mardi 15 janvier 2008 - par Forest Ent

2008 année noire : ouverture

Cet article poursuit notre chronique macro-économique d’une crise économique annoncée, article disparate car il s’attarde sur les causes et le pilotage de cette crise, ainsi que sur ses liens avec la mondialisation. Il est bien possible que l’année 2008 voit la résurgence d’une querelle doctrinale, qui remonte au 18ème siècle, entre « mercantilistes » et « libre-échangistes », tant notre monde mondialisé est empli des idées de Smith. Querelle qu’à la lumière de la situation actuelle entre les Etats-Unis et la Chine, nous pourrions reformuler par aphorisme en : « dans la spécialisation des nations, l’esclavage est-il un avantage comparatif » ?

Première partie : épilogue d’une année grise

Nous avions annoncé en mars 2007 une année 2007 grise et en octobre 2007 une année 2008 noire. Il n’y a pas eu de surprises. Considérons par exemple l’évolution de l’indice Dow Jones industriel. (Il n’est en rien lié à la crise financière, mais traduit un peu la manière dont l’économie réelle évalue l’impact de la situation macro-économique). De 2003 à 2006, tout se passait harmonieusement.

Mais l’année 2007 a jeté un froid.


Cette courbe serait plus spectaculaire, si on l’exprimait en euros, le dollar ayant dans le même temps perdu 10% de sa valeur relative. Sans analyse sophistiquée, on constate sur ces deux dessins qu’une force qui poussait gentiment à la hausse depuis 2003 vient d’affronter une force inverse, et que cela s’est traduit par une série de grands craquements. Le décrochage de mars a été causé par une déclaration de Greenspan sur une possible récession et par un décrochage brutal de la bourse de Shangai, qui a depuis repris sa progression explosive. Le décrochage d’août a été causé par l’illiquidité totale des emprunts immobiliers US à risque. Celui de novembre par le constat du fait que l’injection massive de liquidités par les banques centrales n’avait pas résolu le problème, et qu’il s’agissait donc plus d’un problème de solvabilité que de liquidité. Celui du décembre venait du constat de la contagion à l’économie réelle : augmentation du chômage US, baisse des ventes de détail. L’ensemble était rythmé par les déclarations de la FED sur des baisses de taux, et une baisse effective a lancé une des remontées.

La récession US a peut-être déjà commencé, bien qu’elle ne puisse être officielle que 6 mois après et que l’on ne saura sans doute jamais son début exact. Tous les symptômes sont là : baisse de la construction, de la production industrielle, des ventes de détail, du crédit, explosion du cours de l’or en dollar, etc ...

Revenons un peu en arrière, à partir de 1990 :


Il y a eu une accélération brutale à partir de 1995, qui a débouché sur la bulle de 2000 et le krach de 2002. Puis les choses sont reparties à partir de 2003, au moment où la FED a quasiment annulé ses taux directeurs. L’exubérance a repris doucement, pour recommencer à s’emballer à partir de 2006.

Depuis 1995, les Etats-Unis produisent beaucoup de monnaie, sous forme de crédits. Cette monnaie s’était portée sur les actions avec un engouement particulier pour les valeurs technologiques, qui ont quadruplé leur capitalisation constante entre 1995 et 2000. La chute du Nasdaq en 2002 a été beaucoup plus impressionnante que celle du DJI ci-dessus. La bulle a alors été transférée vers l’immobilier, favorisé par la baisse des taux. On critiquera encore longtemps Greenspan, mais il n’a fait que fournir au système ce qu’il réclamait et réclame encore aujourd’hui : du crédit facile. La bulle immobilière a permis alors aux ménages de continuer à consommer malgré leurs crédits de plus en plus élevés, car ils étaient persuadés d’être de plus en plus riches, à travers le prix des logements qui n’arrêtait pas de grimper.

Comment la création monétaire a-t-elle pu engendrer une hyper-inflation des actifs sans que cela n’entraîne une grande hausse des prix à la consommation ? L’explication provient de ce que Greenspan appellait « l’effet désinflationniste de la mondialisation », et que nous pourrions aussi appeler la désindustrialisation de l’Occident. Les produits de consommation sont de plus en plus importés, et sinon concurrentiels sur le marché mondialisé. Nous vivons une inflation à deux vitesses : une hyperinflation du capital et une déflation du travail. La recontre ultime entre les deux mondes se produit sur le marché immobilier, car les travailleurs doivent se loger. Les revenus du travail décroissent, et cela n’a été masqué que par un endettement de plus en plus grand. Les revenus du capital impliquent eux une croissance sans fin du crédit et de la surévaluation des actifs. C’est le mécanisme de la fracture sociale que la mondialisation induit chez nous.

La différence entre 2008 et 2002, c’est qu’il n’y a plus de joker aux Etats-Unis. Avec l’immobilier, on a gagé le dernier bijou de famille. Et avec le pétrole à 100$ le baril, on ne peut plus jouer sur les taux et laisser s’écrouler complètement le dollar. Pour la suite des événements, MM Bernanke et Trichet ont été, il me semble, assez clairs : ils ne baisseront les taux que sans danger d’inflation, car ils ne peuvent prendre le risque de déclencher une stagflation générale, et ils sont conscients du fait qu’il n’y a plus de réservoir de crédit ou d’activités. Ils ont joué leur dernière carte avec l’injection massive de liquidités. Leur dernier espoir de s’en sortir sans trop de casse est que l’économie des pays émergents continue à tourner et devienne sinon un facteur de croissance au moins de stabilisation. Et c’est là que nous allons pouvoir juger si les axiomes de la mondialisation fonctionnent ou pas.

Deuxième partie : aux sources de la crise - visite d’un temple

Cette crise est structurelle et est causée par la nature même du système financier anglo-saxon. Normalement, cette phrase doit me faire largement traiter d’anti-américain primaire. Aussi vais-je me contenter ici de citer un célèbre organisme altermondialiste, le Fonds Monétaire International. Le FMI a pour vocation de suivre l’économie mondiale et de répandre sur la planète les bienfaits du consensus de Washington sur lequel je reviendrai. Il a parfaitement rempli ces deux missions. Ainsi, dans son rapport sur les « perspectives de l’économie mondiale » de septembre 2006 (voir l’annexe sur le rapport entre systèmes financiers et cycles économiques), il explique et prévoit cette crise.

Il explique tout d’abord la différence entre la finance anglo-saxonne (finance de « libre concurrence ») et les autres : elle est beaucoup moins assise sur des rapports de responsabilité entre prêteurs et emprunteurs dans lesquels le prêteur s’assure de la solvabilité de l’emprunteur, et beaucoup plus sur une contractualisation entière. Morceaux choisis :

Dans les systèmes financiers de pleine concurrence, les ménages peuvent plus facilement emprunter pour financer leurs dépenses de consommation, mais sont aussi plus vulnérables aux chutes des prix des actifs. Les plus développés de ces systèmes, aux États-Unis et au Royaume-Uni par exemple, permettent aux ménages d’emprunter en s’appuyant sur la valeur croissante de leur logement, ce qui stimule la consommation et étaye une croissance économique vigoureuse. Cependant, cela se traduit aussi par un endettement plus élevé de ces ménages - 160 % du revenu disponible (en moyenne) en 2005 dans les systèmes de pleine concurrence, contre moins de 100 % dans les systèmes reposant davantage sur les relations emprunteur-prêteur. Dans les systèmes financiers de pleine concurrence, les ménages sont donc plus vulnérables à la hausse des taux d’intérêt et aux chutes des prix des actifs. À titre d’exemple, lors des épisodes précédents de crise immobilière dans ces pays, la croissance de la consommation a en général ralenti pour tomber d’une moyenne de 3 % au début de la contraction du marché à 0 % deux ans plus tard. Le fléchissement du marché du logement aux États-Unis est un risque clé .

Donc voilà expliquée la tendance anglo-saxonne à la création de bulles : on emprunte en s’appuyant sur la valeur d’actifs survalorisés par l’emprunt, système « pyramidal » classique. Voilà prévue la crise des subprimes qui a eu lieu un an après. Et voilà prévue l’issue de cette crise : la récession. Voici pourtant ce qui figure dans les prévisions du rapport :

En ce qui concerne la demande, un des risques principaux est que le ralentissement soutenu des marchés immobiliers dans les pays avancés pèse sur les bilans des ménages et la demande globale. Au stade actuel, les craintes concernent principalement les États-Unis, bien que d’autres marchés, comme celui de l’Espagne, de l’Irlande et du Royaume-Uni, semblent aussi surévalués selon la plupart des mesures conventionnelles. Selon l’édition d’avril 2006 des Perspectives, les prix moyens du logement aux États-Unis se situaient en 2005 de 10 à 15 % au-dessus du niveau correspondant aux données économiques fondamentales. D’après des données récentes, le marché s’affaiblit maintenant assez rapidement : les ventes de maisons, les demandes de crédit hypothécaire et les mises en chantier diminuent, et les hausses des prix des logements ralentissent. Pour la prévision de référence de la croissance américaine, il est supposé que la croissance des prix du logement continuera de ralentir.

Ralentir ? Pas s’inverser ? Tout l’art de la litote... Notons également ceci :

Les différences de système financier peuvent être un élément d’explication des déséquilibres mondiaux actuels. Aux États-Unis, de même qu’en Australie et au Royaume-Uni, le système financier a permis aux ménages d’augmenter beaucoup plus leurs emprunts que dans d’autres pays, ce qui a entraîné une baisse de l’épargne et un creusement du déficit extérieur courant. Les marchés financiers des États-Unis, complexes et liquides, ont aussi offert des possibilités d’investissement attrayantes aux épargnants étrangers, ce qui a aidé à financer le déficit américain. Ainsi, les investisseurs étrangers contribuent pour environ 10 % aux 8.000 milliards de dollars que représente le marché des titres adossés à des créances hypothécaires dans ce pays.

