mardi 30 décembre 2014 - par bakerstreet

Et pour quelques points retraite de plus !

Il te faut mettre ta vie en heures, en jours, en mois, en années, de façon chronologique, apporter la preuve que t’as bien construit une carrière, cette chose censée t’ouvrir ensuite des droits irréfutables, immémoriaux.

 Il te reste à finaliser ta demande, remplir ces foutus questionnaires !

Et deux fois plutôt qu’une ! Trois fois plutôt que deux… « Nous vous renvoyons ce document, car la date n’apparaît pas clairement en bas de la page 2… »

Les collègues depuis quelques temps te regardent d’une façon étrange, comme un grand blessé, un placardisé.

 « Alors combien il te reste ? » …Comme si t’avais choppé un de ces sales trucs totalement remboursé par la sécu.

« Et t’as préparé quelque chose pour après ? » Te demandent les plus vachards, se penchant sur toi comme un moribond qui n’aurait pas écrit son testament. Oui, tu as entendu cette chose étonnante : La retraite, c’est comme le tour de France, ça ne s’improvise pas !

Mais qu’as-tu à répondre à ça, toi n’a fait toujours que du vélo qu’à l’instinct !

 Plus que 15 jours avant la date fatidique de ton départ.

L’erreur, c’est de t’être lancé dans ce projet de partir avant l’âge légal. Ca s’appelle « départ anticipé pour carrière longue ». Rien que de lire le titre, et tu te sens très fatigué au bout du rouleau. Si quelqu’un te proposait une chaise, tu l’accepterais aussitôt.

« Mais vous n’auriez pas un lit, par hasard ?. »

Décidément, tu ne comprends rien à l’époque. On condamne les bancs des centres villes, on supprime les strapontins dans les bus, et même les cyclistes défont leur selle quand ils attachent leur vélo dans la rue. La position assise est devenue hautement suspecte, pour tout dire obscène. Surtout jambes croisées ! Vous prouvez par-là que vous ne voulez rien foutre de vos dix doigts de pieds, que vous êtes un inactif. Une injure par les temps qui courent.

Ton dernier courrier t’a été retourné, suite à une erreur d’affranchissement, la lettre faisant 1 gramme de plus que le tarif du timbre n’en pouvait supporter.

 Je suppose que tout ce harcèlement bureaucratique a pour objet de pousser quelques-uns à quelques gestes irrémédiables, liquidant ainsi les droits à la retraite. Tant qu’à monter en haut d’un pont, plutôt que de sauter, prenez un mégaphone, faites-vous entendre !

« J’exige, j’exige… »

Rends-toi sur place, exige un interlocuteur, la télé…Avant le commencement des négociations, prends le président en otage ! C’est comme ça qu’on se fait entendre.

Avant ça, t’assurer qu’en dehors de l’internement psychiatrique d’office qui va couper court à tes revendications, cela ne sera pas une cause de radiation, une remise à blanc de ton compteur. Auquel cas, il faudra retourner à la case départ, l’année de tes 17 ans, et faire un double six pour lancer de nouveau ton petit cheval dans la grande aventure du travail, collectionnant les trimestres comme autant de bons points.

Quoique !… En raison de l’allongement de l’espérance de vie, une vie in-extenso de travail est tout à fait possible. C’est ce qu’on entend tous les jours à la radio, information relayée par des journalistes zélés.

99 % des vieux d’ailleurs, selon les sondages, seraient d’accord pour rester jeunes. Anticipant l’état euphorique de la science et du marché du travail, ils auront le droit de bosser jusqu’à 90 ans, dépasser le siècle, toujours jeune !..

Young forever ! Comme les rolling stones…Ou Johnny ! Ils balancent leurs cannes anglaises devant eux, à la façon d’un micro sur pied ! Qui voit la différence ! "You can if you want it !” Les lendemains qui chantent seront en bleu de travail ou ne seront pas ! C’est le nouveau mot d’ordre. Le leitmotiv. Comme une affiche de propagande stalinienne ! Tous les enquêtes médicales le confirment : Garder du cambouis sur les mains faciliterait le jeu entre les articulations et les synapses !

M’ouai !

Voilà ce que c’est de prendre des années, on devient un peu parano, cynique, l’esprit dur et la couenne raide, attentif à ne pas se faire avoir. Méfiant comme un vieux chien qui a pris trop de coups de bâton. Tu n’iras pas chercher tous les vieux os sans moelle qu’on te lance derrière la barrière, rien que pour te faire décamper.

Tu connais tes droits, et leurs vieilles ruses, juste bonnes à tromper les jeunes bénets.

Tu ferais mieux de la jouer modeste. D’abord t’es encore vivant, alors qu’à ton âge tant d’autres sont déjà morts. Et pas que des petites pointures : Alexandre le grand, Flaubert, Maupassant, Jésus Christ, Karl Marx, Jimmy Hendrix, des types qu’auraient cent fois plus que toi mérité les ors de la retraite, et les cadeaux qui vont avec. 

Tu as toutes les chances, connu les trente glorieuses. Une époque où on trouvait du boulot à la pelle. 

