lundi 20 juillet 2009 - par Christian Delarue

Orelsan : question d’expression, question de rupture

Deux problématiques sont abordées, d’une part celle des limites à la tolérance face aux propos hypersexistes, d’autre part la question du droit de rompre.

I - ORELSAN, UNE LIBERTE QUI OPPRIME LES FEMMES.

Les textes du rappeur ne sont ni de l’art ni de l’érotisme mais une éructation apologétique de la brutalité machiste la plus radicale.

En fait Orelsan ne sait plus quoi écrire pour radicaliser la pulsion de mort et de destruction qui l’habite. Il n’est plus dans l’ambivalence des sentiments que connait tout être humain qui se débat parfois dans la douleur avec ses limites mais qui choisit ordinairement de construire de l’amitié, du respect, de la reconnaissance et de faire le bien. En fait, il a choisi le camp qui le rapproche de la pathologie nazie. Qu’il ait fait cela pour se faire connaitre, pour se distinguer n’est pas une excuse. Cela voudrait simplement dire qu’il n’a pas sombré dans la destructivité mais qu’il joue avec. C’est un mauvais jeu pour lui (mais cela le regarde) . C’est aussi et surtout un jeu diabolique pour la société. Car les rappeurs disposent d’un potentiel d’influence sociale important, notamment auprès de certains jeunes fragilisés par la société et en phase d’opposition et de contestation. Bref, Orelsan a choisi la pente radicalement mortifère.

Peut-on défendre la liberté d’expression du rappeur Orelsan ?

Malgré l’horreur des propos tenus (voir note), certains défendent la liberté d’expression du rappeur car les « répressifs » (dont je serais) « feraient de la morale ». D’abord, la morale n’est pas si simple qu’il est dit à évacuer. Le problème est qu’il n’y a pas de morale partagée si ce n’est celle du consentement des intéressées. Quelle femme accepte ce déferlement verbal de haine des femmes. Très peu ! La tolérance libéale doit-elle reculer face au souci "démocratique" qui tend à refuser de tout ce qui constitue une oppression manifeste du genre humain ou au cas présent de sa moitié féminine. Car Oreslan s’exprime dans une société tolérante. Il le sait. Il en use et abuse. C’est bien l’abus qui justifie qu’il faille le faire taire. Il faut déterminer avec justesse ce qu’est une oppression manifeste, s’il y a abus. Le mieux est de le faire collectivement après débat comme pour la question de la burka. Mais on ne saurait trop attendre car il y a risque de contagion sexiste . Il importe de stopper au moins provisoirement la pente du déchaînement sexiste et poser rapidement la question des modalités de la faire taire : interdiction ou boycott.

Les altermondialistes - dont je suis - défendent un projet de société qui déploie un maximum de libertés mais à la condition que ces libertés ne viennent pas appauvrir, blesser, diminuer les capacités de développement et d’émancipation de l’autre. La question est parfois complexe : on ne sait trop distinguer le prédateur de la victime. Ici c’est clair. Oreslan c’est le loup mangeur de poules. Et bien les sociétés libérales et démocratiques au plan des moeurs ne doivent pas défendre la liberté du loup dans le poulailler ! Sinon ce libéralisme prend la couleur de la domination, de l’exploitation, de l’oppression. La liberté doit s’accompagner - il convient de le répéter - d’égalité, de fraternité et plus récemment de laïcité, ce qui exclue le racisme, le sexisme et l’emprise du religieux tant "par en haut" (via les institutions) jadis, "par en-bas" (via la société civile) aujourd’hui. Les mots sont importants, c’est pourquoi les féministes emploient le mot adelphique au lieu de fraternité et sororité. C’est pourquoi, on tend de plus en plus à parler des droits humains ou des être humains et non des droits de l’Homme même avec un grand H ! Voilà pour ce qui est nouveau dans un débat fort ancien. Ernst Bloch a écrit tout un chapitre sur le triptyque républicain "liberté, égalité, fraternité". En somme la liberté ainsi encadrée permet l’émancipation de tous et toutes et non l’avidité et la cupidité d’une minorité au dépend de l’immense majorité. Il ne s’agit pas ce faisant de défendre en matière de mœurs un "ordre moral" républicain rigide. Il s’agit de bloquer le déferlement médiatique de la haine des femmes . Il faut le faire en ce sens mais aussi parce que le passif historique de la violence contre les femmes est déjà lourd.

