lundi 6 août 2018 - par Jacques-Robert SIMON

Les clés du bolchevisme néo-libéral

   La victoire de la révolution écologique ne peut être accomplie que par la dictature : la réalisation des réformes qui sont immédiatement et absolument nécessaires provoquera une résistance désespérée de la multitude haute consommatrice d’aliments frelatés, d’habitats lapinesques, de voitures polluantes. Sans dictature, il est impossible de briser cette résistance pour intégrer un monde réellement nouveau dirigé par les plus méritants et débarrassé des insupportables contraintes environnementales. Et la meilleure des dictatures est celle où l’on fait disparaître la notion même de vérité pour la remplacer par les consignes du parti néo-libéral.

 Ce qui précède n’est jamais écrit, mais il est mis en œuvre.

 Les valeurs de la Démocratie sont actuellement éliminées pour ne plus garder que le mot. Tout groupe humain a besoin de règles indiscutables pour pouvoir surmonter les difficultés qui se présentent. Le mot démocratie a peu à peu été utilisé uniquement pour revendiquer des droits, nouveaux ou anciens, sans prêter attention qu’inévitablement des devoirs leur étaient associés. Les choix électoraux se limitent à choisir lequel de deux clans semblables satisfait le mieux ses envies personnelles en oubliant le bien de tous. Les plus nombreux gagnent les élections, les perdants se réfugient dans la rancœur, l’invective ou l’abstention. Les démocraties deviennent ainsi ingouvernables ! On confia alors peu à peu les décisions essentielles aux marchés et aux entrepreneurs. À terme, les Hommes politiques ne devraient plus s’occuper que de distribuer des subsides aux plus nécessiteux laissant le champ libre aux investisseurs pour le reste. Le mot démocratie est resté cependant utile pour déstabiliser des puissances adverses, des religions ennemies, des pays échappant encore (très partiellement) à la nouvelle gouvernance mondiale.

 Les ressources énergétiques s’épuisant peu à peu et les matières premières venant à l’échelle de temps du nouveau siècle à manquer, la civilisation occidentale et ses modes de consommation sont ébranlés : tous ne pourront pas bénéficier des plaisirs actuels de la surconsommation. Il faut créer des pauvres qui devront restreindre leurs besoins, des démunis qui accepteront leur état sans regimber. Il faut aussi faire en sorte que des puissants, une infime minorité de gens fortunés, puissent diriger les multitudes en toute bonne conscience malgré les innombrables privilèges dont ils bénéficient. Et pour ce faire, le néo-libéralisme, qui n’a rien de nouveau ni rien de libéral, a proposé un changement de paradigme, une nouvelle façon de voir le monde.

 Les privatisations n’ont pas pour but d’améliorer les systèmes de production ou les services, l’objectif est purement idéologique : il faut rompre le lien entre la production d’un bien et son utilisation par le consommateur final. Pour ce faire un slogan est nécessaire, il se résume à un mot concurrence, mot facile à comprendre et aisé à marteler. Il évoque l’incontournable sélection naturelle et ne peut donc pas être remis en cause même si dans la Nature celle-ci n’a pas eu pour conséquence de fabriquer des identiques mais plutôt des êtres uniques. Prenons par exemple la production et la distribution d’électricité. Si vous vous contentez de faire payer le nombre d’électrons (kWh) que l’intéressé consomme, le lien entre le réel et le monétaire est évident. Si des inégalités de traitement se créent, vous aurez une suite de récriminations voire d’émeutes qui surgira. Il est donc bon de séparer en segments l’offre afin d’obtenir une infinie complexification propre aux inégalités. Si l’on considère les différents acteurs introduits sur le marché de l’électricité en France, le processus de brouillage apparaît plus clairement : Engie - Electrabel (Belgique), Enel (Italie), Endesa (Espagne), filiale d'Enel, Électricité de Laufenbourg (Suisse), Iberdrola (Espagne), E.ON (Allemagne), Gas Natural Fenosa (Espagne)… sans compter les 23 commercialisateurs présents dans le secteur dont Direct énergie filiale de Total. La première étape de l’obscurcissement des liens entre le réel et le vendu est établie : au nom d’une concurrence dite salvatrice tous les humanoïdes devront se livrer à de longues réflexions pour déterminer la meilleure offre, indépendamment de sa source, de sa dangerosité, de son caractère durable : le prix est l’unique paramètre pertinent.

