vendredi 26 mai 2006 - par Isabelle Debergue

Le scandale chronique des résultats scientifiques falsifiés : crise du lobbying et des pouvoirs discrétionnaires

L’affaire des résultats falsifiés sur le clonage de cellules souches humaines à l’Université de Séoul nous est souvent présenté, en France, comme un cas isolé, un problème « coréen ». Mais les résultats falsifiés étaient parus dans la très prestigieuse revue américaine Science. A présent, on nous parle également d’une « douche froide pour les ambitions technologiques chinoises » (Nouvel Observateur, 16 mai) du fait qu’un jeune chercheur en informatique formé aux Etats-Unis, qui avait annoncé la mise au point d’un nouveau processeur digital, s’est avéré être un faussaire : il semblerait que « la pression (soit) trop forte sur les scientifiques chinois ». La réalité est que ces affaires sont loin d’être les seules qui secouent depuis longtemps les institutions scientifiques au niveau mondial, et pas spécifiquement en Chine ou en Corée. Un peu partout, de nombreux résultats falsifiés ont passé sans difficulté le barrage des « comités de lecture » dans les principales revues internationales. Les auteurs de ces faux sont invariablement des chercheurs connus et devenus influents, pas des « marginaux ». L’exemple coréen constitue, précisément, une poignante illustration de la crise profonde que traverse le monde scientifique dans l’ensemble des pays industrialisés. Mais pas seulement : il s’agit en réalité d’un problème plus global de notre société, celui des effets néfastes du lobbying, des pouvoirs discrétionnaires et de l’immunité institutionnelle.

La nouvelle circule depuis une dizaine de jours : l’ex-professeur de l’Université de Séoul, Hwang Woo-suk, récemment déchu pour fraude scientifique et entorses à l’éthique, a été inculpé pour « fraude, détournement de fonds et violation de la bioéthique » (voir, par exemple, Le Monde - AFP, dépêche du 12 mai). Cinq autres membres de son équipe doivent également faire face à des poursuites. Presque en même temps, on apprenait que « la superpuce chinoise n’était qu’une supercherie » (Libération du 16 mai), à propos de l’invention du premier microprocesseur électronique chinois annoncée par le « héros technologique », Chen Jin.

Ces annonces ont incité certains à parler du « système chinois », comme si la Chine n’était pas un réservoir de main-d’oeuvre dont se servent de plus en plus nos industriels à la recherche de bas salaires pendant que le chômage des français s’installe dans la durée. Voire d’un « problème de l’Asie », comme si de telles fraudes n’avaient pas lieu en Europe ou aux Etats-Unis. Précisément, la Corée du Sud est un excellent élève du « modèle occidental » et Chen Jin, un diplômé de l’Université du Texas. Quant à la « pression », il serait sans doute utile de donner un peu la parole aux très nombreux chercheurs précaires qui, à commencer par les doctorants, remplissent les laboratoires français.

On ne peut, à ce sujet, que rappeler, parmi tant d’autres, l’affaire des résultats falsifiés publiés jusqu’en 2001 par un chercheur des Laboratoires Bell aux Etats-Unis, qui prétendait avoir créé des transistors fonctionnant à l’échelle moléculaire, ce qui avait été salué comme une grande percée. Comme les travaux litigieux de Hwang, ceux de Jan Hendrik Schön avaient été publiés par la revue américaine Science. La revue britannique Nature en avait également accepté plusieurs. Voir, par exemple : cet article de la Wikipedia ou encore celui de la CBC.

Il y a également l’affaire plus récente, survenue en Norvège où, d’après Le Monde (21 janvier dernier) : « Un médecin et chercheur... a admis avoir fabriqué, avec des centaines de faux patients, une étude sur le cancer de la bouche dont les résultats ont été publiés en octobre 2005 dans le prestigieux magazine médical britannique The Lancet. »

Ce ne sont que deux exemples parmi les multiples que, malheureusement, nous a fournis la recherche occidentale au cours des années récentes. Dans un article de cette année, J R Soc Med 2006 ; 99 , 232 - 237 , le Journal of The Royal Society of medecine met explicitement en cause l’analyse coutumière tendant à présenter chaque affaire de fraude scientifique comme un cas isolé. C’est du simple bon sens, car elles sont trop nombreuses.

Mais dans ce cas, quelles sont les causes profondes de cette prolifération des fraudes scientifiques ? Une question que Science, qui a diffusé un dossier complet sur l’affaire des résultats « coréens » falsifiés qu’elle avait publiés, est bien obligée de se poser également. S’agit-il d’une simple « course à la publication » ? Tel ne semble pas être le cas, d’autant plus que les responsables des falsifications ne sont pas des chercheurs « de base ». Les enjeux sont sans doute beaucoup plus importants.

Pour les institutions scientifiques françaises, ces problèmes ne concerneraient pas la France. Mais un tel « raisonnement » est-il bien « raisonnable », si j’ose dire ? Dans un article mis en ligne il y a exactement un an (le 24 mai 2005) et intitulé : « Clonage thérapeutique : après le succès coréen, vers une levée de l’interdiction ? » , la Cité des sciences écrivait, dans un chapitre intitulé : « La Corée : pays roi du clonage humain » que : « Un an après l’annonce fracassante du premier clonage d’embryon humain, l’équipe de chercheurs sud-coréens dirigée par le professeur Woo Suk Hwang vient de réussir un nouvel exploit : cultiver onze lignées de cellules souches obtenues à partir d’embryons clonés ». Quelles vérifications les auteurs de l’article avaient-ils fait des résultats de l’équipe de Séoul pour avancer un tel verdict ? Il semble, tout simplement, qu’ils aient « cru » Science du fait que cette revue avait accepté les articles de l’équipe de Séoul.

Dans le même article de la Cité des sciences, un directeur de laboratoire très connu déclare : « Les résultats de l’équipe coréenne démontrent que la technique de base est désormais accessible ». Autant dire que des intérêts industriels « ne pouvaient plus attendre ». Gèneéthique considère ce directeur de laboratoire comme un défenseur des exigences des fabricants de cosmétiques, voir par exemple cet article. Ledit directeur devait, d’après Le Monde (23 novembre 2005), tenir une conférence de presse à Paris conjointement avec l’alors Professeur Hwang, à l’occasion d’une cérémonie des Victoires de la médecine le 24 novembre, au Théâtre des Folies Bergères, au cours de laquelle il était prévu de décerner au chercheur coréen le prix de « l’homme de l’année 2005 ». Une cérémonie pour laquelle M. Hwang a dû annuler sa participation in extremis, à cause du « scandale éthique » qui commençait à prendre de l’importance en Corée. Le 21 novembre, Scientific American avait qualifié Hwang Woo-Suk de « dirigeant de la recherche de l’année ».

On pourrait, malheureusement, continuer longtemps l’exposé, d’autant plus que l’article précité de la Cité des sciences porte l’introduction : « Alors que deux réussites majeures dans le domaine du clonage thérapeutique viennent d’être annoncées, le débat autour de cette technique est plus que jamais d’actualité. En France, une proposition de loi vient d’être déposée afin d’abroger l’article de la loi interdisant le clonage d’embryons humains à des fins thérapeutiques ». Et sur quels examens scientifiques de la question s’étaient fondés les parlementaires ? Encore un sujet sur lequel on pourrait écrire longuement, car ce genre d’initiative a rencontré un large soutien, tous courants politiques confondus. Et lorsqu’on lit (Le Monde avec AFP, 12 mai) que M. Hwang aurait « remis de l’argent à des politiciens et à des cadres d’importants conglomérats qui avaient fait des dons à son équipe de recherche », peut-on sérieusement prétendre que, globalement dans la société, c’est un « problème spécifiquement coréen » ? Aurait-on si vite oublié le passé récent de la France, les scandales aux Etats-Unis et ailleurs... ?

Dans tous les pays industrialisés, les hiérarchies des institutions académiques et scientifiques sont super-protégées par leur condition de détentrices du pouvoir de décerner des diplômes, par leurs liens directs avec le milieu des décideurs, par leur participation à de nombreuses activités au sommet de l’Etat et des grandes entreprises privées, par leur osmose avec les plus puissants secteurs de l’Etat, leurs contrats industriels, leur contrôle dans l’ensemble d’importantes administrations avec des budgets très conséquents... Qui les contrôle vraiment, qui ose les censurer ? Personne, sauf rares exceptions. En général, on fait confiance au « jugement par les pairs ». Mais, de nos jours, le « jugement par les pairs » est devenu le lobbying des personnes influentes, à l’échelle nationale et internationale. Si quelqu’un est détenteur d’un pouvoir significatif, « on lui fait confiance », et c’est réciproque. Mais avec une telle logique, l’évaluation scientifique, le contrôle administratif... ne peuvent que dépérir. Le pouvoir devient alors, de fait, discrétionnaire, et incontrôlé, le corporatisme des coupoles aidant, et quoi qu’en disent les textes statutaires que l’on affiche pour la galerie.

Il va de soi, d’ailleurs, que ce problème d’immunité institutionnelle n’est pas circonscrit aux institutions scientifiques. Mais les événements récents, y compris en France, mettent en évidence le développement au sein de ces dernières d’une crise devenue d’autant plus profonde qu’il ne semble exister aucune volonté politique de s’y attaquer. En 2005, les Français ont assisté à la mise en examen de trois importants établissements universitaires et scientifiques en rapport avec l’affaire de l’amiante de Jussieu (voir le site du comité anti-amiante), au constat de la faillite des experts dans l’affaire d’Outreau (parmi lesquels se trouvait un professeur directeur de laboratoire), à la montée des tensions au sein des instances dirigeantes du CNRS qui a abouti à la démission du président début janvier et à un changement de directeur général deux semaines plus tard... Dans un communiqué se plaignant de cette dernière mesure, l’équipe de direction sortante défendait ses orientations dans le sens d’un renforcement du « management ». Précisons qu’une fonction de « directeur scientifique général » du CNRS avait été créée pour la première fois par décision du 30 juin 2005, séparée de celle de directeur général et sous sa tutelle. Ce qui ouvrait la voie à l’accès de non-scientifiques à la direction générale, dans la logique corporatiste de la « haute fonction publique ».

Partout, ce semble être la course au pouvoir et à l’influence, la volonté de les préserver et de les renforcer, que peuvent aggraver des enjeux industriels et financiers peu transparents, qui se trouve à l’origine de cette crise institutionnelle générale. Mais si c’est cela qui compte... qui a intérêt à travailler et à créer, au lieu de « gérer » ?

Source illustration : Artezia



256 réactions


  • W !ll (---.---.154.29) 26 mai 2006 11:21

    Article intéressant.

    On serait tenté de penser que les lobyings industriels et financiers sont peut-être la cause de ceux-ci.


    • Guy (---.---.99.52) 2 juin 2006 13:47

      Oui, la crise des institutions scientifiques est la crise d’entités publiques censées être indépendantes d’intérêts privés et au sein desquelles on a encouragé, de l’extérieur, le lobbying, les réseaux d’influence, les visées politiciennes, le manque de rigueur professionnelle, la passivité collective... pour que les intérêts privés puissent y pénétrer à leur aise.

      On parle, dans l’ensemble des pays « occidentaux et assimilés », du scandale de la prolifération de résultats scientifiques falsifiés provenant, non pas de chercheurs malfamés, mais de personnes bien placées et influentes fortement soutenues par les instututions. Mais, en même temps, d’autres administrations et des entreprises connaissent des problèmes que l’on peut valablement apparenter à celui des résultats scientifiques falsifiés.

