vendredi 28 septembre 2007 - par Clad

Défendons l’anglais !

Ces dernières décennies, les attaques contre la langue anglaise se multiplient. Même sur internet, où la communication à l’échelle internationale est rendue plus facile que jamais grâce à l’anglais, les messages, parfois haineux, contre ce merveilleux outil de communication pullulent (voir notes de fin d’article pour quelques exemples). J’entends, par cet article, répondre aux principales critiques formulées à l’encontre de la langue qui défia l’homme qui défia Babel.

Pas plus tard qu’hier, j’ai traîné dans les rues de Southampton (Royaume-Uni) avec une Canadienne, une Allemande et une Hollandaise. Il y a quelques années, nous combattions et craignions les Germains, aujourd’hui, grâce à cette compréhension que permet l’anglais, langue quasi universelle, je n’avais pas d’autre ambition que de trouver un salon de thé pour discuter littérature. Est-ce que ce n’est pas littéralement merveilleux  ? Est-ce que ce n’est pas la meilleure plaidoirie pour l’humanité que l’on puisse imaginer ? Existe-t-il meilleur motif de fierté en tant que race ?

Et pourtant, il se trouve, et ils sont nombreux, de ces aigris pour y trouver à redire. Les plus ridicules d’entre eux sont probablement les espéranteux, dont l’unique argument peut se résumer à : "Ouin, c’est pas juste, ça favorise ces salauds d’Anglais/Américains  !" Contentons-nous poliment de parler d’ironie, en songeant à la vocation originelle de l’espéranto : une meilleure compréhension, tolérance et acceptation entre les peuples. Le brave dentiste utopique à l’origine de l’espéranto doit se retourner dans sa tombe. Enfin, gageons qu’il aurait au moins la satisfaction de voir que son rêve s’est finalement concretisé, l’anglais ayant juste remplacé l’espéranto.

L’autre grand argument que l’on peut entendre, c’est : "Si chacun parle la même langue, il n’y aura plus de différentiation régionale, plus de spécificités culturelles, tout sera uniforme." Le lien de causalité est loin d’être évident : Allez donc dire à un Ecossais ou un Irlandais qu’ils sont similaire à un Anglais. Je vous conseille de vous tenir à bonne distance, et d’avoir quelques dispositions à la course à pied. Ca marche aussi en France : un Breton ressemble-t-il tant à un Provençal ? Et un Alsacien, est-il plus proche d’un Parisien ou d’un Munichois ?

Et puis quoi, chacun doit-il rester enfermé dans sa culture jusqu’à la fin des temps ? Il est évident que lorsque deux cultures apprennent à se connaître, elles s’interpénètrent avec le temps (si j’ai de la chance, je pourrais le prouver avec l’Allemande dont je parlais plus haut). Faut-il considérer ça comme une pollution des cultures existantes et cesser immédiatement tout contact intercommunautaire ? Drôle de façon de penser.

Il y a aussi cet argument qui consiste à dire qu’en dehors des pays anglophones, nous parlons un sous-anglais, un "global english". Foutaises ! Déjà, il faudrait commencer par comprendre que "en dehors des pays anglophones", ça n’est pas synonyme de "la France". Il y a tout un tas de pays moins conservateurs au niveau de la langue, comme les pays nordiques où une grande partie de la population parle couramment un anglais parfait. Et par "parfait", j’entends : "un anglophone natif pourrait parler des heures avec un Norvégien sans se rendre compte qu’il n’a pas lui-même l’anglais comme langue maternelle". Mais même en France, et malgré tous les efforts de certaines vieilles barbiches pour freiner autant qu’elles le peuvent l’ennemi linguistique, l’anglais de notre génération (j’entends par là "les acnéïques") n’est pas si mauvais. Vous savez à combien d’exemplaires le dernier Harry Potter (non traduit) s’est vendu cet été ? D’après Asp Explorer (à qui j’ai repompé ce point), 200 000. Plus qu’un Goncourt. Et pourtant il s’adresse principalement aux enfants, même s’il a acquis une certaine popularité chez les jeunes adultes. Quelqu’un oserait-il dire que Harry Potter est écrit en globish  ?

Toujours dans l’optique de réfuter cet argument du sous-anglais simplifié : je suis actuellement en Angleterre grâce à un programme d’échange universitaire européen (merci l’UE !), je n’ai reçu aucune formation linguistique spécifique avant mon départ, on pourrait tout au plus parler d’une curiosité certaine envers la culture britannique, mais à part ça je pense être raisonnablement représentatif du niveau d’anglais moyen de ma génération. Et pourtant, je communique très bien avec les locaux. Evidemment mon anglais n’est pas parfait, et des questions comme "Which country are you from ?" "Are you french ?" (ou, tout aussi souvent "Are you german ?") finissent toujours par tomber. Mais tout de même, je n’ai aucun problème à suivre des cours magistraux ou à aller au théâtre/cinéma. Je ne doute pas que le globish soit, dans certains milieux, une réalité (il aurait été difficile qu’il en soit autrement, coincée qu’est cette pauvre langue entre les efforts français pour freiner le développement de l’anglais et sa nécéssité en pratique dans beaucoup de domaines), mais ce problème est restreint à des groupes globalement peu importants, et qui le seront de moins en moins au fur et à mesure que l’anglais se répandra. A partir de notre génération en tout cas, je suis certain que nous sommes épargnés par le phénomène.

Je reste emerveillé par ce que l’anglais permet d’accomplir en termes de compréhension, de partage, de coopération entre les peuples, et je suis favorable à la diffusion la plus large possible de cette langue. (Ou d’une autre remarquez, mais aujourd’hui c’est avec l’anglais qu’il reste le moins de travail à faire pour obtenir une vraie langue mondiale). Et tout autant que je suis émerveillé, je suis également consterné par les réactions de rejet engendrées.


Voir aussi :



519 réactions


  • vendredi 9 novembre 2007 18:49

    La vraie question est : Faut-il continuer à miser sur un cheval boîteux ?

    Voir : http://leap2020.eu/Quelles-langues-parleront-les-Europeens-en-2025-Tendances-lourdes-des-nouveaux-equilibres-linguistiques-dans-l-UE-d-ici_a1033.html :

    « La fin de l’Anglo-Américain comme langue hégémonique de la modernité »

    Et pourtant, on n’a pas ménagé les moyens pour que l’anglais arrive à cette position dominante, et même écrasante. Que l’on ait le courage de faire les comptes !


  • osef osef 17 novembre 2007 20:52

    Je pense qu’on pourrait résumer le débat à un niveau très simple : les espérantocrates maîtrisent l’espéranto mieux que l’anglais, c’est pourquoi ils préféreraient voir l’espéranto en lieu et place de l’anglais sur la scène internationale. Logique. Pour cela, il faut prendre quelques raccourcis :

    - Affirmer que la facilité intrinsèque d’une langue a une importance majeure dans l’apprentissage de ladite langue.