Voilà qui nous relate crûment que c’est bien le système financier US qui est responsable des « déséquilibres mondiaux », ce qui désigne US et Chine, et US et exportateurs de pétrole . Pourquoi le FMI ne s’émeut-il pas de ces bulles et crises annoncées ? Parce que c’est pour lui juste et bon, selon un dogme sur lequel il faut revenir.

Le « consensus de Washington » est une généralisation des idées d’Adam Smtih, que je suis obligé de caricaturer pour résumer : « l’augmentation des flux commerciaux est générateur de croissance le marché fait spontanément des choix optimaux, et les interventions des états dans le domaine économique sont contre-productives ». Moyennant quoi il faut s’efforcer de supprimer les obstacles à la libre-entreprise et au libre-échange : frontières et douanes, règlementations, droit du travail et tout autre droit qui ne protège pas que les entreprises, secteurs nationalisés, etc ... et il en ressortira le plus grand bien pour tous. C’est ce consensus qui a inspiré la réorientation de l’UE vers sa version actuelle. Le FMI a fidèlement suivi cette ligne en prônant privatisations, accords de libre-échange, démantèlement des droits du travail, des règlementations prudentielles, etc ... J’insiste bien sur le fait que cette théorie économique dite « classique » n’en est qu’une parmi d’autres.

Cela n’empêche pas le FMI d’en observer les conséquences avec une grande lucidité. Qui a écrit la phrase suivante : « depuis une vingtaine d’années, l’inégalité de revenu s’accentue dans la plupart des régions et des pays » ? Elle sort d’une annexe du rapport d’octobre 2007 du FMI. Ca n’inquiète pas le FMI, qui y oppose la constante augmentation du PIB mondial. Il est par contre inquiet des « déséquilibres mondiaux » cités plus haut, c’est à dire d’un déséquilibre commercial et monétaire croissant entre US, Chine et exportateurs de pétrole, dont il craint la résorption brutale. Il plaide pour une « adaptation des politiques macro-économiques », c’est à dire une baisse du niveau de vie occidental.

Finalement, la vision du FMI est la suivante : « oui, le capitalisme anglo-saxon est générateur de bulles, oui le libre-échangisme est générateur d’inégalités, mais ils sont aussi générateurs de croissance, et leur bilan global est positif, car ils permettent la croissance économique des pays émergents, le développement de la Chine, ce qui se constate avec une augmentation constante du PIB mondial ». Cette opinion est celle qui guide tous les dirigeants occidentaux depuis 10 ans.

Une version opposée serait la suivante : « la croissance de l’économie chinoise et des flux commerciaux est au fond une délocalisation d’activités occidentales tirée par la demande occidentale, qui n’est elle soutenue que par un endettement croissant, étant donné l’appauvrissement induit sur le marché du travail ».

La différence entre les deux est la question de savoir si la croissance mondiale est réelle ou bien une simple bulle monétaire. L’année 2008 va permettre de trancher entre ces deux visions.

Troisième partie : y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Pour comprendre l’état d’esprit du pilote, nous allons simplement commenter ici les communiqués du FMI, qui donnent l’ambiance dans la cabine de pilotage.

Rapport sur les perspectives de l’économie mondiale septembre 2006

Les prévisions de référence pour la croissance de la production mondiale ont été révisées à la hausse en 2006 et en 2007. (...) En ce qui concerne la demande, un des risques principaux est que le ralentissement soutenu des marchés immobiliers dans les pays avancés pèse sur les bilans des ménages et la demande globale. Au stade actuel, les craintes concernent principalement les États-Unis, bien que d’autres marchés, comme celui de l’Espagne, de l’Irlande et du Royaume-Uni, semblent aussi surévalués selon la plupart des mesures conventionnelles.

Comité monétaire et financier 17/9/2006

Le Comité note avec satisfaction l’expansion vigoureuse et généralisée que connaît actuellement l’économie mondiale. La croissance devrait garder tout son dynamisme en 2007. Il existe cependant des risques de dégradation de la situation, qui tiennent à la possibilité d’une poursuite de l’accumulation de tensions inflationnistes, d’un ralentissement de la consommation dans un certain nombre de pays, de la persistance de cours élevés et instables de l’énergie et d’une montée du protectionnisme.

Tout va bien, à condition que l’immobilier US ne lâche pas trop, et que le pétrole ne monte pas trop.

Comité monétaire et financier 14/4/2007, juste après l’alerte de Shangai

Le Comité note avec satisfaction la persistance d’une expansion vigoureuse et généralisée de l’économie mondiale. La croissance devrait rester vigoureuse en 2007 et en 2008. La stabilité financière mondiale continue de reposer sur de solides fondements économiques. Les facteurs de dégradation qui doivent être surveillés en permanence tiennent à la possibilité d’une réévaluation des risques dans les conditions sur les marchés financiers internationaux, d’un ralentissement plus marqué que prévu de l’économie américaine et d’une résurgence des tensions inflationnistes résultant du rétrécissement des écarts de production ou d’une remontée éventuelle des cours du pétrole.

Bulletin du FMI 16/4/2007

Le repli du marché du logement aux États-Unis constitue l’un des risques les plus importants qui pèsent sur les prévisions. Depuis quelques mois, on constate quelques signes timides de stabilisation, au moins du côté de la demande, étant donné que les ventes de logements existants et les demandes de crédit se maintiennent et même augmentent. (...) Si les prix des logements ont continué de fléchir à l’échelle du pays, avec de véritables baisses de prix dans beaucoup de zones métropolitaines, les finances des ménages semblent toujours solides. Par conséquent, le FMI ne prévoit pas de fortes retombées des difficultés actuelles dans le secteur du logement, à condition que l’emploi et le revenu restent dynamiques.

Tout va bien, à condition que les problèmes de l’immobilier US n’aient pas d’impact sur l’économie.

Rapport sur les perspectives de l’économie mondiale juillet 2007

L’économie mondiale a poursuivi son expansion à un rythme soutenu au premier semestre 2007. Bien qu’aux États-Unis la croissance ait perdu de sa vitalité au premier trimestre, l’économie a repris de l’allant au deuxième trimestre. (...) La croissance mondiale devrait s’inscrire à 5,2 % en 2007 et 2008, soit 0,3 point de plus que projeté en avril 2007. (...) Les prévisions de croissance pour la zone euro, notamment l’Allemagne, et le Japon ont aussi été revues à la hausse. Globalement, la balance des risques pour les perspectives de croissance mondiale demeure légèrement orientée à la baisse, comme en avril 2007. (...) Tandis que la correction du secteur immobilier se poursuit, les risques globalement baissiers liés à la demande intérieure américaine se sont un peu estompés. (...) Des progrès ont été faits qui ont réduit le risque de correction désordonnée des déséquilibres mondiaux, encore que les pressions protectionnistes restent préoccupantes.

Les problèmes US sont plus embêtants que prévu, mais ça va s’arranger. Ne touchez pas aux dogmes.

Rapport sur les perspectives de l’économie mondiale octobre 2007 après les « subprimes »

La croissance mondiale a été vigoureuse au premier semestre de 2007, bien que les remous sur les marchés financiers aient assombri les perspectives. Si les prévisions pour 2007 n’ont guère été touchées, la projection de référence pour la croissance mondiale en 2008 a été révisée à la baisse. La croissance mondiale resterait quand même vigoureuse, portée par des paramètres fondamentaux généralement solides et une forte expansion dans les pays émergents.

Comité monétaire et financier 20/10/2007

Le Comité se félicite de la vigueur de la croissance mondiale au premier semestre de 2007. Il note que l’économie mondiale continue de reposer sur des paramètres fondamentaux solides et sur la croissance robuste des pays émergents et d’autres pays en développement. (...) Parmi les réformes structurelles qui permettront de tirer pleinement profit des occasions offertes par la mondialisation et les progrès technologiques devraient figurer la poursuite de la libéralisation du secteur des services dans les pays avancés.

La croissance est foutue en occident, mais elle va continuer dans les pays émergents. Accrochez-vous aux dogmes. Les pays émergents n’ont pas tout à fait le même avis, comme en témoigne ce communiqué à la même date du « G24 » du FMI, c’est à dire d’un groupe associé de 24 pays émergents.

G24 19/10/2007

Les Ministres observent que le marché américain des prêts hypothécaires à risque est vulnérable et que cela a des retombées sur les marchés financiers et l’économie réelle. Ils soulignent la nécessité pour le FMI d’améliorer la surveillance qu’il exerce sur les économies avancées en accordant autant d’attention à l’évaluation des faiblesses de ces dernières qu’à celles des économies de marché émergentes.

Traduction : « ça fait combien de temps que vous pinaillez sur nos petites législations commerciales, et vous avez laissé passer une bulle pareille aux US ? »

Désolé pour cette longue litanie. Elle fait simplement apparaître que le FMI a parfaitement diagnostiqué la crise, mais qu’il reste persuadé qu’au fond la croissance de l ’économie mondiale n’est pas liée à la bulle US et qu’elle lui survivra. C’est ce que l’année 2008 va nous permettre de vérifier ... ou pas.

En 2008, de deux choses l’une :

  • ou bien les libre-échangistes ont raison, et l’intensification des flux commerciaux ont permis de débuter en Chine une activité économique autonome, qui survivra à la fin de la demande US, auquel cas la récession sera occidentale, mais la croissance se poursuivra dans les pays émergents,

  • ou bien les libre-échangistes ont tort, le seul avantage comparatif de la Chine est la main d’oeuvre bon marché, et la récession sera mondiale.

Cette alternative ne pourrait être posée plus simplement que dans les derniers communiqués du FMI.

Quatrième partie : pardon, quelle est la destination de cet appareil ?

Il y a en tout cas une question qui ne semble plus trop se poser, qui est celle de la contagion à l’Europe.

L’étranglement du crédit est déjà une réalité pour les PME européennes.

Il faut sans doute s’attendre à une baisse des actions. Il y a un consensus pour dire qu’elles ne sont pas très surestimées, mais c’est en fonction de leurs résultats actuels, qui pourraient être entraînés à la baisse dans une récession. Et il reste quelques points d’exubérance, comme Google, valorisé à 50 fois ses bénéfices à 200 milliards USD.

