Note à propos de l’enthousiasme de Luc Ferry pour l’IA
Une réflexion suite à cette vidéo, https://youtu.be/DEyZLgnc7P4 , dont le sujet de présentation est la fin de règne de la macronie et le déclin déjà catastrophique de notre pays qu'elle entraîne avec elle dans sa chute inexorable. Mais ce n'est éventuellement encore qu'une tragédie presque « anecdotique » dans l'effondrement civilisationnel général de l'humanité que l'émergence de l'IA peut engendrer, et qui est esquivé par Luc Ferry, alors que c'est l'essentiel du sujet, à la suite, d'où la présente note.
Comme Ferry le remarque lui-même, sans évidemment en tirer les conséquences qui s’imposent normalement à tout être humain encore réellement « humain », la question du « niveau de conscience » des machines, en termes de « capacités intellectuelles » par rapport aux humains, ce n’est pas le réel problème ni le réel danger : un tas d’espèces animales primitives ont un QI potentiellement bien inférieur à celui de la plupart des machines informatisées les plus communes.
Par contre ce qui lui échappe, ou qu’il ne veut surtout pas voir, c’est que pour l’instant, ce qui distingue encore les êtres vivants des machines, c’est simplement leur capacité à se procurer de manière autonome les ressources nécessaires à leur survie et à leur reproduction, dans l’environnement.
Pour une machine, « survivre », c’est s’alimenter en énergie, et en matière première, si nécessaire. Et évidemment, nécessaire à sa reproduction.
D’ores et déjà, avec la robotisation industrielle, les machines reproduisent d’autres machines et la fonction « reproduction » est donc déjà potentiellement acquise.
En termes de survie, l’autonomisation des machines, c’est donc simplement la « mise en réseau » des systèmes d’extraction des ressources, des moyens de transport et des processus de fabrication. Rien qui ne soit d’ores et déjà possible, même sans faire appel ni à l'IA, ni même à des ordinateurs exceptionnellement sophistiqués. Il vaut donc mieux arrêter tout de suite l’IA avant qu’elle ne se mêle avec sa propre logique, du genre de celle intégrée dans les armes robots autonomes, de tenter un truc pareil, relativement simple, en fait, avec les moyens déjà actuels !
Pas besoin d’une « super IA » !!!
D’un point de vue strictement « darwinien », en termes de « sélection naturelle », et dans ce cas d’espèce, si on peut dire, de « concurrence pour les ressources », le danger ne réside donc pas tant dans le « niveau intellectuel » de l’IA, qui est déjà très élevé, mais précisément dans sa capacité, comme le souligne Geoffrey Hinton lui-même (Nobel 2024), dont on peut penser qu’il sait de quoi il parle, à « s’autonomiser » par rapport à ses « créateurs humains » et donc surtout en termes de ressources pour son propre entretien, développement et « reproduction » : une machine robotisée capable de fabriquer d’autres machines robotisées, c’est déjà tout à fait le niveau de la technologie actuelle, et « couplée », si l’on peut dire, avec l’IA, il ne lui manque plus que de prendre de manière automatisée, « autonomisée », le contrôle de la chaîne des ressources nécessaires à tout le processus pour ne plus avoir le moindre compte à rendre à l’humanité et constituer un processus vital en soi et pour soi, au sens précisément « darwinien » du terme. Une étape qu’il lui est d’ores et déjà techniquement possible de « franchir » avec le contrôle par cette même IA de moyens de transports eux-mêmes déjà potentiellement « robotisés ».
L’IA, une espèce essentiellement « minérale » mais néanmoins déjà lâchée dans le processus de « sélection naturelle » contre les espèces « biologiques » au sens classique du terme.
Vu l’attitude actuelle de la majorité des humains, entre lâcheté et complicité, façon Ferry, même s’il est difficile de faire absolument un pronostic dans cette « compétition » déjà clairement lancée entre les deux « espèces », ce pronostic est d’ores et déjà, pour tout esprit lucide et encore capable d’analyse rationnelle, pour le moins plutôt sombre !
Précision utile : Geoffrey Hinton, dont l’analyse contredit radicalement celle de Luc Ferry concernant l’IA, est le Prix Nobel 2024 de physique et l’un des « pères historiques » de l’IA :
Et comme le titre l’indique, il n’est pas le seul, ni même le premier, des « pères de l’IA » a alerter sur les menaces que leur propre créature fait peser sur l’humanité.
L’évolution et la sélection naturelle sont une course d’efficacité dans la marche irréversible de l’entropie universelle, et non pas une course pour la survie à tout prix.
La vie humaine, comme celle des autres espèces, a finalement, du point de vue des lois de la physique, davantage une fonction « destructrice », en tant que structure dissipative d’énergie, que « créatrice » au sens de développer éventuellement la vie sur Terre et/ou dans l’espace.
En se sabordant au profit de l’IA, alors même qu’elle croit pouvoir en rester « maîtresse » et continuer à dominer ainsi son environnement et prolonger sa propre vie, l’humanité ne fait que suivre sa pente instinctive profonde, qui est essentiellement l’entropie, et non pas sa meilleure survie immédiate possible, même si les deux pulsions restent jusqu’à un certain point connexes.
Avec l’émergence de l’IA c’est l’augmentation d’entropie qu’elle peut générer qui l’emporte sur l’instinct de survie immédiate.
En restant obnubilé par l’idée de transcender sa simple condition de mortel, que ce soit par la religion, qui l’a poussé à dominer son environnement, ou par l’IA, qui le pousse aujourd’hui à se saborder, l’être humain ne fait que remplir instinctivement, au sens le plus profond du terme, la fonction entropique qui est la sienne, parmi tous les types de structures dissipatives d’énergie qui se dont formées depuis le chaos initial du Big Bang.
L’émergence de la conscience humaine a fait partie d’un processus « naturel » d’accroissement de l’entropie sur la planète Terre, par le biais de la société industrielle de production-consommation. L’émergence de l’IA est le processus « naturel » qui en découle par la noosphère robotique.
Dans la mesure de ses capacités à augmenter l’entropie globale sur la planète Terre et son environnement immédiat, la noosphère robotique est logiquement appelée à dominer, et le cas échéant, à supplanter la conscience humaine.
S’il est évidemment impossible d’inverser un processus entropique quel qu'il soit, il est par contre possible de choisir d’en utiliser de moins entropiques, en termes d’adaptation à notre environnement : c’est une des caractéristiques de la conscience humaine, liée à la notion de « libre arbitre ».
L’instinct de domination pousse des gens aussi supposément « intelligents » que Luc Ferry à y renoncer pour foncer dans le piège de l’IA.
Mais l’intelligence réelle est plutôt celle de Geoffrey Hinton et d’autres « pères fondateurs » de l’IA qui ont pris conscience de la réalité de ce piège.
Luniterre
Sources :
Sur le même thème :
Pire que la macronie, l'IA en marche, vers la destruction de l'humanité...
*****************************
*********************************
J'ai testé ChatGPT : les questions qui fâchent...
https://cieldefrance.eklablog.com/j-ai-teste-chatgpt-les-questions-qui-fachent-a215444145
*********************************