 Mais la descente dans les abysses de l’immatériel ne fait que commencer. Déjà à ce stade, le monde politique n’a plus prise sur les décisions essentielles, les moyens de rétorsion à leur égard par les entrepreneurs étant trop importants si une décision ne leur complait pas. Reste à domestiquer les consommateurs à un point tel qu’ils ne puissent plus avoir une quelconque idée de ce qu’est le réel qu’il confondra avec l’apparence, du vrai qu’il assimilera au ressenti, du Bien qu’il ne distinguera plus des émotions.

 Chaque facture acquittée, par le jeu de la multiplicité des acteurs présents et leurs liens financiers innombrables, ne correspondra plus à l’achat d’un bien précis mais plutôt à un agrément pour de multiples prestations dont l’achat d’électricité pourrait être très minoritaire. Une assurance pour l’automobile, sur la vie, contre les risques boursiers, des contrats pour l’achat d’un chalet Suisse, pour lutter contre la faim dans le monde, pour l’installation d’éoliennes, de paratonnerres, pour vaincre la sclérose en plaque, pour acheter du bois de Scandinavie pour vendre des épices au Bengale, pour louer des skis à Megève, les services de thaïlandaises… une suite sans fin de services utiles, inutiles ou nuisibles mais qui permet aux talentueux étudiants des nombreuses écoles de commerce de rôder leur talent. C’est la globalisation de l’offre pour la rendre incompréhensible donc manipulable.

 Les progrès de la robotique et des technologies du numérique rendent inévitables une moins grande dépendance à l’emploi de l’espèce humaine, du moins dans les pays occidentaux où le secteur tertiaire a envahi toutes les activités. La transition aurait pu se faire en diminuant intelligemment le temps de travail de tous et en étendant les services publics à d’autres activités. Il aurait fallu pour ce faire que la gouvernance de ces derniers soit purement technique et non soumise aux aléas des affects ou de la politique, ce qui n’est pas si difficile avec des honnêtes hommes. Ce n’est pas la voie retenue. Une poignée de personnes choisie uniquement par leur capacité à faire de l’argent vont devoir, grâce à leurs journaux, leurs médias, leurs réseaux, leurs intellectuels, vont devoir imposer à la multitude « une insupportable mentalité bolchevique, par une exaltation stupide de la discipline. »

 Et les nouveaux moyens de mise au pas des ex-citoyens auront l’immense avantage d’être incolores, inodores et sans saveur, c’est à dire invisibles. L’ensemble de vos données comportementales est numérisé et stocké dans des centres de données privés ou publics, la différence n’ayant plus lieu d ‘être. Si votre conduite est jugée déviante par rapport à la normalité désirée, un nombre infini de micro-actions pourra être pris à votre encontre : votre billet de train ne pourra pas être imprimé ou pas immédiatement, votre réception sur votre lieu de vacances peut être environné d’hostilité ou d’aigreur, votre message vers votre banque pourra être retardé donnant lieu à des pénalités… À aucun moment vous ne ressentirez les nuisances engendrées comme provenant d’une autorité centrale. À force d’insistance et de répétition des micro-nuisances, vous trouverez par vous-même le chemin qu’il faut suivre pour éviter les désagréments suscités par votre déviance, le chemin prôné par le nouvel ordre social et universel.

 Et le bolchevisme néo-libéral régnera en maître.

 



35 réactions


  • Francis, agnotologue JL 6 août 2018 10:05
    Bonjour, autant je suis d’accord sur le fond avec ce texte, autant le premier § m’interpelle.
     