Il faut ensuite observer l’immobilier européen. Les pratiques ont été les mêmes qu’aux Etats-Unis en Angleterre, Espagne, Irlande. C’est donc là que pourrait commencer le krach européen.

Il faut aussi observer les exportations allemandes. L’Allemagne est en effet le pays de l’UE qui exporte le plus hors UE, y compris vers les Etats-Unis. Si la baisse de la demande US doit se propager dans l’UE, cela devrait commencer par l’Allemagne. Mais il faut à mon avis porter une attention particulière au secteur pharmaceutique. En effet, la dépense qui a le plus augmenté aux Etats-Unis ces dernières années et qui a créé le plus d’emplois est la dépense de santé. Elle est en moyenne supérieure de 50% à celle de l’UE et augmente très vite. Une des conséquences en a été que beaucoup d’entreprises pharmaceutiques européennes se sont délocalisées aux Etats-Unis. Il me semble donc que l’industrie pharmaceutique mondiale est aujourd’hui singulièrement exposée.

Mais comme cela a été mentionné en conclusion de chacun des paragraphes précédents, la vraie inconnue est la contagion à la Chine. La croissance chinoise est-elle endogène, ou bien portée par la demande occidentale ? La vraie ampleur de la crise se verra en 2008 à Shangai.

On a vu que le FMI a beaucoup insisté sur les « risques protectionnistes ». Etant en effet persuadé que l’augmentation des flux commerciaux est générateur de croissance, le protectionnisme lui semble une voie vers la récession. Si au contraire la croissance chinoise a été une bulle délocalisée, un protectionnisme adéquat en temps utile aurait permis de la restreindre.

Pour autant, même si l’on souscrit à ce deuxième avis, tout est question de timing en macro-économie, et une montée du protectionnisme après la crise pour résoudre le problème de la paupérisation et désindustrialisation en occident que l’on penserait créés par le libre-échange serait tout à fait erronée. Souvenons-nous en effet que ce sont les pays qui s’étaient le plus engagés dans le libre-échange qui ont été le plus frappés par la crise de 1929. En particulier le Japon, pour lequel il me semble généralement admis que c’est la fermeture de ses marchés qui l’a précipité dans l’aventure militaire de 1936. Si donc par malheur la bourse de Shangai devait s’effondrer en 2008, il nous appartiendrait, pour éviter que la situation ne dégénère, de ne pas refermer trop brutalement nos frontières, comme la tentation en serait forte.



60 réactions


  • Pierre 15 janvier 2008 11:24

    Bonjour Forest,

     

    Comme tu te souviens probablement, je ne suis pas expert en economie. Cette article me semble tres bon, malgre un titre et une arriere pensee toujours tres pessimiste (finissant par une allusion aux premisses de WW II).

    Effectivement la Chine et les pays detenteurs de matieres premieres semblent etre la cle de votre reflexion et validera ou non votre anticipation. Seulement, il me semble que deux choses manquent dans l’article :

    - Les investissements des fonds souverains.

    - Les Jeux Olympiques de cet ete : la bulle Chinoise ne peux eclater qu’apres les JO.

     

    Ces deux points ont-ils ete integres dans votre reflexion et juges non strategiques ?

     

    avec plaisir,

     

    Pierre

     

     

     


    • Forest Ent Forest Ent 15 janvier 2008 11:36

      Les "fonds souverains" sont la conséquence des déséquilibres mondiaux. Ce sont les dollars que la Chine et l’Arabie Saoudite n’ont pas dépensés et qui n’ont pas disparu en temps utile avec un ré-ajustement monétaire. La tendance actuelle est de les appeller au secours pour sauver de la faillite les établissements financiers occidentaux sur-leveragés. C’est un soi un symptôme du problème et un moyen de l’aggraver.

      Il est d’abord peu probable que ces sous soient suffisant pour sauver le système financier occidental si le choc devait s’aggraver. Leur montant est de moins de 2000 milliards USD, alors que la dette US seule est de 50 000 milliards USD. Ils risqueraient surtout de se carboniser.

      Ensuite et surtout, si la Chine dépense ses économies pour sauver Citibank, ça fera autant en moins pour relancer sa demande intérieure, comme cela va bientôt devenir vital pour elle. Se sauver soi-même ou tenter de sauver son client avec peu de chances de succès ? Ce choix indiquera sa perception de sa propre situation.


    • Pierre 15 janvier 2008 12:18

      Et concernant les JO en Chine ? Ne croyez vous pas que le Parti va tout faire pour limiter la casse jusqu’a la fin des JO ?

      C’est symbolique... donc extremement strategique !


    • Forest Ent Forest Ent 15 janvier 2008 13:06

      Il y a la logique de fond et les circonstances. L’administration US va essayer de tenir jusqu’aux élections pour refiler le bébé aux successeurs. Ca me semble quand même un peu lointain.

      Pour la Chine et les JO, la question ne se poserait que s’il y a contagion, ce qui est toute la question. A supposer le pire, c’est à dire un krach massif en Chine, tout peut arriver dans ce pays trop vaste, au système politique corrompu et inefficace, où le droit existe à peine.

      Une phrase de l’article vous était personnellement dédiée : "la théorie classique n’en est qu’une parmi d’autres". Il y a plusieurs formes possibles d’économie de marché.


  • ZEN ZEN 15 janvier 2008 11:25

    Très intéressant, Forest , Merci

     

    Je suis en train de lire le livre de M.Aglietta :Désordre dans le capitalisme mondial . Beaucoup d’alayses de l’auteur rejoignent les tiennes.

    Sur un des points évoqués dans l’article :

    Sous le forme d’un petit jeu :"qui a dit... ?"

    "La part des profits est inhabituellement élevée à présent , et la part des salaires inhabituellement basse. L’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années."
    La CGT ? Non, la Banque des réglements internationaux (BRI)

    "La part des salaires dans la valeur ajoutée est historiquement basse, à l’inverse d’une productivité, qui ne cesse de s’améliorer...Ce découplage entre faibles progressions salariales et profits historiques des entreprises fait craindre une montée du ressentiment contre le capitalisme et le marché.."
    Alain Besancenot ? Non, Alan Greenspan, ancien directeur de la Fed (déclaration au Financial Times)

    "Il y a en gros 120 à 170 milliards d’euros qui ont ripé du travail vers le capital"
    (J.Fayolle , ancien directeur de l’IRES)
    "Le revenu salarail net n’a pratiquement pas augmenté depuis ces vint-cinq dernières années" (Les Echos)
    "Le niveau de vie de la grande masse des Américains n’a pas progressé depuis la fin des années 1960. Pendant ce temps, pourtant,la croissance moyenne de la productivité du travail dans les entreprises a été de 1,75% par an..."
    (Michel Aglietta)


  • tvargentine.com lerma 15 janvier 2008 13:07

    La Chine n’est qu’une dictature communiste,qui instaure la terreur pour tous ses opposants démocrates.

    Les syndicats politiques indépendants sont interdit et les conditions d’higyenes et de sécurité au travail ,n’existent pas.

    Quand le peuple chinois,va se révolter ,tout le chateau de carte va s’écrouler.

    Il ne faut pas comparer un dragon de papier comme la Chine avec une puissance industrielle et économique comme le Japon,les USA,la Russie ou l’Europe.

    Seul la Chine ne respectent aucunes régles.

    On ne peut pas comparer ce Chine au reste des puissances existantes

     

     


    • Forest Ent Forest Ent 15 janvier 2008 13:23

      C’est bien possible et c’est tout le problème. La principale justification apportée à la mondialisation est le développement de l’Inde et de la Chine.

      Selon le FMI, la Chine est aujourd’hui le deuxième PIB mondial, et le principal contributeur à sa croissance, avec autour de 10%.(D’un autre côté, quand on parcourt ces publications, on constate que la notion de croissance est beaucoup à relativiser par les phénomènes monétaires. ainsi, le FMI vient de réviser significativement ses estimations de la croissance mondiale passée par une simple adaptation des "parités de pouvoir d’achat", censées compenser les déséquilibres monétaires.)

      Si vous avez raison, un énorme mirage va s’évanouir bientôt à Shangai.


    • wesson wesson 15 janvier 2008 13:29

      vous n’aimez pas la chine ?

      n’achetez pas les produits qui y sont manufacturés.

      vous vous désolez de l’absence de démocratie là bas ?

      Faites votre possible pour que cela changes.

      Vous n’aimez pas les communistes ?

      Votez Sarkozy

      Vous n’aimez pas les communistes chinois ?

      Ne votez pas pour Sarkozy, qui à peine élu est allé faire la serpillière a contrats chez ses amis chinois !


    • Kobayachi Kobayachi 15 janvier 2008 23:21

      Pourquoi pensez vous que les Etats-Unis importent principalement de chine et pas d’Inde ou la main d’œuvre est tout aussi bon marchée et la barrière des linguistique n’est pas aussi importante ?

      Parce que les chinois sont bien plus dociles. 

      On risque d’attendre longtemps avant que ces millions de travailleurs chinois, qui travails souvent dans des conditions pires que celles d l’esclave, ne se rebelles et comprennent qu’ils se font exploiter

       


    • Totoro Totoro 21 janvier 2008 20:34

      Et que faites vous des 400 millions de chinois sortis de l’extrême pauvreté en 20 ans ? faudra leur expliquer ce que les bourgeois occidentaux pensent de leur docilité et le reste....ce n’est plus de l’anthropocentrisme mais de l’occidentocentrisme...Du même niveau que la chasse au phoque quand il n’est pas en voie de disparition : mais nous les occidentaux on trouve les phoques gentils et mignons...


  • MagicBuster 15 janvier 2008 13:53

    La croissance .... la croissance .... .toujours la croissance .... faudra lui expiquer à Sarko que c’est fini ....

     

    il ne grandira plus smiley


  • Internaute Internaute 15 janvier 2008 13:55

    Présentation complète et trés intéressante. Cependant les alternatives posées n’en sont pas une.

