lundi 22 juin 2009 - par Olivier Bonnet

Sarkozy impliqué dans l’attentat de Karachi : ni « ridicule », ni « grotesque », ni « absurde », Monsieur le président !

Une défense tout sauf convaincante

Le Pakistan a-t-il fomenté l’attentat de Karachi en 2002, en représailles à l’arrêt du versement par Jacques Chirac des commissions occultes auquel Édouard Balladur, alors Premier ministre, s’était engagé ? Cet accord secret obligeait-il aussi au règlement de rétro-commissions qui ont servi à financer la campagne présidentielle du candidat Balladur en 1995 ? Son ministre du Budget de l’époque, Nicolas Sarkozy, pouvait-il ne pas être au courant ? Bonne nouvelle : les juges et les journalistes font leur travail. Mais mauvaise nouvelle : la nouvelle loi de programmation militaire, permettant de criminaliser la contestation des "intérêts économiques stratégiques" de la France, englobés dans la "sécurité nationale", et l’extension du secret-défense à de nombreux nouveaux domaines, rendra impossible toute investigation future dans des affaires de ce genre. Surtout si l’on ajoute la suppression du juge d’instruction planifiée par le Pouvoir. L’ensemble assurera l’impunité à nos gouvernants et à leurs partenaires économiques privés, définitivement à l’abri de la justice et de tout contrôle citoyen. Synthèse et mise en perspective de l’installation institutionnelle d’une République bananière.

Première partie

Attentat de Karachi, contrat Agosta, rapport Nautilus : comment d’éminents dignitaires pakistanais ont perpétré l’attentat pour faire pression et se venger de Jacques Chirac, coupable d’avoir mis un terme à un mécanisme de corruption dont le grand bénéficiaire français était l’ancien Premier ministre Édouard Balladur. Vous avez dit affaire d’État ?

Quatorze cercueils alignés. Qui a commandité l’attentat de Karachi en 2002 ? L’homme qui se penche ci-contre pour décorer une victime à titre posthume est-il responsable, par sa décision d’interrompre le versement de commissions occultes, de sa mort ? Les éléments apportés par l’indispensable Mediapart donnent à le penser : les services secrets français étaient bien au courant des menaces qui pesaient sur les Français présents à Karachi dans le cadre de la vente de sous-marins au Pakistan. Et l’hypothèse présentée est digne d’un roman d’espionnage, ce qui ne signifie évidemment pas que la réalité ne soit pas en l’occurrence capable de rattraper la fiction.

En vendant trois sous-marins au Pakistan, transaction conclue alors que François Léotard est le ministre de la Défense du Premier ministre Édouard Balladur et Nicolas Sarkozy son homologue du Budget, la France s’engage à verser des commissions occultes à des militaires pakistanais, ainsi notamment qu’au veuf de Benazir Bhutto, connu comme "Monsieur 10%", déjà convaincu de corruption dans d’autres affaires et actuel... président du Pakistan ! En échange de ces pots-de-vin, des rétro-commissions font le chemin inverse, de Karachi vers Paris, via comme il se doit sociétés écrans et paradis fiscaux. Qui alimentent une caisse noire pour financer la campagne présidentielle du candidat Balladur : voilà toute la thèse contenue dans le rapport Nautilus, dont Mediapart révèle l’identité de l’auteur, Claude Thévenet, ancien membre des services secrets français. C’est Le Point, qui, le premier, évoque ce rapport, dans un article de décembre 2008. Sans faire beaucoup de bruit : nous ne devons qu’à la vigilance d’une commentatrice de Plume de attentatpresse d’en avoir connaissance. "C’était le 8 mai 2002, à 7 h 45, raconte Hervé Gattegno. La voiture du kamikaze, en explosant, fit voler en éclats le bus des employés de la Direction des constructions navales (DCN) : des ouvriers et techniciens venus de Cherbourg pour participer à la construction d’un sous-marin. Le crime n’a pas été revendiqué. Quatre suspects ont été interpellés par la police locale ; un commanditaire - lié à Al-Qaeda - a été désigné, sans être retrouvé. Depuis, la coopération promise par l’ancien président Pervez Moucharraf en est restée aux apparences, et rien d’essentiel n’a été découvert. Mais une nouvelle piste a surgi à Paris. Embarrassante et sulfureuse, elle avance un mobile politico-financier qui relierait, à travers le temps et l’espace, l’écheveau terroriste pakistanais aux affrontements politiques franco-français des années 90. Mi-octobre, le parquet a transmis au juge Marc Trevidic, chargé du dossier de Karachi, un document saisi par la police au printemps dernier dans le bureau d’un dirigeant de la DCN, Gérard Menayas, à la faveur d’une enquête financière sur les anciens arsenaux d’Etat. Selon cette note, l’attentat de 2002 trouverait son origine dans une sombre affaire de commissions impayées sur le marché des sous-marins, sur fond de règlements de comptes entre partisans de Jacques Chirac et d’Édouard Balladur, au lendemain de l’élection présidentielle de 1995."