    Pourriez vous préciser, svp, ce que vous mettez dans cette expression : ’’La victoire de la révolution écologique’’

    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 13:33

      @JL
       Le premier paragraphe ne donne pas mon avis mais ce qui est en route. Des contraintes énormes devront cependant être exercées de toute façon si l’on veut une révolution écologique capable d’être utile à tous, mais ce sera plutôt par le conditionnement des esprits.


    • Francis, agnotologue JL 6 août 2018 14:33

      @Jacques-Robert SIMON

       
      ’’Le premier paragraphe ne donne pas mon avis mais ce qui est en route.’’
       
       cela je l’avais compris.Mais pour ce qui concerne la ’’victoire’’ de la révolution écologique, j’ai des doutes.
       
      L’autre jour, dans une émission sur une radio à grande écoute j’ai entendu ceci : « Calculer le coût des conséquences du changement climatique ça revient à calculer le coût de l’inaction »
       
      Pour moi, un tel état d’esprit révèle non pas une préoccupation écologique, mais un objectif de justifier des budgets et subventions en faveur de la géo-ingénierie, ou plutôt, des géo-ingénieries..
       
      Pour faire court, je dirai ici que la géo-ingénierie me parait être une aberration contre nature.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 16:23

      @JL
      La société dite libérale est basée sur la vente, pas sur l’honnêteté, notion sans aucun sens dans ce cadre.


  • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 10:08

    Réflexion anticipatrice assez réaliste, il faut le dire. Je lis cependant : « haute consommatrice (...) d’habitats lapinesques ». Ca, ce n’est pas vraiment un luxe choisi. Il faut bien optimiser plus ou moins l’espace d’habitation (sauf pour ceux qui veulent empêcher toutes les générations suivantes de naître pour continuer à gaspiller à eux seuls). Pour le reste du constat, en revanche, c’est plutôt vrai.


  • Tzecoatl Claude Simon 6 août 2018 11:29

    Au moins, la présente tribune de notre pathocratie capitaliste aurait le don d’être clair.


    Cela fait quelques années que cette perspective de nos inébranlables zélites m’a tout d’abord inquiété, puis permis de mener quelques réflexions, que je vous livre ici.

    Tout ce que je peux constater, c’est qu’il s’agit bien de remettre en question les fondements des valeurs politiques sans toucher aux intérêts de nos pathocrates, dont l’objection est de réaliser de nouveaux colifichets afin de propager le chaos parmi les masses laborieuses.

    Synthétisons rapidement leur point de vue.96% de la masse monétaire n’a pas de contrepartie réelle, leur conférant un pouvoir d’achat énorme sur les autres 4%, ce qui assure leur domination, ou plutôt l’usurpation de valeur que cela incarne.50% de l’économie, d’après une rapide estimation, sont des produits de consommation de masse à destination des masses afin d’y semer l’auto-destruction et le chaos.

    L’argent-dette, qui a été le principal vecteur d’une mondialisation délirante, a fondamentalement gaspillé les ressources. La concurrence entre tout les peuples a permis de disséminer les sites de productions sur toute la planète, puisqu’ils souhaitent casser le lien entre production et consommation, d’après vous.

    La mode est au protectionnisme, impulsé par Trump. Mais c’est loin d’être le système monétaire le plus efficace en écologie.Perdurer dans la fable du multiplicateur de crédits source d’argent-dette nous permet logiquement de vivre à crédit des ressources disponibles sur une planète.

    Dès lors, notre économie ne sait plus valoriser ce qui peut être utile (Comme par exemple recycler des ressources, mais uniquement ce qui est rentable. .

    On pourra bien vous accorder qu’Internet n’est qu’un outil de surveillance de masse, et de manipulation de masse. Mais cela reste du domaine, souvent puéril, de l’affect, de la suggestion.
    Une surveillance de masse, certes, à ceci près qu’elle est bijective. Et il me semble qu’elle est surtout efficiente dans une société puritaine, et plus récemment virtualisée, où l’image et la réputation dominent sur la compétence et l’honneur.

    Mais ramené en France, j’aurais plutôt une lecture libérale des faits. A savoir que l’état Providence permet d’assujettir beaucoup de dépendants sociaux au fait du Prince.