Quoi de mieux qu’une pelle pour inciter un homme à se lever, à se mettre en marche. Bien mieux que la faucille ou le marteau, trop dangereux, qui peuvent devenir des armes. La pelle développe les muscles, donne le goût de l’effort, de l’entreprise, vous fait de beaux trous au milieu de gazon. Regardez celui de la sécurité sociale !

« Quand le bâtiment va, tout va ! »…Toi-même t’as travaillé dans le BTP ! Un casque jaune sur la tête, poussant une brouette sur une planche, même si ça n’a pas duré bien longtemps.

« On n’est pas sérieux quand on a dix sept ans » T’avais pourtant dit Arthur. 

Tu as sorti le tiroir du bureau, mis sur la table toutes ces enveloppes administratives, reliées entre elles par de vieux élastiques, des choses qui dormaient là depuis belle lurette. C’est le véritable album-photo d’une vie. Une boite pleine de madeleines de Proust.

Deux doses de sable pour une de ciment, c’était la recette du maçon. Le petit Marcel avait bien de la chance d’être rentier. Il aurait été beaucoup moins introspectif s’il avait bossé sur un chantier. ..D’abord, il aurait su tout de suite pourquoi il se serait couché de bonne heure.

 Tu te souviens encore de cette première matinée passée au fond de la tranchée, de tes premières douleurs dans le froid vif, bien vite oubliées par l’absorption d’un premier verre de rouge, ce breuvage des âmes fortes, qu’une âme compatissante te fila, en te foutant une grande claque dans le dos.

En guise de promotion, on t’a donné un marteau-piqueur ; c’était la familiarisation avec la maladie de Parkinson et ses symptômes.

C’est comme ça qu’en passant d’un boulot et d’un bobo à l’autre, t’as naturellement dérivé vers les métiers du soin, avec déjà de solides connaissances de terrain. 

Il faut tout mettre à profit dans la vie ! Mais tu vas trop vite dans le déroulement du film. Tu mets la charrette avant les bœufs, comme on ne dit plus maintenant ! Garde pour toi tes expressions ringardes, qui te situe tout de suite comme un « has been », à éviter absolument dans un entretien d’embauche.

D’accord, ce n’est plus ton problème. Ne t’en vante pas trop ! Ne joue pas au ténor, au chanteur de Mexico ! Il y a des gens sans emplois qui sont susceptibles. D’autres qui travaillent, qui paient des cotisations, qui ne comprennent pas pourquoi ils vont te supporter à ne plus rien foutre. Pas la peine de te transformer en cible idéale pour le premier sniper égaré qui traîne. On a vu des fatwa lancées pour bien moins que ça !

D’ailleurs, officiellement, ton dossier n’est pas encore clos.

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Un mois de boulot, pour trois mois de vacances. C’était à l’époque le nom de ton cocktail préféré.

Maintenant, ils appellent ça, « trimestres manquants » ! Ces gens là n’ont aucune poésie. 

Impossible de les avoir au téléphone. La ligne ne marche que d’un coté. De l’autre, ce ne sont que des touches étoile et dièse sur lesquels tu te perds comme dans la voie lactée.

Tu leur a renvoyé une bafouille, explicite au mieux, avec formule de politesse. Mais cela ne leur a pas suffi ! Il y a un mois à neuf heures du matin, il t’ont pris par surprise, alors que t’étais à découvert au fond du lit.

« Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait en novembre-décembre 72, et aussi pendant les six derniers mois de 75 ! Nous ne parvenons pas à retrouver les traces de votre activité d’alors ! »

C’était une commissaire du peuple, là bas au polit bureau des retraites. Une fille à la voix pincée et sûre de son fait. Sans doute qu’elle devait toucher une prime quand elle réussissait à pincer les escrocs à la caisse de retraite.

C’est bien connu, les innocents ne savent pas se défendre. Tu as mis un temps incalculable avant de répondre, baragouiné quelques mots d’une voix molle ! Ou alors tu as répondu trop vite, ce qui était bien sûr tout aussi suspect. 

Pour l’année 75, c’était facile. Une année de voyage, le Népal d’octobre à février. Les pink floyd venaient de sortir « wish you were here ».

Les paroles de la chanson te revenaient curieusement en tête.

« So, do you think you can tell

Heaven from hell

Blue skies from pain…”

Pour un peu, tu te serais bien mis à chanter ce texte incandescent, brûlot de jeunesse, mais la voix t’as remis très rapidement dans les clous ! Prudence et circonspection…

« Le mieux, ce serait que vous nous envoyez des photocopies de vos fiches de paies ».

Le passé te rattrape ! Tous ces acomptes pris sur la retraite, un par-ci, un par-là. Forcément, c’est comme chez l’épicier, un jour il te présente la note. Tu aurais dû écouter ta mère qui te disait de garder tous les papiers. C’est comme ça qu’on se forge des alibis, des preuves ! Certains gardent absolument tout, les tickets de caisse, de rationnement, les souches des carnets de chèques, et sont capables de sortir leur curilum vitae, heure par heure, depuis la date de la naissance, jusqu’à celle de leur mort, déjà planifiée, un jour de promotion aux pompes funèbres.

La solution serait peut-être de faire comme Depardieu, dans « Mammuth », ce film où on le voit enfourcher sa vieille bécane, pour refaire le chemin inverse de sa vie, passant d’un ancien employeur à l’autre, afin de compléter son dossier retraite.