    « En 2008, de deux choses l’une :
     * ou bien les libre-échangistes ont raison, et l’intensification des flux commerciaux ont permis de débuter en Chine une activité économique autonome, qui survivra à la fin de la demande US, auquel cas la récession sera occidentale, mais la croissance se poursuivra dans les pays émergents,
     * ou bien les libre-échangistes ont tort, le seul avantage comparatif de la Chine est la main d’oeuvre bon marché, et la récession sera mondiale. »

    Il me semble que dans les deux cas on sera cuit.

    Que fait un dirigeant du PS à la tête du FMI ? Aprés tout, perdons nos illusions, c’est peut-être exactement là qu’est sa place.

    Je ne crois pas du tout à la spécialisation des nations en dehors de la fourniture des matières premières. Tout ce que nous faisons peut être fait par les autres. Croire qu’il n’y a que les emplois peu qualifiés qui partent est un aveuglement suicidaire.

     

     


    • Eloi Eloi 15 janvier 2008 20:30

      Si l’on était cynique, l’on pourrait se dire qu’il y aura toujours du travail : les chinois délocaliseront en europe !


  • bonsens 15 janvier 2008 13:58

    la chine n’à pas besoin de dollars pour relancer son économie elle à besoin d’exporter ses produits pour son développement économique

    l’amérique achéte à crédit parce elle est client des chinois,dans le commerce on dit que le client est roi

    pour équilibrer sa balance l’amérique doit exporter plus ou emprunter à l’étranger ,la dévaluation est le seul moyen de résoudre son probléme

    je rappelle qu’en france que les trentes glorieuses ont été faciles grace à l’inflation c’est les emprunteurs qui ont été les principaux gagnants

    je pense que la crise immobiliére américaine va se résoudre par l’inflation et sur les taux d’intéréts

    c’est juste un probléme de paramétres à modifier et l’amérique à des intéllectuels pour résoudre ce petit probléme

    je constate que nos pays dits developpés sur 30 ans ont un niveau de vie inégalée grace à nos savants et ingénieurs et ouvriers.

    alors 2 ans , 5 ans de crise cela ne représente pas beaucoup sur 75 ans durée de vie moyenne d’un individu

     


  • Bulgroz 15 janvier 2008 14:50

    Vie privée : vous aurez au début de la semaine une chance à saisir, et vous la prendrez.Vous aurez peut-être besoin de saisir une opportunité professionnelle qui vous met à l’abri de jours moins confortables. Ou votre cœur abrite des sentiments secrets, le désir de vous accomplir sur un plan artistique, thérapeutique, musical…

    Travail : En permettant à vos entretiens et rencontres de vous influencer, vous obtiendrez des succès, de même que vous serez plus à l’écoute de ce que les autres ont à vous apprendre.

    Forme : il vous faut activer votre circulation pour vivifier votre cerveau !

    J’aurai voulu annexer quelques graphiques pour illustrer mon propos, mais le temps qui m’est imparti est termine et le train de 8h59 entre en gare.

     

    Signe : le Ludion mediatique


  • anny paule 15 janvier 2008 15:54

    Personnellement, je ne connais rien en économie. Je loue cet article "didactique" et éclairant.

    Par contre, je reste une fidèle adepte du développement humain : je n’ose pas utiliser le terme d’humaniste tant sa signification peut prêter à confusion. Or, le monde qu’il est permis de vivre pour la majorité des hommes, des femmes, des enfants de cette planète ne profite pas des gains exponentiels qui s’y réalisent. Une infime minorité profite de la richesse produite ou "exploitée" (pas dans le sens marxiste, bien entendu) par la totalité des autres. Les salaires sont au plus bas quand les profits sont au plus haut...

    J’aimerais comprendre l’intérêt d’un tel système, qui fonctionne en tant que tel, comme un système qui s’autoalimente, qui crée ses propres règles, chaque fois plus sophistiquées, plus drastiques vis à vis des populations : il suffit de voir l’affairement de notre actuel président soutenu haut et fort par le MEDEF casser les lois qui garantissaient une certaine sécurité de l’emploi. Il suffit de voir comment nous sommes en train de perdre ce qui avait, durant des décennies (en gros, depuis la fin de la seconde guerre mondiale) créé les conditions d’un mieux vivre général, tant sur le plan de l’éducation, que de la santé, que de la solidarité collective.

    J’ai l’impression d’assister à une forme de folie dangereuse, contagieuse, digne des ouvrages de science fiction des années cinquante.

    J’aimerais que les humains, qui n’ont que faire de calculs savants aient une place dans ce monde et ne soient plus perçus simplement comme des variables d’ajustement.

    Cette réflexion peut être taxée de gauche... elle me semble simplement celle du bon sens...


  • Roland Verhille Roland Verhille 15 janvier 2008 16:29

    Merci pour cette étude fouillée et bien mieux argumentée que celles innombrables des journalistes et même des économistes. Toutefois, il me semble que Forest Ent introduit dans sa démonstration deux ou trois éléments qui déterminent sa conclusion sans qu’ils soient certains.

    D’abord, que les hauts et les bas du « Dow Jones » industriel ne soient en rien liés à la crise financière n’a rien d’évident. Mais c’est peut être le terme employé de « crise financière » qui suscite un malentendu, faute d’être précisé : est-ce seulement la crise bancaire américaine de l’été dernier, ou la succession des crises évoquées (bulle de 2000, krach de 2002) qui, elle, n’est pas suffisamment caractérisée par l’auteur (il se borne à en relever les effets).

    Cependant, c’est fort pertinemment qu’est notée la création monétaire débridée, depuis 1995 est-il indiqué. Est-ce là la crise financière mise en cause, ce qui serait bien vu ? Mais il y a là semble-t-il une insuffisance dans le relevé des faits. Car cette création monétaire pléthorique a été initiée il y a une trentaine d’années. La croissance de la création monétaire a été quatre fois celle de la croissance de l’économie réelle. Plus qu’un océan de monnaie a été déversé sur le monde. Il n’est pas possible que cela soit resté sans effet sur l’économie.

    Puis soudainement, le raisonnement introduit les faits prétendus de décroissance des revenus du travail et de croissance des revenus du capital, suggérant que là serait la cause des maux relevés. Ce n’est pas non plus évident. Il faut plus que se méfier du recours à l’évolution du partage du PIB ou de la valeur ajoutée entre revenus du travail et revenus du capital. Tous ces instruments d’analyse sont irréfutablement faussés, à quoi s’ajoute la confusion entre « excédent brut d’exploitation » des comptabilités nationales et « revenus du capital ».

    Puis vient l’opposition entre « finance de libre concurrence » dite anglo-saxonne et les autres ; entre celle de rapports de responsabilité entre prêteurs et emprunteurs, et celle de « contractualisation entière ». Il y a là encore de subtils distinguos qui semblent seulement obscurcir l’analyse, mais qui sûrement la font dévier de sa recherche des relations de causalité.

    Pourquoi donc Forest Ent ayant attrapé sa proie de la création monétaire démentielle l’a-t-il lâchée à la poursuite d’un leurre ? Quel dommage ! Il eût été de beaucoup préférable qu’il constate plus nettement ce fait capital, et qu’il en recherche le ou les responsables. Et il n’y a pas là à se laisser entraîner dans les querelles où se complaisent les économistes entre « mercantilistes » et « libre-échangistes », modernisées en querelles de chiffonniers entre « ultra libéraux » et les autres où les commentaires iront probablement se perdre. Même les querelles d’économistes entre néo libéraux et keynésiens seraient oiseuses, car il a été dit à juste titre que Keynes lui-même se retourne inlassablement dans sa tombe au constat du traitement fait pas les politiques à ses idées. La réalité, du moins celle qui m’apparaît, est le dévoiement de l’action publique (ici celle des banques centrales) en conséquence du dévoiement de l’action politique : par pure démagogie, le dopage de plus en plus puissant de l’activité économique au moyen de ces injections de pouvoir d’achat artificiel.

    Alors, comme pour tout dopage, il y a une fin : soit brutale, ce que craint Forest Ent, soit maîtrisée en une cure de désintoxication. Ce qui est certain, c’est que la cure compensera en moindre croissance la croissance dopée antérieure. A moins que l’Orient, délivré des dictatures communistes et réintégré dans les échanges économiques mondiaux, n’y injecte un développement de l’économie occidentale contraire à celui qui est dénoncé en débridant encore plus son développement économique interne élevant inéluctablement le pouvoir d’achat de ses populations et rééquilibrant les échanges commerciaux.


    • Forest Ent Forest Ent 15 janvier 2008 20:52

      Merci beaucoup pour votre long commentaire, et pour votre appréciation somme toute positive. Vos critiques sont justifiées. Mon exposé est souvent lapidaire et peu clair. Bien qu’en accord général avec vos remarques, je vais quand même essayer de répondre à certains points.

      L’évolution du DJI n’est effectivement pas le bon indicateur de la bulle monétaire. Il aurait fallu a minima le comparer aux P/E des sociétés concernées. Il est ici juste illustratif.

      "Puis soudainement, le raisonnement introduit les faits prétendus de décroissance des revenus du travail et de croissance des revenus du capital, suggérant que là serait la cause des maux relevés."

      Je me suis mal exprimé. C’est pour moi une conséquence plus qu’une cause. La création monétaire permet des rendements élevés, que l’on chercher à proroger, et il faut les chercher dans la destruction de la valeur du travail, par exemple par la délocalisation, esclavage inclus.

      "Puis vient l’opposition entre « finance de libre concurrence » dite anglo-saxonne et les autres. Il y a là encore de subtils distinguos qui semblent seulement obscurcir l’analyse, mais qui sûrement la font dévier de sa recherche des relations de causalité."

      C’est bien pour moi la cause. J’y reviendrai ci-dessous.

      "La réalité, du moins celle qui m’apparaît, est le dévoiement de l’action publique (ici celle des banques centrales) en conséquence du dévoiement de l’action politique : par pure démagogie, le dopage de plus en plus puissant de l’activité économique au moyen de ces injections de pouvoir d’achat artificiel."

