Mélenchon, joker de Sarkozy
Les grosses cylindrées de la communication, El Kabbach et Ferrari en tête, le savent : le seul candidat en mesure de mettre en danger F. Hollande c’est Jean-Luc Mélenchon ! L’accueil dont le candidat du Front de Gauche a bénéficié à Europe n° 1 et TF1 le montre. Si les experts de l’UMP ne négligent pas de labourer les platebandes du Front National, ils sont conscients du danger que représente le pugnace et redoutable tribun Mélenchon pour le ténor du PS.
Opportunistes, ils s’efforcent donc, par médias interposés à leur botte, de pousser l’homme du Front de Gauche. Ses coups de buttoirs ébranlent Marine Le Pen, l’électorat de réserve, et François Hollande. Il faut donc faciliter l’accès de Mélenchon aux médias de toute nature.
La manœuvre est d’autant plus habile et malicieuse que, de son côté, celui qui porte les espoirs du FdG accuse la droite et le PS de collusion… A l’occasion de l’élection de Martin Schulz à la présidence du Parlement européen il dénonce la conjonction de ces deux tendances, apparemment, opposées :
« Je suis très heureux de ne pas participer à la mascarade de l’élection du social-démocrate Martin Schultz, candidat commun des socialistes et de la droite à la présidence du Parlement européen. Je dénonce la collusion et les renvois d’ascenseur entre les socialistes et la droite dans les institutions européennes. En pleine agression de la finance contre les peuples en général et contre la France en particulier, je n’apporterai pas mon soutien à cette collaboration sans principe. L’Union des « oui » au Traité de Lisbonne est devenue l’union du « oui » à l’austérité et au libéralisme ! Martin Schultz en est la caricature. Il a voté, entre autres, les résolutions en faveur des sanctions contre les dépassements de déficits autorisés, les nouveaux pouvoirs des agences de notation, la libéralisation du gaz et le paquet ferroviaire sans oublier la directive service.
Il avait voté pour le président de droite du Parlement. Il est récompensé pour ses bons et loyaux services. Sans moi ! »
Cette prise de position vis-à-vis du PS est, de sa part, l’objet de nombreuses déclarations, soit qu’elles concernent la force de caractère de F.Hollande, soit qu’elles fustigent le programme politique expurgé du PS, qui rassure la finance et ne rompt surtout pas avec le capitalisme destructeur d’emplois et de bien-être social. Pour cette raison Mélenchon assure que si l’objectif primordial du FdG est le départ de Sarkozy, il ne participera jamais à un gouvernement sous une présidence Hollande. Le PS est un parti un peu plan-plan devenu social libéral, pour autant bien sûr qu’il échoue lui-même au premier tour, précise-t-il.
Perspicace, Mélenchon observe que la B.C.E. de Super Mario Draghi prête entre décembre et fin février plus d’un billion € (1.000 milliards) au taux de 1% aux banques privées tandis que celui du FMI est de 3,5%. Il s’inquiète que la dette grecque ait pu mettre, pendant des mois, la zone euro en péril, avec un tel réservoir d’argent. Il ignore si ces fonds sont le résultat de la « planche à billets virtuelle » qui provoque une dévaluation de fait et discrète de l’euro ou des fonds secrets entreposés dans une caverne d’Ali Baba à Francfort cela ne l’intéresse pas. Il constate que, en bon toutou consigné en cage commune par la Kapo de l’Union, le PS accepte sans moufter cette aberration économique en remuant servilement la queue.
Il s’interroge sur la capacité des socialistes européens en général et de la rue de Solférino en particulier à renégocier l’article 123 du TFUE partie du Traité de Lisbonne interdisant à la BCE de prêter aux Etats membres de l’Union. Il oublie d’ajouter que l’interdit s’applique aussi à La Banque de France et a conduit à la création du MES, une entreprise purement capitaliste. Il oublie que la BCE a été fondée le 1er juin 1998 sous le gouvernement de Lionel Jospin :
« 1. Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »
2. Le paragraphe 1 ne s'applique pas aux établissements publics de crédit qui, dans le cadre de la mise à disposition de liquidités par les banques centrales, bénéficient, de la part des banques centrales nationales et de la Banque centrale européenne, du même traitement que les établissements privés de crédit. » (article 123 du TFUE) Ceci concerne les banques nationalisées et les organismes publics spécialisés ( Crédit Foncier, etc...)