Pas de confusion entre ordre moral et l’apologie du viol, de la violence physique et morale des femmes.

Autant la liberté des pratiques sexuelles, y compris avec l’emploi de mots crus, doit être défendue pour peu que ces pratiques soient consenties, vraiment consenties. Autant ces mêmes pratiques imposées sont condamnables. A fortiori lorsqu’elles sont à ce point sadiques.

Pas de quartier pour l’apologie de la torture ! Pas d’apologie de la barbarie !

Combattre le radicalisme machiste et sexiste des athées ou des religieux, religieux intégristes ou non est là la première chose à faire pour améliorer les rapports homme/femmes déjà historiquement alourdis des expériences ordinaires du sexisme. La seule apologie qui vaille est celle qui favorise les liens de compréhension, d’amitié, de plaisirs partagés. A chaque femme estropiée, injuriée, humiliée, blessée, pénétrée violemment et en principe sans consentement constitue un nouveau recul pour une bonne intimité entre homme et femme.


(La violence d’Orelsan lui vient d’une rupture sentimentale.)

Quitter l’autre est un droit. Un droit qu’il faut affirmer contre les pouvoirs des hommes (et parfois des femmes) et des religions. On sait que les violences contre les femmes et les jeunes filles dans le cadre familial sont monnaie courante. Elles perdurent au moment de la rupture. Il y a souvent une recrudescence des coups et des insultes à ce moment-là. Rester avec l’autre n’est absolument pas une obligation. Ce qui est affirmation basique pour certains ne l’est pas pour d’autres. Et ce aussi bien en France - et pas que dans les quartiers délaissés- que partout dans le monde.

Mais deux points essentiels méritent d’être souligné. 1 - Qui ne voit qu’ il s’agit d’un droit "dur", un droit blessant voir destructeur. On sous-estime cet aspect. 2 - Par ailleurs, il n’y a pas que le droit qui règle ce qu’il est bon de faire en société. Autrement dit, il y a des gestes et des paroles qui peuvent venir atténuer la portée du coup. Lesquels ?

Il n’y a pas de recettes toutes prêtes. Une de ses paroles qui endiguent la souffrance consiste à rassurer l’autre sur tout le bon de la relation passée (si tel est le cas).

La reconnaissance est la base radicale de bonnes relations en général et de relations ultérieures pour les personnes qui peuvent se croiser. On sait aujourd’hui mieux qu’hier les bienfaits de la reconnaissance grâce notamment à P Ricoeur et A Honneth. Il y a là une ouverture vers un "plus civilisationnel".

Il se peut que cette reconnaissance ne viennent pas spontanément ou que la demande explicite ultérieure reste pendante. Cela est problématique. A la différence d’un mort tout individu peut parler et agir. Il dispose de cette liberté. Il a aussi la liberté irréductible de ne rien faire. Mais il peut aussi faire du bien. Ce qui n’est plus problématique mais très nuisible, c’est de faire sciemment du mal, comme par exemple, de traverser la route pour ne pas saluer son ex .

Ce qui est parfaitement possible concrètement, c’est de manifester l’estime et la considération pour l’autre à travers des gestes et des paroles d’amitié et de respect mutuel. Cela suppose d’abandonner les mécanismes de défense pour s’engager sans mégoter, et tant que nécessaire, afin de faire basculer la relation vers la reconnaissance réciproque, la paix, l’avenir et in fine l’amitié.

L’amitié c’est " boire enfin de l’eau claire ! " Qui dans sa vie n’a pas eu l’occasion de devoir (au plan symbolique et non au plan alimentaire) "se contenter de boire de l’eau sale plutôt que rien du tout". C’est dire de façon imagée ce que les spécialistes de l’analyse transactionnelle signalent en disant qu’à défaut de strokes positifs nous recherchons les strokes négatifs plutôt que de subir l’indifférence.

Christian Delarue

les textes des "chansons" et les réactions : Oreslan ne doit pas chanter  ! (faute sur le nom lire Orelsan)

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article83159



22 réactions


  • franck2009 20 juillet 2009 11:48

    Il faut arrêter avec cet Orelsan.