ballaQue s’est-il passé au juste ? Jusqu’à l’élection de Jacques Chirac en 1995, tout va bien. L’accord secret conclu pour la vente de trois sous-marins garantit aux dignitaires pakistanais de juteuses commissions, à l’industrie française de l’armement un joli contrat (de 825 millions d’euros) et au Premier ministre Édouard Balladur un pactole, sous forme de rétro-commissions, pour financer sa campagne électorale des présidentielles de 1995. Mais patatras ! C’est Chirac qui est élu. Alors il coupe les vannes : plus question que Balladur puisse disposer d’un tel trésor de guerre. Les intermédiaires véreux n’auront plus un sou. Ce qui déclenche leur colère. Qui va les amener, après la réélection de Chirac, à fomenter l’attentat de Karachi, histoire d’à la fois tenter de forcer la main à la France, qu’elle reprenne le versement des commissions promises, et de se venger d’un septennat sans aucun règlement : "Daté du 11 septembre 2002, le document est long de trois pages et ne porte aucune signature, explique Le Point. Sous le nom de code « Nautilus », il résume les conclusions d’une mission de renseignement commandée par la DCN dans les mois qui ont suivi l’attentat. (...) Le texte débute ainsi : «  Après de nombreux contacts, tant en Europe qu’au Pakistan, nous parvenons à la conclusion que l’attentat de Karachi a été réalisé grâce à des complicités au sein de l’armée.  » Les auteurs anonymes précisent que « les personnalités militaires ayant instrumentalisé le groupe islamiste qui a mené à bien l’action poursuivaient un but financier » : le versement de « commissions non honorées » sur la vente des sous-marins, dans le cadre du contrat Agosta. Le rapport affirme en effet que ces boumversements avaient été interdits par Jacques Chirac en 1995, aussitôt après son entrée à l’Elysée, afin d’ « assécher les réseaux de financement occultes » au service d’Edouard Balladur. Mais le veto présidentiel aurait, par ricochet, privé certaines personnalités pakistanaises des sommes qu’elles attendaient. Au premier rang de celles-ci figurait Asif Ali Zardari, mari de Benazir Bhutto, alors Premier ministre - le même Zardari qui dirige désormais le pays, après l’assassinat de son épouse, en 2007 et l’élection présidentielle..." Ah vous ne voulez plus nous payer ? Boum !