      Par exemple, et sans vouloir porter atteinte à la présomption d’innocence, on apprend par AFP et d’autres médias la mise en examen, le mercredi 31 mai, d’un professeur ancien chef de l’Autorité de Protection Nucléaire à propos du passage du nuage de Tchernobyl au-dessus de la France en 1986. D’après les dépêches, cet ancien haut responsable a été mis en examen pour « tromperie aggravée » et entendu comme témoin assisté de son avocat pour des faits de « blessures involontaires ». Il est question de mesures radioactives « occultées », de « cartes de relevés incomplètes »... ou encore du grief que « la publication de valeurs moyennes par département a masqué la présence d’isotopes radioactifs dangereux concentrés dans certaines zones à forte pluviosité ».

      Attendons voir la fin de cette affaire, mais l’existence d’un problème de société paraît effet évidente.


    • Guy (---.---.99.52) 2 juin 2006 14:59

      Qu’autour d’une affaire comme celle du nuage radioactif de Tchernobyl se manifestent de nombreux intérêts politiques, industriels, lobbistes... est une réalité impossible à nier.

      De ce point de vue, tout en respectatnt la présomption d’innocence, une biographie objective du professeur de l’Université Paris V, lauréat des Académies de Médecine et des Sciences, fondateur et directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), etc... mis en examen le 31 mai peut aider à comprendre ce qui s’est passé. Wikipédia a entrepris de la rédiger :

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Pellerin


    • 3333 (---.---.23.136) 4 juin 2006 13:28

      Plus bas, dans un commentaire d’aujourd’hui à 11H22 intitulé : « Crise des institutions scientifiques et »technique« des annonces prématurées », Alfred aborde l’affaire de l’ « amplificateur d’énergie », sans aucun doute un joli fiasco institutionnel.

      Une affaire dont des écologistes et des chercheurs du nucléaire avaient depuis longtemps parlé à plusieurs reprises, mais dont les organismes scientifiques ne semblent avoir souhaité tirer aucun enseignement et sur laquelle la presse est devenue discrète lorsque « ça ne s’est pas bien passé ». Peut-être, tout simplement, parce qu’un examen conséquent du dossier aurait conduit à la mise en cause de nombre de dirigeants en place et de promotions accordées grâce à ce projet, et parce qu’il aurait fallu également voir de près ce qu’avait été la campagne médiatique.

      Sur ce programme de recherche, pour lequel une énorme ligne budgétaire était en vue (autrement, les parlementaires n’en auraient pas été saisis), un rapport parlementaire avait déjà souligné en 1997 :

      http://www.senat.fr/rap/o97-612/o97-61238.html

      " 2.4. Le réacteur hybride, médaille d’or du marketing scientifique

      (...)

      .. il semble important de soulever quelques questions clé, même si l’aspect lisse et consensuel que prend le thème des réacteurs hybrides, les décourage a priori."

      En effet, les lobbies scientifiques ont développé des puissantes machines de propagande et bénéficient d’incroyables appuis un peu partout.

      L’article d’André Gsponer que cite Alfred mérite d’être lu :

      http://cui.unige.ch/isi/sscr/phys/Rubbiatron.html


    • 3333 (---.---.23.136) 4 juin 2006 13:38

      L’affaire de l’ « amplificateur d’energie » n’a comporté aucun faux caractérisé, mais elle soulève malgré tout de graves interrogations sur le fonctionnement des organismes de recherche qui, pourtant, possèdent en théorie de nombreuses instances d’évaluation dont on nous dit qu’elles travaillent très bien : où étaient toutes ces instances, qui ne semblent pas être intervenues pour ramener dans le domaine du raisonnable le soutien que l’on pouvait accorder à ce projet de réacteur hybride ?

      Voir également :

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Rubbiatron

      et, lorsque le chercheur suisse André Gsponer écrit par exemple :

      http://cui.unige.ch/isi/sscr/phys/Rubbiatron.html

      « des calculs détaillés effectués par Jacques Maillard et son étudiante de thèse Fabienne Bacha montraient qu’une telle fenêtre pouvait se rompre au bout de quelques heures en raison de l’intense bombardement par les protons accélérés. Il fallu attendre la première expérience tant soit peu réaliste, l’expérience LISOR au Paul Scherrer Institut (PSI) près de Zurich, pour vérifier que leur prédiction était correcte. Le 5 juillet 2002, après 36 heures d’irradiation à pleine puissance, la fenêtre se fendit, et un jet de plomb-bismuth fondu légèrement radioactif arrosa l’appareillage. Les scientifiques et la direction du PSI essayèrent de garder le silence sur cet ``incident,’’ et il a fallu mon intervention personnelle pour que certains détails techniques soient publiés en janvier 2003. »

      il ne semble qu’il ait fait l’objet d’aucun démenti.


  • who_cares (---.---.159.75) 26 mai 2006 11:29

    Peut-être que les chercheurs ont une « obligation de résultats » sans quoi leurs mécènes cessent de les financer...


    • « Publish or perish » a bon dos... (---.---.18.78) 26 mai 2006 17:57

      Justement, non ! Car les chercheurs sont de plus en plus embrigadés et ceux qui les chapeautent n’ont aucune « obligation de résultats », car ils s’entre-évaluent en cercle fermé. Seuls des chercheurs qui tentent d’être indépendants peuvent se voir opposer une « obligation de résultats » de circonstance pour leur barrer le route.

      En l’espèce, l’équipe coréenne avait déjà obtenu des résultats plus que suffisants, tel le clonage réussi d’un chien. Mais, en matière de clonage humain, la partie qui s’est jouée était tout autre.


  • Jean-Pierre An Alre (---.---.116.74) 26 mai 2006 13:07

    Je pense que les Lobbies ont d’autres tâches que publier dans des revues scientifiques. Seuls les scientifiques et leurs managers y ont intérêt.

    Il y a plutôt un mal moderne : L’envie d’être une star dans un monde où il y a la seule communication est celle faite sur les stars. C’est quoi la communication scientifique aujourd’hui ?
    - On a trouvé la vie sur Mars ? (alors que cela a été démenti depuis mais sans publicité).
    - On a trouvé le secret d’avant le big-Bang (je ne parle pas des Bogdanoff smiley mais c’est du même niveau.
    - On a trouvé de l’eau sur la Lune (alors qu’il n’y a eu que des traces spectrals d’hydrogène)
    - Des souris transmettent un caractère sans son gène
    - Iter qui ne produira pas de résultats avant 40 ans (une partie d’entre nous seront décédés) mais il va couter 2 milliards.
    - Un dénommé Lazlo Kish a trouvé un moyen de transmettre des informations sans qu’un espion puisse en avoir connaissance, c’est vrai mais seul hic, le destinataire ne peut pas en avoir connaissance ! Bien que cela est été dénoncé par des chercheurs de Standford (si ma mémoire est bonne) l’université mère de Kish ne fait rien et le laisse publier d’autres papiers ! Normal c’est un ponte. Le Kish même annonce sur sa page perso de l’université avoir écrit 12 brevets dont il n’y a pas la moindre trace sur le site du gouvernement Américain.
    - Un membre invité de Standford (mais pas comme professeur ni post-doc) a découvert un nouvelle théorie à parir d’une petite anomalie de la relativité. Là heureusement le ménage a été fait par l’Université.
    - Aujourd’hui même : Scientists Predict How to Detect a Fourth Dimension of Space (http://www.physorg.com/news67773542.html)
    - Le Dr Michal Kovac a trouvé un lien entre les éruptions solaires et les hémorragies cérébrales.
    - La théorie des cordes existe depuis 30 ans, des gens ont bati des carrières entière dessus sans que la moindre preuve de sa pertinence est été apporté.
    - La fusion froide : Les résultats ont été falsifiés et cela a été mis en évidence sans que cela soit rendu public.
    - La NASA a un programme (breakthrough in propulsion) qui finance des charlatans depuis plusieurs années.
    - Le professeur Pendry a trouvé un moyen de se rendre invisible, une application pour les radars sera prête parait-il dans 18 mois. Sachant que c’est basé sur la raréfaction cette affirmation laisse pantois !
    - Vieux de quelques mois : On a trouvé la trace d’une *espèce* humaine différente de la nôtre : Des Hobbits en Indonésie ! ...

    Or toutes ces annonces sont suspectes d’un point de vue scientifique et parfois voire souvent c’est énorme et grotesque.

    Une chose est sûre, il faut se méfier de l’argument d’autorité. Le bon sens est la meilleure arme contre les élucubrations des uns et des autres.

    JP


    • Gnol (---.---.192.187) 26 mai 2006 17:24

      Faudrait voir à pas non plus nous faire une paranoïa dans l’autre sens...

      La moitier des exemples que tu cites sont tout à fait crédibles et les recherches se poursuivent... avec des raisonnements aussi idiots (plus c’est gros, plus c’est improbable), Einstein n’aurait jamais été reconnu, Darwin mis au pilori et Watson et Crick charlatanisés...

      Pour simplement reprendre un de tes exemple, les cas des « hobbits » d’indonésie... des ossements anciens d’humanoîdes de petite taille ont effectivement été retrouvés en indonésie... une des hypothèses (j’insiste sur ce mot) émise et qu’il pourrait s’agir d’une espèce proche de l’homme avec de nombreuses caractéristiques de l’homme moderne... d’autres penchent plutôt pour des individus dont la croissance à été modifiée par une maladie génétique (microcéphalie pour être exacte)... le débat reste ouvert en absence de pruves formelles.

      il y a des fraudes c’est certain et certains labo/universités sont particulièrement connus pour ça, mais une trop grande généralisation est néfaste... rester sceptique et se poser des questions c’est bine, virer à la parano c’est grave


    • « Publish or perish » a bon dos... (---.---.18.199) 26 mai 2006 17:51

      Ne pas confondre le résultat extrapolé ou hâtivement annoncé avec la falsification préméditée.

      C’est vrai que, souvent, des chercheurs « défendent trop » un résultat face à des concurrents qui le critiquent, le temps d’obtenir des promotions ou des financements, pour le laisser tomber ensuite. C’est contraire à l’éthique, mais ce n’est comparable à une affaire comme celle du faux clonage de cellules souches humaines où les enjeux financiers, politiques, industriels... étaient énormes.

      La question qu’on peut se poser est : poourquoi la presse américaine a-t-elle réagi avec une telle énergie ? Car c’est elle qui a soutenu les « dissidents »coréens et aidé de manière décisive à démarquer la supercherie. Sans doute, ce sont les enjeux industriels qui se trouvent derrière cette fermeté de la presse US, laquelle a été beaucoup plus militante que la presse française.


    • Sam (---.---.155.211) 27 mai 2006 11:30

      « ..Le bon sens est la meilleure arme contre les élucubrations des uns et des autres... »

      Pas seulement. Dissocier clairement recherche publique et privée est aussi un moyen de contrer les dérives. Financer convenablement ces chercheurs et leurs activités aussi.

      Augmenter les procédures de validations des recherches par les scientifiques eux-mêmes, en comités pluri-partites, indépendants des politiques, administratifs, entrepreneurs et autres, me semble aussi important, pour faire que les revues ne soient pas les seuls critères de validation, alors qu’elles forment un débouché obligé pour les chercheurs, ainsi qu’une valorisation pour les gens qui font les recensions.

      Le désir d’être publié et le prestige de faire des recensions contrant, évidemment, l’indépendance critique de ces revues....


  • Jojo2 (---.---.255.244) 26 mai 2006 14:58

    Publish or perish. Tout est là. Tout vient, à mon avis, de l’ISI et du détournement par les gestionnaires de l’Impact Factor, détournement encouragé par les madarins car favorisant les grosses structures.

    Rappelons de Hwang avait réussi à cloner un chien selon une méthode tout à fait « conventionnelle » et qu’il pensait que le clonage humain selon la même méthode n’était qu’une affaire de temps. Mauvaise pioche.


