lundi 21 septembre 2009 - par armand

Ramadan à Stamboul - nostalgies ottomanes ?

Sous les portraits souriants du photogénique Mustafa Demir, maire du district de Fatih (qui comprend le centre historique d’Istanbul), une véritable kermesse du Ramadan se tient sur l’antique Hippodrome depuis bientôt un mois. Deux rangées d’une centaine d’étals, logés dans des répliques en carton-pâte de mosquées façon Aladin de Disney, proposent repas d’Iftar, patisseries, glaces, sorbets à l’ancienne, thés, cafés turcs. Prix modérés pour les repas complets (chorba, ragoût, dessert, boisson), plus tapés pour le café qu’on prépare sur la braise. Au centre de la place, des dizaines de tables de camping en bois ainsi que les pelouses sont déjà prises d’assaut par les milliers de piqueniqueurs. Sur les estrades se produisent des musiciens soufis en fez et en veste noire, des récitateurs de Coran, des derviches tourneurs. Depuis quelques années, en effet, l’emblématique danseuse du ventre, reléguée aux boîtes de nuits louches d’Aksaray, a été détrônée par le derviche. Le derviche, lui, est partout, cafés, restaurants ; on en oublierait même que sa danse, le semah, étant une véritable cérémonie religieuse, c’est un peu comme si on appréciait une bonne messe en latin entre la poire et le fromage... En tout cas, les Turcs n’y voient aucun inconvénient, se pressant par milliers, joyeux, d’excellente humeur dans ce véritable mélange de bazar et de fête foraine. Une foule nombreuse et compacte, où l’on guetterait en vain la moindre bousculade, le moindre accrochage. Rien à voir avec nos Champs Elysées ou Champ de Mars, en proie aux déprédations alcoolisées dès que tombe la nuit. Une sono bien réglée, ni trop forte, ni trop faible, remplit d’une musique d’ambiance orientale les intervalles entre les concerts. Depuis l’hémicycle byzantin qui borne ce vaste terrain au nord, la fanfare des Janissaires, vêtus de leurs uniformes chamarrés et coiffés de leurs célèbres bonnets blancs, remplit la nuit de leurs percussions, cuivres, voix martiales, interprétant des marches militaires que la foule reprend en connaisseuse. Naguère il fallait se déplacer jusqu’au Musée de l’Armée et s’engouffrer dans un sombre amphithéâtre pour les écouter.

D’autres irruptions plus insolites et aléatoires surviennent comme si elles ne provenaient pas d’un programme de festivités établi à l’avance, mais, plutôt, comme si le tissu du temps, usé par endroits, laissait passer au travers de ses déchirures des scènes d’un passé trop récent encore pour sentir la reconstitution. On entend un roulement de tambours et voici tout un détachement de pompiers ottomans, en tunique blanche, coiffés du fez rouge, qui fend la foule en traînant sa pompe à eau. On croise de charmants couples, elle, en robe de couleur pastel à falbalas, lui, en complet veston noir, coiffé de ce fez, ou tarbouche, jadis proscrit par Atatürk et relégué aux accessoires de fakir, qui fait un come-back remarqué – y compris sur la tête d’un acrobate monté sur échasses qui parcourt la foule, tutoyant l’obélisque pharaonique témoin de tant de siècles meurtriers depuis que Constantin l’a arraché à sa terre natale pour le planter au centre de sa nouvelle capitale. Notons l’ironie qui veut que l’on arbore en signe d’une Turquie traditionnelle le couvre-chef que les modernisateurs du XIXe siècle avaient inventé pour remplacer le turban.

Et c’est là sans doute l’ambiguité de cette kermesse qui, exubérante à souhait, déborde largement les limites de l’At-Maidan (hippodrome) pour occuper en force les jardins fleuris qui s’étendent entre la Mosquée bleue et Aghia Sophia. La foule festive n’est animée d’aucune crispation rigoriste. Certains n’attendent pas l’heure fatidique pour rompre le jeûne – pour autant qu’ils l’aient jamais intégralement observé. Le puissant appel à la prière lancé du haut des minarets de la mosquée impériale (les muezzins d’une telle mosquée-cathédrale sont certainement triés sur le volet – celui de la prière du matin est un ténor dont la voix peut faire monter des larmes aux yeux, me rappelant le vers d’Iqbal, « l’appel du matin me remue au plus profond de mon être ») n’entraîne aucune ruée sur la salle de prières. Mais il est indéniable que pour l’essentiel la foule qui se presse là, souvent venue de loin en s’entassant dans les wagons du tramway ou en provoquant d’immenses embouteillages avec l’équivalent de nos « cathomobiles » n’est pas la même que celle qui fréquente les meyhane, ou bars à vin et restaurants chics d’Asmalimescit, de l’autre côté du Pont de Galata. Dans ce sens, remonter le « tünel » qui relie en cinq minutes la place de Karaköy et la grande rue de Péra c’est passer d’une Turquie à une autre. Partisans des partis laïques, buveurs de raki, contre forcenés de l’et mangal (l’emblématique barbecue familial de la Turquie populaire) votant AKP ? Dans la foule de l’hippodrome beaucoup de foulards (la mode cette année c’est le motif printanier et fleuri ; il y a deux ans le rouge écarlate et satiné prédominait), même une quantité non-négligeable de tcharchafs noirs à l’ancienne, l’équivalent turc du tchador iranien. Mais aussi beaucoup de femmes « en cheveux ». Une écrivaine peu suspecte de complaisance envers l’intégrisme, l’étonnante Elif Safak, nous explique que toutes ces tendances peuvent coexister harmonieusement dans la même famille. Quand il y a effectivement le choix. La vraie interrogation est peut-être ailleurs.

Dans cette joyeuse kermesse qui, faut-il le rappeler, est un phénomène récent, lancé délibérément par la municipalité AKP, le portrait d’Atatürk se fait rare. Il est vrai que l’inlassable référence au père fondateur de la Turquie moderne avec son cortège de défilés martiaux et la reproduction à l’infini de ce noble visage, tantôt sévère, tantôt bienveillant, a pu confiner la nation turque et la maintenir dans un culte de la personnalité stérile. La Turquie ne se limite pas à Atatürk, tout comme la France ne se limite pas à 1789. Or cette Turquie traditionnelle qui semble faire son retour n’est pas celle de Soliman et de Roxelane, à vrai dire assez lointaine pour ne jamais être passée de mode, mais celle de la Belle époque, avec robes à froufrous à peine complétées d’une voilette pour les Hanums de bonne société et tarbouche, chapelet, canne et costume noir de belle coupe pour les Beys-Effendis ; où l’on jeûne, certes, mais pour mieux apprécier les plaisirs de la table ensuite (il est à noter que si l’on veut bien se passer d’alcool, les restaurants où l’on est sûr de la qualité des produits sont tenus par des familles très pieuses – mention spéciale pour le foie d’agneau du Konak de Büyük Ada, digne d’une grande table parisienne) En somme, l’Empire ottoman des derniers sultans-califes, comme cet Abdul-Hamid II, déposé en 1908 par les « Jeunes Turcs ». Une époque et ses signes extérieurs que le kémalisme a balayés. Et ce Ramadan, à peu de choses près, rappelle celui décrit par Pierre Loti en 1910 dans Suprêmes visions d’Orient : "les cafés regorgeront de monde ; avec de bons rires et des appétits robustes, on se pressera autour des rôtisseurs en plein vent (...) il y aura partout des concerts (...) et au-dessus de cette explosion de joie naïve, très haut dans le beau ciel nocturne, il y aura la féérie des illuminations aériennes, les versets du Coran comme inscrits sur le vide en lettres lumineuses et toutes les bagues de feu encerclant les innombrables minarets qui ont l’air de pointer vers les étoiles".