Le Point conclut ses révélations par cette phrase : "Ainsi, au moment du feu rouge de l’Elysée, l’équivalent de 28 millions d’euros avait déjà été transférés via deux banques suisses, sur les comptes de sociétés écrans panaméennes. D’une éventuelle redistribution ultérieure nul n’a jamais rien su. Sauf ses bénéficiaires et ceux qui, peut-être, en ont été exclus. Douze ans après, le rapport « Nautilus » peut-il transformer une enquête antiterroriste en scandale politico-financier ?" La question posée par Hervé Gattegno en décembre 2008 semble devoir trouver une réponse affirmative en juin 2009. "Les juges antiterroristes chargés du dossier ont annoncé jeudi aux familles des victimes que la piste d’al-Qaida, jusqu’ici privilégiée, avait été abandonnée au profit de la thèse d’une affaire d’Etats, écrit Le Figaro. L’attentat pourrait en effet avoir été commandité par les autorités pakistanaises pour punir la France de ne pas avoir versé de commissions dans le cadre de la omvente de sous-marins Agosta 90B." Plus exactement de ne pas avoir continué à verser de commissions, nuance ! L’avocat des familles de victimes, Maître Olivier Morice, accuse dans Ouest-France : "On nous cache des choses. Lors de la signature du contrat d’armement entre la France et le Pakistan, des commissions, voire des rétro-commissions, avaient été envisagées. La France n’a pas honoré sa parole. A l’époque, il y avait des financements qui profitaient à des hommes politiques qui faisaient campagne lors de la présidentielle de 1995." Il confirme dans Libération : "L’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002 contre des salariés des arsenaux d’Etat DCN se dirige vers une « affaire d’Etats », et non plus vers Al-Qaïda, selon l’avocat de sept familles de victimes qui a vu les juges antiterroristes. « La piste Al-Qaïda est totalement abandonnée. Le mobile de l’attentat apparaît lié à un arrêt des versements de commissions » de la France au Pakistan dans le cadre de la vente de sous-marins Agosta, a expliqué Me Olivier Morice, à l’issue d’une rencontre des juges antiterroristes Marc Trévidic et Yves Jannier avec les familles des victimes à Cherbourg. « Ces commissions ont été arrêtées à l’arrivée de Jacques Chirac à la présidence de la République en 1995 afin que des rétrocommissions » destinées à financer la campagne d’Edouard Balladur, Premier ministre avant l’arrivée de Chirac à la présidence « ne soient pas versées." Magali Drouet, la fille d’une victime de l’attentat, s’indigne à son tour dans Le Figaro : "Nous avons la certitude que l’État français nous a caché quelque chose. Les juges anti-terroristes ont été informés que la DGSE avait mené des opérations de représailles en 2002, après l’attentat, contre des maîtres-chanteurs au Pakistan." Mediapart nous en dit plus sur lesdites opérations : elles furent baptisées "Casser des genoux", ça ne s’invente pas ! Bienvenue chez les barbouzes... "Cela veut dire qu’ils les connaissaient dès cette date, poursuit Magali Drouet. Pourtant, cela fait sept ans qu’on nous bassine avec la piste al-Qaida, nous disant qu’on se trompe quand on parle d’autres hypothèses. Aujourd’hui, nous voulons que la justice puisse mener le dossier et que les personnalités citées dans le dossier (NDLR - Jacques Chirac et Edouard Balladur) soit entendues comme témoins. La déclaration de Nicolas Sarkozy montre une fois de plus la volonté de l’État à étouffer cette affaire", conclut-elle. Transition idéale pour sdvous livrer le contenu de la seconde partie de cet article, à venir sur Plume de presse : comment descend-on de Balladur à Sarkozy, en quoi la défense de ce dernier est rien moins que convaincante et de quelle façon le Pouvoir verrouille-t-il les institutions afin que, plus jamais, nos gouvernants n’aient à être démasqués ni à rendre compte de leurs pratiques de corruption, tout simplement en interdisant désormais toute investigation dès lors qu’elle touche à la "sécurité nationale", périmètre élargi et déterminé en tout arbitraire par leurs soins, afin de leur garantir une impunité définitive, à l’abri du regard des juges et des citoyens.



24 réactions


  • ZEN ZEN 22 juin 2009 14:38

    L’extension du secret défense :
    comme par hasard aujourd’hui...

    Si le principe de secret défense ne fait problème dans aucun Etat , son contenu peut être matière à discussion critique et peut parfois susciter de légitimes réserves en ce qui concerne le droit, les libertés, dont celle de l’information. (On connaît nombre de dérives passées )
    C’est le cas de la disposition qui figure dans le projet de loi de programmation militaire pour 2009-2014

    "Le principal syndicat de magistrats français a demandé vendredi l’abandon d’un projet restreignant l’accès des juges à des lieux sensibles tels que la présidence de la République, des ministères, les services secrets ou de grandes sociétés. Cette disposition figure dans le projet de loi de programmation militaire pour 2009-2014, qui doit être soumis dans les prochaines semaines au vote du Parlement. "Ce texte constitue une violation flagrante du principe de la séparation des pouvoirs, le pouvoir exécutif pourra directement faire obstacle à un acte juridictionnel", a dit à Reuters Laurent Bedouet, secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). Le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, s’était déjà élevé jeudi contre ce qu’il considère comme une « nouvelle atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire ». Le texte officiel de ce projet précise s’appuyer sur les préconisations du Conseil d’Etat, qui, dans un avis datant d’avril 2007, a estimé que le législateur devait compléter les règles de procédure concernant le secret-défense.« 

     »...Ce pouvoir, qui s’expose, comme aucun autre pouvoir avant lui, au regard de la presse et du peuple, se prépare à jeter un voile protecteur sur toutes les activités qu’il estimera lui-même secrètes. Que le peuple surtout ne sache rien ; après la concentration du pouvoir dans les mains de l’exécutif se prépare la création des zones de pouvoir furtives..." (D.B.)