    Les Fofana, Didier Morville et autre Samy Naceri ne valent pas qu’on s’acharne. S’il suffit de proférer des menaces ou commettre des crimes pour devenir une star, ne vous étonnez pas que les vocations, dans cette société sans avenir pour certains, ne fleurissent comme fleurs au cimetière.


  • nephilim 20 juillet 2009 13:55

    Epuisant tout cela !!

    votre article est chiant, le sujet est chiant, vous etes chiant.

     ATTAC n’est qu’un petit mouvement qui si on lui donnait le pouvoir ressemblerait à une dictature Stalinienne.
    Plutot que de nous pondre un article sur un pauvre type sans interet vous feriez mieux de nous en faire sur le communautarisme et ces associations dangereuses, qui ont tout fait pour la developper cette connerie d’idée communautariste, le CRIF,LE MRAP........haaaa vous avez fait du bon boulot y a qu’a voir le resultat.
    Minable............................




  • Menouar ben Yahya 20 juillet 2009 15:09

    Ce sont dans ce tarticle,des propos du même genre que l’on a entendu, lors de la parution du film « tueur né » ;« Pulpe fiction »...la chanson rap « tuer la poice » au fait combien de policiers tués à cause de cette chanson.
    La violence de ce brûlot « sale pute » vise il me semble à écoeurer et surtout à provoquer, ces deux buts sont atteinds !
    Ce qui est ecoeurant c’est le sexisme qui humilie, frappe, cogne, tue...des femmes qui pour la majorité en France ne sont pas musulmannes, elles ne meurent pas à cause de la burqua ou du niqab mais par ce qu’elles veulent autre chose que le rôle séculaire dans lequel on les cloisonne.Toutes les couches sociales sont touchées ! Ce sont chaque année des milliers de drames humains car la femme que l’on humilie, que l’on tue, est une mére,une tante, une soeur, une amie...
    Entre trois ou quatre femmes, selon les sources, meurent en France chaque semaine, parfois le calvaire aura duré des années...Orelsan n’est pas responsable de cette réalité, il n’a pas Marie Trintigner « sonnex » ni avorté de force... Ses paroles violentes, témoignent de l’ignominie de ce que subissent les femmes, en tant qu’artiste, il est un témoin de son temps.


  • Senatus populusque (Courouve) Courouve 20 juillet 2009 15:36

    Mieux vaut écrire une chanson que de taper sur sa nana. Orelsan est un exemple à suivre pour beaucoup, à commencer par Bertrand Cantat.


    • norbert gabriel norbert gabriel 20 juillet 2009 16:24

      c’est un peu le principe de Charles Manson, il n’a pas éventré Sharon Tate, il a missionné ses disciples. Et en 2008 ou 2009, un « artiste » US fait un album dans le genre apologie de Charles Manson.
      L’association avec Cantat est un peu limite, entre une scène de ménage qui tourne très mal, et la vulgarisation des sévices dûs à l’infidèle, il me semble que c’est différent.
      En somme, on admet allègrement que battre sa femme, c’est dans l’ordre des choses puisque c’est SA femme, ce n’est plus un être humain à part entière, mais une sorte d"’objet domestique soumis aux humeurs du seigneur et maître.


    • Menouar ben Yahya 20 juillet 2009 18:02

      Il y a une différence énorme,Charles Manson n’était pas chanteur mais un gourou délirant. Orlesan n’est pas un assassin non plus. On peut être un grand poéte comme Villon et avoir été criminel, on peut maitrisé la langue de Moliére, avoir un langage ampoulé et s’appeler Lacener.
      Pour en revenir à Manson, on ne peut pas appeler adepte ceux qui ont une conception différente de la liberté d’expression. Je ne connais et n’écoute pas Orlesan mais c’est un fait que malgré sa violence verbale, il n’a pas Marie Trintigner sa femme, « sonnex ».La violence envers « les Juifs » ; « les Noirs » ; « les Arabes », elle n’a pas encore été mise en chanson aussi crûment mais si on n’a jamais entendu les paroles en musique, tous le monde connait le refrain...