Peut-on parler de folklore ? Pas seulement. Jetez un oeil sur les vitrines du quartier des libraires tout proche – un nombre croissant de traités de religion et de jurisprudence islamique voisine avec des biographies de ce ’dernier empereur’ qu’était Abdul-Hamid, ou des traités sur l’art de gouverner des Ottomans. Sur les barrières qui protègent le chantier de restauration du Palais de Justice on a placardé une explosition consacrée au "Ramadan à l’époque ottomane". Et les ouvrages de l’énigmatique Fethullah Gülen ont même droit à une grande tente sur l’Hippodrome.

Tout cela ne témoigne pas d’une évolution à l’iranienne. Au « gouvernement du docte » (velayat-e-faqih) on préfère largement le sultan-calife ou son équivalent moderne, le très érudit et onctueux Abdullah Gül flanqué d’un premier ministre (j’allais dire vizir) plus rude, plus « seldjoukide, » en la personne de Recep Tayip Erdogan. On dit qu’Abdul-Hamid admirait les Etats-Unis – son organisation fédérale l’intéressait, tout comme son réseau d’universités, et le rôle qu’y jouait la religion (à la fin du XIXe siècle) lui semblait compatible avec son idée du califat. Il est intéressant de noter que certains leaders de l’AKP, malgré toute l’antipathie que leur inspirait Bush, se reconnaissent plutôt chez les Républicains américains que chez les chrétiens-démocrates européens. Un aveu de taille.

Alors cette grande kermesse du Ramadan est certes une manière de rendre la religion festive (c’est d’ailleurs ce caractère festif, « unitaire, fraternel et amical » qui est mis en évidence sur les bannières). Mais elle traduit aussi la volonté de replacer la religion au centre de la vie quotidienne. Pour le meilleur (pour le moment, c’est ce qui en ressort) et pour le pire. Mais le pire (comme on dit) n’est jamais certain.



56 réactions


  • Nobody knows me Nobody knows me 21 septembre 2009 10:41

    Bravo c’est malin, maintenant j’ai faim et j’ai envie d’aller visiter la Turquie...
     ; - )

    Merci pour ce récit.
    Bonne journée.


    • armand armand 21 septembre 2009 13:25

      Bonjour, Nobody,

      Et vous feriez bien - c’est très simple, il est difficile de mal manger en Turquie...
      Le seul souci lors des dîners d’Iftar, bien veiller à réserver sa part de patisserie kadaif avant, car il pouvait en manquer.
      Merci et bonne journée à vous,


  • Gül 21 septembre 2009 11:02

    Bonjour Armand,

    Avant toute chose, je suis ravie de te voir (enfin !) publier. C’est, sans surprise, intéressant et fort bien écrit.

    Sur le fond, je ne connaissais pas cette pratique qui me semble très sympathique au premier abord. Je ne suis pas du tout étonnée par le succès d’une telle initiative qui correspond parfaitement à cet esprit de convivialité si présent chez les turcs.

    Je suis, par contre, à l’instar de ce que tu laisses entendre, nettement plus inquiète de savoir que l’origine de ce rassemblement émane de l’AKP... Lorsque l’on sait jusqu’à quel point, ils sont capables d’aller pour récupérer des voix et appliquer leurs moeurs, il y a effectivement de quoi se poser pas mal de questions.

    J’aurais tendance à avoir une confiance suffisante dans le peuple de Turquie pour me dire que si c’est « Pour le meilleur (pour le moment, c’est ce qui en ressort) » cela restera ainsi. Quant au pire, qu’il reste donc dans ses sombres abysses !

    En tous cas, merci d’avoir si joliment partagé cette info qui souligne et cela est important, qu’en Turquie, on vit les uns avec les autres dans une grande tolérance et un respect mutuel qui font intrinsèquement partie de la culture quotidienne. Que rien ne vienne entâcher cette harmonie !

    Bien à toi.


    • armand armand 21 septembre 2009 13:23

      Merci, Gül, de ton gentil commentaire,

      Ici, pour le coup, c’est un article ni pour, ni contre, je ne fais que répercuter ce que j’ai vu sur place. Plusieurs Turcs que j’ai croisés sont nettement plus méfants vis-à-vis des intentions de l’AKP - ils font parfois preuve d’une grande violence dans leurs propos. C’est certain qu’il y a bien un clivage entre deux mondes, et c’est sensible sur le plan géographique.

      L’an dernier, cette kermesse était moins trépidante - moins de monde, moins d’échoppes, mais même bonne humeur. Je me souviens d’une projection du film sur les Croisades, Kingdom of Heaven, sur écran géant à l’extérieur. Fort chevaleresque, le public turc appréciait les efforts de Balian d’Ibelin pour défendre Jérusalem. Mais quand Balian s’entretient avec Saladin, s’étonne que celui-ci accepte d’épargner les vaincus à la différence des chefs croisés cent ans plus tôt, et que Saladin lui répond « Mais je ne suis pas comme ces gens-là », inutile de dire, alors il y eut un véritable tonnerre d’applaudissements.


    • Cem38 Cem38 22 septembre 2009 08:34

      "Je suis, par contre, à l’instar de ce que tu laisses entendre, nettement plus inquiète de savoir que l’origine de ce rassemblement émane de l’AKP... Lorsque l’on sait jusqu’à quel point, ils sont capables d’aller pour récupérer des voix et appliquer leurs moeurs, il y a effectivement de quoi se poser pas mal de questions."

      On voit bien là les arguments récurrents des Anti AKP qui remettent toujours la même chose sur table faute de pouvoir trouver de critiques objectives et réelles.
      Quel mal y a-t-il de créer un tel évènement ? Vous auriez préféré qu’il n’y ai rien du tout ? Vous auriez préféré avoir un ministre totalement transparent qui serait là juste pour faire acte de présence ?

      Allez dites nous ce qui vous dérange chez le AKP :)


    • Gül 22 septembre 2009 11:19

      Günaydin Cem,

      Je ne vois rien de gênant dans cette manifestation, vous avez du mal me lire !

      Et quant à ce qui me dérange de la part de l’AKP, c’est justement une trop grande propension à mettre la religion en avant.

      La Turquie est un état laïque composé à 99% de musulmans et cela fonctionne très bien ainsi. Je ne vois pas la nécessité de parler plus de l’islam. La tolérance qui existe et qui permet à chacun de vivre comme il le souhaite en bonne entente, est une richesse qu’il serait dommage de voir disparaître pour des questions de dogmatisme religieux.

      Iyi günler. smiley


  • ASINUS 21 septembre 2009 14:44

    yep Armand , beau descriptif d un peuple qui sait encore qui il est !
     yep
     Sevelim sevelelim !


