français sont envoyés en Allemagne et le moral du pays est au plus bas. Mais seule, grâce à la clairvoyance de Darlan, la Marine est restée intacte. Elle n’a subi aucune pertes et sa flotte est au complet. Le Vice-Amiral Gensoul est nommé chef de l’Escadre de l’Atlantique.

 

Quels sont à ce stade de l’évolution des événements les rapports qui lient les Anglais et les Français ? Quels sont les rapports anglo-allemands ?

Un accord anglo-allemand naval existait depuis 1935 entre les Anglais et les Allemands. Or, il est décrié par les Français. Les Anglais prétendent s’être rassurés en le signant devant le réarmement naval allemand.

C’est le 4 juin 1935, deux ans après l’accession par Hitler au poste de Chancelier du Reich, que ces négociations navales germano-britanniques avaient eu lieu à Londres. Le gouvernement britannique informa les puissances signataires du Traité de Washington des propositions du Reich. Or, le Reich ne faisant pas dans la demi-mesure, il imposait à la France, par des clauses spécifiques, de mettre ses forces navales sous la tutelle de...Londres !

Les Français, furieux, dénoncent un asservissement à la politique maritime de Londres.

Les Anglais prennent des dispositions pour les mettre immédiatement en œuvre. Par le truchement du 1er Lord de la Mer, l’Amiral Sir Dudley Pound, sans prendre de gants envoie à l’Amiral North, le Commandant en Chef des forces navales britanniques à Gibraltar, ses instructions. « Si la flotte française ne doit pas continuer à combattre, nous voulons avoir ses bateaux dans nos ports et les contrôler. Si cela se révèle absolument impossible, ils devront être coulés... »

L’Amiral North prend langue avec l’Amiral Gensoul en justifiant la décision anglaise au motif des craintes des britanniques de voir tomber la flotte française entre les mains de l’ennemi. Gensoul répond aux Anglais, qu’en tout état de cause, « il était exclu pour la France de voir tomber intacts les navires aux mains de l’ennemi  ». Mais qu’il est hors de question d’une « mise à l’abri des bâtiments français dans les ports britanniques  ». En d’autres termes, Gensoul explique à North que la flotte restera à Mers El Kebir. North rédige son compte-rendu à l’Amirauté Britannique. En gentleman, il en profite pour déplorer le discours récent de Churchill dont les termes envers la France ne sont guère aimables et d’une « grande injustice ».

C’est que Churchill prépare avec fébrilité, depuis quelques temps, l’ « Opération Catapult » et fait tenir à l’écart des préparatifs de cette opération l’Amiral North qu’il juge trop sensible au charme français.

Opération « Catapult ».

Elle doit se dérouler en 2 missions distinctes.

1/ prendre les bâtiments français par la force, du moins ceux stationnés dans les ports anglais.

2/ envoyer une escadre à Mers El Kebir chargée de ramener les bâtiments français vers les ports anglais.

3/ En cas de refus de la part de l’Amirauté française, les couler.

L’escadre anglaise chargée de la mission se nomme : Force H.

Pourquoi cette hâte à vouloir récupérer les bâtiments français ?

Churchill évoque les craintes de voir les Allemands s’en emparer, mais en réalité, les menaces allemandes sur la marine française semblent plutôt non-fondées, car les Allemands occupés à conquérir territorialement vers l’Est, ne représentent pas un réel danger maritime en Méditerranée. A plus forte raison, « que les ports africains se trouvent très éloignés des bases italiennes alliées des Allemands. »

Les raisons d’un tel empressement ? Est-ce parce que «  l’Amirauté française n’a pas donné de gages suffisants aux Anglais ?  »

Le 8 juin 1940, l’Amiral Darlan et l’Amirauté basée à Bordeaux se rendent à Nérac.

Le 30 Juin 1940, l’Amiral se rend ensuite à Clermont-Ferrand, nouveau siège du gouvernement,

Enfin, le 1er Juillet, tout le gouvernement s’établit à Vichy. L’Amirauté les suit.

La première semaine de Juillet, une intense activité saisit les Anglais. Un commando britannique se saisit des bâtiments français présents dans les ports anglais. Les équipages sont évacués et le commando se livre à un pillage systématique des bâtiments. Le Sous-marin le « Surcouf » riposte et l’affaire se solde par plusieurs tués. (entre 4 et 10 morts, selon des sources divergentes).