    • norbert gabriel norbert gabriel 20 juillet 2009 18:17

      commentaire intéressant, mais qui est le plus coupable ? celui qui impose aux esprits faibles des actes criminels ou celui qui éxècute bêtement, sous couvert d’une autorité supérieure, ou qu’il considère comme telle ??
      L’actualité met en parallèle Orelsan et sa violence verbale, et le barbare Fofana, je ne sais pas pourquoi, mais les deux me semblent ressortir d’un même dérangement, et d’une me^me perte de valeurs morales, je parle de valeurs individuelles d’être humains un ^peu responsables, simplement humains normalement évolués.


    • Menouar ben Yahya 21 juillet 2009 09:32

      Le coupable est celui qui nourri un dessein criminel ! On peut poursuivre Orelsan comme fut poursuivi en Croatie un autre chanteur polémique, Marylin Manson ! Il avait été poursuivi pour « outrage aux bonnes moeurs ».


  • Proto Proto 20 juillet 2009 15:58

    2 remarques :

    - Là où j’habite, « Putain » ( = pute = prositutée ) est sans conteste le juron le plus utilisé, j’en conclus selon vous que nous avons tous « choisi le camp qui le rapproche de la pathologie nazie. »
    De plus, « Sale pute » peut s’appliquer aussi à un homme.

    - Ensuite, vous qui publiez un xième article à ce sujet, faites partie de ceux qui n’ont pas compris qu’Oreslan doit bien se gausser de tous ceux qui lui ont fait une (énorme) publicité gratuite.


  • norbert gabriel norbert gabriel 20 juillet 2009 16:15

    Il y a quelques jours, sur Avox on a discuté de l’affaire Orelsan sur l’aspect liberté d’expression
    voici le lien

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberte-ou-censure-58991

    l’idée était d’avoir quelques points de vue sur la liberté de création (et ses limites ?) puisque Orelsan revendique de la liberté dé créer, qu’on censure en l’empêchant de s’exprimer.
    Et de voir comment les propos qu’il tient sont, ou ne sont pas, répréhensibles. Les propos homophobes, raciaux sont condamnables, et condamnés, y compris dans la chanson, mais le sexisme, et la violence sexiste semble n’être pas considérés comme condamnables, ni censurables...
    Et il est surprenant que Chistine Albanel et- Valérie Létard n’ont pas été accusées de censure quand elles ont demandé le retrait d’Orelsan du printemps de Bourges, alors que Ségolène Royal qui aurait, je dis bien « aurait’ fait la même démarche a été vilipendée copieusement par Lefebvre et Paillé. Il y a donc la parole des femmes UMP qui est sacrée, mais la même parole par une femme pas UMP est une abomination de censure.
    Et on esquive le fond du débat, est-il acceptable d’entendre de tels propos, alors que »sale pédé, sale bougnoule, sale juif" dans une chanson ou un discours seraient condamnés ?


  • Mr Pigeon Mr Pigeon 20 juillet 2009 16:48

    L’objectif d’Orelsan (de ses producteurs en fait) n’est pas de faire des chansons (qu’il n’écrit pas lui-même) pour vendre des disques. Mais de créer de la polémique pour faire assurer sa présence dans les médias.

    Et ce, afin d’influencer la jeunesse, élevée au rap et d’arriver au résultat que l’on connaît.

    Nos politiciens pourraient profiter du débat au sujet de la bourka, pour l’élargir à toutes les violences faites aux femmes.


  • norbert gabriel norbert gabriel 20 juillet 2009 17:43

    «  »faire des chansons (qu’il n’écrit pas lui-même«  »

    vous êtes sûr de ça ? je crois qu’il revendique d’être auteur ?


    • Mr Pigeon Mr Pigeon 20 juillet 2009 19:43

      Il se revendique auteur, pourtant ça saute aux yeux que c’est un illettré, comme Joey Star.

      C’est de notoriété public que les chanteurs et auto-biographes utilisent des nègres pour écrire leurs œuvres, puis se contentent d’y apposer leur nom. Il ne s’agit pas d’égo, mais de vendre un disque ou un livre pour un nom, comme l’on vend un vêtement pour une marque et non pour son confort.

      L’existence d’Orelsan (est-ce son vrai nom, on dirait une marque), est un complot contre l’intelligence !


