mercredi 21 avril 2021 - par Pale Rider

La France, colonie linguistique

Tout récemment, un lecteur, « Gaulois gaulliste », réagissait à mon article « Bye Bye Brooke » en ces termes : « Pseudo, titre et contenu. Vous êtes un vrai colonisé mental ! » Je lui ai donné raison. Il convient en effet de veiller ; car plus généralement, nous sommes sous l’emprise de la colonisation omniprésente d’un mauvais anglais, à laquelle nous participons activement.

Il n’y a plus de résistance à l’invasion de l’anglais. Macron, qui prétend défendre la francophonie, ne rate pourtant pas une occasion de faire des discours en anglais approximatif pour complaire à la jet set (« aréopage d’avions à réaction »). Nous sommes accablés de mots comme management alors que nous avons le mot « direction », maintenance alors que nous avons « entretien », merchandizing qui ne veut rien dire, le ridicule overbooké alors que nous avons « débordé » qui est plus court et plus prononçable, l’atroce implémenter alors qu’on peut dire « appliquer », matcher alors que nous avons « (s’)accorder ». Les slogans même de marques françaises comme Peugeot et Citroën sont systématiquement en anglais parce que nous avons honte de notre langue. Cette tendance est abominablement développée en Île-de-France, particulièrement dans les milieux de l’informatique.

Programmes télé

J’ai voulu étudier un indice accessible au vulgum pecus jusqu’au fin fond de la Creuse : les programmes télé. Liste exhaustive des programmes du 21 avril 2021 sur la TNT. Les titres non-français sont en italiques :

 

The Resident  ; Chicago Med ; L’école de la vie ; Incas(s)ables ; Coupe de France ; réseaux d’enquêtes ; Play ; Replay ; La grande librairie ; C ce soir ; Top Chef ; Top Chef : les grands duels ; Traffic ; An zéro, comment le Luxembourg a disparu ; Tout mais pas ça ; Hier, aujourd’hui et demain ; Les 30 ans du Top 50 (deux fois) ; Demain ; Home ; Maman, j’ai encore raté l’avion ; Maman, j’ai raté l’avion ;(1) Blacklist (deux fois) ; Sugar Man ; Sénat en action ; Le monde de Jamy ; 16 levers de soleil ; Ligne rouge ; 22h max ; L’info du vrai ; Soir info ; Gazon maudit ; Billy Elliot ; En famille ; Zig et Sharko ; New York, section criminelle (deux fois) ; Dans la ligne de mire ; L’équipe du soir ; L’âge de glace 3 – Le temps des dinosaures ; Kaamelott ; Alien Theory ; Dead Files : enquêtes paranormales ; Rénovations XXL ; Programmes de la nuit ; Lanester ; Crimes ; Le 20 h ; Le grand soir ; Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ; Michel Audiard : Le terminus des prétentieux ; Premier League ; Late Football Club ; Coma : Esprit prisonniers ; Host ; C’était mieux avant ? ; Faites entrer l’accusé.

 

 Je ne traite pas ici l’origine des programmes, largement américaine, notamment au niveau des séries, criminelles de préférence. Je ne traite que l’aspect linguistique. La proportion est grosso modo de 1/5e. Et merci à Audiard d’avoir apporté 12, voire 16 mots français d’un seul coup pour remonter la moyenne ! Certains de ces titres pourraient directement passer en français, qui est souvent leur langue d’origine : « Le résident », « Trafic », « Première ligue », « Hôte ». « XXL » est un système de mesure grossier qui n’est originellement point nôtre.

 « Top Chef » est un cas emblématique puisque c’est un retour du français chef qui, en anglais, signifie « chef », de cuisine uniquement, et qui nous revient sous cette acception, affublé d’un nom adjectivé anglais. Tous ces titres en anglais seraient facilement traduisibles, ce que font nos amis québécois : il suffit de lire les fiches Wikipedia des films américains dont eux traduisent systématiquement les titres en français. J’aurai quelque indulgence pour « Top 50 », qui est un cas où la traduction donnerait quelque chose de beaucoup moins pratique que l’anglais (« 50 [chansons] au sommet » ?).

Justement, c’est là notre malheur ; l’anglais est pratique, synthétique. Il a des conjugaisons indigentes hyper faciles. Il peut vous enfiler dix adjectifs avec le nom à la fin alors que nous, nous devons passer par des compléments de nom et que l’usage veut que certaines épithètes soient après le substantif et non avant. C’est d’ailleurs ce qui fait la subtilité et le charme de notre langue : « un certain âge », c’est un peu différent d’« un âge certain », et les pseudo-gaullistes qui prétendent « avoir une certaine idée de la France » n’ont pas une idée certaine de la France. En anglais, tout ce qui n’est pas homme ou femme est au neutre (sous l’influence suédoise, nous finirons par être tous neutralisés). Mais cela se paye d’un manque de subtilité, par exemple quand on vous parle d’un writer aux nom et prénom exotiques dont vous vous apercevez, trop tard, que c’était une auteure, si tant est qu’un indice finisse par vous le montrer.

Collabo

 Tout cela, je le sais d’expérience, car je suis un collabo. L’essentiel de mon métier actuel consiste à traduire des livres d’anglais en français. Ce sont souvent des Américains (horreur !), presque aussi souvent des Anglais (plus excusable), éventuellement des Australiens (qui sont des Américains austraux), mais parfois aussi des Irlandais ou des Écossais (là, il y a des liens viscéraux avec la France). Je contribue à la colonisation culturelle de notre beau pays, et de notre francophonie dont les Africains francophones sont les plus ardents défenseurs (hommage soit rendu aux noirs africains, et aux nord-africains arabophones pour l’excellence de leur pratique du français !).

 Je tente de racheter mon âme en soignant la qualité de la langue d’arrivée, en tâchant de peaufiner une œuvre où la langue de départ soit autant que possible indétectable. D’ailleurs… pourquoi m’accusé-je, pourquoi bats-je ma coulpe ? Je n’écris que des livres en français ! Autant les quelques-uns dont je suis l’auteur, que les plus nombreux dont je suis le traducteur.