    - Affirmer que l’espéranto est neutre politiquement (ce qui n’est possible que grâce au nombre limité d’espérantophones.)

    - Affirmer que l’espéranto est une langue parfaitement claire, simple, élégante et internationale - ce qu’elle n’est pas, de un parce que c’est impossible, de deux parce qu’elle a des défauts ( http://www.xibalba.demon.co.uk/jbr/ranto )

    - Supposer qu’il n’y aurait aucune disparité d’aptitudes entre les locuteurs dans un monde espérantophonisé (c’est Kroko qui me l’avait sortie, celle-là).

    Avec en prime, une tactique assez savoureuse, qui consiste à argumenter pour les langues internationales lorsqu’on veut promouvoir l’espéranto, tout en argumentant contre les langues internationales lorsqu’on veut attaquer l’anglais. La contradiction ne semble poser aucun problème.


    • Hermes esperantulo 25 novembre 2007 01:17

      on peut aussi faire dan l’autre sens les anglolatres maitrisent et encore c’est un bien grand mot l’anglais et ne voulant rester qu’a l’air des dinosaures, disent que tout doit rester ainsi, donc une inertie permanente, hors le monde évolue et les esperantistes tous mêmes seuls qui maitrisent l’angalis comme les natifs disent tous leur preference à l’esperanto, le reste d’analyse n’est malheureusment que du prejugé par meconnaissance du sujet

      bien à vous

      remarque signalons que beaucoup d’anglolatres ne proposent comme alterne à la mediocrité des connaissnace en anglais que d’apprendre encore plus l’anglais donc autant que tout le monde parle anglais des la naissance et interdisons à tout le monde de parler autre chose que l’anglais


    • Henri Masson 25 novembre 2007 20:34

      Les « espérantocrates », ça n’existe que dans la tête d’osef. Les « crates » appartiennent au pouvoir établi : bureaucrates, technocrates, eurocrates, autocrates, ploutocrates... La plus grande pétition de l’histoire, à l’époque où elle a été remise au secrétariat de l’Onu, le 2 août 1950, concernait justement l’espéranto, et c’est précisément par la bureaucratie de cette organisation qu’elle été jetée aux oubliettes.

      Nulle part au monde il n’y a des espérantistes ou espérantophones détenant une once de pouvoir : « kratos » = force, pouvoir. Ce serait donc bien la première fois que l’on reconnaîtrait à l’espéranto une force et un pouvoir alors que c’est à qui fera croire qu’il est inexistant (souvenons-nous du soutien inconditionnel d’Asp Explorer à Pierre Bénichou qui, sur « Europe 1 » avait qualifié l’espéranto non seulement de « merde », mais dit en plus que personne ne le parlait !). Ainsi, certains ne se sentent pas gênés d’asséner que l’espéranto n’est parlé que par une poignée de gens, puis d’affirmer qu’il existe un groupe de pression (« lobby ») espérantiste !

      Dans l’histoire de l’espéranto, il y a eu un président de la république locuteur de cette langue, donc quelqu’un qui n’était pas totalement dénué, sinon de pouvoir, du moins d’influence. Il s’agit de Franz Jonas. Il fut maire de Vienne, puis président de la république d’Autriche, réélu. Or, Franz Jonas avait ainsi mis en garde les espérantistes à l’occasion du Congrès Universel d’Espéranto de Vienne (1970) : « (...) C’est pourquoi les espérantistes de notre temps doivent penser en réalistes, ils doivent recruter plus et par de nouveaux moyens. Ils doivent s’adresser surtout à la jeunesse, à toutes les personnes intéressées, et aussi à tous ceux qui sont responsables du bien-être des peuples et des États. Et puisque j’ai moi-même acquis beaucoup d’expérience à ce propos, je vous préviens : n’attendez pas trop et n’exigez pas trop des fonctionnaires officiels, mais fiez-vous à votre propre force ! Si le mouvement pour l’espéranto est fort, les institutions officielles reconnaîtront son importance et sa signification.(...) »


    • osef osef 27 novembre 2007 19:39

      Espérantocrate est effectivement mal choisi, je l’ai emprunté à un autre participant plus haut... Le problème c’est que quand je dis « espérantiste », on perd toujours trois posts pour préciser que je parle non pas des espérantophones, mais bien des gens comme toi.

      Notons que t’as quand même mis 25 lignes pour corriger un mot, et que dans ces 25 lignes t’as réussi à faire mention de l’ONU, du congrès universel de Vienne, de Pierre Bénichou et d’Asp Explorer.

      « il n’y a derrière l’espéranto aucun pouvoir étatique, politique, religieux, financier. »

      On pourrait contester cette neutralité totale, la langue restant plus axée sur le continent européen, mais passons. Disons qu’elle est effectivement neutre pour l’instant : espérons que ça dure. Mais c’est là qu’intervient le problème du nombre : si révolution il y a et que l’espéranto remplace effectivement l’anglais, cette révolution ne pourra pas se produire partout simultanément et au même degré. Elle se teintera forcément de quelques préférences, ne serait-ce que d’une touche d’anti-anglophonie (ça commence déjà à fleurir ici, alors que le nombre est encore très limité). « Le pays de l’espéranto » ne sera « le monde entier » que tant que ça reste du domaine théorique.

      Personne n’a jamais prétendu que l’anglais était une langue culturellement neutre. Un post entier (28 lignes) pour soutenir une évidence pareille... Enfin bon.

      Un des points de discorde principaux a toujours été : « l’espéranto est-il suffisamment supérieur à l’anglais pour justifier un chamboulement du monde ? » Et sur le sujet, on risque pas de s’entendre, pour la raison simple que j’énonçais au départ.

      « En ce qui concerne une »disparité d’aptitudes« , celle autrement plus criante qui existe avec l’anglais ne semble pas poser de problème à osef. »

      N’importe quelle langue entraîne des disparités entre ses locuteurs (même natifs...), sauf si lesdits locuteurs sont des clones. Alors non, qu’une chose parfaitement naturelle et inévitable se produise, ça ne me gêne pas plus que ça, effectivement.

      « Les espérantistes n’argumentent pas pour »les« langues internationales, mais pour celle qu’ils estiment être la plus adéquate. »

      ...ce qui revient au même. Peut-être que c’est dans ma tête que pour défendre l’application d’« une langue internationale particulière », il faut défendre « l’application d’une langue internationale » en tant que concept. Oui, non ?

      On recommence : quand tu parles de disparité entre les locuteurs, ce n’est pas un argument contre l’anglais, c’est un argument contre n’importe quelle langue internationale (d’ailleurs sur ce point précis, c’est un argument contre le langage en général...). Placer dans le même argumentaire des arguments anti-concept de langue internationale et des arguments pro-espéranto, c’est illogique. Mais après tout, toute cette logique doit être superflue...