  • Roch Faure 21 septembre 2009 16:20

    « La Turquie ne se limite pas à Atatürk... »

    D’autant moins qu’Atatürk, c’était la peste musulmane dans un cul-de-basse-fosse !!!


  • Allain Jules Allain Jules 21 septembre 2009 17:00

    @Armand,

    Bienvenu au club !

    C’est rude, stressant et surtout amusant.

    Bon, parler de la Turquie sans évoquer les Kurdes et le PKK, seul parti capable d’aider ce pays est pour moi vide de sens, Ramadan ou pas Ramadan. C’est une boutade.

    Article interessant !


    • Gül 21 septembre 2009 17:27

      @ AJ,

      Donc pour vous, on ne peut parler de Turquie sans aborder les kurdes et le PKK ??? Et en plus, ce dernier serait « le seul parti capable d’aider ce pays » !?!

      En dehors du fait que vous soyez totalement hors-sujet, mais bref, passons...J’hésite entre me tordre de rire ou piquer une grosse colère devant un tel étalage d’inculture crasse !

      Finalement, une fois ceci dit, je crois que je vais opter pour l’indifférence absolue. A un niveau pareil, ça ne vaut probablement même pas la peine de chercher à vous expliquer, vos lacunes en la matière sont bien trop vastes !


    • armand armand 21 septembre 2009 18:24

      Merci Allain...
      Je pourrais effectivement creuser une autre fois les rapports curieux entre l’AKP et les Kurdes - la référence religieuse permettant semble-t-il d’aplanir quelques difficultés. De même, l’AKP est très soucieux de ’faire le pont’ entre adversaires irréductibles - Iran et USA, Israêl et Syrie. On pourrait y voir, là aussi, la volonté d’assumer l’héritage ottoman.

      Cordialement


  • Arunah Arunah 21 septembre 2009 17:17

    Article très sympa ! On aimerait en lire plus souvent de cette eau-là... D’ailleurs, il rejoint parfaitement les observations que j’ai pu faire sur place en période de ramadan. Bonhomie, attitude civilisée, aucune animosité envers les touristes qui font honneur au délicieux thé turc en public, absence totale de « teignosité » envers les mécréants, bref, des gens très agréables... qui de plus cuisinent divinement...
    J’ai bien noté vos conseils sur les précautions à prendre pour s’assurer une part de son dessert préféré...


    • armand armand 21 septembre 2009 18:37

      Merci du compliment,

      Autre détail remarqué pendant le Ramadan - dans les restaus traditionnels, les gens ont faim, mangent très vite (plus vite encore qu’en temps normal... ce qui n’est pas peu dire) et c’est après que le personnel peut enfin se restaurer. Ce qui fait que le touriste qui arrive à 21 heures trouve souvent la salle presque vide, et les serveurs en train de dîner.


  • french_car 21 septembre 2009 18:12

    Très bel article. J’étais à Istanbul il y a 2 ans pendant le Ramadan et j’ai assisté aux ruptures de jeun sur la place de la Mosquée Bleue. Ambiance conviviale et festive, beaucoup d’enfants, je me retrouve dans la description que vous en faites.
    Quand je parle rupture de jeun, je parle de ceux qui jeunent parce-que le plus surprenant c’est qu’il y a le midi pas mal de locaux aux terrasses des restos - ou dans les restos d’entreprise car en l’occurence j’y étais pour le boulôt.


    • armand armand 21 septembre 2009 18:41

      Merci french car,

      Je n’ai jamais vu ce à quoi ressemblent les restaus d’entreprise en Turquie, mais le constat est intéressant. Très peu de monde dans les restaus de bazars à midi, un milieu généralement traditionnel - mais on voit toujours un ou deux commerçants attablés.


  • Maximus 21 septembre 2009 20:43

    Un très bel article, intéressant, nuancé et qui montre toute la complexité de processus à l’oeuvre dans une société, ce qui nous change des clichés sur la « réislamisation » ou l’intégrisme galopant, où on nous dépeint un monde musulman uniforme et monolithique.

    Je vous connaissais commentateur inspiré, je vous découvre comme auteur d’articles avec le plus grand plaisir, en attendant la suite.

    J’ai une petite question, est ce que la situation que vous décrivez, dans une partie d’Istanbul qui est plus traditionnelle que des quartiers plus riches et « branchés » (si j’ai bien compris votre article), est transposable au reste de la Turquie, par exemple à des villes de moyenne importance et plus éloignées d’Istanbul, ou est ce que le rapport au Ramadan et à la religion y est encore différent ?

    Merci, et encore félicitations.


  • Yohan Yohan 21 septembre 2009 22:49

    Armand est de ceux qui voyagent et qui ouvrent l’oeil, le bon.
    En tout cas, voilà qui montre la voie à ceux qui ici blablatent à tort et à travers en distribuant des oukases sans jamais bouger de leur fauteuil.


  • armand armand 21 septembre 2009 23:01

    Bonsoir Maximus et merci,

    Difficile de répondre, car je n’ai que mon témoignage d’étranger, les commentaires de nombreux amis turcs, et les articles de certains journaux. On a dit que la victoire de l’AKP était aussi la victoire des villes moyennes dans le centre du pays sur les capitales comme Istanbul et Ankara. Abdullah Gül, le président de la république, comme sa femme, sont tous les deux de Kayseri, en Cappadoce. Or tous deux sont certainement les plus polyglottes et les plus diplômés des couples présidentiels depuis la fondation de la République. J’y vois surtout une manière de se décompléxer par rapport à la religion et au passé ottoman. Les arts folkloriques (musique, calligraphie, miniatures, architecture) traditionnels ont connu un immense essor depuis quelques années.

    Dans les campagnes ou les petites villes, malgré les changements apparents (il y a vingt ans, dans bien des régions, on ne voyait en public aucune femme entre l’âge de douze et quarante ans - maintenant elles sont habillées à l’européenne, travaillent, et sont plutôt à l’aise, même quand elles portent le foulard) l’archaÎsme n’est jamais très loin.

    Maintenant les plus fervents laïcs sont souvent inquiets, et soutiennent qu’il y a la volonté de réintroduire la religion au centre de la vie quotidienne. Jusqu’à quel point ? En même temps les partisans de l’AKP sont les europhiles les plus acharnés...

    Je crois assez à l’analogie américaine - en bien et en mal - mais version parti républicain. Un état théoriquement laïque, mais où la religion occupe une place de plus en plus voyante. Pour les kémalistes purs et durs, le contraste doit être saisissant. Claude Farrère, dans un de ses romans situés en 1930, rapporte les propos de ministres et de généraux turcs dont la violence anti-religieuse serait impensable à l’heure qu’il est.

    Cordialement,


  • SysATI 22 septembre 2009 01:36

    Au risque de faire le trouble fête... 


    En quoi la description d’une société en voie de « religionalisation », même plus ou moins bon enfant, vous fait à ce point plaisir ?

    J’ai quitté la Turquie il y a trente ans et à cette époque la ces « festivités » la n’existaient pas.

    Ma grand-mère était croyante (c’était une « hafiz » qui avait appris tout le coran par coeur à l’age de 5 ans, au début du siècle) ce qui ne l’empêchait pas de se balader dans la rue sans foulard et en jupe. Et nombre des croyants de l’époque étaient comme elle, « normaux » selon nos critères occidentaux. A savoir les femmes n’étaient pas voilées et les hommes ne leur imposaient pas des conneries rétrogrades et dégradantes.