Pauvre Gérard ! Pas dit qu’il allait pouvoir acquérir une baraque à frites en Belgique, avec le maigre pécule qu’allait lui filer la caisse de retraite.

Espérons que « le domaine des dieux », où il faisait l’Obélix, lui rapportera assez de royalties pour qu’il achète tous les matins son journal, et son paquet de « petit gris », à priser. En attendant, il a bien fallu qu’il se lance dans ce long road movie ! Une version motorisée de la recherche du temps perdu, avec fiches de paye un peu fanées....Ce sont ces choses mesquines au possible qui vous aigrissent, après une vie de travail. Il est peut être un peu soupe au lait, Gérard, mais il a ses raisons après tout d’en vouloir à la France. !

Il a toujours été comme ça, tout en voix, depuis que tout petit il est tombé dans une marmite de vodka.

D’ailleurs, il est parti vivre là-bas, à Moscou, ou plutôt Petaouchnok, bien loin de notre système pourri. https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&cad=rja&uact=8&ved=0CDcQFjAD&url=http%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Fmonde%2F2013%2F01%2F07%2Fla-mordovie-ce-petaouchnok-russe-cher-a-depardieu_872195&ei=IZ6hVLTaLcviav68gqgN&usg=AFQjCNEZyg89RB3pFTSpdGxgZdgNRY0u4Q&sig2=5FzDv5fNCnWP5bXPYAoBbw

De temps en temps il nous engueule derrière son grillage doré, sa chapka enfoncée sur sa tête comme un casque romain. 

C’est dans l’air du temps. Les retraités se plaignent. Faut les comprendre. L’état leur bouffe la laine d'astrakan sur le dos. Ils se barrent,songent à s'établir en Portugal ou en Grèce. On trouve là-bas de belles d’opportunités. L’habitant vous chouchoute bien mieux qu’à Saint-Tropez, où l’on ne pense plus qu’à arnaquer les vieux friqués.

Au Maroc, le crabe chez le poissonnier du coin est bien moins chère qu’à Quiberon, où l’on a pris trop les touristes pour des pigeons.

En Turquie, vous trouverez de petits cireurs de pompes qui les feront reluire avec ardeur, et le plombier du coin ne vous laissera jamais dans le cirage.

Non, c’est décidé, tu resteras les deux pieds dans la vase, incapable de bouger de ton vieux corps mort, méprisant les bonnes affaires !

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Tu voudrais bien voir quelqu’un pour t’aider à t’en sortir. Aller au château voir un conseiller !. Tu l’as vu de loin, mais s’y rendre semble aussi difficile que d’entrer dans une ambassade des états unis dans un pays arabe. Ils ont installé devant un check point, un mirador, des rouleaux de barbelés. Juste de temps en temps les portes s’ouvrent pour laisser entrer un camion benne, avec des cartons de dossiers retraites ouverts, les feuilles volant au vent. Paraît qu’ils auraient trois mois de retard au mieux.

Quelques hauts responsables sont sans doute obligés de rester dans les lieux, mais on les oblige à vivre dans une pièce borgne, et obligation leur est faite de posséder un gilet pare balles.

Dans une pièce, où il n’y personne, juste un ordinateur éteint, un téléphone sonne depuis cinq minutes.

C’est toi qui insiste, encore et encore.

Ordre a été donné de ne jamais répondre à ce téléphone.

Au bout de la cinquantième sonnerie, un serveur automatisé se met tout de même en branle. Une voix désincarnée te demande ton numéro de sécurité sociale, le numéro d’immatriculation de ta voiture, d’appuyer sur la touche étoile.

Tu tournes en rond pendant un temps infini.

Une musique en fond sonore. C’est la même que celle de « 2001, l’odyssée de l’espace », juste avant que la fusée ne rase cette planète inconnue, et que ne surgisse en suspension dans le ciel une sorte de module parallélépipédique semblant te dire que tu te trouves aux portes du néant, ou devant celles du journal de vingt heures de la 2.

La voix alors te dit que ton dossier est en cours de finalisation.

Ou d’exploitation, je ne sais plus.

T’avais cru un moment avoir la recette, qu’il suffisait de travailler un peu et puis de mettre les bouts. Par exemple au soleil. Une plage de Crète, cette foutue île où une chaîne de montagne arrêtait soi-disant les nuages les emmerdes.

Le bonheur ressemblerait à un décor de carte postale, avec une petite maison blanche toute simple, les murs peints à la chaux.

Ne pas vouloir de petits chefs sur le dos, et même pas savoir ce que c’est que le mal de dos !

On te demande tes certificats de travail, pas de t’attendrir sur cette vieille photo de jeunesse où tu apparais cheveux longs, avec ce sourire idiot cette paire de lunettes désopilante, ce tee shirt que t’as traîné pendant des années qui te faisait comme une seconde peau.

Tu aurais bien besoin d’un coup de main. Comme pour un déménagement ! Pas seulement de gens pour t’aider à soulever les cartons, mais aussi pour te taper sur l’épaule, et t’écouter.

Vous feriez le tour de la maison ensemble, d’une pièce à l’autre, et tu raconterais des anecdotes sur tout ce passé situé qui se cache derrière l’angle du siècle.