    • « Publish or perish » a bon dos... (---.---.106.202) 26 mai 2006 17:38

      Attention aux lieux communs sur « publish or perish ». C’est vrai qu’il existe une pression sur les chercheurs pour les pousser à publier, mais c’est surtout un moyen de les contraindre à « rentrer dans les rangs » et à renoncer à entreprendre des recherches originales ou indépendantes.

      C’est un moyen, pour les mandarins, d’empêcher l’émergence de concurrents. Lorsqu’on fait partie d’une vaste collaboration sous la houlette de quelques manitous, on ne fait plus de véritable recherche mais du travail d’exécutant, mais on n’a plus aucun problème pour publier ni pour avoir des promotions. Le « chef » s’en charge.

      La thématique des résultats falsifiés n’a rien à voir avec ce problème. Ce n’est pas un chercheur « du contingent » qui peut se permettre de falsifier un résultat : la falsification demande des moyens, du pouvoir ou des protecteurs, de l’influence... Autrement, personne ne croira au faux résultat que l’on annonce et les médias ne mettront pas en marche la machine publicitaire.

      Hwang Woo-Suk n’avait aucun besoin, pour sa carrière personnelle ni pour financer ses recherches, de falsifier des résultats sur le clonage humain. Il avait réussi à cloner un chien, et ça suffissait largement. Les enjeux du clonage humain ne sont pas alimentaires, mais financiers et industriels au plus haut niveau : ils portent sur des milliards à l’échelle planétaire. C’est pour des enjeux de ce calibre qu’on accepte le risque certain que comporte la falsification délibérée de résultats.


    • Jojo2 (---.---.192.28) 26 mai 2006 18:12

      Toute la Corée attendait Hwang sur ce coup là, vu le pèze qu’ils y avaient mis. C’est bien de publish or perish dont il s’agissait.

      Beaucoup de falsifications sont faites par des chercheurs de base. Iminishi-Kari chez Baltimore, le Suédois, les Polonais dont je me souviens plus le nom (c’étaient les plus rigolos...tous leurs articles étaient des plagiats), etc... Besoin de reconnaissance et de publis, ou plus de thunes et le chomedu (aux USA)... La plupart passent inaperçues. D’autant plus que nombre de publis sont FAUSSES !


    • 3333 (---.---.86.176) 26 mai 2006 21:22

      A mon avis, les Coréens se seraient largement satisfaits du clonage d’un chien, que l’équipe de Hwang a effectivement réussi. Les chercheurs, pour la plupart, auraient trouvé ce résultat excellent et n’en auraient pas demandé plus.

      Mais pour les multinationales, la question se posait autrement : il fallait à tout prix un résultat très spectaculaire pour pouvoir déclencher une psychose de « course à la percée technologique » permettant de faire sauter un certain nombre de barrièes bioéthiques.


    • 3333 (---.---.86.176) 26 mai 2006 21:35

      Je pense que les pressions que subissent les chercheurs, mais aussi les personnes compétentes dans bien d’autres professions, ne vont pas dans le sens du « publier ou périr » mais dans celui de la docilité envers les hiérarchies et les lobbies. Ce qui fait horreur actuellement, c’est l’indépendance intellectuelle.

      Les professionnels qui ne « plaisent » pas aux personnalités et groupes influents sont marginalisés, quelle que soit leur compétence dans leur travail. Ceux qui se soumettent et font ce qu’on leur dit ont droit à la « voie royale » au détriment des meilleurs. Celui qui tente de rester indépendant à tout prix le paye très cher.

      C’est donc au sommet du pouvoir qu’on dispose de réels moyens d’agir de manière éthique ou son contraire, et c’est aux hauts responsables qu’il faut demander de s’expliquer lorsqu’un de ces scandales éclate. Car les « autonomies » de façade de la « base » deviennent de plus en plus des pures fictions.


    • Jojo2 (---.---.192.28) 26 mai 2006 21:51

      Ben c’est un peu ça le publish or perish. To be or not to be...oneself.


    • JiPi (---.---.181.96) 27 mai 2006 13:00

      « Mais pour les multinationales, la question se posait autrement : il fallait à tout prix un résultat très spectaculaire pour pouvoir déclencher une psychose de »course à la percée technologique« permettant de faire sauter un certain nombre de barrièes bioéthiques »

      Pour le clonage humain, c’est indéniable.

      La recherche OGM me semble également très exposée à ce genre de dérives. Certains médicaments miracle qui seraient produits par ce biais servent peut-être de couverture à des essais moins consensuels.


  • Marsupilami (---.---.38.194) 26 mai 2006 17:07

    Ouaf !

    Rien de neuf. Je vous conseille la lecture réjouissante et accablante de Tout ce que vous devriez savoir sur la science de H. Collins & T. Pinch, aux éditions Points-Science. Le scientisme est une idéologie qui déconne comme une autre...

    Houba houba !


    • « Publish or perish » a bon dos... (---.---.45.228) 26 mai 2006 17:44

      Attention, on ne voit pas tous les jours un faux résultat scientifique « aboutir » presque aussitôt à des propositions de loi, comme on a pu le voir avec les prétendus « résultats » sur le clonage des cellules souches humaines. Les enjeux industriels et financiers des falsifications de résultats scientifiques deviennent de plus en plus colossaux et font partie d’une course au fait accompli politique et industriel.


  • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 20:28

    Bravo pour l’article, tres interessant et il pose des bonnes questions. Par contre, je suis un peu « lamine » par les reactions et la perception de la Science (desole d’y mettre une majuscule !) qui y est exprimee. Je crois que l’on parle la d’une minorite de rechercheurs, dont l’attitude et les procedes sont loin d’etre negligeable car l’impact societal peut etre tres grand. Mais pensez un peu aux autres ! Je fais de la recherche en biologie (Neurosciences) depuis 6 ans maintenant et j’ai rencontre beaucoup de gens consciencieux et prudents, malgre les fameuses « pressions » du « plublish or perish » ou du prive. Bref, je trouve que la certitude arrogante qui ressort de certains propos sur les « scientifiques tous pourris », « c’est bien connu », est insultante et plutot demoralisante quand on essaie de bien faire son travail et sa passion, avec rigueur (et si on commence a remettre en question l’echantillonage statistique comme dans un des liens ci-dessus, on peut arreter tout de suite de faire de la recherche). Peut-etre que le gros tort du milieu scientifique est de ne pas s’ouvrir assez et de laisser de tels apriorisme, synomyme pour moi de meconnaissance du milieu scientifique, se propager.


    • Jojo2 (---.---.192.28) 26 mai 2006 20:59

      Dans mon cas, c’est pas de la méconnaissance, c’est de la connaissance. L’article de Ioannidis est tout à fait pertinent. PLOS Biol a un impact factor de 13 et des bananes et PLOS Med n’est pas encore coté, vu qu’il est récent.


    • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 21:29

      Comment peut-on critiqueer le mode de fonctionnement de la recherche via les articles scientifiques, en doutant de ce qui est ecrit, du systeme de l’ISI (impact factor) et de s’en referer pour justifier son argumentaire, sur un seul article en plus, interessant mais qui n’a rien d’une verite absolue. Ca sent un peu la tautologie absurde.


    • Jojo2 (---.---.192.28) 26 mai 2006 21:43

      C’est ça qu’est rigolo


    • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 22:02

      Oui rigolo... mais pas tres credible. Mais si vous voulez on peut egalement stopper toute recherche, puisaue rien n’est fiable. D’ailleurs la medecine n’a pas evoluee depuis les siecles et l’on ne vit pas plus longtemps, plus vieux. Et comme plus de 80% des grandes avancees medicales viennent a la base de la recherche fondamentale (etude du NIH), c’est surement que la majorite des resultats etaient frauduleux, bases sur un mauvais emploi des statistiques ou tout simplement par malhonnete, comportement naturel chez le scientifique lambda...


    • Jojo2 (---.---.192.28) 26 mai 2006 22:13

      5% de correct (j’exagère exprès) sur des millions de publications, c’est assez pour que le bon grain se sépare de l’ivraie. Le reste est du bruit qui s’évapore en quelques mois, mais fait vivre une armée de « publish or perish ».

      Mais je suis d’accord que l’original (le vrai) a probablement de plus en plus de mal à émerger. Le bon exemple est la découverte d’Helicobacter Pylori comme cause de l’ulcère et de cancers de l’estomac. Ces « pauvres » Australiens ont du batailler ferme pendant des années en face des certitudes....et avant de décrocher le Nobel.


    • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 22:25

      Exact !! Bravo pour la reflexion sur Helicobacter pilori (ca me reconcilie avec vous). Mais il y a plus de bons grains que d’ivraies.


    • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 22:26

      Desole « pylori », j’ai zappe le y de cette vilaine bacterie (mais vous avez mis une majuscule a pylori est c’est pas bien du tout !!)


    • Jojo2 (---.---.192.28) 26 mai 2006 22:29

      Je me repends...Je ne suis bactériologiste que d’occasion...


    • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 22:36

      Idem. Malgre vos critiques (pertinentes mais parfois un peu trop forcees a mon gout), j’espere que vous aimez quand meme un peu la science ?


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 17:40

      Ceux qui n’aiment pas la science, et s’en fichent même éperdument, ce sont les lobbies et les réseaux.

      D’ailleurs, la prolifération de résultats falsifiés montre bien que beaucoup de « beau monde » se moque de la Science avec un grand « S ». Comme le dit l’article, c’est la course au pouvoir et à l’influence.


  • warc’hoazh (---.---.185.13) 26 mai 2006 21:28

    Bravo pour votre article et pour quiconque souhaite un autre complément d’information, ce mois çi dans la revue SCIENCE ET VIE no 1065 ( j’en suis juste lecteur et n’y fait qu’une référence désintéréssée ), un article fondé sur ’plusieurs études qui viennent d’établir que les résultats des essais cliniques sont souvent publiés sous la pression financière des investisseurs’... et aussi un article très révélateur sur les ’trucs des labos pour s’arranger avec la science’ ... édifiant, ainsi qu’un article sur la publication des résultats (pour Jean-Pierre An Alre) les Lobbies ont justement tout intérêt à ce que la publication ait lieu, le problème n’est pas de publier mais bien qui compose le comité de lecture ainsi que le degré d’indépendance de ses membres....  smiley


    • 3333 (---.---.86.176) 26 mai 2006 21:54

      A propos des publications : la recherche est beaucoup moins indépendante qu’elle ne l’apparente.

      Il y a d’emblée le secret militaire : à l’époque de la II Guerre Mondiale, des domaines très importants de la recherche théorique et appliquée relevaient du matériel classé, et ce type de secret continue à exister.

      Mais, au cours des années récentes, on a vu se répandre la contractualisation de la recherche et, avec elle, le secret industriel.

      A présent, la liberté de publication des chercheurs et d’autres professionnels se trouve directement menacée. C’était très clair à la lecture du projet de Constitution Européenne, mais c’est pareil avec la nouvelle loi sur la recherche.


  • miaou (---.---.146.84) 26 mai 2006 21:37

    La fraude scientifique est aussi vieille que la science elle-même, et les plus grands s’y sont frottés, en tout cas sa version la plus bénigne : arranger un peu les résultats expérimentaux pour qu’ils correspondent à sa théorie (Gaillée, Mendel...) Paradoxalement, ça n’a pas toujours été un mal...