      Ensuite paragraphe sur l’anglais facile, complètement hors-sujet d’une part parce que je n’en ai pas parlé ici, d’autre part parce que j’ai toujours présenté cette facilité comme n’ayant aucun rapport avec la linguistique mais avec des faits connexes (par exemple, il est plus facile de trouver de la motivation pour apprendre l’anglais que pour apprendre le xhosa. Il est plus facile de trouver des cours d’anglais que des cours de xhosa. Il est plus facile de pratiquer son anglais que de pratiquer son xhosa. Etc...) Tu soulèves au passage le problème d’écrire l’anglais, qui est lié à ma guerilla personnelle contre l’alphabet latin, selon moi totalement inadapté à décrire les langues actuelles. Mais c’est un autre débat, nous avons mieux à faire ici.

      Autre erreur, penser que les élèves réticents consacreraient moins d’efforts à apprendre l’espéranto que l’anglais.

      Et on arrive plus ou moins au bout. Le post n’était pas construit et n’avait aucune logique d’ensemble. On voit bien que ton but était d’assommer par la taille de sorte que je ne réponde pas. Désolé, j’avais du temps à perdre.


    • Hermes esperantulo 28 novembre 2007 13:58

      vous savez osef, courtoisement, je pense aussi qu’une certaine facon de procédé fait monté la moutarde au nez surtout quand elle se repete frequement, masson bien qu’il mette une tardine, au moins va bien plus loin que le commentaire et je prefer largement un bon commentaire qu’un commentaire aspien ou il manque une quantité importante d’information et de reflexion, remarque au moins en repondant on peut faire largemetn faire une tartine quand toutes les deux lignes se trouve une contre vérité

      bien a vous


    • Henri Masson 29 novembre 2007 19:28

      « Désolé, j’avais du temps à perdre », nous dit osef en conclusion. Ça se voit, et c’est bien par cette phrase qu’il fallait commencer. Ceci n’empêche pas d’avoir des doutes sur sa « désolation »...

      « Espérantocrate est effectivement mal choisi, je l’ai emprunté à un autre participant plus haut... Le problème c’est que quand je dis »espérantiste« , on perd toujours trois posts pour préciser que je parle non pas des espérantophones, mais bien des gens comme toi. »

      Si vraiment j’étais un « espérantocrate », il y a longtemps que l’on aurait cherché à se débarrasser de moi dans les associations dans lesquelles je joue un rôle. Or, chaque fois que quelqu’un n’était plus disponible pour une fonction, c’est vers Masson que se tournaient les regards jusqu’au jour où j’ai fait savoir qu’il fallait chercher ailleurs. Donc c’est une affirmation gratuite d’un individu qui ne doit pas savoir ce que c’est que de donner beaucoup de soi-même.

      « Notons que t’as quand même mis 25 lignes pour corriger un mot, et que dans ces 25 lignes t’as réussi à faire mention de l’ONU, du congrès universel de Vienne, de Pierre Bénichou et d’Asp Explorer. »

      Voilà le genre de réflexion qui montre comment un ignare cherche à s’en sortir quand il ne sait rien et ne veut rien savoir ni comprendre. L’espéranto, qui doit tout au bénévolat, a été et reste l’une des victimes de la bureaucratie, entre autres celle de l’Onu, celle de Bruxelles et j’en passe, et ceci aux frais des contribuables.

      HM « il n’y a derrière l’espéranto aucun pouvoir étatique, politique, religieux, financier. »

      « On pourrait contester cette neutralité totale, la langue restant plus axée sur le continent européen, mais passons. Disons qu’elle est effectivement neutre pour l’instant : espérons que ça dure. Mais c’est là qu’intervient le problème du nombre : si révolution il y a et que l’espéranto remplace effectivement l’anglais, cette révolution ne pourra pas se produire partout simultanément et au même degré. Elle se teintera forcément de quelques préférences, ne serait-ce que d’une touche d’anti-anglophonie (ça commence déjà à fleurir ici, alors que le nombre est encore très limité). »Le pays de l’espéranto« ne sera »le monde entier« que tant que ça reste du domaine théorique. »

      Le centre de gravité de l’espéranto évolue vers un rééquilibrage. S’il est vrai qu’il est plus important par le nombre en Europe, il est par contre bien plus jeune sur les autres continents. Actuellement, ce n’est pas l’UE qui l’utilise concrètement, mais la Chine — et elle ne fait pas semblant — par exemple Radio Chine Internationale http://esperanto.cri.cn/ , le Centre d’Information Internet de Chine : http://esperanto.china.org.cn/
      La neutralité totale est impossible car elle exigerait une langue totalement inventée, sans rapport avec quelque langue vivante que ce soit, « faite de toutes pièces » comme disent certains, ce qui n’est pas le cas de l’espéranto. De telles tentatives ont eu lieu et ont débouché sur un échec total (voir « La recherche de la langue parfaite », Umberto Eco, Seuil, 1994).

      « Personne n’a jamais prétendu que l’anglais était une langue culturellement neutre. Un post entier (28 lignes) pour soutenir une évidence pareille... Enfin bon. »

      Alors pourquoi rabâcher que l’espéranto n’est pas neutre alors qu’il l’est infiniment plus que l’anglais ? Si l’on avait choisi le Deutsche Mark comme nom de monnaie de l’Europe, il y aurait eu des protestations tous-azimuts pour dénoncer ce fait, or, la non-neutralité de l’anglais est autrement plus lourde de conséquences, car il n’y a qu’un seul pays de l’UE — celui qui joue le moins le jeu de la coopération — pour en profiter. Rappelons en passant que le nom « Euro » est dû à un enseignant espérantiste belge d’Ostende, Germain Pirlot. Faut-il rappeler les constatations déjà citées du British Council à propos de l’anglais plus profitable que le pétrole de la Mer du Nord ? Aucun pays ne peut prétendre pouvoir tirer plus de profit de l’espéranto que les autres d’une façon aussi scandaleuse et inéquitable.