Ce non-sens économique qui oblige les états membres de la zone euro à recourir aux banques privées pour emprunter au FMI ou sur les marchés internationaux à des taux supérieurs à ceux de la BCE est, en France, le fait du PS et de Jacques Chirac qui ont participé à la fondation de cette institution. Est-ce l’héritage de l’incompétence politique et financière ou des intérêts des grands partis et de leurs dirigeants ? Mélenchon ne s’étend pas sur le sujet, il le déplore.
Il se réjouit de la tranche d’imposition à 75% proposée par son camarade Hollande qu’il considère un bon début, quoiqu’un tantinet timoré. Dans la foulée pour fêter le triomphe de sa 6ème République et simplifier les déclarations sur le revenu, il propose de découper le gâteau fiscal en 14 tranches. Gonflé !
Grâce à la proposition de ce Saint Louis de la justice sociale, le contribuable de haut niveau pénètre la dernière et douloureuse couche à partir de 360.000 €. C’est la tranche royale où l’état confisque tout, c’est-à-dire 100% des gains à partir du 1er € qui dépasse. Nos aïeux, qui ont fini la commune truffés de plomb entre 4 planches auraient dit : « C’est travailler pour le roi de Prusse ! ».
Je ne vous surprendrais pas si je vous révèle que Grangousier, lui-même, a trouvé l’idée saugrenue, arguant que les modestes, comme lui et Gargamelle, vont faire leurs malles pour abandonner sans regret ce pays ingrat auquel il a, personnellement, trop donné et pas assez pris. Comme tout un chacun le sait, le personnage Rabelaisien emprunte son patronyme au nom donné aux poissons de l’ordre des sarcopharyngiformes.
Mais on ne la fait pas à Mélenchon ! Malin et coriace, Jean-Luc le Rouge emprunte leur arme secrète aux gabelous des Etats Unis pour faire la nique à Marine qui le traite de voiture-balai. Le truc est infaillible, il est même pratiqué par l’Union Européenne, à la tribune du Parlement de laquelle il s’entraîne au remaniement des masses laborieuses sous la direction de Papa Schulz, un barbu de bonne renommée. Jean-Luc de gauche, rouge comme cette partie droite du drapeau national, appelle ce système la taxation différentielle. Il explique que lui, député européen, déclare ses impôts au fisc de l’Union et au fisc français. Ce dernier lui facture la différence entre ce qu’il devrait payer en France et ce qu’il doit au Trésor de l’Union. De telle sorte qu’il paie plein pot comme un député national sur ce qu’il reçoit !
Obama in Excelsis ! Pour Mélenchon le cartésien, féru de Condorcet et qui dévore du Le Pen hallal sans aigreur d’estomac, ceci implique que nos compatriotes les mieux payés n’auront plus aucun intérêt à partir, s’il applique un tel principe sous sa VIème République.
Grâce à cette brillante idée, l’Etat récupérera des impôts sur le revenu et la fortune de tous les expatriés fiscaux. « Où qu’ils aillent s’exclame-t-il nous y serons aussi ! » Ceci, vaut le cas échéant, pour les sociétés dites multinationales. Renault, Total et d’autres qui pour des raisons d’optimisation fiscale établissent des sièges en Suisse, Luxembourg ou ailleurs… Ah les traitres ! Papageno, le petit peuple, écrasé de taxes injustes et de commandements d’huissier, applaudit la mesure. C’est la fuite enchantée des capitaux qui reviennent, le chant des partis sans... billet de retour.