    Mais le fond du problème est bien sûr la validation des articles : certains domaines sont tellement restreints que les personnes vraiment au fait se comptent sur les doigts d’une main dans le monde entier, ou alors il est impossible pour une raison ou une autre (faute de temps, de matériel, de protocole suffisamment précis...) de refaire l’intégralité de l’expérience. De toute façon, le besoin d’une expertise indépendante est récurrent (pas seulement dans le cadre de la recherche, d’ailleurs)

    Enfin, la logique du « publish or perish » est une logique comptable, voire industrielle, et n’est pas adaptée à la nécessaire créativité de la recherche scientifique (selon une célèbre citation , de mémiore, « ce n’est en cherchant à améliorer la bougie qu’on inventera l’élecricité »). Même si elle n’est pas seule en cause, il est évident qu’elle induit une pression susceptible de provoquer la fraude. Mais y-t-il des alternatives ?


    • (---.---.205.1) 26 mai 2006 21:56

      Relfexion interessante. Peut-etre faudrait mieux evaluer les labos sur le travaille effectue (ont-ils bosser ou non ?)et la facon dont est mene le projet, que sur les « resultats » nets, une fois publiee. Cependant, cette politique de publication semble inevitable (et elle a de tres bon cotes egalement !!) pour la reconnaissance intenationales d’une decouverte (c’est pas la peine d’inventer l’eau chaude aNew York, Tokyo ou Paris en meme temps). D’autre part, le passage du manuscript dans un comite de lecture de specialistes est souvent une epreuve difficile car les critiques sont souvent tres severes, mais neanmoins jusitifies et permettent 1) l’amelioration d’un travail scientifique, 2)le rejet pur et simple d’un travail peu pertinent(le taux d’article accepte doit etre entre 20 et 60% en fonction du journal). Malheureusement, certaines personnes influentes peuvent filouter et l’on voit d’etranges comportements indulgents pour la publication de certains travaux moyens de chercheurs tres reputes, ou de travaux rejetes violemment car allant contre certains dogmes. Mais cela prevaut pour une majorite de travaux et quand meme le travail est publie, il n’a pas forcement le credit de la communaute scientifiaue par definition sceptique.


    • Hume (---.---.205.1) 26 mai 2006 21:57

      Desole j’ai pas signe : Hume


    • Alfred (---.---.19.22) 27 mai 2006 09:15

      On rigole bien avec cette histoire du « publish » or « perish », au vu de certains curriculum vitae mettant en évidence que des personnalités influentes et protégées ont pu ne pas faire grand-chose pendant vingt ans tout en dirigeant d’importants laboratoires, en occupant d’importantes chaires, etc...

      Si on n’est pas dans les lobbies et qu’on n’a pas un grand nombre de publications, on s’entendra dire qu’on ne publie pas assez. Mais si l’intéressé publie beaucoup, on lui répond : « Nous, on ne paye pas au poids ».

      L’important, c’est d’avoir réponse à tout.


  • Quanthomme (---.---.194.78) 27 mai 2006 01:21

    Il y a aussi les vrais résultats qui disparaissent. Par exemple, les deux milliards de dégrés atteint par la Z-machine. Il n’y a même pas eu de tentative de réfutation de ces résultats par les autres chercheurs. Pourtant cette expérience laisse présager la réalisation de la fusion nucléaire ; énergie libre, infinie, non polluante et quasi gratuite pour tous. Et personne n’en parle plus. Etonnant non ?


  • Alfred (---.---.19.22) 27 mai 2006 09:07

    Avec le poids des hiérarchies et des réseaux d’influence dans un milieu comme la recherche, c’est évident que seuls des « chefs » peuvent se permettre de fabriquer des faux. Et pas seulement pour des questions de moyens matériels, qui se posent également.

    Un « marginal » ou un « petit chercheur » qui tente d’annoncer un résultat ou une idée d’une certaine importance se fait aussitôt démolir par un milieu qui ne tolère guère « ceux qui n’étaient pas prévus ». Jamais un faux fabriqué par un « hors circuits » ne franchira la barrière des comités de lecture, ni ne sera admis par les instances d’évaluation.

    Les faux résultats scientifiques passent facilement les comités de lecture à cause de la logique corporatiste : « Tu est chef, je te crois ; je suis chef, tu me crois ». Autrement dit : si je suis chef, je peux t’inviter ; si tu es chef, tu peux m’inviter, et on va se rencontrer dans tel comité d’organisation, etc... Un corporatisme qui, sur le plan politique, est parfaitement « transversal ». Devant un « outsider », en revanche, les lobbies feront barrage.

    Autant ceux qui « n’ont pas le droit » sont très sévèrement évalués et bloqués, autant lorsqu’une « personnalité » influente ou un protégé présente un résultat qui peut paraître contestable, on l’écoute avec la plus grande bienveillance et on attribue ce qui apparaît tiré par les cheveux à la « puissante personnalité » de l’auteur, à sa « créativité parfois excessive », au sujet « très difficile », etc... tout en disant que « les aspects positifs l’emportent largement », et bla bla bla...

    Si on en arrive à présent à ce genre de scandales qui témoignent d’une crise très grave du système scientifique mondial, c’est parce que depuis 1984 environ, dans tous les pays et quels que soient les partis qui ont gouverné, toutes les « réformes » de la recherche sont allées dans le sens du renforcement du pouvoir des hiérarchies et des lobbies. Y compris la loi française de 2006.

    Le tournant de 1984 a certainement été lié à des tendances marco-économiques et macro-politiques liées à la « construction européenne », aux premières négociations en vue de la mise en place effective de l’Organisation Mondiale du Commerce, etc... C’était la fin des apparences de démocratie dans les milieux professionnels : il fallait que chercheurs, universitaires, intellectuels, avocats, journalistes, écrivains... rentrent dans les rangs de la pensée unique et de la politique unique.

    En France, les années 1980 ont aussi été marquées par la montée en puissance de l’ENA avec son « savoir tout gérer », et c’est loin d’être une coïncidence fortuite. Précisément, les « chefs » de la recherche sont devenus au fur et à mesure de plus en plus « gestionnaires » et de moins en moins « scientifiques », et se sont dotés de puissantes administrations. L’équivalent s’est également produit dans les autres pays, sous des formes qui dépendent du tissu institutionnel local.


    • Petit électron libre (---.---.167.178) 27 mai 2006 11:34

      A côté de cette montée du pouvoir des « chefs », devenu incontrôlé mais qui sert bien le système tel qu’il est devenu, il y a la question de la PRECARITE dans la recherche.

      Dès 1985, Fabius à introduit des dispositions permettant de déroger aux lois et décrets de titularisation qui venaient d’être promulgués et appliqués. Depuis, il y a eu une évolution constante vers plus de précarité et d’autoritarisme, et moins de droits pour ceux qui travaillent.

      On a appelé ça la « modernisation » : les jeunes, les « dépourvus de relations », ceux qui travaillent sur le terrain ou produisent des idées orginales... n’ont guère plus droit au chapitre. Les personnes influentes, les « meneurs d’hommes » qui « savent faire travailler »... ont tous les droits. On organise même à présent, dans les organismes scientifiques, des stages de « management » pour les « chefs » et « futurs chefs ». Sans blague.

      Plus des DRH, services juridiques... avec une idéologie de plus en plus inspirée de l’ENA et assimilés. Pour le cas où certains seraient tentés de trop se plaindre.

      Une « modernisation » ? Je ne sais pas, on pourrait plutôt penser à une forme actualisée du bon vieux régime mandarinal revenu en force avec d’autres masques.


    • Alfred (---.---.6.97) 29 mai 2006 10:55

      A Petit électron libre :

      Ajoutons le dumping social. Il est bien connu par exemple que la Russie, membre du Conseil de l’Europe, a un SMIC de 20 euros par mois, très inférieur au minimum vital officiel de ce pays.


  • Jean Delpuech (---.---.118.238) 27 mai 2006 12:15

    L’article pose-t-il les bonnes questions ?

    Lobby = industrie = actionnaires = fric

    Pouvoirs discrétionnaires = intérêts privés favorisés = fric

    Immunité institutionnelle = pouvoirs discrétionnaires =...

    Oui, appellez les choses par leur nom : un système où tout est marchandise transforme toute information en valeur marchande. Le fait que l’information soit fausse, truquée, erronée, ou vraie n’a pas d’importance.

    Ce qui choque, c’est que la Science (majuscule) est une procédure de recherche de la vérité et que la « science » qui est vendue n’est qu’une information. Les comités de lecture, les jugements par les pairs sont irrémédiablement biaisés puisqu’ils doivent décider non pas si les hypothèses sont raisonnables, les méthodes correctement appliquées et les résultats corrects, mais si cela peut être communiqué, promu, sponsorisé, vendu (cf. les réponses des rédactions de revue à comité de lecture qui disent « Votre article ne correspond pas à ce qu’attend notre lectorat... »).

    Les requins de la finance bavent devant les milliards d’euros que pourrait leur rapporter le « clonage thérapeutique » et les pressions de tous ordres s’exercent sur tous ceux qui ont quelque crédit public pour qu’ils aillent dans le « bon » sens. Certains cèdent de bonne foi, d’autres en le sachant/en en profitant, peu importe, le résultat est le même.

    Pour avoir une réflexion plus poussée sur les aspects éthiques de cette question, lisez « Qu’est-ce que la personne humaine ? » (L. Sève, La Dispute, mai 2006)


    • Hume (---.---.195.92) 27 mai 2006 18:33

      « Les comites de lecture, les jugements par les pairs sont irremediablement biaises ». C’est faux, archi-faux !! Le jugement est principalement base sur : 1) le rationnel de l’etude 2) les methodes pour y repondre 3) les resultats. Les defauts de ce systeme sont : 1) les grands qui ont les moyens de passer ce barrage objectif grace au copinage (il ne sont pas legion non plus et ce n’est pas valable pour tous les journaux scientifiques) 2) la politique d’edition des grands journaux qui vont chercher du « flashy » meme si il y a quelques « points faibles » dans l’article. Tolerance qui ne sera pas admise pour d’autres articles. Mais en aucun cas « les requins de la finance » ont la main mise sur les journaux scientifiques... c’est du n’importe quoi... D’autre part les fameux « comite de lecture », ce sont des reviewers, choisis parmis la communaute scientifique en fonction de leur specialite et sont a chaque fois different. Ce ne sont pas les editeurs qui decident a 100% et ce systeme a lemerite d’etre a peu pres independant.


    • Niveleur (---.---.70.233) 27 mai 2006 18:48

      Les revues dites « avec comité de lecture » sont PRIVEES, elles sont contrôlées par des groupes qui choisissent les referees. Elles sont également liées à des intérêts de leurs propriétaires, d’entreprises privées, de réseaux d’influence... Elles sont d’ailleurs censées ne pas entrer en conflit avec des politiques gouvernementales, car les administrations et les organismes publics sont des clients. Parler d’indépendance des ces revues et de leurs comités de lecture, c’est rêver.

      La revue se fixe d’emblée une sorte de quota, ensuite il y a les articles des « proches », des lobbies avec qui « on s’entend bien », les articles avec beaucoup de signataires qu’on doit accepter parce que ça émane d’importantes collaborations, etc... Après ça, la revue est à peu près pleine et il ne reste plus de place, ou presque, pour le reste.


    • Hume (---.---.195.92) 27 mai 2006 18:55

      C’est faux. Visiblement vous ne connaissez pas grand chose a la recherche et au systeme de publication. Vu le nombre de journaux scientifique, il y a de la place pour la plupart des resultats.


    • Jojo2 (---.---.186.170) 27 mai 2006 19:20

      Hume a raison. Les reviewers sont indépendants. Il y a parfois du copinage, mais ça ne va pas bien loin. Un article peut être accepté d’emblée par les éditeurs, mais c’est rarissime. Ca a été le cas de le double hélice de l’ADN de Crick et Watson dans Nature, parce que la simplicité et la beauté de l’explication faisait qu’elle allait de soi. Il n’empèche que nombre de résultats sont faux, involontairement ou non...Certaines études sont impossible à reproduire (surtout les études cliniques) soit qu’elles demandent trop d’investissement, ou parce que l’éthique a changé ce qui fait qu’elles ne seraient pas acceptées aujourd’hui.