Port d’Alexandrie – L’escadre de l’Amiral Godefroy se trouve bloquée dans ce port, depuis l’Armistice. L’Amirauté a passé un accord avec l’Amiral Cunningham, de façon à ce que les bâtiments ne quittent pas Alexandrie. L’escadre française restera immobilisée avec un petit nombre de membres d’équipages, ce, jusqu’en 1943. Aucun incident notable n’est à déplorer.

3 Juillet 1940 – Les préparatifs de l’opération « Catapult » sont terminés. Passage à l’action.

Rade de Mers-El-Kebir.

Dès l’aube, la Force H aborde la rade, sous le commandement de l’Amiral Sommerville. L’escadre anglaise se compose de 3 cuirassés et un porte-avion.

Le capitaine de vaisseau Holland, lance à Gensoul un ultimatum qui ressemble fort à une prise en otage de la flotte.

1/ faire route vers un port britannique et « continuer la guerre aux côtés de la Grande-Bretagne » ou bien de rapatrier les équipages en France, ou de faire route vers les Antilles pour être placé sous contrôle américain.

2/ Si refus de la part de la France, saborder les navires.

Le compte à rebours est enclenché.

8 h 45 – Gensoul rend compte à ses supérieurs de l’ultimatum.

10 h 56 : Réception de l’Amirauté du message de Gensoul. Darlan est absent ce jour-là et injoignable, les communications sont difficiles, le réseau de communications non efficient et c’est l’Amiral Le Luc, qui, ne parvenant pas à joindre Darlan, va prendre sur lui d’envoyer deux messages : L’un de faire appareiller l’escadre basée à Alexandrie pour rejoindre Mers El Kebir,

L’autre, très offensif, de « répondre à la force britannique par la force ».

Au préalable, il demande que la 3e escadre de Toulon, la 3e et 4e divisions de croiseurs, à Alger, doivent gagner Mers El Kebir.

12 h 30, Darlan est enfin joignable. Gensoul envoie un nouveau message à 12 h 20, où il relaie l’ultimatum et les dispositions radicales de Le Luc : l’épreuve de force avec les Anglais. Darlan approuve les dispositions de Le Luc. Et envisage même, avec l’aval du gouvernement, des représailles contre l’Angleterre, comme un raid contre Gibraltar où se trouvent des bases anglaises.

Darlan rejoint Vichy. Le Luc câble à Gensoul :

« Vous ferez savoir à l’intermédiaire britannique que l’Amiral de la Flotte Darlan a donné ordre à toute force navale française en Méditerranée de vous rallier en tenue de Combat immédiatement. Vous avez donc à donner vos ordres à ces forces. Vous répondrez à la force par la force. Appelez sous-marins si nécessaire. Commission d’Armistice par ailleurs prévenue  ».

15 h 30 : ouverture du Conseil des Ministres. Difficultés de communication, le délai de 6 heures de l’ultimatum britannique est écoulé. Mais Sommerville accorde un délai supplémentaire jusqu’à 17 h 30.

Les Anglais veulent en finir une bonne fois pour toutes, avant la nuit, précisent-ils.

Dernier message de l’Amiral anglais :

« A moins qu’une de mes propositions ne soit acceptée, à 16 h 30 je serai forcé de couler vos bâtiments ».

16 h 57 : l’escadre britannique ouvre le feu. La première salve part du navire Amiral. Le Cuirassier Strasbourg et trois contre-torpilleurs forcent le barrage. 17 h 00 : Gensoul télégraphie « combat engagé contre force britannique »

17 h 15 : « Je demande à l’Amiral anglais de cesser le feu ».

Bilan matériel : très lourd. 3 cuirassés sur 4 sont atteints et détruits. « La Bretagne », la « Provence », « Le Dunkerque ».

Le cuirassé « Le Strasbourg » est épargné, il a pu s’échapper et sortir de la rade.

2 contre-torpilleurs réussissent à s’échapper à leur tour, et rejoindront Toulon.

Les croiseurs d'Alger, ainsi que les transports d’hydravions « commandant Teste », échapperont également aux avions anglais.

Pendant que le contre-torpilleur « Mogador » s’échoue.

Les pertes en vies humaines sont extrêmement lourdes / Très, très, importantes,

Bilan humain : 1300 morts dont 977, rien que pour « Le Bretagne ».

 

.../...

 



23 réactions


  • julius 1ER 25 février 2020 17:27

    ce qu’il aura le plus manqué aux militaires de l’époque c’est avant tout d’être antinazi .... le reste finalement n’est qu’une suite logique !!!!