Le Monde du fric frissonne, celui des ouvriers jubile. La lutte des classes ne sert plus à rien. C’est la récré. Une fois de plus les « La Fayette nous voilà ! » nous montrent la voie du bien. Marx, ce hippie fils de banquier, n’y avait même pas songé. Fortiche le Jean-Luc ! Et les Cauchois, qui ont repris force et vigueur, d’approuver l’orateur, contents et satisfaits sur toutes les colonnes. Enfin l’impôt boomerang qui dépèce les riches…et plume les vautours.
Hélas ! Je crains que ce monde-là ne soit déçu. Pour l’heur, avec JLM, Dieu est laïc, et, le FdG privilégie la théorie des strings ! Le Front de gauche a d’autres cordes à son programme pour ficeler les dépenses sociales afin d’oindre le peuple et l’extirper de l’obscurantisme dans laquelle l’ont plongé culte du pognon et prêtres du pétrole.
En effet, cette taxation différentielle, qui fonctionne pour les parlementaires européens et pour les gens du show bizz étrangers qui se produisent en Allemagne, puisqu’ils ne peuvent éviter le prélèvement fiscal à la source sur leur cachet, n’est pas en mesure d’être appliquée dans la patrie de Jaurès !
Eh oui ! Valeureux Jean-Luc, je vais vous contredire.
Nombre d’états, Royaume Uni, Allemagne, Luxembourg, Suisse, USA, Japon, Chine, Inde et une centaine d’autres ont passé avec la France des conventions en vue d’éliminer la double imposition en matière de revenu, de fortune, de bénéfices industriels et commerciaux et, souvent, de successions. Ces accords appliquent le principe de la résidence principale, pour les personnes physiques, et celui de la domiciliation du siège social, pour les personnes morales, afin de déterminer, au cas par cas, quel pays percevra les impôts qu’elles génèrent.
Si, pour les particuliers, le domicile principal ne peut être déterminé, la durée du ou des séjours annuels cumulés dans chaque pays est prise en compte. L’état dans lequel le contribuable a séjourné plus de 183 jours est habilité à lui facturer l’impôt concerné. Enfin, si plus de 2 états sont en compétition rendant la règle des 183 jours inapplicable, la nationalité du sujet détermine l’état bénéficiaire de sa contribution aux finances publiques. Les établissements stables (filiales) des entreprises étrangères sont, eux, sujets au régime fiscal de l’état dans lequel ils se trouvent, étant entendu que le prélèvement sur les bénéfices est défini par chaque convention.
Nous le voyons l’expatrié, résidant d’un pays ayant signé une telle convention, n’est plus soumis au régime fiscal hexagonal pour ce qui concerne le revenu et l’ISF.
De tels accords internationaux ne se dénoncent pas facilement. Quel avantage retirerait un état à signer un nouvel accord dissuadant un expatrié français d’aller payé des impôts chez lui ? Quel avantage un industriel étranger aurait-il à créer une filiale française ? Soyons réalistes.
Et quand bien même la rupture serait unilatérale de la part de la France, les états refuges n’ont aucune obligation de communiquer des renseignements fiscaux à des pays tiers avec lesquels ils n’ont pas ou plus d’accord. Nos footballeurs peuvent tranquillement faire carrière à l’étranger, et Johnny pouponner Laetitia à Gstaad… L’administration fiscale de la 6ème république ne leur prendra pas un liard.
Désolé pour le respectable Jean-Luc Mélenchon, abbé Pierre des retraites, des ouvriers et des causes abandonnées par le PS, mais voilà qui ampute les recettes prévues par les analystes financiers de l’atelier du FdG ou de l’Institut Montaigne pour réaliser ses projets. Les Milliardaires dont il a cité la liste et qui, comme M. Smet, résident en Suisse n’ont pas à craindre de payer l’ISF ou la moindre tranche d’impôt sur leurs revenus d’où qu’ils viennent, dès lors où leur domicile principal est étranger. Plus besoin d’expédier Charles Aznavour au pays du soleil, la misère suisse fera encore l’affaire comme disait M. Liebling, alias Polanski, à son basset quand je les ai croisés rue des Entrepreneurs. Bref ! En dépit de l’avertissement Mélenchonien aux banques françaises, le blanchissage de l’argent continuera, comme avant, avec ou sans elles !