    Bref, votre tribune se résumerait à préparer le peuple à être le cocu, puisqu’à vous lire d’article en article, le pire n’est que la seule option. Et je ne suis pas persuadé que le présent paradigme entrevu soit une feuille de route sans heurts. Il a besoin d’un peu de résistance intellectuelle.

    « Il aurait fallu pour ce faire que la gouvernance de ces derniers soit purement technique et non soumise aux aléas des affects ou de la politique »

    Si nous sommes dans la voie sans issue de vous décrivez, il me semble effectivement que seule la technique peut nous en sortir, malgré la nouvelle esbrouffe dantesque annoncée dont Avox est un lieu de dénonciation.
    Et puis, j’ai beau regarder le sujet de la raréfaction des ressources, je n’y vois en fait que la prolongation de choix techniques désuets devenus monstrueux au seul profit des zélites, de vouloir s’aveugler sur les solutions de rechange évidentes, de choix dantesques d’inefficience au motif du profit, bref, de l’artefact à la mode pour asseoir la domination de nos pathocrates sur les esprits des masses.

    Oh, on peut leur faire confiance, ils savent changer de braquet, investir dans d’autres technologies plus porteuses, utiles, mais aussi plus légères (de détournement de l’attention).

    Mais ce changement de paradigme technique permet au moins à JR Simon, à l’heure où le pétrole de Dallas se faire rare, hélas, d’étaler une prose intellectuellement salace afin d’impressionner les gogos, toujours nombreux.
    Mais, je vous rassure, vous n’êtes qu’un virus parmi d’autres du marketage des cerveaux (pour s’exprimer en termes pseudo-lobacewzkiens).

    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 13:55

      @Claude Simon
      Je ne suis pas en désaccord avec ce que vous écrivez, cependant je ne fais pas mes textes pour impressionner qui que ce soit. La technique est utile mais un marteau peut servir à enfoncer un clou ou assommer un voisin. Ce qui est le plus utile ce sont les scientifiques, les philosophes, les artistes...


    • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 15:20

      @Claude Simon
      Le protectionnisme a au moins le mérite d’obliger indirectement les gens à avoir conscience de la valeur du travail (on ne peut plus tricher en séparant les consommateurs insouciants des exploités). Même chose pour les ressources et les déchets : Quand on les voit devant chez soi on ne reste plus dans le déni. Seulement voilà : Les pseudo-marxistes ne veulent pas être mis devant ce fait accompli et veulent conserver le mode de vie du capitalisme mondialisé en prétextant qu’un système politique plus juste permettrait de l’assurer pour tout le monde, dans un monde « sans patrons ». Or l’histoire a montré qu’aucun système politique n’a plus tricher ainsi bien longtemps. Sous le communisme il y avait la pénurie et sous le néolibéralisme il y a les esclaves délocalisés (relance de la tricherie à l’époque où justement un rééquilibrage naturel commençait à opérer). Bref, des indignations envers l’article (que je prend comme un constat pragmatique) et de l’altruisme feint pour protéger son petit mode de vie et ses rêves, rien de plus. Pour votre information : La Chine dite communiste est en train de mettre en place le système décrit par l’auteur, que vous considériez cette pratique comme libérale ou pas.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 16:28

      @V_Parlier
      C’est exact que la Chine est plus efficace vers le monstrueux.


    • Tzecoatl Claude Simon 6 août 2018 17:04
      @V_Parlier :

      Le protectionnisme a surtout l’avantage d’expliquer au salarié qu’il devra se remettre au travail, payer les produits importés plus chers pour garder son travail, tout en ne touchant pas aux règles monétaires en vigueur faites sur l’usurpation de valeurs, garant de la hiérarchisation de la société, et donc du pilotage de la raréfaction des ressources, objet en vigueur de l’accentuation des inégalités.