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 25 février 2020 20:07

      @julius 1ER

      « Ce qu’il aura le plus manqué aux militaires de l’époque c’est avant tout d’être antinazi »

      Bonsoir,
      L’armée française dans sa grande majorité, n’a jamais été nazie. Même si dans ses rangs, quelques éléments s’étaient tournés vers le vainqueur : l’Allemagne. Qu’il s’agisse des officiers, des sous-officiers, au fond d’eux-mêmes, ils étaient comme le reste des Français, ils subissaient la collaboration.
      De plus, dans l’esprit des militaires de cette époque, la plupart des officiers avaient été sur le front en 14/18, et avaient cotoyé les Allemands dans les combats, et une sorte de respect du combattant était né de ces tranchées. Ils avaient tant souffert, d’un côté comme de l’autre, qu’il était à nouveau impossible pour les militaires engagés dans un nouveau conflit contre les Allemands, de faire renaître cet esprit revanchard qui avait animé les Français après 1870, jusqu’en 1914. La mentalité avait changé, du moins, en France.
      Psychologiquement, ce sentiment d’avoir à nouveau à se battre contre ceux qui avaient été comme eux, dans les boues de Verdun, a très certainement été un des facteurs de démoralisation des troupes françaises engagées en 1939 dans la bataille de France, et leur défaite en 1940. Les Français ne voulaient plus de guerre et ont été fortement surpris. Il est facile aujourd’hui en 2020, de juger, il est certainement plus difficile, d’essayer de comprendre.
      Ce que je tente, à mon niveau, bien modestement. Car l’Histoire ne connaît pas le temps court, elle ne fonctionne que par le temps long et additionne les événements.


    • Emile Mourey Emile Mourey 26 février 2020 09:00

      @julius 1ER

      Comment pouvez-vous dire cela ? C’est incroyable ! J’avais 8 ans. Mon père était au front, ma mère, mon frère et moi, à Besançon. Ordre de mon père à ma mère depuis le front : repliez-vous d’urgence sur notre famille de Bourg-en-Bresse. Pourquoi ? pour que nous ne tombions pas aux mains des nazis. Départ en catastrophe dans une atmosphère d’Apocalypse. Je vois encore ma mère en train de cacher sous une pile de draps des caricatures encadrées, peut-être d’Hansi, stigmatisant « le boche », dont une le montrant revenant d’une battue de merles. Comment pouvez-vous dire cela alors que l’enfant que j’étais devait se dépêcher de rentrer à la maison pour ne pas être accosté par un homme en noir qui aurait cherché à l’interroger sur son père.
      Oui, j’ai vu l’armée allemande franchir la ligne de démarcation, dans un ordre impeccable en chantant, probablement Lily Marlène, mais les rues étaient totalement vides et tous les volets fermés.


    • Emile Mourey Emile Mourey 26 février 2020 09:17

      @julius 1ER

      Et c’est bien l’armée française qui, avec l’aide des Américains, a libéré la France avec ses officiers venant de Londres et d’Afrique du Nord.


  • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 25 février 2020 20:51

    @ Omar

    Bonsoir,

    Le deuxième volet de mon article sera consacré en partie, à la « chasse aux cuirassés français ». Car les Anglais (Churchill) ne se sont pas cantonné à Mers-El-Kebir, ils s’en sont pris aux cuirassé réfugiés à Dakar, mais aussi à Casablanca. Quant aux Antilles, amener la flotte aux Antilles était aussi un risque, puisque les Anglais ordonnaient aux Français de désarmer leur flotte et de la mettre sous contrôle américain. De cela l’Amirauté française, n’en a pas voulu.


  • Emile Mourey Emile Mourey 26 février 2020 00:37

    @Nicole Cheverney

    Félicitations ! Je peux vous confirmer la justesse de votre propos. Mon père était alors colonel, sous-chef d’ État-major au VII ème Corps d’armée. Il y a reçu sa cinquième blessure en jalonnant l’avance allemande. VII ème corps d’armée dont le dispositif n’a été ni enfoncé ni rompu par l’avance allemande (Wikipédia). Encore en retraite, il parlait encore du drame de Mers-El-Kébir comme une véritable trahison de la part de nos alliés anglais. Pour lui, c’était clair. Les Anglais voulaient reconquérir la maîtrise des mers et profitaient de notre engagement contre les Allemands pour nous attaquer dans le dos. Dès lors, l’idée pour beaucoup d’officiers qu’il fallait préparer la revanche depuis l’Afrique du Nord (colonel Van Hecke...) et pas depuis Londres.


    • Emile Mourey Emile Mourey 26 février 2020 09:57

      @OMAR

      Le passé est le passé, l’avenir est à construire.