    • norbert gabriel norbert gabriel 20 juillet 2009 21:13

      il semble qu’Orel soit le diminutif d’Aurélien et « san » viendrait du japonais. Genre amateur de manga.. sinon c’est un fils d’enseignants, ça ne prouve rien d’accord..


  • Christian Delarue Christian Delarue 20 juillet 2009 19:24

    CES HOMMES QUI TENDENT VERS L’EGALITE DE GENRE

    On pourrait dire que ces paroles ne sont que des paroles et qu’elles n’ont aucun effet. C’est mal connaître l’influence de la répétition de tels messages sur la jeunesse. Si certains y sont insensibles, d’autres l’adoptent ce qui n’est pas rien en terme de dégradation de l’image de la femme mais en plus passent à l’acte : Donc ils « marietrintignent » eux aussi (1). L’ensemble est à combattre. Sans attendre le passage à l’acte. « Sale pute » est adressé très massivement aux femmes et plus rarement aux hommes et dans ce cas l’insulte n’a pas la même portée de violence pour les raisons que je vais développer plus bas. Le dire à un homme resterait néanmoins une injure sexiste. Il arrive que le terme soit employé dans un autre sens, de femme à femme (2) mais dans l’immense majorité des cas il reste une injure et une injure sexiste. L’équivalent sous forme raciste le mènerait devant les tribunaux. "Sale noir" à un noir en présence d’un antiraciste convaincu signifie plainte pour injure raciste. Par ailleurs il dit :

    Autre chose concernant le passage de l’antiracisme à l’antisexisme. Les hommes peuvent vouloir l’égalité de genre à condition d’être sensible à la dureté de la domination masculine sous plusieurs angles. Ici il s’agit de la voir, en altermondialiste mais aussi de façon particulière en homme féministe. Ce dernier point ne signifie pas absence de contradictions. Deux aspects sont alors à souligner brièvement : l’aspect planétaire du sexisme et l’aspect nuisible pour les hommes eux-mêmes.


    1) La domination masculine est transnationale et mondiale.

    Elle accompagne la marchandisation du monde ainsi que le "retour du religieux" patriarcal le plus barbare. La marchandisation n’est pas que celle des biens et services « ordinaires », c’est aussi la marchandisation des corps de femmes surtout avec le développement de la prostitution et de la pornographie (3 ). La marchandisation, c’est aussi celle de la force de travail salariée qui s’est étendue sur la planète. Les firmes transnationales en croissance d’implantation ont nécessairement apporté avec leurs structures les rapports sociaux de classe capital-travail, rapports sociaux qui sont très défavorables aux travailleuses, beaucoup plus qu’aux travailleurs masculins. C’est un aspect souligné par les féministes altermondialistes (4). Ces dernières sont pourtant divisées sur l’appréciation de cette domination et donc sur les modalités du combat (5) . On retrouve ici les débats sur l’hypersexisme dans certains Etats islamiques qui ne sont pas absents dans les autres pays y compris ceux ou les droits des femmes sont les mieux soutenus. Orelsan est un exemple. Mais le point d’accord entre ces féministes est souvent effacé : il n’y a pas que le clivage campiste du « choc des civilisations » (Occident contre Orient) ou celui de l’impérialisme multiforme du nord pour expliquer la domination dans le monde. A la lutte des nations coalisées s’ajoute la "lutte de genre« , la »guerre des sexes". Là, la domination masculine s’exerce partout, dans le travail et hors travail.

    *Dans le travail, les femmes connaissent les formes les plus flexibles et les plus précaires et ce dans quasiment tous les pays de la planète, y compris là ou elles sont le mieux traitées. Les statuts des fonctions publiques des administrations subissent aussi l’influence négative du privé mais ils restent les plus protecteurs des garanties des personnels. Le temps partiel y est en général non imposé mais demandé. La demande est cependant le fait massif des femmes, ce qui signifie une contrainte masquée qui est celle de l’éducation des enfants et de l’entretien domestique. On retrouve la question centrale du féminisme : le partage des tâches domestiques. Il y a là des rapports de force variables allant du mauvais partage au refus catégorique. Avec la crise, cette question devient cruciale car ce sont les femmes qui sont renvoyés massivement au foyer avec la perte d’autonomie financière qui en découle mais aussi, comme souligné, le très défavorable partage des tâches qui outre le fait inégalitaire injuste en soi, les empêchent aussi de sortir seules et pour leurs propres plaisirs.