    Depuis que les politicards républicains et corrompus on été remplacés par leurs homologues religieux, rien n’a changé sinon que la société a fait un gigantesque bon en arrière de quelques siècles et qu’aujourd’hui on voit quantité de femmes voilées de la tête aux pieds dans les rues d’Istanbul...

    C’est si appréciable que ça ?

    La religion est l’opium du peuple disait le grand père de Groucho...
    Du pain et des jeux disait César bien avant lui...

    Vous en doutez un seul instant ?

    Surtout en tant que français, affublé d’un président qui fait sa star à longueur de journée tout en détruisant consciencieusement la société petit bout par petit bout... jour après jour.

    Et malheureusement ça marche, il y a encore des imbéciles qui sont prêts à voter pour lui/eux :(


    Tant que le citoyen n’aura pas compris que la politique et la religion (et de manière étendue tout sentimentalisme) sont deux choses totalement différentes et même radicalement opposées, que l’on ne vote pas pour un mec qui dirige un pays des trémolos dans la voix, ou la larme à l’oeil, ou sous prétexte qu’il croit au même bon dieu, on vivra dans un monde ou les forts/riches/intelligents exploiteront et spolieront les faibles/pauvres/idiots béats devant leur croix, leur turban ou leur kippa... (Arlette, tu nous manque !)

    La politique spectacle, façon Sarko ou la politique religieuse « gentille » façon AKP ne sont que les deux face d’une même pièce : moins vous pensez, plus vous suivez le troupeau et plus il est facile de vous asservir... Ai-je besoin de rajouter « à leur profit exclusif » ?



    Dans un commentaire précédent il est dit que les politiciens de l’AKP sont les plus chauds partisans de l’Europe. 
    Evidement, les Européens sont trop cons pour arriver à comprendre que la seule chose qui permette au pays de rester un tant soit peu laïc et tolérant envers les non croyants qui ne jeunent pas, c’est la mémoire d’Atatürk et l’armée.

    Le réflexe conditionné de l’européen moyen c’est de dire armée = fascisme.
    Or dans le cas de la Turquie, c’est faux et archi-faux (trop long/compliqué à expliquer ici...)

    Ne soyez pas émus et trompés par cette ambiance bon enfant... Ca fait longtemps qu’elle n’existerait plus si la classe politique actuelle avait réellement les moyens de faire ce qu’elle voulait....

    Comme les européens se sentent morveux (vu la façon dont ils traitent « leurs » musulmans c’est normal...) et que la seule notion qu’ils aient des militaires au pouvoir ce sont les Franco, les colonels Grecs ou les dictatures d’Amérique du sud, ils sont à fond pour le pouvoir politique et bien entendu à encore plus fond contre l’armée...

    Vous seriez politicien (donc véreux) européen, vous pencheriez plutôt du coté de gentils politiciens tout comme vous ou vers des généraux bardés d’étoiles aux principes plein la bouche et qui commandent surtout la plus grande armée d’Europe ?

    Et vous seriez politicien Turc, vous n’adoreriez pas les ennemis de vos ennemis les plus acharnés ? :)


    Tiens, juste pour l’anecdote...
    La RATP istanbouliote (qui dépend de la municipalité AKP) gère également des bateaux et des embarcadères (on a pas ça à Paris, c’est assez folclo et très sympa la traversée du Bosphore en bateau :).
    La dernière décision imbécile de la municipalité a donc été d’interdire la vente de bière (alcool ! hou ! seytan !) dans les débits de boissons de ses embarcadères. C’est vrai que c’est hachement dangereux un mec qui prend un bateau bourré. Il peut tomber et se noyer, vous faire tomber dans la flotte ou même pire, vous faire profiter de sa bière à 3-4° vous et votre pardessus par gros temps !

    Peu importe que le régime soit laïc et que l’immense majorité du pays ne pratique pas spécialement... l’Etat et la Municipalité (majuscules obligatoires depuis 1984) sont la pour vous « sauver » (de force !) lui et sa misérable vie de mécréant et vous et votre pardessus....

    Heureusement, les « anarchistes » (ma mère de 80 ans en fait partie) ont décidés de s’élever contre cette décision liberticide et font grève tous les vendredi soirs sur les embarcadères avec leur packs de bière sous le bras. Non seulement il font du « sitting » sauvage mais en plus il vont distribuer des bières gratos à la population. Quels salauds !

    C’est la la triste réalité derrière l’ambiance festive et bon enfant de la municipalité d’Istanbul les amis....

    Remarquez, c’est pas mieux ici...
    On vient de blanchir la scientologie, on va installer quelques milliers de caméras dans Paris, des gamins de 15 ans sont traités de nazis par ce qu’ils aiment trop la musique, Villepin est un beau salaud et notre vénéré prézidan une pauvre victime innocente bien sur....

    A défaut d’aller pouvoir festoyer sur l’hyppodrome de Septimus à Istanbul...
    Dormez brave gens, il est cinq heures et Paris séveille... 
    Continuez donc à dormir tranquilles, les loups ont occupé Paris depuis lontemps :(


    Un laïc intégriste ému par cet article...
    Mais triste de voir le pays de son enfance partir en capilotade un peu plus tous les jours... dans une ambiance bon enfant qui plus est :(

    • Cem38 Cem38 22 septembre 2009 09:24

      « Le réflexe conditionné de l’européen moyen c’est de dire armée = fascisme.

      Or dans le cas de la Turquie, c’est faux et archi-faux (trop long/compliqué à expliquer ici...) »

      Ah bon ? Je me trompe où est-ce que c’est vrai que certains responsables de camps d’armés empêchent les mères voilées de voir les funérailles de leurs fils morts au combat ? Qui depuis le début du procès Ergenekon soutient et fait l’avocat des accusés ? N’est ce pas Baykal le saint défenseur des laïcards ?
      Qui sont ces mêmes accusés ? Ne sont-ils pas les anciens « pa$a », chef de polices et autres qui ont été mis en place durant l’après coup d’Etat ?
      Puis pour en revenir au coup d’Etat, pas la peine de donner la signification de ce terme, c’est une chose tellement infame que seuls des fachistes peuvent penser à faire ça.
      N’est ce pas aussi fachiste de pendre un premier ministre ? N’est ce pas non plus du fachisme de fomenter des meurtres en série pour semer le chaos dans le pays ?

      Si tout ça ce n’est pas du fachisme alors dites moi ce que c’est de grâce... servir le pays ? Laissez moi rire... se servir à soit même ? Peut etre, surement même en plus que ce soit quand même du fachisme, car les seuls personnes à qui ces exactions fachistes ont profités ce ne sont qu’aux laïcards bobo qui ne pensent qu’à leur propre confort.