La menace d’interdiction de séjour ou d’inculpation de fraude fiscale d’un expatrié brandit par le dadophore Mélenchon pour enflammer l’auditoire est sans objet. Les traités européens autorisent la libre circulation des ressortissants et des capitaux de l’U.E. Les droits de l’Union les protègent. Souvenons-nous des Roms de Sarkozy, Besson et Hortefeux.
Dommage, Jean-Luc le Rouge se met, sur ce point, hors-la-loi ! Une erreur de campagne sans doute. S’agit-il bien d’une erreur chez un si brillant calculateur ? Celui qui a saboté un tel projet ne lui veut pas du bien.
Revenons au calcul de la droite de soutenir médiatiquement son excellente campagne pour affaiblir François Hollande et, si possible, l’éliminer de la compétition.
Tandis que le PS, sans conviction, joue la carte du rejet de Sarkozy, la campagne de JLM est de loin la plus forte et la plus convaincante auprès de la classe populaire à laquelle l’immense majorité des Français appartient. C’est dire l’impact de l’évangile du Front selon Jean-Luc dans la population.
Alors rêvons un peu…Supposons que ce fougueux et sincère candidat parvienne à convaincre partie des sympathisants PS et des abstentionnistes qui ne croient plus en une classe politique déliquescente. Il pourrait alors, à consulter sa progression régulière dans l’opinion publique, prendre 4% voire 5% ou plus - Qui sait ? - à F. Hollande d’ici le 22 avril. Il permettrait ainsi à Sarkozy, considérablement affaibli par Bayrou et Le Pen, de récupérer une position très honorable au premier tour, créant une dynamique favorable pour le second.
Il est grand temps que les membres du PS qui ont déçu leurs électeurs en votant à l’unisson le traité de Lisbonne, les réformes constitutionnelles de 2007 et 2008 et bien d’autres sarkoperies prennent conscience que leur position est des plus fragiles, même si elle semble établie. Leur crédibilité, avec ou sans leur champion Hollande, est ébranlée.
Pourquoi faire du sarkozisme pendant cinq ans et vouloir poursuivre cinq ans de plus sans Sarkozy avec Hollande ?
Si la classe populaire réfléchit - ces Messieurs du PS peuvent compter sur Mélenchon pour susciter la réflexion- les prétendues élites décadentes de la gauche libérale seront purement et simplement désavouées. Comme, en 2002, Jospin reçut le salaire de son action politique, le candidat Hollande pâtira de la misérable gestion de leur opposition, de leur projet timoré de gouvernement et des affaires qui jalonnent le parcours dévergondé et tapageur de quelques membres.
Décidément comme Sarkozy, ces gens ratent tout ce qu’ils touchent… sauf pour eux-mêmes, bien entendu. D’aucuns suggèrent, entre bons François, qu’Hollandréou serait bien inspiré de chercher un compromis de première classe avec Bayroupoulos et son wagon de sénateurs en sédition. Mais bon ! Comme disent nos partenaires de la perfide Albion, ce n’est pas ma tasse de thé.
Alors ? Si comme l’affirme le slogan, le changement c’est maintenant : tout bien pesé le vrai changement serait le Pen ou Mélenchon. Aux Français d’en décider le 22 avril d’abord, puis le 6 mai.
Je note pourtant que les plus ardents défenseurs de Mélenchon baissent déjà les bras. Ils prévoient une finale Hollande-Sarkozy, qui les contraindra à voter, en traînant les pieds, pour le premier. Pourquoi un tel manque de confiance ? Sauf à être truquée une élection n’est jamais jouée d’avance. Comme dit le proverbe, cher à J.Chirac : « Avec une constellation Hollande - Sarkozy au second tour, autant s’abstenir et s’expatrier tout de suite. Ça va être pire que l’enfer grec ! »