      « Un des points de discorde principaux a toujours été : »l’espéranto est-il suffisamment supérieur à l’anglais pour justifier un chamboulement du monde ?« Et sur le sujet, on risque pas de s’entendre, pour la raison simple que j’énonçais au départ. »

      Pour le savoir, ce n’est pas à des gens qui n’ont pas fait la comparaison de ce qu’ils savaient comprendre et exprimer au bout d’un temps donné dans une langue donnée, en l’occurence l’anglais d’une part, et l’espéranto d’autre part, qu’il faut le demander. Il y a assez de gens de diverses origines linguistiques qui peuvent témoigner d’une telle expérience, d’un tel vécu. J’ai déjà cité les cas du professeur Robert Molimard, d’un ingénieur d’aéronautique canadien, d’un étudiant japonais, mais, comme adhérent d’associations de travailleurs espérantistes, je sais très bien que des gens exerçant des professions moins intellectuelles se tirent bien mieux d’affaire en espéranto que dans des langues nationales. En outre, toute personne qui voit avec quelle rapidité un enfant assimile les principes de base de l’espéranto, l’aptitude à compter, etc., et qui compare ça avec la difficulté d’apprentissage de sa propre langue, se rend vite compte que ceux qui contestent cette rapidité d’acquisition marchent à côté de leurs pompes ou sont de mauvaise foi. Est-ce que ce n’est pas déjà « chambouler le monde » que de le contraindre à apprendre une langue qui exige de cinq à dix fois plus de temps (donc d’argent) et d’efforts que nécessaire ? D’amener des parents coréens à faire subir à leurs enfants une opération chirurgicale afin qu’ils puissent mieux prononcer l’anglais ?

      HM « En ce qui concerne une »disparité d’aptitudes« , celle autrement plus criante qui existe avec l’anglais ne semble pas poser de problème à osef. »

      "N’importe quelle langue entraîne des disparités entre ses locuteurs (même natifs...), sauf si lesdits locuteurs sont des clones. Alors non, qu’une chose parfaitement naturelle et inévitable se produise, ça ne me gêne pas plus que ça, effectivement.

      Le seul moyen d’éviter toute disparité de façon radicale est d’adopter une langue totalement inventée, sans relation avec quelque langue vivante que ce soit, et même morte, comme le latin et le grec ancien. Or, comme je l’ai écrit plus haut, la recherche de la langue parfaite, même si ce n’est pas exactement dans ce sens, ne mène à rien d’autre qu’à l’échec.

      HM « Les espérantistes n’argumentent pas pour »les« langues internationales, mais pour celle qu’ils estiment être la plus adéquate. »

      ...ce qui revient au même. Peut-être que c’est dans ma tête que pour défendre l’application d’« une langue internationale particulière », il faut défendre « l’application d’une langue internationale » en tant que concept. Oui, non ?

      Les langues « internationales », dans le vocabulaire de ceux qui mènent le monde, ce sont les langues dites « grandes » ayant un passé colonial telles que l’anglais, l’espagnol, le français. Pour eux, l’espéranto n’en fait même pas partie. Or, ce sont avant tout des langues NATIONALES dans lesquelles ne sont réellement à l’aise que les natifs et une minuscule frange privilégiée d’autres pays qui a eu les moyens de séjourner longuement dans les pays où ces langues sont parlées.

      On recommence : quand tu parles de disparité entre les locuteurs, ce n’est pas un argument contre l’anglais, c’est un argument contre n’importe quelle langue internationale (d’ailleurs sur ce point précis, c’est un argument contre le langage en général...). Placer dans le même argumentaire des arguments anti-concept de langue internationale et des arguments pro-espéranto, c’est illogique. Mais après tout, toute cette logique doit être superflue...

      Il y en a qui ont la comprenoire difficile ! Il existe, comme je l’ai expliqué, divers niveaux de disparité, et l’espéranto représente le plus faible possible.

      « Ensuite paragraphe sur l’anglais facile, complètement hors-sujet d’une part parce que je n’en ai pas parlé ici, d’autre part parce que j’ai toujours présenté cette facilité comme n’ayant aucun rapport avec la linguistique mais avec des faits connexes (par exemple, il est plus facile de trouver de la motivation pour apprendre l’anglais que pour apprendre le xhosa. Il est plus facile de trouver des cours d’anglais que des cours de xhosa. Il est plus facile de pratiquer son anglais que de pratiquer son xhosa. Etc...) Tu soulèves au passage le problème d’écrire l’anglais, qui est lié à ma guerilla personnelle contre l’alphabet latin, selon moi totalement inadapté à décrire les langues actuelles. Mais c’est un autre débat, nous avons mieux à faire ici. »

      Parler de l’anglais comme étant hors-sujet, c’est se libérer à bon compte de ce qui motive et justifie la recherche d’une alternative.

      « Autre erreur, penser que les élèves réticents consacreraient moins d’efforts à apprendre l’espéranto que l’anglais ».

      Même si l’inverse peut exister (ça peut dépendre du contexte social, familial ou d’autres facteurs), l’espéranto est de loin plus attrayant du fait qu’il est naturellement ludique, ce qui n’est pas le cas de l’anglais pour lequel les enseignants en sont réduits à faire des pitreries pour le rendre attrayant. Le fait d’enseigner l’anglais de façon ludique, comme ça se fait souvent, n’a rien à voir avec ça. La motivation joue un rôle important pour toutes les langues, qu’elles soient faciles ou non. La facilité reconnue de l’espéranto, par rapport aux autres langues, est un facteur motivant ; l’idéal dont il est porteur peut aussi un facteur motivant pour certains, mais pas pour d’autres. Le fait que l’anglais soit répandu et que la population baigne dans un environnement surimprégné d’anglais est aussi un facteur motivant. Il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en jeu pour quelque langue que ce soit. À propos de motivation, l’espéranto peut-être motivant et même stimulant non seulement pour lui-même, mais aussi pour les autres langues, comme a pu le constater le professeur Mario Pei (Univ. de Columbia) : "Ne voulant pas le moins du monde atténuer la valeur des autres langues actuellement enseignées, je pense que l’enseignement de l’espéranto aux degrés élémentaires présente plusieurs avantages : il a été prouvé expérimentalement que l’espéranto constitue un excellent pont pour l’étude des autres langues, car grâce à sa simplicité de structure et de vocabulaire il brise la résistance initiale de l’élève moyen unilingue. Il renforce en même temps son vocabulaire de mots étrangers et crée chez l’enfant une confiance en sa propre capacité d’étudier et d’assimiler des langues étrangères.“. Cet état de fait a maintes fois été constaté et mentionné entre autres par le grand pédagogue Pierre Bovet.

      « Et on arrive plus ou moins au bout. Le post n’était pas construit et n’avait aucune logique d’ensemble. On voit bien que ton but était d’assommer par la taille de sorte que je ne réponde pas. Désolé, j’avais du temps à perdre. »

      Oui, comme je l’ai déjà écrit, c’est par là qu’il fallait commencer : du temps à perdre.


