L’arbitrage vidéo, c’est possible et inévitable
Le championnat d’Europe de football 2008 arrive bientôt à son terme. Avant la grande finale que nous souhaitons sans tache et sans reproche, revenons sur les erreurs arbitrales qui ont émaillé la compétition en cours.
Comme d’habitude, quelques erreurs flagrantes d’arbitrage ont été constatées, mais, au final, guère plus que lors des précédentes éditions.
Ce qui maintenant interroge, c’est que les images (au ralenti) du but de Van Nistelrooy contre l’Italie et les deux mains dans la surface du Tchèque Ujfalusi contre la Suisse avaient été projetées en direct sur les écrans géants des deux stades, avant que l’UEFA ne se ravise, devant la bronca alors constatée dans les travées et le malaise qui visiblement gagna l’arbitre central.
C’est un fait, à chaque nouvelle compétition d’importance, le sujet revient dans l’actualité, sans cesse avec plus de force. Chaque année voit le cortège des entraîneurs et des joueurs grossir en faveur de l’arbitrage vidéo.
Envers et contre tout, Michel Platini, président de l’UEFA et grand gardien des dogmes, s’est jusqu’à présent prononcé contre.
Répondant à Maurice Cohen, président de l’OGC Nice, qui le pressait d’agir, Michel Platini a renvoyé l’homme sèchement dans les cordes, rétorquant que ce dernier "devrait mieux connaître les règlements et savoir que c’est le Board qui fait les lois et non le président de l’UEFA".
Une petite phrase qui peut prêter à bien des interprétations.
Pour l’heure, l’argument invoqué par Michel Platini tient en une formule lapidaire : "l’arbitrage vidéo, c’est la mort du football".
Un argument bien léger qu’Arsène Wenger, le très écouté entraîneur d’Arsenal, n’hésite pas à tâcler sévèrement. "Ce n’est pas de l’entêtement, c’est de la stupidité", a-t-il déclaré.
Allez !, Messieurs du Board, nous savons parfaitement tous deux que l’erreur humaine est possible et que toute erreur peut avoir des conséquences calamiteuses, en faussant irrémédiablement le cours du jeu et le résultat final d’un match ;
- que le cours d’un match faussé par une grossière erreur d’arbitrage est susceptible d’engendrer de graves troubles à l’ordre public ;
- que l’arbitrage vidéo, déjà utilisé dans d’autres sports (rugby), offre plus d’avantages que d’inconvénients ;
- que les soupçons qui pèsent sur les arbitres accroissent le mal-être chez une corporation en proie à la désertion.
La question de l’arbitrage vidéo dans le football ne peut être plus longtemps éludée par les hautes instances du football.
Alors, si le dicton dit que chaque Français est un sélectionneur en puissance, laissons à l’entraîneur ce qu’il lui revient et occupons-nous plutôt de faire des propositions citoyennes en faveur de l’arbitrage vidéo.
Les principaux arguments des opposants à l’arbitrage vidéo sont de deux ordres, qui appellent des propositions constructives :
1/Argument du coût :
L’arbitrage vidéo a un coût matériel et humain qui ne peut être balayé d’un revers de manche.
Proposition : le surcoût pourrait être supporté par un prélèvement sur les rémunérations des joueurs, proportionnellement à leurs émoluments, et/ou sur les recettes publicitaires et les produits dérivés.
2/ Argument du jeu :
Michel Platini ne souhaite pas que l’arbitrage vidéo se mêle au jeu. Pour lui, la continuité du jeu ne peut être interrompue par l’arbitrage vidéo.
Contrairement à ce que l’on connaît de lui au travers du prisme rugby, l’arbitrage vidéo ne nécessite pas obligatoirement d’interrompre le match.
Proposition :
Chaque entraîneur dispose de deux cartons (orange) par match pouvant être utilisés pour contestation d’une action litigieuse ayant débouché sur un but ou sur une décision arbitrale (coup franc ou penalty) ayant entraîné un but.
Exemple : une action présumée litigieuse est intervenue dans le jeu et un but a été marqué, aussitôt validé par l’arbitre. L’entraîneur qui s’estime lésé par la décision de l’arbitre ou le résultat d’une action entachée d’une faute (hors jeu, poussette, tirage de maillot, etc.) peut solliciter un recours en arbitrage vidéo.
En sortant son carton orange, il notifie à l’assesseur (ou arbitre) qu’il entend contester et recourir à l’arbitrage vidéo.
Un trio d’arbitres vidéo, en contact permanent avec l’assesseur via talkie-walkie, est installé dans un local fermé qui bénéficie des dernières technologies permettant le visionnage des images enregistrées par les caméras officielles relativement à l’action prêtant à litige.
Le trio arbitral dispose au maximum de trois minutes pour rendre sa décision.
Pendant ce laps de temps, le jeu se poursuit normalement, sans interruption donc.
Le résultat est validé provisoirement par l’arbitre de terrain en attendant la décision du trio d’arbitrage vidéo, qui doit impérativement intervenir dans les trois minutes qui suivent la présentation d’un carton orange.
a/ L’action n’est pas jugée litigieuse : le jeu se poursuit, le score est entériné.
b/ L’action est jugée litigieuse : le but est annulé sans que le jeu ne se soit à aucun moment interrompu.
Pour chaque contestation intervenant dans les 5 dernières minutes d’une mi-temps, (prolongations incluses) le temps restant est abondé de 3 minutes supplémentaires, soit le temps alloué à l’arbitrage vidéo pour rendre sa décision, ces 3 minutes supplémentaires n’étant effectives qu’en cas d’annulation d’un but.
Dans un cas comme dans l’autre, après avoir formé son recours, l’entraîneur ne dispose plus que d’un seul "joker" pour la durée restante du match.
Cette proposition, forcément perfectible, a le mérite de répondre aux deux arguments opposés à l’arbitrage vidéo dans le football.
Je laisse à chacun le soin d’amender cette proposition qui n’a qu’un seul but : rendre le foot plus équitable et plus sain.
En effet, à l’heure des paris en ligne, l’arbitrage doit faire face à une défiance qui ne fera qu’augmenter avec le temps.
En rendant possible l’arbitrage vidéo, on coupe l’herbe sous le pied des détracteurs de l’arbitrage et la suspicion sur la question de l’équité des compétitions n’est plus.