      Pour en revenir à votre histoire personnelle, ça me fait rire, des personnes comme vous j’en vois tous les jours qui prétendent avoir un parent bon croyant mais qui défendent la pseudo laïcité et les valeurs d’Atatürk « bafouées » comme diable. Plus on parle avec eux et plus ils s’enfoncent dans les mêmes arguments fachistes de ceux qu’ils défendent... Et le pire c’est qu’ils se mettent en exemple d’une pensée moderne... HAHAHA

      Je préfère 1000 fois voir une foule manger s’amuser dans une ambiance bonne enfant sans alcol sur un fond bienveillant de la religion que de voir une réunion d’alcoliques en train de reluquer les formes grasses d’une danseuse du ventre sur qui ils bavent alors que leurs femmes sont à la maison en train de s’occuper de leurs enfants...

      L’alcool, les femmes, la jouissance de ces plaisirs n’a jamais réussie aux peuples musulmans, c’est d’ailleurs ce qui a été la cause de la chute de l’empire ottoman, en partie. Je ne dis pas que la Turquie devrait évoluer vers un mode de vie à l’iranienne (quoique même ces clichés sont plus d’actualités, il suffit de lire certaines réactions de personnes qui en reviennent et qui disent qu’ils sont choqués de voir qu’on nous ment sur la situation des femmes en Iran), mais que ce pays devrait rester comme il est sans vouloir adopter une autre façon de vivre, qu’on ne la force pas à changer. C’est un pays démocratique fonctionnant à l’occidentale peuplés de musulmans, qu’on les laisse vivre comme ils veulent, qu’on ne juge pas une femme par ce qu’elle porte le voile.

      Pointer du doigt une femme portant le voile, voila la réelle intolérance que ces même personnes dénoncent.


    • armand armand 22 septembre 2009 10:23

      Cem,

      Merci de votre commentaire - j’avoue que je m’attendais à vous voir sur ce fil, et je n’ai pas été déçu ! Je ne saurais intervenir dans un débat « entre Turcs » - avec SySati vous crystallisez les deux points de vue, parfois jusqu’à la caricature.

      « L’alcool, les femmes, la jouissance de ces plaisirs n’a jamais réussie aux peuples musulmans, c’est d’ailleurs ce qui a été la cause de la chute de l’empire ottoman ». Ah bon ? Il me semble que toute la littérature classique arabe, persane, ottomane, ourdoue parle beaucoup de ces plaisirs. Et même le nom des établissements à vin, le « meyhane » est d’origine persane, et figure dans les vers de Hafez, Sa’adi, Omar Khayyam.
      Quant aux ’femmes’, la littérature érotique issue des pays musulmans est nettement plus développée qu’en Occident - en tout cas à la ’Grande époque’.
      Quant aux raisons de la chute du Califat ottoman (privant le Proche Orient tout entier d’une unité qui, à mon sens, nous aurait épargné cent ans de guerre), je ne crois pas qu’on puisse épingler le goût des plaisirs. C’est une vision, permettez-moi, un peu coloniale - celle des Anglais, notamment, qui justifiaient leurs avancées coloniales par la supériorité de leurs administrateurs, austères, disciplinés, taciturnes sur les Orientaux lascifs et paresseux et abrutis par les plaisirs. En Inde, l’austère Aurangzeb a certainement fait plus de mal à l’empire moghol que le jouisseur Shah Jahan, constructeur du Taj Mahal...
      Les sultans du XIXe siècle étaient, pour l’essentiel, consciencieux, travailleurs, lucides. Il n’y avait aucune fatalité à ce que l’Empire s’écroulât, même s’il subissait les menées impérialistes de la Russie, la Grèce, la Bulgarie. C’est la politique irresponsable des « Jeunes-Turcs », précipitant la Turquie dans une alliance irréfléchie avec l’Allemagne (Abdul-Hamid, renversé en 1908, se méfiait des Anglais mais estimait que ce serait une erreur de s’opposer à eux) qui a entraîné sa chute. Tout comme celle, également désastreuse, de l’Autriche-Hongrie.

      Sur la question de l’intervention de l’armée, là aussi, je vous laisse en débattre entre Turcs.
      Maintenant, ce que vous dites de l’alcool n’est pas faux - comme je l’ai écrit, il n’est que de comparer la bonne tenue des foules de l’hippodrome avec les dérèglements soulographiques du Champ de Mars ou de Trafalgar Square. Mais je déplore néanmoins que l’Etat ait fait doubler le prix du raki.... même si celui-ci se présente désormais dans des flacons très élégants !
      Le président Abdullah Gül ne boit pas... mais il a toujours de l’alcool chez lui à offrir aux invités.


    • armand armand 22 septembre 2009 10:35

      SysATI,

      J’ai bien noté que de nombreux Turcs m’ont fait part de leurs craintes concernant une évolution insidieuse, pilotée en sous-main par l’AKP, vers un état religieux. Et les dernières accusations, selon lesquelles le gouvernement tente d’étouffer la presse d’opposition par des procès pour fraude fiscale semblent alarmantes - même si ce n’est peut-être que la dérive hégémonique de tout parti au pouvoir depuis quelques années.
      Croyez-vous vraiment que dans l’« agenda » secret de l’AKP il y ait le retour à la Charia ?
      Ne pensez-vous pas que la classe politique actuelle représente tout simplement les milieux d’affaires et les commerçants qui ont toujours combiné conservatisme religieux et libéralisme économique (comme les républicains U.S.) ?
      et aussi, comme le pense Orhan Pamuk, une volonté de guérir la cassure schizoïde entre le passé ottoman et le XXe siècle kémaliste. Le romancier évoque notamment ces familles où les grandsparents sont justement les plus farouches modernistes laïcs.

      En tout cas, bravo pour votre maman, et bon courage à elle - votre récit est savoureux.
      J’ai voulu commander un raki avec mon Adana kebab au buffet de la gare d’Ankara - on m’a gentiment répondu que malheureusement, par égard envers le Ramadan, on n’en servait pas. J’ai fait remarquer que c’était un peu hypocrite - si on est bon musulman, on s’en abstient pendant toute l’année...


    • Cem38 Cem38 22 septembre 2009 12:05

      @ Armand

      D’ou ma phrase « c’est d’ailleurs ce qui a été la cause de la chute de l’empire ottoman, en partie » qui finie par « en partie ».
      Quelle proportion je ne sais pas mais je persiste à dire que ça a joué.


    • SysATI 23 septembre 2009 01:28

      @cem

      Désolé de ne pas répondre mais je ne suis pas la pour polémiquer avec des intégristes mais pour essayer de liver mon vécu à des gens qui ne sont pas au courant de la situation.
      Il y a 30 ans il n’y avait aucun débat autour de la religion en Turquie, aujourd’hui c’est devenu un problème car une partie du peuple en veut encore plus alors que le reste ne veut surtout pas en entendre parler.

      @armand

      « Croyez-vous vraiment que dans l’« agenda » secret de l’AKP il y ait le retour à la Charia ? »

      Est-ce vraiment la question ?
      Il y a exactement le mème genre de dérive ici avec un président faisant tout ce qu’il peut pour promouvoir toutes les religions possibles et imaginables, y compris les sectes dangereuses... 

      Ce n’est pas de la charia qu’il faut avoir peur, mais tout simplement de ce cancer qu’est la religion depuis qu’elle existe. L’évolution naturelle des sociétés fait qu’on s’en débarasse lentement mais surement, notamment avec l’élévation du niveau de vie et de l’éducation. Malheureusement il y des périodes de l’histoire ou elle revient en force. Cétait le cas en Europe au Moyen Age et c’est le cas en France aujourd’hui comme en Turquie ou aux Etats-Unis.