Et vos pas raisonneraient curieusement, avec tous ces meubles déjà partis, un espace curieusement rétréci.

Plus on vieillit et plus les souvenirs prennent une place considérable sur l’étagère. Un peu comme les deux volumes de « Guerre et paix » !. 

La guerre en moins, c’est vrai.

 A ce niveau là mon salaud tu t’en es bien sorti, même si les années de guerre comptent double, ou triple, au niveau de la retraite. Pas d’Indochine ni d’Algérie ! Tu appartiens à cette première génération bénie qu’est passé au travers de la boucherie en gros et au détail. Juste ce service militaire qu’était une guerre pour de faux, avec un fusil chargé à blanc, mais qui fait tout de même une année de plus dans la balance !

C’est pas cher payé pour une belle vacherie, mais c’est mieux que rien ! Tu penses à toutes ces années qui comptent pour du beurre, tout ce temps où tu étais enfant de chœur, chasuble rouge et liquette de dentelle !

Mais pourquoi donc à t’on séparé l’église de l’état ? En arrive tu à te demander !

Tout cela s’ajouterait à tes saintes années de fonctionnaire. 

Même le soir quand tu te couches, tu vois des trimestres partout, brillant au-dessus de toi, comme les étoiles de la voie lactée.

Trente années passées à l’hôpital, c’est pas ça qui pose problème, qui fait de toi une grand blessé, mais bien tes erreurs d’aiguillage. Il faut rafistoler tout ça, mettre des pansements, des poulies, des attelles pour que ça tienne debout devant le conseil, que le président te mette un coup de tampon dessus. .

Combien ça fait tout ça au fait ? Tu comptes, tu poses les retenurs, te fais juste du souci pour ces sept ou huit premières années de jeunesse, qui te rapporteront que dalle, mais que tu veux sauver de l’oubli.

Car tout de même elles t’éviteront une décote, un truc dont tu ignorais tout il y a quelque temps, mais auquel il a bien fallu te familiariser. Il te faudrait trouver tout de même ces fragments de preuve. Ca te rappelle ce vieux puzzle de 500 pièces du mont saint Michel, auxquels il manquait qu’un tout petit morceau ! Pourquoi avait-il fallu que ce soit justement celui de la pointe du dôme.

Est-ce encore un coup de l’ange Gabriel ?

Tu as juré, renversé les autres tiroirs, cherché sur les meubles, dessous : C'est dingue ce qu'on trouver : Des billes de verre, des petits soldats, de vieilles cartes postales, "Pensons bien à vous", des images Panini de foot d'une autre époque. Des footeux partis eux aussi à la retraite, à pas 35 balais après avoir fait fortune ! Des garanties d’appareil électroménagers eux aussi au vert, ne voulant plus rien savoir, à pas dix ans d’utilisation. Tout ce beau monde se marre de te voir toujours cravacher, et ça te fout furax, un peu comme le Gérard ! Mais ça ne te sert à rien de gueuler à la mort si on ne te donnes pas de micro !

 Quoi, pas encore parti ? » T’ont dit certains malades.

Prends les de haut ! Ce monde d’obsolescence programmée n’est pas le tien. En tout cas tu espère bien que le bon dieu n’a pas glissé sous ta peau une puce pour te déconnecter en temps voulu.

Enfin tu t’exclames, comme si t’avais déniché le trésor de long John Silver : les voilà, ces foutus papiers : Vieux parchemins sauvés des Titanic et des déménagements, parfois un peu déchirés, à l’encre presque effacée. 

Des formats aussi invraisemblable que des assignats révolutionnaires, ou des bons du trésor russe.

A l’époque, dans ce haut moyen age, on payait les manants de main à main, en liquide dans une enveloppe. Parfois le décompte fait sur un papier gras ayant servi à emballer la tranche de pâté de campagne.

Tu n’as pas tout gardé, pas plus que les papillotes de bombons kréma.

Mais le compte y est presque.

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Tu préfères tout envoyer, leur passer le mistigri, avec une bafouille pleine de fautes d’orthographes délibérées, pour qu’ils se montrent indulgents.

De multiples certificats attestant que tu as été électricien, ouvrier d’entretien, jardinier, commis de cuisine. Un autre certifiant que tu as bien été employé en qualité d’aide-boudineur, du 10 Octobre au 28 Novembre 76. Il est signé par un certain Robert Lartigue, un type pourvu d’une signature conquérante. Tu te rappelle très bien de ça ! T’avais fait un looping par-dessus la machine, comme Charlot dans les temps modernes.

C’était au retour du bordelais. Sept ou huit campagnes de vendanges en tout, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Des travaux saisonniers dans le sud de la France.. Un tas de boulots payés au noir. Tu revois le patron matois, sa gitane sur le bord des lèvres qui te disait : « Je vous paye au black et vous fais dix pour cent de plus ! Fifty-fifty ! Comme ça tout le monde s’y retrouve. … »

Des boulots intérimaires misérables durant une demi-journée à charger décharger des camions « Dépêchez-vous les gars j’ai pas que ça à foutre ! »

Te voilà à faire le père noël, puis conducteur de Fenwick dans une usine de caoutchouc. Le rouge et le noir, mais sans Stendhal et pour toucher que dalle ! Inutile de dire que t’as travaillé un mois dans une usine de frites en Hollande ! Tout cela est suffisamment compliqué !