  • Henri Masson 25 novembre 2007 20:34

    Même Tito, qui n’était pas un exemple de démocratie, et qui avait appris l’espéranto en prison, avait dit : « L’espéranto doit être introduit dans les écoles, non point par un décret d’en haut, mais par l’exigence consciente de l’opinion publique informée, par conséquent depuis la base, d’une manière vraiment démocratique. » Or, les espérantistes travaillent précisément pour développer cette prise de conscience, pour que les gens ne se comportent plus en moutons de Panurge face à la question linguistique. osef :
    "Affirmer que la facilité intrinsèque d’une langue a une importance majeure dans l’apprentissage de ladite langue.
    Affirmer que l’espéranto est neutre politiquement (ce qui n’est possible que grâce au nombre limité d’espérantophones.)
    Affirmer que l’espéranto est une langue parfaitement claire, simple, élégante et internationale - ce qu’elle n’est pas, de un parce que c’est impossible, de deux parce qu’elle a des défauts (http://www.xibalba.demon.co.uk...)
    Supposer qu’il n’y aurait aucune disparité d’aptitudes entre les locuteurs dans un monde espérantophonisé (c’est Kroko qui me l’avait sortie, celle-là).
    Avec en prime, une tactique assez savoureuse, qui consiste à argumenter pour les langues internationales lorsqu’on veut promouvoir l’espéranto, tout en argumentant contre les langues internationales lorsqu’on veut attaquer l’anglais. La contradiction ne semble poser aucun problème.
    " La facilité (relative, facilité par rapport aux autres langues) n’est qu’un des atouts de l’espéranto. Même chose pour sa neutralité : il n’y a derrière l’espéranto aucun pouvoir étatique, politique, religieux, financier. À comparer avec l’anglais :

    Rapport annuel du British Council 1968-1969, p. 12 : « Il y a un élément de commercialité dissimulé dans chaque professeur, livre, revue, film, programme télévisé, de langue anglaise envoyés au delà des mers. Si alors nous sommes en train de tirer un avantage politique, commercial et culturel de l’usage mondial de l’anglais, que faisons-nous pour maintenir cette position ? ».

    Margaret Thatcher (à l’Université de Stanford, 19 juillet 2000) : « Au XXIème siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon ».

    David Rothkopf, directeur général du cabinet de consultants Kissinger Associates, conseiller de l’administration Clinton (« In Praise of Cultural Imperialism ? », 1997) : "Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais.


  • Henri Masson 25 novembre 2007 20:36

    Alastair Pennycook (Univ. de Sidney, Australie, http://expertguide.com.au/ !ProfessorAlastairPennycook !_3723.aspx ) a publié des livres introuvables en pays non anglophones (heureusement qu’il y a Amazon.fr !). Et pour cause ! Ils traitent d’un sujet tabou : la remise en question de l’anglais. L’un est intitulé « The Cultural Politics of English as an International Language » (La politique culturelle de l’anglais en tant que langue internationale. Londres : Longman, 1994) et l’autre « English and the discourses of Colonialism » (L’anglais et le discours colonialiste. Londres : Routledge, 1998). Pennycook s’est rendu compte d’un aspect sur lequel les usagers de l’espéranto n’ont jamais cessé de chercher à attirer l’attention : l’anglais n’est pas une langue culturellement et politiquement neutre : « Son enseignement [de l’anglais] tend à établir, à maintenir et renforcer une influence de type colonial sur la société qui en est la cible, et cela à l’insu des professeurs d’anglais qui n’ont pas plus d’ambition que de faire leur travail et de gagner leur vie. »

    Un homme dont la valeur a été largement reconnue aux Pays-Bas, le premier ministre néerlandais Willem Drees, s’était lui aussi exprimé sur la question de neutralité : « Nous devons enfin avoir une langue commune pour l’utilisation internationale et, aussi séduisante que puisse paraître l’idée de choisir pour cette langue internationale l’une de celles qui sont déjà parlées par des centaines de millions d’hommes, je suis malgré tout convaincu qu’une langue neutre comme l’espéranto — devant laquelle tous les hommes se trouvent égaux en droits - est préférable. »

    Il semble utile de rappeler aussi cet extrait de la Déclaration de Boulogne adoptée le 7 août 1905 à Boulogne-sur-Mer à l’occasion du premier congrès universel d’espéranto (§1) : « L’espérantisme est l’effort pour répandre dans le monde entier l’usage d’une langue humaine neutre qui, sans s’immiscer dans les affaires intérieures des peuples et sans viser le moins du monde à éliminer les langues nationales existantes, donnerait aux hommes des diverses nations la possibilité de se comprendre ; qui pourrait servir de langue de conciliation au sein des institutions des pays où diverses nationalités sont en conflit linguistique ; et dans laquelle pourraient être publiées les oeuvres qui ont un égal intérêt pour tous les peuples. Toute autre idée ou aspiration que tel ou tel espérantiste associe à l’espérantisme est son affaire purement privée, dont l’espérantisme n’est pas responsable. »


  • Henri Masson 25 novembre 2007 20:37

    A propos de cette neutralité, Zamenhof avait lui-même dit : « Nous ne sommes pas aussi naïfs que certains l’imaginent. Nous ne croyons pas qu’une base neutre transformera les hommes en anges ; nous savons parfaitement que les mauvais resteront mauvais, mais nous pensons que le fait de se connaître et de communiquer sur des bases neutres pourra éliminer la plus grande partie de ces crimes, de ces actes inhumains qui ne sont pas causés par une réelle méchanceté, mais simplement par une méconnaissance réciproque et par la volonté de se dominer les uns les autres. » (2ème Congrès Universel d’Espéranto, Genève, 1906)

    Grand journaliste au Monde, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz avait écrit : « La faute originelle du système — ne pas avoir choisi en 1946 une langue universelle « neutre », qui aurait pu être l’espéranto, enseignée dans toutes les écoles et seul langage à être utilisé par les Nations unies et ses agences spécialisées comme l’UNESCO, — a condamné celle-ci, avec ses deux langues de travail (français, anglais) et quatre autres idiomes officiels (espagnol, arabe, russe, chinois) sans parler de celles des cent soixante et un États-membres à entretenir en permanence une armée de traducteurs et d’interprètes représentant officiellement une dépense annuelle d’environ 10 millions de dollars. Malgré cela, le 26 octobre 1983, jour de l’inauguration, en présence du président Mitterrand, de la XXIIe Conférence générale de l’organisation, à Paris, le seul ordre du jour automatiquement distribué à la presse était en anglais... » (« Le Monde », 18 janvier 1984 : « La crise de l’UNESCO »).