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 26 février 2020 12:02

      @Emile Mourey

      Bonjour, et merci de ce commentaire qui est un éclairage précieux pour mieux comprendre cette époque que je n’ai pas connue, mais que mes parents ont souvent évoquée.


  • nono le simplet 26 février 2020 10:18

    bonjour

    ravi de voir un article sur l’Histoire de cette période

    je ne crois pas qu’il faille tout mettre sur le dos des anglais dans cette affaire ... il faut tenir compte des tergiversations, rodomontades, double jeu et autres ... de Darlan, une incompréhension entre Sommerville et Gensoul, et surtout cette particularité dans la Royale du sens de l’Honneur et d’obéissance ...

    dans des circonstances similaires la flotte d’Alexandrie a eu une attitude totalement différente ...

    Mers El Kébir reste un drame pour la marine française mais accabler les anglais est un peu rapide ...


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 26 février 2020 12:10

      @nono le simplet

      Bonjour, je travaille en ce moment beaucoup sur cette période et je me penche sur quelques documents historiques intéressants et révélateurs. Cette époque me passionne. Tout mettre sur le dos des Anglais, certainement pas, mais sur le dos d’une homme : Churchill, qui était une sorte de Janus, de plus, un homme du XIXe siècle, encore certainement sensible à tous les conflits qui avaient opposé l’Angleterre à la France. Et puis, derrière Churchill, la CIty... Jamais oublier la perfide City ! Et son directoire de croque-morts et les banques anglaises qui ont financé autant Hitler, que la République française, que l’URSS, etc.
      L’argent, nerf de la guerre.
      Mais il faut se pencher réellement sur la véritable personnalité de Churchill.


    • nono le simplet 26 février 2020 13:15

      @Nicole Cheverney
      cette époque me passionne aussi, mon père était un marin, un sous marinier plus précisément, chef mécanicien, deux fois décoré de la croix de guerre, embarqué sur le Casabianca, un des sous marins qui s’échappe de Toulon en 42 ... féru d’Histoire ...
      bizarrement, peut être, il n’imputait pas le désastre de Mers El Kébir aux anglais et encore moins à Churchill mais à la rigidité et à l’orgueil du commandement de la marine française ... il faut dire que les sous mariniers étaient plutôt des corsaires comme l’était son célèbre commandant Jean L’Herminier qui décide, en accord avec son équipage, de désobéir en 42, à Toulon, aux ordres de sabordage et de fuir en Algérie ... il reçut plus tard un Jolly Roger, pavillon pirate, des mains d’un amiral anglais et le kiosque du sous marin est exposé à Bastia encore de nos jours ...
      ce sont ces hommes là qui méritent que l’Histoire les retienne et non les amiraux tels que Gensoul à Mers El Kébir ou De Laborde à Toulon ...


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 26 février 2020 19:15

      @nono le simplet

      Je retiens pleinement votre dernière phrase, oui, ce sont les sans grades qui ont gagné ces batailles et cette guerre par leur esprit de courage et d’abnégation. Mais il est important, pour comprendre notre époque présente, actuelle, que tous ces événements conjugués, ces hasards, ces compromissions, ont eu une influence déterminante sur le déroulé de l’histoire moderne.
      Alors on peut supputer et de dire, « si » !
      Mais c’est à la lumière des faits historiques que notre époque devient de plus en plus révélatrice, et le chemin tortueux qu’elle est en train de prendre, vers une inhumanité très proche du fascisme d’origine. Du temps de mes parents, on avait identifié l’ennemi : c’était le nazi, l’envahisseur. Mais aujourd’hui, les forces de l’argent se déguisent mais plus elles avancent masquées, plus elles dévoilent leur violence anti-sociale.
      Alors, se pencher sur tout ce qui a pu se produire pour que nous en arrivions à ce point-là, aujourd’hui, à une humanité en déroute, une planète violentée tous les jours par les forces destructrices, par le renoncement d’une société viable, c’est faire preuve de bien commun. Je pense que la dernière guerre, a définitivement tué la société occidentale, et le capitalisme anglo-saxon, particulièrement, a profité du chaos pour installer son nouvel ordre mondial, tout aussi dangereux que le nazisme.


  • révolté révolQé 26 février 2020 11:19

    La perfide albion...


  • Emile Mourey Emile Mourey 26 février 2020 11:37

    @Nicole Cheverney

    En tant que modérateur, je voterai oui à votre prochain article. Mon présent commentaire n’a pour but que de rétablir la vérité sur le patriotisme de l’armée française malgré sa défaite.