      Le cas de Hwang est particulièrement intéressant. Compte tenu de la faible efficacité (publiée) de sa méthode de tranfert nucléaire (à partir de 247 ovules, 30 blastocystes auraient été obtenus et une lignée de cellules souches embryonnaires), il est vraisemblable que ceux qui avaient essayé de vérifier ces manips et n’y étaient pas arrivés avaient mis celà sur le manque de pot...


    • Esclarmonde (---.---.18.78) 27 mai 2006 21:37

      A Hume 18h55 :

      Non, il n’y a pas de la place pour la plupart des résultats dans ce genre de revues. Pire encore, il arrive que des résultats faux prennent beaucoup de place dans les revues « à referee ». Voir les quelques rappels faits par Isabelle Debergue dans son article, mais il y en a plein d’autres.

      Je suis tout à fait d’accord avec Niveleur, c’est vous qui ne voulez pas voir la réalité, ou vous n’y avez pas intérêt. D’ailleurs, les revues « à referee » introduisent des DISTORSIONS très graves dans l’évaluation scientifique.

      Ceci étant dit, il existe une solution : l’ « open publishing » qui, je l’espère, mettra en faillite vos chères revues avec « comité de lecture ».


    • Esclarmonde (---.---.105.120) 27 mai 2006 21:41

      A Jojo2 19H20 :

      Les referees, indépendants ? Vous blaguez ! Le monde de la recherche fonctionne avec des lettres de recommandation. On ne vous l’avait pas dit ?

      Quant aux intérêts privés et lobbistes qui se cachent derrière ces revues, Niveleur n’en a dit qu’on morceau...


    • Esclarmonde (---.---.45.45) 27 mai 2006 21:54

      L’ « OPEN PUBLISHING » électronique, avec diffusion immédiate et enregistrement de la date et l’heure, présente un avantage majeur : il empêche le VOL DES RESULTATS par des referees peu scrupuleux.

      Dans les circuits conventionnels, un article peut voir sa publication ou sa diffusion retardée au bénéfice d’un concurrent.


    • Jojo2 (---.---.186.170) 27 mai 2006 23:24

      « Le monde de la recherche fonctionne avec des lettres de recommandation. »

      Soyez précis. Donnez des exemples.


    • Jojo2 (---.---.186.170) 27 mai 2006 23:26

      La publication en ligne devra passer par un peer reviewing pour être crédible. Désolé, mais je n’accorderais aucune confiance à une publi qui n’aurait pas été revue par des experts.


    • Esclarmonde (---.---.18.98) 27 mai 2006 23:43

      Dans l’ « open publishing », rien à cirer des questions de « confiance ». C’est une notion mandarinale.

      Chacun écrit ses résultats, expose la méthode qui lui a permis de les obtenir, les données si c’est expérimental, les calculs si c’est théorique, etc... On a bien vu, avec les affaires Hwang et plein d’autres, que les referees ne servent pas à grand-chose. Et de quel droit jugeraient-ils les articles à la place des lecteurs ?

      Le reste ne relève pas de la confiance, mais du débat et de la confrontation d’idées, de méthodes et de résultats, etc...


    • Jojo2 (---.---.186.170) 27 mai 2006 23:58

      Que l’évaluation se fasse avant ou après publication (comme à Philica) ne change rien. Sans expertise, un papier ne vaut rien.


    • Hume (---.---.32.224) 28 mai 2006 08:53

      OK...

      A « escarmouche »... La realite ? Je suis en plein de dedans, alors avant d’enoncer vos affirmations sans preuves et argumentations... J’ai du subir le systeme des comites de lectures et je le subi encore, en est-il pareil pour vous ? Et les referees ? Quasi tous les chercheurs le sont un jour ou l’autre, j’en connais au moins dix dans mon entourage, tous des gens terribles, avec des interets mirifiques dans l’industrie... Soyons un peu serieux. Il y a des enjeux importants sur certains resultats qui font grand bruits et que l’industrie essaye de recuperer et c’est souvent dangereux (je pense a la limitation de la mise a disposition d’un nouveau traitement par exemple pour des raisons pecunieres, un peu comme ce que l’on a vecu la tri-therapie) ; d’ou l’interet de garder une recherche « publique », non financee en majorite par les fameux « lobbies », qui pour le moment tienne d’ailleurs plutot du fantasme.

      Pour Jojo2 : vous etes plutot bien renseignes !! Et je suis tout a fait avec les difficultes que l’on peut parfois avoir pour repliquer certains resultats (comme dans l’exemple tres precis que vous citez). Cependant, cela reste minoritaire : la plupart du temps, le resultat princeps d’une experience est reproduit plusieurs fois dans le meme papier, puisque plusieurs questions se posent sur ce resultat majeur et reclament plusieurs experiences. Les gens peuvent tout inventer de A a Z, les cas existent mais sont rares, et detectes car ces pseudo-decouvertes sont destinees a etre utilisees !! on voit tres vite si cela ne marche pas... Souvent une recherche de ne construit pas que sur un papier. Je prend un exemple que je connais bien, dans mon domaine. Un chercheur travaile depuis 10 maintenant sur une substance potentiellement anti-addictive, la 18-Methoxycoronaridine ou 18-MC, c’est plus sympa. Allez dans Pubmed et taper Glick (le nom du chercheur) et 18-MC. Vous verrez un certain nombre de publis ou un faisceau de resultats complementaires chez l’animal suggerent que cette substance pour etre un medicament tres interessant pour traiter la dependance aux drogues (debut d’essai chez l’homme maintenant). C’est un travail tres systematique et au vu des nombreuses experiences, avec des drogues differentes, des protocoles et approches differentes, la conclusion ne peut pas reposer sur un simple « artefact » ou biais methodologique ou statistique. Bref, c’est ce genre de travail qu’il faut egalement avoir en tete car il est le plus representatif. Ce qui est denigre represente au plus 1% des chercheurs, ce sont des derives graves, je ne dis pas qu’il faut les ignoreer. Mais ce n’est pas une raison pour mettre tout un monde au pylori (Jojo2 comprendra la reference !).


    • Hume (---.---.32.224) 28 mai 2006 08:54

      Desole « Eslcarmouche », petit lapsus... revelateur ?


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 17:46

      A Hume, 8h53

      Non, tous les chercheurs ne deviennent pas un jour ou l’autre des referees. Tous les directeurs de labo et leurs copains, peut-être car c’est largement une question de relations.

      Et les lobbies ne se trouvent pas seulement dans la recherche privée. Précisément, ils ont fait un grand effort depuis vingt ans pour noyauter la recherche publique.


    • Hume (---.---.72.103) 28 mai 2006 18:43

      Vous avez encore tout faux avec les referees ! Je ne sais pas ce qui vous fait dire cela mais c’est totalement faux. Meme des « postdocs », donc non titularises sont referees et j’ai moi-meme participe au bout de 4 ans de recherche au rewieving d’un article.


    • Jojo2 (---.---.180.193) 28 mai 2006 19:11

      N’importe qui peut être referee s’il a un domaine d’expertise reconnu. Il suffit d’avoir fait quelques publications dans ce domaine.


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 19:31

      A jojo2, sur les lettres de recommandation.

      Est-ce une blague ? Vous n’avez jamais vu passer des lettres de recommandation ? Moi, j’en ai vu plein !

      Il y a eu même des débats entre élus pour savoir quoi faire avec cette pratique devenue coutumière et qui d’ailleurs n’est pas facile à invalider d’après les textes dans la mesure où les jurys concours, par exemple, ont le droit de se procurer toutes informations professionnelles sur le candidat.


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 19:33

      A joj2, 19h11

      Théoriquement, tout le monde peutr être referee à condition d’être connu et « bien considéré » dans son domaine de recherche. Mais dans la pratique, ce n’est pas le cas.


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 19:36

      A Hume, sur les referees :

      Oui, des post docs dont le patron est influent peuvent être des referees. Des chercheurs meilleurs que ce patron influent mais moins influents que lui peuvent en revanche ne jamais être sollicités. Les circuits des revues sont des circuits fermés, et la qualité scientifique n’y joue aucun rôle.


    • Jojo2 (---.---.180.193) 28 mai 2006 19:39

      Les recommendations pour le recrutement ou la promotion ? OK, bien sur que ça existe, j’avais pas compris, je pensais aux publis.

      Pas besoin de lettre, un coup de fil suffit.


    • Hume (---.---.40.174) 29 mai 2006 05:23

      A niveleur 19h36 :

      Decidement, non. Vous avez decidement tout faux. Mon ancien chef, jeune, peu connu encore, et d’autres dont « l’influence » les ferait bien rires, tous referees. D’ou vous vient ces certitudes non argumentees ? Quel est votre rapport a la Science (je persiste avec la majuscule !!) ? Desole mais sur ce coup la j’ai l’impression que vous ne savez pas de quoi vous parlez.


    • Alfred (---.---.6.97) 29 mai 2006 10:57

      A jojo2, à propos des lettres de recommandation :

      De nos jours, la pratique des lettres revient grâce au courrier électronique qui coûte beaucoup moins cher que le téléphone...


  • Niveleur (---.---.49.3) 27 mai 2006 12:21

    Ce qu’expose le Petit électron libre correspond à un problème plus général dans la fonction publique et les services publics.

    Ce n’est d’ailleurs pas lié à la politique de tel ou tel parti. Il s’avère franchement difficile de percevoir une différence sur le fond entre cet article de la conseillère du premier ministre Lionel Jospin, Anne-Marie Leroy, défendant et expliquant la LOLF, paru dans Cadres CFDT :

    http://www.cadres-plus.net/pdf_lire.php?num=463

    et le rapport d’un autre Conseiller d’Etat, Jean-Ludovic Silicani, élaboré à la demande de Jean-Pierre Raffarin, « sur la rémunération au mérite des directeurs d’administration centrale » (sic !), voir :

    http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/communiques_4/publication-rapport-m.silicani-remuneration_43477.html

    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/044000171/index.shtml

    Dans tous les cas de figure, on a affaire à une constellation de « chefs », fonctionnaires et cadres haut placés, etc... qui s’auto-évalue et s’attribue elle-même un nombre croissant d’avantages.

    Normal que, dans un tel contexte, l’évaluation professionnelle dépérisse.


  • Vilain petit canard Le vilain petit canard 27 mai 2006 12:37

    Article très intéressant, qui pose un certain nombre de questions, déjà relevées en leur temps par d’autres [1]. En effet, c’est un problème chronique. C’est d’ailleurs pour cela qu’il existe des comités de lecture, des commissions d’évaluation, des protocoles rigides, etc. On peut même dire que c’est une précoccupation constante de l’institution. Officiellement, c’est pour éviter l’erreur, mais entre l’erreur et fraude, seul diffère l’intention, qui comme on sait depuis Freud, n’est pas si facilement accessible.

    Or, on est bien forcé de constater que le système ne contrôle pas toujours efficacement les choses. Le clonage passe comme une lettre à la poste dans Science, la mémoire de l’eau dans Naturea déclenché en son temps une enquête quasiment policière, avec descente dans le laboratoire de Benveniste, etc.

    Il faut bien admettre que sociologiquement, le milieu de la recherche est structuré autour de la publication, signe du pouvoir, déclenchant les afflux de crédits, répartis par le Maître selon son bon vouloir et son avidité de pouvoir (directeur de labo, Grand Professeur ou mandarin, comme on préfère). L’objectivité, la qualité scientifique des travaux, elles, sont secondaires par rapport aux gains espérés dans un travail de recherche, elles sont juste un préalable contraignant. Les gains ne sont pas forcément financiers : le prestige et la starisation ne sont pas négligeables.