      Si l’on prend la morale bancaire qui stipule qu’une bonne monnaie est celle la plus corrélée à la création de valeur, on peut étiqueter n’importe qui de trotskiste, bolchevik, polpotiste, ça n’a, dans la science sociale dont nous discutons, l’économie, plus aucun intérêt.

      L’objet est bien de laisser pour compte la classe laborieuse face à la raréfaction des ressources, au profit d’une classe possédante.

      Après, on peut dissocier l’univers capitaliste de l’univers soviétique ,capitalisme privé ou d’état, il n’y en a qu’un, les financiers de la start-up soviétique étaient les même que ceux de la Fed.

      Quoiqu’il en soit, ne me classez pas dans ceux qui vivent dans un monde sans patrons, dès lors je ne suis certainement pas pseudo-marxiste comme vous le sous-entendez.

      Je dois avouer que mes compétences en science dure relève plus du temps libre et de l’amateurisme, mais j’entrevois de multiples pistes de contourner la fixette qui nous réunit.

      Ces pistes ne sont évidemment pas qu’en sciences dures.
      Bref, votre constat n’est donc qu’un constat de castes, ce qui est bien plus pragmatique que pratique, je vous l’accorde.

      Après lui avoir enlevé le billet du porte-feuille, vous allez lui enlever le pain de la bouche, à notre gogo. Voilà l’objet, dis explicitement. Vous m’excuserez, mais en bonne intelligence, cela s’appelle l’organisation d’une situation pré-révolutionnaire, à la seule lecture de notre XVIIIème siècle. Au moins, ils avaient, à l’époque, la probité intellectuelle de ne s’en remettre qu’à l’ordre de la nature.

      Je n’ai pas besoin de recevoir quelconque intimidation d’un modèle d’une société de surveillance, qu’il soit khmer rouge, chinois à l’encontre des ouïghours ou de sa société civile, de mes voisins, ou des GAFA, mes objections se font sans pseudo.

      Pour résumer, vous considérez que la fixette dont l’échéance serait vers 2100 d’après des scientifiques tel le défunt Hawking, et légué au service marketing est chose sérieuse, veillez me voir désolé, mais je goûte fort peu à la neuneulogie standard imposé.




    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 18:03

      @Claude Simon
      Ceci résume bien le problème :

      " L’objet est bien de laisser pour compte la classe laborieuse face à la raréfaction des ressources, au profit d’une classe possédante."


    • Tzecoatl Claude Simon 6 août 2018 18:57

      @Jacques-Robert SIMON


      Et, de ce fait, je tente d’expliquer que la réponse du cerveau reptilien n’est pas la meilleure.
      Surtout du fait que, les différents services marketing étant un peu responsables de nos malheurs, je ne vois pas l’opportunité de rappeler diligemment leurs compétences.

      J’écoutais il y a quelques années de cela un expert en minerais, et, en fait, son discours était plutôt centré sur le fait que plus nous voulons de ressources, plus elles sont compliquées et donc chères à exploiter.

      En allant du côté des brevets, on se rend vite compte que tel ou tel brevet nous fait complètement changer de besoins en ressources primaires. De ce fait, c’est plutôt un arbitrage en fonction de la disponibilité des ressources qui serait déjà un début de sociabilité à ce sujet, dont nous aurions besoin. 

      Personnellement, la fin du pétrole, de 14/18 jusque la guerre de Lybie, en passant par l’écologie, pourrait apparaître comme une bénédiction. Du moins si l’on considère l’aspect énergétique.

      L’argument libéral précisant que la technologie ne permet pas d’anticiper tant que cela de la rareté, du fait des ruptures de progrès, tient par les faits, fort bien la route.

      Dès lors, l’harangue de classes des dominants au motif écologique semble effectivement d’une fatuité bien inopportune.

      Pour ce qui est des déchets, c’est extrêmement simple : notre santé impose de composer autrement mieux que ne le propose n’importe quel service marketing, et cela, avec beaucoup moins de déchets difficiles à recycler.. Faire circuler l’information bienveillante à cet égard est certainement plus sain que de relancer la guerre des classes tout les matins.