    Député européen, Jean-Pierre Bebear avait lui aussi compris l’importance de la neutralité pour une langue internationale : « Je suis très attentif depuis de nombreuses années à la grave question de la multiplicité des langues au sein de l’Union Européenne. Je suis, quant à moi, tout à fait favorable à une étude sérieuse concernant l’espéranto en vue d’une utilisation plus large dans tous les domaines de la vie européenne. Je suis convaincu, qu’une fois clairement établi le coût, l’espéranto par son caractère neutre peut permettre de jouer efficacement le rôle de dénominateur commun entre Européens. »


  • Henri Masson 25 novembre 2007 20:39

    De même que José Happart, président du Parlement wallon : « L’espéranto devrait être un moyen efficace de communication entre les peuples de la Future Europe. Dans tous les domaines, une langue neutre, logique et fonctionnelle serait un atout appréciable pour l’Europe. Il serait toutefois souhaitable que son apprentissage soit adopté dès le début de l’enseignement primaire. Estimant que l’espéranto est la solution aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, vous pouvez compter sur mon appui total pour le défendre. »

    Il y aurait beaucoup d’autres exemples. Or, c’est justement à cause de cette neutralité que Gilles de Robien, quand il était ministre de l’Éducation nationale, avait rejeté toute idée de l’admettre dans l’enseignement : « Or, en raison de ses caractéristiques de langue neutre, dépourvue de supports littéraires, historiques ou géographiques présents dans d’autres langues classiques ou vernaculaires, l’espéranto ne peut offrir cette approche culturelle et sociétale indissociable de la connaissance d’une langue vivante. » (sic !) Quand un ministre, qui plus est de l’Éducation nationale, sur la base d’une telle méconnaisance du dossier « espéranto », l’exclut pour un tel motif, il y a lieu de se poser des questions sur les véritables intentions du pouvoir qui, depuis déjà longtemps, favorise un glissement vers un tout-anglais hypocritement dissimulé sous le nom de « connaissance de plusieurs langues étrangères ».

    Nul n’a prétendu que l’espéranto était parfait. Et, s’il est vrai qu’une langue parfaite est impossible (ce que n’ignorent pas les espérantistes : le livre du professeur Umberto Eco « La recherche de la langue parfaite » — éd. Seuil — a été traduit et publié en espéranto), rien ne doit empêcher d’effectuer des expériences et de comparer les résultats atteints avec l’espéranto et avec tous les palliatifs adoptés jusqu’à maintenant pour permettre le dialogue et les échanges entre les peuples de langues différentes. Voir à ce sujet : « Communication linguistique : Étude comparative faite sur le terrain », par Claude Piron http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/etudesurterrain.htm .

    De telles comparaisons et expériences ont donc été faites, mais la déraison d’État a conduit à ne pas en tenir compte. Il est toujours apparu que, pour le rôle de langue internationale, l’espéranto est sans nul doute moins imparfait, et de loin, que les langues nationales, quelles qu’elles soient. Son seul handicap, parfaitement surmontable et nullement définitif, compensable par la rapidité des formations qu’il permet, réside dans le nombre de ses locuteurs et dans l’étendue de ses applications par rapport à ce qui existe pour les langues dites « grandes » : ils n’étaient que deux en 1887, Zamenhof et son épouse, et les estimations actuelles tournent autour de trois millions. Voir « L’espéranto au présent » : http://www.esperanto-sat.info/article13.h


    • Henri Masson 25 novembre 2007 20:40

      À une époque où l’on nous ressort à chaque instant les mots « équité », « démocratie », « développement durable », il faut bien reconnaître que c’est la loi (et la langue) du plus fort et du gaspilleur qui l’emporte.

      En ce qui concerne une « disparité d’aptitudes », celle autrement plus criante qui existe avec l’anglais ne semble pas poser de problème à osef. Aux yeux d’osef , il n’y a aucun problème de disparité quand des parents coréens en sont réduits à faire inciser chirurgicalement le frein de la langue de leurs enfants pour que celle-ci soit plus libre et plus souple pour prononcer correctement l’anglais : « Los Angeles Times » 31/03/2002 : « Some in S. Korea Opt for a Trim When English Trips the TongueAsia : Parents are turning to specialty preschool and even surgery to give their children a linguistic advantage. » (Barbara Demick)

      Quand les pays du Tiers monde sont contraints de payer des séjours linguistiques à leurs étudiants dans les pays anglophones les plus puissants et se voient par la suite privés de leurs meilleurs cerveaux, ce déséquilibre ne frappe pas ceux qui critiquent l’espéranto en le prétendant « trop occidental », comme si l’anglais ne l’était pas. Le pays de l’espéranto, c’est le monde entier ; cette langue est au même titre le bien de tous et n’est la propriété de personne en particulier. C’est aussi en cela qu’elle est neutre. L’anglais appartient en premier lieu à des pays qui ne représentent que 4,84% de l’humanité (natifs) : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/

      Les problèmes soulevés par l’anglais comme langue internationale sont tellement nombreux qu’il y aurait matière à écrire un énorme ouvrage. Il en existe qui traitent déjà divers aspects, entre autres :

      EN « Linguistic imperialism ». Robert Philippson. Oxford : Oxford University Press. 1992.
      EN « English-Only Europe ? ». Robert Phillipson. London : Routledge. 2003.
      EO « Ĉu nur-angla Eŭropo ? ». Robert Phillipson. Rotterdam : UEA. 2004 .
      EN « The Cultural Politics of English as an International Language ». Alastair Pennycook. London : Longman. 1994.
      EN « English and the discourses of Colonialism ». Alastair Pennycook. London : Routledge. 1998.
      FR « Le défi des langues ». Claude Piron. Paris : L’Harmattan. 1994.
      FR « La mise en place des monopoles du savoir ». Charles Durand. Paris : L’Harmattan. 2002.
      FR « La nouvelle guerre contre l’intelligence ». Charles Durand. Paris : François Xavier de Guibert. 3 vol., 2002-2003.


    • Henri Masson 25 novembre 2007 20:41

      Les espérantistes n’argumentent pas pour « les » langues internationales, mais pour celle qu’ils estiment être la plus adéquate. Il se peut que des adeptes d’autres tentatives de langues internationales avortées argumentent pour « les » langues internationales, surtout pour se faire remarquer, mais les espérantistes n’ont rien à voir là-dedans. Là encore, c’est dans la tête d’osef que ça se passe et c’est dans la tête d’osef qu’il y a des problèmes.

      Le grand linguiste André Martinet s’était exprimé sur la question et n’avait considéré que deux candidats sérieux : « Le problème d’une langue de communication internationale se présente actuellement comme un conflit entre une langue planifiée, l’espéranto, au sujet de laquelle on sait qu’elle fonctionne de façon satisfaisante pour ses utilisateurs, et une langue nationale hégémonique qui, comme nous le savons tous, est l’anglais. » Voir aussi la conférence de Charles Durand à Göteborg, 26 juillet 2003 : http://www.langue-francaise.org/Articles_Dossiers/Dos_Charles_Durand_Goteborg.php

      Les résultats d’une enquête effectuée à l’Université de Hanovre, en Allemagne, font apparaître que, parmi les étudiants qui avaient appris l’anglais durant huit à dix ans, un pour cent seulement pouvait être classé comme « maîtrisant très bien l’anglais », et seulement quatre pour cent comme « le maîtrisant bien ». Source : http://www.sueddeutsche.de/app/jobkarriere/unijob/Uni_Job.pdf (« Uni&Job », supplément au quotidien « Süddeutsche Zeitung », 21 Octobre 2006, p. 20] : « Man spricht Deutsch »). Et pourtant, les natifs germanophones sont favorisés par l’appartenance de leur langue à la même famille que l’anglais.