Telle est ma façon de servir le français, que le prince Philip parlait si bien, et S.M. Elizabeth II aussi ; que l’on parlait à la cour de Russie ; que des Italiens, après le Brexit, souhaitent voir redevenir la langue diplomatique de l’Europe(2) ; et dont nous avons honte au point de la dévoyer. Le problème n’est pas d’importer des mots venus de l’étranger, car c’est ainsi que vit et se constitue une langue (la preuve en est qu’il y a très peu de gaulois dans le français actuel), mais d’utiliser des termes ou expressions inutiles et souvent moches qui sont souvent un oreiller de paresse et l’occasion de se faire stupidement mousser au sein d’une supposée élite devenue relativement illettrée.

 

Le Cavalier blanc

 

__________

1- Il le rate encore avant de l’avoir raté une première fois…

2- https://www.courrierinternational.com/article/vu-ditalie-le-francais-doit-devenir-la-langue-de-leurope-post-brexit



80 réactions


  • Bendidon ... bienvenue au big CIRCUS Bendidon 21 avril 2021 14:58

    Signé le cavalier blanc

    OUI il serait temps de changer l’avatar Pale Rider smiley


  • Emin Bernar Emin Bernar 21 avril 2021 17:21

    « des termes ou expressions inutiles et souvent moches »

    effectivement , rien à voir avec ceux employés par les snobs au 19ème siècle comme ceux que Proust prête à Odette Swann : « I am not phishing for compliments » 


  • Clark Kent Séraphin Lampion 21 avril 2021 17:39

    Non seulement il n’y a plus de résistance à l’invasion de l’anglais (ou plutôt de l’américain), mais en plus, les young leaders font du zèle pour favoriser l’invasion.

    Et, come pour les plantes ou les animaux, les espèces invasives remplacent le souche autochtone, le plus souvent.

    Un seul exemple : ’supporter’ ne signifie plus « endurer », mais « encourager » (une équipe).

    Mais après tout, la seule région dans laquelle l’expression celtique a laissé des traces après l’invasion du latin, c’est la Bretagne où, ironie du sort, une partie de la population continue à parler la langue des gens de Cornouailles venus s’installer au 5ème siècle alors que la langue gauloise avait totalement disparu, au point d’être difficile à reconstituer, même à partir des mots de vocabulairs du monde de la menuiserie et de l’agriculture où les outils que les Romains ne connaissaient pas ont gardé leurs appellations locales. 


    • Et hop ! Et hop ! 23 avril 2021 13:30

      @Séraphin Lampion

      Vous avez raison de remarquer que c’est le repeuplement de l’Armorique par des Bretons venus du Pays de Galle et de Cornouailles qui a introduit la langue qui a donné le breton actuel, mais c’est à la place du gallo-romain ou du roman qui subsiste dans des toponymes antérieurs (à commencer par celui des diocèses : Rennes, Vannes, Nantes, cités de Redones, des Vénètes et des Namnètes, peuples gaulois, auxquels se sont ajoutés le nom de toutes les paroissses qu’ils ont créées, les Plou et les Loc, et qui ont fini par remplacer le nom gaulois de l’Armorique, par celui de Bretagne), mais qui a continué à être utilisé par les élites.

      Le breton est toujours resté une langue vernaculaire. On ne connaît aucune version en breton de la ’’Matière de Bretagne’’, des romans du roi Arthur et de la Table ronde, qui comme l’indique le mot roman, sont en langue romane. Ce n’est pas le cas du provençal et de l’occitan qui ont donné une importante littérature juridique et romanesque, à commencer par les troubadours. 

      La langue officielle, savante, juridique, administrative, et même littéraire, de la Bretagne est restée le latin, le roman, puis à partir de François Ier le français, comme dans le reste du royaume.

      Il faut dire que les comtes, puis duc de Bretagne à partir de Jean de Dreux (1297-1305), étaient des capétiens depuis Guy de Thouars (1199-1213), puis son gendre Pierre Mauclerc (1213-1237), et leur dernière représentante, la duchesse Anne de Bretagne (1488-1514), ne comprenait pas un mot de breton. 

      L’usage généralisé de la langue bretonne n’a posé aucune difficulté avant le jacobinisme de la Révolution française, puis surtout la IIIe République, comme pour les autres dialectes régionaux. L’enseignement se faisait en breton dans toutes les écoles primaires, et ensuite en français dans les collèges.

      Le breton actuel est une langue de synthèse universitaire entre plusieurs dialectes, une langue recréée, un peu comme l’hébreux en Israël.


  • Pauline pas Bismutée 21 avril 2021 18:30

    Petit anecdote (sens inverse)

    De George Bush, (propos rapportés par Tony Blair, qui avait été un peu estomaqué par la remarque, quand même…) :

    ‘Le problème avec les français, c’est qu’ils n’ont pas de mot pour « entrepreneur »’


  • simir simir 21 avril 2021 18:48

    En pleine semaine de la francophonie, Macron annonce que les futures cartes d’identité seront en français et en anglais.

    https://courriel-languefrancaise.com/articles/stef-en-pleine-semaine-de-la-francophie-le-gouvern

    C’est le linguiste Claude Hagège qui disait qu’il y avait plus de pancartes en anglais dans Paris que de pancartes en allemand sous l’occupation.

    Et De Gaulle qui disait que c’était du volapük intégré.

    Et puis cela sonne si mal le globish, écoutez donc : un cheque pour une vérification, un kotche pour un entraineur, un mêle... on croirait entendre un mouton bêler.

    Des borborygmes je vous dit.

    Faut vraiment être « kon » pour pratiquer un tel sabir.

    Ou alors faire croire que l’on maitrise une langue étrangère ce qui n’en reste pas moins l’étalage d’une grande nullité.


    • Et hop ! Et hop ! 23 avril 2021 13:35

      @simir

      Une carte d’identité en français et en anglais, je pense que c’est illégal à cause de l’article 2 de la Constitution qui pose que « La langue de la République est le français », pour ne pas remonter à l’édit de Villers-Cotteret.

      Ils ne peuvent pas invoquer l’UE puisqu’il n’y a plus de pays membre dont ce soit la langue officielle.


  • rogal 21 avril 2021 18:50

    À part la volonté, partagée et forte, d’être une nation nationaliste (si j’ose dire), on ne voit pas bien ce qui pourrait inverser la tendance. Même le Québec, dans sa solitude, serait bouffé un jour.