      Pour la simple et bonne raison qu’alléger la voilure d’un capitalisme à bout de souffle, et redonner de l’autonomie au citoyen, peut être une excellente porte de sortie. Voltaire ne conseillait t’il pas de cultiver son jardin comme d’autres de faire par soi-même ?

      Pour rappel, je proposais il y a quelques années un système monétaire qui favorisait implicitement les circuits courts, la déconcentration, dans l’esprit d’Ernst Schumacher (Small is beautiful).

    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 19:54

      @Claude Simon
      On fait confiance à la main invisible des marchés pas parce qu’elle est intelligente mais parce que les dirigeants n’ont pas le courage de dire la vérité.


    • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 20:39

      @Claude Simon

      Vous écrivez : "Le protectionnisme a surtout l’avantage d’expliquer au salarié qu’il devra se remettre au travail, payer les produits importés plus chers pour garder son travail"
      -> Non non, le protectionnisme a surtout l’avantage d’expliquer au salarié qu’il devra se remettre au travail pour payer ce que lui et des travailleurs ayant les mêmes droits et salaires que lui fabriquent. Et comme on aura besoin de lui il n’aura pas besoin de baisser son froc pour garder son travail. En échange il aura un pouvoir d’achat réaliste (ben oui, ah c’est vilain). Même en système socialiste ça ne peut fonctionner qu’ainsi (et ça fonctionnait ainsi, car aujourd’hui les libéro-socialistes européens font de la tambouille hypocrite en jouant sur l’élastique de la dette et du chômage au maximum).

    • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 20:46

      @Jacques-Robert SIMON

      Voous écrivez : « C’est exact que la Chine est plus efficace vers le monstrueux ».
      -> Je ne fais que constater, mais en tout cas, monstrueux ou pas ça sera efficace au point que c’est probablement notre futur, tant c’est la seule manière de faire aller les gens d’aujourd’hui vers un but déterminé qui, justifié ou non, ne serait pas plaisant à annoncer. On le voit bien quand même des opposants au néolibéralisme ne convergent pas vers quelque chose de cohérent alors que les autres ne savent que réclamer moins de taxes et plus de salaires (ou allocations) sans même réfléchir à une méthode.

    • Tzecoatl Claude Simon 6 août 2018 20:58

      @Jacques-Robert SIMON


      Il est évident que le marché, en théorie, est une méthode bien plus douce que le fait politique pour décider de la rareté ou de l’abondance. Chacun peut dès lors arbitrer par lui-même, là où un politique ferait un carnage. Enfin, je parle du marché des physiocrates du XVIIIème, pas de celui du Chicago Board of Trade, qui peut avoir les même conséquences qu’un politicien. Pour la même raison qu’évoquée précédemment, à savoir que la spéculation décide des cours (96% des transactions).
      Car la main invisible n’existe pas, il n’y a que l’anonymat des acteurs de marché.

      Mais oui, on peut bien miser sur l’initiative, privée, publique, ou associative d’ailleurs.

      Là où Schumacher a été blâmé, c’est qu’il proposait des techniques intermédiaires au « Tiers-Monde ».
      Et je vois, de çi de là, pour éviter la pollution intérieure, un rétropédalage manifeste concernant les produits d’entretien, d’hygiène, etc. 

      Visiblement, l’Occident adopte ses positions sur certains points.

      Il critiquait aussi la nécessité de besoins circulaires, à savoir qu’un besoin en implique un autre.

      Exemple à titre perso : exposé à de gros risques sanitaires, je suis parti doxha en tête, pas de médicament (souvent à effets secondaires). Malgré toutes les pathologies encourues, je suis pleinement satisfait de ce choix.



    • Tzecoatl Claude Simon 6 août 2018 21:58

      @V_Parlier


      Ecoutez, des super idées géniales genre « On va faire comme les US ou dire comme les US », à neuneuland, c’est courant.

      Vous voyez, le capitalisme n’est qu’à multi-facettes, ça ne changera pas grand chose en écologie.
      Bref, j’étais un plus ambitieux avec une réflexion plus approfondi, mais certaines constantes sociales ne se discutent pas, le reste n’est que variable d’ajustement, ou, plus explicitement miroir aux alouettes.