    -Du secret défense à la défense des secrets d’Etat :


  • Georges Yang 22 juin 2009 15:36

    Article nettement plus intéressant que les élucubrations mal écrites d’Allain Jules.
    Cependant, cette histoire n’est que l’arbre qui cache la foret. Les commissions occultes , les rétro commissions ou simples pots de vins sont monnaie courante dans le commerce de l’armement et les Français ne sont pas les seuls à les pratiquer. C’est même une question de survie dans un marché où il n’est pas rentable d"être trop honnête. La question est donc de savoir si Chirac a agi par moralisme ou pour se venger de ceux qui finançaient Balladur.
    Qu’on se souvienne des vedettes de Taïwan, de l’accident du général Stehlin en 1975 providentiellement passé sous un autobus, et la liste est longue et pas seulement en France


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 22 juin 2009 15:41

      « La question est donc de savoir si Chirac a agi par moralisme ou pour se venger de ceux qui finançaient Balladur » : je vote des deux mains pour la deuxième solution !


  • anny paule 22 juin 2009 15:43

    Quand tout aura été complètement verrouillé, quand personne ne pourra plus rien contrôler ou vérifier, Small Broher aura gagné ! Les mafieux avec ! Nous n’aurons plus rien à dire et à espérer !
    Comment ça s’appelle, ça, déjà ??? Je n’ose écrire ce mot ! Il fait froid dans le dos !
    Et, pendant ce temps là, les partis « reconnus » jouent à qui mieux mieux pour savoir qui sera présidentiable ! C’est hallucinant !
    Quant aux autres partis, ils n’ont pas voix au chapitre ! Ils ont été rayés d’un revers de main !
    Jusqu’à quand les Français seront-ils « des veaux » ???
     


  • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 22 juin 2009 15:44

    La deuxième partie de l’article est en ligne :

    De Balladur à Sarkozy

  • Surveyor SURVEYOR 22 juin 2009 21:16

    Le gang gouvernemental va défourailler sur toute vérité, et lui écrasera le reste d’un coup de talonnette.....


  • jkw 22 juin 2009 21:26

    très bon article !! merci à vous...


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 23 juin 2009 08:03

      C’est moi qui vous remercie et, à travers vous, toux ceux qui me félicitent et m’encouragent dans ce fil de discussion. Je ne fais que collecter et synthétiser des infos et les mettre en perspective. Et pousser le coup de gueule qui s’impose dès lors smiley


  • frédéric lyon 23 juin 2009 08:31

    Rappelons que, comme pour les Frégates de Taiwan, le contrat des sous-marins, ou dieu sait quoi, du Pakistan a fait l’objet de versements de commissions à l’étranger.


    Le versement de commissions, en particulièrement sur les contrats d’armements mais pas seulement, est une pratique courante dans le monde, elle existe dans tous les pays exportateurs, sans aucune exception.

    Essayez donc de signer des contrats sur les trois quarts de la planète sans verser de commissions et je vous souhaiterais bon courage.

    En France, le paiement des commissions peut même faire l’objet d’un financement de façon tout à fait officielle et il suffit de signaler au ministère des finances les montants de commissions dont on demande le financement à sa banque. J’ai participé au montage de plusieurs de ces opérations dans une vie précédente, soit en tant que banquier, soit en tant qu’exportateur.

    Il n’y a donc rien de bien mystérieux la dessous. 

    Ce qui est et doit resté secret, en revanche, c’est l’identité des bénéficiaires de ses commissions et c’est la raison d’être du secret défense et plus généralement du secret des affaires.

    Celà étant dit, tout ceci est bien sûr l’occasion révée, pour tous les crétins et les paranoïaques, d’échafauder des contes à dormir debout et autres divagations, ou des histoires de complots à la mord-moi-le-noeud.

    Leur imagination est sans limite, le sujet est inépuisable. 

    Ne perdez donc pas votre temps à écouter leurs âneries.

    • Annie 23 juin 2009 09:20

      La question n’est pas celle des commissions bien qu’elles ne soient plus légales suite au décret de l’OCDE, mais celle des retrocommissions soulevée par l’avocat des familles des victimes après avoir rencontré les juges antiterroristes, qu’on ne peut pas vraiment qualifier de crétins et paranoïaques. Il n’est pas à exclure si l’affaire était enterrée que les familles se constituent partie civile.