Plus intéressant ce boulot d’électricien pendant huit mois dans une zup, homme de main à déboucher aussi les vides ordures, tondre les pelouses et entretenir les fleurs comme dans un poème de Prévert.

Puis un été passé à 2200 mètres, à guetter l’écho, comme gardien de refuge dans les alpes. Le lait de la biquette tous les matins au petit déjeuner comme dans la petite maison dans la prairie !

Des huîtres à cancale l’hiver, des melons à Cavaillon l’été, trois mois passés à vivre en Provence dans une grotte !

Que reste-t-il de tout cela ?

Dites-le-moi….

Qu’une vieille moto, de ta jeunesse.

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Finalement, t’as fait comme tout le monde, toi qui voulait pêter ce foutu système avec ton marteau piqueur tout au fond de la tranchée !

C’était avant que les ampoules aux mains te ramènent rapidement à la raison.

Le train dans lequel tu t’es installé n’est pas encore parti.

Et va savoir où il va ? Vers l’est ?…

Est-ce que ça sera vraiment un camp de grandes vacances, comme le dit la propagande ?

 C’est vrai, il existe d’étranges rumeurs. La bas, ça serait pas si bien qu’on dit. Les vieux ne ressembleraient pas du tout à ces clones à la peau tendue qu’on voit sur les publicités, toujours ravis, toujours heureux, un cholestérol dans les chaussettes, entourés de leurs enfants petits enfants comme s’il en pleuvait, profitant à jamais de placements astucieux et garantis par les gentils conseillers des banques.

T’as trop travaillé avec les blessés de l’arrière du front pour qu’on te bourre le mou au sujet des lendemains qui chantent !

Te voilà assis dans le compartiment, à attendre l’heure de départ. Tu as jeté un coup d’œil autour de toi, dévisageant tes compagnons de voyage. Ils n’ont pas tous la même allure, le même déguisement, et s’observent les uns les autres à la dérobée.

« No future » A tu envie de crier. Rien que pour rire, voir les réactions.

C’est que tu te trouve jeune parmi eux. Rassure-toi, c’est ce qu’ils pensent tous. Tu regrettes déjà un peu l’hôpital, où tu étais chouchouté comme un vieux fossile.

Ce travail t’as beaucoup appris sur la chance de pouvoir te lever chaque matin sans aucune aide, d’avoir toujours été pour le moment du bon coté de la blouse, même dans les sales moments. 

Pas de plus grand trésor que deux jambes qui marchent, deux yeux qui voient, une tête qui tourne rond, deux mains pour panser !

 La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie. Surtout pas ses misérables acquis en carton pâte, et les projecteurs, vous cachant la vraie lumière du soleil !

Le contrôleur à casquette passe dans le couloir regarde ton billet dans tous les sens, le tourne, le retourne, vérifie scrupuleusement le numéro, la destination !

Il est peu gros, disons entouré. C’est vrai il ressemble un peu à Depardieu ! As-tu signé sans le savoir pour une co-production internationale ? Tous ces papiers que tu as signés, sans vraiment les lire ! Ne serais tu pas un intermittent du spectacle de la vie sans le savoir ?

Il t’a demandé une pièce d’identité. Non tu n’as pas encore la carte senior, une sorte d’étoile jaune qui t’a-t-on dit donne des droits.

 Il tique un peu sur la photo de ton permis qui date un peu, ce qui t’étonne, car après tout tu n’as beaucoup changé, mis à part ces lunettes immondes.

Il ne lui reste plus qu’à composter, avec sa belle pince brillante comme un camion de pompier.

 Pompier, un boulot qui te faisait rêver quand t’étais gosse.

C’est les filles normalement qui rêvaient de devenir infirmière.

Tu t’en fous, t’as appris depuis longtemps que le rose et le bleu, ça compte pour du beurre. Et que l’essentiel est ailleurs.

Au bout du compte, c’est un petit miracle, de s’en être sorti si bien, au fond, avec juste une godille dans la main, choppé un jour par inadvertance.

Ca t’a suffi pour gagner le large, à l’abri des récifs, et même de surfer sur ce petit courant sympathique où tu t’es laissé allé comme Moïse au gré des eaux, dans un berceau d’osier…

Tout cela ne doit être qu’un de ces rêves, que l’on fait habituellement par une bel après midi d’été, quand on s’endort à l’abri du soleil, sous la vieille tonnelle sentant bon les la rose et le lilas

Te voilà maintenant échoué dans un bras de rivière.

Tout petit, bébé de deux jours, échappé du service des prématurés, déjà sur la route.

La fille du pharaon s’approche. Elle chante un couplet de ce vieux morceau anglais du Pink Floyd que tu connais par cœur.

« And did they get you to trade

Your hero’s for ghosts ?

Hot hashes for trees ?

Hot air for cool breeze ?

Cold confort for change ?

And did you exchange

A walk on part in the war

For a lead role in a cage ?”….

 

Et pourquoi les choses ne se passeraient-elles pas ainsi, comme dans un conte des mille et une nuit ?