      Mais bon, économiquement, je vous le concède, le protectionnisme semble un moindre mal. Pour une simple et bonne raison, la mondialisation a tout de même concentré de façon abusive les efforts capitalistiques autour de l’or gris. Qui n’a qu’un temps, ça doit être ça.

      Mais bon, la belle foire d’empoigne, de chantages, de coups tordus pour tirer son épingle du jeu du protectionnisme ne ferait que commencer, dites-vous. Neuneuland a un bel avenir, on pourra ne s’occuper que de la surface, c’est rassurant.


    • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 23:48

      @Claude Simon
      Je n’ai émis d’avis que sur le protectionnisme en général auquel vous aviez fait allusion. Trump, je ne sais pas trop ce qu’il a derrière la tête exactement.


    • Tzecoatl Claude Simon 7 août 2018 08:45

      @V_Parlier :


      Pour ne pas répondre à votre question dont je n’ai aucune idée :
      Et bien, ce matin, on peut lire dans les medias iraniens que Trump voudrait discuter finalement avec l’Iran (il faudrait corréler avec une source occidentale tout de même).

      Je lui faisais confiance pour sortir des interventions militaires illégales, il ne me déçoit pas, même s’il a fallu l’aider un peu (puissance militaire russe, back-door de la NSA dévoilé), et, qu’en sous-main, tout ne dépend pas de lui, ou qu’il ne se laissera pas déborder.
      Pour ce qui est de l’économie, c’est conservateur et un brin paternaliste, même si les manières seraient grossières.

      A priori, il a conscience que l’hyperpuissance américaine n’est pas telle que l’on voudrait nous faire croire, et qu’un géant au pied d’argile doit raisonner sa voilure impériale. Donc il négocie, il rééquilibre.

      Il orchestre un remake de l’âge d’or US, les 30 glorieuses, celle de toute sa jeunesse.
      Vu sous l’angle écologie, c’est nul (fin de la protection du littoral US contre la recherche d’hydrocarbures), sauf que les guerres produites par quelconque complexe militaro-industriel sont un désastre écologique (uranium appauvri par ex).


      J’aime bien, du moins, on n’est pas en train de polémiquer sur un fou et ses gardes-chiourmes, ce qui laisse certains de nos medias très ostensiblement dans le désarroi (neuneuland, sphère transgressive, abrutissante et infantilisante, c’est plus facile).





  • À rebours 6 août 2018 14:56
    Sur l’image : Trump n’est pas un néo-libéral. Il liquide le monde néo-libéral fondé sur une gouvernance mondiale impérialiste et une division mondiale du travail.

    Je ne pense pas que les néo-libéraux seront admis à gérer les conséquences économiques, sociales et environnementales du système qu’ils ont tenté d’imposer. Ils seront éjectés de l’Histoire.

    La France a longtemps résisté aux néo-libéraux, nous sommes entrés en dernier dans cette dynamique et nous vivons à plein cette expérience déprimante. Le monde en sort déjà. Regarder la France est un trompe-l’œil.

    Il me paraît par ailleurs certain que les gouvernements à venir auront une composante dictatoriale car ils auront à gérer de graves pénuries, notamment d’eau, et des mouvements de population massifs.

    Les gouvernements néo-libéraux, bien que dictatoriaux, continuent à s’aveugler, notamment en encourageant les mouvements de population. Les pays où ils continuent de sévir seront éradiqués du concert des pays qui comptent. Leurs élites évincées de l’Histoire.

    • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 15:23

      @À rebours
      Il est possible que le néolibéralisme tel que nous le connaissons aujourd’hui ne survive pas. Mais de là à un retour au communisme, je n’y crois pas non plus. Ce n’est même pas une question de désapprobation ou d’adhésion c’est une conclusion plutôt pragmatique quand on voit ce que font les pays encore « officiellement communistes » aujourd’hui. Ca n’exclut pas pour autant une gouvernance pragmatique et raisonnée, mais pas du tout démocratique.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 16:30

      @À rebours
      Tout dépend de la définition que l’on donne à néo-libéralisme, mais c’est vrai que Trump est d’abord un praticien auto-centré.