  • mursili mursili 21 avril 2021 19:11

    Vous auriez aussi pu rappeler que Marie-Henri Beyle alias Stendhal, qui a donné quelques chefs-d’œuvre à la langue française, aurait pu lui aussi être traité de collabo, lui qui dédiait ses livres « to the happy few ». 


    • simir simir 21 avril 2021 20:16

      @mursili
      « aurait pu lui aussi être traité de collabo, »
      Non car c’est la dose qui compte. À l’époque une telle expression restait une singularité.
      Maintenant on bouffe du globish jusqu’à la nausée.
      Dans ma région dans les années 60 l’allemand était la première langue que l’on commençait en 6 ème.
      L’anglais c’était à partir de la 4 ème.
      Comme à cette époque très peu passaient en secondaire et stoppaient leurs études, ces gens ne comprennent plus bien des conversations parasitées par cet infâme globish.
      La constitution précise que le français est la langue de la république pour, entre autre, être compris de tous.


    • babelouest babelouest 23 avril 2021 11:06

      @simir et je rappelle que l’article 111 de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) est toujours en vigueur, et que pour renforcer le tout a été votée la loi du 4 août 1994 (dite loi Toubon).
      .
      Entre la France et la culture, c’est une longue histoire d’amour : au XVIIe siècle la duchesse de Brunswick, fille de hobereaux poitevins, avait ouvert une Cour culturelle en sa ville de Zell, en Saxe, où elle aidait les nobles allemands à « se débourrer » puisque le français était alors la langue officielle de fait en Europe. D’ailleurs son arrière-petit-fils Frédéric II de Prusse avait fait venir Voltaire chez lui pour s’améliorer. En revanche son petit-fils devint roi de Grande-Bretagne sous le nom de George II.


    • Et hop ! Et hop ! 23 avril 2021 13:39

      @babelouest

      C’est même l’article 2 de la Constitution, tout acte (ou discours) administratif qui est dans une autre langue que le français est nul de plein droit, le fonctionnaire public qui en est l’auteur commet une faute.

      https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006527453/


  • Pierre 21 avril 2021 21:23

    Comme vous avez raison ! Qu’une entreprise, pour des raisons de visibilité internationale, pioche dans le rosbif pour sa dénomination, passe encore, mais, qu’à la télévision (ce qui justifierait un refus de paiement de la redevance) ou à la radio notamment, on ait droit à une avalanche de mots ou expressions d’outre-manche ou atlantique par des gens qui souvent ont bien du mal à aligner correctement deux mots de français, quelle honte...et sans compter toutes les fautes, notamment d’accord (du genre « les choses qu’il a pris ») commises par des professionnels qui, parlant publiquement, devrait avoir une maîtrise minimale.

    ps à l’instant même j’entends sur une chaîne une participante déclarant qu’elle était jeudi dernier « en jour off » .


  • Eschyle 49 Eschyle 49 21 avril 2021 21:53

    Drope-moi un mail asap , par les Goguettes : https://www.youtube.com/watch?v=j8NdAex-AEg


  • JP94 21 avril 2021 22:12

    Mais la colonisation par cet anglais de pacotille a une vocation idéologique : il y a un livre du philosophe britannique Maurice Cornworth, l’Idéologie anglaise ( Delga)

    Amazon.fr : maurice cornforth qui l’analyse ab ove.

    Dans les entreprises telles que Peugeot, on fait les pubs en anglais pour produire un effet sur nous autres ...une pub à l’envers puisqu’on ne parle pas l’anglais et surtout on contraint les salariés français en France, à communiquer au sein de l’entreprise, entre eux, en anglais !

    ce qu’il y a derrière c’est le « management » à l’Américaine..

    Pour recruter les ingénieurs dans les entreprises françaises, on exige qu’ils sachent parler l’anglais et là on touche le fond : les recruteurs sont des fils-à-papa qui non seulement ne sont pas des ingénieurs ( c’est tout de même mieux pour savoir si on recrute le bon, mais en plus, ne maîtrisent absolument pas l’anglais, et le pire, ignorent les transcriptions de spécialités et les traductions de diplômes entre anglas et français : ainsi, mon fils s’amusait à leur répondre une longue tirade en anglais qu’il maîtrise  ayant étudié à l’étranger en anglais 4 ans  à laquelle l’autre ne comprend rien. Seulement, cet autre ne comprend pas que la spécialité d’ingénieur rédigée en anglais correspond à celle requise pour la fonction donnée en français et il prétend que ça ne correspond pas : la nullité très bien rémunérée pour ne pas savoir recruter le bon ingénieur au bon poste...

    Effectivement, tous nos dirigeants de grandes entreprises, nos journalistes et nos présidents sont d’abord cooptés et adoubés par la French American Foundation...et deviennent les « young leaders », belle ingérence et ne nous étonnons pas de la casse industrielle en faveur du deus ex machina.

    Traduire de l’anglais est un bien curieux métier de nos jours, puisque tous les bons livres écrits en anglais ont été écrits et qu’il n’en paraîtra pas de nouveaux.

    Ou alors il faudra retraduire les bons.

    Une amie qui passa le CAPES d’anglais eut je crois à traduire en thème (!) la Disparition ( de Pérec ) je ne sais pas si les e étaient prohibés ...

    Mais j’incite Mr Male Rider à s’y essayer !


  • mursili mursili 22 avril 2021 00:15

    puisque tous les bons livres écrits en anglais ont été écrits et qu’il n’en paraîtra pas de nouveaux.

    Curieuse assertion. Quelle langue faut-il apprendre aujourd’hui pour lire de bons livres ?


    • Pale Rider Pale Rider 22 avril 2021 09:00

      @Philippe Huysmans, Complotologue
      J’ai étudié le grec ancien, ce qui me permet de lire le Nouveau Testament dans le texte et aussi la LXX, traduction grecque de l’Ancien Testament.
      Et l’hébreu aussi, pour lire l’AT dans le texte (mais beaucoup plus difficile).
      Il se trouve que je suis en train de traduire un livre où, entre autres, est faite une apologie de la diversité des langues. De la part d’un anglophone de naissance, ça mérite d’être salué.


    • Et hop ! Et hop ! 23 avril 2021 13:50

      @Pale Rider

      La Septante grecque est la plus ancienne version de l’Ancien Testament, la version en hébeux de la Torah a disparu lors de la destruction du Temple, celle des Juifs est une reconstitution faite par des rabbins plusieurs siècles après. 