    *Hors travail, dans les quartiers ou au foyer la domination perdure sous des formes plus ou moins violentes. Opprimer les femmes, c’est les voiler, les enfermer pour cacher leur corps, pour empêcher la relation avec la part variable mais obligatoire et irréductible de séduction (6) C’est aussi plus radicalement encore leur ôter le pouvoir de jouir par la coupe du clitoris. Il y a aussi les mariages forcés et la lapidation (7). A l’hypersexisme se combine le sexisme ordinaire. De façon plus subtile, c’est le formatage par l’éducation - notamment religieuse mais pas seulement - qui les inclinent à une vie repliée sur la famille et les enfants, hors de toutes rencontres libres ou elles veulent comme elles veulent. C’est aussi dans le même temps les violer, les prostituer.

    Le paradoxe de la domination masculine est d’une part d’interdire à une majorité de femmes tant au nord qu’au sud les rencontres sexuelles multiples sous la forme libre et d’autre part et dans le même temps d’imposer la forme prostitutionnelle à une minorité d’entre elles. Plus l’interdit sexuel est fort plus le recours prostitutionnel est prégnant. Le paradoxe n’est pas sans explication : les hommes même influencés par les prescriptions religieuses, tiennent à leur liberté sexuelle et à leur plaisir. Il aménage donc avec plus ou moins de facilité la morale dominante pour autoriser cette liberté sexuelle tout en l’interdisant aux femmes. C’est ce décalage qui explique fondamentalement le paradoxe de la domination masculine dans ce champ de la vie relationnelle. Cette articulation systémique entre les deux éléments du paradoxe de la domination et le désir masculin n’est pas communément soulignée. Elle est pourtant source de contradictions fortes qui mènent à l’impasse. L’ impasse est celle de la distanciation généralisée entre hommes et femmes car la violence masculine génère une réponse réactionnelle de type victimaire à défaut de réponse féministe.

    2) Cette domination est nuisible pour les hommes.

    Mais elle n’est pas perçue spontanément. Quand elle devient tangible par l’expérience relationnelle, ils peuvent alors la changer même si des résistances subsistent. Les féministes disent souvent à raison que ce changement intervient sous la pression. Mais un autre facteur intervient que l’on ne saurait sous-estimer : l’expérience du partage du plaisir charnel réciproque et égalitaire entre individus libres à l’heure ou la divagation sexuelle est relativement autorisée sous réserve des précautions sanitaires élémentaires.

    Revenons au paradoxe de la domination masculine et à son implication : La différence entre le l’homme et la femme c’est que cette dernière connaît massivement l’expérience du viol et de la violence. Il arrive que les hommes la connaisse aussi mais c’est exceptionnel. Ce n’est pas pour eux une expérience collective qui structure leur mode d’appréhension du monde comme chez de très nombreuses femmes. Cette expérience-là empêche de bonnes relations entre les hommes et les femmes. Pourtant tous les hommes ne sont pas des salauds. Certains connaissent la joie du partage d’une intimité libre avec des femmes. Cette expérience-là les poussent à remercier leur partenaire et à promouvoir l’égalité et la réciprocité relative qui permet l’épanouissement de tous et toute et donc une partie importante de l’émancipation des contraintes qui pèsent sur les femmes. Cette expérience pousse à l’acceptation du partage des tâches et à la « libre circulation » des femmes dans la sphère relationnelle intime.

    Christian Delarue

    1) « Mais ferme ta gueule ou tu vas te faire marietrintigner ».

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article744

    2) Réponse aux « voilés » : Nous sommes tous et toutes des putes ! concerne les insultes des musulmanes voilées contre les femmes non voilées ou habillées légèrement.

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article55483

    3) La pornographie ce n’est pas que les photos de femmes nues ou les films « soft » tard le soir (jadis) sur TV6, c’est aussi et surtout une violence quotidienne et répétée à leur encontre.

    4) Crise du capitalisme et renforcement de l’oppression des femmes. J.Falquet

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article722

    4) Le relativisme culturel face à l’emprise du religieux .
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article728

    6) Voile islamique et séduction.

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article298

    7) Retour hypersexysme : 5000 femmes lapidées pour l’honneur.