Combien encore de vie en réserves ?

Une de plus ou de moins qu’est ce que ça peut faire !



25 réactions


  • sophie 30 décembre 2014 10:39

    C’est un vrai régal de nostalgie Bakerstreet, je me retrouve totalement dans cette pensée, surtout la complexité du dossier de départ en retraite, c’est totalement stupéfiant, mais quand y est confronté on peste seule.... il m’arrive aussi souvent d’être surprise par l’image renvoyée par le miroir disposé là dans un magasin. Merci à vous


    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 12:37

      Sophie merci

      Le plus c’est vrai, est de convaincre que nous avons toujours 20 ans, même et surtout le miroir.

       Les vieux contes nous reviennent, et celui de blanche neige, avec sa marâtre acceptant si mal le vieillissement. 

      Seul l’ongle qui sait, peut par la grâce d’un sourire, décrocher les rides

  • ZEN ZEN 30 décembre 2014 11:22

    Bonjour bakerstreet
    Comme Sophie, j’ai succombé au charme..
    Pour moi, cela a été plus simple
    L’Algérie m’a fait gagner des points. (J’allais dire une connerie...)
    Mais des tas de petits boulots au noir pendant cinq ans dans les années 60, quand j’étais étudiant à Paris, pour survivre et acheter quelques livres... Pas de traces...Mais l’insouciance de l’époque faisait qu’on ne pensait pas à une échéance si lointaine et abstraite. On n’était pas vieux à vingt ans à l’époque...


    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 12:35

      Zen bonjour


      il est vrai qu’à cette époque on ne pensait guère à la retraite. 

      Je me souviens que Janis Joplin, Jim Morrison, Hendrix, c’était le modèle de beaucoup...
      « Show me the way for the next whisky bar....oh, don’t ask why, we must die ! »

      Chaque génération est formatée par les embruns et la météo de l’époque et il est vrai que c’est beaucoup plus difficile pour les jeunes.
       Etrange de constater que certains s’interrogent déjà sur leur retraite à pas trente ans. 

      La vague qui les a poussé était pleine de sollicitude, mais l’arrivée sur le rivage est beaucoup plus dur. C’était un peu le contraire pour nous, et ceci explique cela.

       Personne ne parle plus de ce foutu conflit des générations qui nous faisait nous rebeller mettre les voiles, mais finalement il s’inscrivait dans une dynamique positive, mais aussi de l’ordre du possible, dans une société qui n’était pas encore cadenassée. 

  • alinea alinea 30 décembre 2014 11:42

    On est toujours sur une barque avec vous bakerstreet ; les eaux bouillonnent ou sont étales, le paysage varie, le chant aussi ; merci pour ce voyage !
    Quant à la retraite, je ne m’y suis pas encore collée, mais un jour de ma cinquantaine, j’ai reçu tout, bien aligné ; même une semaine aux vignes, ou un CES écourté vers Uzes !!
    Le fait est que je n’ai quasi jamais travaillé déclarée ; c’est plus court d’arriver à soixante-cinq ans à cent quatre vingt dix euros de retraite !!! Encore quelques années de jeunesse devant moi, si dieu me prête vie !!


    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 12:25

      Ouai, je parts donc pour le front des retraités le premier janvier.

       Officiellement.
       Pour le privé le dossier n’est pas clos, mais je m’en contrefous un peu. 

      C’est pas que je trépignais à attendre avec un bardât de vacancier.
       Curieuse impression tout de même de dilatation du temps. 

      Un claquage au mollet est venu astucieusement compensé les ailes qui me poussaient dans le dos, et m’aurait donc ramené à la raison, si je l’avais perdu. 
      Enfin, je me remets tranquille, chantant ce vieux morceau des Queens.

      « I want to ride my bicycle ! » 

    • foufouille foufouille 30 décembre 2014 13:12

      « c’est plus court d’arriver à soixante-cinq ans à cent quatre vingt dix euros de retraite !!! »
      il y a le minimum vieillesse ........


    • ZEN ZEN 30 décembre 2014 13:36

      Nouvelle du front...
      Tout va bien quand on peut encore trouver du plaisir à faire des parties de campagne... à bicyclette ♪♫♪
      Mais sans Paulette...


    • cathy30 cathy30 30 décembre 2014 14:07

      Tout à fait foufouille, et elle est de 800 euros par mois.


    • alinea alinea 30 décembre 2014 14:35

      Je sais foufouille !! et j’ai peur d’y être contrainte !!


    • alinea alinea 30 décembre 2014 14:47

      Il ne vous fait pas peur, bakerstreet, ce long temps dilaté, donné pour vous, les vôtres, vos balades folles cheveux aux vents dans les descentes et collés à votre front dans les côtes ?
      Les gouttes de sueur qui peuvent piquer vos yeux, ces retours flamboyants, ces goûters, ces repas, et le temps des amis mais plus, celui qui nous est cher, de débordements oniriques, épistolaires ou narratifs ; ces nouvelles, ces articles, ces pamphlets, ces poèmes. Des voyages alentours, des pêches miraculeuses, des soleils couchants toujours loupés pour cause d’horaire ou ces petits matins blêmes qu’on n’est plus contraint d’excuser en échafaudant des circonstances atténuantes.
      Un vide soudain d’emploi du temps qui nous refoule à l’enfance, quand de l’ennui naissaient des désirs inconçus ; reprendre le laisser-tomber, oser l’aperçu, échafauder des rêves, et nous écrire aussi...