      Il me semble que la FED a aggravé la bulle, mais ne l’a pas créée. Je crois aussi à un "dévoiement de l’action publique", mais plus dans son manque de régulation que dans son action monétaire, et je pense que c’est le libre marché financier non régulé, qui est à l’origine du problème.

      Il n’y a pas eu beaucoup de subprimes en France, parce que les banques ont vérifié la solvabilité des emprunteurs, dont elles se sont senties responsables. C’est de la régulation, comme toutes les règles prudentielles. En fait, plus un pays est libéral, plus il a besoin d’une régulation forte. Ce que l’on constate ici est plutôt une dérive "libertarienne", qui pense que toute action étatique est mauvaise, et que donc l’état ne doit pas se mêler d’économie. Sauf pour "aider le marché", comme l’a fait Greenspan en 2003. Et comme se propose de faire l’état anglais en nationalisant Northern Rock, ce qui me fait beaucoup rire, même si c’est jaune.


  • Internaute Internaute 15 janvier 2008 16:40

    (AOF) - Le vertige. Tel est le mot qui vient à l’esprit quand on découvre les pertes trimestrielles et les dépréciations d’actifs de Citigroup (-4,20% à 27,84 dollars). Avec un déficit de 9,83 milliards de dollars, contre un profit net de 5,1 milliard un an auparavant, Citigroup a enregistré un quatrième trimestre catastrophique. Que dire des dépréciations d’actifs qui atteignent 18 milliards de dollars ? Dans le "Wall Street Journal", certains investisseurs les prédisaient à 15 milliards, chiffre déjà astronomique, tandis que la chaîne CNBC les anticipait à 24 milliards de dollars.

    La première banque américaine a donc publié les résultats les plus mauvais de l’histoire des banques américaines depuis 196 ans.

    -----------------------

    et ce n’est qu’un début

     

     

     


  • alberto alberto 15 janvier 2008 17:09

    Interessant : merci, Forest.

    Le plus difficile à prévoir dans l’avenir, c’est comment ça va va se passer...(cf : Geneviève Tabouis)

    Mais j’ai effectivement entendu ce matin (sur BFM) qu’à Londres les économistes sont tous fébriles en se demandant comment ’tenir" la Livre dans un contexte de subprimes à l’américaine avec l’endettement des ménages qui seront ruinés etc...Et la Livrre n’est pas le Dollar !

    Bien à vous.


  • geko 15 janvier 2008 18:58

    Merci pour cet article Forest.

    Outre les facteurs financiers, votre analyse tient elle compte des évolutions du cours du pétrole ? En effet le libre échangisme mondial repose sur des coûts de transport maintenus jusqu’ici artificiellement bas. Hors il semble que cette période soit définitivement révolue et l’augmentation de la production des bio-carburants ne fera que transférer le problème sur les cours des biens alimentaires !

    Sans parler des problématiques "réchauffement de la planète" et de la destruction de la biodiversité. Mais apparemment cela ne touche pas le FMI ! Le pilote connait il bien son appareil ?


    • Forest Ent Forest Ent 15 janvier 2008 20:36

      Tout à fait. Le prix du pétrole est ce qui empêche la bulle de continuer à gonfler. C’était peut-être la motivation de la campagne d’Irak. C’est en tout cas son signe d’échec le plus flagrant.

      Mais il servira d’amortisseur à la crise. En effet, une récession devrait aider à faire baisser le prix.


    • geko 15 janvier 2008 21:02

      Vous avez sans doute raison, mais la recession peut tout aussi bien exacerber les tensions sur les zones géostratégiques de production et de distribution de l’or noir ! et là quand à l’évolution de son prix ?


    • Forest Ent Forest Ent 15 janvier 2008 21:37

      Cela suppose que la crise économique dégénère un peu en crise géopolitique. Ce n’est hélas pas exclus.


  • millesime 15 janvier 2008 21:47

    La financiarisation à outrance de l’économie mondiale est telle que ce qui arrive n’est pas surprenant. Il est temps de faire comprendre aux financiers que :

    "Paris ne s’est pas fait en un jour", 

    que la pression exercée par les actionnaires sur les chefs d’entreprises (qui ne sont plus que leur serviteurs "zélés" trop souvent ) les prive de raisonner à long terme

     et que mettre "le profit avant l’homme" 

    crée une faille qui conduit tôt ou tard à un "tremblement de terre", tout est réuni en cette année 2008 pour que ce tremblement de terre se produise.

    les adhérents de la "trilatérale" et du "bilderberg" se sont organisés pour que les marchés soit en "distribution" d’une part et ont "ramassé" cette "relique barbare" qu’est l’or pour le remonétariser... !

    (le capitalisme est certes la seule machine qui produit de la croissance, il n’y a aucune autre forme de subtitution possible, mais la machine souffre d’un mauvais réglage, croire qu’elle peut s’autoréguler est impossible, aux politiques donc de trouver des clés acceptables par tout le monde.....commençons en Europe par exemple... ! dans l’attente la crise est là.. !).

     


    • Gilles Gilles 16 janvier 2008 09:32

      Millesime

      "mais la machine souffre d’un mauvais réglage, croire qu’elle peut s’autoréguler est impossible,"

      Je suis d’accord, mais mettez vous dans le crâne d’un ultrra libérale, fan de marché, ceux qui décident de la marche économique du monde

      Ce genre de crise est pour eux un simple ajustement. Le marché à gonflé, trop, et donc il retombe un peu pour s’épurer et ensuite tout reprendra comme avant. Aprés 2008, il y a 2009, puis 2010, et la croissance reviendra de plus belle....comme cela s’est passé avant aprés chaque crise

      D’ailleurs, ces gens, tout comme Bush, accusent surtout les ménages victimes de s’être trop endettés au delà de leurs moyens. Normal qu’ils paient la note.. ;z’avaient qu’à bien lire les petits caractères et lire le Wall street journal !

      Donc, une récession, quelques millions de ménages dans la merde (ils s’en foutent), mais ça n’empêchera pas l’économie de rebondir, le PIB d’augmenter à moyen terme... ;et c’est tout ce qui compte.

      Voilà, le système capitaliste et financiariste mondial n’est aucunement en danger. Le seul moyen de lutter contre c’est que les citoyens lésés dont on se fout finissent par se rebeller, marre qu’ils en ont d’être les dindons de la farce des soubressauts inhérent sà ce genre de modèle économique...


  • goc goc 15 janvier 2008 23:51

    je vais encore plus pessimiste que tout le monde

    Je pense que la crise des subprimes US va continuer encore 6 mois

     Et pendant ce temps-là, on va avoir deux autres crises : la premiere, celle du credit (revolving surtout), c’est a dire qu’on va arriver au stade ou les menages americains seront incapable d’honorer leurs dettes courantes. On est deja dans une phase de sur-endettement massif, au point qu’aujourd’hui le revolving ne sert plus qu’a finir le mois (en decembre le montant des revolving a augmenté alors que la consommation a baissé, donc le credit ne sert plus a acheter du superflu, mais a colmater les breches)

     la seconde crise viendra de l’Angleterre qui pourrait bien "deposer le bilan"

     et malheureusement je ne vois qu’une seule issue a cette crise, ou tout du moins qu’une seule issue vue des neo-cons, a savoir la guerre. Donc attendez-vous a un attentat prefabriqué genre 11/09 afin de justifier la vitrification de l’iran, et la guerre totale contre le monde arabo-musulman

     

     


  • Gilles Gilles 16 janvier 2008 09:20

    Je pense que tous ceux qui s’interesse à cet article, du moins au sujet, aimeraient lire ça :

    Greenspan : Subprime Sales May Be Near Bottom

    La chasse au greenspan est ouverte, autrefois encensé, aujourd’hui honnis et non seulement accusé de mismanagement mais de faire beaucoup de pognon dessus, et une certaine remise en cause du système.......

    Il faut surtout lire les commentaires des lecteurs ultra gauchistes du Wall Street Journal.....édifiant. Du style

    "Greenspan is prostituting his reputation.. well I guess that is capitalism."

    "Alan, sir…rightly or wrongly you made decisions as Fed Chairman that directly or indirectly created this housing crisis, and now you go to a firm that is making a killing exploiting the aftermath of those decisions ?

    " This is as close as you get to using your powers for evil, instead of good."

    "Mr. Greenspan, with all due respect, would be the first in line to be brought to trial, even before Bush."

     


  • Roland Verhille Roland Verhille 16 janvier 2008 10:06

    Forest Ent, merci pour votre réplique.

    Pour l’information de tous, voici le partage de la valeur ajoutée brute calculée par l’INSEE. Le coût du travail inclut celui des agents de l’état. P.O. est la part de cette valeur ajoutée constituée par les impôts sur la production (compris dans les prix de marché des biens et services, auxquels s’ajoutent les impôts sur les produits). ENE est l’excédent net d’exploitation des sociétés (excédent brut moins consommation de capital fixe, ou amortissements).

    En % du produit intérieur net

    1959

    1988

    2006

    Coût du travail

    71%

    54%

    58%

    Excédent exploitation des sociétés

    11%

    15%

    11%

    Impôts s/production, ex impôts s/produits

    18%

    31%

    31%

     


  • Roland Verhille Roland Verhille 16 janvier 2008 10:17

    Voici maintenant le partage du pouvoir d’achat monétaire créé par les activités économiques laborieuses du secteur marchand (produit intérieur rectifié). Les salaires des agents de l’état, payés au moyen de prélèvements opérés sur d’autres revenus, sont ici classés en revenus de transfert. Tous ces revenus sont calculés en « net », tous prélèvements obligatoires déduits. Pour ce faire, l’impôt sur le revenu a été considéré comme frappant également tous les revenus, sauf les revenus de transferts (principalement retraites et prestations sociales) dont le taux global moyen ici retenu à titre d’approximation est inférieur du tiers à celui frappant les autres revenus.

     

    Rémunération du travail marchand : 1959, 57% ; 1988, 41% ; 2006, 43%.

    Revenus de la propriété : 1959, 4% ; 1988, 7% ; 2006, 8%.