      L’hébreux était déjà une langue morte à l’époque de JC. Même les prêtres du Temple n’arrivaient plus vraiment à le lire parce qu’ils n’étaient pas d’accord sur la restititution des voyelles, ils parlaient en araméen comme Jésus.


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 14:04

      @Et hop !
      Ce que vous dites n’est que partiellement vrai. Car la découverte, en 1947, des Manuscrits de la Mer Morte a fait faire un bond de 1000 ans arrière par rapport aux manuscrits de l’AT dont nous disposions, et qui dataient du Moyen-Age. Ceux de Qumrân datent de 200 à 300 ans avant JC, presque tous en hébreu. Tous les livres du canon juif et protestant y sont, sauf Esther.
      Même si l’araméen était la langue parlée du temps de Jésus, il est certain que les Juifs lisaient la Bible (notre AT) en hébreu, dont l’araméen est très proche, dans les textes mêmes dont nous disposons et dont les manuscrits de Qumrân ont établi que la fiabilité des copistes juifs est sans équivalent sur des siècles par rapport à tous les autres manuscrits de l’Antiquité, que ce soit en nombre ou en qualité.


    • Et hop ! Et hop ! 23 avril 2021 19:28

      @Pale Rider

      C’est vrai, mais ce qu’on lit sur les manuscrits de la Mer Morte est toujours très nébuleux et en plus très polémique, est-ce qu’il existe une édition des reconstituant une Torah en hébreux, même avec quelques trous, et une traduction pas trop littérale ? Est-ce qu’il y a un livre accessible sur les différences avec la Septante traduite à la même époque et la Torah massorétique ?

      Savez-vous si, finalement, elles sont négligeables, importantes,... vraiment scandaleuses ? 

      Les Esseniens étaient connus depuis longtemps, Jean Racine en avait rédigé une petite histoire, avec le style impeccable des port-royalistes.

      Avis au protestant, le christianisme comme religion ne se trouve pas dans le texte du NT, mais dans la christianisation des traditions païennes juridiques, culinaires, rituelles, musicales, familiales, poltiques, linguistiques, artistiques, ethniques, funéraires, de calendrier,... qui est pour nous greco-gallo-romaines, donc aussi des oeuvres d’Aristote et de Cicéron, etc.
      Par exemple, le mariage chrétien ou catholique, monogame, hétérosexuel, viager, avec égalité civile et accord des deux conjoints n’est ni le mariage sémitique (polygame, avec achat, minorité de la femme et répudiation), ni le mariage romain avec adoption, etc.., c’est le mariage celte ou gaulois avec régime dotal. La mission de Jésus a été de déjudaïser l’Alliance, pour l’ouvrir à toutes les nations. Donc c’est une erreur de vouloir dépaganiser le catholicisme pour revenir à l’Ancien Testament, c’est une déchristianisation ou une judaïsation des nations.
      Il devrait y avoir autant de religions chrétienne que de nations.


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 20:03

      @Et hop !
      Essai de réponse synthétique :
      Les manuscrits de la Mer Morte sont publiés avec exactitude depuis longtemps. Ils concordent admirablement avec ce que nous avions déjà pour l’AT ; Les variantes sont mineures et n’affectent pas le sens, ce qui témoigne de la fiabilité de la transmission.
      De même, la LXX et la Bible hébraïque sont depuis longtemps l’objet d’études comparatives poussées ; les bibles avec notes rendent compte de l’essentiel. Tous les manuscrits sont recensés et passés à la loupe (et à la pince à épiler).
      Vos remarques finales mériteraient un long débat. Il faut distinguer l’essence du christianisme, dans le NT, de la chrétienté (nous avons les deux mots ; l’anglais n’en a qu’un ; vive le français !), qui est ce qu’on en a fait, et que vous énumérez. Tenter de faire la différence entre les deux est une discipline astreignante qu’on appelle l’herméneutique.
      Quant à votre ultime ligne, je suis en train de traduire un passionnant bouquin d’un missionnaire anglais qui n’est pas loin de dire la même chose que vous ! Il dit qu’importer le christianisme en anglais, c’est apporter aussi l’Occident. Il faut donc s’astreindre à apprendre la langue des gens à qui on veut apporter l’Evangile.
      Evangile qui n’est pas occidental, mais à vocation universelle, et dont nous « Gaulois », avons bénéficié, que nous méprisons aujourd’hui, sans mesurer tout ce qu’il apporte et qui est un trésor.
      Amitiés ! smiley


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 20:06

      @Et hop !
      PS : Ma femme a été directrice d’un SPIP (j’ai lu votre fiche).


    • Et hop ! Et hop ! 24 avril 2021 17:15

      @Pale Rider

      Je suis heureux d’apprendre que finalement les manuscrits de la Mer Morte sont très conformes aux textes parvenus par la tradition, ça fait longtemps que je me posais la question.

      L’Islam n’a pas la neutralité culturelle du christianisme, il est inséparable de la langue arabe, du calendrier, du costume, de la cuisine, etc.. d’où l’impossibilité de naturaliser des musulmans. Ou alors il aurait fallu refaire comme Napoléon.

      La nationalité est une chose différente de la citoyenneté qui est l’appartenance politique à une ville, un État. Le statut national des Français se trouve dans le Code civil, dont le premier titre était : Code civil des Français. Etre naturalisé français, c’est être régi personnellement par le Code civil (nom, âge de la majorité, mariage, héritage, etc..). Avant 1789, il y avait des codes civils différents selon les régions, les Coutumes. Le Coran et l’Ancien Testament contiennent des codes civils complets.