    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 15:27

      Oh, Alinea, merci. 


      Mais à vrai dire je ne vais pas bien loin, je reste physiquement sur la même niche, 
      et passe juste un peu plus de temps la tête dans les nuages
      Je ne crains plus rien ni personne
      Car même le baron rouge est parti à la retraite

    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 15:31

      Foufouille


      Quand à moi je serais assez d’accord pour que l’on touche tous la même chose à la retraite. 

      C’est pas normal qu’ après avoir bouffé les plus belles volailles toutes leur vie
      Les mêmes se voient envoyer par dessus le grillage les plus os, pleins de moelle, alors que les autres n’ont que trois croquettes par jour !

      Y aurait une révolution à faire au chenil !

    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 15:35
      ZEN

      Le mollet, c’est con, je me le suis claqué en démarrant ma moto en quick !
      Moralité : Ne faire confiance qu’au vélo, qui en dépit de ses pédale, et à cause de ça même, respecte bien mieux vos jambes.

    • foufouille foufouille 30 décembre 2014 19:20

      800€ c’est pas riche mais tu as de quoi manger et tu habite un HLM, ton loyer est payé en plus.
      il faut aussi vouloir cotiser sinon c’est normal d’avoir une petite retraite.
      avant chômage et arrêt étaient compris dans les années de cotisations si je me souviens bien.
      si je suis encore vivant, j’aurais pas grand chose non plus.


  • ZEN ZEN 30 décembre 2014 16:28

    Ma 125 Honda a une batterie et un démarreur électrique
    A quelle époque vis-tu ? smiley


    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 17:36

      J’ai une 500 royal enfield, modèle anglais fabriqué maintenant en inde. 

      Un démarreur électronique, mais aussi un kick en option, pour faire « old school »....
      Désormais, je me servirais davantage de mon pouce, et de ma tête.

    • ZEN ZEN 30 décembre 2014 18:00

      Une 500 royal enfield ?
      La classe !


  • L'enfoiré L’enfoiré 30 décembre 2014 17:55

    Salut Baker,

     On sent que c’est du vécu, ton histoire.
     Quand on raccroche, je l’ai dit à tellement de personnes qui approchaient la retraite : préparez-là.
     Oui, au départ, cela parait des vacances, puis il y a parfois des petites choses qu’il fallait peaufiner et qu’on n’a jamais eu le temps de faire.
     Puis cela s’éternise et là, beaucoup pensent ouvrir la télé en plein jour, pour combler les trous de la pensée imaginative.
     Perso, j’ai eu de la chance. J’ai été prévenu qu’il fallait penser faire autre chose.
     Cet autre chose, c’est devenu un challenge : écrire autre chose que des rapports.
     L’enfoiré était né.
     J’allais « vieillir en douce ».
     Alors, j’ai écouté ce qu’on disait, lu ce qu’on écrivait, ouvert à tout et exprimer ce qu’il me semblait devoir laisser une trace pour moi-même, en premier.
     Les autres, s’ils sont intéressés, pouvaient y jeter un coup d’oeil si cela les intéressait, mais il n’y avait aucune obligation dans ce pacte de résilience blindée contre toutes attaques ou fausses caresses.
     Ce club des ’racourcix", j’en fais partie depuis huit ans et mon blog en compte presque dix.
     Je compte les points positifs et négatifs dans une administration de contrôle de ceux qui sont encore actifs et des autres qui sont en repos forcé.
     Je ne suis pas dans la rue des boulangers, mais ailleurs j’y suis. 
     Bonne continuation....
     smiley
     

    • bakerstreet bakerstreet 30 décembre 2014 19:07

      Bravo l’enfoiré


      J’ai jeté plus qu’un coup d’oeil sur ton blog.
       
      Beaucoup d’idées et d’effervescence. 
      Encore bravo pour cette belle initiative.
      ’Pauvre Sylvia Kristel figée dans un rôle, qu’on a transformé en figurine de pacotille alors qu’elle valait infiniment mieux.)

      C’est sûr la retraite telle qu’on vit actuellement est sans doute un système à bout de course. 
      Mais si on la remet en question, impossible de ne pas repenser alors au monde du travail , qui est basé tout de même sur la compétition. 

      Compétition de plus en plus accrue, avec une sorte de harcèlement qui ne dit pas son nom.
      Je vois mal les gens continuer à travailler dans un tel contexte, le vieillissement étant ce qu’il est. On peut difficilement vous demander de courir plus vite le cent mètres alors que vous prenez de l’age. Sinon, on n’est dans le déni, ou la maltraitance. 

      Bien sur on vous donnera des justifications de qualité accrue, des raisons d’exprimer au mieux votre potentiel 

      il existe ainsi toute une novlangue pour repeindre mieux les vieux habits du libéralisme, qui n’a jamais trop supporté la répartition des richesses, et leur orientation vers un autre sens que la poche de quelques uns, les actionnaires.