      La différence entre les deux pays est que la bas l’armée prend son rôle de « garant de la laïcité » très au sérieux alors que de notre coté tout le monde s’en fout ou presque... Après qu’il y ait des intérêts divergeants entre deux types de pouvoir (politique / militaire) c’est l’évidence même et il y a bien sur des abus de part et d’autre...


      « Ne pensez-vous pas que la classe politique actuelle représente tout simplement les milieux d’affaires et les commerçants qui ont toujours combiné conservatisme religieux et libéralisme économique (comme les républicains U.S.) ? »

      Les milieux d’affaires sont identiques partout... Ils sont pour tout ce qui permet d’endormir un peu plus le peuple :) 

      Mais dire que les commerçants seraient majoritairement musulmans est inexact. 
      Pendant des siècles le commerce était bani par la religion musulmane et exclusivement pratiqué par les juifs/arméniens/européens etc

      L’élite d’aujourd’hui même si elle n’est plus exclusivement « étrangère » a quand même été élevée à cette école et n’est pas spécialement religieuse loin de la !
      L’élite d’Istanbul se forme dans les lycées étrangers de la ville (dont une grosse majorité de français) et ces établissement sont bien souvent d’origine religieuse (i.e. chrétienne : St Joseph, St Michel, St Benoit etc etc) Donc, non, à part les autodidactes qui étaient musulmans avant de faire du business il n’y a pas plus de musulmans pratiquants que dans d’autres catégories de la société.

      « Quant aux raisons de la chute du Califat ottoman... Les sultans du XIXe siècle étaient, pour l’essentiel, consciencieux, travailleurs, lucides. Il n’y avait aucune fatalité à ce que l’Empire s’écroulât, même s’il subissait les menées impérialistes de la Russie, la Grèce, la Bulgarie... C’est la politique irresponsable des « Jeunes-Turcs », précipitant la Turquie dans une... alliance irréfléchie avec l’Allemagne... Tout comme celle, également désastreuse, de l’Autriche-Hongrie... »

      Oui et non...
      Même si toutes ses raisons son bien évidement vraies et ont accélérées la fin de l’empire, il y à à mon sens au moins deux raisons fondamentales qui ont inéluctablement poussé l’empire à sa perte...

      L’Empire ottoman a tout simplement « raté » la révolution industrielle qu’a connu l’occident. Etait-ce tout bêtement à cause de sa religion rétrograde ?

      Ici on dit « aide toi et le ciel t’aidera » la bas on dit « Allah kerim » et que tu te donnes du mal ou pas, de toute façon c’est le bon dieu qui décidera à quelle sauce tu seras mangé. Ca ne pousse pas vraiment à se bouger le popotin... Sans parler qu’en plus l’argent et le commerce sont des choses ignominieuses que tout bon musulman se doit d’éviter comme la peste. Il n’y a donc pas de bourgeoisie commerciale, pas d’accumulation du capital, pas d’industrie... Donc pas de surplus à affecter à la recherche... Un cercle vicieux parfait... (et désolé pour les intégristes si cette explication religieuse ne leur convient pas :)

      L’autre raison évidente est tout simplement l’étendue de l’Empire qui a atteint des frontières naturelles rendant le cout de l’expansion tout simplement trop élevé. Toute l’économie de l’Empire étant basé sur la croissance (comme l’Empire Romain), quand celle-ci a cessé, la fin n’était plus très loin... 

      Un récent article ici expliquait cela très bien il n’y pas très longtemps (http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/john-michael-greer-l-anti-prophete-59398 ou http://www.damienperrotin.com/Greer-on-Collapse.pdf) L’auteur est un peu un hurluberlu, mais son propos tient parfaitement la route économiquement/socialement parlant...

    • Cem38 Cem38 23 septembre 2009 08:34

      @ SysATI

      Haha maintenant je suis un intégriste on aura tout vu :) je suis simplement pour la liberté de culte de chacun, et contre des personnes qui ne savent la définition du mot « tolérance » que quand ça les arrange.

      « Ce n’est pas de la charia qu’il faut avoir peur, mais tout simplement de ce cancer qu’est la religion depuis qu’elle existe »
      Voila une phrase qui vous fait perdre toute objectivité dans votre commentaire. J’ai même pas besoin de lire le reste pour vous cerner... Vous avez un problème personnel avec la religion. Votre avis va donc à l’encontre de toute liberté de culte, de la démocratie dans laquelle ces personnes vivent.

      Après tout vous avez totalement le droit d’avoir votre avis, mais ne faites pas passer votre avis comme légitime dans le cadre de discussion ici présent. Vous n’apportez rien, vous n’enrichissez pas le débat, vous apportez juste votre propre mépris de la religion.


    • Cem38 Cem38 23 septembre 2009 08:37

      Puis ne me répondez pas au sujet de l’armée, ça vaudra mieux pour vous, vous vous enfoncerez d’avantage dans vos délires Baykaliens.


  • lord_volde lord_volde 22 septembre 2009 01:40

    Enseigant en quoi et à quel titre ?? Tu dois être un petit malotru en charge de TD ou un ATER prolongé qui a un mal dingue à achever une thèse dont le sujet a été maintes fois exploité par des thésards bien mieux inspirés. Un enseigant de ton acabit ne peut prospérer dans le monde universitaire, sauf s’il fait le canard en se contentant de jouer au serf miteux juste utile à boucher les trous.


  • lord_volde lord_volde 22 septembre 2009 01:41

    erratum : enseignant


  • SysATI 22 septembre 2009 01:47

    Eh m......
    Désolé pour le doublon....


    @Maximus

    Les Turcs, sont à l’origine des nomades chamanistes venus d’Asie centrale.
    L’islam a donc toujours été plutôt modéré (car rajouté à cet héritage ou par exemple la femme avait un statut égal à celui de l’homme) ceci d’autant plus que le pays est un véritable melting pot depuis des temps immémoriaux.

    Dans les villages, les gens sont traditionellement croyants mais absolument pas fondamentalistes.

    Les petites filles vont à l’école (obligatoire à cause d’Atatürk) et les femmes travaillent dans les champs (et avec un drap sur la tête c’est pas très pratique :) en compagnie des hommes sans que cela pose de problème à personne....

    C’est plutôt dans les villes qu’il y a un problème avec un pouvoir insidieux qui grinotte petit à petit tous les acquis du Kemalisme...

  • lord_volde lord_volde 22 septembre 2009 02:05

    Je me marre en lisant les âneries de l’autre empaffé qui défend Kémal l’imposteur qui appartenait à la franc maçonnerie internationale. Une religion modérée ça ne veut rien dire, car soit on accepte le message produit par le livre saint et on le suit sans rougir et sans en modifier les préceptes qu’il comporte, soit on l’ignore et on respecte la liberté de conscience, de penser, de s’habiller et de croire de ceux qui suivent un autre chemin de vie. Une femme qui porte un foulard est moins choquant et plus digne qu’une femme qui se prostitue au coin d’une rue ou d’une jeune fille qui porte un strig, une mini jupe et des percings.