    • À rebours 6 août 2018 18:34
      @V_Parlier

      Non, il n’y aura pas de retour au communisme. Les pays officiellement communistes ne sont pas communistes. Mais souvent ils planifient. Un des efforts constants des néo-libéraux a été de détruire le Plan en France. Il faudra bien y retourner.

    • À rebours 6 août 2018 18:47
      @Jacques-Robert SIMON

      Moi je considère que c’est un libéral tout court. Le fait qu’il nous oblige à la concurrence n’en fait pas un impérialiste. Nos élites sont programmées pour rechercher des solutions européennes et ne nous défendent pas concrètement contre Trump, en attendant de trouver ces solutions. On ne va quand même pas incriminer Trump.

    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 août 2018 19:56

      @À rebours
      Vis à vis des États-Unis, l’Europe n’existe pas en tant que puissance, d’où la nécessité d’aller « ailleurs ».


    • V_Parlier V_Parlier 6 août 2018 20:55

      @À rebours

      Nous sommes bien d’accord : Les ex pays communistes n’ont gardé que la structure, la manière de planifier, de promouvoir un certain conservatisme social (*), et aussi de contrôler l’information (mais ça, on y arrive déjà ici). La planification autoritaire peut mener toutefois à de meilleurs résultats que la « main libre du marché » si toutefois elle est organisée par des gens compétents. Ca, on n’y coupe pas.

      (*) Tous les régimes communistes stabilisés sont très vite revenus à une forme de conservatisme social après avoir (cruellement) éliminé la concurrence en la matière, s’étant rendus compte que les libertaires servent juste à faire la révolution puis à être éliminés afin que le pays puisse à nouveau prétendre au statut de puissance qui tient debout. Chez nous les gauchistes libertaires n’ont pas encore compris ça.

  • zygzornifle zygzornifle 6 août 2018 16:37

    La victoire de la révolution écologique ne peut être accomplie que par la dictature


    Avec le couple Hulot-Macron on est entre de bonnes mains , écologie d’opérette et dictature en sous-sol ....

  • Tzecoatl Claude Simon 7 août 2018 11:24

    Si on dézoome un peu l’article, on voit bien que l’impérialisme occidental n’a plus toutes les cartes en main afin d’exploiter dans le crime les ressources (Afrique, Moyen-Orient).

    Mais on conçoit fort bien que la tâche est rebutante.
     J’ai un peu l’impression qu’arguer de la raréfaction, et réemballer en cause écologique, est un peu en trompe l’oeil.

    Après avoir multiplié les terroristes, les rebelles modérés et les changements de régime démocratiques afin de multiplier les barils de pétrole, les ordinateurs, les smartphones et les profits, l’héritage légué par le mondialiste semble tendu à gérer.

    A la messe du veau d’or de JR Simon, les égarements, rien qu’à voir ce qu’à donné les différentes sonates capitalistes (libéralisme, socialisme, fascisme, keynésianisme, mondialisme), sont déjà à l’oeuvre.
    Au moins, on perçoit très vite qu’il s’agit d’une tyrannie qu’il a la « grâce » de justifier, se permettant donc de dicter ou de suggérer ses besoins au peuple. ou sa rareté, comme en bolchevie.

    Je vais rester fidèle au petit catéchisme sur l’Exode que j’ai reçu, et tourner les talons à la pyramide financière des fanfaraons financiers qui s’achètent des fanfarons médiatiques, celle qui mène tant d’individus de pertes en illusions perdues, la messe étant terminée. 

    Puisque la clé de voute de la pensée attalienne (ou attardienne) est d’intellectualiser son mépris social en maîtrisant le destin social par le revenu, il manquait donc son collatéral, l’accès aux ressources. Voilà qui est fait : 20/20 Mr Simon.

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