    Le travail pour l’amour de la science de de la Vérité, on laisse ça aux sans-grades, aux boursiers, aux assistants et autre statuts précaires inventés par l’Université ou autres CNRS, sous le regard bienveillant de nos MInistères qui exigent « de l’efficacité comme dans le privé ». Saviez-vous que lorsque vous disposez d’une bourse de recherche (européenne, par exemple), l’Université où vous travaillez vous envoie vous inscrire à l’ASSEDIC pour que vous puissiez bénéficier de... l’assurance-maladie ? (absolument authentique).

    La fraude est donc un danger permanent : on peut même dire qu’elle est consubstantielle au système, comme le dopage au sport professionnel. Alors, une crise passagère ? Un retour de tentations anciennes ? Non, une guerre perpétuelle contre un certain discours sur la réalité, menée globalement à bien grâce à des individus honnêtes dans une écrasante majorité et à des institutions globalement efficaces. Mais il reste régulièrement passer des « scories »... à prendre pour ce qu’elles sont, des résultats peu fiables. Pas la peine d’en faire un cours de morale, ni de disqualifier forcément à vie le chercheur « coupable ». C’est le prix à payer pour bénéficier de résultats fiables.

    Mais il est clair que la politique actuelle de recherche (ne cherchez pas, y en a pas) aggrave la tension et risque de « pousser au crime ». En tout cas à la désertification des laboratoires et à la désaffection des jeunes pour les « carrières » scientifiques. Qui a envie d’études de 10 ans amenant à un SMIC précaire à vie (non, excusez-moi : en attendant qu’un poste se libère) ?

    Et puis, après tout, qu’est-ce qui nous fait dire que Truc ou Machin a raison ou tort maintenant, et que ce sera encore valable dans 30 ans ? Relisez les publications d’il y a seulement 30 ans, ça vous fera marrer.

    [1] La Souris truquée. Enquête sur la fraude scientifique, William Broad, Nicholas Wade, Seuil, Points, 1973. Ou, plus prestigieux : L’étreinte du crapaud, d’Arthur Koestler, Calmann-Lévy.


    • Niveleur (---.---.49.3) 27 mai 2006 13:39

      Mais ces ouvrages se placent, en un sens, dans le cadre du système et considèrent qu’ « il ne parvient pas à contrôler... », etc... Or, les questions que soulève l’article vont beaucoup plus loin, il me semble.

      Pourquoi n’a-t-on pas attendu à ce que les résultats et les méthodes exposés par la groupe de Séoul aient été bien vérifiés, comme c’était jadis coûtumier, avant de lui décerner des prix, lancer des opérations politiques, lui faire une publicité insitutionnelle, etc... ???? C’est un véritable changement de comportement.

      Un résultat faux peut être démasqué par des vérifications. De façon générale, il était coûtumier jusqu’à très récemment d’attendre qu’un résultat ait été confirmé par au moins deux groupes de chercheurs sans aucun lien entre eux pour lui accorder un début d’acceptation officielle. Mais, avec Hwang, ça n’a pas été fait. Pourquoi ? Entre « ne pas parvenir à contrôler » et ne pas VOULOIR contrôler, ou en tout cas ne pas vouloir « ATTENDRE », la différence est de taille.

      Ce qui a fait cette différence semble bien avoir été la pression d’intérêts industriels, financiers, lobbistes... et pas une réelle incapacité des institutions.


  • aurélien (---.---.26.11) 27 mai 2006 13:40

    Votre article est faible. Il participe d’une tendance qui tend à ne considérer que les faits récents et de les éclairer à la lumière de concepts « à la mode ».Ici ou nous sert la soupe du lobby, des industriels et de la faillite des experts comme cause de la fraude de certains. Quelle belle farce ! Quelle connaissance avez vous de l’histoire de la science pour croire qu’il s’agit là d’un phénomène récent ??? Quelqu’un a cité la souris truquée, en réalité ce genre de fraudes existe depuis plusieurs centaines d’années.

    Ce qui est véritablement en cause, c’est justement un manque d’expertise. La sphère médiatique propulse sur le devant des soi-disant experts qui en fait n’ont plus les « mains dans le cambouis », quand ils ont jamais été brillants. La course à la publication tend à accroitre le nombre de branches et sous branches qui font qu’un chercheur ne sait ni ne comprend vraiment ce que fait son voisin de bureau. Impossible ou presque de lire tous les articles d’une revue scientifique de renom, tout du moins en le faisant avec un vrai regard critique. La médiatisation à outrance, dirigée non pas par les chercheurs mais par leurs agences (la NASA en donne un bel exemple) tend à éviter la vérification par les pairs. Par ailleurs, la vérification , au coeur du dispositif d’évaluation, expérimentale (via la réplication par exemple), la mise à disposition des données, sont souvent absentes du processus d’évaluation, tout ceci par manque de temps et d’investissement des revues. Celà n’a pas grand chose à voir avec le lobbying des industriels.Celui-ci a réellement une influence, mais pas forcément la ou on le pense et comme on le pense. Il a effectivement toute son importance dans le monde des laboratoires médicaux ou a pu évoluer l’auteur de l’article. Rien ne dit que son expérience soit extrapolable à d’autres domaines. On ne peut pas reprocher le manque d’expertise ou la faillite des experts et extrapoler sans savoir réellement à partir de sa propre expérience, forcément limitée.

    La vraie question, c’est aussi de savoir ce qu’est un expert.Et la, je n’ai pas vu de réponse.


    • Niveleur (---.---.70.233) 27 mai 2006 15:07

      Pas d’accord. L’article d’Isabelle Debergue voit juste. Plus bas, mes commentaires de 14h44, 14h56 et 15h04 .


  • Niveleur (---.---.70.233) 27 mai 2006 14:44

    Désolé, mais pour commencer vous ne pouvez pas évacuer de cette façon la question du rôle des réseaux d’influence dans la société moderne. La Trilatérale, le Cercle de Bilderberg, voire même des entités plus officielles comme le « Transatlantic Business Dialogue », le Forum Economique Mondial, etc... ça ne vous dit rien ? En France, vous avez entre autres un club d’influence comme Le Siècle, sur lequel vous pouvez par exemple lire le lien :

    http://www.strategies.fr/archives/1365/136504901/management_14_le_pouvoir_a _la_table_du_siecle.html

    Cet article de Stratégies se base notamment sur le seul libre publié à propos de ce club, à savoir : « Au coeur du pouvoir », d’Emmanuel Ratier. Pour une biographie de Ratier, il y a le lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Ratier .

    Ratier n’est vraiment pas du même bord politique que moi, et je n’ai aucune raison de le trouver sympathique. Mais force est de constater que son ouvrage « Au coeur du pouvoir », paru en 1996, ne semble pas avoir été attaqué en diffamation puisqu’il est toujours proposé à la vente.

    Or, la lecture de cet ouvrage met en évidence que, déjà dans la première moitié de la décennie des années 1990, les membres haut placés de la hiérarchie scientifique (entre autres, le directeur général d’un important établissement ; le vice-président d’un autre ; le futur directeur général d’un troisième, à l’époque déjà conseiller d’un ministre...) ne manquaient pas au sein du Siècle. A la même époque, le secrétaire général du gouvernement, devenu par la suite Vice-Président du Conseil d’Etat, ainsi que le Vice-Président du Conseil d’Etat en fonctions, avaient déjà fait partie du conseil d’administration de cette association, toujours d’après la même source.

    On trouve au Siècle des politiques de presque tous les bords, des PDG, des hauts fonctionnaires, des journalistes... toujours des gens de la coupole, car autrement on n’y est pas admis.

    Quant au reste de votre discours (manque d’expertise, etc...), je pense qu’il est à côté de la plaque. Hwang ne manquait pas d’expertise, car il a cloné avec succès un chien pendant la même période. Il existe dans le monde d’autres spécialistes aussi compétents que lui, il était donc possible de vérifier ses résultats. La question est : pourquoi ne l’a-ton pas fait ? Pourquoi n’a-ton pas attendu à ce que ce soit fait ? A cette question, l’article esquisse un début de réponse qui, à différence de votre discours, tient bien la route.

    Le directeur de laboratoire qui devait tenir une conférence de presse avec Hwang en novembre dernier pour lancer une opération politico-financière autour de ces recherches s’est dédouané en expliquant qu’il avait visité le laboratoire de Hwang et que tout lui avait paru normal et très bien. C’est une réponse indamissible. Vérifier un résultat, c’est refaire les essais de manière indépendante dans son propre laboratoire. Tout le monde sait cela. Lui aussi.


    • Niveleur (---.---.70.233) 27 mai 2006 14:56

      Le lien de Stratégies ne semble pas être bien passé. C’est un article du 14 avril 2005 intitulé : « Le pouvoir à la table du Siècle », avec l’entête : « Ultrasélectif, le Siècle rassemble la quintessence du pouvoir politique, économique et médiatique. La discrétion de ses membres est à la hauteur de son influence. »

      On apprend notamment qu’au sein du Siècle : « Les ministres membres se comptent sur les deux mains, de Jean-Pierre Raffarin à François Fillon. Les barons du Parti socialiste aussi, comme Lionel Jospin ou Laurent Fabius. Le milieu des affaires n’est pas en reste, avec la quasi-totalité des grands patrons, de Louis Schweitzer (Renault) à Michel Pébereau (BNP Paribas). Sans oublier la plupart des dirigeants de la presse et de l’édition, d’Odile Jacob à Jean-Marie Colombani, en passant par Claude Imbert et Laurent Joffrin... »

      Le fait que le fonctionnement au sommet des institutions scientifiques n’est pas purement « interne » apparaît, outre la participation de leurs dirigeants à des associations comme Le Sièce, au simple examen de la composition de leurs conseils d’administration, de leurs liens contractuels de plus en plus développés... Mais, si un doute pouvait encore subsister, il suffit d’examiner en détail la Loi sur l’Innovation d’Allègre et Strauss-Kahn ou la nouvelle loi récente sur la Recherche.


    • Niveleur (---.---.70.233) 27 mai 2006 15:04

      Ces commentaires en réponse s’adressent, bien sûr, à Aurélien (13h 40). Ajoutons que, même lorsque les articles faussaires de l’équipe de Hwang avaient été publiés par Science, ça n’exemptait pas les institutions scientifiques du monde entier d’organiser des VERIFICATIONS EXPERIMENTALES des résultats et de la méthode au lieu de se lancer dans la pub à outrance comme l’a fait en France la Cité des Sciences.

      Lorsque l’Université de Séoul se l’est proposé, elle a très vite mis en évidence que c’était des faux. Il suffisait de le faire AVANT.


    • Jean-Pierre An Alre (---.---.235.84) 27 mai 2006 19:21

      > Lorsque l’Université de Séoul se l’est proposé, elle > a très vite mis en évidence que c’était des faux. > Il suffisait de le faire AVANT.

      Economiquement ce n’est pas possible, il faut quand même faire un peu confiance aux personnes. Ce n’est pas un problème qu’il y est de la fraude et du déchet, différentes études dans différents domaines (physique et médecine) ont démontré qu’un tiers des publications annoncent des résultats qui sont contredits un an plus tard.

      Ce qui est vraiment important c’est d’avoir un filtre efficace et de ce point de vue le filtre doit être en amont le plus possible. Concrètement ça veut dire qu’on doit le mettre après la publication (avant ce n’est pas concevable pour des raisons de coûts) et avant qu’elle devienne une chose publique (au sens grand public).