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 23 juin 2009 10:09

      Cette pratique est scandaleusement antidémocratique : Balladur a pu financer sa campagne présidentielle parce qu’il a tiré avantrage de sa position de Premier ministre pour se constituer une caisse noire via les rétro-commissions versées par les Pakistanais.


  • frédéric lyon 23 juin 2009 08:36

    De notre agent secret Olivier Bonnet :


    « C’est aussi mon hypothèse : ma troisième et dernière partie s’intitulera « Vers un étouffement inéluctable ? » Parution à surveiller sur Plume de presse »

    ...................

    Quelle perspicacité !

    Et si vous nous reparliez un peu de Clearstream ?



  • Annie 23 juin 2009 08:51

    Effectivement, certains journaux ont noté le silence gardé par certains médias télévisés et de la presse sur cette affaire. Mais ils n’excluent pas un réglement de comptes de la part de Chirac , ou au minima un avertissement. 
    Etrange comment les mêmes personnes et les mêmes sociétés réapparaissent dans les affaires clearstream, des frégates et maintenant de Karachi. 
    http://ethiquedesplaces.blogspirit.com/archive/2008/09/16/forewarned-is-forearmed.html


  • Annie 23 juin 2009 12:46

    @Calmos,
    J’espère que vous me croirez si je vous dis que je ne suis pas partisane dans la lutte contre la corruption et que je n’ai pas l’indignation sélective. J’habite dans un pays où une ministre a dû démissionner parce qu’elle avait fait payer aux contribuables un bouchon de baignoire coûtant moins d’un euro. Personnellement je trouve que c’est pousser un peu loin le bouchon (de baignoire ou non). Par contre, si ces allégations à propos des retrocommissions sont confirmées, il s’agit de pratiques mafieuses de la part de gens qui sont nos représentants. Et de relations avec un pays que l’on peut seulement qualifier par euphémisme de stratégique. Car un récipiendiaire de ces commissions n’est-il pas aujourd’hui le président du Pakistan, et l’autre un trafficant d’armes notoire. Effectivement cette affaire a tout intérêt à être étouffée.


  • alberto alberto 23 juin 2009 13:45

    Excellent article (une fois de plus) de l’ami Bonnet !

    Mais au travers de toutes ces « affaires » de Sawari à Pakistan, en passant par Taïwan, je me dis que finalement ces contrats de ventes d’armes servent bien plus à financer les politiciens des deux côtés (vendeurs et acheteurs) qu’a faire la guerre !

    Voir à donner du boulot aux usines d’armement...

    Le couple démoniaque Thales DCN (aujourd’hui réuni au sein de l’entité DCNS) a, à ma connaissance, vendu des navires équipés d’armes et systèmes d’armes à (à la louche) une cinquantaine de pays : sur le lot, seuls deux ou trois pays les ont peut-être utilisé au cours d’une oprération militaire.

    Bref, la vente de matériel de guerre en temps de paix par les nations qui les fabriquent relève plus d’une occasion de se faire de la thune qu’a se faire la guerre et dans ce contexte l’attentat de Karachi aura donc été malheureusement l’occruence la plus meurtrière de ces jeux de pokers menteurs. Encore que l’affaire Bravo ait laissé aussi quelques victimes derrière elle...

    Donc, dans ces affaires de rapaces où tous les coups (bas) sont permis, comment s’étonner que de temps en temps un politicien ne soit pas éclaboussé avant que le « secret défense » n’ait été brandit, car il sert surtout à ça : protèger les corrompus de la vindicte ! Et apparemment ce n’est pas ce qui manque, les corrompus...

    Grotesque : qui a dit grotesque ?

    Bien à vous.


  • renato 28 juin 2009 22:16

    Quelques soient les implications futures de cette histoire, remarquons que la plus grande ignominie est quand même d’assassiner 14 employés froidement pour se venger d’ un arrêt de versements illicites. Ne pas même le signaler vous a un petit relent de racisme ordinaire, penser donc, dans ces pays là, quoi de plus normal qu’ un camikase ?


  • Yohan Yohan 28 juin 2009 22:29

    Il y en a déjà assez à nous servir d’indigeste brouet du genre" tous pourris les occidentaux. Ils plastiquent les tours du WTC et ils paient des faux terroristes à Karachi, ils font massacrer leurs concitoyens au nom de basses besognes politiques. Méfiez vous de ne pas récolter un Bonnet d’âne à la place du Bonnet d’or que vous semblez convoiter.


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