      Donc, alors que ça ne touche que l’enseignement supérieur, il apparaît que 95% des étudiants n’ont pas la maîtrise réelle de la langue dont on nous rabâche que tout le monde la parle. Que dire du reste de la population ? Ainsi, alors que les anglophones natifs ne représentent même pas 5% de l’humanité (ce pourcentage était de 8 voici quelques années, mais l’évolution démographique mondiale entraîne un déclin de l’anglais parmi les langues les plus parlées de la planète ; même évolution aux États-Unis), certains veulent faire entrer tout le monde dans ce jeu truqué, notamment les Alain Minck, les Jean-Marie Colombani (celui qui avait proclamé « Nous sommes tous Américains ! » après le 11 septembre 2001), et j’en passe..


    • Henri Masson 25 novembre 2007 20:41

      C’est plutôt drôle d’entendre des non natifs anglophones affirmer que l’anglais est facile alors que Charles Dickens, l’un des plus grands écrivains anglophones, avait dit«  : »La difficulté d’écrire l’anglais m’est extrêmement ennuyeuse. Ah, mon Dieu ! si l’on pouvait toujours écrire cette belle langue de France !« . Il ne pouvait certes se douter que Colette (1873-1954) écrirait plus tard : »C’est une langue bien difficile que le français. A peine écrit-on depuis quarante-cinq ans qu’on commence à s’en apercevoir«  !... Charles Durand, l’auteur de »La mise en place des monopoles du savoir« , qui a vécu près d’un quart de siècles aux États-Unis, au Canada et au Japon, a écrit à juste titre : »L’anglais est donc la langue la plus facile à mal parler et cela se vérifie dans presque tous les pays du monde où l’anglais est largement utilisé avec les étrangers qui ne connaissent pas la langue du pays" (p. 43).

      L’anglais pose des problèmes même en pays anglophones : c’est chez eux que l’on trouve le taux le plus élevé de dyslexiques (la dyslexie a été décrite pour la première fois par un... Anglais !). Et il existe une Fondation britannique pour la simplification de l’orthographe : la Simplified Spelling Society (SSS). Pendant que des non-anglophones proclament la « facilité » de l’anglais, la SSS ose souligner des problèmes de lecture et d’écriture : « Il ne faut que deux ans aux Italiens tandis que les Britanniques peuvent y consacrer jusqu’à 12 ans. » « ... la moitié des anglophones du monde entier peinent à écrire l’anglais. », « 12 ans pour apprendre à lire et à écrire dans sa langue parentale... l’anglais. » Son directeur, John Gledhill, écrit : « Les enfants d’autres pays européens apprennent à lire et à écrire beaucoup plus vite que les petits Britanniques ».

      Les ministères de l’Éducation, en France comme partout dans le monde non anglophone, mettent donc la charrue devant les boeufs en matière d’enseignement des langues : au lieu d’enseigner en premier une langue à la fois logique et ludique, qui ne provoque pas d’inhibitions, ils poussent aveuglément à l’enseignement de l’anglais au point d’asphyxier celui d’autres langues qui ont une importance à l’échelle mondiale et au détriment d’autres matières. Ce comportement ubuesque conduit à rendre l’anglais toujours plus indispensable, toujours plus incontournable. Quand une langue absorbe tant d’efforts et de temps, ce sont les autres matières qui en pâtissent. Dans de telles conditions, à part pour une petite frange de la population, le plurilinguisme est illusoire. Professeur au Collège de France, auteur de « Les langues dans l’Europe nouvelle (Paris : Payot, 1918), André Meillet avait écrit : »Si l’apprentissage des langues étrangères est poussé à fond de manière à profiter à l’esprit, il demande un temps immense. S’il est superficiel, il n’apporte rien à la culture intellectuelle." Or ça fait 101 ans cette année que, par une lettre du 3 septembre 1906, le professeur Théophile Cart (1855-1931), polyglotte, licencié de grec et de latin, agrégé en langues modernes, lecteur à l’Université d’Uppsala, en Suède (1891-1892) puis professeur au Lycée Henri IV (1892-1921) et à l’École des Sciences Politiques à partir de 1893, avait attiré l’attention du ministre de l’Instruction Publique sur le problème. Extrait :

      Le malaise résultant d’un tel état de choses est si réel, qu’on s’efforce d’y apporter remède, en tous pays, par la place, de plus en plus grande, qu’on réserve, dans l’enseignement public, aux langues vivantes, alors que, d’autre part, la somme des connaissances générales qu’il convient d’acquérir, va, elle aussi, en augmentant. Il n’y a aucune témérité à prédire que la solution par l’étude des langues étrangères, toujours plus nombreuses et mieux apprises, aboutira à la faillite. Vainement on s’efforce de la retarder par de fréquents remaniements de méthodes. Elle est fatale, parce que la mémoire a ses limites. Le nombre de personnes capables d’apprendre ‘pratiquement’ deux ou trois langues étrangères, avec tant d’autres choses, en outre est infime ; or c’est à un nombre d’hommes continuellement croissant qu’il importe de communiquer avec des nations de langues différentes, de plus en plus nombreuses.


    • Henri Masson 25 novembre 2007 20:42

      Un autre atout de l’espéranto est sa valeur comme enseignement préparatoire (propédeutique). Mais là encore, comme pour l’énergie solaire ou éolienne, ce n’est pas le gouvernement français qui encouragera la recherche, l’innovation, une démarche pionnière. Tant pis : ce sont des Anglais qui ont lancé une campagne sous le nom de « Sprinboard to Language » avec l’espéranto comme « Tremplin aux langues » : http://www.springboard2languages.org/home.htm ...

      Il n’est donc pas exagéré de retourner leur leitmotiv à ceux qui parlent de l’espéranto comme d’un « échec ». Le Globish est une confirmation, un aveu de l’échec de l’anglais dans le rôle de langue internationale. Le Globish, l’anglais basique, c’est le choix de l’infériorité. Dans ce cas, le mot « langue » ne convient pas. Contrairement à ce que voudrait faire croire Robien, une culture s’est bel et bien développée autour de l’espéranto et tout autour du monde, et le fait de se boucher les oreilles et les yeux n’y changera rien.

      Voilà où l’on en est : contraindre la plus grande partie de la population mondiale, surtout les jeunes, à consacrer 5 à 10 fois plus d’efforts et de temps que nécessaire, d’argent aussi, à détourner un temps considérable de l’approfondissement des connaissances professionnelles, des recherches, et aussi des loisirs. Et ceci alors qu’il existe l’alternative espéranto dont l’efficacité a été démontrée.