      Il est donc indispensable que quelqu’un qui publie dans une revue ne fasse pas un communiqué de presse en même temps. C’est la condition qui permettrait d’éliminer les scories sans trop de dégats. Ca devrait être une règle d’éthique sans plus, un contrôle interne, « une bonne pratique ».

      Jean-Pierre


    • Jean-Pierre An Alre (---.---.235.84) 27 mai 2006 19:49

      J’ai eu un peu de mal à le retrouver mais voilà l’une des deux études : http://jama.ama-assn.org/cgi/content/abstract/294/2/218

      Je vous laisse chercher l’autre.

      Jean-Pierre


  • Esclarmonde (---.---.106.246) 27 mai 2006 21:16

    Pas d’accord avec le commentaire de Jean-Pierre An Alre de 19H21. Un résultat expérimental d’une certaine importance doit TOUJOURS faire l’objet de VERFICATIONS CONCURRENTES. C’est même un principe de la déontologie scientifique, et il n’y a pas de « confiance » qui vaille. On fait confiance lorsqu’on accorde un budget, mais matière résultats on a l’obligation de TOUT VERIFIER si les enjeux sont importants.

    En l’occurrence, les manips de Hwang et son équipe n’étaient pas des grosses expériences de Physique des particules ou sur satellite, où la question budgétaire ou de disponibilité aurait encore pu se poser, mais n’aurait pas exempté les institutions de l’obligation de vérifier le résultat. Le comportement institutionnel est donc inexcusable. Le problème était ailleurs : ON EVOLUE VERS LA FIN DE L’EVALUATION SCIENTIFIQUE TRANSPARENTE, A CAUSE DU LOBBYING ET DES INTERETS INDUSTRIELS.

    C’est très grave.


    • Esclarmonde (---.---.106.170) 27 mai 2006 21:28

      L’affaire Hwang a des non-dits.

      Ce n’est pas la question financière qui a empêché de vérifier ses résultats, car après tout ils étaient suffisamment importants pour que d’autres groupes tentent de les réproduire. C’était même la moindre des choses.

      Mais on n’a pas cherché à tout vérifier, à tout comprendre, parce que’il était implicite que « Hwang devait avoir un contrat industriel », qu’« il ne pouvait pas tout dire », etc...

      Le principe déontologie de la vérification systématique s’est effacé devant le sacro-saint « secret industriel » qui, en l’occurrence, n’existait pas vraiment mais était « supposé ». Voyons, de nos jours, quel « grand scientifique » n’a pas ses « secrets industriels », n’est-ce pas ?

      D’ailleurs, personne n’était pressé de trop vérifier car ce dont il s’agissait c’était d’exploiter l’ANNONCE de Hwang à des fins politiques, et la question de la vérification des résultats était moins urgente.

      Et voici comment la contractualisation de la recherche a abouti à l’un des faux les plus monumentaux de l’histoire des sciences.


    • (---.---.235.84) 27 mai 2006 22:05

      Cher correspondant qui me cite.

      Vous m’avez mal lu. Si je parle de résultats contredits c’est bien parce qu’habituellement de nombreuses personnes (les pairs) s’empressent de vérifier les affirmations de travaux importants.

      Ca c’est la pratique ordinaire, si c’est remis en cause c’est la pratique académique de tous les pays et depuis plusieurs centaines d’années qui est remise en cause.

      Si vous ne faites pas confiance aux pairs, raisonnablement à qui voulez vous faire confiance, à un comité de plus ? mais quelle légitimité aura t-il ?

      Et en quoi les résultats de ces comités de vérification seraient-ils disponible plus rapidement que ceux des pairs ?

      Et pourquoi ces comités de vérification ne seraient-ils pas corrompus eux aussi ?

      Il faudra sûrement vérifier le travail de ces comités de vérification smiley

      Jean-Pierre


    • Esclarmonde (---.---.18.40) 27 mai 2006 23:52

      A Jean-Piere 22h05 :

      Ce n’est pas une question de « vérifier des affirmations », mais de REPRODUIRE les résultats, se casser le c... à le FAIRE. Rien à voir avec le travail d’un « referee ». C’est la tâche des groupes CONCURRENTS.

      Autrement dit, un résultat expérimental doit être considéré validé lorsqu’il est avéré REPRODUCTIBLE. A savoir, que d’autres groupes refont la manip suivant la procédure indiquée par les premiers auteurs et retrouvent le même résultat.

      Tant que la VERIFICATION DE LA REPRODUCTIBILITE du résultat n’a pas été faite, les institutions LA FERMENT, les journalistes scientifiques LA FERMENT... sauf pour donner, avec les réserves de rigueur et quelques commentaires faisant le point, la nouvelle brute de l’annonce du résultat.


    • Jojo2 (---.---.186.170) 28 mai 2006 00:06

      Là dessus je suis d’accord. Mais le travail des experts est de débusquer les failles qui font que se faire chier à vouloir reproduire une manip ne vaut pas la peine.


    • Hume (---.---.32.224) 28 mai 2006 08:59

      Tout a fait d’accord sur l’attitude journalistique. Souvent (euh, en fait tout le temps), le milieu scientifique est bien plus reserve, attendant justement la confirmation d’un resultat important. Je ne suis pas sur que les medias donnent une image reelle de la science et des scientifiques (et c’est encore plus rigolo dans les films...)


    • Jean-Pierre An Alre (---.---.59.214) 28 mai 2006 10:12

      Cher Esclarmonde

      « Les institutions LA FERMENT »

      C’est quoi une institution pour vous ?

      Jean-Pierre


    • Ansatz (---.---.162.68) 28 mai 2006 11:15

      « C’est quoi une institution pour vous ? »*

      En tout cas, pour moi, parmi ceux qui ont une obligation de réserve évidente dans ce genre de situations se trouvent :

      - Les Universités, les établissements de recherche, les Ministères, des entités comme la Cité des Sciences et ses tutelles, le monde politique qui doit s’abstenir d’exploiter ces annonces...

      - Y compris leurs « responsables de la communication » qui savent si bien intervenir de manière discrète pour « orienter » les soi-disant « journalistes scientifiques » qui, en France, ne sont en réalité que des porte-parole des hiérarchies scientifiques et de leurs copains. Parfois d’un syndicat influent.

      Justement, trop de résultats hâtivement annoncés par la presse française depuis vingt ans, prétendument obtenus en France ou aux Etats-Unis ou ailleurs, se sont avérés faux par la suite. Pire encore : les résultats avaient été contestés par d’autres chercheurs dans les conférences internationales, mais les lobbies concernés se sont assis dessus.

      Il faut en finir avec cette manière, pour certains, de vivre de leurs relations. D’autant plus que la publicité permet aux intéressés et à leurs copains d’obtenir des promotions et des financements qu’ils ne rendront pas lorsque le résultat annoncé sera retiré car ce n’est plus possible de le défendre. Une telle immunité comporte une déformation certaine dans l’accès à des postes de responsabilité et met en danger le bon fonctionnement des institutions.

      D’autant plus qu’il est très rare que la « chute » d’un résultat erroné aboutisse à une enquête sur le plan de la déontologie. Le scandale « coréen » est exceptionnel. Et, si Hwang a finalement dû rendre des comptes parce que ça avait fait trop de vagues, personne n’en réclamera à ceux qui l’ont aidé à mettre en marche sa machine publicitaire ou qui ont cherché à faire une exploitation politique de ses « réussites ».


    • Ansatz (---.---.162.68) 28 mai 2006 11:39

      Les institutions scientifiques françaises et leurs lobbies de hiérarques (et entre autres, les coordinations de directeurs de laboratoire, aidées par des syndicats complaisants qu’elles noyautent) font en permanence une propagande victimiste expliquant qu’elles seraient « en danger ».

      Mais la réalité est qu’un tel comportement contribue à la décadence de ces institutions et à nombre de leurs dysfonctionnements, et dessert les objectifs que ces lobbies affichent face au public.

      Par exemple, le slogan « recherche en danger » fut utilisé pour la première fois dans de vastes campagnes impliquant de nombreux responsables scientifiques pour s’opposer aux rapports très critiques sur l’ARC, émanant d’abord de l’Inspection Générale des Finances, ensuite de la Cour des Comptes.

      Il y eut peu après le rapport de l’Inspection Générale des Finances sur la gestion du CNRS, et une coordination de directeurs de laboratoire, largement animée par des responsables syndicaux et des personnalités proches, fut mise en place pour s’opposer aux conclusions de ce rapport.

      Curieusement, on dirait que certaines organisations syndicales sont davantage implantées au sein des hiérarchies et du sommet des administrations que parmi les chercheurs « de base ». En tout cas, force est de constater que le taux de participation aux élections professionnelles dans les organismes de recherche ne cesse de décroître.

      L’exemple de l’amiante de Jussieu devrait servir d’avertissement. Il faut que les responsables des organismes concernés, de même que leurs ministères de tutelle, aient bétonné à mort sans raison valable, que toutes les instances chargées de les contrôler aient fait preuve d’une complaisance démesurée, pour qu’on en soit arrivé, début 2005, à des mises en examen d’institutions scientifiques. Autrement, le fonctionnement interne normal aurait dû suffire pour éviter tout danger ; à défaut, les inspections auraient dû jouer leur rôle ; à défaut, on aurait pu espérer une saisine et un jugement plus rapides de la justice administrative, etc... Il y a donc un véritable problème de fond.


    • Jean-Pierre An Alre (---.---.59.214) 28 mai 2006 12:19

      Bonjour et merci de votre réponse Ansatz

      Je suis d’accord avec ce que vous dites, et je m’en étais aussi fait la remarque. C’est très perturbant de se dire qu’il y a différents systèmes de copinage qui sous tendent toute structure officielle.

      J’ai 30 ans de vie professionnelle, aussi j’ai pû m’assagir et apprendre que ce genre de chose est inévitable. Contrairement à ce que certains voudraient, la science est une activité humaine, et les activités humaines ne sont jamais complètement rationnelles.

      Ce que je me dis pour essayer de me redonner le moral c’est que comme dans le « livre des fourmis » petit à petit les choses progressent *manifestement*. Ca c’est important, il y a un progrès global, mais à l’échelle microscopique le mouvement brownien est trop important pour arriver à discerner un schéma.

      Pour moi crier « au loup », « à la conspiration des lobbies » participe du même mouvement que de crier au résultat révolutionnaire. Plutôt Voltaire que Rousseau smiley

      En fait ce sujet va vraiment très bien sur Agoravox (félicitations encore à l’auteur), car c’est de nouveau le sujet de la presse, de sa qualité, de ses méthodes qui le sous-tend.

      Jean-Pierre


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 17:38

      A Jean-Pierre, 12h19

      Mais les humains vivent dans une société qui est la collectivité organisée.

      C’est à la société de ne pas permettre que les agissements de lobbies et réseaux d’influence finissent par détruire la démocratie, comme c’est de plus en plus le cas depuis une vingtaine d’années.

      C’est une question politique et de volonté collective.


    • Esclarmonde (---.---.105.62) 29 mai 2006 02:46

      A jojo2 28 mai 00h06 :

      Les failles des résultats expérimentaux peuvent difficilement être trouvées de cette façon. En témoigne le nombre très important de résultats erronés qui, sans être des faux délibérés, comportaient tout de même des vices qui ont échappé aux comités de lecture et (cela va sans dire) aux « journalistes scientifiques »...


    • Jojo2 (---.---.180.193) 29 mai 2006 09:29

      Je parlais de failles méthodologiques. Les tricheries sont difficiles à débusquer en dehors d’une enquête approfondie. Par définition, tous les travaux publiés falsifiés ont passé l’étape du reviewing. Une meilleure analyse des photos publiées auraient pu permettre de découvrir la tricherie. Science s’explique très bien là dessus. Des experts en traitement d’image vont maintenant être mis à contribution.