      Quand Napoléon a voulu que les Juifs deviennt des citoyens français, il a commencé par naturaliser français la religion elle-même. Il a voulu réduire le judaïsme un simple culte religieux et créer un consistoire sur le modèle des deux obédiences protestantes. Il a recréé un Grand Sanhédrin, et il a fait rédiger 12 questions portant sur la renonciation à tout ce qu’il y a de national et d’ethnique dans le judaïsme. Les Juifs « des lumières » de Bordeaux et d’Avignon qui étaient en France depuis longtemps et déja beaucoup assimilés étaient favorables, mais les Juifs d’Alsace et des 3 évêchés tenaient à garder leurs propres notaires, leur droit, leurs tribunaux, leur état-civil, leur calendrier, leur cuisine, leur ghettos, et finalement leur statut d’étranger. Napoléon a fait un senatus-consulte pour convoquer solennellement la séance au cours de laquelle le Grand Sanédrin devait doner sa réponse, en choisissant un Samedi ! Aucun des conservateurs n’est venu et les présents ont voté oui. Ensuite, l’un d’eux a demandé qu’on utilise plus officiellement le mot juif et qu’on le remplace par istraélite, usage qui s’est conservé jusqu’à la création en 1943 du CRIJF pour prendre laïquement la place du Consistoire. C’est cette renonciation qui a permis à Crémieux de décreter la naturalisation française des Juifs d’Algérie, alors que les Musulmans restaient sous droit musulman.

      A mon avis c’était une vue de l’esprit, la forme française du judaïsme est la religion catholique, ce qui avait été très bien compris au XIXe siècles par plusieurs convertis de très grande valeur, dont les deux enfants de Crémieux, à son grand désespoir. 

      La question de l’incarnation du christianisme dans les nations avait été bien étudiée au début XVIIe siècle par certains Jésuites qui avaient créé un rite chinois, utilisant non seulement la langue, mais aussi la symbolique, la musique, les costumes et les décors chinois, d’autres un rite andin, ce qui leur avait vallu des problèmes avec leur hiérarchie. A mon avis c’est parfaitement fidèle à la mission d’évangélisation donnée par Jésus : « Allez parmi les nations... », il ne s’agit pas d’évangéliser des individus ; dans la Bible l’Humanité est composée de nations, et les natins de familles.

      Le protestantisme est un mouvement de désincarnation du catholicisme et de l’orthodoxie, avec involution vers le judaïsme antique, mais version rabbinique, ce qui est très différent du judaïsme sacerdotal, puisqu’il n’y a plus de dimension sacrée, de prêtres, de sacrements, de sacrifices, de rituels. Le passage de la langue liturgique aux langues vernaculaires, c’est qu’elles ne sont pas sacrées, il n’y a plus de sacré, donc il n’y a plus d’arts sacrés. Dans le registre des gestes il n’y a plus de cérémonial. Plus de hiérarchie, on arrive aux Quackers du XVIIe sièces qui ne voulaient plus aucune distinction, plus de marques de distinction, plus de salutations, des bals avec des rôles interchangeables, des costumes et des coiffures unisexes, les féministes actuelles en sont issues.

      il n’y a pas que la langue qui est nationale, il y a aussi des cultures matérielles, aussi envahissantes et impérialistes. La façon de saluer en serrant les mains vient des Quackers, c’était le salut égalitaire et non genré. (avant on se saluait, pour l’homme en se décoiffant, pour la femme avec une révérence, plus ou mois appuyée et gracieuse selon les circonstances, la qualité et les sentiments).

      Ma présentation personnelle est fantaisistes, j’ai choisi cet avatar de Rantanplan pour son comique, et ensuite j’ai brodé sur le thème en lui faisant adopter l’écriture inclusive.


    • Pale Rider Pale Rider 24 avril 2021 18:31

      @Et hop !
      Un grand merci pour ces informations fort intéressantes, dont je ne connaissais qu’une faible part.


  • mursili mursili 22 avril 2021 00:38

    Bonne idée, mais je préfère le mycénien et j’attends toujours la traduction française du livre de Michael Ventris et John Chadwick Documents in Mycenaean Greek
    Three Hundred Selected Tablets from Knossos, Pylos and Mycenae with Commentary and Vocabulary

    Je reformule ma question : quelles sont les langues dans lesquelles de bons livres sont encore susceptibles de paraître ?


    • Et hop ! Et hop ! 23 avril 2021 14:08

      @mursili : Quelles sont les langues dans lesquelles de bons livres sont encore susceptibles de paraître ?

      Des livres de quoi ? De cuisine, de droit, de théologie, d’architecture, de philosophie, de mathématique, d’histoire, de morale, de décoration, d’agriculture, de politesse, de sociologie, de menuiserie, de navigation, d’archéologie, des romans, des prières, des récits de voyages, des notices, des comédies, des dictionnaires, des mémoires, des lois, des discours, des drames, des chansons, des bandes dessinées,... ?

      En langue française, il y a le plus grand corpus du monde d’oeuvres, de chefs d’oeuvres, et de traductions des chefs d’oeuvres étrangers, souvent anciennes, dans une langue française magnifique, comme Sun Tsé traduit en 1772 par le P. sj Amiot, ou Balthazar Grascien traduit par le P. sj de la Houssaye, le droit et les usages des peuples hurons et iroquois. 


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 14:25

      @Et hop !
      Et ne tombons pas dans le réflexe franchouillard selon lequel, à la limite, les Américains seraient de parfaits incultes et les Français la crème de la culture. Ces caricatures sont exagérées.


    • mursili mursili 23 avril 2021 17:24

      @Et hop !

      En fait, je me suis trompé de bouton. Je voulais répondre par une question à JP94 qui affirmait :

      Traduire de l’anglais est un bien curieux métier de nos jours, puisque tous les bons livres écrits en anglais ont été écrits et qu’il n’en paraîtra pas de nouveaux.

      Puisque selon lui plus aucun bon livre ne sera écrit en anglais, je voulais savoir si de bons livres seront encore écrits dans d’autres langues et si oui, lesquelles ?

      Ma question concerne l’avenir, les ouvrages qui ne sont pas encore écrits.


  • Pauline pas Bismutée 22 avril 2021 04:22

    Il y a aussi de totales aberrations : quand on est de nationalité française, les diplômes obtenus à l’étranger en anglais (après études en anglais donc) ne sont pas acceptés en France. Mais ils veulent que les français parlent anglais ?. Les français vraiment bilingues et qualifiés, on les trouve donc à l’étranger.

    De toute manière, les Chinois apprennent maintenant l’anglais, et les Asiatiques apprennent l anglais et le chinois.

    Ce siècle sera chinois, c’est comme ça, et c’est bien fait pour notre tronche, on a été nuls.