    Revenu net des sociétés : 1959 ; 5% ; 1988, 9% ; 2006, 2%.

    Revenus de transfert : 1959, 30% ; 1988, 47% ; 2006, 51%.

    Le reste à 100% : Emprunts publics, et transferts nets au reste du monde.

     

    Ces données montrent que si effectivement le travail ne paie plus, ce que le peuple ressent sans savoir le compter, les « profits » des sociétés n’en sont pas la cause. C’est l’irruption dans le partage des richesses du troisième larron, l’état, qui explique tout ; il s’attribue la part du lion pour payer ses générosités.

     


    • Forest Ent Forest Ent 16 janvier 2008 13:12

      Je ne souscris pas à cette présentation, ni à son interprétation. Je comprends qu’il s’agit d’un des trois procédés de calcul du PIB fait par l’INSEE en s’appuyant sur la somme des valeurs ajoutées déclarées. Je suis désolé de le dire, mais ce calcul n’intègre pas vraiment les revenus du capital. Nous vivons dans une monde financier mondialisé où les revenus du capital échappent aux comptabilités publiques car ils sont délocalisés.

      Par aversion personnelle, j’aime bien prendre l’exemple de la société Microsoft. Cette société ne fait pas de bénéfices en France. Elle les déclare en Irlande, où elle paye très peu d’impôts dessus. Elle les rapatrie ensuite aux Bermudes où une partie est directement recyclée, puis successivement dans deux états US (comme je crois le Nevada) où il n’y a presque pas d’impôts sur les ventes de logiciels, avant de finir par déclarer à Seattle, Wash., 10 milliards USD de bénéfs sur un CA déclaré entre 40 et 50, ayant payé en tout et pour tout 0,1 milliard d’impôts en Europe.

      Je ne pense pas que l’INSEE puisse apprécier la valeur réelle des revenus du capital, et les impôts correspondants sont quasiment négligeables dans les recettes de l’Etat français. L’impôt sur les sociétés, oui, mais c’est un autre sujet.


  • Roland Verhille Roland Verhille 16 janvier 2008 15:46

    Il n’est pas dans mon intention d’entrer dans une discussion glissant sur le terrain de l’idéologie ou des croyances. Rejeter les yeux fermés des chiffres opposés à ce qui est affirmé et qui le démentent n’apporte rien à personne. Surtout quand, à ce qu’il semble ici, ils sont tirés de calculs dont la construction semble mal comprise (les profits expatriés tirés d’une production réalisée en France seraient chez nous, et à votre avis, d’une telle ampleur qu’ils se monteraient à plus de 10% de la production intérieure, environ 100 milliards d’euros, ce qui serait nécessaire pour fonder le passage commenté de votre texte ?).

    Vous m’opposez douter que l’INSEE puisse connaître les revenus du capital. Dans ce cas, faites comme moi, doutez aussi de tous les autres revenus avancés par l’INSEE. Mais alors, continuez comme moi, appuyez vos raisonnements sur des données objectives élaborées au besoin par vous-mêmes, et vérifiables par les autres. Vous ne l’avez pas fait, et je suis venu seulement vous encourager à le faire. Cela expliqué, mon propos n’est pas de troubler le bonheur que vous procurerait vos certitudes.


    • Forest Ent Forest Ent 16 janvier 2008 16:23

      Bon, faisons l’exercice :

      "Rémunération du travail marchand : 1959, 57% ; 1988, 41% ; 2006, 43%.

      Revenus de la propriété : 1959, 4% ; 1988, 7% ; 2006, 8%.

      Revenu net des sociétés : 1959 ; 5% ; 1988, 9% ; 2006, 2%.

      Revenus de transfert : 1959, 30% ; 1988, 47% ; 2006, 51%.

      Le reste à 100% : Emprunts publics, et transferts nets au reste du monde."

      La rubrique "transferts au reste du monde" s’inclut dans le reste à 100% des 4 rubriques précédentes dont le total est :

      1959 : 96% , 1988 : 104%, 2006 : 104%

      Ca fait donc :

      1959 : 4% , 1988 : -4% , 2006 : -4%

      Effectivement, ça ne pèse pas lourd.

      Cela dit, dans votre tableau, les revenus de la propriété ont doublé dans la période, de 4% à 8%. Si l’on considère que le taux d’évasion n’a pu qu’augmenter dans la période suite aux dérégulations successives, cela permet d’augurer du réel.

      Je ne sais malheureusement pas comment l’on pourrait estimer sérieusement aujourd’hui les revenus du capital. J’ai lu quelque part je ne sais plus où qu’environ la moitié des flux financiers actuels sont offshore. C’est peut être sous-estimé.


    • Roland Verhille Roland Verhille 16 janvier 2008 17:53

      La croissance des revenus de la propriété est surtout la conséquence de l’épargne croissante des particuliers, en placements boursiers (dividendes perçus) ou en sicav et autres mais surtout en assurances vie.

      Je ne veux pas du tout vous contrarier. J’attire votre attention sur l’essentiel qui explique notre piteuse situation à tous : les prélèvements étatiques sur le produit du travail. Il est masqué dans les informations fournies qui condidèrent des chiffres sur papier (des rémunérations brutes, charges patronales non comprises, ou des rémunérations toutes charges comprises et avant tout prélèvement. Ce n’est pas là ce qui fait les euros gagnés par le travail, entrés dans le porte monnaie, sans avoir à être ultérieurement versé à l’Etat.

      Se voiler la face là-dessus, c’est se condamner à ne pas comprendre le fonctionnemenrt de notre économie, à se répandre en balivernes, et à gober les litanies des bonimenteurs qui enregimentent les autres.


    • Forest Ent Forest Ent 16 janvier 2008 19:08

      Il est vrai que la part de la dépense publique dans le PIB a augmenté, en général à mauvais escient, et en général sous des gouvernements de droite.

      Il est vrai aussi que les sytèmes de redistribution ont enflé :

      - l’assurance chômage à cause de l’augmentation du chômage,

      - l’assurance santé et l’assurance retraite sans doute en plus grande part à cause du vieillissement, qui est à mon avis la cause ultime de ces crises économiques.

      Cela est mesurable. J’ai assez confiance aux chiffres concernant les salaires, la dépense publique, les systèmes de redistribution, et les comptes déclarés des sociétés, car tout cela est d’une certaine manière consigné à la source. J’ai par contre très peu confiance pour ce qui est des revenus du travail hors salaires et des revenus du patrimoine.

      Quand aux flux financiers, ça me semble un vaste trou noir.


    • thx1139 18 janvier 2008 15:08

      Un point m’échappe dans la discussion : l’article concernant la situation internationale, M. Verhille veux dire que la distribution des revenus est globalement la même dans tous les pays occidentaux ? C’est bien possible. Et il ne me semble pas que la France soit très différentes des autres pays occidentaux, affectés des mêmes problèmes économiques, démographiques...

      En ce qui me concerne, je trouve qu’il faudrait développer dans l’article la partie « Nous vivons une inflation à deux vitesses : une hyperinflation du capital et une déflation du travail. »

      Il semble assez logique que la globalisation puisse avoir un effet déflationniste. Mais ce serait intéressant de développer si et comment la finance et l’immobilier auraient pu (sur)compensé cet effet en créant et en faisant tourner d’énormes masses de monnaie.

      Ensuite, dire que l’immobilier est le point de « rencontre ultime » est effectivement un peu lapidaire en terme d’explication. On aurait sûrement besoin d’un bouquin entier pour comprendre comment tout s’est crystallisé autour de l’immobilier.

      Pour revenir sur la notion de revenu :

      A mon avis, limiter le débat aux prélèvements me semble un peu réducteur.

      En ce qui concerne les déficits publics, justifiés ou non, sont étroitement liés aux conséquences du poids social de l’ouverture des marchés. L’ajustement, sans cela, aurait été trop difficile à supporter socialement et politiquement parlant. Et sûrement durement récessionniste. Et, à mon avis, ceux qui nous chantent qu’il aurait fallu ajuster sans tenir compte de positions sociales, dans l’espoir de lendemains qui chantent grâce à un marché libéré, font de l’économie de laboratoire (il est certain que si les gens n’existaient pas, le marché fonctionnerait comme sur le papier).

      Incidemment ces déficits ont alimenté la bulle financière en alimentant les circuits monétaires internationaux. C’est un fait indéniable.

      Par contre, il semble aujourd’hui que les pays autrefois considérés comme des modèles pour la croissance, n’ont pas non plus réalisé ces ajustements. En limitant leurs déficits publics, ils ont alimenté leur endettement privé dans des proportions considérables. Au point qu’on pourrait croire que les points de croissance supplémentaires grignotés sur la France l’étaient au prix d’un endettement privé largement supérieur.

      Et il y a encore 6 mois, pour des raisons obscures, l’endettement privé, aggravé du fait que des pays ont vu leur taux d’épargne devenir négatif, n’a jamais été perçu comme alarmant. L’addition risque d’être lourde car un pays comme l’Angleterre n’a pas de filet de secours, plus d’industrie, pas d’épargne et des finances de ses ménages extrêmement tendues.

      A ce titre, pour revenir sur les revenus nationaux, ce qu’on oublie souvent, c’est qu’il y a une part de dépenses « incompréssibles » pour les ménages, qui sont comptabilisés comme un transfert lorsqu’on parle de la France (sécurité sociale, éducation publique...) et comme de la consommation lorsqu’on parle de pays qui ont libéralisé ces services. D’ou la méfiance à avoir sur les partages de revenus privés/publics et les transferts.

      Dernier point : sans être adepte d’une théorie du complot, je crois qu’il y a quand même un certain flou dans la comptabilisation des flux financiers internationaux et l’évasion fiscale. Par contre, je n’ai pas d’idée de l’ampleur.

      Sinon, ce qui serait très intéressant, c’est de trouver un certains nombres de références sur cette idée inflation/déflation.


    • Forest Ent Forest Ent 18 janvier 2008 19:19

      Entièrement d’accord sur l’ensemble de votre commentaire.