    Comme je l’ai écrit, le VIIème corps d’armée était resté intact sous le commandement du général de la Porte du Theil (peut-être qu’il ne s’est pas trouvé sur l’axe d’attaque allemande). Ce sont ses officiers qui, dans la foulée, ont été chargés d’encadrer les appelés au service militaire dans une nouvelle organisation « les chantiers de jeunesse », mon père devenant ainsi « Commissaire général adjoint » autrement dit : commandant en second et chef d’Etat-major. En fait, ils étaient trois pour prendre les décisions importantes sans témoins : De la Porte, mon père et le commissaire Ballot. L’épouse de ce dernier était la marraine de ma soeur, et le général de la Porte son parrain, ceci pour dire les liens d’amitié qui existaient entre eux. Ballot, très anti-allemand, n’hésitant pas à le dire, était de la génération d’après 14-18. Il a été envoyé en camp de concentration et en est revenu très malade. Ma mère s’est toujours demandé pourquoi mon père ne l’avait pas été, probablement parce qu’ancien combattant de 14-18 et mutilé de guerre (bras gauche) ; de la Porte a été arrêté par les Allemands et neutralisé.

    Je sais qu’il y a eu une tension entre Van Eck qui était chef d’un groupement en AFN et de la Porte. Je ne sais pas ce qui aurait changé si Pétain était parti en AFN. On ne refait pas l’Histoire. Étant de la génération qui suit et engagé dans une autre guerre, je prends acte que c’est bien de Gaulle qui a représenté la France à la Libération. Mais concernant ma famille, mon père a conservé une grande rancoeur de n’être pas passé général tout en voyant l’ancien préfet Bousquet collabo devenir ministre sous de Gaulle.

    Ceci n’est pas mon histoire et je peux me tromper. Il se peut que le drame de Mers El Kebir soit le résultat d’un concours malheureux de circonstances.


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 26 février 2020 12:17

      @Emile Mourey

      Il se peut que le drame de Mers El Kebir soit le résultat d’un concours malheureux de circonstances.

      Je ne pense pas que le drame de Mers El Kebir soit le résultat d’un concours malheureux de circonstances. C’est la résultante d’un acte délibéré de Churchill avec son opération « catapult ». Il ne faut pas oublier que le bombardement de la flotte française, a fait énormément de victimes parmi les marins français, je m’attarderai un peu plus sur le sujet, en deuxième partie. ET les regrets à retardement de Churchill dans ses mémoires, je n’y crois pas. Ce genre de dirigeant anglais ou autres n’ont absolument pas d’état d’âme. Il n’y a qu’à voir le traitement réservé aux habitants de Dresde, complètement rasée, avec des milliers de morts à la clé, et également — c’est prouvé le désir de Churchill d’envoyer sur les Allemands des bombes bactériologiques à l’Antrax.
      Le projet était prêt, mais les Anglais y ont bienheureusement renoncé.


    • nono le simplet 26 février 2020 13:17

      @Emile Mourey
      Il se peut que le drame de Mers El Kebir soit le résultat d’un concours malheureux de circonstances.

      je partage pleinement ton opinion !


    • Emile Mourey Emile Mourey 26 février 2020 14:20

      @Emile Mourey

      rectificatif : rayer « préfet Bousquet », je confonds avec Papon.


  • sophie 26 février 2020 11:55

    il faut bien souligner que la flotte française de l’époque était très au dessus de celle ultra vieille des alliés, seuls les mini-cuirassés ( Scharnhorts type ) ou magnifiques genre Bismarck pouvaient rivaliser, tout simplement grâce à une technique de visée qui permettait de tirer à 37km contre 30 pour les autres navires.


  • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 26 février 2020 12:20

    @ Sophie

    Bonjour, exact, la flotte française en 1940 était classée 4eme du monde, très moderne, elle misait surtout sur des batailles navales, selon les grandes traditions guerrières maritimes, était équipée de canons à bord, très performants. LE seul petit défaut, c’est qu’il manquait à cette marine un équipement ultra-son, pour les combats sous-mariniers.

    Mais cela n’a empêché Churchill de vouloir se les approprier.


  • jeanpeuplus 26 février 2020 18:44

     D’après le témoignage d’un ami scaphandrier qui a participé à la découpe du Bretagne je me suis laissé dire que les marins devaient être au poste de combat étant donné la position des squelettes agrippés au système d’ouverture des portes. Les blindages du navire avaient été découpés pour faire des tas de martelage à l’école des apprentis de la DCAN


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