  • devphil30 devphil30 22 avril 2021 05:58

    L’omniprésence de la langue anglaise est une colonisation de l’esprit conduisant à la colonisation de la nation.

    Qu’est ce qui a été fait par les pays colonisations et notamment la France ?

    Imposer leur langue 

    Nous n’en sommes pas là mais nous en prenons le chemin

    Allez traduire des mots comme camping , camping car, jet set et une autre multitude comme l’a fait remarqué l’auteur , parfois nous devons réfléchir pour trouver l’équivalent en Français ....

    N’est ce pas inquiétant ?

    Personnellement , j’évite ces mots anglais qui n’ont pas cours dans notre langue

    Pourquoi pas mettre des mots d’autres langues ?

    Des mots Chinois , Iraniens ou même Russes ...ce serait amusant , non c’est vrai la Russie n’est pas un pays bien pour les anglo saxons sauf peut être pour ses ressources naturelles

    Nous sommes colonisés par la culture américaines et personnellement je ne suis pas adepte de leur pensée , mode de vie et mode de gouvernance


    • mursili mursili 23 avril 2021 17:29

      @devphil30

      Le problème n’est pas nouveau et le Parlez-vous franglais ? d’Étiemble date de 1964.
      Depuis, l’envahissement n’a fait que croître et embellir.
      Il serait intéressant de savoir si certaines expressions dénoncées par Étiemble n’ont pas déjà disparu du vocabulaire à la mode, en raison de leur obsolescence.
      Comme disait Dali, la mode, c’est ce qui se démode.


  • Decouz 22 avril 2021 10:50

    A noter qu’au Viet-Nam, langue de structure différente et qui utilisait les caractères chinois, la langue a été romanisée.

    Apprendre avec les caractères chinois, il fallait dix ans, quelques années avec les lettres latines.

    Cette option n’a pas été retenue en Chine, ni au Japon, il y a plusieurs raisons, par ex la poésie se sert de l’aspect graphique, l’attachement à un héritage culturel, mais aussi comme au Japon, il y trop de mots qui ne se distinguent que par la forme écrite. On a surtout cherché à réduire le nombre de traits en simplifiant les figures (sauf à Hong Kong, Singapour, Taïwan, Macao) mais la forme générale se reconnait facilement.


    • mursili mursili 22 avril 2021 12:35

      @Decouz

      Vous connaissez certainement l’histoire du poète mangeur de lion dans son repaire de pierre racontée par Chao Yuen Ren. Il s’agit d’un poème composé uniquement avec la syllabe « shi » en jouant sur ses nombreuses significations. Pour s’en tenir au seul premier vers qui s’écrit

      Shíshì shīshì Shī Shì, shì shī, shì shí shí shī
      en transcription pinyin et
      石室詩士施氏,嗜獅,誓食十獅
      ou 石室诗士施氏,嗜狮,誓食十狮
      en caractères chinois.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Po%C3%A8te_mangeur_de_lions_dans_son_repaire_de_pierre

      La langue française compte aussi de nombreux cas d’homophonie et son orthographe si critiquée pour ses complications sert aussi à cela, distinguer les homophones.


    • Decouz 22 avril 2021 13:43

      @mursili
       shìshíshàng zhè shì zhēnde

      « en vérité ceci est vrai »,


    • mursili mursili 22 avril 2021 13:58

      @Decouz

      事实上这是真的 ! 

      J’ai bon ?
      Bon, d’accord, c’est de la frime, je ne connais pas le chinois. Disons seulement que le traducteur Google peut déjà rendre quelques services...


    • Pauline pas Bismutée 22 avril 2021 18:18

      @mursili

      A noter qu’au Viet-Nam, langue de structure différente et qui utilisait les caractères chinois, la langue a été romanisée.

      Comme le turc, qui est passé des caractères arabes a ’nos’ caractères.
      Il faut vraiment admirer ces populations, ça n’a pas du (pas l’accent) être facile !


    • babelouest babelouest 23 avril 2021 11:43

      @Decouz pourtant le chinois s’est énormément modernisé, avec le recours au Pinyin : en revanche à Taiwan, qui a été séparée de la métropole avant cette réforme importante, on utilise toujours le vieux mandarin : deux de frères de mon gendre y vivent, et ce n’est vraiment pas facile !


  • simir simir 22 avril 2021 12:52

    Les commentateurs tv sont d’une nullité incommensurable.

    Je regarde souvent l’athlétisme et il y a deux compétitions aux Etats Unis d’Amérique.

    L’une se passe à Eugene que ces gogols prononcent Ioudgine (désolé pour la phonétique) et l’autre est à Des Moines et là ils prononcent à la française alors qu’en anglais ce serait Dessemoïnce.

    Alors c’est tout l’un ou tout l’autre et choisir sa prononciation en fonction de la difficulté c’est prouver son ignorance.

    Et c’est la même chose pour FBI et CIA. Cette dernière est toujours prononcée en français au contraire de FBI


    • Pale Rider Pale Rider 22 avril 2021 14:57

      @simir
      Et dit-on le « émisis » ou le « èmaïsix » ? (MI6)
      Et la Citroën Ami 6 ou « Friend 6 » ? smiley


    • Fergus Fergus 22 avril 2021 19:17

      Bonsoir, simir

      Que voilà des observations justes ! Mille fois, je me suis agacé de ces prononciations à géométrie variable des noms propres.

      Agaçante également en athlétisme cette forme de snobisme qui pousse à prononcer certains noms à la yankee. Exemple : quand Montel se gargarise de Diveurzzz pour Devers. 


    • simir simir 23 avril 2021 18:44

      @Pale Rider
      L’Ami 6.... Pas exportée aux EU mais en général on ne traduit pas le nom des voitures.
      On peut seulement le changer selon le pays.
      C’est ainsi que l’Express était nommé Rapid en Allemagne et les R5 Alpine étaient des R5 Gordini en Angleterre.


    • simir simir 23 avril 2021 18:48

      @Fergus
      Bonjour Fergus,
      On est au moins deux connaisseurs !


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 18:48

      @simir
      Mais vous oubliez la « Four-O-three Pougeot » de Columbo ! smiley J’en ai eu une (berline), plus ancienne que la sienne, avec laquelle j’ai fait un nombre de bornes considérable malgré son âge avancé à l’époque.
      Les Américains avaient surnommé la 404 « the Indestructible », ce qui était assez bien vu. Les cascadeurs qui traversaient des DS au volant de ces chars d’assaut en ressortaient intacts. Bon, fin de la parenthèse...


