Nous risquons de perdre cette guerre...
...parce que leur foi en leur cause est plus forte que la nôtre
L'image est forte. Deux jeunes individus, des musulmans, égorgent un prêtre catholique presque nonagénaire devant l'autel de son église où il officiait devant une poignée d'individus, très peu, quelques vieux et quelques religieuses. L'instantané est terrible, il présente un nouveau monde, le leur, remplacer l'ancien, le nôtre, en l'éliminant. Tout simplement. Il n'y a même pas l'ombre d'une tentative de remplacement d'un monde par un autre par le biais d'une tentative de dialectique visant à démontrer que le vieux monde a vécu et qu'il doit laisser la place à un autre. C'est l'effacement par la force la plus barbare qui est leur règle.
En s'attaquant à un prêtre et quelques fidèles, les deux salopards ne s'attaquaient pas spécifiquement à une religion, mais à la France. Eux au moins dans leur esprit rongé par la maladie islamiste ont-ils eu cet éclair de lucidité de constater que la France ou l'Europe plus généralement ne pouvaient être dissociées du fait chrétien. Et il s'agit ici bien moins de religiosité que d'imprégnation culturelle. Autant d'ailleurs tout de suite le préciser afin d'éviter des commentaires inutiles, je ne me reconnais d'aucune religion, et réciproquement.
Donc s'il fallait trouver quelque chose de positif à ce drame, c'est ce rappel souvent oublié ou nié même, au nom du fameux vivre ensemble, de la volonté de ne pas marginaliser, ou je ne sais quelle connerie dont un des promoteurs fut par exemple Chirac qui s'opposa à ce que dans le préambule de la constitution européenne il soit fait mention des racines chrétiennes de l'Europe et qui déclara, peut-être était-ce un signe avant-coureur de la dégénérescence qui le frappe, que les racines de la France étaient autant musulmanes que chrétiennes. En fait les racines chrétiennes, c'est sans doute une des rares choses que les Européens ont en commun. C'est sans doute pour cela qu'il fut longtemps tenté de les nier, voire de les effacer en en mettant d'autres, enfin une, sur le même plan dans le cadre des politiques d'intégration telles que prônées par l'UE, en fait des politiques de non-intégration puisque une symétrie était établie entre les Européens et les hôtes qu'on leur imposait. Et ça continue.
Et pourtant, si on se fie aux réactions suite à cet assassinat d'un prêtre, le bouleversement qu'elles traduisent ne saurait être décorrélé du fait que ça s'est passé dans une église, pendant une messe au cours de laquelle le maitre de cérémonie fut égorgé. Ce n'est pas juste un homme qu'on a assassiné quelque part. C'est bien davantage que cela. C'est à nos racines, à nos fondements qu'on s'attaque.
Les attentats de janvier 2015 avaient pour cible le blasphème et les juifs. Si je peux me permettre, de la part de terroristes musulmans, c'est du grand classique. Ceux de novembre 2015 ainsi que celui récent de Nice visaient notre mode de vie, enfin pour être plus précis l'homo festivus. Là on a changé de registre du fait de l'indistinction religieuse des victimes. Les musulmans ayant adopté notre mode de vie, intégrés ou assimilés donc, étaient aussi, et peut-être plus, coupables que les autres, aux yeux des islamistes bien sûr. Le dernier attentat a visé lui spécifiquement la religion catholique, disons un symbole chrétien, en la personne d'un prêtre officiant dans une église. Ce sont nos racines, ce qui nous imprègne malgré nous, qui ont été attaquées cette fois.
Si on regroupe les trois types d'attentats, on peut en tirer la conclusion suivante : la guerre est totale. Arrêter de blasphémer, cesser de faire la fête donc changer de mode de vie, tout ça ne peut leur suffire, il faut que nous disparaissions. Disparaitre ce n'est pas forcément mourir, c'est aussi perdre son identité la plus profonde.
Tout ce qui précède sera sans doute considéré comme un truisme par beaucoup. Cependant quelle que soit la banalité de l'analyse, celle-ci ne semble pas être prise en compte par ceux qui nous gouvernent et ont, à ce titre, le devoir de nous protéger. Certes ils peuvent parler de liberté d'expression attaquée, après Charlie, ou de mode de vie détesté, après le Bataclan, mais les racines chrétiennes de la France, il y a peu de risques qu'ils les évoquent.