  • lord_volde lord_volde 22 septembre 2009 02:07

    erratum : ou qu’une jeune fille qui porte...


  • Gazi BORAT 22 septembre 2009 07:40

    @ ARMAND

    Bonjour et félicitations pour cet article, que je découvre à l’instant... Vous mériteriez la place de Nicole Pope, (avis personnel) la calamiteuse correspondante du Monde à Istanbul, si celle-ci sévit encore..

    Les articles de témoins français sur la Turquie, bien écrits et bien observés, et sur des sujets autres que ceux motivés par des crises politiques manquent cruellement. A défaut, je lisais ceux qui paraissaient sur un blog : « Au fil du Bosphore ».

    Et oui, la Turquie change..

    Il y a peu de temps, Pradisial avait mis en ligne un enregistrement d’ezzan.. sans se rendre compte que celui ci était tiré d’un site des « Loups Gris »..

    Signe des temps : les Loups Gris, il y a encore quinze ans, vouaient aux gémonies la période ottomane, leur doctrine, plus « raciste » qu’aujourd’hui, voyait dans l’Islam ce qui avait affaibli le peuple turc et ne jurait que par des héros de la période anté-islamique..

    Je me souviens de leurs affiches présentant des supermen, dans le plus pur style cartoons, arborant longues moustaches et bonnets de fourrure.

    Je pense que cela fonctionne aussi en raison de la chape de plomb que fit peser le kémalisme orthodoxe sur l’Histoire turque : la période ottomane n’y était que peut traitée, surtout pour les dernières années, en dehors de la diabolisation d’ Ikinci Abd ül Hamid..

    Même la IIIème République française dans ses périodes les plus jacobines ne fut autant « éradicatrice » sur l’Ancien Régime..

    L religion maintenant réapparait..

    La question qui peut se poser se situe dans la capacité de l’Islam turc à résister et à garder sa spécificité face au rouleau compresseur wahabite...

    gAZi bORAt


    • armand armand 22 septembre 2009 10:53

      Merci Gazi,

      Ma grande interrogation concerne les rapports entre le parti au pouvoir et les Alevis, qui ont traditionnellement donné leurs suffrages au CHP. Il y a trois semaines, à Istanbul, j’ai noté une manifestation commémorative en l’honneur des intellectuels alevi brûlés vifs à Sivas par une meute d’intégristes. Or , j’ai lu que l’AKP a cartonné précisément parmi les minorités.
      Je crois que l’AKP doit sa victoire aussi à ses capacités de ratisser très large, à la différence de ses devanciers, Refah, Saadet, etc. Mais pour combien de temps ? Et cette pluralité cache-t-elle un « hidden agenda » ?

      cordialement,


    • Gazi BORAT 22 septembre 2009 14:33

      @ ARMAND

      « Agenda caché » ?

      Je ne saurais le dire.. Une sorte de transition « douce » vers une constitution religieuse ?

      Difficile pour moi d’imaginer cela.

      D’une part parce que les tenants de ce type de sociétés sont en général peu patients et que l’armée, même si affaiblie par les procès « Ergenekon » conserve encore une place importante dans la société turque.

      Quel est l’état d’esprit de l’état major ? Quel est celui des jeunes officiers ? Difficile d’avoir des informations fiables..

      gAZi bORAt


  • Gazi BORAT 22 septembre 2009 07:49

    @ ARMAND (apparté)

    Tous mes voeux pour vos travaux d’écriture...

    Pour votre documentation, un excellent article dans le n° de ce mois sur les revolvers « top break » américains en calibre 32 de la fin XIX°, début XX°.

    Armes incontournables de cette époque, ces revolver parmi les moins chers du marché (parfois moins de 3 USD), figurent dans nombre de faits divers, entre un assassinat de président et une pièce à conviction de Sacco et Vanzetti..

    Merci pour votre promesse d’envoi, si tout se passe bien.. Je vous enverrai en échange des travaux personnels (plastiques) qui se rapprochent de votre univers..

    Kolay gelsin !

    gAZi bORAt


  • Gazi BORAT 22 septembre 2009 07:51

    Oups !

    Le magazine non cité dans le post précédent était :

    « La gazette des armes »

    http://www.zepresse.fr/revue.php?id=92655

    gAZi bORAt


  • lord_volde lord_volde 22 septembre 2009 10:09

    Ca gaze GaZi ! Armand est un illustre ignare qui aurait dû choisir un autre lieu pour dégazer l’humus bitumique de ses noires pensées mises au service de la croyance absolutiste du mythe sioniste qu’il répand en attaquant incessamment les Africains barbaresques sémitiques. Ce texte nombriliste projette la lumière opaque du phare littéraire alimenté à l’aide du dynamo de vélo vers sa savoureuse personne quelque peu enrobée par des prétentions qu’exacerbe sa mégalomanie galopante. « Beaucoup de bruit pour rien » est sans doute l’intitulé de la douloureuse thèse qu’il a tant de mal à achever entre le tumulte universitaire de ses cours de TD et les exigences oppressantes d’un emploi dissimulé lui imposant de sacrifier son incommensurable égo sur l’autel de la collectivité hasbarique où l’on chante les louanges d’Israël (le « moi » égoïste s’efface au profit du « nous » collectif) après la perpétration d’un massacre innomable et où l’on diabolise l’ennemi conjuré dans un rituel prédéfini et bien orchestré. 


  • lord_volde lord_volde 22 septembre 2009 10:11

    erratum : d’une dynamo


    • armand armand 22 septembre 2009 10:48

      Volde,

      C’est du second degré cette accumulation indigeste qui se voudrait littéraire ?
      Je constate en tout cas que la référence obsessionnelle à Israël semble une figure imposée - surprenant que tu n’aies pas accusé Atatürk (que je tiens pour un des plus grands hommes d’Etat de l’Histoire) d’être non seulement franc-maçon, mais juif aussi (ou dönme, si tu préfères - cherche dans le dictionnaire).

      Quant à tes douloureuses interrogations sur ma situation, j’occupe un poste tout ce qu’il y a de plus officiel de professeur des universités en études anglophones. Libre à toi de me croire... Mais j’ai également été maître de conférences, chargé de TD, vacataire, instructeur de kendo, traducteur, romancier - même brièvement garde du corps et militaire... 


  • fouadraiden fouadraiden 22 septembre 2009 11:24

    salut Armand, très bien ton papier, et sans aucune polémique ça repose.



    et Gul est de + en + belle.


    • armand armand 22 septembre 2009 11:40

      Merhaba Fouad,

      Content de te retrouver ici. Mais tu noteras que TOUT sujet peut se prêter à des polémiques.

      D’accord pour Gül - décidément celui qui la prend en photo a un regard amoureux...
      Son visage est de plus en plus lumineux.


  • SysATI 23 septembre 2009 01:54

    A tous ceux qui osent critiquer la burqa....


    Ceci est une vidéo turque, diffusée en Turquie et qui aurait _beaucoup_ de mal à passer ici sans provoquer un énorme scandale...

    Bien entendu les turcs ne peuvent toujours pas la regarder sur YouTube, censuré par l’état comme 2.000 autres sites web interdits.... 

    Il y aura certainement quantité de fervants croyants pour nous expliquer que c’est pour leur bien qu’ils n’ont pas le droit de voir des filles à poil...