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article65122


  • Reinette Reinette 21 juillet 2009 00:01

    bonsoir à tous



    La chanson « Sale pute » d’Orelsan prône la haine, la violence, le viol voire le meurtre à l’égard des femmes.

    Des associations féministes se sont soulevées et des concerts ont finalement été annulés.

    Condamnant les propos d’Orelsan, le NPA s’inscrit pleinement dans le combat de ces associations. Nous dénonçons les politiques successives qui ont conduit à des reculs idéologiques et matériels sur la situation des femmes et ont rendu possible ce type de discours.

    Tandis qu’une femme meurt tous les 3 jours, sous les coups de son conjoint, le NPA s’inscrit et relaie la campagne nationale du Comité National pour les Droits des Femmes (CNDF) qui veut imposer une loi cadre contre les violences faites aux femmes.

    Le 7 avril 2009.




    • Reinette Reinette 21 juillet 2009 00:05


      Pour la loi-cadre du CNDF contre les violences faites aux femmes


      Nicolas Sarkozy et François Fillon ont demandé à Michèle Alliot-Marie de créer une « brigade de protection des familles » au sein de la police nationale pour lutter contre les violences intrafamiliales.

      Ils veulent que les groupements de gendarmerie « les plus confrontés » à ce phénomène soient « renforcés par le redéploiement d’effectifs dégagés grâce à la dissolution d’escadrons de gendarmerie mobile ».

      Selon une enquête de l’Insee réalisée en 2007, dans un cas sur cinq, les femmes victimes de violences physiques au sein de la famille ne portent pas plainte, n’en parlent ni à la police, ni à un ami, ou à un médecin. La police ne reçoit que 12% des victimes pour les violences physiques, et 8% pour les violences sexuelles.


      Le Service des droits des femmes et de l’égalité (SDFE), chargé de l’impulsion et de la mise en oeuvre de cette politique, est menacé de démantèlement.

      Le gouvernement ignore tout des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre les violences de genre, car mettre en place une politique de lutte contre ces violences est contradictoire avec la suppression de tous relais avec les associations de terrain.

      Le NPA rappelle que les violences de genre s’exercent dans n’importe quel milieu social quelque soit l’âge, l’origine ethnique, l’éducation, la religion, le statut marital, le niveau socioéconomique.

      Le NPA soutient la loi-cadre contre les violences faites aux femmes, et répète que la prévention et l’éducation sont les outils pour lutter contre ces violences de genre, et non l’unique répression. En conséquence, la création de ces brigades n’apportera rien à la lutte contre ces violences.

      Le 15 juin 2009.


  • nephilim 21 juillet 2009 09:49

    Qu’est ce que le NPA va aller se perdre dans cette histoire à deux balles d’Orelsan.
    Vous auriez aussi fait interdire parrabelum, pour avoir ecrit Cayenne ?
    PFFFFFFFFFFF mais c’est du vide Orelsan et vous, vous plongez dedans !!
    lamentable...... je ne sais pas si vous ecrivez au nom du NPA mais la vous faites fort avec tout ces amalgammes.
    C’est tres decevant, et en totale contradiction avec ce que vous desirez representer ; finalement vous etes vous meme des censeurs et donc aussi dangereux que ce parti de Neo-cons qui nous gouverne.


  • Christian Delarue Christian Delarue 21 juillet 2009 11:40

    Il ne faut pas lâcher sur Oreslan. Le post Reinette NPA sur la loi-cadre va au-delà de Oreslan et c’est très juste. Une excellente réponse.

    Par ailleur, soutenir et unir le peuple-classe ne signifie pas s’accommoder des propos d’Oreslan mais pas plus de la burka. Aucune raison d’avoir de la tendresse pour les vecteurs de l’oppression ! D’autant qu’il ne s’agit pas de les enfermer, pas plus d’ailleurs de les libérer. Oreslan peut continuer de chanter sans souci et les femmes en burka restent libres, plus qu’avant sans doute, même s’il ne s’agit pas de les « libérer ». Après c’est au débat démocratique de déterminer ce qui est juste de faire.

    CD

    Contre le populisme montant

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=5013


  • Reinette Reinette 21 juillet 2009 13:57


    Tant que toutes les femmes se seront pas libres nous resterons en marche !