Ce n'est pas tant que je tienne à ce qu'ils le fassent. Je n'attends rien de ces gens, juste qu'ils dégagent. Mais je suis scandalisé de la manière dont ils parviennent à assumer, et donc en quelque sorte à nous trahir, cette contradiction entre leurs discours de fermeté, la guerre ce n'est pas rien, et ce refus de prendre en compte les données qui peuvent nous offrir une chance de la gagner. Je ne comprends pas comment on peut encore accepter d'entendre dire qu'on va frapper davantage l'Etat islamique (eux ils disent daech pour ne pas mêler l'islam à ça, et ça en dit long) mais que l'ennemi intérieur doit pour sa part bénéficier de toutes les garanties comme celle par exemple d'être simplement astreint au port du bracelet électronique avec autorisations de sortie après avoir tenté par deux fois de rejoindre l'ennemi que nous frappons avec nos bombes. En fait je ne comprends pas qu'en temps de guerre, et c'est eux qui le disent qu'on est en guerre, on soit incapable de désigner l'ennemi autrement que par le vocable qualifiant un groupe de tarés sévissant au Moyen-Orient alors que cet ennemi est chez nous et se ralliera au successeur de l'Etat islamique, comme il l'a fait à al-qaida, ou au FIS. "Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse". Je ne comprends pas davantage que quand on nous dit à juste titre que c'est notre identité qu'ils visent, cette dernière soit réduite à une bande de jeunes et moins jeunes dont le trait le plus caractéristique serait d'aimer boire une bibine en terrasse ou d'écouter du heavy metal. Nous sommes, en termes d'identité collective, du moins je l'espère, davantage, bien davantage que cela.
Et c'est ce "davantage", et rien d'autre, à partir du moment où nous en prendrons conscience collectivement, que nous saurons l'apprécier, en être fiers, et même l'aimer assez pour être capables de nous battre pour lui, qui nous permettra de vaincre. Ce ne sont ni la supériorité numérique, Israël l'a prouvé dès sa création, ni la supériorité technologique, sinon l'Etat islamique aurait cessé d'exister depuis belle lurette, même si ça aide, qui assurent les victoires, mais la foi qu'on a dans la cause qu'on défend. Or si les islamistes ont suffisamment foi en leur cause pour se faire péter ou courir devant les balles qui vont les abattre qu'avons-nous à leur opposer globalement, sinon notre peur de mourir, nos égoïsmes particuliers, notre individualisme, notre soif de consommer, notre volonté de jouir de l'instant, nos PEL,… Et bien tout ça, si nous sommes incapables de l'inclure dans un système plus vaste, dans un système de valeurs partagées, dans une culture, une civilisation, ne vaudra pas tripette face à quelques milliers, ce qui est peu, de gens déterminés.
Le problème de fond est bien là. Des gens nous ont déclaré la guerre et nous ne voulons pas la faire parce que nous n'estimons pas qu'il existe autre chose que nos individualités à protéger, à défendre. Et les défendre serait les exposer. Alors on délègue, on charge d'autres de mener cette guerre sous la responsabilité de gens qui surtout ne veulent pas se donner les moyens de la gagner au nom de principes, soi-disant, qui si on fouille un peu ne sont pas très nets. Car surnage toujours cette idée que nous sommes responsables de ce qui nous arrive, parce que nous sommes soi-disant coupables devant l'histoire, parce que notre société est injuste avec ces populations venues d'ailleurs, même si par ailleurs des groupes entiers de gens venus d'ailleurs ne posent aucun ou guère de problèmes, parce que nous sommes xénophobes, racistes, islamophobes (qui de sensé ne le serait pas aujourd'hui dans le cadre de la définition étymologique du terme ?), etc., etc. Car la défense de l'islam, religion comme chacun sait de paix, d'amour et de tolérance semble être une préoccupation au moins aussi importante que la défense de notre civilisation. En fait le vrai danger, lisez Plenel et bien d'autres, même parmi les responsables de notre sécurité, c'est l'extrême-droite. Car nos valeurs, notre histoire, nos racines, ne sont que des vieilleries à éradiquer, d'ailleurs l'école s'en charge depuis longtemps et persévère dans cette voie. Je ne ferai qu'évoquer dans cette suite les sombres calculs électoraux qui interdisent évidemment toute mesure que ceux auxquels elle s'appliquerait qualifieraient de stigmatisante.
En fait tout est dans tout. On nous a appris depuis pas mal de temps à ne pas nous aimer, à détester notre passé, à nous couper de nos racines. On nous a ôté l'envie de nous battre pour ce que nous sommes, parce que ce que nous sommes est méprisable. Aujourd'hui nous sommes en guerre et notre esprit de défense se résume à nous lamenter en déposant des fleurs et en allumant des bougies. Et nous comptons, de moins en moins il est vrai, sur ceux qui sont responsables de cet état d'esprit lamentable pour gagner cette guerre que nous ne voulons pas faire nous-mêmes. Avouez que tout cela s'annonce fort mal.