    Heureusement, tout internaute turc de moins de 15 ans sait ce qu’est un proxy... 
    Résultat YouTube est le 5ème site le plus populaire en Turquie au grand dam de l’état... Bande de nazes va...


    PS : Je sais, je suis monomaniaque, mais j’ai malheureusement une crampe à l’estomac quand je vois que notre vénéré prézidan fait tout son possible pour pouvoir arriver à faire la même chose ici... Tantôt en poussant les religieux et autres bien-pensants, tantôt en faisant passer l’Hadopi :(


    • armand armand 25 septembre 2009 10:04

      SysATI

      Savoureux comme numéro - mais vraiment pas de quoi fouetter un chat ! Et vous pensez que cela provoquerait un scandale en France ? A Roubaix, peut-être, où quelques bonnes âmes à la mairie en feraient une maladie.

      Sinon, les jeunes filles qui se promènenet à Istanbul en foulard printanier sont souvent vêtues de tuniques et de pantalons légers qui ne dissimulent en rien leur grâce

      Par contre, je note effectivement un nombre accru de tcharchafs, et me vient alors une interrogation d’ordre juridique - ce vêtement a-t-il été bel et bien interdit par Atatürk (comme le fez) ?


  • frédéric lyon 23 septembre 2009 08:53

    La Turquie. 


    Si loin d’Allah et si proche des Arméniens, des Kurdes, des Arabes, des Perses et des Russes. 

    Un pays au beau milieu d’un nid de frelons, dont l’armée absorbe la plus grande partie des ressources et dépend entièrement du bon vouloir et des équipements américains.

  • armand armand 23 septembre 2009 10:56

    Intéressant - les commentaires les plus appréciés sont ceux d’un quidam qui s’amuse à insulter l’auteur (ça va, j’ai la couenne épaisse, quoique non, en général quand on s’en prend à moi en personne... bref, je ne dis rien pour ne pas faire ricaner Sisyphe) et à traiter d’Atatürk d’« empaffé ».
    Bravo, le niveau.


  • myasar 23 septembre 2009 23:21

    Je souhaiterai revenir sur le sujet ...

    j’ai trouvé sympa que Hayko Cepkin (artiste d’origine arménienne, ou dois-je dire arménien ?) ait chanté un chant religieux (ilahi) spécialement pour le ramadan.

    http://www.youtube.com/watch?v=HTihN_UqSSA


    • Cem38 Cem38 24 septembre 2009 08:17

      Haha je l’ai vu le premier jour de sa parution sur TRT grace au site Ensonhaber qui a fait un article dessus avec un lien Youtube.
      Quand on connait le personnage et ses concerts qu’il réalise, se lancer dans un tel clip et surtout un tel chant c’est juste très surprenant.

      Cependant, il n’est surement pas interdit a quiconque de lire un ilahi ou de le chanter, au contraire même, qu’il soit croyant ou non, athéiste ou non, habitué des bars et a boire ou non, personne ne peut lui interdir cela.

      Puis pour mon avis personnel, il chante ce ilahi d’une très belle façon ;) dans ce style un peu « rock » personne n’aurait fait mieux.


    • armand armand 25 septembre 2009 09:53

      Intéressant...

      Cela illustre bien mes propos sur l’omniprésence des derviches tourneurs dans le « entertainment » actuel. Mais sont-ce de vrais derviches ?

      Sinon, il y a une chaîne de la télé turque où l’on entend de très belles psalmodies du Coran.
      Et (je me répète là aussi) on a fait un grand effort pour rendre plus attrayant, plus musical, l’azzan des grandes mosquées prestigieuses. Vous avez sans doute remarqué qu’il dure beaucoup plus longtemps qu’il y a quelques années. Certaines voix, qui plus est (notamment celle qu’on entendait pour le premier appel du matin à la Mosquée bleue) sont bouleversantes.


  • Cosmic Dancer Cosmic Dancer 24 septembre 2009 18:26

    Enfin !

    Félicitations, Armand. Pour avoir troqué le costume de simple commentateur, d’une part. Et pour avoir écrit ce beau texte, un brin nostalgique, ou peut-être plutôt amoureux, puisque tu l’es de ce pays dont tu es un fin connaisseur.
    Et merci à SysAti.
    N’étant quant à moi guère savante sur la Turquie, je fus séduite par ce dialogue dont il est à espérer qu’il se poursuive. Parce qu’apprendre le vaut bien smiley
    Et parce que ça change des loghorrées vidasses sur la « sainte trinité »...


    • armand armand 25 septembre 2009 09:41

      Merci Cosmic de ces paroles encourageantes,

      Cela me fait un fier plaisir de retrouver Louise Brooks.

      Même si je constate que la modération (car mes propos sont, à dessein, modérés) ne semble pas susciter la même ferveur que certains sujets plus racoleurs.

      Je ne cache pas qu’au moins extérieurement j’apprécie la volonté de ’folkloriser’ la religion. C’est, après tout, le même phénomène que celui qui a permis de dédramatiser les conflits religieux en Occident. Même s’il y a le risque d’une récupération marchande. Mais tout le monde ne peut pas vivre en saint, et la joie est certainement une émotion qui plaît au Très-Haut, si tant est-il qu’Il se soucie de nos affaires ici-bas.


  • Cem38 Cem38 25 septembre 2009 01:40

    Merci à SysAti de montrer le vrai visage des laïcards turcs, de dévoiler leur mépris des croyants.


    • armand armand 25 septembre 2009 09:45

      Cem,

      Disons que vous représentez, tous les deux, des opinions opposées que j’ai entendues maintes fois en Turquie.
      Je ne me permettrais pas de m’imiscer dans un débat entre Turcs.


  • jack mandon jack mandon 15 novembre 2009 12:21

    @ Armand

    Article respectueux, donc respectable.
    On ne peut nier la versatilité des peuples du monde musulman et non musulman.
    L’émotion qui empoisonne les prises de position religieuses ou laïques, est un facteur projectif
    Tout peut arriver dans la tête d’un homme...et démultiplié dans la foule...même bon enfant.
    La religion, pour l’essentiel, est une relation intime et discrète entre l’humain et son Dieu.
    La foule des religieux ou des citoyens est un groupe dynamique aux allures de tornade.
    Elle est suspecte car, si elle est composée de 2000 participants, elle est mue par 1 esprit.
    Un esprit déresponsabilisé, aux contours instinctifs et violents qui frôle la barbarie par le déséquilibre qui s’instaure.

    Bien à vous


  • W.Best fonzibrain 28 juillet 2010 00:18

    comment lord vod t’a éclaté, c’est presque beau.



    tu me fais délirer, armand, l’occidental qui ne veut pas que les musulmans vivent au sein de l’islam.

    serieusement, tu te prend pour qui ?

    laisse les gens croire et faire ce qu’ils veulent, le fardeau de l’homme blanc, c’est fini, on n’avait rien à leur apprendre, le plus comique c’est que c’est à nous d’apprendre d’eux aujourd’hui, si on ne veut pas devenir des robots.




    bref, tu es marrant, tu as l’air sincère, ce qui ne veut pas dire que tu l’es, et même si t’es bete, je t’aime bien quand même, tu es touchant.



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