    « Être en marche » exprime l’idée d’avancer librement, sans contraintes ni empêchements. Nous sommes en marche pour dire la force des femmes organisées de manière collective, en associations, groupes, mouvements, avec des expériences, des cultures politiques différentes, mais qui poursuivent un objectif commun : dépasser l’ordre actuel, injuste, qui engendre violences et pauvreté. Notre Marche exprime également notre solidarité internationale et le fait que nous sommes vigilantes vis-à-vis des situations vécues par nos camarades dans d’autres régions du globe.

    Nous vous invitons à nous rejoindre pour construire ensemble, comme en 2000 et 2005, un large Collectif unitaire qui organisera l’étape française de la prochaine Marche Mondiale des Femmes.


    Considérant que :

     Dans la crise financière et économique mondiale actuelle, les États, subordonnés aux intérêts du capital financier et des multinationales, abandonnent les populations pour se porter au secours des marchés ;
     Que les décideurs économiques mondiaux (Banque mondiale, BCE et Fonds monétaire international) n’ont posé aucun geste concret permettant d’espérer un « changement de cap » dans leurs orientations ;
     Que, dans ce contexte, les problèmes de pauvreté et de violences envers les femmes augmentent dramatiquement ;

    Nous, femmes de la Marche Mondiale des Femmes, déclarons que nous sommes déterminées, plus que jamais, à continuer à marcher ensemble, en France, dans toutes les villes, sur tous les continents. Nous avons en effet la certitude qu’un autre monde est possible ! Nous agissons, ensemble et sans relâche, pour résister et construire des alternatives.

    Entre le 8 mars et le 17 octobre 2010, des actions collectives, en France, en Europe et en Afrique seront menées : dans tous les pays possibles avec célébration des 100 ans de la « Journée internationale pour les droits des femmes 

    1. Biens communs
    2. Paix et démilitarisation
    3. Travail des femmes
    4. Violence envers les femmes

    Comment s’engager ?
    Vous êtes un-e individu-e, une association, une collectivité, une organisation ; vous souhaitez vous engager dans la préparation de l’action de la Marche de 2010 : entrez en contact avec la Coordination française de la Marche Mondiale des Femmes pour :
     Participer aux réunions physiques, aux groupes de discussion par Internet, par thèmes, visant à construire des revendications communes ;
     Proposer ou participer à des actions concrètes de mobilisation pour 2010 ;
     Apporter des appuis techniques, humains ou financiers
     Relayer les informations auprès de vos réseaux, etc.

    Pour se faire, entrer en contact avec le Collectif d’organisation de la 3e Marche Mondiale des Femmes : 01 44 62 12 04 ; 06 80 63 95 25 ; mail : marchfem@rezisti.org

    Pour une troisième Marche Mondiale des Femmes en 2010


  • Christian Delarue Christian Delarue 22 juillet 2009 00:08

    A propos de la deuxième partie sur la rupture voici un blog LéoJog qui embrasse divers aspects, dont ce texte.
    CD

    Histoire des rapports hommes-femmes et devoir d’aujourd’hui.

     

    Pour qui veut bien se souvenir de la dette séculaire des hommes à l’égard des femmes en terme de viols et de violences diverses, je crois que chaque homme, sans se sentir culpabilisé par les comportements du passé, doit en tenir compte. Et notamment, les hommes doivent se donner des obligations à l’égard des femmes avec qui ils ont eu des relations amoureuses ou simplement sexuelles.

    Ces devoirs valent surtout pour les relations les plus transgressives, les plus sommaires, celles répondant au simple besoin charnel de partager de la jouissance sans lendemain . Même pour ces relations assez frustres qui peuvent néanmoins survenir - les relations amoureuses durables n’étant pas nécessairement celles de toute une vie - le respect humain est du à ces femmes. C’est ma position .

    On ne saurait donc dire du mal d’elles. On ne saurait ne pas les saluer, ne pas leur parler. Il ne s’agit pas nécessairement de rester ami avec chacune mais à partir du moment ou la simple occasion ou l’apprivoisement (en cas d’amour) font que la rencontre est fatale alors un échange minimal est requis.

    Il est entendu que ce respect est réciproque.

    Parfois par pitié ou par devoir aussi plus que par amitié.

    Léo Jog


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