      L’open publishing ne serait pas exempt de ce genre de chose. Une étude, dont j’ai oublié l’origine, a montré que bien souvent les publis qui suivent une « découverte » (même chouiesque) la confirment, l’infirmation venant beaucoup plus tard (et étant beaucoup plus difficile à publier, les résultats négatifs étant mals vus). Tout celà coûte un maximum d’argent. Je ne vois pas de solution autre que le processus déjà à l’oeuvre : le système est stable et s’autocorrige.


  • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 17:55

    Et la bureaucratisation de la recherche au cours décennies récentes, n’y est-elle pour rien dans les dysfocntionnements qui éclatent de plus en plus au grand jour ?

    Déjà l’affaire de l’ARC, n’était-ce pas un signe alarmant de la montée de l’affairisme et des dérives causées par la priorité accordé à la « gestion » sur la création scientifique ?

    Autant de questions que les institutions scientifiques évitent d’aborder clairement.


    • Niveleur (---.---.1.206) 28 mai 2006 18:01

      Et la débâcle des experts d’Outreau, ne met-elle pas en cause le fonctionnement, l’état, la validité même... de certaines disciplines scientifiques ?

      L’article a raison d’évoquer cette affaire. Il faudrait même aller beaucoup plus loin dans l’analyse.


    • Esclarmonde (---.---.105.124) 29 mai 2006 02:36

      Bureaucratisation et affairisme vont souvent ensemble. Quand le pouvoir hiérarchique et administratif se développe plus que nécessaire, il est difficile de préserver un fonctionnement éthique.

      Précisément, l’affaire de l’ARC a poussé les institutions scientifiques à créer des comités d’éthique pour montrer qu’elles s’en souciaient. Mais personne n’a osé s’attaquer aux vrais problèmes que soulevait le constat de l’ampleur des campagnes de soutien au président de l’ARC.


    • Esclarmonde (---.---.105.169) 29 mai 2006 02:41

      En effet, mais sur ce plan on a du retard par rapport aux pays qu’on a copiés. Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, ça fait un moment qu’on se pose un certain nombre de questions sur les « expertises » dans des domaines tels que la psychologie ou la psychiatrie.

      En juin 2004, les journalistes ont fourni quelques saisissants tableaux sur le procès d’Outreau et le comportement des experts.


  • Esclarmonde (---.---.106.214) 29 mai 2006 03:19

    D’après Korea Times :

    http://times.hankooki.com/lpage/nation/200605/kt2006051217400611950.htm

    Hwang a été inculpé ensemble avec trois professeurs, un chercheur et un directeur de clinique féminine.


  • Jerome (---.---.97.181) 29 mai 2006 05:40

    Je lis ces commentaires depuis environ deux jours et je suis assez stupéfait par certains commentaires qui me parraissent totalement a l’opposé de la réalité.

    Je suis chercheur en Neurosciences en stage postdoctoral depuis plus de 2 ans aux Etats-Unis. J’ai effectué ma thèse en 4 ans, en France. Depuis le début de mes recherches, j’ai pu publier 6 articles à ce jours et 3 autres en préparations.

    Voilà pour la présentation.

    En ce qui concerne la publication des articles, je ne comprends absolument pas où certains auteurs de commentaires ont pu trouver leurs idées sur les comités de lectures. L’éditeur en chef de chaque journal est nommé, tous les 2 ans pour certains journaux et ensuite pour chaque domaine de recherche (biologie moleculaire, génétique, modeles animaux de maladies psychiatriques, addiction, il y a un autre éditeur. Les articles sont envoyés à 2 ou 3 chercheurs connaissant le domaine pour pouvoir juger la qualité du travail. En général, les sujets sont tellement précis que les groupes se retrouvent souvent en concurrence, et il est donc préférable pour le reviewer que l’article ne paraisse pas avant le sien, sinon tout le bénéfice revient a l’autre labo. Donc je ne vois pas trop le copinage intervenir la dedans.

    Dans mon cas un article envoyé pendant ma thèse à mis plus de 6 mois pour n’avoir que la première réponse et nous demander des modifications. Bizarrement au cours de cette période, un groupe « concurrent » publie un article proche de mon sujet ... Je ne voi spas ou est le copinage là-dedans.

    Je ne dis pas que ça n’existe pas bien sur, je ne suis pas naif. Mais il ya tellement de journaux scientifiques (et oui, il n’y a pas que « Nature » et « Science » dans la vie. Pour certains comme Niveleur ou encore Esclarmonde, j’aimerai vraiment savoir quel profession ils peuvent bien excercer. Avez-vous déjà envoyé un article scientifique pour publication ? Avez-vous été séléctionné pour etre reviewer d’un article ? Etes-vous chercheurs tout simplement ?

    J’aurai encore d’autre choses a dire (j’ai moi meme du reviewé un article pour mon chef, et je n’ai subit aucune pression d’aucun lobby ...) mais ca commence a faire long donc je vais m’arreter là... pour le moment en tout cas.

    J’aime la recherche, et elle est faite en grande majorité par des gens consciencieux et honnetes, et comme partout, il y a des pourris, qu’il faut sanctionner et punir.

    Jerome


    • Erable (---.---.27.183) 29 mai 2006 12:28

      A Jérome :

      Si vous êtes aux Etats-Unis depuis plus de deux ans, vous connaissez la manière « industrielle » dont fonctionnent les équipes de recherche, avec des chefs puissants et des précaires. C’est justement un système qui pousse au développement des pouvoirs discrétionnaires qu’évoque l’article. La Corée du Sud n’est qu’un « bon élève » de ce système, que les hiérarchies françaises défendent de plus en plus ouvertement.

      Que ferez-vous quand vos contrats de durée déterminée seront épuisés ?


    • Jerome (---.---.110.112) 29 mai 2006 18:39

      A Erable,

      Un postdoc est un contrat a durée déterminée ... dans mon cas 3 ans. Donc quand j’ai signé, je savais très bien que je ne passerai pas ma vie aux Etats-unis. Et les contrats a durée déterminée peuvent se transformer en CDI. Mon chef m’a proposé une prolongation de contrat jusqu’à je decide de rentrer en France. Et qund je rentrerai en France en effet j’aurai peut etre un autre poste a durée déterminée et ensuite un autre, mais au moins comme ça je ne m’enfermerai pas dans le système de fonctionnariat (travail à vie, salaire connu 20 ans à l’avance, aucune possibilité d’etre viré si on est incompétant) et j’espère ainsi me sortir les doigts du c.. pour faire mes preuves jours après jours.

      Jérome


  • Esclarmonde (---.---.18.116) 29 mai 2006 08:57

    « Je suis chercheur en Neurosciences en stage postdoctoral depuis plus de 2 ans aux Etats-Unis. J’ai effectué ma thèse en 4 ans, en France. Depuis le début de mes recherches, j’ai pu publier 6 articles à ce jours et 3 autres en préparations. »

    Moi, ça fait 30 ans que je fais de la recherche et j’ai une bonne centaine de publications. J’ai été rapporteure à des conférences internationales.

    « En général, les sujets sont tellement précis que les groupes se retrouvent souvent en concurrence, et il est donc préférable pour le reviewer que l’article ne paraisse pas avant le sien, sinon tout le bénéfice revient a l’autre labo. Donc je ne vois pas trop le copinage intervenir la dedans. »

    Ah ! Vous voyez bien les coups tordus qu’on peut faire grâce au système des referees. Où est le copinage ? Si vous tombez sur un copain que vous fréquentez à cause d’intérêts communs, vous ne le bloquerez pas. Dans le cas contraire, on peut non seulement retarder la publication mais « s’inspirer » de ce qu’on a lu. Il est déjà arrivé que ce soit le referee lui-même qui écrive sur le même sujet pendant que la publication de l’article traîne. Avec l’« open publishing », plus de problème.

    « Dans mon cas un article envoyé pendant ma thèse à mis plus de 6 mois pour n’avoir que la première réponse et nous demander des modifications. Bizarrement au cours de cette période, un groupe »concurrent« publie un article proche de mon sujet ... Je ne vois pas ou est le copinage là-dedans. »

    Et savez-vous qui était le referee ?

    « J’ai moi meme du reviewer un article pour mon chef, et je n’ai subi aucune pression d’aucun lobby ... »

    Votre chef est tellement « pris » qu’il n’a pas le temps de faire ce travail lui-même... C’est donc quelqu’un qui a des « relations ». Quant aux lobbies, ça ne se passe pas comme ça !

    Dans votre domaine de recherche, il semble bien que les lobbies ne soient pas encore unifiés à l’échelle mondiale : il y en a plus d’un, à en juger par ce qui vous est arrivé ! Mais ne vous en faites pas, la « gouvernance mondiale » s’instaure partout.

    C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Hwang, qu’aux Etats-Unis tout le monde n’avait pas les mêmes intérêts que lui, alors que les enjeux étaient trop importants pour que le simple « solidarité entre chefs » puisse jouer éternellement. Quant à son collaborateur américain Schatten, apparemment (d’après Nature du 30 mars) sa principale contribution au travail sur Snuppy (le chien cloné avec succès) avait été de proposer que la collaboration engage un photographe professionnel ! A ce sujet, l’Université de Pittsburgh écrit : « It is less clear that this contribution fully justifies co-authorship ».

    Mais si Hwang avait vraiment réussi son travail sur le clonage humain, Schatten serait devenu une « sommité » dans son pays...


    • Hume (---.---.40.174) 29 mai 2006 09:21

      Esclarmonde vous n’etes pas bien credible...


    • Hume (---.---.40.174) 29 mai 2006 09:25

      "rapporteur a des conferences internationales (? !), pour le paranoid times ?


    • Alfred (---.---.6.97) 29 mai 2006 10:37

      A Hume : et pourquoi Esclarmonde ne serait-elle pas crédible ? Parce qu’elle ne lèche pas les bottes de vous lobbies ? Elle n’est pas la seule scientifique à ne pas « obtempérer ».

      D’ailleurs, le système scientifique français est particulièrement fermé au sommet. Aux Etats-Unis, le système éducatif et de recherche pose de nombreux problèmes, mais au moins lorsqu’un doctorant d’un Prix Nobel s’est suicidé à Harvard en 1998, le presse en a parlé et le Chronicle of Higher Education lui a même consacré un forum qui est encore en ligne :

      http://chronicle.com/colloquy/98/suicide/suicide.htm

      C’est vrai, sans vouloir faire du Prix Nobel une référence, que la France compte beaucoup moins de Prix Nobel par habitant que les Etats-Unis.


    • Alfred (---.---.6.97) 29 mai 2006 10:47

      Esclarmonde a entièrement raison de souligner qu’avec la mondialisation, la « construction européenne »... on va vers une recherche scientifique sans concurrence à l’échelle mondiale, avec des laboratoires supranationaux partout. Il suffit de regarder un peu les projets qu’on nous annonce au niveau du Ministère ou des établissements scientifiques.

      Qui contrôlera alors les résultats scientifiques ? Au fond, personne, car le pouvoir se trouvera dans les mains des gestionnaires. C’est déjà ce que les directeurs de laboratoire deviennent de plus en plus.

      Mais ça ne semble dérange personne, car de toute façon on admet que les scientifiques doivent travailler pour les industriels et qu’ils seront liés par le secret industriel qu’Esclarmonde a dénoncé à juste titre car il pose de nombreux problèmes.

      Bientôt, les citoyens ne pôurront tout simplement pas connaître ce qu’il en est vraiment des résultats des recherches. Seuls des initiés y auront accès.

      C’est même une très grave menace pour la démocratie.


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