      Pour constater la déflation du travail, il y a pas mal de travaux sur la diminution du pouvoir d’achat en occident depuis 30 ans, certains cités par d’autres articles éco sur AV. L’hyperinflation des actifs est presque criante sur le DJI à 15 ans ci-dessus, multiplié par 6 dans la période. Mais c’est vrai de tous les autres indices, et encore plus spectaculaire à Shangai.

      Pourquoi l’immobilier ? Il y a deux réponses. C’est tout d’abord le dernier gage que l’on peut donner à un prêteur, comme "miser sa chemise". Mais une bulle peut en cacher une autre, et c’est aussi le premier actif dont la valeur craque quand la demande est asphyxiée.

      A mon avis, la surévaluation d’actifs porte sur tous les biens, et il n’y a pas que les produits dérivés de l’immobilier qui vont chuter. Il y a par exemple sur les actions des tonnes de dérivés dont la valeur s’annule en cas de récession générale, dont l’exemple-type est le LBO. Ce dernier a également la caratéristique de diminuer la résistance des entreprises aux chocs de trésorerie. Il va donc falloir surveiller la santé de la trésorerie un maximum dès maintenant.


    • Forest Ent Forest Ent 19 janvier 2008 00:37

      Une précision numérique : multiplier par 5 ou 6 en 15 ans, ça fait entre 11 et 12% par an. Il s’agit à peu près du ROI "standard" de ces derniers temps. Or la croissance mondiale n’a jamais dépassé 5%. D’où vient le reste, sachant que les P/E n’ont pas tellement changé ? La seule explication que j’y voie est une destruction de valeur du travail grâce à la mondialisation, destruction qui auto-justifie la création monétaire et sans laquelle une telle bulle géante n’aurait pu se former. A rapprocher des propos de Trichet qui s’étonnait au premier semestre de ce qu’une économie qui croît de 5%/an crée 10% de monnaie supplémentaire par an.


    • Forest Ent Forest Ent 19 janvier 2008 16:46

      Les P/E tournent généralement sauf bulle style Nasdaq autour de 14 ou 15, soit une actualisation vers 7%, ce qui correspond bien à une croissance de 5% plus prime de risque.


  • Chem ASSAYAG Chem ASSAYAG 19 janvier 2008 13:47

    Forest,

    votre article est très intéressant ; je ferai quelques remarques :

    - la théorie "classique" telle que vous la décrivez a très bien marché pendant 30 à 40 ans dans les pays occidentaux ; il faut lui reconnaître ce mérite. On peut considérer que le grand défin actuel lié à la financiarisation/globalisation/informatisation de nos sociétés est justement qu’elle ne marche plus (ce que j’ai décrit dans un article par le passage de la société de la moyenne à la société de l’écart-type),

    - nous voyons toujours les choses de notre point de vue ; une récession en Occident peut aussi être perçue comme un épiphénomène du côté des économies émergentes. Le sort de l’employé européen peut empirer mais dans le même temps celui de l’ouvrier chinois peut s’améliorer. Au final les gagnants pourraient être plus nombreux que les perdants mais ils ne seront plus les mêmes (comprendre nous) ;

    - tout le monde sait que les déficits jumeaux américains (budgétaire et commercial) sont intenables sur la durée ; on ne peut indéfiniment se refiler le mistigri. D’une certaine façon le financement de la guerre en Irak en mobilisant massivement des capitaux a masqué certains phénomènes à l’oeuvre,

    - la nécessité d’aborder certains problèmes globalement (réchauffement climatique, droits sociaux car les occidentaux n’accepteront pas en silence un appauvrissement de leurs économies) introduit de la friction dans le système et pourrait mener à plus de sagesse, c’est à dire à une croissance mieux maîtrisée dans les pays émergents et à des priorités différentes dans les pays riches (PiB vs PIB, c’est à dire le Produit intérieur (lire personnel) Brut vs le traditionnel PIB),

    - à court terme on peut être pessimiste pour 2008, à moyen et long terme les jeux sont plus ouverts mais cela passe sans doute par la révision des vieux dogmes et une lecture nouvelle des finalités éconmiques qui doivent à nouveau servir le social ou l’humain,

    Cordialement,


    • Forest Ent Forest Ent 19 janvier 2008 16:44

      Merci de ces remarques.

      "la théorie "classique" telle que vous la décrivez a très bien marché pendant 30 à 40 ans dans les pays occidentaux"

      Je ne sais pas. N’était-ce pas plutôt la reconstruction et le baby-boom ? La guerre comme régulateur du capitalisme et de la démographie ...

      "une récession en Occident peut aussi être perçue comme un épiphénomène du côté des économies émergentes."

      Comme dit dans l’article, c’est ce que l’on va voir ...

      "Le sort de l’employé européen peut empirer mais dans le même temps celui de l’ouvrier chinois peut s’améliorer. Au final les gagnants pourraient être plus nombreux que les perdants"

      C’est l’argument généralement utilisé par les libre-échangistes et il n’est pas complètement faux. Rien n’est tout blanc ou tout noir, mais ici l’enfer a été pavé de bonnes intentions. Derrière une volonté affichée de développer l’économie émergente s’est engouffré un mécanisme infernal de déplacement des profits, qui se manifeste en particulier par le fait que la plus grande part de notre économie est maintenant pilotée offshore.

      "D’une certaine façon le financement de la guerre en Irak en mobilisant massivement des capitaux a masqué certains phénomènes à l’oeuvre."

      Quelle qu’ait été sa motivation, elle apparait maintenant comme une fuite en avant.

      "la nécessité d’aborder certains problèmes globalement (réchauffement climatique, droits sociaux car les occidentaux n’accepteront pas en silence un appauvrissement de leurs économies) introduit de la friction dans le système et pourrait mener à plus de sagesse ... cela passe sans doute par la révision des vieux dogmes et une lecture nouvelle des finalités éconmiques qui doivent à nouveau servir le social ou l’humain"

      Oui, nous sommes dans une phase de transition majeure, comparable à ce que les historiens appellent le "monde plein" pour la fin du moyen-âge, c’est à dire le moment où toutes les terres françaises cultivables ont été cultivées. Nous avons une "planète pleine", ce qui nous conduit à un besoin de stabilisation démographique globale, dans un monde pourtant en concurrence géopolitique. Cela ne se fera pas sans heurts.


  • Charles Bwele Charles Bwele 19 janvier 2008 21:36

    @ Forest

    Là, tu m’as carrément tué ! Ton éclairage dame le pion à tout ce que j’ai pu lire jusqu’ici sur ce début de récession.

    A propos des fonds souverains, je te recommande les deux liens suivants :

    - Fonds souverains : ne nous trompons pas de débat

    - Comment contrôler les fonds souverains ?
     

    Ca y est : l’Occident commence à flipper...

    Vivement ton prochain article... Au fait, j’ai adoré celui sur l’échec du Rafale.

    Amicalement.

     


    • Forest Ent Forest Ent 19 janvier 2008 23:04

      Merci, Charles. C’est plus facile de faire de l’histoire que de la prospective, et la crise de 2008 est déjà de l’histoire.

      Merci aussi pour tes liens. Ils sont assez en phase avec ma réponse plus haut : ce que les chinois peuvent faire de plus débile de leurs dollars est d’acheter des banques US au moment où elles se cassent la gueule, mais elles imaginent peut-être que les dollars et les treasury bonds vont chuter encore plus.


  • stephanemot stephanemot 19 janvier 2008 21:57

    Cher sylvestre,

    Nous nous rejoignons totalement sur l’image aérienne*.

    Nous ne sommes pas en fin de cycle mais à la fin de la vision cyclique. Nous ne vivons pas une crise financière mais une crise de la finance. La période est d’autant plus rock n’ roll qu’une masse considérable de nouveaux investisseurs n’a aucune expertise métier et que les experts supposés rationaliser le marché ont oublié leur métier. Les analystes sont en retard d’une guerre mais ça on a l’habitude (s’ils savaient anticiper les ruptures ça se saurait).

    Les bourses n’ont plus le même poids qu’avant, et le retour en force de l’or valeur refuge n’est qu’une illusion de retour à un paysage connu, rassurant. On ne résoudra rien à conserver les mêmes repères, les mêmes indicateurs, les mêmes points de vue sur un environnement instable.

    Une Finance 2.0 entend également l’émergence de nouveaux acteurs, et pas simplement au sens classique du terme (ex pays émergents) : les banques centrales et les organismes financiers habituels ne seront plus nécessairement aussi puissants, de nouveaux types de collectifs plus ou moins informels pourraient jouer des rôles clef.

    * "la finance pilote le monde et les financiers ont oublié leur coeur de métier. personne ne sait plus naviguer à vue et tout le monde a appris à piloter avec des instruments inadaptés. tous ont la hantise du crash / krach et ont doté leur avion de systèmes de pilotage automatique très complexes - aucun accident majeur à déplorer depuis 1987 mais personne ne se pose des questions aussi essentielles que "où va-t-on ?" "(http://www.agoravox.fr/commentaire_static.php3?id_article=33814&id_forum=1583154 )


  • Le péripate Le péripate 19 janvier 2008 22:10

    Pour réguler, il faut encore comprendre le fonctionnement de la machine. Il n’est pas sur que nous en soyons réellement capable. Je suis assez d’accord avec les dangers d’un retour brutal à un protectionnisme. Cependant les aspects écologiques de ces désordres n’ont pas été traités, ils ne sont même pas pensés (loin d’en tenir rigueur à l’auteur, le problème est complexe ). C’est pourquoi je pense qu’il est urgent de relocaliser l’économie, la production, la monnaie. Nous ne comprendrons peut-être pas mieux, mais c’est une attitude plus prudente.

    Caute disait Spinoza.


    • Forest Ent Forest Ent 19 janvier 2008 23:11

      Non, je n’ai pas traité dans l’article les sujets environnementaux. Mais je les ai esquissés dans une réponse ci-dessus. A mon avis, l’origine la plus profonde de cette crise est le vieillissement mondial et la "planète pleine".