      Cette société pourrait tellement mieux faire ! 
      Les idées neuves sont dans l’air du temps. 
      Le bonheur reste une idée neuve en Europe comme disait saint just. 

      Si l’on partage le travail, et si on le coupe pas de la vie, alors oui, mais cela ne sera possible que si l’on ne perpétue pas les clivages ailleurs. 

      La mutualisation des moyens de transports, des outils, des machines seraient le corollaire. Et peut être des habitations, avec prises en charge mutuelle des enfants, des vieillards.De vieilles idées aussi bien sûr, puisque Godin et quelques autres utopistes comme Blanqui ne firent pas que les théoriser en leur temps. 

      Changeons de paradigme ne pourrait que nous orienter vers une société du bonheur, qualification un peu douteuse et sans doute aussi suspecte, c’est vrai. En tout cas, si le système actuel est à bout de souffle, il a du mal à en convenir, et continue à jurer l’augmentation du PIB, un truc irrecevable on le sait car se conjuguant avec les limites de la nature. 
      Et pas sûr, que celle ci soit sensibles aux bonimenteurs de la com, lui disant que s’il est veut, elle peut. 

    • alinea alinea 30 décembre 2014 22:11

      C’est curieux comme tout se répand quand on lui laisse le large !
      La retraite, c’est pour beaucoup de ceux qui avaient autre chose en tête que leur boulot, pour une personnalité qui n’attendait pas cette reconnaissance sociale de son rang, le moment de faire, même d’oeuvrer, dans ce qui leur tient à coeur !
      Il n’y a pas plus indisponible qu’un retraité ! Il fait ce qu’il veut comme il veut quand il veut et, alors, il n’a plus le temps de rien d’autre !
      J’ai toujours vécu ma vie comme ça, à fond, mais quand je voulais, si je voulais et comme je voulais ; donc, ça continuera, peut-être !
      Il faut intégrer cette structure nécessaire, à l’intérieur, alors qu’au boulot, elle était d’office imposée, de l’extérieur.
      C’est vrai que nous sommes de la génération Peter Pan, jeunes de coeur et d’esprit ; quelle chance !!
      Si j’étais bretonne, je m"immiscerais entre votre niche et votre vélo, la coupe aux lèvres, l’autre, pour vous dans la main... à la vôtre bakerstreet !!


    • L'enfoiré L’enfoiré 31 décembre 2014 10:06

      Bonjour bakerstreet,


       Ce billet datait de plus de deux ans.
       Je l’ai relu, ce matin.
       Je devais en avoir gros sur la patate en l’écrivant.
       Un billet qui fourmille d’idées comme j’en écris quelques fois.
       Des billets qui ne sont pas écrit pour la galerie mais pour m’en souvenir d’une époque.
       Oui, la société pourrait mieux faire.
       Les plus anciennes le font.
       Le vieux devient un sage que les jeunes écoutent.
       Ils n’ont pas l’esprit de compétition qui fait partie de notre mode de vie.
       Comme le disait Alinea, j’ai aussi mené ma barque au mieux de ce qui existait de disponible en y cherchant des compensations personnelles. Alors seulement on prend son pied.
       C’est aussi se rendre compte que ce qui était urgent n’était pas nécessairement important et vice-versa. C’est mettre le « nice to have » en dessous dans la fille des choses à faire.
        J’ai fait partie de l’environnement du numérique.
        Je n’ai pas mis longtemps à remarquer dans le « vers quoi » nous allions tombé à bras « raccourcix » comme je le disais.
       Aujourd’hui, il s’agit de garder la tête et les jambes en ordre de marche et si besoin ensemble dans le même temps.
       Bon réveillon 

  • Jean Keim Jean Keim 1er janvier 2015 08:32

    La retraite c’est du temps récupéré, c’est le petit dèj. qui n’est plus pris à la va vite avant d’aller gagner les points de la retraite, c’est d’aller voit tranquillement une nièce adorée qui a mis au monde un merveilleux petit bout de vie qu’elle m’a mis dans les bras comme si je n’attendais que ça (je n’attendais que ça) et lui dire que je reviendrai quand il y aura moins de monde, la retraite c’est du temps à donner et la vie qui ralentit normalement si on ne se donne pas une multitude de choses indispensables et inutiles à faire, depuis que je suis en retraite je n’ai jamais dit cette stupidité : « je n’ai le temps de ne rien faire », j’ai tout mon temps et je n’entends pas le gérer avec un « organizer », je ne regrette pas ma vie d’avant et mon boulot que j’aimais et qui me faisais prendre des rendez-vous en début d’année pour le dernier trimestre, j’apprécie même parfois ce luxe incroyable de m’ennuyer.

    Je n’ai pas d’autre exigence que de profiter de l’instant et découvrir son secret.

  • Jean Keim Jean Keim 1er janvier 2015 08:34

    ... Et merci bakerstreet pour ce chouette moment que j’ai passé en vous lisant. 


    • bakerstreet bakerstreet 1er janvier 2015 17:27

      Jean


      Merci et bonne année à vous
      Officiellement premier jour de retraite ce jour, 
      à l’aise dans ce nouveau costume où il n’y pas de pli au pantalon.
      « I’m free », chantait les who... 

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