  • mursili mursili 22 avril 2021 14:20

    Vous avez raison mais on est quand même obligé de tenir compte des usages qui se sont installés. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours entendu FBI prononcé ef bi aï et CIA cé i a .

    Dans certains pays les journalistes font un effort pour prononcer approximativement les noms étrangers comme ils se prononcent dans la langue d’origine. C’est beaucoup plus rare en France, où l’on considère sans doute l’usage de l’alphabet pour d’autres sons que ceux du français comme une anomalie, presque un crime de lèse-majesté.

    Sinon, les Américains prononcent Des Moines « di moïn » .

    Pour Eugene voici une chanson de Dua Lipa, vous allez adorer...
    https://www.youtube.com/watch?v=T3B2j_sutQs


    • Pale Rider Pale Rider 22 avril 2021 14:54

      @mursili
      Il y a pire que ça. Quand les journalistes français, même spécialistes de musique, parlent par exemple de Columbia Records, ils prononcent systématiquement « riqodz » alors que c’est, sans exception, « réqôôdz ».
      Quant à Eugene, pensez à (ré)écouter le fabuleux « Careful with that Axe, Eugene ». C’est dans Ummaguma.


    • Pale Rider Pale Rider 22 avril 2021 15:04

      @TOUS : Cliquez sur « écouter » au début de l’article : la jeune dame synthétique se débrouille assez admirablement, y compris avec les mots en anglais. C’est impressionnant.
      Sa prononciation de « Macron » semble me donner raison... smiley


    • mursili mursili 22 avril 2021 15:45

      @Pale Rider

      Je n’y manquerai pas. De Pink Floyd j’aime surtout The Nile Song dans l’album More.
      https://www.youtube.com/watch?v=MduQlWUoyhI

      Sinon j’admire beaucoup Larkin Poe (Rebecca et Megan Lovell). Que pensez-vous de leur reprise de I Wish You Were There ?
      https://www.youtube.com/watch?v=kZApH4XknUc


    • Pale Rider Pale Rider 22 avril 2021 16:41

      @mursili
      Merci pour les deux liens.
      La reprise de Larkin Poe est très honorable. Et cette partie de guitare, sublime. Dans la veine de « Comfortably Numb », quelques années plus tard...
      Vous connaissez la chanson géniale que Gilmour a construite autour de l’exaspérante ritournelle de la SNCF ?


    • mursili mursili 22 avril 2021 18:55

      @Pale Rider

      Je ne connaissais pas Rattle that Lock, je la découvre grâce à vous. La vidéo vaut aussi le coup d’œil.


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 09:16

      @mursili
      Oui, tout à fait. Les esprits grincheux disent que c’est commercial. C’est vrai que Gilmour applique ses recettes éprouvées, mais qu’importe dès lors qu’elles sont excellentes ?


    • simir simir 23 avril 2021 18:55

      @mursili
      Connaissait pas Dua Lipa mais oui j’apprécie


  • Decouz 22 avril 2021 15:05

    On m’a dit que les traducteurs de livres techniques et professionnels avaient des rémunérations plus élevées que les traducteurs de romans.

    C’est vrai ou c’est selon ?


    • Pale Rider Pale Rider 22 avril 2021 15:10

      @Decouz
      Il semble que le juridique et le commercial (et sans doute aussi le technique) soient mieux payés.
      En tous cas, le littéraire, ou le philosophique, ça paye mal. Et ça, je le sais d’expérience, me préparant à avoir une retraite misérable quand je la prendrai plus tard que l’âge légal. Ma consolation, c’est que mon boulot m’intéresse. Comme Edith Piaf, je ne regrette rien.


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 22 avril 2021 21:39

    « Invasion of Europe »

    J’ai pas inventé l’expression ..

    Mais, heureusement, il y a encore quelques résistants bien tranquilles dans votre historique pays

    Malheureusement, la colonisation n’est pas que linguistique. Bof, que le troupeau soit sous la domination de bill gates ou de bob-dit-l’âne, de la bande d’artistes amateurs qui gouvernent ou du bordel de Bruxelles, who cares ?


  • Aristide Aristide 23 avril 2021 09:33

    S’il est évident que quelques abus sont commis dans ce domaine, ils ne constituent à mon sens que les signes d’un abandon qui touche un domaine bien plus grave : les idées.

    Il nous vient des Etats-Unis un nombre effarants de concepts qui nous étaient complètement étrangers tellement ancrés dans cette société malade de sa violence, du racisme endémique, des inégalités, ...

    Du concept de racialisation à celui de la déconstruction de l’histoire, ... rien ne manque actuellement dans le répertoire d’une gauche qui a abandonné l’universalisme au profit d’une mise en avant de toutes les minorités. 

    Après on peut ergoter sur la prononciation des noms propres ou des sigles en anglais, on peut même se plaindre de cet abus d’utilisation de mots anglais quand existe le mot en français, mais tout de même : est-ce là l’essentiel de la lutte à mener ? Je n’en suis pas sûr !

    Et j’ai bien peur que la focalisation des esprits sur le sujet de la langue empêche de voir le véritable danger : si j’ai cité le domaine des idées politiques et sociales, on pourrait tout aussi bien constater que cette contamination sévit dans le domaine culturel et intellectuel.


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 09:40

      @Aristide
      La langue modèle la culture et l’identité. On ne pense pas en anglais tout à fait comme on pense en français, en allemand, en grec, en italien, en espagnol. Je le vois dans mon travail où, pour ne prendre qu’un exemple, le mot anglais loss est extrêmement difficile à traduire suivant son contexte. De plus en plus, je suis obligé de dépasser le dictionnaire.
      J’ai parlé du pragmatisme de la langue anglaise. ça se retrouve dans nos pratiques. Les Français sont très doués pour inventer des choses (comme la carte à puce), mais ce sont les Américains qui les commercialisent, qui en font des brevets, etc.
      On pourrait les aider à philosopher (certains Américains nous le demandent !), et eux pourraient nous aider à être plus concrets. Ce n’est qu’un exemple...