      Des scientifiques et des spécialistes hautement qualifiés dans divers domaines l’ont utilisé, par ex. Gustav Ramstedt (FI), Odo Bujwid (PL), Hyppolite Sebert, (FR), Joseph Thomson (GB, Cambridge, Prix Nobel), René de Saussure (CH), Adolf Schmidt (DE), Wilhelm Förster (DE), Aimé Cotton (FR), Edward Vermilye-Huntington (Harvard, US), Paul Neergaard (DK), Carl Støp-Bowitz (NO), Géza Bárczi (HU), Tibor Sekelj (HR), Eugen Wüster (AT), Linus Pauling (US, Prix Nobel de chimie), Paul Ariste (EE), Jonas Dagys (LV), Fujio Egami (JP), Seiho Nishi (JP), Ye Laishi (CN), Ivo Lapenna (GB, originaire de Croatie)...

      Aujourd’hui, on trouve l’Académie Internationale des Sciences de Saint Marin (AIS : http://www.ais-sanmarino.org/ ) dont la principale langue de travail est l’espéranto. Ce qui est à souligner, c’est qu’il serait difficile, sinon impossible, de trouver des scientifiques espérantistes ayant appris cette langue dans le cadre de l’enseignement officiel, par exemple Reinhard Selten http://fr.wikipedia.org/wiki/Reinhard_Selten (DE, prix Nobel de sciences économiques 1994), Claude Roux http://lichenologue.org/fr/qui/qui.php (FR), Fabrizio Pennacchietti http://eo.wikipedia.org/wiki/Fabrizio_Pennacchietti (IT) ; John C. Wells http://www.phon.ucl.ac.uk/home/wells/ (GB), Bruce A. Sherwood http://www4.ncsu.edu/ basherwo/ (US)...

      Certains se réjouissent de voir l’anglais apporter enfin une « solution » aux méfaits de Babel, mais ce n’est qu’une pseudo solution ; le remède n’apporte pas moins de méfaits que le mal à combattre. C’est une « solution » qui coûte de cinq à dix fois plus cher qu’elle ne vaut et qui engloutit une part excessive du budget de l’éducation et de la recherche de tous les pays non-anglophones, soit plus de 95% de la population mondiale. N’est-il pas temps de se réveiller ?

      Académicien, philosophe, historien des Sciences, professeur à Paris 1 (Sorbonne), Michel Serres a enseigné aussi à l’Université de Stanford, là-même où Margaret Thatcher a dit « Au XXIème siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon. » Or, le professeur Michel Serres a dit à plusieurs reprises, non sans raison, qu’il y a aujourd’hui plus d’inscriptions en anglais sur les murs de Paris qu’il n’y en avait en allemand durant l’occupation nazie. Il avait même déclaré à « L’Est Républicain » (26 décembre 1993), à propos du problème de défense de la langue française : « Tout cela est notre faute mais ça peut se réformer très vite. Il suffit que le peuple qui parle français se révolte contre ses décideurs. Moi, je suis du peuple, ma langue est celle des pauvres. J’invite les pauvres à se révolter contre ceux qui les obligent à ne rien comprendre. » Inviter le peuple à la révolte sans rien proposer de concret pour résoudre le problème de la nécessité largement reconnue d’une langue internationale, c’est l’inviter au casse-pipe gratuit.


  • elisabeth 17 août 2008 16:40

    Vous devrez avoir honte de défendre l’anglais, l’anglais est la langue qui ne convient pas à la communication internationale, dangereuse dans l’aviation puisqu’elle cause des accidents, incidents d’avions ; un professeur d’anglais est conscient que cette langue compliquée ne peut pas convenir car trop compliquée pour tout le monde, la meilleure solution pour l’Europe et le monde est l’Esperanto, langue facile pour tout le monde permettant une communication facile, j’utilise l’Esperanto depuis 40 ans, j’ai été à un congrès mondial à Rotterdam, j’ai pu communiquer facilement avec 78 nationalités différentes représentées au Congrès, j’ai pratiqué en Inde, au Brésil, à Cuba, en Italie, en Angleterre, aux USA, au Canada, en Hollande, en Allemagne, en Pologne, en Russie, en Grèce sur un pied d’égalité, de fraternité, bande d’imbéciles qui défendent l’anglais ne connaissent pas l’Esperanto l’anglais ne fait pas tomber les barrières linguistiques puisque rares sont ceux qui le maîtrisent  ; informez-vous sur l’Esperanto, le succès qu’il a en Chine, au Japon et ailleurs, reconnu d’utilité publique au Brésil ; que de dire des bêtises, l’anglais n’est pas un merveilleux outil de ocmmunication, c’est le plus mauvais et ceux qui le défendent, ca ne vaut rien sinon cela ne ferait pas autant de morts, l’anglais tue.


  • Sylvie et Nicolas Sylvie et Nicolas 17 août 2008 16:47

    Appliquons la démocratie au langage et à l’échelle planétaire : parlons Chinois !!!! 


  • christie 9 décembre 2008 12:36

    Mais pourquoi défendre autant l’anglais !!!

    Le Francais est une langue magnifique (en plus les anglais ils ont une patate chaude dans la bouche ^^) il faut avouer que l’accent anglais et que la langue en elle même n’est pas très jolie a l’écrit comme à l’oral.

    De plus la langue anglaise nous envahis, tout ces mots anglais dans notre langue partout il y en a partout on en vois partout on en est écouré et lassé parce que c’est trop maintenant il faut parler anglais couramment si tu veut réussir (parle anglais et tu trouvera plus facillement un travail ...blablabla) Depuis la 6ieme on nous apprends l’anglais et c’est pour autant qu’on arrive a le parler couramment a retinir les verbes irréguliers ou autre nan je pense que c’est inutile il faudrait favorisé une autre langue, une plus jolie au moins on prendrait goût à l’apprendre !!!

    j’essaye d’éviter tous ces mots anglais dans la langue franciase mais bon ce n’est évident il y en a tellement partout... smiley


  • christie 9 décembre 2008 13:44

    De plus, les Anglais en sont bien fiers maintenant, mais ce que l’on ne dit pas c’est que nous, certes nous devont apprendre l’anglais mais eux ne font aucun efforts pour essayer de parler notre langue (ou une autre).

    Quand un anglais voyage dans un pays étrangers, il ne dira aucun mot étrangers il parlera anglais hé oui !! parce que Monsieur l’Anglais pense que tout le monde parle l’ anglais alors il te demandera un renseignement en anglais évidemment même s’il se trouve en Italie, en France, en Allemagne...

    C’est d’ailleurs souvent ce qui arrive quand tu va faire un tour en ville et que tu croise un anglais il te dit tout en anglais (meme sil se trouve en France) et puis alors il n’essayera pas de parler doucemment oui parce monsieur estime que les étrangers doivent parler sa langue.
    Non mais bientôt on va devoir parler tous anglais et oublier notre langue natal. ET PUIS QUOI ENCORE..... !!!!


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