      Sauf en Afrique, la démographie mondiale est en chute libre depuis 20 ans. En occident, l’âge de nuptialité a pris 40% en une génération. C’est le réflexe normal d’une espèce dont la croissance bute sur une limite de ressources naturelles. Il faut une transition vers une démographie stable, mais ...

      ... cette transition induit un vieillissement, peut-être temporaire, mais massif,

      ... et elle passe par un pic de population dans lequel les ressources naturelles vont être contingentées.


  • Hal. Hal. 19 janvier 2008 23:14

    Bonjour Forest,
     J’ai lu votre article qui m’a d’ailleur beaucoup plu et qui m’a motivé pour vous écrire pour vous posez les questions suivantes. Bien que je ne sois pas économiste, je me suis fait la question suivante : Est-il intéressant en économie de réaliser des simulations économies avec des agents virtuels ? Je m’explique... Prenons un exemple, en France, nous avons 60 millions de personnes, il est possible de simuler simplement le comportement de ces personnes par 60 millions d’agents virtuels. On peut par exemple essayer de simuler les circulations d’argents, salaires, dépenses etc.


    - Une première question est de savoir si cela ce fait déjà ? Est-ce que c’est courant en économie.

    - Peut-on vraiment espérer quelque chose de telles simulations ?

    Par exemple j’aimerais faire des simulations avec juste quelques variables comme le salaire que les gens perçoivent, calculer les loyers qu’ils peuvent espérer obtenir, l’économie qu’ils peuvent en moyenne espérer faire. Je passe les détails mais le but serait de voir vers quelque direction va l’argent. Est-ce que cela s’équilibre entre les plus riches, les classes moyennes et les plus pauvres, est-ce qu’on a appauvri les gens etc. La simulation peut permettre de changer les paramètres, par exemple un salaire minimal etc et de voir l’impact.

    En espérant avoir été clair, que pensez-vous de ce type de simulations ?


    • Forest Ent Forest Ent 20 janvier 2008 01:26

      Oui, bien sûr, les simulations sont beaucoup utilisées en économie théorique, mais presque pas en pratique du business ou de la finance. Disons que cela se refère à une étude plus générale des comportements. On peut observer ainsi des émergences de comportement de groupes.

      J’avais lu par exemple une étude assez rigolote consistant à simuler une ville avec deux catégories de populations, chacune ayant une légère préférence pour rester voisine de sa catégorie, et des contraintes de déménagement. En partant d’une situation mélangée, on voyait assez vite émerger deux quartiers homogènes. C’est un cas particulier du "jeu de la vie". Je pense que ça doit émerger dans la catégorie des "systèmes dynamiques" ou "auto-organisés".

      Bien entendu, en économie, les comportements humains ne sont pas modélisables. Ce que l’on peut tirer de modèles n’est pas la réalité, ni même une vision floue de la réalité, mais l’enseignement que telle type de comportement est théoriquement possible dans telles circonstances imaginaires.

      Cela dit, je ne suis absolument pas économiste, mais statisticien. Je suis donc obligé de vous renvoyer aux spécialistes, et j’espère qu’un lecteur pourra vous renseigner mieux. Sinon, n’hésitez pas à consulter les publications universitaires adaptées, il y en a beaucoup. En éco, mais aussi en automatisme : je pense que par exemple l’Inria a déjà dû s’amuser pas mal avec ce genre de modèles.

       


    • Hal. Hal. 20 janvier 2008 02:15

      Merci pour ta réponse.

      En effet, je viens de voir qu’à l’inria il y a des travaux la frontière de la vie artificielle, des systèmes multi-agents et de l’économie. Mais ce qui est dommage c’est que c’est souvent fait par des informaticiens sans de réels concertation avec des économistes ou sociologues. (D’ailleurs, vivement que ce cloisonnement disparaisse... ce qui n’est pas pour demain).

      Du coup, j’ai une autre question, j’ai du mal à comprendre comment on peut faire tenir des théories économiques qui dépendent du comportement humain sans prendre en compte la nature humaine ? Vu qu’en économie on part du principe que les personnes tendent à maximiser leur gain. (c’est très réducteur non ?) C’est parce qu’il n’y a pas d’alternative à ce type de modèle que c’est comme cela ?


    • Forest Ent Forest Ent 20 janvier 2008 02:22

      Non, la théorie économique ne suppose pas une maximisation du gain, mais plus généralement d’une "utilité" à définir cas par cas. Il faut bien qu’il y ait une variable à maximiser sinon ce n’est plus un problème de maths.

      Cela dit, la plupart des gens que je connais cherchent à avoir le plus de sous possible. Jusqu’ici, j’ai rencontré trois moteurs humains : le fric, le sexe et le pouvoir, mais je pense que les trois peuvent se ramener au fric.


    • Hal. Hal. 20 janvier 2008 10:07

      Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui ne recherche pas le fric. Je pense que la reconnaissance peut etre un bon moteur.Il suffit de mettre les pieds dans un labo francais pour le comprendre. Les chercheurs pourrait gagner plus s’il le voulait dans le privé.


      Une autre question... Finalement cette crise qui va avoir lieu, est-ce que sur le long terme elle n’est pas souhaitable ?

      - D’un point de vue théorique, elle va permettre d’ajuster les modèles.

      - D’un point de vue humain et social, est ce que finalement, elle ne va pas ramener un petit peu les gens au même niveau. Même si tout le monde y perd, les plus gros ont plus à perdre...


      Après une autre question. L’économie, on peut considérer que c’est un système complexe. Du coup on sait que les systèmes complexes sont difficiles à contrôler et un événement mineur peut avoir des conséquences dramatiques sur le système.
      Qu’est ce que tu en penses ? On peut faire des prévisions jusqu’à combien de temps ? 5 ans ?
       


    • Forest Ent Forest Ent 20 janvier 2008 13:51

      Ma remarque sur le fric était dans la rubrique "aphorismes caustiques". En tant que croyant, je ne peux affirmer que l’humain ne recherche que son propre intérêt. Des saints existent, j’en ai même rencontré. Mais j’adore l’humour froid à la Oscar Wilde ou à la Saki, qui est aussi bon et gagnerait à être plus connu.

      Les crises sont-elles souhaitables ? Il y a des théories contradictoires là-dessus. Selon Schumpeter, elles sont effectivement utiles en remettant certains compteurs à zéro.

      Pour ta question sur la prévision, voici mon opinion personnelle : il faut bien faire la différence entre un système chaotique et un système imprévisible. Le problème des 3 corps est totalement prévisible, mais infiniment sensible aux conditions initiales. C’est l’exemple typique de situation chaotique. Par contre, le comportement humain est beaucoup plus imprévisible que chaotique.

      Je vais t’illustrer cette différence prévisible/imprévisible sur un exemple simple : tu mesures la chute d’un objet. Si cet objet est une bille de fer, elle tombe tout droit, et sa chute est prévisible et non chaotique. Si cet objet est un planeur non piloté, il va être vachement soumis aux courants d’air, et sa chute est prévisible mais chaotique. Si cet objet est un planeur piloté par un ordinateur dont tu ne connais pas le programme, sa chute est imprévisible.

      L’économie, comme beaucoup de trucs compliqués, donne l’impression d’être chaotique. Ca n’a jamais été démontré. C’est à mon avis tout simplement imprévisible.

      Je me méfie d’ailleurs aussi du mot "complexité". Contrairement à ce qu’écrivait Ruelle, je ne vois aucun lien entre la complexité algorithmique, l’indécidabilité au sens de Godel, l’approche de Ruelle de la complexité liée au chaos, et l’indéterminisme quantique.

      Pourquoi alors écrire des articles sur l’économie ? Il y a là un paradoxe que l’on peut exprimer en disant "Cassandre n’a jamais tort". Quand les fondamentaux se dérèglent, il y a forcément une crise un jour, mais on ne sait pas quand. Il est empiriquement reconnu que le fait de le savoir n’apporte aucune information utile sur un marché. Comme toute montée finit par une descente, il faut bien jouer quand même, et la seule info profitable est de savoir QUAND aura lieu une crise. Ceci ne concerne néanmoins que les professionnels conscients des déséquilibres. Pour un particulier, il y a un minimum de logique à ne pas faire son seul achat immobilier en 15 ans en haut de cycle comme en 2007.


    • thx1139 20 janvier 2008 14:06

      C’est très réducteur.

      Comme motivations possibles, il y a la recherche de la reconnaissance, l’accomplissement de soi, la peur (de changer, de bouger, de ne pas faire comme les autres, de désobéir...), le plaisir (si, si, il y a des gens qui prennent du plaisir à faire leur boulot), la passion, bouffer tout simplement (très motivant), l’addiction, l’adhésion (à une entreprise, à une idéologie)... et finalement, le plus important, le conformisme (vis-à-vis des autres, d’une culture, d’une société).

      C’est ce qui manque souvent à l’économie pure en ne présageant que des choix « rationnels ».


  • Jean Lasson 21 janvier 2008 13:51

    Quoi qu’il en soit , bravo à l’auteur !

    Ses prédictions semblent se réaliser en ce moment même...

    A votre avis, que va-t-il se passer maintenant ?

     


    • Forest Ent Forest Ent 21 janvier 2008 18:28

      Par rapport à la question posée par l’article, notez que les bourses asiatiques ont décroché autant que les européennes.


    • Jean Lasson 21 janvier 2008 19:52

      Oui, aujourd’hui on serait tenté de penser que la crise sera bien mondiale et pas limitée seulement aux pays développés. Quel est la part des PIB indien et chinois représentant leurs exportations vers les pays développés ? Ce paramètre devrait commander l’impact de la crise sur ces 2 pays ? Ou est-ce trop simpliste ?

       


    • Forest Ent Forest Ent 21 janvier 2008 20:11

      Pour la Chine, c’est évalué selon les sources entre le quart et le tiers du PIB. En tout cas c’est beaucoup.

      Mais il faut prendre plein de précautions oratoires avec la difficulté de définir ce qu’est le PIB de ce pays et aussi de l’isoler de celui de Hong-Kong.


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