    • Aristide Aristide 23 avril 2021 10:15

      @Pale Rider

      Vous vous méprenez si vous croyez que je mésestime l’importance de la langue sur la culture et l’identité. J’ai essayé de faire passer l’idée que les difficultés que rencontre notre pays vis à vis de l’influence des Etats-Unis sur notre société ne se limitaient pas à cette dimension linguistique, aussi importante soit-elle.

      Notre modèle social universaliste est en danger face à cet afflux sans aucune retenue de tous les concepts venus de cette société malade que sont les Etats-Unis. 


    • Pale Rider Pale Rider 23 avril 2021 10:42

      @Aristide
      Vous vous méprenez sur ma supposée méprise ; au contraire, j’abondais dans votre sens et je souscris aussi à ce que vous venez d’ajouter. Merci. smiley


  • AmonBra QAmonBra 23 avril 2021 10:03

    Merci @ l’auteur pour le partage.

    Colonialisme linguistique ?

    C’est bien plus grave que cela, « l’anglisation » de notre bonne et belle langue françoise n’est qu’un des symptômes les plus visibles de « l’anglo-$ionnisation » des esprits.

    En matière d’infantilisation et d’abêtissement, le citoyen lambda français, comme tous les occidentaux et autres affidés, n’aura bientôt plus aucun motif de railler son alter égo U$ !

    Ou comment par un long, méthodique et discret conditionnement des peuples, en favorisant et jouant essentiellement sur leur ignorance, on efface lentement mais surement leurs différences culturelles, historiques et surtout nationales, phase cruciale visée de longue date.

    D’ailleurs et déjà, la France n’existe formellement plus comme nation, mais cela ne semble pas offusquer, ni même déranger grand monde. . .


  • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 24 avril 2021 18:51

    ’’En anglais, tout ce qui n’est pas homme ou femme est au neutre (sous l’influence suédoise, nous finirons par être tous neutralisés).’’

     

    Grande différence : les adjectifs et pronoms possessifs ne s’accordent pas avec l’objet mais avec le sujet : « Her son » pour le fils de la reine, « His daughter » pour la fille du roi.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 24 avril 2021 19:59

      @Philippe Huysmans, Complotologue
       
        Les adjectifs possessifs sont : my, your, her, his, its, our, their.
       
        her book = son livre (lorsque le possesseur est de sexe féminin : emploi de « her » devant le nom commun)



    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 24 avril 2021 20:01

      @Philippe Huysmans, Complotologue

       n
       ps. Il est inutile d’être désagréable. Sauf si l’on a une bonne raison. Quelle est la vôtre ?


    • Pauline pas Bismutée 24 avril 2021 20:30

      @Francis, agnotologue

      Oui mais les adjectifs eux mêmes ne s’accordent pas (ils sont invariables)
      my book is new, her book is new, our books are new, etc...


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 24 avril 2021 20:38

      @Pauline pas Bismutée
       
       Le malentendu vient du sens donné ici au verbe « accorder ».
       
      J’aurais peut-être dû dire « est lié », ou bien « est choisi » en accord avec, en fonction du possédant et non pas du possédé.
       
      Huysmans est coutumier des bagarres sur des queues de cerises.


    • Pauline pas Bismutée 24 avril 2021 21:10

      @Francis, agnotologue

      Effectivement, vous vous êtes mal exprimé et vous êtes un peu mélangé les pédales......ça arrive !
      Philippe est des fois un peu dur... je crois qu’il ne souffre pas les approximations et les inexactitudes...


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 24 avril 2021 23:11

      @Pauline pas Bismutée
       
      ’’Philippe est des fois un peu dur... je crois qu’il ne souffre pas les approximations et les inexactitudes...

      ’’
       
       Pfiou ! On va où, là ?
       

       


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 24 avril 2021 23:11

      @Philippe Huysmans, Complotologue
       
       ’’Si vous n’aviez pas ramené votre fraise, je n’aurais pas insisté’’
       
      Vous devriez relire la séquence, à tête reposée. Je suis sûr que vous comprendrez, si vous faites un effort.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 25 avril 2021 07:42

      Le diagnostic de « caractériel » n’étant pas contesté, on me demande de justifier celui de "terroriste ?

       Je pense que cette simple phrase rapportée suffira : ’’ Si tu permets on en reste là, sinon tu vas vraiment passer un très mauvais quart d’heure.’’

       

      Bref, ni le sens ni la forme de mon propos n’étant en cause, seule la bêtise du prétentieux agressif et insultant qui s’obstine à le contester pourrait à mon avis, expliquer ce débordement.


    • Pale Rider Pale Rider 25 avril 2021 12:26

      @Philippe Huysmans, Complotologue
      C’est exactement l’inverse !


  • mursili mursili 25 avril 2021 19:51

    C’est un peu navrant de voir les gens se chamailler pour des broutilles. Je propose, afin d’apaiser les esprits, d’interpréter les adjectifs possessifs de l’anglais comme des génitifs de pronoms personnels :

    his = de lui (of him)

    her = d’elle (of her)


    • mursili mursili 25 avril 2021 23:42

      @mursili

      + its = of it (neutre)


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 26 avril 2021 07:36

      @mursili
       bonjour,
       
      ’’ C’est un peu navrant de voir les gens se chamailler pour des broutilles.’’

       
      J’ai dit ça sur un autre fil et c’est ce qui m’a valu cette agression que vous appelez chamaillerie. Une rancune : dans la théorie du Triangle de Karpman on appelle ça un « timbre ».
       
      Belle interprétation de ’his’ et ’her’ que vous proposez là, et qui vaut surtout pour les enseignants et les apprenants. Si j’ai cité cette particularité, c’est parce que je n’en ai pris conscience que très tard, bien après l’école. Tout le monde n’a pas le don des langues.

      Je pense que beaucoup d’anglophones commettent la même erreur, dans l’autre sens. Certains le font peut-être sciemment.
       


    • mursili mursili 27 avril 2021 07:30

      @Francis, agnotologue

      Vous voulez dire « son femme » et « sa mari » ?

      Sans compter que le genre des noms français n’est pas toujours facile à déterminer.

      Cela me rappelle une très vieille blague : c’est l’Anglais qui dit au Français
      « Oh regarde, le mouche ! »
      Le Français le reprend : « la mouche »
      L’Anglais : « quelle vue ! »
       


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